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N° 1162 (Annexe)
CHAMBRE DES DÉPUTÉS
HUITIÈME LÉGISLATURE
SESSION DE 1903
Annexe au procès-verbal de la séance du 3 juillet 1903.
PROGRAMMES
PROFESSIONS DE FOI
ET
ENGAGEMENTS ÉLECTORAUX
De 1902
— gQO-
PARIS
N" 1162 (Annexe)
CHAMBRE DES DÉPUTÉS
HUITIÈME LÉGISLATURE
SESSION DE 1903 Annexe au procès-verbal de la séance du 3 juillet 1903.
PROGRAMMES
PROFESSIONS DE FOI
ENGAGEMENTS ÉLECTORAUX
De 1902
«o«
PARIS
IMPRIMERIE DE LA CHAMBRE
D3S DÉPUTÉS
U.
MOTTEROZ
La Commission chargée par la résolution du 11 juillet 1902 de recueillir les Programmes, Professions de foi et Engagements électo¬ raux de 1902 ayant décidé de procéder le plus promptement possible à cette publication, le rapport qui doit être ultérieurement distribué sera enregistré sous le n° 1162.
PROGRAMMES
PROFESSIONS DE FOI ET ENGAGEMENTS ÉLECTOEAUX
Élections législatives des 27 Avril et 11 Mai 1902
— 3 —
N* M62
AIN
Circonscription de BELLEY
M. Pierre 11AUDIN
Elu au 1er tour de scrutin. — 12.957 voix.
Citoyens,
Une première fois, mon passé politique et mes actes récents m’ont gagné votre con¬ fiance Vous y avez trouvé les garanties nécessaires que votre prudence et votre sagesse oliticme requièrent de ceux qui prétendent à l'honneur de vous représenter.
Ils vous ont répondu de ma fidélité et de mon dévouement a la République. Mieux qu’un programme ils définissaient la pensée et la méthode dont j’ entendais m inspirer pour défendre nos institutions et les rendre fécondes en réformes politiques et sociales.
Depuis que vous m’avez élu, ces garanties se sont fortifiées encore.
Je me représente à vous, confiant dans votre jugement. _ .
Vous pouvez maintenant vous prononcer sur l’ensemble d’une politique qui, depuis, „rès de trois ans. a eu le rare mérite d’unir toutes les forces vives du parti républicain.
En défendant la République contre les entreprises nationalistes, cette politique a rendu au pays la sécurité intérieure et sauvegardé sa dignité. Elle a contraint nos adversaires a renoncer à la violence pour changer les institutions constitutionnelles.
Us tentent maintenant d’obtenir du suffrage universel ce qu’l s ont tout d abord de¬ mandé à l’émeute et au désordre. Ils comptent, pour parvenir a leurs fins, sur le libre équivoque de leur parti, et la campagne injurieuse qu’ils ont poursuivie sans relâche contre
]p Gouvernement et la majorité du Parlement. r . i
Vous ferez justice du titre qui dissimule la coalition des anciens partis découragés de
défendre au grand jour leurs idées et de laisser apparaître leurs desseins.
Dans notre pays, si difficile à égarer par des mots nouveaux et des formules creuses, cette dernière entreprise de la réaction a le défaut de ne s’adresser ni à votre raison m a vos svmpathies. C’est en ce!a que les candidats qu’elle présente aujourd’hui par toute la France, sont moins respectables que ceux qu’elle présentait jusqu’ici a vos suffrages
Nos anciens adversaires avaient du courage à dire hautement ce quils étaient et a dé¬ fendre ouvertement leurs traditions. .... . . , •
Nombre d’entre vous, gagnés par leur fierté, allaient a eux par honneur de les suivre
sous leurs drapeaux. Aujourd’hui, les nationalistes cherchent a grouper les mécontents et surtout à tourner les populations contre la République en lui attribuant les crises écono¬ miques de toutes sortes dont souffrent leurs intérêts matériels.
q A ies entendre, c’est elle qui est responsable de la lourde charge que fait peser sur
V°U S Vous tous^ sou viendrez que, si lourde qu’elle soit, la Dette publique représente encore le moindre des sacrifices imposés à la France par les défaites du second Empire.
Ils s'appliquent à démontrer que PÉtat court à la faillite, Vous savez que jamais son crédit n'a été plus recherché des nations européennes*
Parlent-ils aux vignerons, ils veulent leur persuader que les intermédiaires prélèvent sur eux des bénéfices illicites et que le Gouvernement les favorise*
Mais dans les villes, ils louent les intermédiaires et vouent à leur haine un Gouverne¬ ment qui ne pense qu’à protéger les populations agricoles*
Ils ne tiennent compte, quand ils recherchent votre voix, ni de la lutte des intérêts, ni des risques que la nature impose à tous ceux qui travaillent dans les villes et dans les champs, ni de la concurrence des produits, ni de la surabondance, ni de la pénurie des récoltes.
Ges éléments et ces risques, vous les connaissez et vos savez que si les lois ont des effets qui ne sont point négligeables, elles ne suffisent pas à tout expliquer, qu’elles sont, du reste, essentiellement susceptibles de retouches. Vous vous dites, par exemple, que pour remédier aux inconvénients du régime des baissons, vous seriez bien naïfs de confier le soin de le remanier à des hommes qui, représentant des régions en opposition d’intérêts, ne s'entendraient pas du tout pour résoudre le problème de la mévente des vins, mais s'en¬ tendraient fort bien pour détruire l’école laïque et l'œuvre démocratique de la République.
Enfin, votre vote s’inspirera d’une autre pensée.
Ceux qui vous parlent uniquement de vos intérêts matériels n’essaient pas seulement ■ de vous duper, il vous font aussi l’injure de méconnaître votre culture morale et votre besoin d’élargir les conquêtes de l’esprit de Justice et de Solidarité. Le premier devoir de t voire élu est cependant de s’associer étroitement aux aspirations et à Fexistenee Intellec¬ tuelle du peuple. Je m'y suis toujours mêlé.
L’œuvre des communes, leurs mutualités, les sociétés de toutes natures par lesquelles elles rendent plus vivantes, plus fraternelles, les relations des fils de la même cité m’ont ! toujours trouvé prêt h les encourager et à les défendre.
J’ai conscience de n’avoir négligé aucun de vos intérêts moraux ûu matériels.
Vous avez mis à l’epxeuve mon dévouement. Je le mets de nouveau à votre service et au service de la République démocratique.
Pierre BAUDIN, Député sortant. Ministre des Travaux publics.
lrc circonscription de BOURG M. AUTHIER
Élu au 1er tour de scrutin, — 7,509 voix.
Mes chers Concitoyens,
Le deuil qui est venu m'atteindre m’a empêché de soutenir, comme ie l’aurais voulu i*
‘f 6 “,0rl1,8' S "f "“>■ 11 <>“ mi», créé entre nous J lion de plue â
sympathie si touchante dont vous m’avez entouré. 1 1
. Comment pourrais-je oublier de pardi s témoignages, et ne pas me sentir plus cme jamais attache a notre pays, a ses aspirations, à ses besoins, à tous ses chers intérêts ?
J y ai donne jusqu’à présent sans réserve mes forces, mon activité. Tout en venant au milieu de vous chaque fois que vous m’y appeliez, je n’ai demandé aucun congé, j’ai prfe
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part S loua les travaux de la Chambre, séances et commissions, l'ai coDSCionce d'avoir veillé
“TlrréT^e"! q?e'?»r'is avec la volonté de rester fldéle à nos principes eide
les dépenses «lilas, mais en exigeant les 黄omLTaî-ôn, labiés il en repoussant les dépenses qui ne cadraient pas avec une sageTdmi'nistrmion de nos nuances, comme par exemple les millions de la marine mar-
rhanrtp ou ceux des nouvelles voies navigables. r . ..
Ceux-là mentent qui vous disent que la question des impôts a trouve notre vigilance en défaut Tous les représentants de l’Ain ont voté contre cet amendement Le Moigne qui apportait une surcharge à notre département, et pour le dégrèvement qui en a été la
““‘“intérêts commerciaux et agricoles. - J’ai la satisfaction do vous le dire, plusieurs des réformeTquede vous avais signalées, il y a un an, comme nécessaires, sont aujourd hui réalisées. Des lois ont amélioré la situation agricole. Des lois ont mis ûn aux faveuis, abus aux fraudes qui venaient peser sur le marché de nos blés et de nos vins.
Très importante déjà, puisqu’elle vous a donné, avec des améliorations comme les ré¬ formes hypothécaire et successorale, la paix et la prospérité que vous chercheriez eu vain aussi complètes chez certaines autres puissances monarchiques de 1 Europe, très impôt - tante déjà' l’œuvre de la dernière Chambre n’a pu embrasser des projets dont vous attendez la Réalisation, c mime le service militaire de deux ans, la suppression ou la diminution des
28 6 Ces projets doivent rester à notre nouveau programme avec toutes^ les revendications de notreparti : défense de la société civile contre les empiètements, d’ou qu ils viennent — solution du problème de renseignement pour établir l’unité morale de .a natio Pénalité des enfants devant l’instruction, - lois d’assistance et de prévova ice socia es nour aësùreraux travailleurs des campagnes et des villes, à tous les humbles a tous les malheureux, les secours de la maladie et les retraites de la vieillesse, lo.s d affaires qui
nroté^eront le commerce 6t 1 agriculture, etc. v . . • «
P A quoi bon allonger cette énumération? Un bon programme est fait bien moins de JS,™ à I» conscience et <le l'énergie qn'on „,et à le Mm. Vous m ave* vu M oeuvre ’itous savez maintenant ce que je puis mettre .le fermeté a vous représenter et de dévouement à servir vo« intérêts particuliers comme ami et comme conseil.
Mes chers Concitoyens,
C’est dans ces sentiments que je vous demande de fake triompher une se^ndéf^
sur mon nom la République, d’une part en écrasant les reactions coalisées, de 1 autre, en
réprouvant le mouvement qui conduit à la suppression de ce que le travail de chacun de
vmis a constitué de plus intangible et de plus sacré : la propriété.
Je saurai faire mon devoir. Électeurs républicains faites aujourd'hui le votre en dehors de tout calcul d’intérêt privé, sous la seule et haute inspiration de votre foi au progrès de votre amour du pays.
Vive la République !
V. AUTH1ER,
Conseiller général, maire de Trcffort, Député sortant.
2e circonscription de BOURG.
M. HERBET,
Élu au ioï tour de, scrutin* — S. 4SI voix.
Mes chers Concitoyens,
Je viens solliciter Phonneur de vous représenter pour la quatrième fois à la Chambre des Députés,
Je n’ai pas besoin de vous faire une profession de foi républicaine; vous connaissez mes opinions; elles tf.ént jamais varié.
Je tiens cependant à vous répéter que je m'associerai à toutes les lois, a toutes les mesures qui auront pour but : l'étude des réformes démocratiques — la réalisation d'éco¬ nomies — la réforme générale de l'impôt — la répartition plus équitable des charges qui doivent peser sur la richesse et le superflu — la réforme de l'enseignement — la diminu¬ tion des frais de justice — l'étude des problèmes sociaux en répudiant les théories collec¬ tivistes — la création des caisses de retraite pour les ouvriers des villes et des cam¬ pagnes, pour les vieillards et les invalides du travail — le développement de l'enseigne¬ ment et. du crédit agricoles — le maintien des droits de douane.
ious les vrais Républicains de la 2e circonscription de Bourg affirmeront leur foi répu¬ blicaine le 27 avril en se comptant sur mon nom.
Pas d’abstentions et vive la République 1
Docteur HERBET, Député sortant,
Conseiller général,
Maire de Pant-de-Vaux.
Circonscription de GEX
M. BIZOT
Elu au 1er tour de scrutin, - — 3 .563 voix.
Mes chers Concitoyens,
La confiance dont vous avez bien voulu m’honorer en 1889, en 1893 en 1898 m’impose le devoir de défendre les intérêts du Pays de Gex dans un moment des plus critiques de notre histoire, de vous demander le renouvellement du mandat législatif pour achever les réformes politiques et les améliorations locales commencées.
Adversaire irréductible d’une politique de réaction, de recul, de piétinement ou de promesses irréalisables, je continuerai à soutenir la politique de réformes démocratiques et je combattrai toutes les coalitions dissimulées sous le masque patriotique, formées contrôla République.
— 7 —
N° 1162
le suis partisan de la loi sur les associations et de l’abrogation de la loi Falloux pour donner à nos institutions le droit et la liberté de se défendre,
restitue que l’instruction si répandue maintenant permet de réduire le service militaire
à deux ans, égal pour tous.
Je poursuivrai énergiquement :
1° La révision de la loi sur les alcools ;
2° Les dispositions légales nécessaires pour propager le crédit agricole, développer les sociétés mutuelles de secours pour les personnes et la propriété ;
3° L’étude pratique et Inapplication définitive de l’impôt sur le revenu ;
4° La constitution des retraites des ouvriers des villes et des campagnes avec cotisations des intéressés et subventions de l’Etat,
Relativement aux affaires spéciales du Pays de Gex ;
Je poursuivrai avec la ténacité que vous me connaissez : r Le complément de notre réseau ferré, chemin de fer et tramways ;
2° Le maintien de la zone ;
3° L’extension des industries dans notre pays avec garantie pour les droits de douane et toutes les conséquences heureuses pour nos compatriotes ; ^ ^
kû La réciprocité de traitement économique avec nos voisins, conformément à Pespnt
du traité de 1815.
Électeurs ;
Vous me connaissez ; j’ai la conviction d’avoir fidèlement rempli mon mandat, doublé de questions spéciales, difficiles, auxquelles j’ai consacré les meilleures années de
ma vie. . . ,
A vous de répondre si vous voulez que je mette encore a défendre activement vos inté¬ rêts politiques et spéciaux, l’expérience acquise provenant de la confiance sans interrup¬ tion que vous m’avez accordée, ^
Je fais appel à tous les républicains et à tous les Gessiens, je n ai quune ambition,
celle d’être utile à la République, à mes concitoyens, à mon pays.
Vive la République î
Vive notre cher pays de Gex!
Eugène BIZOT, Député sortant, Conseiller général de l’Ain.
— 8
Circonscription de NANTUA
M. CHANAL
Élu au 2® tour de scrutin* — 6*689 voix*
Mes chers Concitoyens,
A l'heure où tous les ennemis de la République tentent contre elle un suprême effort, le parti républicain a pensé qu'il était nécessaire de rétablir Fanion dans les rangs de la Démocratie. ?
Enfant de nos montagnes, j'ai vécu au milieu de vous et je connais vos besoins et vos aspirations* Appartenant par mes origines à ce vieux parti républicain qui a été développé et fortifié dans notre arrondissement par des hommes dont le souvenir nous est précieux, fai ou le grand honneur de me voir sollicité d'être le candidat de la concentration et de défense républicaine*
le viens donc, à ce titre, me proposer à vos suffrages* Mon programme sera bref, car j7estime qu’on doit assez de respect au suffrage universel pour ne lui promettre que ce qui est réalisable pendant la durée du mandat législatif*
Préoccupé de la défense des intérêts économiques de notre arrondissement, je crois qu'il est urgent de modifier la loi sur les bouilleurs de cru, afin d'arriver, tout eu sauve¬ gardant les linances de 1 État, à ne point priver d’une légitime source de revenus l'agri~ culture qui traverse encore aujourd'hui une crise redoutable, et à faire disparaître ces for¬ malités administratives, qui exposent à des ennuis les producteurs dont la bonne foi est entière*
Le régime forestier doit être également amélioré pour permettre aux communes d’em¬ ployer plus librement et sans être empêchées par l'Administration leurs revenus dispo¬ nibles à des œuvres d’utilité publique*
H est nécessaire de fortifier P autorité de l'État à l’égard des Compagnies de chemins de fer pour obtenir que nos voies ferrées contribuent avec plus d’elficacité au développe¬ ment de la richesse nationale* Je suis partisan de l'abrogation de ces tarifs dits de pénétra¬ tion qui permettent aux produits étrangers d'envahir nos marchés en payant des frais de transport moindres que ceux que supportent, dans l'intérieur de la France, les produits de notre sol et de notre industrie*
Républicain résolu, je prétends, avec lés meilleurs républicains de la Chambre et du Sénat, qu'iî faut cesser toute politique d'équivoque* Le régime démocratique auquel nous devons toutes nos libertés et d'inappréciables bienfaits, doit s'élever au-dessus de toutes compétitions et persister dans sa marche en avant.
Pour prévenir tout retour en arrière et faire triompher définitivement les principes de 89, il me paraît donc indispensable :
1° De veiller a la suprématie du pouvoir civil sur tout autre pouvoir;
2 D assurer 1 application intégrale de la loi sur les congrégations dont la richesse scandaleuse et toujours croissante constitue un danger pour la fortune publique et la sécu¬ rité nationale ;
3° D'abroger la loi Falloux et d'arriver, par un contrôle efficace de l'État sur tous les établissements d insftdction, à faire disparaître la cause des haines qui divisent notre pays;
k° D’établir le service militaire de deux ans, égal pour tous.
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Partisan des œuvres de solidarité sociale, je travaillerai, avec l’aide de la protection de l’État à la création et à l'extension des caisses de retraites pour les ouvriers de l’agnçul- ture et de l’industrie, comme au développement de toutes les institutions de mutualité ayant pour objet d’assurer plus de sécurité aux travailleurs (accidents, mortalité du
Enfin, l’un des principaux soucis de vos représentants doit être a apporter plus de justice et d’égalité dans la répartition des charges publiques. L’établissement de l’impôt sur le revenu permettra la suppression de la contribution foncière, de la cote personnelle- mobilière, des taxes sur les portes et fenêtres, le dégrèvement des objets de première nécessité, l’abolition de la prestation en nature. .
Ce programme, si modeste qu’il soit, peut suffire à une législature. C’est celui que je soutiendrai énergiquement si vous m’honorez de votre confiance.
Pour triompher de l’éternel ennemi de la République, qui essaye de relever la tête et reparaît sans cesse sous un masque toujours nouveau, pour lui infliger une irrémédiable défaite, que faut-il?... l’union et la concentration de toutes les forces du parti républicain. Le jour où nous aurons fait cesser parmi nous les divisions, nous serons invulnérables.
Électeurs républicains,
Si vous me confiez le mandat de vous représenter à la Chambre, je saurai faire tout
mon devoir. En toutes circonstances, vous pourrez compter sur mon dévouement le p us absolu à vos intérêts, à ceux de notre cher arrondissement, comme aux intérêts supérieurs de la République et de notre société démocratique.
Vive la République !
Eugène CHANAL,
Avocat, Conseiller général du canton de Chàtillon-de-Micliaille, Candidat républicain radical.
Circonscription de TRÉVOUX
M. Alexandre BÉRARD
Elu au 1er tour de scrutin. — 13.760 voix.
Mes chers Concitoyens,
En 1893 et en 1898, quand vous m’avez fait l’honneur de m’élire, je vous avais promis de me consacrer tout entier à la défense de la cause républicaine et démocratique et a la
défense des intérêts de notre arrondissement: j’ai tenu parole.
En un travail assidu au Palais-Bourbon, j’ai, dans la mesure de mes forces, collabore tout à la lois à l’œuvre de défense républicaine, aux lois d’amélioration sociale, aux lois intéressant l’armée et la défense nationale, comme, sur les bancs de la Commission du bud-œt — dont je n’ai cessé de faire partie durant toute la législature — j ai été un des plus° ardents à lutter pour faire des économies dans les finances publiques. . '
P Je me suis occupé, avec toute l’activité que je pouvais déployer, de tous les intérêts de notre région. J’ai rendu service à tous, comme je me suis efforce, en toute matière, écoles, travaux publics, postes, routes, voies ferrées, service-incendie, etc., de faire obtenir satis¬ faction à toutes les communes.
2
Représentant un arrondissement agricole, je me suis occupé d’une façon toute particu¬ lière de toutes les questions soumises aux délibérations de la Chambre et intéressant l’agriculture. En ce qui concerne notre arrondissement, j’ai pu faire aboutir plusieurs mesures utiles à nos cultivateurs.
J’ai obtenu, notamment, le dégrèvement de l’impôt de l’évolage sur les étangs dessé¬ chés, qui pesait d’une façon inique depuis près d’un demi-siècle sur nos agriculteurs, et, à la demande d’un grand nombre d’intéressés, j’ai fait aboutir la loi sur les étangs, qui permet à nos cultivateurs d'exploiter leurs terres au mieux de leurs intérêts.
J’ai été l’un des plus actifs promoteurs de toutes les améliorations apportées à l’élevage du cheval dans notre arrondissement. Sur mes actives démarches, des stations d’étalons de l'État ont été créées sur tous les points de nos cantons et, à l’heure actuelle, des reproduc¬ teurs d’une qualité inconnue jusqu’ici sont à la disposition de nos éleveurs. Je demande qui eût fait plus pour l’agriculture de la Dornbes ?
Républicain et démocrate, j’ai toujours été; républicain et démocrate, je continuerai à soutenir la politique de défense républicaine contre tous les. adversaires coalisés de la République et à soutenir la politique de réformes démocratiques et sociales.
Je suis partisan de la liberté de conscience, voulant le respect égal et scrupuleux des croyances philosophiques et religieuses de tous, comme je suis partisan de la loi sur les associations et de l’abrogation de la loi Falloux.
Je suis partisan de la répartition plus équitable de l’impôt, qui pèse trop lourdement sur tes classes laborieuses. Adversaire d’impôts nouveaux, je suis pour les rigoureuses économies budgétaires.
il faut établir le service militaire de deux ans égal pour tous.
Poursuivant l’œuvre commencée dans la loi sur les sociétés de secours mutuels et celle sur les pensions aux vieillards indigents ou infirmes — lois dont j’ai eu l’honneur, à la Commission d’assurance et de prévoyance sociales, d’être un des collaborateurs, — il faut faire la loi sur les retraites ouvrières, il faut la faire pour tous, ouvriers des villes et des champs, avec les colisations des intéressés et les subventions de l’État.
C est à tous les républicains sans distinction de nuancés que je fais appel.
La lutte, aujourd’hui, est la même que celle que, depuis trente ans, le parti républicain n a cessé de livrer contre la coalition des ennemis de la République et de la démocratie ; la lutte est la même qu’au temps de l’ordre moral et au temps du boulangisme ; c’est la même que celle que, au Seize-Mai, avec Gambetta, les 363 engageaient contre les monarchistes, les réactionnaires et les cléricaux. C’est le même parti de réaction que nous, les républi- cains, nous avons en face de nous.
Tous les républicains d’un côté, tous les réactionnaires — et les seuls réactionnaires — de autre: cest la même situation dans notre arrondis semeut qu’en 1877 et en 1889.
-Pour la République, pour lu liberté, pour la démocratie, pour la patrie, c’est à tous les républicains que ]e fais appel. ’
Vous me connaissez : si j’ai fait mon devoir de bon républicain, de bon démocrate, de bon Dombiste, vous me renommerez, ayant la certitude par le passé que, demain, je
Pr l!^’"ei àla ptimbes, je vous donnerai, mes chers conci¬ le ts, comme hier, tout mon temps, toute mou activité, toute ma vie.
Vive la République I
Alexandre BÉRARD,
Vice-président du Conseil général de l’Ain, *Dèputé sortant, candidat républicain.
AISNE
Circonscription de CHATEAU-THIERRY
M. MORLGT
Élu au 1er tour de scrutin. — 7.fi00 voix.
Messieurs et chers Concitoyens,
Pour la troisième fois, je viens solliciter l’honneur de vous représenter à la Chambre des Députés et, pour la troisième fois, je vous prie de juger ma candidature sur mes décla- raiions et non pas sur les épithètes dont la qualifie la perfidie de mes adversaires.
Pour fixer les positions et dissiper les équivoques, je dois d’abord déclarer que je reste résolument attaché aux principes de la propriété individuelle et que je ne suis pas collec¬ tiviste. Je n’en pense pas moins que les problèmes sociaux ont besoin d’ètre étudiés avec passion et que tous nos eiïorts sur ce point doivent être orientés vers les solutions pratiques et immédiates, basées tout à la fois sur le respect des droits de 1 individu et l’esprit de solidarité sociale.
D’autre part, je n’ai pas besoin de dire que je suis l’adversaire déclaré de toutes les réactions, quel que soit d’ailleurs le masque sous lequel elles se dissimulent. Que 1 étiquette soit monarchiste, nationaliste ou progressiste, c’est toujours la réaction.
Appuyé sur le congrès des associations républicaines, je défendrai énergiquement le programme qu’elles ont élaboré et qui renferme toutes les revendications du vieux parti républicain.
Je demanderai donc avec elles la dénonciation du concordat, la suppression du budget des cultes et le vote des mesures propres à assurer pour tous l’entière liberté de conscience; la décentralisation administrative, l’impôt sur le revenu, un système d’assistance pour les invalides et les vieillards, et la constitution d’une caisse de retraites pour les ouvriers de l’usine et des champs.
Je m’ associerai également à leurs revendications concernant la réduction du service militaire à deux ans, avec suppression de toutes les dispenses, et la réforme constitu¬ tion uelle* Je voudrais encore que la Chambre des Députés, élue pour six années, se renou- vêlât par tiers; ce serait une mesure excellence pour la stabilité du régime, la continuité du travail législatif et la bonne gestion des finances; l’ajoute que les Députés devraient s'imposer de ne point proposer de nouvelles dépenses par voie budgétaire.
Je dois encore dire qu'il ne me paraît pas possible de laisser subsister les derniers vestiges de la loi Falioux. L’État a le droit de prendre en main la direction de renseigne¬ ment primaire et secondaire et d'assurer seul ce service, sous la condition d’exercer ce droit dans la plus stricte neutralité confessionnelle.
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Au point de vue économique, je reste attaché aux doctrines protectionnistes dont moins que jamais nous ne devons nous départir, par ce temps de surproduction, si nous tenons à réserver le marché national h nos produits. Est-il utile d’ajouter qu’au moment ou viendraient en discussion les résolutions de la conférence de Bruxelles, je m’associerais à toutes les mesures susceptibles de sauvegarder les intérêts de l’industrie sucrière, et no¬ tamment à îa proposition de réduction du droit de consommation, qui aura le double avan¬ tage de diminuer le prix du sucre tout en développant les débouchés nationaux?
3e tiens aussi à déclarer que je reste partisan du droit accordé à nos vignerons de distiller leurs fruits el marcs en franchise et que, d’autre part, je suis absolument opposé à rétablissement des droits différentiels sur les alcools.
À ces déclarations, suffisantes pour vous éclairer sur la ligne de conduite que je sui¬ vrais, je n'ajouterai aucune promesse si ce n’est celle de ma bonne volonté et de mon désir de bien faire.
Dédaignant jusqu’au bout les attaques dont je puis être l’objet, je ne répondrai à aucune, comptant sur le bon sens des républicains pour en faire justice. le iVai donc plus rien à dire et c’est plein de confiance dans la victoire de la cause républicaine que j’attends le résultat du scrutin*
Vive la France î Tive la République 1
E, MORLOT,
Député sortant,
Candidat du congrès des associations républicaines.
lï0 circonscription de LAON M. ERMÂNT
Elu au 1er tour de scrutin. — 10.38/j voix.
Mes chers Concitoyens,
Pour la troisième fois, j’ai l'honneur de solliciter vos libres suffrages.
Mon programme républicain est resté le même.
Il tient tout entier dans ces mots : Liberté, patriotisme, progrès social, ayant pour co¬ ronaires la liberté de conscience, la liberté d’enseignement, la liberté individuelle*
Partisan de l’amélioraiion progressive du sort des humbles, je défends foutes les œuvres de solidarité humaine; je réclame Inorganisation des retraites ouvrières basée sur le prin¬ cipe de la mutualité qui a donné déjà des résultats si féconds.
La souillon des grands problèmes sociaux et les réformes des inégalités de notre régime fiscal lui-même exigent des finances prospères. Or, la situation de ce pays impose l’obligation rigoureuse de pratiquer le régime des économies.
Est-il en elfet possible de ne pas voir que notre budget grossit d’année, en année, et qu’il s'élève maintenant à plus de 3 milliards et demi ? Continuer dans cette voie néfaste des dépenses exagérées et des impôts toujours croissants, serait mener Je pays à la faillite et b la ruine.
Défenseur résolu du salaire des travailleurs des champs, de Batelier et de l’usine, sa-
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laire si intimement lié à la prospérité de l’agriculture et de nos industries régionales, je déplore que les départements du Nord soient trop souvent sacrifiés à ceux du Midi.
Je désire la réduction du service militaire dans toute la mesure qui sera compatible avec les intérêts de la Patrie.
Il importe que l’armée demeure forte et scs chefs respectés. Cette armée nationale, appelant sous le drapeau tricolore tous les fils de France, reste la sauvegarde et l’honneur de la République.
Enfin ? fidèle aux doctrines du grand patriote Henri Martin, je pense que la République doit être la chose de tous et non la proie de quelques-uns,
C’est sur ce large terrain de concorde, de paix des consciences, de progrès démocra¬ tique, que je convie tous les bons citoyens, ceux qui veulent conserver à la France le Gou¬ vernement quelle s'est librement donné et que j3ai toujours fidèlement servi * la Répu¬ blique.
ERMÂNT, Député républicain,
Conseiller généra 1,
Maire de Laon,
2e circonscription de LAON M. Paul DOUMER
Elu au 1er tour de scrutin, — 11.522 voix.
Mes chers Concitoyens,
Les Associations républicaines de la circonscription et un grand nombre d'amis ont bien voulu me demander de me présenter à vos suffrages. Ils ont pensé que mon ancien et inal¬ térable attachement à la République, les services qu'il m'a été permis de rendre au pays, dans les fonctions que je viens d’occuper, seraient des titres à votre confiance.
Ma vie et mes opinions sont trop connues de vous pour que j'aie à développer un pro¬ gramme, pour que je répète ici les explications ;que j'ai fournies dans les réunions publiques.
Serviteur dévoué de la Démocratie, je suis resté partisan de tous les progrès, de toutes les réformes basées sur la Liberté, sur la Justice, sur la Solidarité sociale, sur la grandeur de la Patrie, qui sont le fondement même de l'institution républicaine.
Si j'ai l'honneur de vous représenter au Parlement, je travaillerai énergiquement à les réaliser, à rendre meilleure la gestion des finances publiques; mieux ordonnés, plus actifs et plus féconds le travail parlementaire et Faction gouvernementale; je m'associerai a toutes les mesures capables d'assurer la prospérité de F agriculture et de l'industrie natio¬ nales; je défendrai à l'extérieur une politique pacifique, mais active et fière, qui sauve¬ garde nos intérêts et nos droits et fasse jouer à la France, dans le monde, le rôle qui convient à son glorieux passé et à son génie.
Vive la République !
Paul DÜUMER.
1™ circonscription de SAINT-QUENTIN
M. François HUGUES Élu au 2e tour de scrutin. — 9.066 vois.
Mes chers Compatriotes,
Depuis huit ans, j’ai l'honneur de représenter la première circonscription de Saint- Quentiu à la Chambre des Députés. C’est avec l’appui unanime des républicains que je viens vous demander le renouvellement du mandat dont vous m’avez investi en 1893 et en 1898.
La confiance que continue de me témoigner le parti républicain tout entier prouve que j’ai fidèlement, rempli mes engagements.
Pendant les deux dernières législatures, j’ai soutenu dans la mesure de mes forces les véritables intérêts de notre région.
Dans les questions agricoles, notamment, j’ai défendu la cause des populations des campagnes, qui, par leur travail et leur patriotisme,' assurent la richesse et la grandeur de la France*
J’ai asso lé mes efforts à ceux des représentants de la région du Word pour faire obstacle à la conférence internationale de Bruxelles. Si la convention est ratifiée et si la loi de 1884, que j’ai toujours défendue, disparaît, je demanderai des mesures propres à sauve¬ garder les intérêts de la culture et de l’industrie métallurgique de Saint -Quentin, sérieu¬ sement menacés. Le projet déposé par le Ministre des Finances, fixant le droit de consom mation à 40 francs, est tout à fait insuffisant; il h’y a qu’un remède, c’est la suppression totale du droit. En tout cas, le moins que nous puissions exiger est la réduction au taux de 20 francs admis par des pays rivaux.
Dans 1 ordre fiscal, j’ai voté contre la loi sur les boissons qui a causé lé déficit du budget et surchargé d’impôts le commerce de notre région. On établira la justice sans recourir au monopole de la fabrication de l’alcool par l’État, en supprimant radicalement le privilège des bouilleurs de cru ; cette réforme s’impose; elle procurera au Trôsor d’impor tantes ressources (100 millions) permettant de combler le déficit et de sr primer les licences. Dans ces questions, les départements du Nord ont été sacrifiés aux départements du Centre et du Midi, par le Ministre des Finances; nous avons pour nous le bon droit ie ne cesserai de demander la justice et l’égalité dans les charges pour tous les Français ’
En ce qui concerne les impôts directs, j’ai obtenu le vote d’un amendement rcmédi ,nt à l’augmentation de la cote personnelle-mobilière.
Mon programme reste le même, je demeure partisan d’une réforme fiscale en dune répartition plus équitable de l’impôt direct qui pèse inégalement sur les citoyens les petits contribuables devront être dégrevés. ' ’
En opérant de grandes économies, les finances de la France redeviendront prospères et il conviendra alors de résoudre les problèmes de l’assistance sociale.
Au premiei tang, se place 1 assistance des vieillards. 11 y a un projet tout prêt à l’éla- borat on duquel je me félicite d’avoir pris une part active, comme membre de la Commis¬ sion d assurance et de prévoyance sociales.
Je réclamerai la constitution des caisses des retraites ouvrières, basées sur la mutualité et subventionnées par FEtat. ■
J’ai voté le principe de la réduction du service militaire à deux ans pour tous.
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m —
Cette réforme sera possible quand une loi d'organisation des cadres sera préalablement intervenue.
L/égalité des citoyens devant V impôt du sang deviendra à ce moment une réalité. L* armée nationale, gardienne de l’honneur de la France, doit rester forte et respectée.
Los travaux de la législature qui vient üe finir ont été entravés par les luttes stériles des partis. Le nationalisme et le collectivisme ont paralysé la bonne volonté de la Chambre.
Entre ces deux partis de désordre, il faut faire place à une politique de réformes sociales également respectueuse de la liberté et de la propriété individuelles.
Cette politique sera celle du parti républicain uni contre la coalition nationaliste et la tyrannie collectiviste. C'est parce que fai toujours pensé ainsi que j’ai réprouvé la parti¬ cipation d'un socialiste au Gouvernement. Cette expérience regrettable a alarmé l'industrie .et l’agriculture; elle a porté atteinte à la prospérité générale et causé le plus grave pré¬ judice aux ouvriers privés de leurs salaires par les grèves, lésés par des essais d'applica¬ tion des projets collectivistes. S’il me semble juste d'assurer aux employés de commerce de toute catégorie le repos hebdomadaire, j’esume que dans les professions sujettes à des chômages la loi doit laisser entière la liberté des travailleurs.
Fidèle serviteur de la Patrie et du régime démocratique, fermement attaché à la liberté de conscience, je vous demande, mes chers compatriotes, de faire triompher, sur mon nom, les idées d'ordre politique et de progrès social qui sont celles du parti républicain.
Vive la République !
François HUGUES, Député sortant.
2e circonscription de SAINT-QUENTIN.
M. DESJARDINS
Élu au 1er tour de scrutin, — 8.753 voix.
Mes chers Concitoyen s?
Pour la quatrième fois, je viens solliciter vos suffrages avec le sentiment d’avoir pen¬ dant la dernière législature tenu mes engagements et accompli mon devoir.
Républicain sincère, je veux une République nationale, tolérante, ouverte à tous, res¬ pectueuse de toutes les libertés, imprégnée de l’esprit moderne et démocratique.
Mon ambition est de représenter tons les républicains sages et modérés qui ont senti la nécessité de s’unir pour lutter contre le péril menaçant du collectivisme et contrôles dangers non moins grands du radicalisme.
Les ouvriers qui me connaissent savent que jamais je ne les ai trompés^ chaque fois que l'occasion s’est présentée de leur être utile, fai soutenu leur cause avec dévouement et indépendance; mais ils savent aussi que je réprouve de toutes mes forces les théories collectivistes et internationales vers lesquelles les meneurs révolutionnaires voudraient les entraîner.
La mise en pratique de ces théories serait pour la classe ouvrière le plus grand des malheurs; elle amènerait fatalement la misère, la guerre civile et l'invasion étrangère.
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le veux le respect de la propriété individuelle: je m’opposerai à toute tentative de
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veux socialisation.
Je veux îa liberté du travail en même temps que Pamêlioratioji morale et matérielle du sort des travailleurs dans le sens le plus noble, par la mise en pratique de la solidarité entre patrons et ouvriers.
Je veux la création d’une caisse de retraites pour les ouvriers, basée sur la mutualité avec subvention de l'État .
Je demanderai une stricte économie dans les dépenses, et les modifications nécessaires aux impôts de consommation qui pèsent plus lourdement sur les travailleurs agricoles et les ouvriers.
Je yeux une répartition plus juste des impôts directs, notamment la suppression de l’impôt des portes et fenêtres, la modification de la contribution mobilière-personnelle, tout en rejetant l’impôt global et progressif sur le revenu,- instrument de spoliation et d’inquisi-; tion qui, frappant à la fois la terre, la famille et le travail, serait la ruine du pays; que ceux qui ont peu payent peu, que ceux qui ont beaucoup payent beaucoup, voilà comment je comprends la réforme fiscale.
Il est une autre inégalité que je veux voir disparaître. La loi sur le recrutement miïà I taire a tellement multiplié les cas de dispense que le principe de Pégalité est faussé; l’im¬ pôt du sang doit être égal pour tous les Français sans exception, persuadé que cette réforme appliquée sagement ne compromettra en Tien la solidité de notre organisation militaire, qui est pour nous la condition première de notre existence nationale.
Je veux 1 armée forte, au-dessus de toutes les passions politiques, les chefs respectés.
\ous qui possédez la terre, vous qui la travaillez péniblement, vous demandez que l'agriculture soit protégée et vos plaintes grandissent avec vos souffrances.
Des intérêts agricoles de notre région ont été sacrifiés par la Convention de Bruxelles, du 5 mars dernier, qui est un véritable désastre pour la culture de la betterave; afin de réparer le mal qui a été fait, je demanderai que le droit de consommation sur le sucre soit diminué progressivement jusqu’à sa complète disparition.
La loi sur les boissons votée dans la dernière législature a porté aussi un coup funeste aux intérêts de nos populations; je réclame la suppression du privilège des bouilleurs de cru, suppression qui amènerait au Trésor assez de ressources pour compenser, et au delà, les dégrèvements que je propose.
En ce qui concerne vos intérêts privés, vous pouvez être assurés que vous me trouverez toujours comme par le passé prêt à vous rendre service dans la mesure qui appartient à un représentant du peuple et avec toute Pénergie d’un homme qui n’a d'autre ambition que d’être utile à ses concitoyens.
Je vous demande de faire triompher, en me donnant vos suffrages, le drapeau tricolore sur le drapeau rouge.
Vive la France! Vive la République!
Jules DESJARDINS, Député sortant.
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Circonscription de SOISSONS M. MAGNIÀUDÉ
Elu au 2* tour de scrutin, — 8:998 voix.
Mes chers Concitoyens,
Il y a quatre ans, vous m’avez fait le très grand honneur de me choisir pour vous repré¬ senter à la Chambre des Députés,
j’ai, pendant ces quatre années, travaillé opiniâtrement a la réalisation de mon pro¬ gramme et je suis resté fidèle à mes engagements.
J’ai soumis notamment, au Parlement, une proposition de loi tendant à l'établissement d’un impôt global et progressif sur le revenu et, à plusieurs reprises, j en aï demandé la mise à l’ordre du jour,
La Chambre s’est montrée favorable a mes demandes; mais les événements et une obstruction systématique de la part de certains députés ont réussi à retarder cette grande réforme, faite de justice, et qui ne peut manquer d’aboutir.
C’est par l’impôt sur le revenu que nous arriverons à supprimer et à remplacer les quatre contributions directes, iniques entre toutes; elles frappent surtout l’agriculture et tous ceux que nos impôts devraient atteindre avec la plus grande modération.
Si vous me chargez à nouveau de l’honneur de parler en votre nom, je continuerai a défendre, avec énergie et une conviction que rien ne peut ébranler, cette grande réforme, qui, seule, introduira plus d’équité dans nos impôts.
Mes chers Concitoyens,
Je m’étais engagé à demander l’augmentation des droits sur les grosses successions, avec distraction du passif. La encore, et comme toujours, j’ai tenu parole.
La loi que nous avons votée a réalisé entièrement ce vœu; nous avons supprimé les droits sur le passif des successions; nous avons diminué les droits sur les petites succes¬ sions, en établissant an.e échelle progressive sur les grosses successions.
J'ai demandé et obtenu la franchise postale pour les militaires*
J’ai volé toutes les mesures tendant à protéger les travailleurs, à secourir, tant au point de vue moral qu’au point de vue matériel, toutes les familles dont la situation pénible ou douloureuse était digne d’attirer l’attention d’un représentant du peuple.
Je vous déclarais que j’étais partisan des économies; j’en ai demandé et obtenu, spé¬ cialement sur les gros traitements des trésoriers-payeurs généraux.
J’ai insisté à la Chambre des Députés pour que la législature ne se terminât pas sans que la loi sur les retraites ouvrières eût reçu une solution satisfaisante.
Et si vous me renouvelez mon mandat, je poursuivrai ardemment la réalisation de cette autre grande réforme, qui constituera une œuvre d’humanité et de solidarité sociale.
Mes chers Concitoyens,
Représentant d’un arrondissement agricole, je me suis attaché, en toute circonstance et en dehors de toute préoccupation politique, à défendre les intérêts de l’agriculture et des ouvriers agricoles*
J’ai pris une part active aux travaux du groupe parlementaire pour la défense des inté*
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rôts de la petite et de la moyenne culture, ou nous nous sommes particulièrement occupés de la suppression des marchés à terme, de la répression des accaparements, du développe¬ ment de l'enseignement agricole, des questions de transport à bon marché, de remploi de Talcool industriel, des assurances contre la mortalité du bétail, contre les intempéries, et des secours à accorder à l'agriculture.
Les dispositions nouvelles, concernant F admission temporaire des blés, protégeront efficacement l'agriculture contre certaines spéculations et permettront que le prix du pain soit à peu près en rapport avec le salaire des ouvriers*
Quant à la conférence de Bruxelles, dont les décisions ne seront valables qu’après le vote du Parlement, je vous assure, à Pavance, que je ne les ratifierai que si elles donnent à ^agriculture une protection au moins égale h celle qui lui est accordée par la loi de 188/**
11 faut que notre agriculture soit protégée; il faut quelle puisse travailler avec la sécu¬ rité du lendemain* Je in3y emploierai, comme jusqu'à présent du reste, delà manière îa plus complète et la plus énergique*
Mes chers Concitoyens,
Mes actes, mon passe politique, P expérience acquise pendant cette dernière législature, vous répondent de ce que je ferai dans Pavenir.
Je resterai toujours un démocrate dévoué aux humbles, aux travailleurs, qui ont besoin d'ôtre soutenus, protégés au nom de la solidarité sociale.
Notre patriotisme doit toujours rester au-dessus des questions politiques*
rJous les Français aiment ardemment Ja Patrie; ils montreraient tons le même courage, le même dévouement pour la défendre.
Serrons les rangs, républicains démocrates!
Faisons bloc contre nos adversaires obliques et autres!
Repoussons Pégoïsmc et l 'obscurantisme!
Que les travailleurs des villes et des champs forment une garde solide autour de la République!
Unissons nos euorls, la victoire est à ce prix. Pas de défaillance, pas de divisions insen¬ sées qui pourraient devenir criminelles!
Pour la République démocratique,
En avant!
Vive la France!
Vive la République!
E* MAGNJAUD1Î, Député sortant.
8. —
programme.
Révision de la Constitution dans un sens démocratique;
^rtîST688** SUr 16 reveDU’ sans Camion pour tous les revenus au-dessous do lu.uuEj ira tics ;
- Maintien des lois fondamentales de la République; respect de toutes les croyances;
séparation des %ltscs et de l’État ; J
- Suppression Ses impôts de consommation sur les aliments de première nécessité;
— Suppression radicale des octrois ;
— Économies dans toutes les administrations;
- Réfection des codes civil, pénal et militaire; institution du jury en matière ccrrec- uonneile ;
Décentralisation administrative; extension des pouvoirs des Assemblées départe¬ mentales et communales; y
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9. — Suppression des frais de mutation pour toutes les transactions au-dessous de 1,000 francs;
10. — Création de Conseils de Prud’hommes pour toutes les catégories de travailleurs;
11* — Suppression des prestations;
12. — ‘ Degrèvement de l’agriculture;
13. — Protection dn travail national;
lk* — Retraites ouvrières pour la vieillesse;
15. — Extension des pouvoirs des juges de paix;
16. — Élection des membres du Conseil supérieur du travail par les syndicats;
17. — Indemnité aux fermiers et aux métayers sortants, pour la plus-value donnée à la
propriété;
18. — Égalité des enfants devant 1 -instruction ;
19. — Réduction du nombre des Députés;
26. — Scrutin de liste par collèges électoraux de iOOÛO électeurs inscrits.
Voilà ? mes chers concitoyens, les principales réformes dont je suis partisan. Elles vous indiquent quel est l’esprit qui m’animerait pour la confection des lois en général. En tous cas, je ne voterai jamais que des lois conçues dans m parfait sentiment d’équité et de jus¬ tice.
E, MÀGNIÀUDÉ, Député sortant.
lm circonscription de VERVINS
M. DENÊGHEAU
Élu au iQX tour de scrutin. — 6.780 voix.
Mes chers Concitoyens,
Pour la quatrième fois* j'ai l’honneur de solliciter vos suffrages.
Pour la quatrième fois, je viens vous demander d’affirmer sur mon nom votre dévoue¬ ment à la République.
Aujourd’hui comme toujours, nous avons devant nous la coalition des réactionnaires, dissimulant, sous une formule trompeuse d’adhésion à nos institutions, ses désirs et ses espérances.
Vous déjouerez leurs manœuvres comme vous Pavez fait en 1893 et en 1898.
Vous connaissez mon programme.
Patriote ardent, je veux La France grande à l’intérieur, forte et respectée au dehors- Aussi serai-je toujours prêt à consentir tous les sacrifices pour que notre armée nationale, gardienne de nos gloires et de nos destinées, soit à la hauteur de sa tâche. Convaincu que le service de deux ans ne saurait l’affaiblir, au contraire, je ferai tous mes efforts pour la prompte réalisation de cet important projet*
Partisan irréductible de la propriété individuelle, ennemi de toutes les révolutions, j’estime cependant que le progrès est indéfini et qu’il est du devoir de tous, dans une démocratie, d’examiner sans parti pris les réformes sociales et financières, quelles qu’elles soient, pourvu qu’elles aboutissent ù des solutions raisonnables et pratiques.
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Toujours préoccupé d'améliorer le sort du travailleur, de protéger sa santé, d’assurer son avenir, j’ai voté les lois ouvrières , mais sî inexpérience établissait qu’une de ces lois n’est pas en rapport avec les besoins de certaines industries, vous me trouverez disposé, soyez- en surs, a adhérer aux modifications nécessaires aux intérêts de tous.
Respectueux des convictions sincères, je ne confonds pas le cléricalisme — cette exploitation politique de la religion — avec la religion elle-même. le ne porterai jamais atteinte à la liberté de conscience, ni à la liberté des cultes.
La liberté î Mais c’est notre idéal à nous républicains, c’est notre conquête.
Et je vous demande encore votre confiance peur la défendre sans passion et sans haine, mais avec toute mon énergie, avec tout mon cœur.
Vous pouvez compter sur moi comme je compte sur vous.
Vive la République l
DENÊCHEÂU, Député sortant. Candidat du comité républicain.
2* circonscription de VERVINS
M. le comte CÂFFARELL1 Élu au 1er tour de scrutin. — 7487 voix.
Mes chers Concitoyens,
Encouragé par les nombreuses preuves d’estime et de sympathie qui me sont venues de tous côtés et que j’ai été fier et heureux de recueillir, je me retrouve en face de vous comme candidat à la députation.
Qui je suis? vous le savez. Citoyen respectueux de la Constitution que 3a France s’èst donnée, je suis décidé à soutenir une République libérale, économe, tolérante, respectueuse elle aussi des grandes libertés que nos pères ont conquises : liberté de conscience, liberté d’association.
Pourquoi je me présente? C’est que, précisément, j’estime comme vous que ces libertés sont actuellement menacées par un ministère dont je me déclare l’irréductible adversaire.
Vous voulez , n’est-ce pas, garder le droit de conserver vos vieilles et intimes croyances, vous voulez garderie droit de donner à vos enfants l’éducation de votre choix, vous voulez que la liberté ne soit pas un vain mot, qu’elle existe pleine et entière pour ceux qui ne pensent pas et qui sont bien libres de ne pas penser comme yous, mais aussi qu’elle vous soit laissée dans toute son intégrité. En même temps que ces libertés, vos intérêts matériels, ceux de tous les contribuables sont aujourd’hui gravement compromis. N’ont-ils pas déjà été sacrifiés et ne subissez-vous pas d’année en année les exigences croissantes de l’impôt? Vous en rapportez-vous, pour pratiquer les économies indispensables, urgentes, à ceux qui se sont lancés dans la voie des ruineuses prodigalités, à ceux qui sont respon¬ sables du déficit actuel, aux flatteurs du suffrage universel à qui les promesses irréalisables ne coûtent pas et qui offrent l’impôt sur le revenu comme seule solution à la situation.
En principe^ j’admets volontiers la nécessité d’une large réforme financière. L’impôt sur le revenu serait peut-être une solution, mais au moins faudrait-il qu’il ne devienne pas le prétexte d’une inquisition vexatoire, qu’ii ne soit pas un leurre et une charge de plus
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pour le contribuable, qu’il ne nuise pas à notre action économique et qu'il ne soit pas, pour la France, une causa d’appauvrissement par l’exode des capitaux à Fêtranger.
Une pareille question doit être sagement étudiée sans parti pris et réglée de telle façon que la paix sociale n’ait pas à en souffrir.
Vous demandez encore, et c’est une question de vie pour tous, que le travail national soit protégé sous toutes ses formes : forme agricole, forme industrielle. Or, que voyons-nous à l’heure actuelle? L’inquiétude partout, le marasme des affaires, la réduction, dans les conditions déplorables que vous savez, de notre culture betteravière, le salaire des ouvriers remis par suite en question. C’est contre ces éventualités de demain qu’il convient do pro¬ tester hautement. II faut que notre agriculture soit sauvée de la ruine,
11 faut également que l’avenir des ouvriers soit assuré, et il le sera, non seulement par un salaire justement rémunérateur, mais encore, et je tiens à le dire, par une autre garantie juste et nécessaire elle aussi, celle d’une retraite pour la vieillesse.
Je ne crois pas à l'État providence; l’État seul serait dans Pimpossibiiité d’assurer cette retraite ; j’estime qu’elle doit être constituée avec son concours, mais dans la plénitude de la liberté d’action de l’ouvrier, grâce au développement de la mutualité et dans un accord commun de l’État, du capital, et du travail.
Il est une autre question qui touche aux forces vives et à l’existence même delà nation, c’est celle de notre armée. v
Vous savez par quelles épreuves elle a passé, quelles attaques, quelles avanies elle ax dû subir. Soutenus par l’étranger, les dreyfusards, les sans-patrie ont couvert d’injures nos officiers les plus dignes. Plus ils abaissaient la France, plus ils étaient heureux. Le cri de « Vive l’armée ! » a même été assimilé à un cri séditieux! Trop de souvenirs, trop d’espé-* rances nous rattachent à l'armée pour que nous ne lui accordions pas le respect et l’affec¬ tion qui lui sont dus. D’ailleurs, l’armée cTest nous tous, ce sont nos fils, c’est le meilleur de notre sang î
Pour qu’elle soit forte et glorieuse à l’heure du péril, il lui faut le nombre et la disci¬ pline, Je ne crois pas que le service de trois ans soit absolument nécessaire à ces deux con¬ ditions, j’estime qu’il est possible de réduire à deux ans le sacrifice que le pa^s demande à la jeunesse française, mais seulement après que des cadres solides auront été assurés par une loi et une organisation nouvelles.
Telles sont, messieurs les électeurs, les grandes lignes de mon programme; il se résume en ces mots : République libérale, paix sociale.
Pour le faire triompher, je fais appel à tous les patriotes, à tous ceux qui mettent au-dessus des luttes des partis la prospérité et la grandeur de la France,
Comte CAFFÀRELLI, ancien Député.
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ALLIER
Circonscription de GANNAT AL DELARDE
Elu au 1er tour de scrutin* *— 10.519 voix*
Des hommes de notre partie au nombre de quinze cents* tous républicains* m’ont fait i’honaeur de me choisir comme leur candidat aux élections législatives.
Je n’avais vu aucun d’entre eux avant la réunion de Gannat* personne n’avait pesé sur leur détermination; ils avaient agi spontanément, et j’ai pu conclure de la marque de con¬ fiance qui m’a été donnée dans la manifestation la plus imposante qu’il y ait jamais eu à Gannat, que ]’imm$ûse majorité du parti républicain approuvait mon attitude politique, qui a toujours été conforme au programme sur lequel mes concitoyens m’ont élu.
Je pourrais me contenter de réimprimer cet ancien programme; je préfère affirmer de nouveau les idées que fai toujours exposées dans les réunions ou défendues par mes écrits.
Vieux républicain, j’ai toujours pensé que la République devait être un autre régime que la monarchie ou T empire;
Qu’une simple étiquette inscrite sur les monuments ou les papiers administratifs ne pouvait tenir lieu des institutions propres à ce régime ;
Que les formules surannées, que les vieilles lois impitoyables devaient rejoindre les vieilles ignorances du passé ;
Que ce n’était pas sur le principe d’autorité, legs des théocraties tyranniques et des anciens esclavages, que devait être basé l’ordre social, mais sur le sentiment élevé de J a solidarité et de la justice.
J'estime que la liberté ne doit pas être seulement le privilège du riche;
Que l’égalité fait un devoir a la société d’appliquer les lois avec la même justice à tous les citoyens, avec indulgence aux dehôritês et aux malheureux, dont la responsabilité est d’autant plus amoindrie que l’on a moins cultivé leur intelligence;
Que la fraternité nous impose le devoir de relever les humbles* de venir en aide à tous ceux qui souffrent, de supprimer la misère humaine*
La liberté de tous les citoyens est le fondement même de la République* a une con¬ dition toutefois, c est qu elle soit au-dessus de toutes les atteintes ; et la suprématie du pou¬ voir civil n est qu un, leurre quand certaines factions sont maîtresses des principaux rouages du Gouvernement-
Partisan de la décentralisation la plus large, j’estïme que la libre expansion des initia¬ tives individuelles contre toutes les tyrannies* ne sera une réalité qu’apres la disparition de l’omnipotence de EÉtat.
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Fai combattu toutes Wb vie les monopoles ; je n’ai jamais été ni l’admirateur ni le sou« tien des grandes sociétés ; l’oppression du gros capital dans le commerce et rindaéMe m’ont toujours semblé aussi odieuses que la tyrannie dans le domaine politique.
Demandez à nos adversaires qui a soutenu les intérêts des sucriers»
Qui récemment encore a fait voter dix-huit millions de francs en primes pour les rafli- neurs, propriétaires déjà de fortunes scandaleuses?
Quels sont les auteurs de cette loi singulière qui permet à l'étranger de consommer nos sucres à des prix dérisoires, tandis qu’ils restent chers en France ?
lis devront vous avouer que ce sont leurs propres amis !
En matière religieuse, j'ai toujours été partisan de la liberté absolue de la conscience humaine.
L'Etat ida pas à s'immiscer dans les affaires de conscience, il n’a rien à faire avec les religions quelles qu’elles soient, et j'ai toujours voté la séparation des Eglises et de FEtat
Mais un gouvernement sérieux ne saurait admettre que la religion serve aux desseins politiques des adversaires de la République, il a le devoir d’exiger la neutralité absolue du clergé.
Quant aux congrégations religieuses, elles sont rentrées en France à la laveur de la faiblesse des gouvernements qui Se sont succédé depuis un siècle.
Leur nombre, toujours croissant, et la fortune qu’elles accumulent sans cesse, les rendent redoutables pour les idées modernes; il m’a semblé nécessaire d’en revenir en ce qui les concerne aux dispositions du Concordat, qui no reconnaît pas leur existence.
C’est pour cette raison que j’ai voté la loi sur les associations, qui, bien que fort insuffi¬ sante, les obligera, tout au moins, à se soumettre aux prescriptions légales.
Nos adversaires nous reprochent de ne rien faire pour l’agriculture ; à les entendre, iis auraient le monopole de la sollicitude et des réformes destinées à améliorer la condition des cultivateurs,
11 faut s'expliquer et je défie les gens qui nous calomnient de nous donner un démenti.
L'agriculture souffre de la surproduction et de la concurrence universelle qui avilissent la valeur de ses produits.
L’impôt foncier n’a pas été abaissé en proportion de la diminution des revenus, d’autres charges pèsent lourdement sur elle.
Le véritable remède à ses maux, le seul qui permettrait des dégrèvements sérieux, serait la réforme de notre système fiscal par rétablissement de l’impôt sur le revenu ou la fortune, dont la véritable proportionnalité serait assurée parla progression.
Tout le monde est d’avis que notre système de contributions est détestable et que les impôts pèsent plus lourdement sur les pauvres que sur les riches.
Les hommes qui nous combattent aujourd’hui se sont montrés les adversaires les plus acharnés de la réforme de l’impôt.
Vous jugerez entre eux et nous !
J’ai voté toutes les mesures utiles à l’agriculture.
Le droit sur les blés, parce que le blé peut être vendu un prix rémunérateur, sans pour cela que la classe ouvrière souffre de l'élévation du prix du pain.
J’ai voté la réforme des acquits-à-caution, qui arrêtera une fraude dangereuse pour la vente des blés nationaux.
J'ai voté toutes les mesures, sans exception, qui pouvaient faciliter F organisation des syndicats agricoles, des associations mutuelles de crédit agricole.
Et qu’il me soit permis de le redire, c’est encore à nos adversaires, qui ont la bouche pleine de leur amour pour les agriculteurs, que ceux-ci doivent V échec du crédit agricole.
A la précédente législature, tous les républicains avancés avaient demandé qu'en échange de son privilège exorbitant, la Banque de France fût tenue de fournir quarante millions, qui auraient servi de premiers fonds pour la création du crédit agricole.
Quels sont ceux qui repoussèrent cette proposition d'une utilité indiscutable pour l'agri¬ culture?
Les hommes dont se réclament nos adversaires d'aujourd'hui, manifestant une fois de plus par leurs actes que leur sympathie et leur sollicitude ôtaient acquises non aux petits cultivateurs, mais à la féodalité Financière,
Nous avons dégrevé les boissons hygiéniques, ce qui a augmenté singulièrement la consommation du vin ;
Dégrevé les petites successions ; diminué les frais hypothécaires et les frais des petites ventes de propriété ;
Augmenté dans de larges proportions renseignement agricole,
La loi du 25 décembre 1900 permet au Gouvernement d'allouer aux caisses régionales de crédit agricole, à litre d'avance, une somme qui peut aller au quadruple du capital versé en espèces.
Le projet créant les chambres d'agriculture est déposé.
L'office des renseignements agricoles au ministère est créé et je passe sous silence une foule de mesures de détail.
Et nos adversaires qui s'opposent à toutes les mesures nouvelles, s'efforcent de démon¬ trer aux agriculteurs que nous n'avons rien fait pour eux, alors qu'eux-mêmes ont ôté hos¬ tiles à tous les progrès!
Il en est du reste du petit commerce comme de l'agriculture * les patentes et les im¬ pôts qui le frappent ne seront sérieusement diminués que par la réforme radicale de notre système d'impôts*
Fai voté toutes les lois qui peuvent améliorer la situation des travailleurs, et mon con¬ cours leur est acquis pour toutes les mesures, comme les retraites ouvrières, qui seraient un allègement pour tant de misères imméritées l
La Constitution, œuvre dos partis monarchiques, doit être révisée dans un sens démocratique. Je voterai cette réforme qui a toujours été inscrite dans le programme répu¬ blicain.
Je suis partisan de la propriété individuelle, car j'estime que l’homme n'est vraiment libre que quand il a quelque chose à lui; je serai heureux de m'associer à toutes les me¬ sures qui pourraient faciliter la diffusion de la propriété, loin d'en réclamer la suppression, comme le font les collectivistes.
Je vous ai dit, mes chers concitoyens, ce que je pensais sur les questions qui s'agitent aujourd'hui ; vous n'ajouterez pas foi aux paroles de nos adversaires, qui vont répétant que la République a abaissé la France au point de vue extérieur, alors que notre pays a repris son rang dans le monde.
Vous ne croirez pas que nos finances sont dilapidées quand, à cette heure, c'est le cré¬ dit de la France qui est peut-être le plus solide eu Europe*
La République a fait tous les sacrifices pour son armée; vous rirez des affirmations de ceux qui vous diront que les républicains veulent détruire l'instrument de la défense nationale.
Toute ma vie j'ai conformé ma conduite aux principes de la démocratie; je n'ai jamais refusé un service personnel; je n'ai jamais fait céder mes convictions h mes intérêts.
Vous rendrez voire verdict le 27 avril.
Je ne suis pas inquiet de votre jugement !
Docteur G, DELARUE, Député de l'Ailier,
— 25 —
iN° 4462
Circonscription de LA PALISSE
M. GACON, élu Sénateur, remplacé par M. RÉGNIER
Voy. Elections partielles.
lr0 circonscription de MONTLUÇON [M. Léon THIVRIER
Élu au 1er tour de scrutin. — 10.168 voix.
Parti Socialiste de France.
Fédération des travailleurs socialistes de l’AUier.
Citoyens,
La Fédération socialiste de l’Ailier présente à vos suffrages la candidature du citoyen Léon Thivrier; elle estime que les idées socialistes et les intérêts de cette circonscription ne sauraient avoir de plus sincère ni de plus dévoué défenseur.
A cette époque où la réaction n’a pas renoncé à tout espoir de succès, et où, employant une nouvelle tactique, elle se couvre d’un masque républicain pour mieux détruire la Répu¬ blique il est nécessaire d’opposer i’action vigoureuse du socialisme pour écraser encore une fois les partis du passé. Il faut que dans cette bataille décisive où notre paru lutte avec son drapeau largement déployé, une nouvelle victoire vienne affirmer les idées socialistes de cette circonscription, et son espoir dans un affranchissement prochain du travai
°1P' A^eux qui nous disent que nous voulons supprimer la liberté, l’égalité et la fraternité, nous répondrons en demandant si les travailleurs sont libres pendant les 12 ou 14 heures qu’ils passent dans les usines ou dans les champs; s’ils sont les égaux de ceux qui les com¬ mandent et s’ils sont les frères de ceux qui les exploitent.
Nous ne crions pas, nous constatons la lutte des classes, et nous voulons les réconcilier en supprimant leur antagonisme d’intérêts, c’est-à-dire en réunissant dans les memes mains le capital et le travail : par la socialisation des moyens de production.
Mous voulons mettre (in à l’exploitation dont les travailleurs sont victimes, notre but est leur émancipation ; mais nous estimons que l’outil de cette transformation sociale est la République dont le socialisme est l’épanouissement.
C’est avec confiance que nous vous présentons la candidature de notre ami Léon hi- vrier, persuadés que vous assurerez par son triomphe la défaite de la réaction.
Vive la République sociale!
(Suivent les signatures).
U
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Programme de la fédération socialiste de V Allier.
1, Suppression immédiate du Sénat;
2, Substitution au régime parlementaire de la législation directe du peuple par le peuple ;
3, Inscription, dans la ConstitutioQ, du droit au travail, à l’assistance, à la retraite, de la liberté d’association laïque, de la liberté de réunion, de presse et de la liberté indivi¬ duelle;
4- La paix mise constitutionnellement sous la garde du peuple, ayant seul droit de voter la guerre;
5. Secret du vote assuré par le vole sous enveloppe, avec bulletins imprimés sur même papier et de meme dimension;
6. Limitation de l’affichage et des cadres réservant à chaque candidat une place égale ;
7. Rétribution des fonctions électives ;
Abrogation du décret organique du 2 février 1352, des lois de sûreté générale et de toutes les lois d’exception sur la presse et l’individu, et suppression des fonds secrets ;
9. Gratuité et simplification de la justice ;
10. Réparation morale et pécuniaire aux victimes d’erreurs judiciaires;
11. Suppression du travail dans les prisons faisant concurrence au travail libre ;
12. Dénonciation du Concordat, suppression du budget des cultes. Reprise des biens de main-morte, de tous les biens du clergé et des congrégations, de tous les édifices con¬ sacrés au culte ;
13. Suppression de l’ambassade auprès du pape ;
14. Extension des libertés communales afin de rendre la commune maîtresse de son administration, de ses finances et de sa police ;
15. Réduction des gros traitements et augmentation des petits traitements en rapport avec les besoins de la yie;
16. Droit de referendum ;
17. Unification de l’enseignement primaire, secondaire et supérieur rendu accessible au peuple d tous les degrés ;
18. Suppression des armées pennanentes et, en attendant, réduction du service mili¬ taire à deux ans, puis à un an dans le plus bref délai;
19- Suppression des 13 et 28 jours;
20. Création de la banque d’état, réduction' du taux de l’escompte et du crédit agricole ;
21. Suppression de, tous les impôts de cou somma Lion et impôts indirects ;
22. Établis Bernent d’un monopole de fabrication et rectification de l’alcool ;
23. Reprise par l’État et les communes des chemins de fer, des mines, de la Bangue
des transports, do service d’alimentation ; ’
24. Législation nationale et internationale du travail;
25. Conquête des pouvoirs publics par les travailleurs organisés;
26. Liberté entière d’associauon syndicale;
27. Bourses du travail gérées en toute liberté par les syndicats-
28. Retraites pour tous les vieux travailleurs;
29. Mise à la charge de la société de tous les invalides du travail;
30. Extension de la loi sur les accidents du travail ;
31 Protection assurée par l’État aux veuves et aux orphelins dont le mari et fe père n aura laissé aucun moyen d’existence.
2?
N* 4162
Citoyens,
Choisi à Pu nan imité comme candidat aux élections législatives par le Congrès du 8 novembre 1901, je me présente à vos suffrages avec le programme élaboré par la Fédé¬ rât! n socialiste de PAllier. C’est avec ce programme que les élus du parti qui m'ont pré¬ cédé ont lutté, c'est ;vec lui qu'ils ont triomphé. Aux élections cantonales dernières, une forte majorité 'affirmait encore, sur mon nom, rattachement inébranlable des citoyens aux idéi's que nous préconisons et dont je suis et resterai un des plus ardents défenseurs. Comme au Conseil général où toujours j'ai soutenu les intérêts des travailleurs et la cause social I- te, je ferai mon devoir au Parlement, si vos suffrages me donnent le mandat de vous y représenter.
Vive la République sociale !
Vive l'union des travailleurs!
D* Léon THIVRÏER*
Conseiller général.
2* circonscription de MONTLUÇGN M. Paul CON3TÀNS
Elu au 2a tour de scrutin. — 9.352 voix.
Appel du Conseil national du parti ouvrier français.
AUX ÉLECTEURS
Citoyens,
Vous êtes appelés à voter pour un député. Comment voterez-vous? Quel usage allez- vous faire de cet instrument du suffrage universel que la Révolution de 1848 a mis à votre disposition et qui rend, pour un jour, les travailleurs, les producteurs, maîtres de leurs destinées?
Votre sort est entre vos mains. Que voulez-vous qu’il soit ? Entre les divers partis qui se disputent vos suffrages, comment choisirez-vous?
Allez- vous continuer à employer votre bulletin de vote de la môme façon que par le
passé ?
Demandez-vous, avant daller à l'urne, ce que vous ont donné les élections ante¬ rieures.
Voilà plus de cinquante ans que le suffrage universel fonctionne. Depuis trente-deux ans la France est en République.
Tour à tour, en un siècle, les partis les plus divers ont été au pouvoir : monarchistes, bonapartistes, cléricaux, républicains de toutes nuances, depuis le libéralisme et l'oppor¬ tunisme le plus rose, jusqu’au radicalisme le plus rouge.
Qu’y avez-vous gagné ? Votre situation s'est-elle améliorée ?
Les impôts ont-ils diminué? Non : chaque jour ils augmentent. Le tribut de la dette
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publique devient de plus en plus lourd : chaque Français, en naissant, trouve dans son ber¬ ceau sa part d'intérêts à payer de plus de trente milliards ; il est débiteur à perpétuité de plus de 850 francs*
Loin d'être réduites, les charges militaires se sont aggravées, accentuant encore les inégalités entre citoyens : c’est un an pour les Gis de la bourgeoisie privilégiée; c'est trois ans pour les fils de cultivateurs et d’ouvriers*
Et cette armée, qu'on vous représente comme destinée a défendre le sol national, n'est mise au service que de la grande propriété industrielle, financière, commerciale et foncière ; tantôt pour aller, dans les guerres coloniales, ouvrir, au prix du sang de vos fils et r!c vos frères, de nouveaux débouchés à des marchandises que vous êtes trop pauvres pour con¬ sommer ; tantôt pour fusiller les travailleurs réclamant un peu de mieux-être.
Aux campagnes d'Afrique de la monarchie de Juillet, a la guerre du Mexique du second Empire, ont succédé, sous la République, les expéditions de Tunisie, du Soudan, du Tonkin, de Madagascar, de Chine, etc*
Si l'Empire a eu ses massacres d'Aubin et de la Rîcamarie, la troisième République les a répétés h Fourmi es, à la Martinique et à Cftaloo,
De toutes les réformes qu'on faisait miroiter à vos yeux pour capter vos suffrages, au¬ cune n'a été réalisée.
Loin de devenir meilleure, votre condition matérielle va empirant*
Ouvriers des villes, dont le travail est Tunique moyen d'existence, ce travail vous est de jour en jour enlevé par les chômages résultant de l'emploi des machines, par Rentrée à Fusine des femmes et des enfants, par Faffiux dans les agglomérations urbaines d’une po¬ pulation qui a dû déserter les campagnes. La concurrence entre les bras fait de plus en plus baisser les salaires. Et contre votre misère, la charité chrétienne et la philanthropie bourgeoise ne peuvent vous offrir que la dérision d'une aumône aussi humiliante qu'impuis¬ sante.
Paysans, cultivateurs, le produit de vos sueurs suffitde moins en moins à vous nourrir; la concurrence intérieure et extérieure en avilit chaque année le prix ; mévente des blés, mévente des vins, deviennent un mal permanent.
Voire petite propriété est toujours plus menacée par la formation des grandes exploi¬ tations agricoles à outillage perfectionné. Lorsqu'elle vous reste, elle est rendue purement nominale par les impôts écrasants, par l’usure, par l'hypothèque dont vous avez à solder la redevance. (Dette hypothécaire : en 1820, 8 milliards; en 18àG, Î2 milliards; en 1868, 16 milliards; en 1887, 20 milliards ; en 1900, plus de 25 milliards; soit une rente de plus de 1 milliard 550 millions payée chaque année aux capitalistes par les petits cultivateurs.) La détresse pousse vos enfants dans les villes, où ils n? font qu'accroître le marché des bras déjà engorgé et augmenter encore la misère générale*
Petits commerçants, petits patrons, classe moyenne, vous vivez dans l'angoisse et Fin- sécurité* La faillite vous guette ; la grande industrie mécanique ruine vos petits ateliers; les grands magasins dévorent votre petite boutique; la haute banque, juive, protestante un catholique, prélève sur vous des intérêts usuraîres et englouût vos économies dans les escroqueries des Panama et des Union générale* Un mouvement de plus en plus accéléré vous fait retomber parmi les salariés, les journaliers, les prolétaires.
Et pour tous, cet état de choses ne peut qu'aller en s'aggravant. Loin d'être plus heu¬ reux, vous vous voyez sans cesse plus misérables.
Et cela, quand les progrès de la science perfectionnent et multiplient tous les jours la production, quand l'humanité a les moyens de pourvoir abondamment à tous ses besoins, au prix d'un eflort de plus en plus réduit. Mais de ces progrès, non seulement vous ne pro¬ fitez ni les uns ni les autres, mais vous mourez — et vous continuerez à mourir tant que, restés le monopole de quelques-uns, ils ne seront pas devenus le patrimoine commun, la propriété collective de tous.
Mais à qui la faute ? A vous, et à vous seuls, qui pouviez, de par votre nombre, à chaque élection générale, vous saisir directement du Gouvernement et opérer la transfor-
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mation sociale nécessaire., et qui, au lieu de cela, vous êtes trahis vous-mêmes en choisis¬ sant pour vos représentants des hommes qui ne peuvent représenter que des intérêts con-
traire? au^ vôtres. _ . .
Républicains ou monarchistes, cléricaux ou libres-penseurs, ceux a qui vous donnez nériodiquement le pouvoir politique et législatif sont les délégués et les serviteurs . e a classe qui, tenant entre ses mains tous les instruments de production, s’en sert pour vivre, sans travailler, du travail des autres, de votre travail à vous, et ne les laissera reprendre nue par la force de votre nombre, arrivé à sa conscience de classe.
Leurs divisions politiques, dans lesquelles ils essaient de vous entraîner, m couvren mie les Ulties qu’ils se livrent pour le partage des profits ; mais pour exploiter le monde du travail, ils sont toujours unis, et lorsqu'ils usent du gouvernement que vous leur avez remis pour maintenir leur domination de classe, si vous vous plaignez, ils sont en droit de vous répondre : vous l'avez voulu !
A vous de ne plus le vouloir. A vous, qui vivez en travaillant, et qui êtes 1 trame majorité, de faire vos affaires vous-mêmes.
A vous d’agir pour que la République soit à vous, . soit la République des travailleurs :
les lois seront faites pour yous, si elles sont faîtes par vous.
N’accordez vos voix qu’au parti du travail, au parti socialiste, an parti de votre classe. Refusez-les à tous les autres candidats, quels que soient leur nom et leur couleur.
Votre devoir et votre intérêt est de ne voter et ne faire voter que pout le can i a
Que sur toute la "surface du territoire les travailleurs agissent de meme, et la Révolu¬ tion est faite, en ce sens que, maîtres de l’État et de la loi vous serez en mesure de re¬ mettre la nation en possession de ses usines, mines, chemins de fer, machines et autres moyens de production, d’instruments . d’exploitation qu’ils sont aujourd'hui, transformés en instruments de liberté et de bien-être.
Le parti socialiste, parti des pauvres, n’a pas à sa disposition, comme les riches can¬ didats de la bourgeoisie, les fonds nécessaires à une immense réclame par affiches et distri¬ bution de circulaires. . _
Si vous avez conscience de ce que vous devez h vous-mêmes et a votre classe, vous répandrez autour de vous des bulletins de vote pareils au bulletin ci-inclus, au besoin, écrits à la main, et vous expliquerez à tous les électeurs que, sans distinguer entre les candidats bourgeois, is ont à voter pour le candidat des travailleurs, le candidat de la République sociale, le citoyen P. Constans.
Le Conseil national du parti ouvrier français.
I1’* circonscription de MOULINS
M. PÉRONNEAU
Élu au lcv tour de scrutin. — 7.161 voix.
Électeurs!
A l’unanimité, le Congrès des Délégués Républicains m’a désigné comme candidat à la ^ Fort de cet appui, fort aussi du devoir accompli, je viens solliciter vos suffrages, avec
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ia conscience d'avoir loyalement suivi îe programme sur lequel vous m’avez élu» en 1898, à 3,000 voix de majorité* et auquel vous êtes restés* comme moi» fidèlement attachés.
Malgré l'absence d’une majorité compacte de Républicains avancés» l’œuvre de la der¬ nière législature n'a pas été stérile; elle a voté, notamment :
La loi sur les successions, qui dégrève les successions obérées et frappe de droit pro¬ gressifs les gros héritages;
La loi sur fe régime des boissons, encore imparfaite, mais qui a cependant réduit consi¬ dérablement les droits sur Je vin et les autres boissons hygiéniques;
La loi sur la réglementation du travail et des retraites des employés de chemins de fer; îa loi sur le travail dans les mines; la loi sur le repos hebdomadaire, auxquelles, comme Membre de la Commission du Travail, je m’honore d’avoir collaboré.
Elle a commencé la discussion de la loi sur les retraites ouvrières;
Elle a voté le principe du service militaire de deux ans, qui devra être la première réforme législative de la Chambre prochaine ;
Elle a augmenté le salaire des petits employés de EÉtat, les prolétaires de T Adminis¬ tration, et supprimé le système inique du pourcentage pour l’avancement des instituteurs.
Elle a fait, enfin, la loi sur les associations qui, toute incomplète qu’elle est encore, a porté un coup terrible à la puissance toujours envahissante des Congrégations, à l'accapare- ment par elles delà fortune publique et de l’éducation de la jeunesse.
J’ai, vous le savez, voté toutes ces lois avec enthousiasme.
Mais les plus importantes réformes sont encore à faire; mon programme est loin d’être réalisé*
Anti-clérical avant tout, je veux la séparation des Églises et de YÉ tat; la suppression du budget des cultes; et, pour compléter la îoî sur les associations, la suppression de toutes les Congrégations; le retour à la nation des biens de main-morte.
Je veux renseignement exclusivement laïque à tous les degrés et accessible à tous par voie de concours*
Radical-socialiste, c’est-à-dire partisan de toutes les réformes politiques que comporte la République, de toutes les réformes économiques et sociales compatibles avec le respect de la propriété individuelle, je réclame ;
La réduction à deux ans du service militaire égal pour tous; la suppression des 28 et des 13 jours; la suppression des Conseils de guerre en temps de paix;
Les retraites pour la vieillesse et les invalides du travail;
L’impôt progressif sur le revenu;
L assurance obligatoire par l’État des risques agricoles ;
La création de Banques de crédit agricole et de crédit au travail;
L amélioration, dans 1 intérêt des ouvriers, des lois sur ia durée et les conditions du
travail *
L’extension des libertés syndicales et des attributions des Conseils de prud’hommes - La répression sevère de la spéculation et de l’accaparement;
L’épuration du personnel, ia suppression de l’inamovibilité de la magistrature - La réduction des frais de justice ;
La diminution des gros traitements;
Le renoncement à toute politique d’aventures et de conquêtes;
La révision de la Constitution, la souveraineté absolue du suffrage universel - Le secret du vote* &
iel est mon programme; il nTa pas varié et pouvez être sûrs que j'y serai fidèle car je ne suis pas de ceux dont les opinions changent avec les circonstances*
Citoyens,
L’heure est grave pour Mpobliquo : sous la bannière du parti clérical, la Boulangisme s est reconstitué : .1 s’appelle aujourd’hui le Nationalisme. Tour à tour violent et sournois, il
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a d’abord essayé un coup d’Etat et osé lever la main sur le. Président de la République ; puis, après l’échec de ses tentatives criminelles, après l’arrestation et la condamnation de ses chefs, il a organisé dans l’ombre, avec la complicité des congrégations et du clergé, la coalition de toutes les forces réactionnaires contre la République.
Cléricaux et Gésariens — le goupillon et le sabre — s’apprêtent à livrer à la Répu¬ blique un suprême assaut. A la réaction sous toutes ses formes, à ses deux candidats oppo¬ sons, Citoyens, le bloc républicain; opposons l’union de tous ceux qui veulent la République toujours plus républicaine.
Vingt années d’une vie politique sans défaillance répondent de moi; et puisque, pour la seconde fois, j’ai l’honneur d'être le candidat de la République, soyez certains que, de toute mon énergie, de toute l’ardeur de mes convictions, je tiendrai haut et ferme le drapeau d’avant-garde que vous m’avez confié.
Vive la République !
Henri PÉRONNEAU, Député sortant,
Vice-Président du Conseil général, Candidat du Congrès républicain.
2e circonscription de MOULINS
M. VILLE, élu Sénateur, remplacé par M. MINIER
Voy. Elections partielles.
ALPES (BASSES-)
Circonscription de BARCELONNETTE
M. Paul DELOMBRE
Elu au 1er tour de scrutin* — 2,010 voix*
Monsieur et cher Concitoyen ,
Fidèle à la parole que je vous ai donnée, je viens vous demander le renouvellement de mon mandat de député.
Depuis plus de huit ans, vous me voyez à l’œuvre.
Vous savez si j’ai pris à cœur votre défense, tout fait pour représenter dignement nos Alpes et pour servir la République*
Successivement, rapporteur du budget des finances à la Chambre, rapporteur général de la Commission du budget, deux fois président de cette Commission, puis Ministre du Commerce, de l’Industrie, des Postes et des Télégraphes; enfin, par un honneur tout spécial dont j’ai été profondément touché et qui a resserré nos liens déjà si étroits, élu, à Tunanïmitê, président du Conseil général des Basses-Alpes, j’ai justifié de mon mieux la confiance que l’arrondissement de Barcelonnette m'a témoignée.
Vous me connaissez; de ma part, toute profession de foi serait dès lors superflue*
Les principes qui me guident sont, au surplus, très simples *
Vieux républicain, je considère la République comme l’instrument nécessaire de notre développement national, comme le gage et la garantie de toutes les réformes.
Mon idéal est une France de plus en plus grande, glorieuse et puissante, grâce à l’union de ses fils réconciliés, tous groupés dans une action fraternelle pour le progrès social continu et l’entière émancipation de la démocratie par la paix et par la liberté. En m’envoyant de nouveau à la Chambre, vous n’affirmerez pas seulement votre attachement à une politique républicaine de travail utile et d’efforts incessants pour le relèvement intégral de la Patrie ; vous me mettrez en mesure de poursuivre la réalisation du pro¬ gramme que je vous ai exposé si souvent dans nos réunions. Vous avez pu juger, par des applications partielles, quels heureux résultats notre région, en particulier, peut s’en promettre*
J’aurai, d’ailleurs, roccasion d’en causer une fois de plus avec vous, car je compté bien me rendre avant les élections dans toutes les communes do l’arrondissement* Elles m’ont toujours marqué une sympathie dont je leur garde une vive gratitude.
Veuillez, Monsieur et cher Concitoyen, agréer l’expression de mes sentiments tout dévoués*
Paul DELOMBRE, Député sortant,
Président du Gonseil général des Basses-Alpes, Candidat républicain*
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Circonscription de GASTELLANE
M. le coin le BONI DE GASTELLANE a été réélu après annulation de son élection.
Voy* Élections partielles.
Circonscription de DIGNE
M. FRUCHIEB
Élu au 2* tour de scrutin. — 5,796 voix.
Mes chers concitoyens.
En 1898, vous avez signifié a M, Joseph Reinach un congé en bonne forme; vous lui avez nettement déclaré que vous ne vouliez plus de lui. Cet homme, qui a toutes les audaces, feint de ne pas avoir entendu et, en dépit de son échec retentissant, il ose solliciter de nouveau vos suffrages. Celui dont le nom honni et abhorré par tous les républicains honnêtes de France rappelle les plus honteuses compromissions et les plus tristes scandales dont a eu à souffrir la République ee dit aujourd'hui son défenseur et veut quand même forcer les portes du Parlement où personne ne voudrait ni le recevoir ni Fentendre. Alors que tous les partis le renient, que Paris en a horreur et qu'aucun collège de France ne voudrait de lui, il vient jeter le défi à Fhonnête démocratie de cet arrondissement et ose prétendre à Phon- neur de le représenter, II n’en est pas cligne.
L'honorable Paul Houx a dû se retirer devant les calomnies de cet adversaire peu loyal et c'est pour obéir h !a voix du devoir que j'ai pris de ses mains le drapeau républicain que je tiens à conduire à la victoire3 uniquement pour barrer la route à M* Joseph Reinach*
Électeurs Bas-Alpins,
le remplis mon devoir; vous saurez faire le vôtre. La France entière a les yeux sur vous; vous ne faillirez pas à l’honneur. Il ne sera pas dit que cet homme que tout le monde repousse a été voire élu.
Je suis un enfant de votre pays; beaucoup d'entre vous méconnaissent. Je me présente tel que je suis et que j’ai toujours été; je n'éprouve pas le besoin de prendre un masque*
J’aime la République et, sous vos yeux, en maintes circonstances, soldat modeste mais convaincu, j’ai combattu pour le triomphe des idées républicaines. Mais je suis de ceux qui pensent que la République ne doit pas être une petite chapelle réservée à une coterie. Je la considère comme la grande maison dans laquelle tous les bons Français doivent s'unir, non pas pour une éternelle bataille, mais pour s'aimer et s'enlr'aider comme il convient à une démocratie intelligente, libre et forte, nourrie des idées de solidarité et de justice.
Respectueux de toutes les libertés politiques, je considère comme également sacrées les libertés privées et je répudie comme contraire aux immortels principes de la Révolution la conception toute impériale du monopole de l'instruction entre les mains de l’État. Je me
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déclare partisan de la liberté de l’enseignement sous la surveillance et le contrôle des pou-
voirs publics dans l’intérêt général.
Je crois au Progrès par la Liberté et f esti’nae que c’est avec eile que, par les Syndicats et les Associations 3 la Démocratie doit avancer dans la voie des améliorations sociales plus sûrement que par une législation qui, sous le couvert du devoir de prévoyance de FÉtat, entraverait l’initiative des citoyens.
Je ne suis ni un réacteur ni un timide; les nouveautés ne m’effrayent pas.
Je crois que l’impôt foncier pèse trop lourdement sur la terre et qu’il y a urgence de F en dégrever.
Je sais que nos impôts sont lourds et je ne prétends pas qu’ils doivent être immuables. Je m associerai volontiers à l’étude d’un remaniement qui aurait pour but de les rendre plus équitables. Je suis partisan en principe d’un impôt global et progressif sur le revenu, mais je voudrais avant tout des économies nécessaires pour arriver à un dégrèvement réel
Si je suis votre élu, je voterai la réduction de la durée du service militaire en tant que cette réduction ne compromettra pas la sècurké dé la Patrie,
Je suis sincère et ne veux pas vous faire de folles promesses.
Républicain, je marcherai toujours dans la voie du progrès, tout en me gardant des utopies dangereuses.
Connaissant vos souffrances et vos besoins, je mettrai tout ce que j’ai de cœur, de cou¬ rage et d’énergie au service de vos intérêts qui sont les miens et je voterai en toutes cir¬ constances les lois qui auront pour objet Famélioration du sort des agriculteurs.
Je vous promets mon entier dévouement et je ne suis pas homme à oublier ma promesse.
Elu par vous, fort de votre confiance, je défendrai de tout cœur les intérêts de l’arron¬ dissement de Digne et je tiendrai toujours haut et ferme le drapeau de la République,
Vivent les Basseâ-Àlpès î Vive la France !
Vive la République!
Charles FftüCHIÏR, Avocat,
Circonscription de FQRGALQUIER
Âf, DEFARGE, élu Sénateur* remplacé par M. ISOARD
Voy* Elections partielles,
CirconBcription de SISTERON.
M* G, -A, HUBBÀttD
Élu au îei tour de scrutin. — 2*706 voix*
Chers Concitoyens,
grain
sente* » *u uuub ch générai, je me suis mis au travail
vos intérêts.
pour faire triompher
-î
En prenant part aux débats importants de la Chambre, comme membre de la Commis* sion du budget, chargé des rapports sur les finances et sur l’indemnité de guerre souscrite par la Chine, je me suis eflorcé de réaliser une politique de paix et d’économie.
J'ai contribué efficacement par mon intervention, à ta Commission du budget et à la tribune, à assurer le succès définitif de la rédaction sur la contribution personnelle-mobi- lière, qui a diminué annuellement d’environ 35.000 francs le contingent à paver par le département des Basses-Alpes et de 7,500 francs celui de l’arrondissement de Sisteron.
Je me suis occupé activement de poursuivre l'achèvement de votre réseau de routes et de chemins et de donner satisfaction à toutes les réclamations que je priais MM, les maires de vos communes de me transmettre avec précision.
J’ai réussi à faire maintenir cette année l'ensemble des subventions d’État, sur le fonds dit des 5 millions, destinées à contribuer aux dépenses des routes et des chemins. Pour l’année prochaine le Conseil général m’a chargé, de concert avec mes collègues Delombre et Gassier, de faire à Paris toutes les démarches et les études nécessaires pour que la part du département ne subisse pas la diminution à laquelle i! est exposé.
Voilà de quelle façon, en ne parlant que des plus grosses questions, j’ai accompli mon devoir de représentant.
Vous m’avez vu à l’œuvre, vous ave* commencé à recueillir les résultats demes efforts dévoués. Il ne dépend que de vous que nous continuions à obtenir de l'administratio*, pour nos cinq cantons, la satisfaction des besoins urgents qui, de tous côtés, sollicitent mon attention.
Tout en me consacrant ainsi au labeur d’administration pratique qui correspond aux nécessités de votre vie économique, je me suis attaché aussi à ne pas perdre de vue les problèmes politiques et sociaux que comporte le perfectionnement incessant de notre belle République.
Elle a été établie grâce aux efforts de nos pères de 1789 et de 1792, de 1848 et de 1870, au prix même de leurs vies ; il faut ia défendre sans relâche contre les manoeuvres vio¬ lentes ou doucereuses, contre les équivoques de toutes les aristocraties de naissance et d’argent, contre l’esprit rétrograde des castes militaristes ou sacerdotales.
La République que nous voulons, n’est pas une République bâtarde, gouvernée ou re¬ présentée par les grands seigneurs, qui ne se raillent à la République que pour essayer d’y maintenir leurs privilèges.
Nous voulons la République du Travail, de la \erité, de la Science, de la Justice,
Nous voulons confondre par la Raison et la Loi, les puissances de mensonge, d inéga¬ lité, de terreurs chimériques et de corruption par l’Argent,
Le Président de la République, M. Loubet, l’ancien représentant de la Drôme, le Gou¬ vernement de défense et d’action républicaines, ont été soutenus de mes votes et de ma parole contre les outrages, les injures et les calomnies de ces partis progressistes, natio¬ nalistes, cléricaux, coalisés dans un assaut furieux qui est 3e renouvellement du SejzgfMai et du Boulangisme.
La Chambre a effectué celte grande réforme qui a fondé pour la première fois la liberté d’association des citoyens en ramenant les congrégations au respect de la loi. Les droits sur les successions ont été rendus plus justes par l’application du principe de la déduction des dettes et du tarif progressif sur les héritages de plus d’un million.
Les factieux qui prêchaient l’indiscipline de l'armée contre les pouvoirs civils ont été ramenés au respect de la liberté politique du pays par l’énergie républicaine du général André, Ministre de la Guerre.
Il faut continuer cette marche en avant vers les réformes démocratiques :
Supprimer radicalement le principal de l’impôt foncier — la terre est un instrument de travail, un outil qui ne doit pas servir de base spèciale à l’impôt;
Supprimer l’inique impôt des portes et fenêtres, les patentes de la contribution per¬ sonnelle et mobilière en remplaçai ces quatre taxes démodées et vieilles de plus d’un
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siècle, par 1 établissement d’un impôt progressif sur le revenu, plus moderne et plus équitable;
H faut réduire les charges militaires de la nation en perfectionnant la défense du pays, par i organisation du service d’un an, égal pour tous (sauf les soutiens de famille) par la suppression des 28 et des 13 jours; les réservistes et les territoriaux étant appelés à de courts exercices à portée de leurs foyers, sans créer un contingent de soldats professionnels et salaries qui grèverait lourdement notre budget et serait une menace prétorienne perma¬ nente, contre la sûreté de la République,
H faut organiser ia retraite nationaie pour les vieillards des deux sexes à l’aide de la j issement de l’impôt sur le revenu, 11 faut achever la laïcisation complète de tous les services et administrations publics, de tous les budgets, en séparant complètement les ques¬ tions religieuses de la vie politique, administrative et financière du pays. Les différentes religions n’ont pas à être mêlées à nos institutions politiques; elles doivent être réservées au domaine de 1 activité privée des citoyens et de leurs associations libres, dans les limites
tic Ici 101.
Il faut enfin obtenir l’ouverture d’un programme de travaux publics agricoles, de pro¬ ue ion, dotant nos communes des améliorations dont elles ont besoin pour augmenter le rendement de la terre, au lieu de lancer le pays dans des expéditions meurtrières et conteuses, au profit des prosélytismes religieux ou des spéculations financières.
Nous avons particulièrement à poursuivre avec persévérance, dans cet arrondissement etablissement de canaux d’irrigation (Ventavon et Montfort) et des voies ferrées des vallees de la haute Durance et du Jabron.
Citoyens,
Tous ces progrès ne pourront être l’œuvre d’un seul jour, mais la vraie manière de les
cale «oc°UrVCèSt de COntnbuer à relourner à la Chambre une majorité républicaine radi¬ cale-socialiste compacte qui achèvera la déroute de la réaction.
Lest à droite qu est le péril, cest là aussi qu’est le piétinement sur place et l’avorte¬ ment des réformes : barrez donc énergiquement le passage au toS S&p éS àéï c. ommes reMonnair.», des dépanses électorales effrénées, de» louches Eï, disant républicaines grâce auxquelles, comme en 18^9, le bloc de droite le Darti xmm
sa# "* ■- *■ par,“ “"»*■* «*. »nS „ jr •
Citoyens,
,.tpLZ hommes1du Passé veulent faire rétrograder la démocratie de l’arrondissement de Sisteron, jusque dans les bras de l’aristocratie redorée et blasonnée. lcüssement de
pins avant'dans3 là6 voL^ d e riTvra^MîépubHq^e.t6r°n *1 5 6116 marciie, a touJours
Vive la République Démocratique et Sociale
G. IÏUBBARD,
Avocat à la Cour de Paris Conseiller général du canton de Noyers, député sortant.
— 37 -
N* 1162
ALPES (HAUTES)
Circonscription de BRIANÇON
M. LÀURENÇGN
Élu au 1er tour de scrutin. — 2*470 voix.
Mes chers Compatriotes,
Fai consacré plus de la moitié de ma vie à défendre les intérêts du Rriançonnais et du département, soit au Conseil général, soit à la Chambre des Députés* J’ai apporté tous mes efforts à consolider la République par des votes qu’inspirait seul l’amour de mon Pays* Je crois ne pas avoir failli à ce double mandat que vous m’aviez confié et je viens vous deman¬ der de me le renouveler. Ce sera l’honneur de ma vie d'avoir conservé votre confiance et votre affection, et, à la fin de ma carrière, je regarderai les suffrages que vous m’accorderez comme la plus hante des récompenses pour le bien que j’ai pu faire,
La législature qui vient de finir a été fertile en incidents* Mais si vous voulez bien résumer la situation, vous concilierez que la haute magistrature de notre éminent et aimé compatriote M* Loubet a débuté dans l’agitation des partis, et ^aujourd'hui les villes du littoral du Nord se disputent l’honneur de le recevoir lors de sa prochaine visite à notre allié l'Empereur de Russie*
Faut-il ajouter que nos relations avec l’Italie sont redevenues cordiales et que nous devons nous féliciter de cette amélioration qui répond à nos sentiments et à nos intérêts?
Ne vous laissez pas émouvoir par les ardeurs des polémiques soulevées autour de nous. Gardons notre union pour la montrer avec firtè à ceux qui se plaisent dans la discorde* Quoi qu’on puisse dire, la République reste le régime populaire, et la France, forte de son unité et de son patriotisme, n’a rien à redouter des tempêtes passagères suscitées par les ambitions et par les réactions 1
Vive ia République î
Léon LAURENÇGN, Député sortant*
Circonscription d’EMBRUN
M. PAV1E
Élu au l" tour de scrutin. — S3G6 voix.
Mes chers Compatriotes,
A une importante majorité vous m’avez désigné, il y a quatre ans, pour vous repré¬ senter et défendre vos intérêts à la Chambre des Députés.
Je crois avoir fidèlement et consciencieusement rempli mon mandat, et, convaincu que je suis resté digne de votre confiance, je viens vous demander de vouloir bien me le renou¬ veler.
Dégagé de toute ambition personnelle, libre et indépendant de toute coterie, vous pouvez toujours compler sur mon concours le plus dévoué.
Durant- tout le cours de celte législature, je n’ai eu qu’une ambition : servir mon pays et mes concitoyens: mon pays, en m’associant par mes votes à toutes les réformes démo¬ cratiques ; mes concitoyens, en mettant à leur disposition mon activité et l’influence que me confère le mandat de député.
Au point de vue politique, j’estime que la stabilité ministérielle est une des conditions essentielles à la réalisation de toutes nos revendications sociales. Vous rappeler que mon dévouement le plus absolu est acquis à la République et au maintien intégral de toutes nos institutions républicaines serait vous faire injure : vous me connaissez tous. Je ne faillirai jamais à mon mandat et je me souviendrai toujours qu’un des premiers devoirs du repré¬ sentant est de faire aimer la République en l’aimant d’abor'd lui-même et en la servant arec abnégation et désintéressement.
De nombreuses réformes ont été votées dorant cette législature; et je suis fier d’y avoir collaboré.
Comme par le passé, je demeure partisan de toutes les économies compatibles avec la bonne marche de nos services publics*
Membre du groupe parlementaire de la défense des intérêts de la petite et moyenne culture, je ne cesserai de demander la suppression de l’impôt foncier, notamment dans les pays pauvres comme le nôtre.
Notre département a bénéficié de 40.000 francs de dégrèvement de la péréquation des contingents de la personnrile-mobilière: ce n’est pas suffisant ; mars la voie est ouverte et tous raes efforts tendront à obtenir mieux encore.
Et comme un nouvel impôt devra forcément combler le déficit produit par la suppres¬ sion de l’impôt foncier, de la cote personnelle-mobilière et des portes et fenêtres l’impôt sur le revenu devient nécessaire. Il importe de faire cesser le scandaleux privilège dont jouissent les grandes fortunes au détriment des moins favorisés, des petits commercants et surtout des propriétaires ruraux.
Je continuerai à apporter mon concours à toutes les réformes démocratiques :
Diminution des gros traitements; décentralisation des services publics;
Développement des syndicats agricoles;
Réduction à deux ans du service militaire qui pèse si lourdement sur les travailleurs des champs';
Diminution du droit de mutation qui paralyse les transactions et immobilise la terre*
.Modification des lois sur la police sanitaire des animaux de façon à simplifier et à diminuer les frais 1 F
N° 1162
- M ~~
Création de caisséâ d’assufanCês et de secours contre les intempéries frappant l'agri¬ culture et la mortalité du bétail.
Membre du groupe parlementaire de la défense des intérêts de Renseignement pri¬ maire, fa p porte rai tout mon concours aux réformes intéressant, d'une part, nos maîtres et nos instituteurs dévoués, ét d'autre part l’êdUcation populaire, persuadé que là réside l’avenir de notre chère République*
Je persisterai à demander, avec mes collègues des Hautes-Alpes et des départements limitrophes, Rétablissement d’une ligne de chemin de 1er reliant par la Durance le réseau P.-L.-M. au réseau italien*
Au point de vüé religieux, comme en Î898, je suis partisan de la plus large liberté de conscience; je respecte toutes les croyances ; et j'estime que l’État ne doit voir en nous que des citoyens libres et égaux devant la loi.
Rai voté contre la séparation des Églises et de l’État, j*ai également voté tous les crédits relatifs aux cultes, convaincu que telle était l'intention de mes mandants.
Chers compatriotes,
Je fais appel à l’union de tous les républicains, vous êtes de Ceux qui ne connaissent ni lés défaillantes, ni les trahisons; fel je répète avec vous : « Les Alpes aux Alpins* »
Vive la France 1 Vive la République!
F. PAYIE(
Maire efc Conseiller général de Saviües, Député sortant.
Circonscription de GAP
M. EUZIÈftE
Élu au 8* tour de scrutin* — 7*S96 voix*
Mes chers Concitoyens,
Je viens solliciter de yos libres suffrages le renouvellement du mandat que voua m’avez confié pour la première fuis il y a bientôt treize ans. Au sentiment de profonde recon¬ naissance dont je suis animé envers vous, se mêle une légitime fierté pour le grand honneur que vous m’avez fait à trois reprises de vous représenter à la Chambre des Députés, Élu sur un programme de défense et d’action républicaines, je suis resté loyalement fidèle à mes engagements, et les attaques de la réaction — * sous toutes ses formes — qui n’ont jamais cessé de m'être prodiguées, sont la preuve éclatante que je n’ai point démérité de la démocratie*
C’est donc avec une entière confiance que j’attends votre verdict souverain-
Ma vie politique s'est écoulée parmi vous, vous la connaissez; elle peut se résumer par ces mots : amour toujours grandissant pour nos Alpes et pour îa République,
En soutenant de mes votes la politique de réparation, de progrès, de liberté dont le Gouvernement a pris T initiative nécessaire, je suis convaincu d’avoir servi la cause de la démocratie * Ài-je besoin d’énumérer les lois si importantes votées par la législature qui finit?
Les républicains les ont appréciées et acceptées comme des lois d’émancipation, de justice, de raison et d’amélioration sociale*
Mais l’oeuvre si heureusement entreprise doit être poursuivie ;
Je me prononcerai pour la réduction du service militaire à deux ans* 11 est établi, aujourd’hui, que l’armée nationale ne souffrira aucunement de cet allégement apporté
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à la charge si lourde qui pèse sur les forces vives du pays et en particulier sur les popula¬ tions rurales.
Je me montrerai favorable à la constitution de retraites ouvrières pour les travailleurs de Tindustrie et des champs* Comme je vous le disais, il y a quatre ans, « notre politique [ doit être faîte de bonté et d'humanité, elle tend une main secourable aux malheureux, aux déshérités ; dans notre pays de France, nul ne doit être privé de pain et d’abri »,
Une plus équitable répartition des impôts est indispensable. L’impôt sur le revenu, | avec dégrèvement à la base, réalisera une œuvre de justice dont les petits, les humbles ont le droit d’attendre un soulagement nécessaire. Dans notre pays si pauvre, écrasé par les ! changes publiques, l’impôt sur Je revenu doit être le dégrèvement de nos villages.
La terre doit être libre; je suis partisan de la suppression totale du principal de l’impôt j foncier. Une prochaine conversion de la rente permettrait d'accomplir cette réforme.
Je me prononcerai pour tous les projets qui seront profitables au développement de ; l’instruction publique et à l’amélioration de la situation du personnel enseignant à tous les | degrés et pour l’abrogation définitive des lois imposées par la réaction un moment i triomphante.
L’agriculture doit être lobjet tout particulier de la sollicitude des pouvoirs publics. Elle 1 a le droit à la protection de la loi plus encore que toutes les autres industries* Le crédit agricole doit être organisé pratiquement, la loi sur les warrants rendue plus facilement applicable. Des encouragements sérieux doivent être accordés aux associations, aux syndi- I cats. La représentation agricole par des Chambres élues doit être instituée.
Les canaux d’irrigation doivent être achevés et leur régime fiscal modifié avec le cou- l cours de l’État.
Les voies de communications doivent être améliorées et les chemins de fer depuis ; longtemps promis, exécutés.
Mes chers Concitoyens,
L'heure est difficile, toutes les réactions concertées tentent un nouvel assaut contre la Société sortie de la Révolution française. Toutes les conquêtes de nos pères sont contes- | tées; les progrès accomplis par la République sont mis en question, et pour essayer d’ac¬ complir cette oeuvre néfaste, les coalisés ne reculent devant, aucun moyen. La ruse, le mensonge, la calomnie sont leurs armes habituelles. Votre clairvoyance saura déjouer leurs ! manœuvres perfides.
Vous rte les croirez pas lorsqu ils vous affirmeront qu eux seuls sont patriotes, comme si depuis les premiers jours de la Révolution, Patriote et Républicain n’étaient pas syno¬ nymes; comme si 1 amour de la Patrie avait besoin de démonstrations charlatanesques*
Vous vous souviendrez de tout ce que la Chambre des Députés a fait pour la marine et pour l’armée, et vous repousserez avec indignation ces calomnies odieuses qui voudraient vous faire admettre que les meilleurs des Français n’aiment pas la France.
Vous saurez repondre que la Pairie n’est pas seulement le sol do notre pays, mais encore l’héritage des progrès, des conquêtes dont le texte sacré de la Déclaration des Droits de l’homme et du citoyen contient les principes.
Vous affirmerez la volonté de poursuivre votre marche incessante vers la Vérité et la Justice par l’application de l’immortelle devise : « Liberté, Égalité, Solidarité ».
Je vous dis enfin ; « Anime du plus large esprit de tolérance, respectueux, jusqu’au sciupule, de la liberté individuelle, nous nous Inclinons devant le sanctuaire inviolable de la conscience* et nous n avons d'autre passion que la prospérité de nos chères Alpes, la gran^ deur de la France et de la République. »
Vive la République!
F. FUZIÈRE,
Avocat, Président du Conseil général,
Député, Chevalier de la Légion d’honneur*
— 41
N° 1162
AUX électeurs dp. i.’abro.ndissbment de cap
Chers Compatriotes,
Le comité exécutif de l’Union républicaine de l’arrondissement de Gap, formé de per¬ sonnalités appartenant à toutes les fractions du grand parti républicain, a désigné à l’una¬ nimité M. Euzière pour son candidat aux élections législatives du 27 avril. .
Dans cette circonstance, nous considérons comme un devoir impérieux, de faire un chaleureux appel à tous les bons citoyens que n’égarent pas la passion ou la haine et qui n’ont pour objectif que la prospérité de nos chères Alpes et l’affermissement des institutions
Républicaines.
Aujourd’hui, plus que jamais, l’union et la discipline s'imposent parmi nous. Aujourd’hui, exactement comme au 16 mai, comme au temps troublé du boulangisme, les épaves des anciens partis monarchiques, tous les ennemis de la République avérés, ou seulement déguisés sous les vocables trompeurs de nationalistes, voire même de républi¬ cains, libéraux ou progressistes, sont étroitement unis et prêts à tenter un suprême effort contre les conquêtes de l’esprit moderne et la marche en avant du progrès!
Ils n’ont qu’un but, faire arriver à la Chambre une majorité hostile aux réformes démocratiques et sociales et disposée à se prêter à toutes les aventures et à toutes les entre¬ prises contre le régime républicain, sans souci du maintien de l’ordre et de la paix!
A cette levée de boucliers, à ce faisceau de forces réactionnaires, la nécessité s’impose
d’opposer le bloc intangible des forces républicaines.
Dans notre arrondissement, le devoir de tous les républicains, depuis le plus modère jusqu’au plus avancé, est de voter pour le candidat de concentration républicaine choisi
par le Comité.
Électeurs,
Pour obtenir le maintien des réformes déjà accomplies par la République et la réali¬ sation de celles depuis si longtemps attendues, l’allégement des charges écrasantes qui pèsent sur l’agriculture, la réduction du service militaire, etc., etc., il faut une majorité
d’êlus désireuse et capable de les faire aboutir. . , .
De ce nombre est M. Euzière qui vous représente depuis tantôt treize ans, dont 1a profonde honnêteté, la loyauté et le dévouement à vos intérêts et à la République vous sont
Oue pas un de vous ne s’abstienne, que pas un de vous ne se laisse egarer par les déclamations suspectes de ceux que soutiennent nos pires ennemis, toujours les mêmes 1
Chers Compatriotes,
En votant en rangs serrés pour M. Euzière, votre député, en assurant ainsi au tour, comme vous l’avez déjà fait à trois reprises, le succès du candidat de tous les vrais Répu¬ blicains du plus dévoué, du plus digne, du plus expérimenté de ceux qui sollicitent vos suffrages, vous ferez preuve une fois de plus de bons sens et de patriotisme, et vous aurez bien mérité de la France et de la République !
Vivent les Alpes I
Vive l’arrondissement de Gap!
Vive la France !
Vive la République!
(Sut lient fes signatures.)
6
ALPES-MARITIMES
lr* circonscription de GRASSE,
M. MAURE
Elu an îet tour de scrutin. —* 4.839 voii.
Mes chers Concitoyens,
Encouragé par mes amis politiques, soutenu par un attachement inaltérable à mon pays et un dévouement absolu à la République, je me présente à vos suffrages.
Pour vous permettre d’apprécier si j’en suis digne, j’ai t’honneur de vous exposer les idées et les principes qui me guideraient dans l’exercice du mandat que je sollicite de votre seule confiance.
Ennemi des discussions inutiles, je répudie les utopies et les théories décevantes du collectivisme, mais je suis tout disposé à m’associer à toutes les mesures qui pourront réaliser des améliorations sociales, d’une façon pratique et durable, en développant les institutions de mutualité et d’assistance, et en organisant un système de retraites ouvrières qui fonctionnerait avec le concours de l’État sans imposer aux divers intéressés des charges exagérées.
Pour venir en aide d’une façon efficace à l’agriculture et arriver à lui procurer des dégrèvements nécessaires, je suis d’avis que deux mesures s’imposent : la réfection du cadastre et l’établissement de droits protecteurs sur les produits agricoles.
Je me joindrai à ceux qui, tout en exigeant un contrôle rigoureux de l’emploi des fonds publics pour réaliser des économies de plus en plus indispensables, s’attacheront à établir une répartition aussi équitable que possible des impôts, en arrivant progressivement jusqu’à l’impôt sur le revenu, sans toutefois livrer le contribuable à la merci de mesures arbitraires et inquisitoriales.
Partisan d’une application énergique et loyale à la fois de la nouvelle loi sur les asso¬ ciations, j’estime que l’on doit autoriser sans parti pris les congrégations religieuses qui restent exclusivement attachées à leur mission, et que l’on doit éliminer et dissoudre sahs hésitation ni faiblesse les congrégations qui chercheraient à exercer une action quelconque sur les affaires de l’État, et réprimer d’où qu’elles viennent les tentatives qui auraient pour but d’établir une prédominance du pouvoir religieux sur le pouvoir civil.
Respectueux de la liberté du père de famille, j’estime que l’on doit maintenir la liberté de renseignement qui en est la conséquence, tout en réservant à l’État la surveillance et le contrôle de tous les établissements d’instruction et que l’on doit faciliter l’accès gratuit de 1 enseignement secondaire aux enfants des écoles primaires qui feront preuve de capacités sérieuses.
J’approuverai toute diminution du service militaire que des hommes compétents et expérimentés reconnaîtront possible, sans amoindrir jamais la solidité de notre armée qui
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N* 1162
doit rester l'émanation respectée et respectable de la nation, n’ayant d'autre but que d’as- sm-er la sécurité de la pairie et ïe maintien des institutions républicaines*
Si j’ai l’honneur de mériter vos suffrages, je me considérerai comme Véh de îa cir- conscription tout entière, et ja me ferai un devoir d’apporter mon concours le plus impar¬ tial et le plus dévoué à toutes les questions d1 intérêt local qui seront signalées à mon
attention.
Voua me jugerez et vous déciderez si je suis digne de votre confiance.
Attaché à mon pays par autre chose que par des obligations électorales, je serais fier, et ce serait l’honneur de ma carrière politique, si mes compatriotes, oubliant les luttes stériles du passé, pouvaient confondre leurs suffrages sur mon nom et faire de l'élection du %1 avril prochain une manifestation réconfortante d’union et de concorde républicaine*
Vive la République !
Antoine MAURE,
Avocat, maire de Grasse, Conseiller général des Alpes-Maritimes, Candidat républicain indépendant
2e circonscription de GRASSE
M- BOUVIER, élu sénateur, remplacé par M. ARAGO.
Voy* Élections partielles.
r* circonscription de NICE M* RÂIREPJ1
Élu au 1er tour de scrutin* — 10 . 278 voix*
Les quatre années qui viennent de s'écouler ont été profondément troublées. La pre¬ mière partie de cette législature s’est passée dans Possession d’un effroyable cauchemar où il semblait que le pays secoué dans ses racines par le vent des plus furieuses passions fût à chaque instant menacé tTétre emporté aux abîmes.
On pouva t espérer qu'à la sortie de cette violente tempête, une politique réparatrice aurait cherché dans le travail, l’apaisement et l’union, le remède à la crise que le pays venait de traverser.
Cette poïnique était dans les vœux de tous ceux qui au-dessus de 1 intérêt des partis mettent l’intérêt du pays, de sa prospérité ci de s i grandeur.
Un gouvernement fondé sur le pouvoir personnel ou sur le triomphe éphémère qu’un parti doit à fa force ou au hasard no peut pas taire cetie politique qui exclut. la ptur et domine l'intérêt des partis. Toujours obligé de se défendre, il est toujours obligé de lutter.
Mais c’est l’honneur et le plus beau titre de la République à la reconnaissance du pays, que son gouvernement* fondé sur îe consentement populaire* affermi par les consultations
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répétées da suffrage universel, retrempé a de brefs intervalles dans la volonté populaire, n’a pas besoin des sanctions de la force et ne s’impose que par les bienfaits de la liberté.
Un homme ou un groupe d’hommes peuvent mettre une main criminelle sur les libertés publiques dans un pays qui n'a pas encore une longue et ancienne pratique de ces libertés. Mais dans un pays, où depuis 30 ans, la vie publique et les libertés publiques ne font qu’un, qui a fait le noble et long apprentissage de la liberté ; où cette liberté, le lendemain de la défaite, est apparue comme la condition du relèvement, où elle a donné au monde étonné le glorieux spectacle d’une démocratie de trente millions d hommes se gou veinant elle-même, créant une armée admirable, élevant dms chaque commune de France ce temple au devoir, à l’honneur, à la Patrie, qui s’appelle l’École ; pour chaque province per¬ due nous donnant un empire, qui ne console pas la Patrie de ses deuils, mais qui du moins atteste sa jeunesse toujours féconde ; croire que ia liberté ne suffit pas à se défendre elle- même; croire que la République a besoin pour 3a défendre d une autre force que la libre et souveraine adhésion des citoyens, je dis que c’est à la fois faire injure au pays et douter de îa République et de îa liberté.
Ce n’pst pas par un coup de force qu’on peut changer les institutions qu’un pays s’est librement données et qui ne font qu’un avec lui-même. Cette fausse conception de la poli¬ tique et de l’histoire viennent d'une erreur trop répandue, où se retrouve la vieille foi des siècles monarchiques dans le pouvoir absolu du souverain*
On croit que tout est permis et que tout est possible à celui qui détient le pouvoir, que ce soit un individu ou une assemblée* On s’imagine que ce sont les lois et les gouverne¬ ments qui font l’esprit, le caractère, Le tempérament d’un pays et qui peuvent les chan¬ ger à volonté* On se persuade que ce sont les hommes qui font les institutions d’un pays, et qui peuvent les modifier instantanément, alors que l’esprit, le caractère, le tempérament d’un peuple sont les effets de causes lentes et profondes ? alors que ce ne sont pas les insti¬ tutions qui forment les peuples, mais les peuples qui donnent leur forme et leur empreinte aux institutions*
La République possède en ce pays celte garantie indestructible d’être depuis 30 ans la libre émanation de la volonté populaire et le fruit spontané du suffrage universel. Elle est Le terme et l’aboutissement d’une lente évolution historique* Elle est hors d’atteinte, comme le sont les causes lointaines et profondes qui l’on produite et le passé dont elle est sortie*
Les seuls dangers que courent des institutions libres dans un pays de liberté, ce sont ceux qu’elles peuvent se créer elles-mêmes*
Aujourd’hui, grâce à la République, la liberté est établie dans ce pays depuis 30 ans* Elle n’a plus rien à craindre des hommes ; elle n’a plus Tien à craindre que d’elle-mème*
8i> au lieu d’être la garantie donnée au pays que ses affaires se traitent librement et que, dans chaque affaire, c’est la raison et la justice qui ont le plus de chance de Remporter au tribunal de l'opinion, Le régime parlementaire aboutit à cette déformation qu’au lieu de se faire réciproquement contrepoids les partis cherchent à se mettre réciproquement hors La République ou hors la loi; si, au lieu d’être le régime de la vêntê se cherchant elle- même, il est le régime des coups de force légaux et des coups de majorité, il est à craindre que la liberté au lieu d’ètre le bien de tous ne devienne la propriété exclusive de quelques- uns et que tous ceux qui en sont exclus ne reconnaissent plus la République, c’est-à-dire le patrimoine commun, dans des institutions où les droits de tous les citoyens ne seraient plus égaux sous la protection de TÉtat*
Ce péril, les partis extrêmes le feraient également courir à la République s’ils venaient à s’en emparer. Tous les partis ont leur place dans ïa vie agitée du pays. Leurs passions, souvent leurs excès mêmes, servent le mouvement des idées* Dans un régime de liberté, tous les partis ont droit au respect de leurs adversaires ; tous les partis ont droit, en leur personne, au respect de la liberté, et s’il en est un seul en qui la liberté de pedser ou d’agir dans la limite du droit d’autrui soit méconnue ou violée, le droit public est opprimé dans la personne de tous les citoyens*
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N* H62
Mais il est une place, dans un pays de liberté, que les partis extrêmes ne peuvent pas
nrétendre occuper. C’est le gouvernement.
F Us partis extrêmes font appel aux passions. Que le gouvernement des passions leur suffise ! Le gouvernement du pays doit appartenir aux sages et non aux violents; à ceux qui ne veulent pas plier de force les hommes et les choses à leurs idées, mais qui attendent oue les idées aient transformé les hommes et les choses; à ceux qui savent que du choc des doctrines et des passions contraires se dégage toujours une moyenne qui est au mouvement des idées ce que le niveau de la mer est au mouvement des flots..
Le rôle de résister aux passions est plus ingrat que celui de les soulever. Il est plus utile et plus courageux. C’est la véritable défense de la République. Car c’est la défense au nom de l'intérêt général contre l’assaut des intérêts particuliers ; au nom de la raison et du bon sens contre l’assaut de toutes les chimères; au nom de la liberté contre toutes les
entreprises qui peuvent la menacer.
Ce rôle, c’est celui du gouvernement dans une République, et quand un gouvernement y manque, il devient le prisonnier d’un parti, au lieu de rester ce qu’il doit être : l’arbitre
des partis, ,
Les gouvernements de combat ne servent pas les causes qu’ils défendent, lis peuvent amener leur triomphe éphémère. Mais ils préparent contre leur victoire même les retours de l’opinion qu’ils irritent, et les embarras qu’ils suscitent au Pays pour l'avenir sont plus graves que ceux dont ils prétendent le sauver dans le présent.
Moins qu’à toute autre heure, après la crise terrible que nous venions de traverser, c’était un gouvernement de combat qu’il fallait au Pays. Mais les passions qui avaient dé¬ chiré b Pays pendant 1’ « Affaire », avaient pesé sur ta formation du Gouvernement. Elles pesèrent sur sa politique générale et lui imprimèrent une allure de combat, alors que les plus impérieux besoins du Pays, après la crise dont il venait de sortir, étaient le calme et
l’apaisement. ,
De cette politique de combat sont sortis le procès de la Haute Cour, la loi sur les asso¬ ciations et la campagne contre la liberté d’enseignement.
De cette politique de combat sont sorties des mesures comme celles qui, suivant une parole malheureuse, mais trop vraie, ont voulu livrer l’avancement de nos officiers au con¬ trôle du Parlement.
De cette politique de combat enfin est sortie l’alliance du Gouvernement avec les socia¬ listes jusqu’à la fin de la législature. S’il est vrai que de cette alliance a résulté, pour une fraction du parti socialiste, l’assagissement qui vient toujours aux hommes par le contact immédiat du pouvoir, il n’en est pas moins vrai qu’une inquiétude profonde est née dans les affaires de ce pays par suite de l’accession au pouvoir d’un parti qui avait jusqu’alors affirmé la solidarité de toutes ses fractions dans le dogme de la lutte des classes, de la guerre au capital, et de la transformation de la propriété privée par la suppression de la propriété individuelle*
C’est à cette politique que je n’ai pas cru pouvoir m’associer. Je l’ai répudiée sans vio¬ lences inutiles, mais avec une fermeté d’altitude qui ne s’est jamais démentie et qui s ap¬ puyait sur le mandat que vous m’avez confié, il y a quatre ans.
Je l’ai combattue sans défaillance, comme je la combattrai encore, si c’était nécessaire, et je considère comme un des honneurs de ma vie d’avoir fait partie de cette vaillante opposition républicaine qui a, pendant trois ans, lutté, pied à pied, contre le ministère actuel pour défendre les libertés républicaines et qui, à une funeste politique de division et d’ostracisme, en opposant la large et généreuse politique des principes de 1789, a sauvé l’honneur du présent et préparé un avenir meilleur.
Si la politique qu’attendait le pays n’a pas eu son jour dans la Chambre passée, elle aura sou jour, je l’espère, dans la Chambre prochaine.
Je la définis d’un mot : la politique d’union dans la République et par la Répu¬ blique. '
Je dirai d’abord comment elle me parait possible* je dirai ensuite pourquoi elle me pa¬ raît nécessaire.
Elle me paraît possible h condition, d’abord qu’une mesure d*apaisement que j'appelle de tous mes vœux commence par effacer, dès le début de la prochaine législature, le souvenir des luttes de la législature passée, dans une large pensée de réconciliation nationale*
Elle me paraît possible à condition ensuite que les uns et les aulres, nous écartions les questions qui nous divisent pour ne retenir que celles qui peuvent nous mettre d 7 accord.
lï ne s'agît pour personne de renoncer à ses idées. Il s agit de renoncer aux manifes¬ tations irritantes et stériles pour leur substituer l éiude des lois d’affaires et des réformes pratiques. Il faut qu’à une période de fièvre, les partis fassent succéder la trêve féconde du travail.
Parmi les questions qui se poseront, il y en a qu’il faudra écarter résolument, comme toutes les propositions qui voudraient restreindre la liberté du travail ou celles qui vou¬ draient supprimer la liberté d’enseignement. Elles sont grosses d’orages, parce qu’elles touchent aux libertés qui sont le fondement de notre droit public. Elles ne peuvent qu'a¬ boutir à des débats stériles et irritants.
Il y a une autre question qui a été portée avec éclat devant Popinion publique, mais dont la réalisation pratique semble encore subordonnée à un avenir assez lointain. C’est celle de la Révision.
Sans doute la Révision est toujours possible. Elle est un droit inscrit dans la ConstT tu lion. L'idée d’une révision flatte les esprits. Elle est simple. Elle a pour elle le mirage de ces changements mal définis, mais profonds ou chacun peut voir comme dans un rêve, l’a¬ venir prendre la forme de ses espérances et de ses idées.
Maïs il faut se défier des formules trop simples. Elles conviennent à trop de choses et à trop de gens, La réalité est infiniment plus complexe.
Une première difficulté serait qu’il serait très difficile de se mettre d’accord sur Té ten¬ due ou sur 1 esprit de cette révision. Sans doute, il est facile de concevoir une origine et un équilibre des pouvoirs publics différents de ceux qu’a établis la Constitution de 1875. Il est même facile d’en concevoir plusieurs, La difficulté commencera quand il faudra, parmi tous les systèmes, en choisir un» D interminables débats s’ensuivraient qui rouvriraient, au lieu de la fermer, Ja période des agitations.
Avant même de se poser sur le fond de la question, de longs débats s’ouvriraient sur son opportunité, car la révision n'est possible qtfautantque le Sénat s'est mis préalablement d accord avec la Chambre sur sa nécessité. On aurait une discussion avant la discussion.
Une auLre raison se présente pour ne pas considérer la révision comme une de ces nécessités dont Turgence s’impose immédiatement. C’est que les Constitutions ne sont par elles-mêmes que des formules inertes et inanimées. C’est la vie publique du pays qui les anime et les féconde.
La foi dans la révision de la Constitution, comme remède aux maux dont nous souf¬ frons, est une erreur du même ordre que la foi dans des mesures de répression ou de combat pour défendre une Constitution, Elle provient de la même tendance à prêter une vertu exagérée aux actes ou aux formes politiques et à tout attendre en politique d’une cause présente, immédiate et visible, alors que les seules causes qui agissent sont des causes durables, profondes et cachées.
Les organismes politiques, comme les organismes naturels sont soumis aux lois lentes de l’évolution. Ils ne connaissent pas les changements subits. Si la transformation est trop brusque, le type ancien persiste et reparaît sous la modiGcation. Les formes de Gouverne¬ ment n’ont de valeur et de durée qu’autant qu’elles sont le produit et l’expression du carac¬ tère national et il est illusoire d’attendre d’une organisation politique, des qualités supé¬ rieures à celles de la société qui i’a produite. h
11 importe donc beaucoup plus de changer les mœurs d’un pays que sa Constitution. On
N° H62
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aurabeau modifier les textes, si les mœurs politiques d’un pays sont mauvaises, sa Constitution, si bonne qu’elle soit, sera toujours mauvaise. Si les mœurs politiques sont bonnes, la Consti¬ tution aura beau être imparfaite ; la pratique de tous les jours en redressera les défauts.
Il importe donc peut-être plus de corriger les applications vicieuses de la Constitution que de modifier la Constitution et de reviser nos mœurs politiques avant de reviser la Cens-
titutioD- „ . . . , ,
C’est ainsi que dans notre Constitution une regrettable confusion de pouvoirs ne s est
nue trop souvent établie.
I es Chambres, surtout la Chambre issue du Suffrage universel, n a eu que trop souvent une condamnable tendance à sortir de son rôle de contrôle pour s’arroger les rôles d’une Chambre souveraine, substituant son initiative et sa responsabilité à celles des membres du
Gouvernement. . ...
Les ministères sont plus souvent le Comité exêcuttl des groupes de la majorité qu’un Gouvernement véritable. Ils n’ont pas dans les tracas de leur vie quotidienne, le temps d’étudier ou de Taire aboutir les grandes réformes, que le pays demande aux Chambres, mais que les Gouvernements seuls sont en mesure de préparer et de faire
Enfin, surtout préoccupés de vivre, ils ne perdent que trop souvent le sentiment de leurs responsabilités devant le pays, par peur de leur responsabilité devant les Chambres, Même cette responsabilité leur pèse, et pour s’y soustraire, ils ne finissent que trop souvent
par abdiquer entre les mains des Chambres.
Le Président de la République n’exerce pas à l’heure actuelle la plénitude des pouvoirs
que lui confère la Constitution.
D’une part, la Présidence de la République a laissé tomber en désuétude le droit de dissolution, quoique son exercice puisse être nécessaire au fonctionnement normal des pou¬ voirs publics. D’autre part, ' le Président de la République est le chef de l’armée; mais aucpne loi organique n’a mis à sa disposition les moyens nécessaires pour exercer ce pouvait, qu’en fait les Ministres de la Guerre et de la Marine, exercent en sou nom.
IL importe de créer au plus tôt ces moyeus en plaçant sous l’action immédiate du Pré¬ sident de la République, les Conseils supérieurs de la Guerre et de la Marine et les états- majors de la Marine et de l’armée. On restituera ainsi à la Présidence de la République, une de ses prérogatives essentielles et à la défense nationale l’unité et la continuité de vues dont elle a besoin. Mais pour atteindre ce but, une loi peut suffire. Il n’est pas besoin de
raviser la Constitution. . ,
L’usage suffira a restaurer la pratique du droit de dissolution et du droit qu a le Prési¬ dent de la République de s’adresser au pays par voix de message et qui existent tous les deux déjà dans !a Constitution,
Quant à l'indépendance du Gouvernement envers les Chambres, plus sûrement que par un nouveau mode de recrutement des ministres on l’assurera par le caractère des hommes qui les composent, par le sentiment qu’ils auront de leur fierté devant eux-mêmes et de
leur responsabilité devant le pays.
Ainsi d’une part, le Pouvoir Exécutif serait renforcé par une plus fidèle application de la Constitution sans qu’il soit nécessaire de la reviser. De l’autre, les Chambres pourraient rentrer dans leur rôle dont elles sortent trop souvent pour empiéter sur les pouvoirs de l’Exécutif, par une plus sévère discipline sur elles-mêmes et par une révision du règlement.
C’est* ainsi qu’elles pourraient mettre un frein au gaspillage detempsque Surimposent des questions inutiles ou de vaines interpellations. Elles pourraient mettre surtout un frein à leurs habitudes dépensières en s’interdisant complètement l’initiative en matière de
dépense.
Elles ont déjà fait un pas dans celte voie. Mais l’amélioration n’est pas sensible.
Les dépenses augmentent avec une prodigalité inquiétante. On a constaté qu’en moyenne, elles augmentent de 50 millions par an, d’un demi-milliard en dix ans. 11 faut enrayer leur marche ascendante avec d’autant plus d’énergie que les recettes baissent
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pendantque Iesdëpenses montent, et se dire que, si Fon ne prend pas des mesures sérieuses, le pays sera acculé à la nécessité de nouveaux impôts que ni son agriculture, ni son com¬ merce, ni son industrie ne sont en état de supporter.
Ainsi, par une réforme des moeurs parlementaires plus sûrement que par ties débats stériles qui ne pourraient aboutir et qui troubleraient inutilement le pays, on aura le résul¬ tat que beaucoup d’es rits attendent de la révision.
Par une réforme des moeurs publiques, par une éducation de plus en plus profonde du suffrage universel, on fera le reste, et quand la révision sera faite dans les mœurs publi¬ ques de ce pays, des mœurs elle passera sans effort et sans peine dans le texte de la Cons¬ titution.
Eu revanche, quel champ immense et déjà défriché s’offre à la bonne volonté de ceux qui voudraient y lever la moisson, que de longues et patientes études ont préparé depuis trente ans*
Il y a d'abord h moisson des économies, moisson immense et qui ferait bénir par le pays ceux qui la lui rapporteraient. Voilà l’œuvre véritable de la prochaine législature.
Elle doit par la décentralisation alléger de plus en plus le rôle centralisateur de l’État et le décharger du poids des multiples attributions sous lesquelles il succombe. Elle ne dimi¬ nuera pas seulement ainsi la part de FÉtat dans les dépenses publiques. Elle assurera un meilleur contrôle d'une partie de ces dépenses en laissant les pouvoirs locaux juges de leur effet utile.
Elle doit adapter l’énorme machine administrative qui date depuis un siècle, et sous le poids de laquelle plient les forces du pays, aux conditions d'une société renouvelée parles progrès et les inventions de la science.
Elle doit simplifier les rouages administratifs, en faire tomber les emplois inutiles et demander en moins h l'administration tout ce qu’elle peut demander en plus à la vie du pays, à son intelligence, à son activité, à sa libre initiative.
C’est par de larges et profondes économies que l’on rétablira l’équilibre budgétaire compromis* C’est la plus urgente et la plus nécessaire des réformes,
L1 exercice 1901 se solde par un déficit qui dépasse 300 millions. Le budget de 1902 a été obligé de recourir pour son équilibre à im emprunt de 6A millions. Par une vigoureuse politique financière; les Chambres précédentes avaient réussi à supprimer les budgets d’emprunt et à faire succéder, de 1897 à 1899, à la période des découverts budgétaires la période des excédents.
La prospérité du pays est liée à la prospérité de ses finances. Elle est la première con¬ dition de sa force et de sa grandeur. Le premier devoir de la Chambre sera de rechercher dans la masse énorme du budget les disponibilités latentes qui s’y trouvent, pour rendre à nos finances leur souplesse et leur solidité.
La politique d’économies ne s’impose pas seulement par la nécessité de rétablir l’équi¬ libre budgétaire.
Le besoin de solidarité sociale, qui pénètre de plus en plus les masses profondes de la démocratie, pénètre le budget.
Seules de larges et vigoureuses économies peuvent permettre de relever les traite¬ ments des modestes et dévoués serviteurs de la République dont la situation est devenue par trop inégale aux besoins de l'existence et n’est plus digne de la République.
Seules aussi elles peuvent fournir les ressources nécessaires pour faire face aux dépen¬ ses nouvelles qu’imposeront prochainement à l’État l’organisation de l’assistance aux vieillards et des retraites ouvrières, et une conception de son rôle où la conscience popu¬ laire fait de plus en plus profondément pénétrer la notion du devoir social.
En dehors de cette politique d'économie, il ne peut y avoir que leurres, vaines pro¬ messes, manifestations stériles ou déceptions.
La politique d’économies non seulement mettra plus de justice dans la répartition des dépenses. Seule, elle peut réussir à mettre plus de justice dans la répartition de l’impôt.
Il faut renoncer à la chimère de faire la réforme de l’impôt par le bouleversement
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total d’un système financier qui a fait ses preuves depuis un siècle et qui, s’il a des défauts, a au moins le mérite de les avoir corrigés dans une certaine mesure par la répartition diffuse qui se fait à la longue, entre tous les contribuables, de la charge globale des impôts existants.
C’est une excellente méthode pour n’aboutir à rien. Eu fait, elle n’a abouti jusqu’ici quTà la déception et à l’impuissance. Elle a même eu ce résultat étrange non seulement de de ne pas donner la réforme générale promise, mais même d’ajourner indéfiniment les réformes partielles dont l'urgence s’imposait.
Ç?est ainsi que la révision du cadastré, qui proportionnerait l’impôt foncier au revenu du solT demeure en suspens. La contribution mobilière reste toujours inégalement répartie et mérite toujours le reproche d’être un in) pot progressif à rebours. La révision quinquen¬ nale des patentes, qui aurait dû se faire en 1 895, aux termes de îa loi, n’est pas encore faite aujourd’hui.
Un travail incessant et modeste qui s’appliquerait à étudier et h suivre la mobilité des des faits sociaux, à relever un défaut de détail dès qu’il serait dénoncé, remédier à une inégalité dès qu’elle serait découverte, à proportionner de plus en plus exactement l’impôt aux facultés du contribuable, à en aider la diffusion qui répartit sur l’ensemble du pays les charges individuelles, produirait des résultats plus sérieux et plus féconds que ces vaines promesses dont le suffrage universel commence a juger la moralité à sa juste valeur.
Mais si ces retouches persévérantes peuvent atténuer les inégalités de la répartition des impôts, elles ne suffisent pas à en atténuer la charge qui est d’autant plus lourde que le revenu du contribuable est plus faible.
Ainsi la contribution mobilière devrait épargner complètement les petits loyers. L’impôt des patentes devrait se transformer peu à peu en un impôt sur le capital industriel et commercial et ménager les industriels et les corn mer gants qui n’ont qu'un faible capital, qui vivent surtout de leur industrie et qui aujourd hui payent dc,ux fois 1 impôt en payant l’impôt de patentes et la contribution mobilière.
Les dégrèvements seront d’autant plus larges qu’une sage politique financière aura ménagé dans ïe budget les excédents nécessaires pour les gager.
C’est la seule méthode sérieuse et féconde pour faire les dégrèvements. En dehors de cette méthode, il n’y a que des déplacement d’impôts. Le déplacement peut avoir un bon résultat quand il dégrève les boissons hygiéniques pour grever l’alcool. Mais il est sans résultat quand il dégrève les uns pour grever les autres. Car ceux qui sont grevés trouveront toujours le moyen de se décharger sur les autres de T augmentation d’impôts qu’ils supportent Les proriétaires augmenteront le montant de leurs loyers: les producteurs augmenteront le prix de leurs produits ou diminueront le nombre de leurs ouvriers ou les salaires. Par le jeu de l’incidence la charge que Ton a voulu mettre sur quelques-uns se répartira sur tous.
Au contraire, avec la méthode des économies, rien de pareil n est à craindre, fout dégrèvement est acquis à ceux qui en profitent.
Une œuvre non moins considérable s’imposera a l'attention de la future Chambre. C’est
la réduction de la durée du service militaire.
La défense nationale doit demander au pays tous les sacrifices dont elle a besoin. Mais
elle ne doit pas lui demander de sacrifice inutile.
Elle peut lui faire l’abandon d’une année de service. Mais la réduction de la durée du service militaire n’est possible que si elle ne diminue pas les garanties nécessaires à la
défense du pays. . ,
j’ai indiqué à la Chambre les dangers que ferait courir au pays la réduction de la durée
du service militaire si on la faisait comme la proposait la Commission du ScnuL
La démonstration a été décisive et je crois avoir rendu un service signalé a mon pays en la faisant.
Mais je n’ai pas voulu faire œuvre seulement négative. .Vai apporté moi-même une proposition. Je compte reprendre cette proposition dès le début delà prochaine législature.
Elle assure d’une part la réduction automatique de la durée du service militaire a deux
7
— Sfl
ans, D'autre part, elle assure le niveau constant des effectifs à la défense. Elle augmente la force de Tannée en remplaçant par des rengagés les hommes de 3 ans et elle garantit Ten* eadrement de l'armée en sauvegardant le recrutement de ses cadres,
La solution répond à la double aspiration du pays, qui demande la réduction de ses charges militaires, mais qui a un sentiment trop profond de sa sécurité et de son honneur pour accepter une réduction qui serait faite au détriment de sa puissance militaire ou des garanties de la défense nationale.
Enfin la Chambre aura à reprendre et à faire aboutir l'œuvre des retraites ouvrières. Tout le monde est d'accord sur le but à atteindre; mais il faudra se mettre d'accord sur les moyens.
Assurer une retraite aux travailleurs, la leur assurer assez élevée pour qu'elle assure le pain de leurs vieux jours et cependant ne pas imposer une charge trop lourde aux ou¬ vriers ; une charge trop lourde aux patrons pour empêcher qu'elle no se répercute sur les salaires; enfin une charge trop lourde à l'État pour sa participation, voilà le grave et diffi¬ cile problème qui s'impose et dont il faudra trouver la solution*
Une première difficulté se présente. C'est que i’àge de la retraite, si on le recule trop, ne permettra pas à la plupart des travailleurs de jouir de leur pension et que si on l'anticipe, il accroîtra outre mesure les charges do l'assurance.
Pour réaliser l'assurance, deux méthodes sont proposées. Il faudra choisir entre elles. La répartition semble plus commode, Mais elle ferait supporter au budget des charges écra¬ santes sous lesquelles les finances du pays seraient menacées de ployer* La capitalisation est plus sûre; maïs elle se heurte à la difficulté de placer des sommes que les uns évaluent à 12 ou 15 milliards et que d'autres évaluent à 30 milliards et qui sont égales au 1/S? de la fortune mobilière et immobilière de la France,
Une autre difficulté enfin se présente : il semble difficile de ne pas aller jusqu'à l’obli¬ gation et il faut cependant que l'obligation ne tue pas ces admirables initiatives mutua¬ listes dont nous voyons s'épanouir par toute la France la floraison, La solution sera peut- être, en imposant la retraite, de faire par des encouragements sagement mesurés un avantage particulier aux retraites constituées par les mutualistes, de ne demander à l'obli¬ gation que de constituer un minimum et de s' en remettre à l'initiative des mutualistes, encouragés par TÉtat, du soin de majorer ce minimum de retraite*
Mais quelles que soient les difficultés que soulève le problème, il est le plus' urgent, le plus nécessaire qui soit à résoudre et la démocratie laborieuse de ce pays* qui a mis juste¬ ment sou espoir dans la République, ne pardonnerait pas à la prochaine Chambre de trahir cette espérance.
N'y a-t-il pas dans un pareil programme de quoi absorber l'activité de la future légis¬ lation et n'aura-t-elle pas besoin de foui son temps et de tout son calme pour Tétudier et le mener k bien? De pareils problèmes ne se discutent pas dans ic tumulte des partis et dans l'atmosphère enflammée des passions*
Il faut ajouter à ces lois d'autres lois qui sont déjà sur le chantier et qui attendent ; la loi sur les conseils de prud'hommes, sur les bureaux de placement, sur ie repos hebdo¬ madaire, sur les conseils du travail, sur la réglementation du travail des employés et ou¬ vriers des chemins de fer; il faudra que la Chambre les vote quand elles reviendront du Sénat et les fasse aboutir.
La politique d'union est une nécessité si nous voulons faire aboutir les réformes que le pays attend, 11 faut écarter tous les débats stériles ou inutiles. 11 faut concentrer tout l'effort de la législature sur un petit nombre de résultats considérables à obtenir* Les ré¬ formes ne se mesurent pas à leur nombre, mais à leur ampleur,
La politique d'union est une nécessité encore plus impérieuse, si Ton considère la situation extérieure du pays.
Nous avons fondé depuis quelques années un immense empire colonial. Il n'ouvre pas seulement à l'activité de ce pays les débouchés dont elle a besoin. Il lui crée des périls et ii lui impose des devoirs.
N° 4162
La France, après ses malheurs, pouvait se recueillir et rester confinée dans ses frontières. Mais le génie de sa race s’y trouvait à l’étroit et il a fondé la plus grande
France. . . , , , . ...
Mais, en même temps que la France, les autres nations sortaient peu a peu de la vieille
Europe et voici qu'à son tour le monde est devenu trop petit pour elles,
La politique s’est déplacée avec les frontières des nations. Elle détend maintenant au monde. C’est dans le monde entier que Se jouent les intérêts des peuples, et 1 avenir de
leur grandeur. . A .. u
Nous sommes dés lors obligés de suivre avec une attention qui né peut se relâcher un
instant les aftaîres du monde; car ce sont les nôtres.
Nous sommes surtout obligés de donner au monde ^Impression que rien à sa surface ne peut se faire sans nous et à plus forte raison contre nous.
Nous sommes enfin obligés de donner l’impression que partout où flotte le drapeau de la France, la France tout entière est derrière son drapeau.
Cette situation nouvelle nous impose des devoirs nouveaux, il faut que, i esprit public se préoccupe moins des affaires intérieures et plus des affaires extérieures. 11 faut qu il fasse trêve aux misérables querelles de partis qui 1 absorbent* 11 est la vigie dé la Fiance.
H faut qu’il se garde tout entier pour ce rôle.
Mais la France ne sera respectée dans le monde qu'aütant qu’on la sentira forte et on
ne la croira forte qu’antant qu’on la saura unie.
Le symbole vivant de cette unité, c’est Farinée nationale. C’est elle qui, au-dessus de nos divisions et dé nos querelles, travaillant dans l’abnégation et le silence à la grandeur de la Patrie, Fincarne devant le monde et la représente.
Les partis qui voudraient la détruire ne s’aperçoivent pas, dans leur aveuglement, qu ils . voudraient détruire la France* Us poursuivent de leur haine Pesprit militaire et ils be voient pas que l’esprit militaire, c’est Fesprit national .
Ils ne voient pas que la puissance militaire de la France c’est sa puissance poli- ticiue sa puissance économique, sa puissance intellectuelle, et que, le jour où elle îenon cerait à son prestige militaire, elle abdiquerait du même coup son action morale, commer¬ ciale et industrielle.
Par ses institutions démocratiques, par la féconde agitation de ces libertés, par le large rayonnement de ces penseurs, elle est le grand foyer de lumière qui éclaire les
nations. . ,
Le jour où la France ne serait plus îa France, ce foyer s éteindrait et le progrès 11e trou¬ verait plus son chemin dans les ténèbres du monde. .
Ne touchons donc pas à la puissance militaire de la France. Veillons jalousement sur elle. Elie n’est pas seulement la garantie de notre fierté et de notre indépendance. Elle n’est pas seulement la garantie de la paix. Elle est la condition du progrès et l’assurance que la route par où s’avance la fraternité humaine reste ouverte.
Élevons donc l’armée au dessus de nos querelles; élevons-là au-dessus de la politique et à l’abri des plis de son drapeau tutélaire; travaillons à élever son cœur.
Ne regardons pas les partis ni les hommes. Regardons la France. Elle nous dictera la politique à faire. Cette politique, ce n’ost celle d’aucun parti, d’aucun homme. C’est la sienne C’est la politique de la France élargie à l’horizon du monde, du nom le plus beau qui soit, elle s’appelle la politique nationale, ou simplement, puisque Nation et République
ne font qu’un, Sa politique républicaine. ,
Ce n’est pas seulement la politique de la paix au dedans, de la fierté au dehors, c est
encore la politique du progrès, ....
L’erreur des partis et des hommes, c’est de s’imaginer que le progrès peut être leur œuvre. Le progrès est l’œuvre d'une force qui dépasse les individualités humaines parce qu’elle les embrasse et les résume toutes dans le passé, i’avemr et le présent. Cette force s’appelle l’humanité.
L’œuvre des hommes ne peut être que de laisser les voies libres au progrès qui s’ac¬ complit tout seul l.
Mesurez l'action des gouvernements sur le progrès et coraparez-ia à celle des grandes ] découvertes de la science et même à l’effort ignoré du travailleur qui dans sa tâche quoti¬ dienne forge un peu chaque jour de la richesse et de la grandeur de la France.
La politique la plus hardie et la plus féconde, ce n’est pas celle qui prétend tracer sa route au progrès; car elle risque de l'égarer en dehors des voies qui sont les siennes.
La politique la plus hardie et la plus féconde, c’est celle qui se contente d’assurer la sécurité extérieure et la paix intérieure du pays, d’assurer la bonne administration des finances et le respect des droits de chacun. Elle assure le progrès par surcroît .
Car les choses marchent et trouvent toutes seules leur chemin. Ainsi la pratique fé¬ conde des associations pénètre de plus en plus nos mœurs. Elle transforme nos habitudes.
Sa puissance multiplie, dans toutes les branches de l’activité humaine, le travail de la pen¬ sée, aussi bien que l'effort de la mutualité et de la production. La coopération coordonne de plus en plus les actions dispersées ; elle organise de plus en plus l’ordre économique et social.
Le Parlement n’a pas â décréter le progrès, mais à l’enregistrer au fur et à mesure qu’il s accomplit. On se trompe ou on trompe le pays quand on demande au Parlement d’inscrire un fait dans la loi, avant que la pratique ne l’ait inscrit dans les mœurs. Le Parlement, pas plus que personne, n’a le pouvoir d’anticiper sur le temps.
On peut demander au pouvoir personnel des initiatives que, seul, il peut prendre en 1 absence de tout autre pouvoir. Dans un pays de liberté, ces initiatives appartiennent à la liberté. Quand elles sont mûres, la volonté populaire les fait passer du domaine des faits dans la loi.
loute autre méthode ne peut aboutir qu’à l'impuissance, au désordre ou même à la régi ession, soit en se heurtant à des nécessités économiques, soit en violentant les rapports naturels des choses.
Lest la seule doctrine saine et féconde. Elle ne considère pas la loi comme une cause, mais comme une conséquence. Elle ne prétend pas commander aux faits; elle les enregistre.
Elle est à la fois une garantie contre la Réaction et la Révolution. La Réaction et la Ré¬ volution sont une meme insurrection contre le progrès. La Réaction nie le progrès dans le passé et dans le présent; la Révolution le nie dans l’avenir.
La Réaction et la dévolution ont le même moyen * la contrainte, la contrainte des esprits et la contrainte des choses.
Le progrès a deux instruments. L’un s’appelle la science, l’autre la liberté : la science qui détermine les rapports nécessaires des choses; la liberté qui, dans l’ordre déterminé par la science, lait éclore tous les germes possibles et réalise par l’action libre de toutes les initiatives la lente évolution du devenir social.
G est pourquoi la République doit fonder sa politique sur ces deux bases : la science et la liberté; la science qui étudie l’infinie complexité des combinaisons naturelles et qui assigne ses limites au pouvoir de la volonté humaine sur les choses; la liberté qui permet à toutes les combinaisons viables et fécondes de se produire et d’éliminer les mauvaises.
Ainsi la République réalisera véritablement la souveraineté populaire. Car elle laissera véritablement à la Nation le soin de faire la loi, en ne laissant aux pouvoirs publics que le soin de l’écrire sous sa dictée et d’en prendre acte.
toute autre politique ne peut conduire qu'au désordre en créant l’antagonisme de la loi écrite et de cette loi vivante, qui s’appelle la Réalité. Toute autre politique est décevante ou dangereuse, soit qu elle condamne le pays au piétinement sur place, soit qu’elle l’ac^ cule à la réaction par un brusque retour en arrière ou qu'elle la précipite par une pente trop rapide dans le gouffre des Révolutions.
C’est la politique de la sagesse; c’est la politique des faits; c’est la politique des réalités et des téalisations. Elle n appartient à aucun parti; mais elle peut satisfaire tous
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N* 1162
les partis dans ce qu’ils ont de désintéressé et de sincère* Elle ne bouleverse rien, mais elle transforme tout et, si sa marche est lente, elle est sûre et n’a d’autre limite que celle du Progrès,
2e circonscription de NICE
M. POULLAN
Élu au 1er tour de scrutin* — 8.186 voix.
Mes chers Concitoyens,
Appelé, il y a quatre ans, au grand honneur de vous représenter, je crois avoir rempli consciencieusement le mandat que vous avez bien voulu me confier.
Mes votes vous sont connus.
Iis témoignent de mon fidèle attachement à une politique résolument républicaine, libérale et tolérante, aussi éloignée de la réaction que de la révolution, et poursuivant, dans Tordre et le travail, la réalisation des réformes sérieuses ainsi que l'amélioration du sort des plus humbles.
Ils vous diront aussi que j’ai été partisan de toutes les mesures susceptibles d’aider au relèvement de notre agriculture, de notre commerce, de notre industrie, capables, en un mot, de rendre notre chère France toujours plus grande et plus prospère.
Ils vous diront enfin que je me suis efforcé de maintenir bien haut le prestige de notre armée qui, pour être grande et respectée, doit rester en dehors de nos luttes politiques, à Fabri des intrigues des partis.
Quant à vos intérêts départementaux et communaux, vous savez avec quel zèle je les ai soutenus, soit auprès des pouvoirs publics, soit au sein du Conseil général.
Unissant mes efforts à ceux de tous les représentants du département, j’ai contribué à faire aboutir la question si importante du chemin do fer Nice-Com, dont le projet a été voté par la Chambre des Députés,
J’ai, de même, largement contribué à faire adopter par notre assemblée département taie le principe de la création d’un vaste réseau de tramways électriques*
La réalisation de ces projets marquera pour notre circonscription le commencement d’une ère de relèvement économique, de bien-être et de prospérité.
Enfin, vos intérêts particuliers ont constamment trouvé en moi un défenseur dévoué. J’ai donné à chacun l'appui ou le conseil qu'il sollicitait, sans distinction de parti, ne me souciant que de rendre service au pins grand nombre.
Chers concitoyens!
Vous m’avez vu à l’oeuvre, à vous de me juger.
Votre verdict me dira si j’ai loyalement défendu vos principes et vos intérêts.
Je l’attends avec la confiance que donne le sentiment du devoir accompli.
Vive la France!
Vive la Hépubliquel
Vive la T circonscription de Nice !
Félix POULLAN, Député sortant.
Circonscription de PÜGET-THÉNIER5
M. BISCHOFFSIIEIM
Élu au 1er tour de scrutin. — 4466 vois.
Mes chers Concitoyens,
Je viens pour la troisième fois vous demander de me renouveler ie mandat de Député que vous m'avez confié pendant huit années et que j'espère avoir rempli de mon mieux pour les intérêts généraux de la Patrie, pour ceux de l'arrondissement et pour le bien particulier de tous ceux d'entre vous qui ont eu recours à mon intervention.
Malgré tous mes efforts, les affaires les plus importantes pour l'arrondissement, savoir : le chemin de fer de Digne, l’adduction des eaux potables, l'hôpital, quoique fort avancées, sont encore loin d'être terminées : il me serait doux d'y consacrer les jours qui me restent à vivre et de laisser, derrière moi, quelques traces de mon passage sur cette terre, comme c'est le devoir de tout homme en situation de ie faire.
Des liens déjà anciens d'amitié et d'estime réciproquès nous unissent, et je voudrais qu'il eo restât un bon souvenir dans vos cœurs.
Je ne vous parle pas de politique, car nous sommes tous ou presque tous d'accord : nous sommes les enfants de la Révolution, observateurs fidèles des principes de 1789 et des dix commandements de Dieu, Gela suffit pour s'entendre et tout le reste n'est qu'ac- cessoire.
J'attends votre verdict avec confiance et* quel qu’il soit, je vous prie de me croire, mes chers Concitoyens,
Votre cordialement dévoué,
R.^L. BISCilOFFSHElM,
Membre de l'Institut, Député sortant.
— SB —
N° H 62
ARDÈCHE
Circonscription de LARGENTIÈRE
M. DÜCLAUX-MONTEIL Élu au 1er tour de scrutin. — 12.186 voix.
Mes chers Compatriotes,
Après la victoire décisive du 23 février, les Comités d’Union Libérale Républicaine de notre circonscription se sont assemblés, et, après en avoir délibéré, ils ont, par des déci¬ sions motivées, revêtues des signatures les plus autorisées et rendues publiques, déclaré que je devais à nouveau entrer en lice et accepter en leur nom le combat.
11 ne pouvait m’être permis de me dérober.
J’ai donc l'honneur de solliciter vos suffrages.
Depuis trop longtemps je proclame mon désir de voir triompher, dans 1 arrondisse¬ ment de Largentière, cette République généreuse et tolérante, cette République vraiment Française que tous les bons citoyens appellent, pour qu’il me semble nécessaire de le redire encore.
La Liberté d’Enseignement à tous les degrés;
La Liberté d’Association égale pour tous;
La Liberté Religieuse accordant satisfaction entière aux croyants de tous les cultes ;
Le Respect de l’Armée ;
La Propriété individuelle maintenue hors de toute atteinte ;
Le Travail libre ;
Une Administration plus économe et mieux ordonnée des deniers publics;
Les fonctionnaires laissés absolument libres et astreints seulement aux obligations de leur charge ;
L’Agriculture et l’Industrie protégées et encouragées ;
La recherche incessante mais sage de tout ce qui peut rendre meilleure la condition de l’Être humain ;
La répartition la plus équitable des impôts ;
La simplification de tous les rouages administratifs par une large décentralisation.
Telles sont les bases de mon programme.
Je fais appel au concours de tous, m’engageant à être, pour tous, un mandataire sou¬ cieux de ses devoirs et résolu à se montrer le bon serviteur de la Patrie.
Vive la France !
Vive la République!
J. DUCLAUX-MONTEIL,
Maire des Vans, Membre du Conseil général de l’Ardèche, Candidat Républicain Libéral.
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lrG circonscription de PRIVAS
M* PERRÏN
Élu au 1er tour de scrutin* — 8-057 voix*
Mes chers Concitoyens,
Vous avez bien voulu, a deux reprises, m’honorer de votre confiance*
Cette confiance, je me suis efforcé de m’en rendre digne et c’est pourquoi je fais un nouvel appel à vos libres suffrages, aux suffrages de tous les citoyens, soucieux comme moi, sans arrière-pensée, de la grandeur et delà prospérité de la République,
Vous me connaissez tous. Vos intérêts, vos aspirations, vos besoins sont les miens*
Mes adversaires, qui sont aussi les vôtres, me reprochent surtout d’être un paysan* Loin de m’en offenser, je m’en honore. Paysan je suis, paysan je veux être, avec l’immense majorité de cette vaillante circonscription*
électeurs.
Vous m’avez vu à l’œuvre au cours de la dernière législature* Vous m’avez suivi, inva¬ riablement acquis à toutes les réformes tendant à réaliser les légitimes revendications de la Démocratie.
Si, une fois de plus, vous me confiez la mission de vous représenter, j’aurai à cœur de faire aboutir celles de ces réformes qui me paraissent les plus urgentes, et qui sont :
La réduction à deux ans du service militaire, égal pour tous.
L’impôt sur le revenu permettant d’alléger les lourdes charges qui pèsent sur l’agri¬ culture,
La Caisse de retraites pour tous les travailleurs, pour ceux des champs comme pour ceux des villes, ce qui sera le moyen de retenir dans la petite patrie nos laborieuses popu¬ lations que disperse et effraye l’incertitude du lendemain*
Républicains,
J’ai soutenu de mes votes le ministère Waldeck-Rousseau, parce que, ministère de defense et d’action républicaines, il a su entreprendre et poursuivre cette grande œuvre, par le ralliement de toutes les forces démocratiques.
De tels ministères auront toujours mon appui, comme m’auront pour intraitable adver¬ saire toutes les coalitions qui, pareilles à celle qui fait rage aujourd’hui, ne visent, derrière les masques trompeurs dont le cléricalisme tient boutique, que la confiscation de nos pins chères libertés, prélude de la guerre civile, sinon de la perte de la Patrie*
Citoyens, aux urnes, au cri de : Vive la République républicaine!
I* PERRIM, Député sortant*
Piésident de la Société ardéchoise d’encouragement à l’agriculture.
— 57 —
N° H 62
2e circonscription de PRIVAS i M. ASTIER
Élu au lor tour de scrutin. — 10.719 voix.
Mes chers Concitoyens,
Répondant aux sollications d’un grand nombre d’entre vous* je me présente de nouveau
h vos libres suffrages* ,
Depuis quatre ans que j’ai l’honneur de vous représenter au Parlement, j ai conscience
d'avoir rempli loyalement mon mandat. Dans tous mes actes, je me suis inspiré «pnn- cipes de justice et de liberté, qui sont les vôtres, et des intérêts de la Basse-Ardèche a laquelle nous sommes attachés par les liens de la naissance et de affection, e vous ai exposé chaque année, comme c’était mon- devoir, ma conduite politique dans de nombreuses
réunions et vous avez bien voulu l’approuver.
Ce que j’étais hier, je le serai demain. Mon programme ne variera pas.
Républicain d’avant-garde, je considère que la République a pour devoir de te nre une main sccourable à tous ceux qui peinent et qui souffrent, aux travailleurs de la terre et de l'usine. Je considère que le grand principe de solidarité humaine, qui domina la Révolution française, doit être sa règle directrice et souveraine. ,4 ■
C’est pour cela que je veux :
1“ L’organisation de caisses de retraites qui garantissent le petit cultivateur et l’ouvrier contre ces deux"redoutables fléaux : l’invalidité et la vieillesse; r ,
2° L’impôt sur le revenu, qui assure une meilleure répartition des charges fiscales dégrevantTa propriété foncière et en demandant davantage à' la fortune mobdière (sup¬ pression de la contribution personnelle et de l’impôt des portes et fenêtres) ,
*TÈtml» en pra.ique de «tes les mesurée propre» à prévenir on k régler le. c ofl. qui s’élèvent entre le travail et le capital, notamment l’adoption de la loi Berteaux, que ] reprise après son échec au Sénat, sous forme d’amendement, avec plusieurs de mes collègues, et qui doit donner satisfaction à la catégorie si intéressante des travailleurs es
CheTLadréduction à deux ans de la durée du service militaire, avec abolition de toutes les dispenses, en vue de demander à tous les Français, riches ou pauvres, le même sacn î -
et la même contribution à la défense de la patrie; . . .
5° L’accession de plus en plus facile des enfants studieux, si humble que soit leur ori¬ gine, à l’enseignement secondaire et à l’enseignement supérieur, par la voie du concours
^extension des bourses, t
Dans cet ordre d’idées, je me suis prononcé et je me déclare encore pour la predo
nance de l’esprit laïque et le contrôle de l’État sur les établissements libres.
La dernière législature a déjà abordé résolument ces différentes réformes. U faut que
la prochaine Chambre les consacre définitivement; . , _ , . ■
j’apporterai particulièrement mes soins à défendre les intérêts agricoles de notre région L’organisation du crédit et de l’enseignement agricoles dans notre departement, les créa ion. de syndicats et de mutualités, la protection contre l’accaparement des produits contre es falsifications, l’abaissement des tarifs de transport par chemins de fer des produits agricoles et des matières servant à l’agriculture, auront en moi, comme par le passe, un interpret vigilant, auquel vous pourrez toujours vous adresser en toute confianre. ■
— 58 —
Je poursuivrai :
L’établissement d’une école pratique d’agriculture au Pradel,
L’utilisation de notre grand neuve,
Le prolongement jusqu’au Puy du chemin de fer de Pradcs,
La mise à exécution du réseau des tramways ardéchois,
L’amélioration de nos routes,
La création d’un courrier d’Aubenas au Ch ey lard, afin d’accroître ia prospérité écono¬ mique de la Basse-Ardèche.
Ce que j’ai fait dans l’intérêt de nos hôpitaux, de nos écoles, de nos chemins, de nos digues, je suis prêt à le faire encore.
Mes chers Concitoyens,
Ses adversaires articulent contre la République bien des reproches. Comparez le pré¬ sent et le passé. Aucun gouvernement n’a plus fait pour l’amélioration de la vie matérielle et morale. Aucun n’a mieux respecté les libertés primordiales du citoyen. Aucun n’a su assurer à la France une période de paix plus longue et plus fructueuse. Aucun n’a contracté d’alliance aussi féconde pour la paix du monde et la prospérité nationale. Aucun, depuis plus d’un siècle, ne s’est imposé plus profondément à la confiance et à l’affection du pays.
Je suis fier, quant à moi, d’avoir pu, grâce à vos suffrages, participer à cette œuvre démocratique. Je serai heureux, si vous m’en jugez digne, de lui continuer mon concours.
Défendre la République contre ses ennemis, avoués ou cachés, la faire aimer par une politique réformatrice des abus, réparatrice des injustices, par une gestion sévère des deniers publics, par ia recherche de toutes les économies compatibles avec la loi du progrès social : il n’est pas, à mon sens, d’ambition plus haute et plus légitime.
Candidat de l’unanimité du parti républicain, mon élection ne sera pas la victoire d’un homme, elle seratla victoire de la_République sur la coalition de ses éternels adversaires. ■■ ’
ü Vive la République Démocratique! Vive la France 1 Vive la Basse-Ardèche!
Ve circonscription de TQURNON M, DE GÀILHARD-BANCEL Élu au lMour de set u tin. — li.905 voix.
Mes chers Concitoyens,
Le 31 décembre 1899,' à l’aurore du xx* siècle, 9.430 d’entre vous m’honoraient de leurs suffrages.1
C’est sous les auspices de ces 9.450 vaillants que de[nouveau je viens à vous aujourd’hui pour l'élection du 27 avril.
Agriculteur, j’ai à maintes reprises défendu l’agriculture par ma parole et par mes votes.
Je l’ai défendue notamment en votant pour 1® maintien du privilège des bouilleurs de cru et en faisant -ajourner la loi sur tes retraites, ouvrières, loi mal conçue, mal préparée qui n’était qu’un trompe-l’œil, un moyen de remplir avec les économies des travailleurs les caisses de l’Etat et de créer une nouvelle armée de fonctionnaires; qui imposait à la presque
— h9 —
N° 14 63
totalité des cultivateurs, petits propriétaires, fermiers, "métayers, sous peine d’amendes énormes, des obligations qu’ils n’auraient pas pu remplir.
Certes, partisan des caisses de retraites pour tous ies travailleurs, avec le concours des intéressés, je le suis; mais j’entends que la loi qui les établira ne crée pas pour eux des
charges qu’il leur serait impossible de porter.
Catholique, sans froisser les croyances de personne, j’ai défendu la religion à laquelle
les sectaires ont livré de terribles assauts. Ils ont hélas! réussi : les Congrégations reli¬ gieuses ont été mises hors de la liberté et du droit commun : la liberté d’enseignement, garantie indispensable des droits des pères de famille, a été gravement atteinte; plus gra¬ vement encore menacée pour l’avenir.
Maintenant c’est à la France, c’est à vous qu’il appartient de rendre cette menace vaine et de réparer le mal accompli en envoyant à la Chambre nouvelle des députés décidés à entreprendre cette œuvre de réparation.
A cette œuvre, je travaillerai de mon mieux si j’ai l’honneur d’être de nouveau votre élu. Je continuerai, bien entendu, à défendre vos intérêts agricoles; je revendiquerai une liberté plus grande pour les communes et je ferai tous mes efforts pour éviter les nou¬ veaux emprunts et les nouveaux impôts, auxquels semble avoir voulu nous acculer le minis¬ tère actuel, qui a si mal géré les finances du pays que le dernier budget se solde par un
déficit de 3t\h millions. ,
le m’associerai à toutes les mesures qui pourront alléger les charges militaires, sans compromettre la défense nationale. Le but à poursuivre doit être le service d’un an, rendu possible paT l’organisation d’une armée de métier, solidement constituée avec des rengages
volontaires. . , . , ,
Ai-je besoin de vous dire que je combattrai avec tonte mon energœ le parti judéo-ma¬ çonnique qui, avec le concours des socialistes, s’est emparé de la République et prétend en exclure tout ceux qui ne veulent pas se courber sous sa tyrannie?
Électeurs,
A cette triple alliance des ennemis de votre liberté, de vous droits et de vos croyances, vous opposerez l’union étroite et solide des citoyens qui entendent sauvegarder leur indé¬ pendance d'homme libres, leur dignité de pères de famille et leur foi de chrétiens!
Une fois encore vous protesterez contre ce ministère qui a voulu se venger sur l’Armée et sur la Religion de n'avoir pas pu faire acquitter un traître, comme il tente de se venger sur vous de l’élection du 3i décembre 1899, en jetant dans la balance électorale les bulle¬ tins de vote d’un canton, où il se flatte, à tort peut-être, d’avoir pour son candidat une
importante majorité. . onfl
Vous demeurerez fidèle à vous-mêmes et le 27 avril 1902 comme le 31 décembre 1899, vous acclamerez, en me donnant vos suffrages, la République libérale, la République ouverte à tous les bons Français.
Vive la République libérale!
Vive la France I
H. DE G.MLHARD-BANCEL,
Conseiller général de l’Ardèche, Député sortant.
- GO -
2e circonscription de TOURNON
M. Jules ROCHE
I
Elu au 1èr tour de scrutin, — 8,605 voix.
Mes chers Compatriotes,
Les circonstances dans lesquelles vous êtes appelés à voter rendent facile votre devoir et votre décision.
Vous n’avez plus à vous prononcer sur la forme du Gouvernement ; la République est, et ne peut pas ne pas être. Certains de ses prétendus « défenseurs n sont seuls ses dange¬ reux ennemis, pourraient seuls la mettre en péril. Vous avez à dire ce que la République doit être.
Les gouvernants actuels veulent en faire un instrument de despotisme, je suis de ceux qui veulent qu'elle soit un instrument de liberté, car la liberté est son principe, sa raison d’être, son but. Faire de la liberté le noble patrimoine de tous les Français sans exception est la mission de la République, Sans la liberté elle ne serait que la plus odieuse et la plus tyrannique anarchie, n’opprimant pas seulement les consciences mais ruinant la Patrie dans tous les éléments de sa vie et de sa force ; finances, industrie, commerce, travail, armée, garantie de sa dignité et de son indépendance. Le spectacle que vous avez sous les yeux; les abus, les excès sans nom et sans nombre dont îa majorité parlementaire et le ministère se sont rendus coupables, ne le prouvent que trop.
Encore quatre années d’une pareille politique, et l'on chercherait, sous les ruines accumulées par le collectivisme triomphant, la trace de vos droits les plus sacrés, de vos espérances les plus chères de républicain* et de Français,
Eh bien, voulez-vous vous affranchir, ou vous asservir ?
Telle est la seule question, impliquant toutes les autres, posée devant vous par les événements; ils parlent assez haut et assez clair pour que tout développement soit ici superflu.
Pour ou contre les sectaires ?
Pour ou contre les jacobins modernes?
Pour ou contre îa tyrannie parlementaire ?
Pour ou contre le cabinet qui détient le pouvoir, — pendant quelques jours encore ?
Pour ou contre la révolution sociale dont il a suivi les doctrines et favorisé les desseins ?
Pour ou contre la ruine budgétaire ?
Voilà tout le débat, Tranchezde, dans la mesure de votre pouvoir !
Pour moi, mes chers compatriotes, mon choix est fait* Vous m’avez vu, parmi vous, depuis quarante années, défendre la liberté envers et contre tous, sous PEmpire, après le 24 Mai, après le 16 Mai, aux temps les plus difficiles, sans crainte d’aucun péril, sans peur d’aucune force : ce n’est point pour l’abandonner aux entreprises grossières des coalisés qui l’assaillent sous le masque républicain, aujourd’hui qu’elle est plus précieuse que jamais.
Elle n’est pas seulement, en effet, pour chacun de nous, le bien primordial, source de tous les autres, la marque de notre dignité humaioe ; mais encore elle est devenue, par la force invincible des choses, le seul terrain où puissent se rencontrer désormais tous les bons citoyens désireux de mettre fin aux discordes du passé, — mortelles si elles se proîon-
N° 1162
— 61 —
geaient, - pour travailler loyalement ensemble à l’œuvre de progrès et de salut national
rme nous impose à tous le salut de la Patrie. >
^ A cette tâche sacrée appartiennent toutes mes forces, toute l’expérience que m enseigna la vie, comme jadis lui appartinrent, — mes vieux amis républicains des heures lointaines e’en souviennent, — toutes les ardeurs de ma jeunesse.
Vive la liberté l Vive la République 1 Vive la France!
Jules ROCHE.
— 02 —
ARDENNES
Circonscription de MÉZIÈRES M. Albert POULAIN
Elu au 1er tour de scrutin. — 11.702 voix.
Parti socialiste français. - — Fédération des travailleurs socialistes des Ardennes.
Citoyens, vous ôtes appelés à vous prononcer sur la direction économique et politique du pays par le choix de votre mandataire à la Chambre des Députés.
Du milieu des compétitions, des déclamations et des surenchères électorales, deux politiques se dégagent distinctement :
1° La politique socialiste, hardie dans ses vues généreuses, courageusement décidée à détendre par tous les moyens la justice et le droit dans la forme républicaine, en même temps que sagement réformatrice dans ses applications;
2° La politique de favoritisme et de privilèges, imparfaitement déguisée sous les étiquettes les plus diverses, plus ou moins nuancées d’un républicanisme de circonstance, C est la politique de toute la réaction formant bloc contré les aspirations de plus en plus précises de la démocratie agricole et industrielle.
Il y a quatre ans, les arrondissements de Mézières et Sedan ont affirmé, sur les noms des citoyens Albert Poulain et Lassalle, leur foi en une politique socialiste ferme et clair¬ voyante à la fois, cependant que les arrondissements de Rocroi et Rethel donnaient à cette dernière une respectable et encourageante minorité.
C’est Ûère du devoir accompli sans parti pris et sans faiblesse par ses deux élus que la Fédération des Travailleurs socialistes des Ardennes s’adresse avec confiance à votre jugement.
Dans son assemblée plénière des groupements et délégués des communes, elle a choisi a unanimité, pour le représentera vos suffrages, le citoyen Albert Poulain, Député sortant dont le dévouement et l’énergie incontestablement éprouvés disent assez qu’il saura défendre e programme minimum de revendications et d’application immédiate uni doit unir tous les hommes foncièrement épris de justtà&
PROGRAMME DE RÉFORMES
Le Parti socialiste , repoussant la politique du tout ou rien, a un programme de réformes dont il poursuit dès maintenant la réalisation. '
Démocratisation des pouvoirs politiques.
1. Suffrage universel direct, sans distinction de sexe, et dans toutes les élections.
2. Reduct'on du temps de résidence.
— 63
N° 1162
Scrutin de liste avec représentation proportionnelle dans toutes les élections,
3. Mesures législatives pour assurer la liberté et le secret du vote.
& Droit d’initiative populaire et referendum.
5. Suppression du Sénat et de la présidence de la République. Les attributions actuelles du président de la République et du Conseil des Ministres seront dévolues à un conseil
exécutif, nommé par le Parlement. . , . . .,
6. Réglementation par la loi du mandat législatif, révocable par un vote de la moitié
élus un des électeurs inscrits.
7. Admission des femmes à toutes les fonctions publiques.
8. Liberté absolue de la presse et de réunion, sous la seule garantie du droit commun* — Abrogation de toutes les lois d’exception sur la preste. — Liberté des associations
civiles.
9. Pleine autonomie administrative des départements et des communes, sous la seule réserve des lois garantissant le caractère républicain, démocratique et laïque de l’État.
II
Laïcisation complète de l’État.
1. Séparation des Églises et de l’État ; suppression du budget des cultes; liberté des cultes; interdiction de l’action politique et collective des Églises contre les lois civiles et les libertés républicaines.
2. Suppression des congrégations; nationalisation des biens de mainmorte de toute nature leur appartenant, et affectation de ces biens à des œuvres d’assurance et de solida¬ rité sociales; en attendant, interdiction aux congrégations de toute entreprise industrielle, agricole et commerciale.
III
Organisation démocratique et humaine de la justice.
1. Substitution à tous les tribunaux actuels, civils on criminels, de tribunaux formés par un jury pris sur la liste électorale et par des juges élus sous des garanties de compé¬ tence; le jury sera formé par voie du tirage au sort sur des listes dressées par le suffrage
universel. ' ,
2. Gratuité de la justice. Transformation en fonctions publiques des offices ministé¬ riels. Suppression du privilège des avocats.
3. Instruction et expertise contradictoires à tous les degrés et sur tous les points*
h. Substitution, au caractère de représailles et de vindicte des pénalités actuelles, d’un système de préservation et d’amendement du condamné.
5. Abolition de la peine de mort.
6. Suppression des tribunaux militaires et maritimes.
IV
Constitution de la famille conformément aux droits individuels.
1. Abrogation de toutes les lois qui établissent l’infériorité civile des femmes et des. enfants naturels ou adultérins.
2. Législation plus libérale du divorce. Loi sur la recherche de la paternité.
— 64 —
V
Éducation humaine, civique et professionnelle,
1. Gratuité de Renseignement à tous les degrés.
2. Entretien des enfants à la charge des collectivités pour le premier degré de rensei¬ gnement,
3- Pour Renseignement secondaire et supérieur, mise à la charge de la collectivité de ceux des enfants qui, après examen, seront reconnus aptes à poursuivre utilement leurs études,
4. Création d'un enseignement populaire supérieur,
5, Monopole de Renseignement aux trois degrés par RÉtat; subsidiairement, interdic¬ tion Si tout membre du clergé régulier et séculier d’ouvrir une école et d’y enseigner.
VI
Refonte générale du système dHmpôts dans un sens de solidarité sociale .
1, Abolition de tous les impôts sur les objets de consommation ;de première nécessité et des quatre contributions directes; subsidiairement, dégrèvement de toutes les petites cotes foncières et des petites patentes.
2, Impôt global progressif et personnel sur les revenus supérieurs à 3,000 francs.
3, Impôt progressif sur les successions, J a progressivité étant calculée à la fois sur le chiffre de la succession et sur l’éloignement du degré de parenté*
4* Faculté pour RÉtat de demander à certains monopoles une part des ressources qui lui sont nécessaires. Diminution des gros traitements.
VII
Protection et réglementation légale du travail dans l'industrie , le commerce et
P agriculture.
1. Repos d’un jour par semaine, ou interdiction pour les employeurs de faire travailler plus de six jours sur septJ
2. Limitation de la journée de travail à huit heures; subsidiairement, vote de toute disposition diminuant la durée de la journée de travail,
3. Interdiction de faire travailler les enfants âgés de moins de quatorze ans; système de la demi-journée de travail pour les adolescents, et combinaison du travail productif avec l’instruction et l’éducation des adolescents.
é. Interdiction du travail de nuit pour les femmes et les adolescents. Interdiction du travail de nuit pour les ouvriers adultes de toutes les catégories et dans toutes les indus¬ tries où le travail de nuit n’est pas absolument nécessaire.
5. Législation protectrice du travail à domicile.
6. Interdiction du marchandage et du payement en nature (économat). Reconnais- sance légale de la mise à l’index.
7. Fixation, par l accord des municipalités et des corporations ouvrières de l'industrie, du commerce et de Ragricullurè, de séries de prix constituant le salaire minimum*
8. Interdiction aux patrons de toute réduction de salaire, sous forme d’amende ou autrement* Intervention des ouvriers dans les règlements spéciaux d’ateliers.
9. La surveillance des ateliers, fabriques, usines, mines, chantiers, services publics, magasins, etc,, concernant les conditions du travail, d’hygiène et de sécurité, sera exercée, concurremment avec les inspecteurs de RÉtat, par des inspecteurs élus par les syndicats ouvriers*
fiîi —
N° 1162
10. Extension de la prud’homie à tous les salariés de l’industrie, du commerce et de l’agriculture.
11. Mise en régie du travail des condamnés. Le prix de tout travail effectué sera le prix normalement payé aux ouvriers syndiqués.
12. Repos légal des femmes, six semaines avant et six semaines après l’accouchement.
VIII
Assurance sociale contre tous les risques naturels et économiques.
1. Organisation par la nation d’un système d’assurance sociale s’appliquant à la totalité des travailleurs de l’industrie, du commerce, de l’agriculture, contre les risques de maladie, d’accident, d’invalidité, de vieillesse et de chômage.
2. Constitution du fonds d’assurance sans prélèvement sur les salaires ; subsidiaire¬ ment, limitation du prélèvement opéré sur les salariés au tiers de la contribution totale, les deux autres tiers devant être fournis par l’État et les employeurs.
3. Amélioration de la loi sur les accidents du travail et son application sans distinction de nationalité.
I j _ Participation des travailleurs au contrôle et au fonctionnement du service d’assu¬ rance.
IX
Extension du domaine et des services publics industriels et agricoles de VÉtat , du département et des communes .
1* Nationalisation des chemins de fer, des mines, de la Banque de France, des assu¬ rances, des raffineries de sucre et des sucreries* de l'alcool, de la grande meunerie.
2. Organisation d'un service public de placement pour les travailleurs, avec le concours des Bourses du travail et des organisations ouvrières, et suppression des bureaux privés.
3, Organisation par l'État d'un crédit agricole,
k* Subventions aux communes rurales pour les aider à acheter 1 outillage agricole collectif, à acquérir des domaines communaux, gérés sous le contrôle des communes par des syndicats de travailleurs ruraux, et à créer des magasins de dépôt et de warrants.
5. Organisation des services communaux de l'éclairage, de Beau, des transports en commun, de constructions et de régie d'habitations à bon marché.
6. Administration démocratique des services publics nationaux et communaux, avec participation des organisations ouvrières à. leur fonctionnement et à leur contiôle, avec droit de se syndiquer à tous les salariés de tous les services publics,
7. Service national et communal d'hygiène et renforcement des lois qui protègent la santé publique ; logements insalubres, révision du cadastre* etc.
X
Politique de paix internationale et adaptation de V organisme militaire à la défense
du pays .
1. Substitution des milices à l'armée permanente et adoption de toutes les mesures, coco ne les réductions de service militaire, qui y conduisent.
2. Refonte et adoucissement du Code pénal militaire; suppression des corps discipli¬ naires, et interdiction de prolonger le service militaire en guise de pénalité,
3. Renonciation à toute guerre offensive sous quelque prétexte que ce soit,
0
— 66 —
4, Renonciation à tonte alliance qui n'aurait pas pour objet exclusif le maintien de la
paix,
5. Renonciation aux expéditions militaires, coloniales ; et dans les colonies actuelles ou pays de protectorat, soustraits à l'influence des missionnaires et au régime militaire, développement d'institutions protectrices des indigènes.
Pour la Fédération des Travailleurs socialistes dos Ardennes :
Le Secrétaire .
Pour la Fédération des Conseillers municipaux socialistes des Ardennes :
Le Secrétaire,
Circonscription de RETHEL
M, SANDRIQUE
Elu au 2e tour de scrunm — 6.150 voix.
Chers Concitoyens,
3 ai cru devoir céder aux sollicitations de nombreux républicains de l'arrondissement et j'ai accepté la candidature aux élections législatives.
Connu de tous, vivant et travaillant depuis de longues années au milieu de vous, j'ai été mêlé aux différentes luttes politiques qui se sont livrées dans notre arrondissement; il semblerait donc que de nouvelles déclarations seraient superflues,
Je vous dois cependant ma profession de foi, car je tiens à ce qu'il n’y ait entre nous aucun doute, ni aucune équivoque.
Je suis républicain démocrate et c’est à ce titre que les républicains de l’arrondisse- ment de Retbel m'ont confié leur drapeau.
J'accepte de le défendre.
Cultivateur à Saint- Qu emin-le-Petii, j’ai l’honneur d’être Conseiller municipal depuis 22 ans et maire depuis 1896. r
L’occasion m’a été souvent offerte d’affirmer mes sentiments républicains * je n’y ai jamais failli. J 3
Appelé par les républicains du canton de ChSteau-Porcien aux fonctions de Conseiller general mon mandat a été renouvelé en 1898; j’ai toujours, dans cotte assemblée, fait par ie de la majorité républicaine qui, récemment, me donnait une nouvelle preuve de sa confiance en m élisant membre de la Commission départementale.
Quelles que puissent être les insinuations de détracteurs intéressés, je suis républi¬ cain, comme je l’étais et comme je le serai toujours. *
Mon programme peut se résumer ainsi •
crati^r118 C°°S,““ TerS P,“BHS d"S b Se“ 18 plus rép“b,i“” « ■« P*™ démo-
Économies sérieuses dans nos finances par nn contrôle efficace des dépenses néces- ”°mbreM8S ***** »* ia •**» dos gros
ma.ieBdnPpo»voiîaiaÏ,bnf ^ C°"de"“ indi,‘ll"e"e “ s“™^rdant ion.efois la „pré-
67
N° H 62
Impôt progressif sur le? affaires de pure spéculation; suppression des prestations et
de l’impôt des portes et fenêtres. . , , .
Service militaire de deux ans, égal pour tous. Suppression des périodes de vingt-huit
jours et réduction de celle de treize jours. .
Protection du travail national et de l'agriculture contre l’invasion des denrees étran¬ gères et surtout contre la spéculation.
Retraites applicables aussi bien aux ouvriers agricoles qu'aux ouvriers de 1 industrie. Réduction des frais de just’ce et révision des lois dans un sens plus démocratique. Modification à apporter à la loi sur les successions.
Tel est le programme sur lequel, si je suis élu, porteront tous mes efforts.
J’apporterai à sa défense la volonté tenace et l’énergie du travailleur de la terre, qui sait ce qu’il veut, et ne se laisse jamais détourner de ce qu’il poursuit.
Ou me fait le reproche de n’être ni un savant, ni un érudit, je n’en disconviens pas ; mais je crois avoir ta connaissance et la pratique des affaires qui, appliquées avec jugement,
valent mieux que des phrases vides et sonores.
Je pense avoir montré au Conseil général que je pouvais être utile à notre arrondisse¬ ment, en obtenant l’augmentation de nos bureaux de postes et la création de réseaux télé¬ graphiques et téléphoniques. ,
Mes efforts pour obtenir la construction du chemin de fer de la vallee de 1 Aisne ont ete couronnés de succès et j’ose dire que je suis le promoteur de la ligne Asfeld-Montcornet et de celle projetée entre Wassïgny-Renneville, Chaumont-Porcicn et Chateau-Porcieu.
Lps améliorations concernant le service vicinal ont toujours trouve en moi uu ardent défenseur et je n’ai jamais économisé ni mes voyages, ni mes démarches pour défendre Les
intérêts de mes concitoyens lorsqu’ils étaient justifiés. .
Cultivateur, ayant l’amcur du sol, je sais par expérience tous les besoins de I agri¬ culture et, vivant au milieu des patrons et des ouvriers, je connais leurs intérêts et leurs
espérances. .
C’est pour les soutenir devant le Parlement que je sollicite vos sutlrages.
Vive la République 1
Vive l’arrondissement de Rethel !
Agréez, mes chers Concitoyen*, l’assurance de mon entier dévouement.
Albert SANDRIQUE,
Maire de Saint-Quentia-le-PetU, Conseiller général.
Circonscription de ROCROI
U. DÜNÂIME
Élu au 2e tour de scrutin, — 6*002 voix.
Mes chers Coudtoyeris,
Je Tiens TOUS demander le renouvellement du mandat que TOUS m'a.ea confié en 1893
61 “Ve mandat, je crois l’.TOir fidèlement rempli tant au point de vue politique qu'au point
de vue des intérêts de notre régien, r * ip
J’ai maintenu dans son intégralité le programme que vous avez approuvé a deux reprises: celui d’une République juste pour tous ouverte a toutes les adhésions loyales, respectueuse de ta liberté de conscience.
— 68 —
Vous me connaissez depuis longtemps. Entre les laborieuses populations de l’arron¬ dissement et moi, il n’est pas besoin de longues explications ni de retentissantes profes¬ sions de foi ressemblant à une table des matières.
Notre but est de conserver intact le patrïfnoine qui nous a été légué par les fondateurs de la République, et de donner aux principes républicains leur entier développement.
Respectueux de la liberté de conscience, nous voulons assurer à chacun le libre exercice de ses croyances, niais aussi interdire au clergé l’ingérence dans le domaine politique, conserver l’égalité consacrée par la loi militaire et la laïcité consacrée, par la loi scolaire.
Nous estimons que la liberté d’enseignement à tous les degrés est un des principes fondamentaux de la doctrine républicaine, mais aussi que l’État doit exercer son droit sou¬ verain de contrôle sur tons les établissements d’instruction, et exiger de tous les profes¬ seurs libres des garanties d'aptitude et de capacité.
Nous voulons assurer aux travailleurs des réalisations immédiates par de nouvelles lois de prévoyance et de solidarité.
La nouvelle Chambre aura à s’occuper principalement des questions financières et des problèmes sociaux.
Elle devra pratiquer une politique d'économies qui, réclamée par le pays, peut seule assurer les ressources indispensables pour la réalisation des réformes démocratiques ; retraites ouvrières, réduction du service militaire, etc.
Elle devra, par une réforme financière qui ne tendra ni à l’inquisition, ni au nivelle¬ ment des fortunes, s’efforcer de mieux proportionner l’impôt à l’importance des fortunes acquises, de ménager les revenus du travail, et de supprimer les impôts iniques : la pres¬ tation, les portes et fenêtres, etc., etc.
En ce qui touche les questions sociales, la première, la plus importante, est l’organisa¬ tion definitive des caisses de retraites ponr les travailleurs. Le problème est difficile à résoudre ; ma s, après les études et les enquêtes faites depuis deux ans, il est mûr pour une prompte solution.
La Chambre devra également faire aboutir, à bref délai, une réforme qui intéresse vivement le pays, et qui, de l’avis des hommes les plus compétents, ne pourra affaiblir la puissance militaire de la France: la réduction du service militaire à deux ans
Au point de vue économique, la situation de l’agriculture et de l’industrie réclame la sollicitude des pouvoirs publics. Le Parlement aura le devoir de rechercher toutes les mesures propres à favoriser le travail sous toutes ses formes, et à permettre à nos produo teurs de lutter, avec succès, eomre la concurrence étrangère.
Mes chers Concitoyens,
«mrw d^la Mpublique’ Ie succès de toutes les réformes dépendent
surtout de la stabilité du Gouvernement. Seule, l’union de tous les républicains peut
assurer cette stabilité. Cette union est facile, si Fon veut écarter résolument les rivalités de personnes et les querelles de secte et de coteries
Je suis sûr que vous ratifierez ce programme d’union et de réformes pratiques,, parce
’ V0U8/Tuvez 13 P°1UiqUe d’immobilité’ Parce que vous voulez marcher
dans la voie du progrès démocratique, parce qu’enfin, malgré quelques divergences le
parti républicain don tenir à honneur, après avoir fondé la République, de l’organiser et de la faire vivre , par un souci constant des intérêts du peuple.
Vive la France î Vive la République !
Henri DUNA IME,
Docteur en droit, Vice-président du Gonseil général, Député sortant, candidat républicain.
~ t>a —
1162
Circonscription de SEDAN
M. LASSALLE
Élu au 2e tour de scrutin. — 3,627 voix.
PARTI SOCIALISTE FRANÇAIS. — FÉDÉRATION DES TRAVAILLEURS SOCIALISTES DES ARDENNES.
Citoyens,
Vous êtes appelés à vous prononcer sur la direction économique et 'politique du pays par le choix de votre mandataire à la Chambre des Députés.
Du milieu des compétitions, des déclamations et des surenchères électorales, deux politiques se dégagent distinctement :
1° La politique socialiste, hardie dans ses vues généreuses, courageusement décidée k défendre par tous les moyens la justice et le droit dans la forme républicaine, eu même temps que sagement réformatrice dans ses applications.
2* La politique de favoritisme et de privilèges, imparfaitement déguisée sous les éti¬ quettes les plus diverses, plus ou moins nuancées d’un républicanisme de circonstance, C!est la politique de toute ïa réaction formant bloc contre les aspirations de plus en plus précises de la démocratie agricole et industrielle.
Il y a quatre ans, les arrondissements de Mézières et de Sedan ont affirmé, sur les noms des citoyens Albert Poulain et Lassalle, leur foi en une politique socialiste iernm et clair voyante à la fois, cependant que les arrondissements de Rocroi et Rethel donnaient à cette dernière une respectable et encourageante minorité.
(Test fière du devoir accompli sans parti pris et sans faiblesse par ses deux élus que la Fédération des travailleurs socialistes des Ardennes s^dresse avec confiance à votre jugement.
Dans son assemblée plénière des groupements et délégués des communes, elle a choisi a Punanimité, pour le représenter à vos suffrages, le citoyen Élysée Lassalle, Député sortant, dont le dévouement et Pénergie incontestablement éprouvés disent assez quTil saura défendre le programme minimum de revendications et d'application immédiate qui doit unir tous les hommes foncièrement épris de justice.
PROGRAMME DE RÉFORMES,
Le Parti socialiste , repoussant la politique du tout ou rien 7 a un programme de réformes dont il poursuit dès maintenant la réalisation .
Démocratisation des pouvoirs politiques.
1, Suffrage universel direct, sans distinction de sexe, et dans tontes les élections.
2. Réduction du temps de résidence.
Scrutin de liste avec représentation proportionnelle dans toutes les élections.
3. Mesures législatives pour assurer la liberté et le secret du vote*
4* Droit d'initiative populaire et referendum*
5* Suppression du Sénat et de la présidence de la République* Les attributions actuelles du président de la République et du Conseil des Ministres seront dévolues à un conseil exécutif, nommé par le Parlement*
6 Réglementation par la loi du mandat législatif, révocable par un vote de la moitié plus un des électeurs inscrits*
7- Admission des femmes dans toutes les fonctions publiques*
8* Liberté absolue de la presse et de réunion, sous la seule garantie du droit commun* — Abrogation de toutes les lois déception sur la presse* — Liberté des associations civiles,
9* Pleine autonomie administrative des départements et des communes, sous ia seule réserve des lois garantissant le caractère républicain, démocratique et laïque de Y&t at*
II
Laïcisation complète de F État.
1, Séparation des Églises et de l'État; suppression du budget des cultes: liberté des cultes ; interdiction de l'action politique et collective des Églises contre les lois civiles et les libertés républicaines*
2* Suppression des, congrégations ; nationalisation des biens de mainmorte de toute nafura leur appartenant, et affectation de ces biens à des œuvres d'assurance et de solida¬ rité sociales; en attendant, interdiction aux congrégations de toute entreprise industrielle^ agricole et commerciale*
Iïl
Organisation démocratique et humaine de la justia*
î. Substitution à tous les tribunaux actuels, civils ou criminels, de tribunaux formés par un Jury pris sur la liste électorale et par des juges élus sous des garanties de compé¬ tence; le jury sera formé par voie de tirage au sort sur des listes dressées par le suffrage universel*
2* Gratuité de la justice. Transformation en fonctions publiques des offices ministé¬ riels. Suppression du privilège des avocats-
3. Instruction et expertise contradictoires à tous les degrés et sur tous les points*
4* Substitution, au caractère de représailles et de vindicte des pénalités actuelles, d'un système de préservation et d'amendement du condamné,
5. Abolition de ia peine de mort,
6, Suppression des tribunaux militaires et maritimes*
IV
Constitution de la famille conformément aux droits individuels.
1. Abrogation de toutes les lois qui établissent l'infériorité civile des femmes et des enfants naturels ou adultérins,
2. Législation plus libérale du divorce* Loi sur la recherche de la paternité*
71 -
N° H 62
V
Éducation humaine , civique et professionnelle -
{t Gratuité de Renseignement à tous les degrés.
2* Entretien des enfants h la charge des collectivités pour le premier degré de rensei¬ gnement*
3, Pour Renseignement secondaire et supérieur, mise à la charge de la collectivité de ceux des enfants qui, après examen, seront reconnus aptes à poursuivre utilement leurs études.
k. Création d'un enseignement populaire supérieur.
5. Monopole de Renseignement aux trois degrés par l’État ; subsidiairement, interdic¬ tion à tout membre du clergé régulier et séculier d’ouvrir une école et y enseigner.
VI
Refonte générale du système d'impôts dans un sens de solidarité sociale .
l. Abolition de tous les impôts sur les objets de consommation de première nécessité et des quatre contributions directes: subsidiairement, dégrèvement de toutes les petites cotes foncières et des petites patentes.
2. Impôt global progressif et persomn 1 sur les revenus supérieurs à 3.000 francs,
3. Impôt progressif sur les successions, la progressivité étas t calculée à la fois sur le chiffre de la succession et sur l'éloignement du degré de parenté*
4. Faculté pour l’État de demander à certains monopoles une part des ressources qui lui sont nécessaires: Diminution des gros traitements*
Vil
Protection et réglementation légale du travail dans l'industrie, le commerce
et lJ agriculture*
L Repos d’un jour par semaine, ou interdiction pour les employeurs de faire travailler plus de six jours sur sept*
2. Limitation de la journée de travail à huit heures; subsidiairement, vote de toute i disposition diminuant la durée de fa jouîmes de travail,
3. Interdiction de faire travailler les enfants âgés de moins de quatorze ans, système de la demi-journée de travail pour les adolescents et combinaison du travail productif avec instruction et l’éducation des adolescents.
/i* interdiction du travail dé nuit pour les femmes et les adolescents* Interdiction du travail de nuit pour l es ouvriers adultes de toutes les catégories et dans ioutes les industries où le travail de nuit n’est pas absolument nécessaire*
5* Législation protectrice du travail à domicile*
6. Interdiction du marchandage et du payement en nature (économat). Reconnaissance légale de la mise à l'index*
7. Fixation, par Raccord des municipalités et des corporations ouvrières de l'industrie, du commerce et de l'agriculture, de séries de prix constituant le salaire minimum*
8* Interdiction aux patrons de toute réduction de salaires, sous forme d'amende ou autrement* Intervention des ouvriers dans les règlements spéciaux d’atchers*
9. La surveillance des ateliers, fabriques, usines, mines, chantiers, services publics, magasins, etc., concernant les conditions du travail, d'hygiène et de sécurité, sera exercée.
concurremment avec les inspecteurs de l’État, par des inspecteurs élus par les syndicat ouvriers,
10* Extension de la prud'homie à tous les salariés de l’industrie, du commerce et de l’agriculture*
11. Mise en régie du travail des condamnés. Le prix de tout travail effectué sera le prix normalement payé aux ouvriers syndiqués,
12, Repos légal des femmes, six semaines avant et six semaines après Paccou- chement.
Vlli
Assurance sociale contre tous les risques naturels et économiques ,
1, Organisation par la nation d’un système d’assurance sociale s’appliquant à la tota¬ lité des travailleurs de l’industrie, du commerce, de l'agriculture, contre les risques de maladie, d'accident, d’invalidité, de vieillesse et de chômage,
2, Constitution du fonda d’assurance sans prélèvement sur les salaires; subsidiaire¬ ment, limitation du prélèvement opéré sur les salariés au tiers de la contribution totale, les deux autres tiers devant être fournis par i’Étatet les employeurs,
3, Amélioration de la loi sur les accidents du travail et son application sans distinction de nationalité,
4, Participation des travailleurs au contrôle et au fonctionnement du service d’assu¬ rance,
II
Extension du domaine et des services publics industriels et agricoles de VÉtat^ du département et des communes ,
1- Nationalisation des chemins de fer, des mines, de la Banque de France, des assu¬ rances, des raffineries de sucre et des sucreries, de l’alcool et de la grande meunerie.
2. Organisation d’un service public de placement pour les travailleurs, avec le concours des Bourses du travail et des organisations ouvrières, et suppression dts bureaux privés.
3. Organisation par l'État d’un crédit agricole.
4- Subventions aux communes rurales pour les aider à ach 1er l’outillage agricole col¬ lectif, à acquérir des domaines communaux, gérés sous le contrôle des communes par des syndicats de travailleurs ruraux, et à créer des magasins de dépôt et des warrants,
5, Organisation des services communaux de l’éclairage, de l’eau, des transports en commun, de constructions et de régie d’habitations à boa marché.
6, Administration démocratique des services publics nationaux et communaux, avec participation des organisations ouvrières à leur fonctionnement et à leur contrôle, avec droit de se syndiquer a tous les salariés de tous les services publics.
7, Service national et communal d’hygiène et renforcement des lois qui protègent la santé publique; logements insalubres, révision du cadastre, etc.
X
Politique de paix internationale et adaptation de F organisme militaire à la défense
du pays ,
1. Substitution des milices à l’armée permanente et adoption de toutes les mesures, comme les réductions de service militaire, qui y conduisent,
2, Refonte et adoucissement du Cote pénal militaire ■ suppression des corps discipli¬ naires, et interdiction do prolonger le service militaire en guise de pénalité.
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N° 1162
3, Renonciation à toute guerre offensive sous quelque prétexte que ce soit*
fi* Renonciation à toute alliance qui n’aurait pas pour objet exclusif le maintien de la
paix*
5. Renonciation aux expéditions militaires, coloniales ; et dans les colonies actuelles ou pays de protectorat, soustraits à l’influence des missionnaires et au régime militaire, développement d’institutions protectrices des indigènes*
Pour la Fédération des Travailleurs socialistes des Ardennes :
Le Secrétaire.
Pour la Fédération des Conseillers municipaux socialistes des Ardennes ;
Le Secrétaire -
Circonscription de VOUZIERS M. Lucien HUBERT
Élu au lw tour de scrutin. — 7*537 voix.
Mes chers Compatriotes,
Fort du devoir accompli, je me présente pour la troisième fois devant vous.
Au point de vue républicain, vous