^4 /■ ^r^. '■^L/i ;/■ 1'.^ T f: ••. <\ U d [il 7of OT 390030026081 AUA ■!*Tr 8 r.«^j > Digitized by the Internet Archive in 2011 with funding from University of Toronto http://www.archive.org/details/reimsen1907congr00asso REIMS EN 1907 REIMS EN 1907 CONGRES de l'Association Française pour TAvancement des Sciences 0UVRAG1-: T1RI-: A 1.000 EXEMPLAIRES SUR PAl'IEn Sl'KCIAI. DES PAPLTKRIES FIK.MIN-DIDOT 95' (TOl'a DIIOITA nlnKIW»» Association Française pour l'Avancement des Sciences CONGRES DE REIMS du 1" au 6 Août 1907 COMITE LOCAL D'ORGANISATION Présidents cV honneur MM. Léon Bourgeois, ancien président du Conseil des Ministres, sénateur de la Marne. Le D' Landouzy, professeur à la Faculté de Médecine de Paris, membre de l'Académie de Médecine, Le Maire de la Ville de Reims. Le D"" Henrot, président de l'Association Française. Membres d'honneur xMM. Le Préfet de la Marne. Le Préfet de l'Aisne. Le Préfet des Ardennes. Vallé, sénateur de la Marne. MoNFEuiLLART, sénateur de la Marne. Pozzi, député de la Marne. Lenoir, député de la Marne. Haguenin, député de la Marne. Drelon, député de la Marne. PÉCHADRE, député de la Marne. Bertrand, député de la Marne, Perroche, député de la Marne. Le Président du Conseil général de la Marne Le Général commandant le 6^ corps d'armée. Le Général commandant la 12* division d'infanterie. Le Général commandant la 5* division de cavalerie. Le Général commandant la Défense de Reims, Le Général commandant la 3" brigade de cavalerie. Le Sous-Préfet de Reims. Le Président du Tribunal Civil. Le Procureur de la République. Le Président du Tribunal de Commerce. Le Président de la Chambre de Commerce. Le Receveur des finances. r> coNonics DE l'association française L'Inspochiir d'Académie. Le Direcleiir de l'Kcole de Médecine. Le Proviseur du Lycée. La Directrice du Lycée de Jeunes P'illes . L'Ingénieur en chef des Ponts et Chaussées. L'Ingénieur en chef de la Navigation. L'Inspecteur départemental de l'Rnseignement technique. Le Directeur de l'Lcole d'Ails et iMéliers de Giiàlons-sur-Mai ne . Le Directeur de i'i'^cole pratique de Commerce et d'Industrie . La Directrice de l'Kcole pratique de Commerce et d'Industrie. Le Président de l'Académie de Reims. Le Président du Comice Agricole. Le Conservateur des Kaux et Forêts de Charleville. Les Maires de Gliâlons-sur-Marne, Epernay, Sainte-Méneliould , Vitry-le- François. Les Maires de Mézières, Charleville, Retliel, Rocroi, Givet. Les Maires de Laon, Château-Thierry, Saint-Quentin, Soissons, Vervins. Président M. le D"" Langlet, directeur de l'École de Médecine. y ICC - Présidents MM. Le D' CoLLEViLiJî, pror(îsst'ur à l'Ecole de Médecine. Douce, président de l'Alliance Française. Marteau, Gh., président de la Société Industrielle. Palette, proviseur du Lycée. PonTEvi.N, inspecteur départemental de l'Enseignement technique. Srcrctairc général M. Lai MENT, .1., professeui- au Lycée et à l'Ecole de Médecine. Secrétaires M. M. (îvi niEii, conseiller municipal, professeur au Lvcée. Lr D' Pdl (lossEr. médecin des ll.Spitaux. \x I )' (mei.i.ioi, |)ié^i(l.iii (!.' la Société protectrice de l'Enfance. .Iadaht, conservateur du Musée. Laukent, Gustave, conseiller municipal. / I l'snrtr !• M . ( M M'i i>. I.(liiuiii(l, h.iiKpin r . COMITE LOCAL D ORGANISATION Membres du Comité MM. André, inspecteur primaire. AuBERT, Ephrem, négociant. D"" Bagneris, prof, à l'Ecole de Médecine, Barbelenet, professeur au Lycée. D' Barillet, chirurgien-dentiste. Baron de Baye. Bellevoye, Ad., ancien président de la Soc. d'Etude des Sciences naturelles. Benoist, Jules, négociant. Blondeau, Fernand, secrétaire de l'As- sociation Viticole Champenoise. Bonnet, direct*" du Vignoble de Murigny . Bosteaux-Paris, maire de Cernay. Dr Bourgeois, président de l'Académie de Reims. BouRGuiN, ing. en chef de la Navigation. Caillau-Brunclair, négociant. Chamberland, professeur au Lycée. Chappaz, profes. départ. d'Agriculture. Chappe, adjoint au maire. Chapuis, Edmond, banquier. Charbonneaux, Emile, secrétaire de la Chambre de Commerce. Charbonneaux, Ernest, président de la Caisse régionale de Crédit agricole. Chardonnet, négociant. D'" Chevy, profes. à l'Ecole de Médecine. D"" Colleville, prof, à l'Ecole de Médec. CozE, directeur de la Compagnie du gaz. Crapez, chirurgien-dentiste. Demaison, Louis, archiviste de la Ville. Demaison, Charles, agriculteur, ancien élève de 1 Ecole Polytechnique. Diancourt , ancien sénateur, ancien maire de la ville de Reims. Douce, président de l'Alliance Française. Druart, négociant. DuvAL, ancien président de l'Académie de Reims. Fortel, propriétaire. Garnier, négociant. Gaudier, conseiller municipal, profes- seur au Lycée. Gay, propriétaire. Georgin, négociant, Gosset, Alphonse, vice-président de l'Académie de Reims. D^ Pol Gosset, médecin des hôpitaux. MM. Gn.vNDVAL, professeur honoraire à l'Ecole de Médecine. D' Guillaume. Guillaume, André, avocat. D"" Guelliot, président de la Société Protectri(^e de l'Enfance, D"" Hache, prof, à l'Ecole de Médecine. Haouy, ingénieur à l'Usine à gaz. D"" Harman. prof, à l'Ecole de Médecine. Henriot, Alexandre, négociant. D"" H. Henrot, ancien maire de la ville de Reims, directeur honoraire de l'Ecole de Médecine. D"* Hoel, directeur du Bureau d'hygiène. Dr Jacquin, conseiller municipal. Jadart, conservateur du Musée. Dr Knœhi, conseiller général, adjoint au maire. La.ioux, professeur àl'Ecolede Médecine, Lallement, ingénieur des Arts et Manuf. Lambert, Victor, conseiller municipal. Lamy, président de la Société des Archi- tectes de la Marne, D' Langlet, direct, de l'Ecole de Médec. D'" Lardennois, prof, à l'Ecole de Médec, Lakive, Albert, industriel, Laurent, Gustave, conseiller municipal. Laurent. Jules, professeur au Lycée et à l'Ecole de Médecine. Lecli:ke, conseiller municipal. Lee, chirurgien-dentiste. Leiort, ancien notaire. Lefranc, mécanicien. Lelarge, Pierre^ manufacturier. Lenoir, adjoint au maire, député de la Marne. Lesourd, conseiller général, adjoint au maire. D'' Lévkque. Lewthwaite, ancien dii"ecteur de la mai- son Isaac Holden. Limasset, ingénieur en chef des Ponts et chaussées à Laon. Di LULING. Dr LuTON, présid. de la Société médicale. Makgotin, architecte diocésain. Marguet, vice-présid. du Comice agric. Marteau, Ch., prés, de la Soc. industr. CONGRÈS DE L ASSOCIATION FRANÇAISE 8 Membres du Comité (Suite) MM. Martin-Ragot, manufacturier. Matuiku, l'iu^ène, ingénieur. Matot, Henri, imprimeur-libraire-édil'. Maufroy, J.-B., ancien manufacturier, l)"^ Mkncii-re. Mennesson-Ciiampacnf, conseil, général. MoNi'EuiLi.ART, séuatcur de la Marne. Moheau - lîiHii.i.oN, professeur spécial (rAgricuilure. MoREL, ancien président de l'Académie de Reims. De la Morinehii:, vice-président de la Chambre de Commerce. De la Mf)iuNEiui:. Raymond, secrétaire du Syndicat du (>ommercc des Vins de Champagne. MuMM, (i. H., négociant. Mou MON- Jacquet, manufacturier. Palette, j)roviseur du Lycée. PiNON, négociant. Pistât- Ferlin, à Bezannes. PoRTEviN, inspecteur départemental de l'Enseignement technique. PouLLOT, président de la Chambre de Commerce. I)r l'()7./i, maire de la ville de Reims. Pri'nost, André, vire-président de la Société des Amis des Arts. RiciiARn, président d'honncui- du Syndi- cal des Sociétés de Secours Mutuels. RociE, inspecteur primaire. MM. Rousseau, directeur de lAbattoir. Rouver-W'arnier, négociant. D"" Seuvhe, ancien président de l'Aca- démie de Reims. I)"^ Si.MON, profos. à l'Ecole de Médecine. Véhoudart, prés, du Comice Agricole. De Veslud, Raoul, négociant on vins. Walbaum, Edouard, président de la Société d'Horticulture. De Wahcy. Wenz, Emile, négociant. Wirrotte, président de 1 Université Populaire. Le Président de la Société d'Agricul- ture. Commerce, Sciences et Arts de la Marne, à ChAlons-sur-Marne. Le Président de la Société des Sciences et des Arts, à Yitry-le-François. Le Président du Photo-Club Rémois. Le Président do l'Union Photographique Rémoise. Le Président du Cercle Pharmaceutique de la Marne. Les Rédacteurs en chef du Courrier de la Champagne, de r Indépendant Ré- mois^ de la Dépêche de lEst^ de l Eclaireiir de l'Est, de la Joix du Peuple, de la Croix de Reims. Va les Membres de l'Association fran- çaise habitant Reims et la région. ÉTUDES SCIENTIFIQUES SUR LE PAYS RÉMOIS Par M. J. LAURENT Professeur au Lycée et à l'Ecole de Médecine LE voyageur qui arrive à Reims par l'une quelconque des voies ferrées qui y convergent ne peut manquer d'être frappé du caractère mixte que présente la plaine rémoise : elle appartient bien au pays de Champagne par son sol crayeux aux faibles ondulations, mais çà et là d'épaisses couches de graviers ou des limons fertiles s'étalent en nappes sur la craie, tandis que les collines tertiaires qui l'entourent révèlent à l'obser- vateur le moins attentif et par les forêts qui couronnent leurs sommets, et par les beaux vignobles qui s'étalent en amphithéâtre sur leurs flancs, un sol à la fois plus riche et plus humide. Tout le secret de la prospérité industrielle de la ville de Reims réside précisément dans sa situation à la lisière de deux pays si différents : de la plaine champenoise aux landes jadis incultes, que parcouraient de nombreux troupeaux, elle a pu tirer pendant longtemps la laine qui alimentait son industrie textile, et des riches vignobles de sa montagne elle continue à recevoir les vins qui vont porter sa renommée dans le monde entier. Mais cette situation même résulte de conditions géologiques que n'ont pas manqué d'approfondir les savants, et à côté de nos gloires locales, Dutemple auquel nous devons la connaissance de la craie d'Epernay, Lemoine qui avait pris une part si active au Congrès de 1880, les maîtres les plus incontestés de la science, les d'Orbigny, les Hébert, les Munier-Chalmas pour ne parler 2 10 CONdHKS I)K L ASSOCIATION I-HANÇAISE (|ii(,' (les moris, n'ont j)as dédaigné de visiter nos coteaux pour leur anaclicr le secrel de IfMii' (brniation. (]es dociiiiieMls sur le j)ays rémois sont malheureusement restés épars jiis(|u'al()rs dans de nombreuses publications et un liavail de synthèse (pu résume Tétat actuel de nos connaissances n'a jamais été entrepris. On se propose précisément de reconstituer ici, à l'aide des mémoires originaux, Thistoire géologique de la région et les modifications successives qui ont amené l'état actuel ; on s'effor- cera de montrer comment la topographie est la résultante nécessaire des régimes antérieurs, et comment les agents almosphéri(|ues agissant sur les diverses roches ont pu donner naissance au sol végétal (jue nous cultivons aujourd'hui. Par son influence sur le relief, la constitution géologique règle indi- rectement les conditions climatéricpies et en particulier la distribution des pluies, et son action est prépondérante dans la cii'culation des eaux souterraines. Elle intervient encore dans la distribution géographique des végétaux et même des animaux |)uisque les espèces sédentaires vont venir se grouper au voisinage de certaines associations végétales, et ainsi le présent travail se trouvera naturellement subdivisé en six chapitres distincts savoir : 1" l'isqnisse géographique ; 2" Et a (le géo logiq ne ; .'{" l'or/iialion du relief et i/ilerj)/'cU/lion de Ici géographie pin/sique ; V Nature des sols cultivés ; 5" Climatologie ; ()" D/strihufion des eau.v souterraines^ cpir viendroni coiiiijK'ter les éludes de M. A. (iuillaunie sur la (léographir botanique, cl celles de M. L. Demaison sur la Dislri- hutiou des animaux. Il seia elrndu d'ailleurs, non pas seulement au pavs rémois, mais M la plus giMiide parti»» du cb'parlcnuMit de la Marne, de nianicic a coMiiu-cndic dans celle élude à la fois la falaise* de (Ihanipagnr «-l r<'llt' de Tl Ic-dc-l- ranc(» avec les plah^uix (|ui les «oui'oiiip'nt. I. - GÉOGRAPHIE PHYSIQUE A son arrivée dans le département, la Marne côtoie, de Saint-Dizier à Vitry-le-François, une vaste plaine d'alluvions au sous-sol argileux. C'est le Perthois^ P^ys humide et fertile, par- semé de bouquets d'arbres, couvert de prairies et de riches cultures. La Yière, issue des calcaires marneux au voisinage de Saint- Mard-sur-le-Mont vers le nord, la Ghée, TOrnain et la Saulx qui drainent le Barrois à Test ; la Marne enfin descendue du Plateau de Langres au sud le traversent de leurs cours sinueux et conver- gents, et il apparaît ainsi comme un vaste cirque où se rassemblent toutes les eaux tombées dans un rayon de près de 100 kilomètres. D'Arzillières à Vanault-les-Dames cette plaine du Perthois se trouve brusquement limitée par la falaise de Champagne constituée par un talus abrupt de craie marneuse généralement couvert de vignobles. Tantôt comme au Mont-de-Fourche près de Vitry-en- Perthois, la craie blanche se dresse immédiatement au-dessus de la craie marneuse donnant à la falaise un relief qui peut atteindre une centaine de mètres ; mais le plus souvent leç monticules de craie blanche sont rejetés un peu en arrière, formant une seconde crête plus élevée, parallèle à la première. Cette ligne de collines se poursuit vers le nord jusqu'au-delà de Valmy, puis s'incline vers l'ouest pour gagner Rethel ; mais à partir de Vanault-les-Dames, le pays situé à son pied oriental change entièrement d'aspect : à la plaine succède en effet une région ondulée à topographie plus confuse, couverte de bois isolés, entremêlée d'étangs nombreux. Du haut cours de la Vière, ces caractères s'étendent aux vallées de l'Ante et de l'Aisne qui forment un large sillon fertile, le Vallage, entre les Moiits-de- Chainpagiie^ prolongement de la falaise crétacée et le massif de gaize de VArgo/uie à l'est qui dresse à plus de 300 mètres d'altitude ses crêtes couvertes de forêts et séparées par des gorges profondes. 12 Cf)N(;HKS 1)K i/aSSOCIATIO.N IHANÇAISE A rouesl (le la l'alaise eiayeiise s'étend la Champagne propre- menl dilc avec ses coteaux découpés en gradins successifs j)ar des talus ou rideaux parallèles à la ligne de faîte; niontueuse, entrecoupée d(^ vallées étroites dans sa partie orientale, son relief s'atténue à mesure qu'on s'avance vers l'ouest, et c'est bientôt la plain(* légèrement ondulée (jui vient finir en pente douce au pied de la falaise tertiaire. Seules (pielques crêtes transversales, prolon- gements probables des anticlinaux du bassin de Paris, viennent ronij)re Tuniformité du relief; l'une au nord semble continuer la Montagne de Reims par les monticules isolés de Berru et de Moronvilliers cpie couronnent déjà des dépôts tertiaires; Tautre au sud par l^'ère-Champenoise et Sommesous sépare les deux bassins de la Marne et de l'Aube. Sur cette plaine au sous-sol entièrement perméable sont disséminés (pielques rares cours d'eau marqués par des rideaux de peupliers. La Somme, la Soude, la Marne, la Vesle, la Sui])pe constituent un j)remier système conséquent dont la direction générale S.E.-N.O. est donnée par les lignes de plus grande penle du Bassin de Paris; leurs affluents généralement de faible importance leur sont perpendiculaires, et ainsi la Champagne se trouve parcourue par un réseau hydrographique orthogonal d'une régidarité pi'esque géométrique ; et si quel([ues-unes de ces rivières comme la Somme-Soude ou le Fion participent à la fois des deux directions conjuguées, cette* particularité résidte de phénomènes de capture qui, comme nous le verrons plus loin, ne reiiioiilcnl pas à une époque très ancienne. (^)uelques maigres champs de seigle ou de sarrasin occu- p;ii('ul jadis le fond des vallées, alors cpie les trios et les savarts, |)arsemés cà et là de genévriers chétifs, s'étendaient sur de vastes surfaces ; aujourd'hui l'étendue des cultures s'est consi- dérablement ac(ru(\ les moissons ne h^ cèdent en l'ien à celles des conli'ccs les plus fertiles, et les savarts ont à peu près disparu poui' faii-c place à des piniM'aies. A la plaincî de (^hamj)agne succède la falaise tertiaire que 1rs |)rolon(l('s «M'hancnircs creusées |)ar la N'esle et par la Marne jKirlagriil v\\ Mois iiiassils distincts. Au iioid, l;i Montagne de Sai nt-Tfiierr}/, prolongement naliinl du Scu^soiiiiais, rinoie jus(|ir;m comii' du pavs r<'mois ses masses sablruses (pii alimeiit(Mil nos verriM'ies. Sur ses lianes, le ruisstdlrmciil ;« culrainr à la sui'face delà ci'aie di^s éléments aigil<'U\ qui a (iaui'ov, (omme a Clieiiav e! a Pronillv. onl donné KTunKs sciimn I II loi i-;s sii» i,k wws niiviois i:{ luiissîmce ;"i de |M^lils iii.ir.us, :\ des « (lori^^rs >», iiih'rcssMiils siifhml |):ii' leur riclic (loïc ;i hi'i)srr((. L()IVlMAN(a': liants à |)lus de 180 mcticis au-dessus de; la jilainc, cA'r.Uu(u\ ; son sol im(>(îi'ni(';al)l(ï d'ar^iK^s i-ou^(5s à m(;ulière supporte une vast<^ loi'et pars(^m(';(î d'<'Uan^s au voisinaf^(^ de (i(»rmain<^ <'t Sainl- Imo^cis, est lrav(îrsé(î par d(;s loireiils dont les eaux vont S(^ j)<'rdr<^ Hoit dans la (;rai(;, soit dans les lormalions sahicîuses (îta^ées sui- ses lianes. IjC rcdieC s\itt(^niie rapidemeni vers ^ou(^sl dans \('. pays du Tdrdc.nois \ le rev<'t<'ment d«' meulier*^ ()Hl.i: CHAMl»E^01S a vkkzknay Thierry, Marzilly soutiennent la renomméedela « petite montagne». Ajoutons enfin, pour terminer cette es(pnsse géograjdiique, qu'à la rencontre du massif tertiaire, la plupart des cours d'eau issus i\r In plaine; champenoise, la Vesle à Reims, la Marne à Kpernay, le Petit-Morin plus au sud ont déblayé de vastes cirques ou loriné des marécages (|ui, pendant la saison d'hiver, drainent les eaux de toutes les régions voisines ; ainsi se sont constituées les t.Hirbiéres s dépôts eocenes r\ oligoeénes. L'etUile g.M.b.Mi,,,,^ coniprendia ;iles sableuses mélangées de sables passant du rose au blanc et toujours localisées dans la même région. C'est seulement i\ l'époque aplieiuie i\\w la mer remonte sen- siblement vers le nord, atteignant (irandpré où les sables ferru- gineux avec un j)remier niveau de phosphates renferment une ricins faune de Brachiopodes, de Bryozoaires, d'Echinodermes et de Spongiaires. Di'sormais toute la région oiientale du bassin de Paris va paiticiper à la sédimentation, et l'on va pouvoir suivre les dépots albiens en une banch* continue qui, par Sermaize, les Islettes, Grandpré, Saulces et Draize, enveloj)pe toute la Champagne. A Sermaize, ces dépôts albiens reposent directement sur les argiles à plicatules de; Taptien si riches en Exogyra aquila, mais par suite de la tiansgression marine, on les voit s'appuyer aux Islettes sur le portlandien, et à Draize ils recouvrent soit le îauracien, soit même l'oxfordien. Leur composition est assez constante, et Ton y peut distinguer g(''n(''ralcment les trois assises signalées par M. Land)ert à Sainte- Mc'neliould : I" A la base des si.bh^s giauconieux à pliospliates vl Aninio/iiles Millcli i('|)()sant sur le portlandien par un lit de sables f(M'rugineu\ ;i Tercbralitla de -i centinu'tres d'épaisseur; 2" Des argiles tc'gulines à Anin) . intcrruptiis et Ain. Beudanti : W Enfin des argiles grises phosphatifèrt^s à Inoceramus siilcattts. L'ensemble des deux (b'rnières assises forme une jnasse argi- leuse (lui r fours à ehaiix de la maison Uoze, nii |uiit obseivrr ( 1 i rect c m r M ( |(>s marnes a la base th^s exploita- ''•'"^ •'♦' erair nia i iinise, an nixcan de la eoh» 100. In sondagt* entrepris en ec» point a mis en «'videin-e la puissanit* de ct»sargib\s crayeuses (pii paraisse?it se ladaeliei- intinuMnenl aux argiles du ÉTUDES SCIENTIFIQUES SUR LE PAYS REMOIS 19 gault, de telle sorte que l'épaisseur totale des bancs imperméables dépasse 60 mètres. On retrouve ces mêmes argiles à Ghangy, où elles étaient jadis exploitées pour la briqueterie, d'une part au voisinage de l'ancien moulin à eau, d'autre part près du pont de Mortenault ; j'ai pu y recueillir, avec de nombreux débris d'Ostracées, des Serpules et des Rhynchonelles ; les rognons de pyrite y abondent et dans les zones superficielles ils ont subi une oxydation assez complète pour donner, avec le calcaire contenu dans l'argile, des cristaux de gypse. Leur zone de contact avec la craie marneuse se trouve d'ailleurs très exactement indiquée le long de la falaise crétacée jusque Vanault-les-Dames par des sources nombreuses. La craie marneuse à Céphalopodes est assez riche en fossiles et, aux environs de Gouvrot, M. Péron y a recueilli Nautilus elegans^ Am. Rhotomagensis, A. varians, Turriliies costatus^ Pholad. Sancti Florentini et Holaster subglobosus. Cette craie ne peut d'ailleurs se distinguer des horizons supérieurs indiqués par le même auteur que par ses caractères paléontologiques. Le cénomanien de l'Argonne est beaucoup plus complexe, et M. Lambert en a donné la coupe suivante : II I. 1. Gaize marneuse à Ancyloceras ardiiennensis . ... 25 m. 2. Gaize calcaire à Hamites armatus 75 — 3. Sables glauconieux, phosphatifères à PecLeii asper 8 — 4. Argiles bleues et marnes grises à Asteroseris -„ . coronula 3 — 5. Craie marneuse, blanchâtre, avec Hol. subglo- bosus 15 — L'assise 1 serait le représentant des marnes crayeuses à Ostracées de Changy et Couvrot. Il aurait pour équivalent la craie marneuse à Ammonites et à Holasler nodulosus de la même région ; enfin la craie à Holasler subglobosus serait représentée dans l'Argonne par le groupe III ; on ne retrouverait donc pas au sommet la craie à Scaphites signalée dans l'Aube par M. Péron, à Saint-Parres. M. Lambert fait remarquer qu'au double point de vue pétrogra-' phique et paléontologique la subdivision de la gaize en deux hori- zons est un peu théorique, car la structure de la roche est uniforme dans toute sa masse; grise ou jaunâtre près delà surface, elle devient bleuâtre en profondeur ; d'autre part, les fossiles y sont peu abon- 20 C(>n(;hks i»k i/associa iion iha.ncmsk (hiiils ; p.iniii 1rs plus rr('(|iionts ou I<'s plus caractérislicjues, il faut sinriialcr : Xaiililiis radif/lus .\ ÀDiniomlrs liilJfilus, A. MrfiitelU, A. v((ii(iiis, A. Idlcdliis, A. (iiiiiliis, llaniiles arinaliis, 11. viri^ii/a- /fts, Anci/loccids (u-diicniirnsis, lidciililcs hf/culoidcs, Solarium ornalum, l^holadomya Saiicli Florentini, Arca rariiiata, A.glabra, Janlra l icpnscnlee à (iivrv-en- Argorine par des argiles bleues et aux environs (rArL''ers c\ ÉTUDES SCIENTIFIQUES SUR LE PAYS HÉMOIS 23 Sainte-Ménchould par des marnes argileuses grises ; elles sont surtout intéressantes par leur riche faune qui ne comprend pas moins de 50 espèces : un Acdnocamax précurseur de Belemiiites pleiiuSj Lima semioniata^ Pecten campaiiiensis^ P. lamiiiosus^ Janira Dutemplei^ Spondylus striatus^ Plicatula Barroisl^ Ostrea Neumanni^ Kingeaa lima, Terebratulina chry salis, Hemiaster bufo, Salenia Colleti, etc. et surtout par la présence de grands Rudistes Sphœriilites Sharpei, recueillis à trois kilomètres de Sainte- Ménehould sur le talus de la route de Chaudel'ontaine à Braux- Sainte-Gohière. Gomme les Rudistes appartiennent en général à des formes littorales fixées sur les rochers et localisées dans la région méridionale, en Provence ou dans l'Aquitaine, on a pensé que les quatre échantillons de Sphœrulites recueillis par M. Collet avaient été entraînés jusque là par des courants marins. M. Péron estime qu'il n'est pas nécessaire d'aller rechercher leur origine jusque dans le bassin d'Aquitaine, mais que les individus plus ou moins brisés auraient pu être détachés par les vagues d'une côte moins éloignée. Le Génomanien du Vallage se termine par un massif de craie marneuse d'une puissance de quinze à dix-huit mètres très pauvre en fossiles. On peut y signaler d'après M. Lambert : Nautilus elegaiis, Am. varians, Scaphiles œqualis, Holaster subglobosus. La présence de cette dernière espèce est instructive car elle montre que cette craie cénomanienne supérieure corres- pond à la zone supérieure de l'étage dans l'Yonne et dans l'Aube. 2° Étag-e turonien. — Les variations de faciès signalées dans le cénomanien ne se retrouvent plus dans le turonien qui se présente avec les mêmes caractères tout le long de la falaise de Ghampagne, depuis Vitry-le-François jusque Rethel. On y peut distinguer de la base au sommet les zones ci-dessous : 1^ Marnes à Belemnites plenus et Rhynchoiiella Cuvieri ; 2° Graie marneuse à Iiioceramus labiatus\ 3° Marnes à Terebratulina gracilis ; MM, Barrois et Péron y ajoutent : 4° Graie blanche à Micr aster breviporus. La zone à B. [Acliiiocamax) plenus occupe le sommet des grandes carrières de Gouvrot où elle ne peut être distinguée que par sa faune des assises supérieures du cénomanien, elle forme ensuite une bande continue le long de l'Argonne et on la 2\ coyc.uKs ])]■: l'association i kançaise iclroiivc a |{laisc près de \ (Mi/icrs, dans la tranchée de Faux et à la p!;i\vc (rAina(Mi\ail (d)server, il y a une (piinzaine (rannées, le eonlael hirn ap|>ar('nl des deux formations : la ci'aie maiMUMise jaunAlre, ari^Mh'use, a cassure inégale, r(>nrerinant souvent dans sa masse i\i':i> rognons plus durs supporte dii tMlemeul eu eoiieor- danee de slratiliealioii une cr lir cnl iereiuent l)Ianelu\ homogène. ÉTUDES SCIENTIFIQUES SUR LE PAYS REMOIS 25 plus tendre, à grain très fin, qui n'est autre chose que la craie de Gravelines étudiée par M. Péron ; et on retrouve la même zone de contact près de Lisse et aux environs de Bassuet. Si l'on tient compte en même temps de la disparition de Terebratulina gracilis si abondante dans les couches supérieures de la craie marneuse, il semblera naturel, tout au moins [)our la région de Vitry-le-François, de prendre cette modification dans les conditions de la sédimentation et cette extinction de la faune des Brachiopodes pour la limite précise de l'étage turonien. On peut ajouter que l'absence de Micraster cor tesludiiiarium dans le sénonien au voisinage de Rethel et jusque dans l'Aisne n'est peut-être pas un argument suffisant pour considérer la zone correspondante comme faisant défaut dans cette région ; il est possible que cette espèce soit assez rare en ce point pour qu'on ne l'ait pas rencontrée jusqu'alors; dans tous les cas depuis la base de la zone k Micraster breviporus ]\\s(\\ik la craie d'Epernay à Magas pumilus^ la masse de craie blanche paraît assez régu- lière et assez homogène pour admettre qu'il n'y a pas eu d'in- terruption dans la sédimentation et pour réunir en un même étage tous les horizons de la craie blanche. 3° Éta^e sénonien. — L'étage sénonien constitue toute la plaine champenoise ; on y peut distinguer de la base au sommet : 1° Zone à Micraster cor testudinarium (coniacien) au-dessous de laquelle nous placerions les couches à M. breviporiis ; 2" Zone à M. cor anguinum (santonien) ; S*' Craie de Reims à Bel. quadrata (campanien); 4® Craie d'Epernay à Magas pumilus (campanien). Nos connaissances sur les deux zones inférieures sont très limitées ; les fossiles y sont généralement assez rares et elles ont été jusqu'alors assez peu explorées. M. Lambert a cependant fait remarquer que la zone à M. cor anguinum qui est bien développée autour de Chàlons renferme YEchinocorys vulgaris type avec ses variétés striata et scutata alors que l'espèce ordi- naire de la craie de Reims à Muizon est E. gibbus avec les variétés turrita et brevis ; Ech. ovatus caractérisant au contraire la craie d'Epernay. La craie à Micraster cor anguinum est surmontée directement par la craie de Reims dont les caractères nous sont bien connus^ grâce aux remarquables travaux de M. Péron. 3 26 coNfinKs fm; l association fhançaise \\n ral)seiico d'exploilalions coiivenahlciiiont placées, il est à peu près impossible de délimiter la ligne de contact des deux formations, et c'est senlemcMJt en se I)asant siii- l'inclinaison des conciles r\ siii- r;illilii(l(' de la région que M. Pérou la fait remont(M' au nord de lîcinis jusque la vallée de la Suippe. Du côté de Test, la craie d(; Heims forme le soubassement du Mont de Hcrru cl lois d'une excursion faite en 1899, à Moronvilliers, en compagnie de M. Lambert, nous avons pu récolter deux échantillons de Belcinnitelld quadrald sur les flancs du monticule <|ui domine ce village;. Il païaît donc certain que l'indication donnée par la Carte géologique de France au 1/80.000 est inexacte et (pi'il y a lieu de; l'eporter au delà de Moronvilliers, comme l'avait déjà fait le W Lemoine, dans un travail présenté au Congiès de 1880, la limite orientale d'extension de la zone qui nous occupe. Déjà pai* ses caractèi'es pétrogiaphiques la craie de Reims peut se distinguer, pour un œil sufïisamment exercé, des autres zones crayeuses; ainsi les bancs à M. cor (luguinum seraient en général plus durs, plus secs, moins fossilifères ; ils donnent lieu à un sol très aride, mais la fertilité plus grande de la craie de Heims, cpii confine dii'ectement au massif tertiaire, tient peut- être aussi à la plus giande épaisseur des limons superficiels qui la recouvreni, et dont les éléments ont été empruntés précisé- ment aux formations meubles (sables et argiles) de l'éocène. La Claie de Heims se distingue également de la craie d'i<]pernay (jui la surmonte pai'ce que cette dernière est plus blanche, j)liis j)ure, plus légère et plus tendre, mouchetée dans les couches les plus élevées d'une infinité de points grisâtres ; la première est au conlmire plus argileuse et plus compacte, plus lourde, souvent grisâtre et fi-écpiemment marbrée de roux parles sels ferrugiiHMix. j^'jle est aussi plus résistante, et ses bancs les plus inl'erieuis peu\riil iouiiiir des maliM-iaux de consti'uclion (\\'ilry-les-|{(ums, Herru, b'resne, Bourgogne, etc.) ; facile à liavaillei l,)is(nr('llr possède encore son eau de carrière, elle (lun il lapideiiieiil ;i Taii'. Les silcx y font défaut, mais par contre les iiodides de pyrite de f(M- y abondent ; souvent même ils ont subi uiH' oxydalioM s sens, de telle sorte «pie la slralili- ÉTUDES SCIENTIFIQUES SUH LE PAYS REMOIS 27 cation n'y est pas apparente ; les zones profondes sont constituées au contraire par des bancs puissants, réguliers, séparés par de minces interstices argileux (|ui dessinent des lignes bien nettes de stratification. Les assises les plus élevées présentent parfois des bancs durs qui, vers la ligne de contact des terrains ter- tiaires, sont percés d'innombrables tubulures remplies d'argile et de matières terreuses. D'après M. Péron, la carrière du Graon de Ludes présente des exemples curieux de ce durcissement et de ces ravinements de la craie; mais ce n'est là qu'un caractère tout à fait local et accidentel; il ne se présente que si la condition se trouve remplie qu'un banc de craie dure ait formé la limite du terrain tertiaire et du crétacé. Sur de nombreux points comme dans la carrière de Villers-Allerand et surtout dans les fossés du fort de Montbré, où la craie très ravinée présente de nombreuses poches et boyaux sinueux remplis de sables, d'argile et de galets tertiaires, on n'observe pas le phénomène des tubulures. J'ai retrouvé moi-même des bancs durcis à Moronvilliers où certaines couches de craie présentent les caractères extérieurs d'un calcaire lacustre. Le massif crayeux tout entier est disloqué par de nom- breuses failles et fractures comme on peut l'observer dans les carrières de Dieu-Lumière, et ces failles ont été comblées ulté- rieurement de grève crayeuse, de matières terreuses et même de sables d'origine tertiaire. Il n'est possible de juger de l'inclinaison des couches que par la localisation de certains niveaux fossilifères avec des formes typiques que l'on ne rencontre que très rarement à un niveau différent. Il existe ainsi au Linguet un banc remarquable par l'abondance des EcJiiiiocorys vulgaris, var. striata^ à l'alti- tude 130; on le retrouve à Dieu-Lumière à 110 mètres et près de la gare de Muizon à la cote 85. L'inclinaison générale des couches dans la direction est-ouest serait donc d'environ trois à quatre mètres par kilomètre_, chiffre qui coïncide assez exacte- ment avec la pente générale des couches tertiaires dans la région. Ces mêmes bancs compris entre 110 et 130 mètres à Dieu- Lumière se retrouvent d'après M. Péron sur les bords de la Marne entre 70 et 90 mètres, et l'auteur croit conclure que la pente vers le sud est plus faible, ne dépassant pas 1^50 par kilo- mètre. Mais on peut aussi penser, en s'appuyant sur les travaux 28 CONGHKS 1)K l'association ! HANÇAISE (le .M. DolHiis, (juc raiilicliiial de Gainaches qui s'étend à la Moiilairiic (le Hciiiis allccle ('«raleinont les eouelies crayeuses (jui constitucnl ainsi im (lôni(» clans la icoioii de Yerzy. Cette interpiclalioii j)erjnet d'ailleurs de comprendre l'absence de la craie à M((^(ts à N'erzy et Verzenay oîi le contact du crétacé et du tertiaire sV'lève ce[)endant au-dessus de la cote 200. L'épaisseur lolale de la craie (le Reims seiait de 80 à UO niclres. An poiiil de vue paléontologi(jue, on peut la diviser en Crnux /oiies (pii passent d'ailleurs insensiblement de l'une à l'autre. A la base et s'appuyaiit directement sui- la craie à Micraster cor (tiiij^uinuDi , une zone inférieure à Micraster fasllgatus affleure à Reims et dans toutes les exploitations situées au nord de ];i ville ; elle présente comme espèces caractéristiques : Milclla striata, Rœni. Reptofluslrella simplex, d'Orb. Serpula subtorqiiata, Von Munst. Semiflustrina lateralis, d'Orb. Lima Iloperi, Desb. Reploflustrina simplex, d'Orb. Plicatula Barroisi, Péron. Berenicea papyracea, d'Orb. Ariomya li'uncala?, Geinitz. B. grandis, d'Orb. Ubynchont'lla plicatilis (v. oclopli- Ecbinocorys vulgaris, v. slriata, cata). Lamk. Tercbralula semiglobosa, Sow. OfTaster pilula, d'Agass. Grania parisiensis, Delr. Micraster fastigalus, Gauthier. Gellepora GHo, d'Orb. Bourgiieticrinus granulosus, Pér. G. Parisiensis, d'Orb. Parasmilia centralis. Ed. et IL Replescliarella inoequalis, d'Orb. Pbyllodus cretaceus, Rss. Au-dessus se trouve la zone à Micraster glypluis, localisée au sud de lîeims, dans les crayères plus élevées de Montbré, Ludes et Villers-AUerand. Péron y a signalé 32 espèces spéciales, dont les j)bis iuleressantes sont les suivantes : Acrodiis polydic lilios, Bouss. Ilamiles caroiinus, d'Orb. Olodus ajq)endic-ulalus, Agass. inocerainus Gripsii, Maiit. OdonlaspiK ia|)lii()tlon, Ag. Avicida ranqianiensis, Péron. Scalprlliitn daiw iiiianinu, iîostj. Pcolen lœvis, Nilss. Sirpula Huctiiala, Sow. Morrisia Sncssi, Bosq. .Siapliilcs cnrili'ii lus ;', d ()rb. Des P»r\ <»/naires : M.Mibi .ini|Mn.i Galypso, d'Orb. liidiaslopura siibai ula, Pérou, hiaslopora ii-riansis, l*t'ruii. ÉTUDES SCIENTIFIQUES SUR LE PAYS REMOIS 29 Des Echinodermes : Echinocorys vulgaris, v. carinata, Leucaster reraensis, Gauthier. Desor. Peroniaster Cotteaui, Gauthier. Micraster glyphus, Schlût Salenia Heberti, Got. Et divers foraminifères. En outre, les deux zones ne renferment pas moins de 27 espèces ■communes, et en particulier Belemnitella quadrata et mucronata ; plusieurs d'entre elles ne sont pas spéciales à la craie de Reims, et on les retrouve dans les couches inférieures de la craie blanche et jusque dans les craies turonienne et cénomanienne, caractère <]ui met en évidence l'homogénéité du terrain de craie si bien établie par M. Péron. Au sud de Reims, c'est seulement à partir de la vallée de la Marne que l'on voit affleurer la craie d'Epernay à Magas pumilus, si consciencieusement explorée par Dutemple, qui a fourni à D'Orbigny les matériaux qui ont servi de types pour les nom- breuses espèces de ce niveau ; ces affleurements peuvent être suivis sur toute la longue falaise de Brie, depuis Epernay jusque Montereau, en passant par Vertus, Sézanne, etc. On a fait ressortir plus haut les caractères pétrographiques qui distinguent la craie à Magas de la craie de Reims ; on peut ajouter que les silex n'y font pas défaut, et aux environs de Vinay comme au voisinage de Bergères-les- Vertus, on en rencontre abondamment d'énormes rognons ; entièrement translucides dans leur partie centrale, ils sont devenus blancs, opaques, porcela- niques, transformés en cacholong dans la partie superficielle par un phénomène d'hydratation. Par sa faune comme par sa position stratigraphique, la craie d'Epernay se place sur le même horizon que la craie de Meudon à Micraster Brongniarti^ mais cet oursin n'a pas encore été signalé à Epernay. J'indiquerai seulement, d'après Péron, les principales espèces qu'on y rencontre : On y a recueilli un poisson, Anenchelum marginatum, Héb.; des Cirrhipèdes appartenant à plusieurs espèces du genre Scal- pelLum ; des Serpula ; Belemnitella quadrata fait défaut, mais on retrouve B. mucronata, qui accompagnait l'espèce précédente dans la craie de Reims ; les Lamellibranches sont abondants : Avicula cœrulescens, Nills. L. Dutemplei, d'Orb. Lima decussala, Munst. Pecten cretosus, d'Orb. 30 CONGRÈS DE L'ASSOCIATION FRANÇAISE Vola (Janira) Dulemplei, d'Orb. 0. hippopodiutn, Nilss. Spondylus Diitemplei, d'Orb. O. vesicularis, Lamk. Ostrea Semiplana, Sow. 0. ungiilata, Coq. De nombreux F^rachiopodes : Pibynclionella plicalilis (v. Wod- Kingena lima, Defr. wardi), Davids. Terebratulina chrysali?, Sow. Magas pumilus, Sow. Argiope raicroscopica, von Schl. Des Kcliinodermes : Offasler pilula, Agass. Cyphosoma radiatum, Sow. Cidaris serrata, Cot. G. elongatum, Cot. C. perornata, Forbes. Goniaster Dutemplei, d'Orb , etc. C. Clavigera, Kœnig. 4" Étag-e montien ou calcaire pisolithique. — Depuis plusieurs siècles déjà on extrait des environs de Vertus, par des carrières souterraines, un calcaire désigné dans le pays sous le nom de pierre de Faloise. Sa situation au bord de la falaise ter- tiaire et les belles empreintes de Poissons qu'on a pu y recueillir avaient attiré depuis longtemps l'attention des géologues. Dès I83S, Vi(|uesnel donne une coupe détaillée du Mont- Aimé; Hébert, [)oursuivant Tétude des dépôts inférieurs du ter- tiaire, examine ce calcaire dit pisolithique en 1848, et la Société géologic|ue de PVance, dans sa réunion extraordinaire à Epernay en 1849, discute sur la position qu'il convient de lui assigner. Huvignier di'csse, en 18r)l, la Carte géologique du départe- ment de la Marne et trace exactement les limites du calcaire pisolithi(jue, qu'il assimile aux calcaires lacustres de Rilly et de Sézanne ; enfin (TArchiac résume les travaux antérieurs dans son Histoire des Proii;rès de la Géologie^ assimilant, d'accord avec Hébert, le calcaire de Veilus au pisolitlii(|ue de Meudon et à la iiaic (le Faxoe en Danemark. Il faut arriver jusqu'en IS!)7 pour voir émettre j)ar Munier- (Jialmas urr' opinion nouvelle sur les déj)ots (jui nous occupent : 1" Munier-Cdialmas fait remar(iuer que les pisolithes ne sont autre cliose (|uc des :dgues calcaires du genre Litliothaïuniuni ; 2" se basant sur les allinités tertiaires de la faune pisolitlii(|ue de Mrudon. il range l(^ [)isolitln(jue à la base de l'étage montien, sup«'i-iriir au danicn rt faisant un It'iim' de j)assage entre le crélace r\ \r Iciliaire. VA\{\n Priem confirme cette conclusion |)ar Fetude (le^ poissons de Meudon et du Mont-Aini('\ 32 CONGRÈS DE l'aSSOCIATION FRANÇAISE Le gisement de calcaire pisolithique des environs de Vertus n'occupe qu'une surface très restreinte ; d'une part, il couronne le Mont-Aimé; d'autre part, il s'étend depuis Cormont, Faloise et la Madelaine jusqu'au bois de la Houppe, où il vient s'appuyer contre la craie ravinée. Dans sa Géologie des environs de Paris ^ Stanislas Meunier donne précisément une coupe sur laquelle je ferai quelques réserves en ce qui concerne l'inclinaison des couches. L'aspect de la pierre de Faloise rappelle les calcaires construits; c'est une véritable lumachelle dans laquelle les moules de fossiles sont cimentés de calcaire concrétionné ; c'est un faciès de récif. Au Mont-Aimé, le faciès est plus nettement littoral ; le contact du calcaire pisolithique avec la craie à Magas se fait par des dépôts marneux, verts ou jaunAtres, se débitant facilement en plaquettes minces qui s'effritent à l'air, et au milieu desquels s'observent des rognons calcaires qui donnent aux couches feuilletées une structure en chapelet. La présence de ces bancs marneux détermine la formation d'un niveau d'eau qui, dans les années pluvieuses, alimente la fontaine Saint-Leu. Le calcaire pisolitlu'que proprement dit est en bancs compacts, pétris do moules de fossiles, et alternant avec de minces couches de sable tout à fait blanc, sans fossiles, ou avec de nouvelles zones marneuses. Des rognons de silex identiques à ceux de la craie sous-jacente, et qui paraissent en provenir, sont pris dans la masse c.'dcaire. Enfin, tout au sommet, se trouve le calcaire en plaquettes qui a fourni les belles empreintes de Poissons recueillis par le baron de l*onsort, et dont une partie se trouve au Musée de ( '.Il A Ions-su r-Marne. La puissance totale du dépôt est d'une vingtaine de mètres au Monl-Ainu' ; elb^ p(Mit atteindre à Faloise jusqu'à 50 mètres grAco A rimportanco j)rise par les bancs calcaires. Comnu^ (I ailleurs la fornialion s'élève sensiblement au nième niveau au Molli- AiiiH', A Faloise et à la Madeleine, il en résulte que la s«'diiii(iii;iii(ni M ('te (Taulanl plus active dans la mer montienne qiK' la pi ofondfMir des eaux ('tait plus considérable. An M<»iit-Aiin<'', les couches montrent très netlenuMil un pcndagc vers Test et non vers le nord-ouest eoninu^ le laisserait croire l;i coupe (lonné(> par Slanislas Meunier. Tour s'en assurer, il snllil (rexaniiner A dislanc (» rancien (^h(Mnin (\o roiule (Mabli • ÉTUDES SCIENTIFIQUES SUR LE PAYS REMOIS 33 très exactement au niveau de contact de la craie et du pisolithique, parce que cette ligne de contact marque en même temps la cassure de la ligne de pente due à la différence de dureté des deux calcaires. On voit alors cette zone de contact s'incliner vers la plaine de Champagne, et la situation à l'est de la fontaine Saint-Leu vient confirmer cette observation. Les renseignements relatifs à la faune du calcaire pisolithique de notre région sont assez incomplets. Stanislas Meunier signale d'après les travaux de d'Orbigny un très petit nombre de Mollusques : Cèrithium carolinum du Mont Aimé ; C. uniplicatum, Crassatella Hebertinna, Corbis Miiltilamellosa^ C. sublamellosa de Vertus et un échinoderme, Ellipsomilia supracretacea égale- ment de Vertus. Hébert y avait reconnu antérieurement quelques débris végétaux appartenant aux genres Marchantia^ Asplenium, Aspi- dium^ Sphenopteris ; quelques feuilles rappelant les types Châtai- gnier, Corylus, Caprifolium ; il remarque l'absence des palmiers et des conifères. Enfin un crustacé du genre Oniscus^ quelques ossements de Tortue et un Gavial désigné du nom de Gavialis isorhynchus dans les travaux anciens et de Gcwialis macro- rhynchus dans les ouvrages plus récents viennent compléter nos connaissances sur la faune et la flore. Priem, puis Leriche ont fait récemment une étude détaillée des Poissons recueillis au Mont-Aimé; ils peuvent se rapporter à trois groupes : des Squales comme Corax pristodontus, Pseudocorax affinis^ Lamna appendiculata, L. Vincenti, Scapanorhynchus subulatus, Odoiiiaspis macrota et O'Xyrhina ; des Pycnodontes tels que Cœlodus latus, Anomœdus subclavatus, Palœobalistum Ponsorti^ et un Acanthoptérygien douteux, Lntes Heberti. Les uns comme L. appendiculata se retrouvent dans tout le crétacé supé- rieur; d'autres espèces comme A. subclavatus appartiennent au sénonien supérieur et au danien, et cette remarque suffît à marquer les affinités crétacées de la faune pisolithique ; enfin si Oxyrhina est spécial au pisolithique, le genre Palœobalistum se retrouve dans l'éocène du Monte Bolca et les deux espèces Odontaspis macrota et Lamna Vincenti sont communes dans le tertiaire inférieur. Une observation analogue peut être faite au sujet des Mollus- ques, mais si l'on a pu confondre les grands Cérithes du pisoli- thique avec le C, giganteum du calcaire grossier et les Corbis sublamellosa et multilamellosa avec le C. lamellosa de la même 34 CONGHKS DE l/.\SS()CIATFON FHANÇAISK foiiiialion, Tanalogio provionl de co fait que In calcaire pisoli- thi(|iie est, comme le calcaiiv r()crs-\erhan.r des séances, 30 janvier 1904.) J. Lauri NT. — Sur l'extension de la meulière de Brie et de la craie à Bélemni- lelles à l'est du bassin de Paris, {liull. de la Soc. d'ét. des Se. nat de Reims, 1899.) Stanislas Meunier. — (iéologie des environs de Paris, 1875. MuNiER-CiiALMAs. — Nolcs préliminaires sur les assises monliennes du Bassin de Paris. (//ssm. — viliisla, Drsii. — srmiiOî^lrilal.i. Desh. Tiin-iU'lla iivbiida, Dish. lÎTUDES SCIENTIFIQUES SUR LE PAYS REMOIS 41 Turritella bellovacensis, Desh. — compta, Desh. — circumdata, Desh. Vermetus Morchi, Desh. — Staadti, Gossm. Mathildia impar, Desh. — sculptata, Desh. — vincta, Desh. Tuba elapospira, Gossm. *Scaliola joncheryensis, Cossm. Gerithium obesum, Desh. — intermissum, Desh. * — semicostatum, Desh. * — terebrale, Lamk. Vertagus consobrinus, Desh. — Staadti, Gossm. — Queteleti, Br. et Gor. Bittium jucundura, Desh, — catalaunense, Desh. — intangibile, Desh. — gibbosum, Defr. Newtoniella tritorquata, Desh. * — mundula, Desh. Gerithiopsis alveolata, Desh. * — veslensis, Gossm. *Triforis Staadti, Gossm. Alocaxis cylindracea, Desh. Potamides circinatus» Desh. — tuba, Desh, — Brimonti, Desh. — aequatus, Desh. * — prpavus, Desh. Batillaria turbinoides, Desh. — goniophora, Desh, — Falconeri,- Desh. — Bianconii, Desh. Ghenopus analogus, Desh. Araeodactylus Plateaui, Gossm. Maussenetia Staadti, Gossm. Gladius Marceauxi, Desh. Gyprœa prisca, Desh. Pirula intermedia, Mellev. Lampusia antiqua, Desh. *Murex Plateaui, Cossm. Jania multistriatus, Desh. Pseudoliva iîssurata, Desli. Gominella Desori, Desh. — bicoronata, Mellev. Tritonidea decepta, Defr. * — cantharoides, Gossm. *Parvisipho infraeocœnicus, Gossm. * — Plateaui, Gossm. Siphonalia Mariœ, Mellev. — planicosta, Mellev. — Schlumbergeri, Desh. *Janiopsis minor, Desh, Dolicholatliyrus Mausseneti, Gossm. Buccinofusus Laubrierei, Gossra, Gonomitra prisca, Desh. Fusimitra Wateleti. Br. et Gor. Volutilithes depressus, Lamk. Uxia infraeocœnica, Gossm. Sveltella Plateaui, Gossm. *Genotia. * Bêla prisca, Desh, Surcula antiqua, Desh. Pleurotoma Laubrierei, Gossm. — infraeocœnica, Gossm. — cancellata, Desh. — normalis, Desh. Actaeon Gardneri, Gossm, — electus, Desh. * — Gilberti, Gossm. Tornatella parisiensis, Desh. Actœonina arenaria, Mellev. *Volvulella radius, Desh. BuUinella angystoma, Desh. — sectifera, Gossm. Boxania cincta, Desh. — glaphyra, Desh. — coronata, Lamk. *Amphisphyra Moloti, Cossm. Ringicula Gossmairni, IVIorlet. Gilbertia inopinata, Morlet. Siphonaria Laubrierei, Cossm. Physa primigenia, Desh. * — columnaris, Desh. 42 CONGRES DE L ASSOCIATION FRANÇAISE Ancylus arenarius, Cossm. Limn;ra crassula, Desh. Garjchium sparnacense, Desh. — Miclielini, de Boissy. * — hypermeces, Cossm. — Dliorni, Desh. — alternans, Desh. — bigeminaturn, Desh. Auricula adversa, Gesh. — volutella, Desh, — ciniex, Desh. Traliopsis crassidens, Mellev. — Lemoinei, Cossm. Stolidoma crassidens, Desh. Glandina fragilis, Desli. * — Terveri, de Boissy. Hélix Droueti, de Boissy. — Laubrierei, Cossm. — iiemisphii'rica, Mich. Hélix Rigaulti, Desh. — luna, Mich. — Dumasi, de Boissy. *]5ulimus (an aliud gen ?) GoillaDmei Cossm. Rillya rillyensis, de Boissy. — columellaris, Mich. — Michaudi de Boissy. Megaspira exarala, Mich. Clausilia joncheryensis, Desh. — sinuata, Mich. * — conlorta, de Boissy. * — Edmondi, de Boissy. *Isthmia palangula, de Boissy. Beloptera Levesquei, Fer. et d'Orb. * — Deshayesi, Vinc. Nautilus Staadti, Cossm. Terebratula Ortliebi, Bayan. La liste donnée par le D"" Lemoine, en 1880, renfermait IGO espèces, sans compter une quarantaine de types nouveaux non encore étudiés ; celle que nous publions aujourd'hui contient 308 espèces, encore n'y avons-nous fait entrer que celles qui existent dans les collections ^laussenet et Staadt. Le rapproche- ment de ces chifïres sulïit à faire ressortir l'activité avec laquelle les recherches ont été poursuivies dans ces dernières années. A (]hàlons-sur-Vesle, les espèces marines se trouvent seules sur une épaisseur de 7 à 8 mètres; on voit alors prédominer NcDiocardiiiDi lùUvdrdsi, Pectnnculus lerebrulnUiris^ Cypr'uKi svuU'Udr'ui . (\ luniildtd ^ Ostrea eve/'sa, elc; enfin Turitelid cir- cuniddid, (|ui loriiuî des lits (mtiers. lia y.one supérieure (h' f) à (> mètres d'épaisseur est intéres- sante par le mélanine de loi-mes saumàtres lacustres et terrestres. On piMil signaler comme types saumàtres : Mclanopsis huccinu- liiin^ M. larldccd, Fdunus Duficsnci, Cifrcud dilJicilis. (\ vcnci'i- formis^ de. I*;ii-ini les espèces d'eau (h)uee se Irouvenl : Ph f/S(f /)/7/;//i,r- iiid, \'dlvdld i)di\'iild, I . I.nypoldi^ liithiiud linibdid^ II. covhlva- rrlld, />. ci/liiidrdrrtt ^ />. dhiuninis, Anci/lus (nr/id/'iu.s\, Vi\'ip(irus ldt>dV/its , 1 . (/.\pc/:\N.\. l-iiliii le^ piiii(i|)ales lormes lei'reslres soiil : (Idiisilid si- ÉTUDES SCIENTIFIQUES SUR LE PAYS REMOIS 43 nudld. Cl. Joncheryensis, Rillya Rlllyensls^ R. columellnris., R. Miclufudi, Hélix Droueti, II. Laubrieri^ II. luna, II. Duinasi^ 11. RigaulU., Cyclostoina hellcinaeforinis ^ C. parvulum., Megaspira exarata. M. DoUfus a fait ressortir l'identité de plusieurs des types de ces deux dernières catégories avec des espèces du calcaire de Rilly que nous étudierons plus loin, et qui avaient reçu des noms différents parce qu'on les croyait d'un autre âge. Ainsi : Physa primigenia de ChâloDS-Sur-VesIe équivaut à Ph. gigantea de Rilly. Planorbis precursor — — Valvala Leopoldi — Paludina proavia — — P. aspersa — Pisidium cardiolum — — P. Denainvilliersi — Sphœrium Mausseneti — — S. Rillyense — Hélix Rigaulti — — H. heraisphœrica — Hélix fallax — — H. luna — Le thanétien est terminé par de puissantes assises de sables sans fossiles, plus fins et tout à fait blancs à la partie supérieure. De nombreuses coupes de la butte classique de Ghâlons ont été publiées antérieurement, mais aucune d'elles ne nous paraît absolument complète ; il suffira de consulter celle que nous donnons ci-contre pour se faire une idée exacte de la succession des assises du thanétien que M. Dollfus limite au conglomérat à empreintes végétales. La mer des sables de Ghâlons venait s'étendre jusqu'au voi- sinage de Rilly où la zone fossilifère, bien observée par Natalis Rondot dès 1843, n'atteint plus que quelques centimètres d^épais- seur. Elle repose directement sur la craie, et M. Dollfus y a recueilli Toniatella parisiensis^ Prolocardium Edwardsi^ Corbula regulbiensis ^ Arca slriatularis ., Nucula fragilis^ toutes espèces caractéristiques du thanétien moyen de Jonchery et Ghâlons; et d'autre part M. Garez y a signalé Cyrena angustidens ., C. acutari' gularis^ C. difftcilis., Pectunculus terebratularis^ etc. Au-dessus s'observent des sables blancs entremêlés de galets, véritables sables de dunes jadis exploités pour les verreries de Saint-Oobain, et que surmonte directement le calcaire lacustre de Rilly à Physa gigantea. Il n'est plus douteux aujourd'hui que ce calcaire n'appartienne au thanétien supérieur, puisqu'on y retrouve un assez grand nombre des espèces lacustres ou terrestres des sables de Ghâlons-sur-Vesle. Nous en donnons la liste complète 44 CONGRKS I)K l'association FKANÇAISE relevée par le 1)^ (iuillaiime dans les travaux de Deshayes et Gossiiiann. SplinTÎnm Boissyi, Sph. Verncuilli, Sph. rillyensis, Pisidiuiii Denainvilliorsi, Le})topoma helicinœforme, L. Diil<'mplei, Graspcdopoma conoideum, Gr. Mallieroni, Megalomastoma Arnouldi, Valvala Leopoldi, V. parvula, Paludina aspersa, Bilhinia Nysti, Gères Arnouldi, Physa gigantea, Pli. pseudogigant(^a, Ph. parvissiina, Ancylus Mallieroni, Linincra Baylei, Planorbis rillyensis, Carychiuni Michelini, G. Michaudi, G. allernans, G. remiense, Leuconia remiensis, Alexia Boissyi, Cilandina Terv(.'ri, Vitrina rillyensis, Hélix Droueli, H. heniisphœrica, H. discerpta, H. luna, H. Diimasi, Isthmia palangula, I. Arcliiaci, Vertigo oviformis, Billya rillyensis, R. columellaris, R. Michaudi, Megaspira exarata, Gœliaxis inermis, Glausilia contorta, Gl. sinuata, Gl. Edmondi, Golumna rillyensis, G. columella, G. diversa, G. cuspidala, G. similis, Succinœa Boissyi. C'est également an même niveau qu'il faut rap|)orter le tra- vertin de Sé/anne, Tormé par les dépôts d'un large cours d'eau étalé sur près de 2 kilomètres, et que Ton considère générale- ment comme venant se jeter dans le lac de l\illy. Dans le lit même du fleuve, là où le courant était j)lus rapide, une partie des cal- caii'es lacustres et des travertins se trouve remj)lacée par des galets, ImiiIôI en couches épaisses, tantôt en lits discontinus, suivani le s vai'ialions du régime de la rivièriv Sur les coteaux (|ui encaissaient le cours d'(»au, de nombreuses sources cali aiies se faisaient joui* d d('»j)()saient sur la ci-aie môme des calcairt^s lr;i\ «iliiMMix doni il est facile de conslalei' la pi-esence à (|U(d(|ues iiH'liTs ;iu-d<'ssus (lu niveau des calcaires d('q)Osés dans \c lit du ll('ii\ ('. La lloi'c (h' Sc/annc t'Iiidicc par de Snpoila csl remarcpiable p:ir I ahondancc des fOugèi'es, A(/k//i/u//i , Asj)/('nin/n ^ lilerhiuuii , ÉTUDES SCIENTIFIQUES SUR LE PAYS REMOIS 45 la rareté des Monocotylédones et des Gamopétales. Ses affinités avec les flores plus récentes sont marquées par la présence des genres Betiila, Alrius^ Populus^ Salix., Ulmus, Laurus et Sassafras^ Sterculia, Juglandites, On y trouve des Magnolia, des Aralia, un Lierre et une Vigne. Les recherches de Munier-Ghalmas ont permis de reconstituer des fleurs avec leurs étamines, des insectes et une écrevisse, indiquant des eaux courantes, Astacus Edwardsi, Cette flore indique un climat chaud que justifie d'ailleurs, et la formation des tufs, et la présence de certains mollusques du calcaire de RiHy, notamment les genres Ceres et Megalomastoma. D'autre part, les Gyprines des dépôts marins, ancêtres de la Cyprina islandica actuelle, indiquent dans la région des mers froides en communication avec les mers du Nord ; il y avait donc à cette époque opposition complète entre la température des eaux marines et celle de l'atmosphère. La mer thanétienne de Ghâlons-sur-Vesle et Brimont, qui venait s'adosser à la craie au voisinage de Rilly, atteignait égale- ment Berru, où elle a laissé des dépôts sableux dont la puissance ne le cède guère à celle des sables de Ghâlons. On peut observer actuellement, à peu de distance du village et sur la gauche de la route qui conduit à Gernay, plusieurs exploitations d'un sable blanc qui, sur une dizaine de mètres d'épaisseur, paraît entièrement dépourvu de fossiles ; mais un examen plus attentif permet d'y reconnaître, à plusieurs niveaux successifs, des traces laissées par des Mollusques dont la coquille calcaire a été dissoute par les eaux d'infiltration. J'y ai reconnu très nettement un moule externe de Nemocardiiim Edwardsi avec son bord extérieur garni de côtes épineuses et des empreintes de Axinœa terebratularis. Ge niveau fossilifère avait été déjà signalé par Aumônier et Eck en 1873 ; on peut même retrouver à la base de ces sables, à 2 mètres à peine au-dessus de la craie, un banc de grès tendre ferrugineux avec nombreuses empreintes de mollusques. Enfin M. Molot a signalé récemment près de Gernay une couche de sable blanc de deux mètres d'épaisseur reposant sur la craie et renfermant bien conservés les fossiles des sables du thanétien de Ghâlons ; à 0'^40 de la base une première zone fossilifère a fourni des espèces marines : Dosiniopsis bellovacen- sis, Cyprina lunulata, Neniocardiuni Edwardsi^ Axinsea terebra- tularis. Au sommet viennent s'y adjoindre des espèces saumâtres 46 . CONGRÈS DE l'aSSOCIATION FRANÇAISE OU d'eau douce : Cyrenn difficilis, C. acutangularis ^ Neritina vicina, Melania prœcessa^ Melanopsis ?, Megaspira exarata ; et cette couche sableuse supporte directement le conglomérat de Cernay dont nous allons parler et qui lui est nettement posté- rieur. Au voisinage de Cernay, ce conglomérat riche en ossements est constitué par un sable à gros grains entremêlé de rognons de diverse nature, siliceux, marneux ou calcaires, avec débris ligni- teux ; son épaisseur maximum peut atteindre cinq mètres, et en certains points il s'y trouve en extrême abondance des coquilles brisées indéterminables provenant de Lamellibranches ; c'est là évidemment un faciès de charriage. Tantôt comme au gisement exploré par le D"" Lemoine le conglomérat semble reposer sur la craie, tantôt au contraire il s'appuie sur les sables thanétiens et on l'observe alors à un niveau plus élevé ; comme dans le premier cas il est toujours situé sur une pente rapide, il est fort possible que son contact avec le crétacé résulte moins d'un ravinement que d'un glisse- ment en masse sur les sables sous-jacents. La coupe théorique ci-contre dressée à l'aide d'une série de coupes partielles très rapprochées l'une de l'autre au voisinage de l'ancienne tuilerie de Cernay permet d'établir les relations du conglomérat avec les couches encaissantes ; elle montre en particulier (ju'il supporte directement la série normale des assises du sparnacien. 18. Sabh's jaunes visibles sur 3"* 17. Sables à Cyrena cuneiformis, Potamides funatus . . . 0""C)0 1(). Sables jaunes 2™ 1"). Argile feuilletée ^ . . ()'"()0 1'». Argiles à Cyrenn cuneiformis 0™«S0 l.'î. Sables jaunes 0">r>0 12. Ligniles pulvérulents 0™'iO 11. Marnes blancbes avec nodules calcaires l^.^O 10. Marnes avec nodules calcaires rouges conci'élionnés. l^ÔO !). Argiles panacbées avec rognons de pyi'ite altérés et transformés en oxydr de fer recouvert de cristaux de gypse l^ÔO S. Lignites surmontés de débris grossiers avec gvpse, é(|uival('nt du conglomérat l" 7 , Lit argileux 0™20 (i. Sables giossiers sans fossiles 2'" 5. Sables glauconieux sans fossiles 2'" 'i . Sabir blanc fossilifère {Xcnioranlinm /ùiminlsi).., 2" ii. (irès lindrt' f(M'rugineux fossilifère {»"'.>() 2. Sables argileux 1"' I . ( Irait- a Micntstcr /'tisti>^'atus le Mont de Cliàlons ! Congionièrat avec caMouJccaLcaires eb palets d argile j dèbvL^ fassUcfcrcs . *^ Orês tendre avec l/l d'argile^ îjiIacaJ^ — — Conci Lomé rai à e/tiprt/nUs vtgèta^£s eJ> inqLomèrat d e/uj2f cailfotixx.' d^ 'argilC' roidée ^■.»' :fi.; .; -«rf^ ///////.''// '^/.^///7. Oi'ês Argile lignituise^ Sables fci'ingineiijc lègèreiuciib agglM>mercs Sables. ■q:iarti{aijc^- \ ■cfablts glaacorîbciJ^ ifahl.es /i\g/uteuoc^: ; -' Cables pyssUiféres SaNes fcss'i/ifércs Nivomu ^-^/^^^^.^r;;^^-^^^;^^^^^^^^,,^,^^^^,^;^.^,^^^^^^^^ Sables cjLcui-conLaiiny ';y////}/////////////////////////y;t^dh^e^////^ '■ *\. Argile^ sabUase le^èrejn^nt coinjictcùL evcrSit- ■ f ./^ ï Cra'ce -^ blaiic/iù^'^ £ Micraster 'fasuUjcUiis ■'P \ ^fh NofcL.: Sey refforter- eu La /JCLCfe^ 4-5. 48 coNonÈs HK l'association française Nous avions (''lal)li antérieurement que le conglomérat de (',('iiia\, nialoiM' s;i position apparente sur la ci'aie est postérieur aux sables de (lliàlons-sur-N Csle (|u'il i-ecouvre ; nous savons maintenant (pTil est ant(''rieur aux dépots (]e marne avec rognons calcaiies situés à la hase du sparnacien. Sa position stratigra- |)lii(|ue se trouve dès lois nettement indiquée entre ces deux étages, soit qu'on le situe de |)référence avec Munier-Ghalmas et selon l'opinion de M. Depéret au sommet du thanétien, soit (pi'on en lasse le premier terme du sparnacien comme le veut M. Dollfus. (]'est (Tailleurs à ce niveau que le D' Lemoine l'avait rapporté dans ses dernières publications. Le congloméi'at renferme une riche faune de Yertéhrés dont nous devons la connaissance aux travaux du D' Lemoine ; l'ahon- dance et l'intérêt d(^s déhris qu'on y recueille sont môme tellement connus ([ue la plupart des musées d'Europe cherchent encore aujourd'hui à s'en procurer des échantillons. La faune de Cernay se compose presque exclusivement de lMac(^ntaires à l'exception de deux multituberculés : Neopla- i^i(ful(i.v rl Lioloinifs. Ces placentaires sont encore peu spécialisés et il est probable (ju'ils renferment les souches encore indiffé- renciées d'où sont issues les diverses séries de Mammifères. On y trouve un insectivore Adr/pisora:^ d'assez nond^reux Créo- dontes (Carnassiers primitifs) Arctocijon^ Hijdenodictis, des Ongulés primitifs probablement Condylarthres, Pleuraspidothe- l'iiim, Orlliaspidotherhinu enfin Plesiadapis probablement I un des ancêtres des Lémuriens. Tous ces mammifères présentent (piehpies caractères communs ; ils ont cinq doigts, ils sont plantigrades, ayant des productions cornées intermédiaires entre des grilfes et des sabots, un cerveau peu développé, l'encéphale lisse ; la dentition (N)jnf)lète et primitive (44 dents) est faible- mciil sp(''('ialis(M'. Le congloméi-al a Iburiii ('galemenl plusieurs oisiwux, notanuneiit (idslornis Iùh\'f//'(/si\ espèce de grande taille, j)résen- laiil ce caractère (juc les os de la tête uo sont pas fusionnés, alors (|u<' les sulures ont disparu che/ Anluvaptcryx et cluv. h^s foi'ines cr<'tacées. La niAchoire inférieure est creusée d'alvéoles servant a Fimplantatioii des (b^its. I*:l»i;i nelii'v. hU (|ue Sipidlind (,(ii(dri/i, ()iL)it- ÉTUDES SCIENTIFIQUES SUU LE PAYS KEMOIS 49 l((spis Riiloli , 0(1. elegaiis ; des Holocéphales comme Edaphodon liUclildiuH et enfin des Téléoslomes comme Ainia robusla (jiii ne devait guère avoir moins de deux mètres de longueur, et dont les représentants actuels habitent les fleuves de TAmérique du Nord. Le mélange de formes d'eau douce comme les Lepidosteidœ^ les Amiadœ et de formes marines comme les Elasmobranches, les Holocéphales, les Labridœ montre que les couches cernaysiennes se sont déposées dans un estuaire oii se déversaient des cours d'eau. On peut en outre remarquer dans ces couches, Fabondance des Poissons littoraux à dents triturantes, propres à broyer les coquilles des Mollusques. M. Depéret a fait ressortir l'existence dans la faune cernay- sienne de types appartenant à deux catégories distinctes : les uns proviennent de l'évolution sur place de formes plus anciennes, c'est le cas de Néoplaglaulax se rattachant directement au Pla- giaulax des couches de Purbeck (jurassique supérieur) ; les autres résultent de migrations qui ont amené dans nos régions des types entièrement nouveaux ; c'est ainsi qu'il faut signaler l'arrivée en Europe d'espèces originaires de l'Amérique du Nord, notamment des Créodontes (Proviverridés, Arctocyonidés, Méso- nychidés) et des Condylarthres (Phenacodidés) qui existaient déjà dans la faune de Puerco (Nouveau-Mexique) laquelle remonte au début du thanétien. Quant aux insectivores tels (\\i Adapisorex et aux types énigmatiques tels que Pleura spidotheriiiin et Plesiadapis^ ils résulteraient de migrations d'origine encore inconnue. Nous donnons ci-dessous, d'après les derniers travaux du D"" Lemoine, la liste complète des Vertébrés rencontrés jus- qu'alors dans les divers niveaux du thanétien en faisant remarquer que la presque totalité de ces débris provient du conglomérat de Cernay. MAMMIFERES * Ordre des Allolheria. — Neoplagiaulax, Neoctenacodon. Ordre des Ungulata. Sous-ordre des Gondylarthra : Phenacodidœ. — Phenacodus. Pleuraspidolheridœ. — Pleur aspidodierium^ Orthaspidotherium. 50 CONGRÈS DE l'aSSOCIATION FRANÇAISE Ordre des Insectivores : Adapisoridicidœ. — Adapisorex^ Adapisoriculus . Ordre des Garnivora. Sous-ordre des Creodonla : Arctocyonidœ. — Arclocyon, Arctocyonides, Arctotherium, Plesies- thonyx, Mesonychidœ. — Plcsidissacus. Proviverridœ. — Hyœnodictis, Procynictis. Ordre des Primates. Sous-ordre des Prosimiœ : Plesiadapis, Crcoadapis. OISEAUX Gastornis, Remiornis, Eupterornis. REPTILES Ordre des Grocodilia. — Diplocynodon. Ordre des Lacerlilia. — Vertèbres et mâchoires. Ordre d(îs Rynchocephalia. — Siniœdosauriis. Ordre des Testudinata. — Trionyx^ Euclastes, Emys. BATRACIENS Ordre des Urodela. — Vertèbres. POISSONS (D'après le travail de F. Priem) Elasmobranches. — Acant/iias, Squatina, Myliobatis^ Âetobatis, Odon- taspis, Lanma^ Otodiis^ Oxyrhina, Carcharodon, Galeocerdo. Ilolocéphales. — Edaphodon. Téléostomes. — Arnia^ Lepidosteus. 2" Etag^e sparnacien. — On sait que le début du sparnacion a été inai(jué pai* un ni.)uv(Miient de d(*sconte générale du bassin do Paris, aussi les dépots d(^ relte épocjue se présentent en transata. T. hybrida. Leplon lavigalum. T. iiiniilala. Mrycina longidentala. Doiiax siibl.ifvis. Grassatclla pro|)in,|iia I). arnlata. Cardita plaiiicosta. Mcrririx |tr.»\itii.i C. euda>dala. M. snlralaiia. (]. ai/yonsis. M. aiiibigua. C:. Prevosli. KTUDES SCIENTIFIQUES SUR LE PAYS REMOIS 57 G. cuneata. G. decussata. Goodallia Lncvigata. Lulelia umbonata. Woodia profunda. Nucula fragilis. Nuculana laevigata. Trinacria inœquilateralis. Tr. Baudoni. Axinea humilis. Arca effossa. Modiolaria hastata. Avicula Wateleli. Amussium squamula. Ostrea rarilamella. 0. submissa. Dentalium incertum. D. nitidum. D. lucidum. Siphonodentalium brève. Tinostoma mite. Gollonia callifera. » G. turbinata. Nerita tricarinata. Neritina zonaria. N. Bouryi. Syrnola nitida. S. polygyrata. S. spiculura. S. obesula. Odontostomia hordeola. Turbonilla turella. Euliraa subnitida. Niso constricta. Scalaria Lamarcki. Littoriniscala asperrima. Adeorbis planorbularis. A. similis. A. bicarinatus. Natica separata. N. epiglottinoides. N. perforata. N. hantoniensis. N. infundibulum. Sigaretus Levesquei. AmpuUina splendida. A. semipatula. A. Levesquei. A. sinuosa. Xenophora Gravesi. X. nummulitifera. Galyptrœa suessioniensis. Rissoia misera. Paryphostoma minus. Solarium bistriatum. • S. patulum. Faunus Dufresnei. Melanopsis ovularis. Bayania ventriculosa. B. hordacea. B. fibula. Turritella hybrida. T. Solanderi. Mesalia turbinoides. Sandbergeria regularis. Fastigiella gibbosula. Bittium semigranulosum. Gerithiopsis parcecostata. Trypanaxis pervia. Rimella interrupta ? R. lucida ? Terebellum fusiforme. Pirula tricostata. Triton Lejeunei. Murex foliaceus. Typhis coronarius. Pseudoliva obtusa. Gominella acies. Laevibuccinum cylindraceum. Siphonalia arenaria. Mitra aizyensis. Voluta angusta. Volutilithes elevatus. V. depressus. V. plicatellus. Olivella mitreola. Ancilla buccinoides. 58 coNGHÈs m: l'association française A, arenaria. A. canalifera. Ganccllaria intmupta. C, nana. C. (lul)ia. Cryploconus inloi'|)()silus. Oligotoma <|uadririncla. Pleurotoma subelegans? P. exornata. P. lerebralis. 1^. calcnula. P. polycesta^ 1'. (Jecipiens. P. melablela, P. Presfwiclu. P. Mellevillei. P. Lajonkairei. P. expcdila. P. strialularis. P. distans. P. oligocolpa. P. lonuislriala. Drillia turella. 1). lilifera. D. granulala. D. Mausseneti. liapliiloma plicata. R. siibattenuata. R. slriolaris. R. citliarella. R. Icptocolpa. Aclaon turgidus. A. eleclus. A. procerus. Volvaria Lamarcki. Volvula radius. Scapliandei" dislans. Cylichna lîruguieri. C. cylindroides. C. consors. G. sectifera. C. conulus. C. coronata. Atys ovulata. A. semistriala. Ringicula minor. lîeloptera Levesfjuei. Serpula heptagona, Turbinia gr-atiosa. Sai'gus incisivus ? Nummulites hi'vigata. N. planulata. Celte l)an(le sableuse supérieure aux lignites peut être suivie (le|)uis Sapicouit jusc|ue ( iueux et Par^ny en remontant la vallée de la \ esK;, el maigre Tibsence de fossiles, il faîil eeilainement y rap- porter le haiie de sable plus ou moins argileux (jui surmonte toutes les exploitations de ligniles, depuis MonUhenot jus({ue Trépail en contournanl la Montagne de Reims, et (jui occupe ainsi la même j)ositi()n slraligraphi([ue (jue les sables à Unios et Térédines de ( Jiis, (Ibavost et Ay. Ajoutons enlin (pTiJ j)araîl assez, dillicile de placer les sables à TiTedincs loiit au sonnnel de lyprésien, car entre eux et les maiiH's l(ini(u)sl(i à (liicux, Sapicourf et .loniluMV, tandis que les Nummulites occiiprut un niveau plus clcvc au milieu des grains de quail/ loidcs, ou a la base des formations plus compactes. Alors se développent les assises du ( aliaiit^ grossier moyen. ÉTUDES SCIENTIFIQUES SUR LE PAYS REMOIS 61 A la base se trouve un calcaire tendre, sableux, renfermant en bon état de conservation un grand nombre de fossiles parmi lesquels nous relèverons : Solen plagiaulax^ Corbula gallica, Cythercn lœvigata., Turritella imbricataria^ Clavilithes Noae^ Volu- tilithes splnosuSy Ancilla huccinoides^ Hipponyx cornucopiœ^ Cyprœa elegans^ Conus diversifornis^ etc. ; on en trouvera la liste soit dans les notices sur Reims publiées à l'occasion du Congrès de 1880, soit dans les comptes rendus d'excursions de la Société d'étude des Sciences naturelles à Pévy, Chamery, Boursault, Gueux, Damery, Vrigny. Au-dessus vient un calcaire compact à Cerithium giganteum exploité pour les constructions à Pévy, Chenay, Hermonville, Jonchery, Courville, etc. 11 devient d'autant plus épais et plus compact qu'on s'avance davantage vers Touest, c'est-à-dire que les sédiments étaient d'autant plus fins et plus abondants que l'on s'éloignait davantage du rivage et que la mer devenait plus profonde. A Hermonville et à Courville où de grandes carrières sont ouvertes dans ce calcaire, on voit des bancs durs compacts alterner avec des couches plus friables ou des calcaires cariés, et l'épaisseur totale peut atteindre une douzaine de mètres. Vers la partie supérieure, des rognons aplatis puis des plaquettes de silex ménilite viennent s'intercaler au milieu du calcaire et les fossiles eux-mêmes se trouvent à l'état de moules siliceux. Alors se développent des couches sableuses renfermant une riche faune caractérisée par Cerithium serratum^ Potamides conoideus^ Lampania echinoides^ Bayania lactea^ Lucina saxorum^ Lithocardium aviculare^ etc. A Hervelon un banc de calcaire siliceux est intercalé au milieu de ces sables qui passent vers le sommet à un grès tendre supportant directement les caillasses. A Hervelon les caillasses débutent par un mince lit d'argile ferrugineuse que surmontent des marnes blanches avec lits d'argile noire intercalée ; au-dessus apparaît un premier banc de calcaire blanc crayeux à grain très fin à partir duquel se développe la série épaisse d'une dizaine de mètres des marnes blanches et vertes avec intercalation de caillasses. En général ces couches sont peu fossilifères, on rencontre cependant un banc calcaire à Potamides lapidum au-dessus d'Hervelon. Si nous nous dirigeons maintenant des environs de Prouilly et Jonchery vers Gueux, Sacy et Chamery, nous allons voir le faciès du calcaire grossier se modifier très sensiblement ; à Gueux il est déjà plus sableux et les bancs compacts sont moins déve- 02 CONGRÈS DE L ASSOCIATION FRANÇAISE lopj)és ; à Sacy, l'épaisseur est encore plus faible, et si l'on retrouve la zone inférieure à Cardita jdanicosta, les couches à C. giganlcmn sont à l'état de gravier calcaire facile à désagréger et ne devenant compact que vers le sommet; enfin à Ghamery, Cardita planicosia semble faire défaut et tout le calcaire grossier moyen *se présente sous cet aspect de sable calcaire très riche en fossiles admirablement conservés qui indique un faciès littoral; on voit en effet ces couches disparaître complètement entre Ghamery et Sermiers, seules persistent au-dessus des sables yprésiens dos marnes et des argiles sans intercalation de bancs calcaires. Le même faciès sableux se retrouve à Gourtagnon, Nanteuil- la-Fosse, Damery, de telle sorte que le rivage de la mer lutétienne se trouve nettement indiqué par une ligne qui irait de Ghamery à Damery. Vers le nord, cette ligne venait passer à Test de Ghenay et d'Hermonville, mais il est très probable qu'elle n'attei- gnait pas les hauteurs de Brimont, car l'érosion qui a respecté les sables meubles du thanétien, n'aurait pas entamé davantage les formations plus résistantes du calcaire grossier. J'ajouterai que si les couches inférieures à Cardita planicosia ne s'étendent pas aussi loin vers l'est que le calcaire grossier moyen, la trans- gression marine a été moindre que ne le pensait Hébert et que je ne l'avais moi-même indiquée antérieurement. On a (*onsi(h'îré jus(|u'alors les argiles vertes et rouges avec grains pisolithiques d'oxyde de fer qui surmontent les sables yprésiens, depuis Rilly jusqu'aux environs d'Epernay, comme le représentant exclusif du lutétien supérieur, dont le faciès lagu- naire des caillassc^s aurait eu une plus grande extension vers l'est que la mer (hi lutétien inférieur ou moyen ; les considérations que j'ai développées plus haut au sujet de la continuité des dépôts dans la Montagne de Heims me portent à penser au contraire que ces argihîs pourraient vraisemblablement être assimilées au lutétien tout entier dont les zones inférieure et moyenne auraient ainsi hnir représentant saumAtre ou même lacustre ; l'absence <'omj)lète de fossiles ne permet pas malheureusement d'arriver à une (-ertitude à cet égard. Bta^e bartonîen. Les sabh^s d(» Heauehamp ne se retrou- vent en place qu'à l'ouest de Kismes c{ on peut l«»s étudier à Mont- Saint-Marlin et aux (Mivirons de Mont-Notre-Dame, mais Texistence GHES 1)K L ASSOCIATION FRANÇAISE sier vers l'est, mais un synclinal parfois occupé par des lagunes réa[)paraissait plus à l'est, expli([uant ainsi l'extension orientale de certains dépôts comme nous l'avons vu plus haut. J'ai émis enfin l'hypothèse d'un second axe parallèle au précé- dent le long de la falaise de Champagne et affectant les divers étages du crétacé supérieur. En général les dépôts meubles du tertiaire se sont facilement prêtés à ces mouvements de plissement ; seules les couches plus résistantes du calcaire grossier ont été crevassées, fissurées et présentent en certains points une série de failles parallèles tout à fait indé()endantes des cassures qui s'observent habituellement à flanc (le coteau. C'est ce qu'on observe à Pargny-Iès-Reims où dans la tranchée du chemin de fer de banlieue on peut observer 1^1 failles orientées nord-sud parallèlement à la ligne de faite. Le col de Pargny, qui permet la communication entre les vallées de la Vesle et de l'Ardre, semble résulter lui-même d'un efl'ondre- ment local limité })ar deux systèmes de failles perpendiculaires aux précédentes. Il est assez curieux de constater que les failles signalées par M. Péron dans la craie de Reims à Dieu-Lumière sont également orientées nord-sud. Au début des temps ([uaternaires, la Champagno et les pays (pii la bordent se présentent donc sous l'aspect d'une plaine ondulée et surélevée dont la pente générale est dirigée vers le nord-ouest. Un réseau fluvial assez peu diflerent dans son ensend)le du réseau actuel va donc s'y établir, et les lignes |)rin- cipales en seront constituées par des couis iVrixu conséquents parallèles aux lignes de plus grande pente et situés dans l'axe des synclicaux, avec des affluents perpendiculaires à leui' direction. Sur une roche tendre et homogène comme la craie, ce système fluvial diîvait conserver sa régularité |)resque géomé- tri(|ue, et nous avons déjà la raison de la disposition orthogonale des cours d'eau dans la plaine crétacée; mais il n'en a plus ele (Ir iiH'iMc h travers \c j)laleau Icrliaii'e non plus (|ue dans les r toul cnlier, dej)uis les couches les plus infci ictiic^ du ceiiomani«Mi ÉTUDES SCIENTIFIQUES SUR LE PAYS REMOIS 71 jusqu'aux premières assises du sénoriien. Tout cet ensemble forme un massif presque homogène, présentant sensiblement la même résistance à l'érosion, et qui a dû être entamé partout avec la même vitesse. Mais le changement de faciès du cénomanien vers le nord où les argiles crayeuses à Ostracées font place à la gaize siliceuse, a permis au massif de l'Argonne de conserver son relief primitif, tandis qu'en avant de lui les couches sableuses à Pecten asper et les marnes du cénomanien supérieur et du turonien étaient entraînées par les eaux. On comprend ainsi que la falaise, unique entre Arzillières et Vanault-les-Dames, se dédouble à partir de Passavant pour former deux crêtes parallèles : le massif de l'Argonne et les Monts-de-Ghampagne. Entre elles, dans ce large sillon du Vallage que draine aujourd'hui la rivière d'Aisne, un cours d'eau dont les atterrissements sont marqués par des lits de graviers anciens depuis Sainte-Ménehould jusque Gharmont, venait se déverser dans la plaine du Perthois, mêlant ses eaux à celles de la Ghée, de l'Ornain, de la Saulx, de la Marne et peut- être aussi de l'Aube qui remontait vers le nord par les plaines marécageuses de la Voire, contournant ainsi l'anticlinal hypothé- tique dont nous avons parlé. Sur leur trajet, ces divers cours d'eau démantelaient les assises jurassiques et principalement les calcaires portlandiens du Barrois qui, réduits en graviers, forment des lits épais et discontinus dans la plaine du Perthois au-dessus des argiles du gault, et ce sont ces mêmes graviers d'origine portlandienne que la Marne a repris et étalés dans toute sa vallée, depuis Vitry-le-Francois jusque bien au delà d'Epernay, y ajoutant des galets de craie pendant la traversée de la plaine de Ghampagne ou des cailloux de meulière à partir du massif tertiaire. Dans le large synclinal de la Somme., ce sont encore les conditions géologiques qui règlent la situation des cours d'eau ; ainsi TArdre se trouve très exactement à la limite d'extension de la meulière de Brie ; le calcaire de Saint-Ouen ne franchit pas la vallée de la Vesle, et la Suippe a été rejetée vers le nord par le massif de craie de Moronvilliers qu'un manteau de meulière aujourd'hui démantelé protégeait contre l'érosion. Enfin, la vallée profonde qui, par Witry-lès-Reims et Bazancourt, limite au nord le Mont-de-Berru, et qui permit peut-être jadis aux eaux de la Vesle de communiquer directement avec celles de la Suippe, occupe, elle aussi, l'un des bords de l'ancien lac de Brie. 72 CONGHKS DE l'aSSOCIATION FRANÇAISE Enfin ranliclinal de Sczanne, dirigé nord-sud, n'a probal)le- ment pas été étranger à la Ibrmation de la falaise tertiaire, et le travail des eaux s'est trouvé facilité par les caractères pétrogra- phicpies des formations littorales de l'éocène qui, étant plus jneuhles, ont été plus facilement entraînées. Seul le banc de meulière qui couronne aujourd'hui le plateau pouvait opposer une résistance sérieuse à l'érosion, mais il a été démantelé par l'entraînement des couches meubles sous-jacentes. Puis une fois la craie mise à nu, l'action dissolvante de l'eau est venue concou- rir, avec l'action mécanique, à l'ablation de la plaine de Cham- pagne, et encore de nos jours ce travail chimique n'est pas négli- geable. Si nous admettons que le tiers des eaux de pluie profite à la nappe d'infiltration, la plaine crétacée serait traversée chacjue année par une couche de 220 millimètres d'épaisseur, capable de dissoudre 66 grammes de craie par mètre carré, soit 6 kil. 6 par siècle, correspondant à une couche de 4 à 5 millimètres d'épais- seur. Un million d'années suffirait donc encore pour provoquer, avec le régime actuel, une ablation de 40 à 50 mètres et accentuer d'autant le relief de la falaise. Cependant nos cours d'eau étaient parvenus à régulariser leur lit, et ils étalaient dans leurs larges vallées d'épaisses couches de graviers. A Châlons sur-Marne, ils s'étendent depuis Fagnières jus(|u'au delà de Saint-Mcmmie sur une largeur de plus de 4 kilo- mètres ; à Reims, la Vesle, avec les affluents qui descendaient de Villers-Allerand, de Chamery, de Villedommange, formait depuis Fléchambault jusqu'aux Mesneux une nappe d'eau de 5 kilomètres de largeur, et elle atteignait encore 1.200 mètres à Jonchery. Mais par suite d'un affaissement des lignes de rivage, à ce régime d'équilibre vint succéder une nouvelle phase de creuse- ment, et nos rivières se mirent à aflbuiller les graviers anciens pour rassembler leurs eaux dans un lit plus étroit, à une trentaine de mètres plus bas que le premier. Alors que sur le flanc oriental des vallons orientés sud-nord, il paraît y avoir une indépendance coniplète entre les graviers anciens à silex tailles de la période |)alé()lilln(|ue et ceux des bas niveaux avec insliinnents de répocjue néolithique, au contraire les deux séries d'alluvions sont r(diées Time a l'autre sur le versant occidental. (]'<'st ce (|ue montre bien relude des dépôts dans la valb'e de la \ Csle eoimne dans celles de la Muire et du Houillat ; eha<|ue cours d^îau a|)profon(lissant son lit Ta deblave completenieiil des ajlnvions an( ieniH^s sur sa l'ive eoneavt» j)our ÉTUDES SCIENTIFIQUES SUR LE PAYS REMOIS 73 rejeter ces mêmes alluvions sur la rive convexe. Et ainsi s'ex- plique la découverte simultanée de silex taillés et de silex polis, sur les pentes qui unissent les deux niveaux de graviers ; ils y sont associés à Fléchambault à des ossements recueillis par Lemoine : tète de Renne, dents de Mammouth, de Cerf, de Bœuf, de Cheval. C'est vraisemblablement pendant cette dernière phase du creusement de nos vallées que se sont produits les phénomènes de capture signalés par Dawis. Avant la formation de la falaise, les cours d'eau conséquents de la plaine de Champagne se conti- nuaient naturellement à travers le plateau tertiaire. La Soude se continuait avec le Surmelin, la Somme avec le Petit-Morin et la Maurienne avec le Grand-Morin. Par suite d'un approfondissement plus rapide des vallées de la Marne et de l'Aube, la Soude et la Somme ont été déviées vers la Marne, tandis que la Vaure et la Maurienne étaient détournées au profit de l'Aube ; aujourd'hui encore, le ruisseau des Auges à Sézanne fait communiquer direc- tement le Grand-Morin, affluent de la Marne, avec la Maurienne, et, par suite, avec l'Aube. De même le recul progressif de la falaise de Champagne, en face de Changy, a eu pour effet de décapiter le Fion, dont le cours supérieur actuel n'est plus constitué que par l'un de ses anciens affluents. Et plus au nord, la Meuse perdait une partie de la Bar, décapitée également au profit de l'Aisne. Ajoutons que certaines sources incrustantes de la période quaternaire ont laissé des dépôts calcaires importants, comme on l'observe à Perles, près de Fismes, où ces tufs atteignent plusieurs mètres d'épaisseur. Les empreintes végétales y abondent et l'on en pourrait reprendre avec intérêt l'étude ébauchée jadis par Bleicher. Enfin, au début de la période actuelle, des bois de conifères devaient couvrir une partie de la Champagne, et on en retrouve d'abondants débris dans les marais de Saint-Gond et dans les tourbières des vallées de PAube. Il est assez curieux de constater que le Pin silvestre, qui existait alors en Champagne, a disparu vraisemblablement à la suite de changements climatériques, et il a fallu le réimporter dans nos contrées. C'est à la fin du xvii*' siècle que le baron de Pinteville rapporta de la Forêt Noire, pour les placer aux abords du château de Gernon, les premiers Pins sil- vestres, origine des plantations qui couvrent actuellement la Champagne. 74 CONGRÈS DE l'association FRANÇAISE niHLIOGllAPUlE Aumônier et Eck. — Notice sur la constitution géologique de la Montagne de Berru. (Mémoire couronné par l Académie de Reims en iSlO," Beims, 1873.) lÎKitTiiKLiN. — Coup d'œil sur la faune rhi/.opodique du calcaire grossier infé- rieur de la Marne. {Association franc, ('ongrès de Reims ^ 1880.) De Boissy. — Description des coquilles fossiles du calcaire lacustre de Rilly- la-Montagne {Mém. de la Soc. (jéol. de Fr.^ 2« série, tome IV, 18'*6.) HuvicNiKK. — Carie géologique du département de la Marne au 1/80.000, 185 i, Carez. — Sur la présence de fossiles marins dans les sables de Rilly-la- Montagne. (Bull, de la Soc. géol. de France., 1877.) CooREMAN et DoLLFUs. — Compte rendu des excursions de la session extraor- dinaire de la Société belge de géologie, hydrologie et paléontologie, 1901. Dkpéret. — L'évolution des Mammifères tertiaires, importance des migrations. [C. B dcl\ic. des Se, 1905.) G. DoLLFus. — Note sur une nouvelle coupe observée à Rilly-la-Montagne. [Ann. de la Soc. géol. du Nord, 1876.) G. DoLLi us. — Recherches sur les ondulations des couches tertiaires dans le bassin de Paris. {Bull, des serv. de la (Jartc géol. de France, 1890.) Eck. — Sur les sables blancs et les marnes lacustres de Rilly-la-Montagne. {liull. de la Soc. géol. de Fr.^ 1877.) Albert Gaudrv. — Note sur les travaux scientifiques de Victor Lemoine. {Bull. Soc. géol. de Fr., 1898, Cette note renferme une bibliographie complète des travaux (lu D"^ Lemoine. Hébert. — Aperçu géologique sur la succession et le mode de formation des couches éocènes du bassin de Paris. {Bull, de la Soc. géol. de Fr., 1849.) Hébert. — Sur l'Age des sables blancs et des marnes àPhysa gigantea de Rilly. (Ibid., 1853.) Hébert. — Sur une nouvelle extension dans le bassin de Paris des marnes lacustres et des sables de Rilly. {Ibid., 1854.) Hébert. — {liull. Soc. géol de Fr., 1862.) De Lapi'arent. — Traité de géologie, 5« édition, Paris, 1905. J. Laurent. — Queltjues observations straligraphiqucs entre Jonchery et Hor- vclon. {liull. de la Soc. d'études des Se. riat. de BcimSy 1896.) J. Laurent. — Sur l'extension de la Meulière de Brie et de la Craie à Bélem- nilolles à l'est du bassin de Paris. {Ibid., 1899.) V. Lemoine. — Ossements fossiles des terrains tertiaires inférieurs des envi- rons (le Reims, {liull. de la Soc. d'hist. nat. de Reims^ 1878 et Ann. Se. nat. zoologie, 6c série, t VII, 1878.) V. Li'MoiNi. — Sur les ossements fossiles des terrains tertiaires inférieurs des environs de Ilciins. {Ass. fr. Congres de Montpellier, 1879.) V. Lemoine. — Aperçu sur la formation géologique qu'on peut observer d.ms les environs de Krims. (.Xolircs sur Rcinis publiées ù iorcasiou du Congrès de r.t/us. I8K(I ) Lemoine fl Acmonikh . — TonMins iiiii.iir(>s des environs ilc Ueiins. \^Assoc. fratir. (^ongri's de Reims, 1880.) V i,iMoiNi. — \.i' conglomérai de Ceni.iy il la lauue cerna ysienne. {Assuc. fnuK . f'ttugrc.^ (le Reims. ISSO.) ÉTUDE SCIENTIFIQUE SUR LE PAYS REMOIS 75 V. Lemoine. — Recherches sur les Oiseaux fossiles des terrains tertiaires infé- rieurs des environs de Reims. (Reims, t. I, 1878, t. II, 1881.) V. Lemoine. — Note sur le Simœdosaure. (C. /?. des séances de la Soc. géol. de Fr., 1885.) V. Lemoine. — Sur l'ensemble des recherches paléontologiques faites dans les terrains tertiaires inférieurs des environs de Reims. (C. R. Acad. des Se, 1887.) V. Lemoine. — Sur quelques Mammifères carnassiers recueillis dans 1 eocène inférieur des environs de Reims. (C. R. de l'Acad. des Sc.^ 1888.) V. Lemoine. — Etude sur les couches de l'éocène inférieur qui contiennent la faune cernaysienne. {Bull, de la Soc. géol. de Fr., 1896.) M. Leriche. — Faune ichthyologique des sables à Unios et Térédines des envi- rons d'Epernay. {Ann. Soc. géol. du Nord, 1900.) M. Leriche. — Sur l'âge des sables à Unios et Térédines des environs d'Eper- nay. (Bull. Soc. géol. de Fr., 1904). M. Leriche. — Observations sur la classification des assises paléocènes et éocènes du bassin de Paris. {Ann, Soc. géol. du Nord, 1905.) E. Maussenet. — Classement et lieux de provenance d'une collection conchylio- logique recueillie dans le bassin de Paris. (^Bull. de la Soc. d'agr. se. et arts de la Marne, 1903.) Munier-Chalmas. — Notice sur ses travaux scientifiques, Lille, 1903. Peron. — Sur une coupe de la montagne de Reims au-dessus du tunnel de Rilly. (Assoc. franc. Congrès de Reims, 1880.) Prestwich. — Bull. Soc. géol. de Fr., 2* série, t. X. F. Priem. — Sur les poissons de l'éocène inférieur des environs de Reims. (5m//. de la Soc. géol. de Fr. 1901.) Natalis Rondot, — Etude géologique du pays de Reims. {Ann. de l'Académie de Reims, 1843.) TuNiOT. — Sur un nouveau gisement fossilifère de la Marne. (Bull, de la Soc. d'ét. des se. nat. de Reims, 1902.) De Saporta. — Prodrome d'une flore fossile des travertins anciens de Sézanne. (Mém. Soc. géol. de Fr.^ 1868.) Vélain. — Comptes rendus des excursions à Damery et au Mont-Bernon, à Rilly-la-Montagne et Sézanne. (Bull, de la Soc. géol. de France, 1889.) Bulletin de la Soc. d'ét. des se. natur. de Reims, 1890-1906. — Comptes rendus d'excursions à Pévy, Rilly, Germaine, Chamery, Châlons-sur-Vesle, Boursault, Jonchery, Sapicourt, Fleury-la-Rivière, Gueux, Mont-Bernon, Cumières, Damery, Vrigny, etc. Carte géologique au 1/80.000®, feuilles de Reims et Châlons. I IV. - LES SOLS CULTIVÉS Une classification rationnelle des sols cultivés basée sur leur origine géologique n'a encore été établie que pour une partie de la plaine de Champagne et du massif tertiaire, et le travail reste à faire pour la falaise crétacée et sa bordure orientale. Cependant on peut prévoir, d'après la nature du sous-sol et le mode de distribution des alluvions, les grandes lignes de cette classi- fication. Le Perthois, — Les alluvions quaternaires occupent la presque totalité de la surface du Perthois ; elles sont formées à la base de graviers calcaires que surmonte une couche de limons argilo-siliceux dont l'épaisseur varie d'un point à un autre. Leur richesse en azote est variable ; plus élevée dans les prairies, plus faible dans les terres cultivées, elle ne peut être considérée comme une caractéristique des sols de la région ; on peut remarquer simplement leur richesse suffisante en potasse (2 à 4 pour 1000) ; souvent la dose d'acide phosphorique s'abaisse au-dessous de 1/1000 avec une proportion de chaux toujours très faible et comprise entre 1,5 et 11 pour 1000. Il peut être curieux de constater que les rivières qui conver- gent vers le Perthois après avoir toutes parcouru des contrées calcaires, ont pu donner des terres aussi pauvres en chaux. C'est que des phénomènes de décalcification opérés par les eaux d'infil- tration sont intervenus postérieurement au dépôt des limons, entraînant le calcaire et respectant seulement l'argile et la silice. De là des terres fortes, difficilement perméables, d'autant plus fertiles que la nappe d'infiltration occupe d'une façon permanente les graviers sous-jacents ; mais cette fertilité tient plutôt aux qualités physiques du sol et à sa profondeur qu'à sa richesse en éléments fertilisants. 78 CONGRÈS DE l'aSSOCIATION FRANÇAISE Là OÙ Tépaisseur du sol devient insuffisante, des terres de grève forment des sols médiocres trop perméables où les récoltes souffrent des périodes de sécheresse ; ces terres de grève paraissent surtout développées entre la Vière et la Ghée, mais on peut les retrouver çà et là à la surface du Perthois. Enfin en divers points les alluvions anciennes ont été ravinées, et les (irgilcs du i^aull vont constituer directement le sol cultivé. A signaler enfin l'existence de prairies fréquemment inondées le long de la Marne, de la Ghée, de la Saulx, de TOrnain, où le sol est vraisemblablement plus riche en calcaire. La Vallée de la Marne. — Nous avons vu que les graviers portlandiens avec les limons qui les recouvrent occupent égale- ment toute la vallée de la Marne dans sa traversée de la plaine champenoise. Chaque année encore, la rivière vient y déposer ses limons, de sorte qu'on devra trouver quelque analogie de constitution physique entre les terres d'ajaux de la vallée et les limons du Perthois. Et cependant les analyses chimiques donnent des résultats bien différents : 1,5 à 2 pour 1000 d'acide phosphorique, 3,2 à 5 pour 1000 de potasse et de 41 à 50 pour 100 de calcaire. C'est que les phénomènes de décalcification dont nous avons parlé ne pouvaient pas se produire dans une vallée étroite qui continuait à recevoir, non seulement les eaux calcaires de la rivière à chaque crue, mais encore les eaux d'infiltration et de ruissellement satu- rées de calcaire du plateau de Champagne que draine la vallée. Les différences décomposition chimi([ue accusent en même temps \\\\ autre phénomène ; c'est l'entraînement simultané de l'acide phos|)hori(jue et d'une petite partie de la potasse pendant la décalcification ; et l'on comprend ainsi que la plupart des limons des plateaux qui sont généralement des limons décalcifiés présen- tent très sensiblement la même composition chimique, (pielle (jue soit huir origine géologi(|ue ; nous verrons ainsi cpie le limon des plateaux de la région du Soissonnais possède sensiblement les mêmes proportions d'éléments fertilisants (|ue les terres du J^ertbois (jue n'atteignent plus actuellement les inondations. La Falaise crétacée. — A Vanault-les-l)ames, le pied ih» la falaise <'st constitué par les marnes crayeuses à Oslracées ipii supportent /.v rrdjjcn.r, généralement peu profonds, provenant (le l'altération sur place de la craie superficielle; leur pernu'ahililé est grande sans être exagérée; la craie fissurée, (pii constitue le sous-sol, ne laissant passer Teau que peu à peu. Ils sont riches en azote et en acide phosphoricjue, pauvres en potasse. 2° Les îj^ raviers crayeux, dont l'épaisseur atteint souvent plusieurs mètres, l'ormés de fragments roulés de craie ne dépas- sant guère un centimètre de diamètre, et réunis par un ciment crayeux plus ou moins friable. Ils donnent des terres meubles excessivement perméables dont on ne peut tirer un bon parti que par des apports considérables de fumiers qui maintiennent une proportion convenable d'humus. Ils forment la majeure partie des terres cultivées en Champagne; leur composition chimique diffère assez peu de celle des sols crayeux. 3" Les alluvions modernes^ sols profonds, argileux, humides, plantés de peupliers ou transformés en prairies ; ils constituent les terres les ])lus fertiles de la Champagne ; mais leur étendue est toujours restreinte. Dans les vallées de la Vesle, du Petit- Morin, de la Vaure, ils sont occupés par des marais recouvrant une couche de tourbe dont l'épaisseur peut varier depuis quel- ques centimètres jusque un mètre et au delà; défrichés et livrés au voisinage de Reims à la culture maraîchère, ils forment des terres noires, riches en humus et par suite en azote (4 à 6 pour 1.000) avec deux à trois millièmes d'acide phosphorique et de potasse; V' Les limons rouf^es auxquels on peut attribuer une double oi-igine : ils pourraient résulter d'une part des résidus de la dissolution de la enraie par les eaux d'infiltration, et d'autre part, d'une accunuilation par les vents de poussières ((ui auraient été maintenucîs en |)lac(i par la végétation ; la pénétration facile de l'oxygène aurait déterminé ultérieurement l'oxydation du fer, ci la coloration rouge caractéristi(|ue. Ces divers phénonu^nes auraient ph se réj)éter sur toute la surface de la plaine i\c (^.ham- pagne, mais on n<' |)out retrouver ces limons i\ui\ la surface des plateaux, là où \v riiisselbMucnl ii'(*sl j)as intervenu |)(Mir h^s entraîner. Au voisinage^ du massif l(>rtiaire où dominent h^s cléments sableux, les limons rouges attiMgnent um» tq)aiss(Mir («xceplion- n<'llr ( oiiiinc on pcMil le constater facilement à lîourixoiine, à jiroximitc des li;mlciiis Av Hrimont, on à \\ ilrv-les-Ueims, au I ÉTUDES SCIENTIFIQUES SUR LE PAYS REMOIS 81 pied du Mont-de-Berru, ou enfin au-dessus de la bande sableuse qui de Lavannes s'étend jusqu'au voisinage de Bazancourt ; mais malgré leur situation sur la craie, ces masses de loess appar- tiennent bien au tertiaire qui en a fourni les éléments. Au point de vue physique, les limons rouges sont remar- quables par la proportion plus considérable des éléments fins et par la richesse plus grande de la terre fine en argile et en sable. A l'analyse chimique, ils se montrent sensiblement plus riches en potasse et plus pauvres en acide phosphorique que les graviers crayeux. Les lignes de démarcation entre ces diverses catégories de sols ne sont jamais bien tranchées ; si par exception on passe brusquement des sols de craie aux limons rouges lorsqu'on s'élève au sommet des plateaux, on voit ces mêmes limons se mélanger aux graviers crayeux qui passent eux-mêmes insensi- blement aux alluvions modernes. La Montagne de Saint-Thierry et le Soissonnais, — Ici les catégories de sols deviennent plus nombreuses à cause des changements pétrographiques d'un étage à l'autre de l'éocène. 1" Le sommet des plateaux au-dessus d'Hermonville et Trigny est occupé par des terres argileuses, mélangées de gros cailloux calcaires qui leur donnent quelque perméabilité et qui pro- viennent des caillasses ; 2" Au pied des talus incultes du calcaire grossier et au niveau de l'yprésien sont des sols sablonneux, contenant cinq à treize pour cent de calcaire, apportés en majeure partie par des éboulis de calcaire grossier; en général ce sont des terres pauvres, caillouteuses, plantées de vignes, manquant d'acide phosphorique et d'azote ; 3*^ Immédiatement au-dessous commencent les dépôts meu- bles sur les pentes; atteignant plusieurs mètres d'épaisseur en amont du confluent des vallées transversales, comme on peut le constater à Prouilly et à Fismes, où on les a exploités pour la briqueterie, ils s'étendent à peu près sans interruption sur toute la surface du sparnacien et du lutétien, laissant percer çà et là des argiles, des sables blancs, des graviers anciens, ou bien disparaissant sous des éboulis qui résultent du glissement en masse du calcaire grossier et des sables yprésiens sur l'argile délayée par les pluies. 82 CONGRÈS DE l'aSSOCIATION FRANÇAISE Ces limons argilo-siliceux vont présenter une composition assez uniforme ; toujours très faible, la proportion de chaux s'y abaisse souvent au-dessous de un pour cent à cause des phéno- mènes de décalcification dont nous avons parlé plus haut ; ils sont riches en potasse et pauvres en acide phosphorique. Fertiles lorsqu'ils sont profonds, ils deviennent très perméables et à peu près stériles lors((u'ils forment une couche mince au-dessus des graviers anciens de la Vesle ou des sables blancs du thanétien. Par rétendue qu'ils occupent, par les caractères spéciaux qu'ils impriment h toute la flore, ils jouent le même rôle dans cette région ([ue les graviers crayeux dans la plaine de Champagne. ^i" Des sols argileux appartenant au sparnacien se montrent en lambeaux isolés au voisinage du point d'affleurement des sources ; 5" Les sables blancs thanétiens forment des sols excessive- ment perméables et qu'on ne peut guère utiliser que pour la culture forestière ; f)" Il reste enfin à signaler ces petits marais, ces « Congés », que nous avons indiqués antérieurement depuis Hermonville jusqu'à Pévy, au fond de tous les vallons secondaires, et qui sont occupés par une épaisse couche de tourbe. A partir de Pévy, les mêmes limons argilo-siliceux qui couvrent les pentes paraissent s'étendre au-dessus des caillasses couronnant les plateaux de terres profondes et fertiles. Ils proviennent proba- blement de l'altération par les agents atmosphériques des sables de Bcauchamp fossilifères à Mont-Saint-Martin. C'est ainsi que le territoire de Fismes paraît uniformément recouvert d'un manteau de limons sensiblement identiques et qui masquent en giande partie la constitution géologique du sous-sol. C'est seulement sous forme de lambeaux isolés qu'on distingue çà et là, quehjues affleu- rements de caillasses, les talus couverts de broussailles du calcaire grossier, les graviers anciens de la Vesle ou les lignites du spar- nacien. Ces particularités vont être la caractéristique de la région du Soissonnais, à huiuelle se rattache naturellement la plus grande partie du canton de Fismes. Ajoutons (|u'un fait impoilant se (b'gagc» dc^s nombrtMises ana- lyses des sols (le (('lie région, c'(»st (|ue toutes les formations sableuses du tertiaire, lorscpi'cdles ont été suffisamment ravinées et modifiées |)ar les ag(Mits alniosphéiicpies, doniieul des terres ayant seiisiblem<'Mt b^s inènies caractères et la même \ ;deiir eidtu- raI(^ ÉTUDES SCIENTIFIQUES SUR LE PAYS REMOIS 83 t La Montag^ne de Reims et la Brie champenoise, — Dans ces deux régions, le sommet des plateaux est essentiellement constitué par des argiles. Ce sont tout d'abord les argiles à meu- lière parfois recouvertes d'un véritable loess provenant vraisem- blablement de l'altération des sables de Fontainebleau, qui auraient eu jadis une plus grande extension que ne semblent l'indiquer leurs affleurements actuels. Dans la Brie, l'imperméabilité du sous-sol est encore exagérée par la présence, au-dessous de la meulière, des glaises vertes qui s'opposent d'une façon à peu près absolue à la pénétration des eaux. Ainsi s'expliquent à la fois et la fréquence des étangs et la nécessité de drainages pour permettre la mise du sol en culture. Au point de vue chimique, toutes ces terres vont être caractéri- sées par leur richesse moyenne en potasse et leur pauvreté en acide phosphorique et en chaux. Les argiles rouges à meulière ont été entraînées par le ruis- sellement sur le flanc de la falaise tertiaire, où elles forment à la surface de la craie des dépôts atteignant parfois plus d'un mètre d'épaisseur. Elles constituent ainsi le sol, toujours profondément modifié par l'emploi des cendres noires et des terres de magasin, d'une bonne partie du vignoble champenois dont seul le sous-sol est crayeux. BIBLIOGRAPHIE J. Laurent. — Notices agronomiques sur les communes de Hermonville, Pouillon, Bezannes, Tinqueux, Fismes, Prouilly, Wilry-les-Reims, Bourgogne, Epoye, Lavannes, Bazancourt, Reiras, Boult-sur-Suippe, Chenay,^ Chàlons-sur- Vesle, Ville-en-Selve, Verzenay. (Bull, du Comice agricole de Varrond. de Reims^ 1897 à 1907.) J. Laurent. — Les Cartes agronomiques communales dans l'arrondissement de Reims. (Travaux de l'Académie nationale de Reima, 1905, et Ass. fr. pour Vavanc. des Se, Congrès de Cherbourg, 1905.) Laboratoire départemental de la Marne. — Cartes agronomiques communales et notices d'environ 60 communes du département. I V. -- CLIMATOLOGIE A défaut d'une documentation plus précise, la plupart des auteurs qui ont écrit sur notre région se sont contentés de remarquer qu'elle se trouve à la limite des climats séquanien et vosgien et qu'elle participe à la fois du régime continental de l'un et du régime plus tempéré de l'autre. Et cependant des observations météorologiques sont relevées depuis de longues années par l'administration des Ponts et Chaussées, et depuis 1880 par la Commission météorologique de la Marne ; mais en dehors des « Etudes pluviométriques » que j'ai publiées, aucun travail d'ensemble n'a encore été entrepris pour résumer ces observations et en dégager les constantes climatiques de notre pays. Nous trouvons seulement dans la belle étude géographique que Chantriot vient de consacrer à la Champagne quelques données se rapportant principalement à Châlons-sur- Marne et qui ont été extraites, soit des Annales du Bureau central météorologique, soit des Bulletins du Service hydrométrique de la Seine. Tous ces documents ne peuvent être utilisés qu'avec la plus grande réserve, parce que les stations d'observation ne sont pas toujours établies dans des conditions qui permettent de les comparer, et parce qu'il vient s'y glisser parfois des erreurs évidentes. Je me contenterai donc de résumer d'une part les données acquises sur le régime des pluies ; quant aux observa- tions thermométriques, j'utiliserai exclusivement les chiffres fournis par la station du Lycée de Reims depuis 1901 en les comparant aux observations recueillies : soit au Laboratoire municipal de Reims, soit au Laboratoire départemental de Châlons-sur-Marne pendant la même période. j-" Rég-ime des Pluies. — Trois causes principales font varier l'abondance des pluies : le relief, la présence des forêts et 86 CONGRÈS DE l'aSSOCIATION FRANÇAISE roi'ienlation des vallées par rap|)ort aux vents humides ; à elles seules, elles permettent d'expli(|uer dans ses grandes lignes la carte pluviométrique du département de la Marne dressée pour la période 1881 à 18î)G. Les deux cour])es de (550 millimètres qui, d'une manière générale sont dirigées du Nord au Sud, divisent le département en trois zones parallèles que nous avons déjà déterminées par les conditions géologiques et topographiques : à l'Ouest, la falaise tertiaire que couronnent les plateaux de la Brie ; au centre la plaine crayeuse, et enfin à l'Est la falaise crétacée avec les plaines qui la bordent et derrière lesquelles vient se dresser au Nord le massif de l'Argonne. Avec une altitude moyenne de 180 mètres, le massif tertiaire renferme les points culminants du département localisés «sur sa lisière orientale. Les régions de plus forte altitude sont précisé- ment couvertes de forêts, et ces deux raisons sufTisent à expliquer l'abondance des pluies sur la Montagne de Reims avec le maximum de Verzy (742"^"^4), et sur la foret de Montmort où la moyenne annuelle a sensiblement même valeur. Si même nous remarquons que l'altitude du pluviomètre à Verzy est de 190 mètres, alors que les hauteurs voisines atteignent 280 mètres, il est vraisemblable que les parties les plus élevées de la Montagne de Reims ne reçoivent pas moins de 800 millimètres d'eau. Abrités contre les vents d'ouest qui, dans nos contrées, sont généralement les vents pluvieux, Reims, Epcrnay, Pierry, Sézanne, Conflans, correspondent au contraire à des minima que justifie bien leur situation topographique ; il existe ainsi tout le long de la falaise tertiaire une bande assez étroite qui est la partie la moins arrosée du département ; et le minimum absolu correspond à Reims avec une hauteur moyenne de pluie de 550 millimètres environ. Mais la |)laine crayeuse est sensiblement inclinée vers l'ouest: de 100 mètres environ au pied de la falaise tertiaire, Taltitude croît assez régulièrement jusqu'à la limite orientale des affleurements de la craie où elle dépasse 200 mètres, et l'on voit (croître en mèiiK; temps la hauteur de pluie (|ui passe ainsi de OOO à 700 millimètres. Ce dernier eliillVi» esl même stMisibhMiKMil (bipassé pour un certain nombre de stations qui occupent les points les plus élevés de la falaise crétacée et (|ui reçoivent sensiblement plus d'eau qu<' les stations de même altitude de la falaise tertiaire. Alors ÉTUDES SCIENTIFIQUES SUR LE PAYS REMOIS 87 que le massil' tertiaire reçoit dans son ensemble 693 millimètres d'eau pour une altitude moyenne de 169 mètres, la hauteur moyenne de pluie le long de la falaise crétacée atteint 751 milli- mètres pour une altitude de 144 mètres, de telle sorte que pour le bassin de la Seine et dans les mêmes conditions topographiques la hauteur de pluie va croissant sensiblement de Touest à l'est. Au pied même de la falaise crétacée, dans la plaine d'allu- vions du Perthois, les pluies deviennent brusquement moins abondantes comme on peut l'observer à Thiéblemont qui occupe, vis-à-vis de la falaise crétacée, la même situation que Reims, Epernay ou Sézanne vis-à-vis de la falaise tertiaire. Mais du minimum de 635 millimètres à Thiéblemont la hauteur d'eau croit jusqu'à 760 millimètres à Giffaumont, dans le pays boisé qui a reçu le nom de Bocage ; elle augmente beaucoup plus encore à Sermaize et Trois-Fontaines où, à l'influence des forêts, se joint celle de l'altitude ; les mêmes circonstances se reproduisent d'ailleurs pour la forêt d'Argonne. En résumé : l'influence de l'altitude est rendue manifeste par les minima correspondant aux grandes vallées de la Marne, de la Seine, de la Vesle et de l'Aisne, et la protection contre les vents humides exercée par les collines dirigées nord-sud n'est efficace que pour les stations situées au moins à 3 ou 4 kilomètres de leur pied oriental. La comparaison avec les régions voisines montre enfin que le massif tertiaire participe au régime pluviométrique de la Brie et des environs de Paris, tandis que les plaines de Champagne unies à celles de la Beauce forment la partie la moins arrosée du bassin parisien. La troisième zone, au contraire, appartient météorologiquement au massif de l'Argonne par son climat humide qu'elle doit non seulement à l'accentuation du relief et à l'influence des forêts, mais encore à des causes plus générales qu'il faudrait peut-être rechercher dans les grands mouvements de l'atmos- phère et en particulier dans la marche habituelle des bourrasques à la surface de l'Europe. La quantité d'eau est inégalement répartie suivant les saisons; elle est minimum au printemps, assez faible encore en hiver, mais elle croît sensiblement en été pour atteindre son maximum à l'automne, de sorte que l'année peut être divisée en deux périodes : une période sèche correspondant à l'hiver et au prin* temps, c'est-à-dire à la saison froide, et une période humide comprenant l'été et l'automne, c'est-à-dire la saison chaude. Cette 88 CONGRÈS DE l'aSSOCIATION FRANÇAISE dernière reeoit les 4/7 de la hauteur d'eau annuelle sur le plateau tertiaire et la zone orientale, et les 3/5, soit 1/35 en plus dans la plaine crétacée. Cette circonstance est éminemnnent favorable à la vé<)^étation, puisque le sol reçoit la plus grande masse d'eau au inoitî(3nt précis où les planiefe en ont le plus besoin. Elle nous permettra d'explicjuer le régime des sources et les variations de niveall de la nappe souterraine dont le maximum se produit en mars ou avril, quatre à cin(j mois après les grandes chutes d'eau. Enfin on se ferait une idée incomplète du climat d'une contrée par la seule inspection des hauteurs d'eau recueillies : les pluies fré((uentes rendent le pays humide mieux que les fortes averses, et le nombre des jours de pluie doit être pris en consi- dération, .l'ai déterminé pourchacune des stations pluviométriques ce (|ue j'ai appelé le coefficieiit de pluviosité \ il représente la hau- teur moyenne d'eau pour chaque jour de pluie ; il varie entre 3""" 72 pour Epernay et G*"™ 61 pour Gravelines, près Yitry-le- François. Il est plus élevé pour les stations qui reçoivent plus d'eau ; autrement dit, le nombre de jours de pluie ne croit pas proportionnellement à la hauteur d'eau tombée; les plus fortes averses sont localisées dans les arrondissements de Vitry et de Sainte-Menehould ; elles affectent de préférence les régions boisées et montagneuses. En résumé le département de la Marne reçoit annuellement une moyenne de 701'"'" 4 d'eau correspondant à 137 jours de pluie et pour la ville de Reims en particulier les chiffres suivants carac- térisent le régime pluviométrique * Moyenne Nombres „ . Hiver Printemps Kté Autonne annuelle de jours de pluie Hauteurs moyennes __ ' _ ' de pluie en millimètres. %,5 108,9 163,0 163,9 6il,r) 155 2" Température. — Au point de vue de la distribution des températures, le |)ays rémois ne diffère pas essentiellement de la région parisienne; la moyenne annuelle est très voisine de 10"; la plus haute température relevée à Reims (la Cerisaie) au ther- momètre maxima, pendant la période 1901 à llUXi, a été de 38*'9 le 17 juillet VMVi, el le thermomètre minima est descendu à — 15°5 le 3 janvier 11)05. Deux slalions méh'orologicpies existent à Reims : Tuik» est inslallriiilem[)s : 17 jours de gelée à Reims, 10 — Chàlons. Knfm, à ranl()iiiii(\ 20 jours de gelée à Rcmmis pour '1\ à Chalons. i'inliii, pendant la saison chaude, le th(M'momètre s'est élevé IS (ois au-(h'ssus de 'M)" i\ Ib'iiiis (*t 15 l'ois siuiIcMiuMit à (^.hàlons. iiii;Lh)(;i{Aiiiii': Hui.LETiN (\v l.t Commission int'li'orolo^iqiir tic I;i Marne. J. liAURK.Nf. — ICluclos rlimalolojçiques sur \v tlcparUMuriil de la Marne linH. lie 1(1 Soc. (Trludc (IcsHC. miturrllts du lieims, l. VI, IS'.lT.) (Ihantuioi. — l-.i ('.hampakçiie ; élwde de içéo^r.ijtliie rt'gionale. Paris. \Wù. VI. - LE RÉGIME DES EAUX SOUTERRAINES Une fois élucidée la constitution géologique d'une région, le régime des eaux 'souterraines s'en déduit facilement, et deux cas principaux vont se présenter, car les eaux d'infiltration vont péné- trer soit dans les roches meubles, sables ou graviers dans lesquels elles descendent jusqu'à la rencontre d'une couche imperméable, soit dans les roches fissurées comme la craie et la plupart des cal- caires où elles circulent en minces filets dans les diaclases, se rassemblant parfois en véritables rivières souterraines dans des cassures plus importantes ou dans des fissures agrandies à la fois par érosion et par dissolution. Etudions successivement chacune des régions naturelles que nous avons distinguées. Le Perthoïs. — Nous savons que la vaste plaine du Perthois est constituée par une nappe d'argile (argiles du gault au nord-est ou marnes crayeuses à Ostracées au sud-ouest) que recouvre un manteau plus ou moins épais de graviers passant progressivement à des limons fins au voisinage de la surface. Une nappe d'infiltration uniforme s'étale donc dans les gra- viers à la surface du banc d'argile à une profondeur qui se maintient d'ordinaire au voisinage de trois mètres, et qui ne dépasse jamais guère plus de quatre à cinq mètres. C'est là que s'alimentent les puits ; c'est à ce niveau également que se montrent les sources lorsque la moindre dépression du terrain suffit à mettre à nu la couche d'argile. Ces sources sont surtout abondantes sur les deux bords du plateau élevé seulement de quelques mètres qui divise le Perthois en deux bassins, celui de la Marne au sud-est, celui de la Saulx et de l'Ornain au nord- ouest, c'est-à-dire d'une part le long d'une ligne qui passerait par Saint-Lumier-la-Populeuse, Blesme, Favresse, en suivant la Bruxenelle sur une partie de son cours, et d'autre part le long de 02 CONGHKS DE l'aSSOCIATION FRANÇAISE rOrconté qui draine l'autre versant du plateau. Au voisinage de la <^^are de Blesnie, ce petit vallon de la Bruxenelle est absolu- ment ty|)ifjue à cet égard : large de quelques centaines de mètres, creusé seulement de six à huit mètres au-dessous de la plaine avoisinante, il présente sur ses deux versants des sources nom- breuses et pérennes qui sortent toutes de la base des graviers et dont les eaux serpentent au milieu des prairies pour gagner le lit de la rivière. L'Arg^onne. — Ce sont encore les argiles du gault qui dans l'Argonne vont l'ormer, à la base du massif du gaize, la sur- face imperméable; aussi les sources, et avec elles les habitations, vont-elles être localisées soit au fond des gorges, soit dans les vallées étroites et profondes comme celle de la Biesme qui présente Tallure d'une vallée de fracture. Toutefois la perméabi- lité de la gai/e est un peu comparable à celle des calcaires et la circulation des eaux souterraines s'y fait principalement par des fissures; de là l'existence, à la surface du massif, de puits perdus on d'abîmes dans lesquels s'engouffrent les eaux superficielles ; de là aussi rcxislence de sources au-dessus de la surface d'aflleure- ment des argiles albiennes. La Falaise de Champag-ne et la Plaine crétacée. — Les pluies abondantes que reçoit la falaise de Champagne traversent tout d'abord la craie blanche, imbibant la roche à la façon d'une éponge, circulant surtout avec lenteur dans les multiples cassures qui la traversent. Çà et là un banc plus dur et plus compact peut gèn(M' la pénétration des eaux souterraines mais sans pouvoir déterminer un niveau d'eau constant; et même les ci'aies turo- nienne et cénomanienne, malgré leur richesse en argile, ne par- viennent pas toujours, quoiqu'on en ait dit, à constituer des niveaux inipciiiH'ables |)aicc (|U(* les bancs compacts y sont rai*es ; les eaux anivcroiil donc g('^néi"alement jusqu'au niveau de base constitue soil pai' la L;ai/e, soil par les marnes crayeuses à Ostraci'es. Elles forment ainsi une vérilable nappe* (Tinlillration dont le niveau varie avec les saisons; en aulonme les j)luies sont |)lus abondantes (pTà toute autre ej)()(|ne de TanniM' : les eaux d'inlil- hation vont doiu- alimenter la naj)|)e souttM'raine. mais h^s difli- cultés qu'elles eprouvtMit à circuler dans \v sol font (|u'elles ,jin'ttent plusieurs siMuaines, plusiem's mois même à l'attiMiulit^ ÉTUDES SCIENTIFIQUES SUR LE PAYS REMOIS 93 Tandis qu'octobre et novembre sont les mois phivieux, c'est seulement en mars que la nappe atteint son maximum. Déjà les pluies deviennent moins abondantes en décembre, présentant un mininuim marqué en janvier et février, puis l'action solaire se l'ait mieux sentir; les plantes enlèvent au sol par leur transpira- tion une énorme quantité d'eau et la nappe souterraine va s'abais- ser de mars en novembre. La surface de la nappe d'infiltration est loin d'être horizontale, elle suit les ondulations du sol en les atténuant et un courant souterrain très lent s'établit des hauteurs vers les parties basses à travers les interstices de la roche. L'amplitude des oscillations est plus considérable sous les hauteurs ; à la ferme de Maigneux, dépendance de Vanault-le-Châtel elle peut atteindre 35 mètres, elle est encore de 21 mètres à Reims, au Moulin de la Housse : elle ne dépasse guère 5 à 6 mètres dans le fond des vallées, et s'abaisse même parfois à deux mètres. On voit de suite quel sera le régime des puits non seulement le long de la falaise, mais encore dans toute la plaine de Cham- pagne : creusés jusqu'à deux ou trois mètres au-dessous du niveau de la nappe souterraine, ils reçoivent les eaux qui suintent de leurs parois et enregistrent les oscillations de la nappe ; et s'ils viennent à tarir pendant les périodes de sécheresse il suffit de les creuser davantage pour les alimenter. Deux systèmes de sources naissent de la falaise crétacée : les unes occupent son pied oriental au niveau des marnes à ostra- cées et vont déverser leurs eaux dans le Perthois, telle est la source de Vanault-les-Dames qui fournit jusqu'à 4.200 litres d'eau par minute ; telles sont également les sources de plus faible débit que l'on rencontre nombreuses de Rosay jusque Gouvrot. Les autres sortent directement de la craie au fond des gorges (sources du Fion à Bassu) ou au pied des coteaux de relief suffisant pour que le niveau de la nappe d'infiltration s'élève de quelques mètres au-dessus du sol de la vallée ; il suffit alors de la con- vergence de quelques cassures de la craie pour donner une source de débit généralement abondant pendant la saison d'hi- ver, mais qui peut tarir en été lorsque s'abaisse la nappe d'infil- tration. Quelques-unes dirigent leurs eaux à l'est de la falaise, c'est le cas du Yanichon, affluent de la Vière, c'est aussi le cas de l'Ante, de l'Auve, de la Bionne, de la Tourbe, affluents de l'Aisne ; les plus nombreuses alimentent les rivières qui vont traverser la plaine de Champagne : le Fion, la Moivre, la Vesle, 94 CONGRÈS DE l'aSSOCIATION FRANÇAISE la Noblette, la Suippe. Leur lit supérieur est généralement asséché pendant la saison d'été, mais elles reçoivent à quelques kilomètres plus bas les sources pérennes. Lorsque les pluies d'automne ont été suffisamment abondantes, la surface de la nappe piézométrique vient rencontrer la surface du sol h peu de dislance du fond de la vallée ; on voit alors l'eau sourdre de tous côtés le long de la ligne de contact et transfor- mer le vallon en marécage. C'est ainsi que les marais de la Vesle s'alimentent, non pas comme on le croit généralement par les crues de la rivière, mais par les eaux d'infiltration qui suintent des deux versants. Dans les grandes vallées comme celles de la Marne ou de la Yesle qui sont recouvertes sur l'un de leurs versants d'épaisses couches de graviers, les conditions diffèrent un peu de celles des vallées exclusivement crayeuses. L'alimentation de la nappe d'infiltration va se faire simultanément par deux voies distinctes : par les graviers pour le versant le moins incliné, et par les fissures de la craie pour le versant opposé qui présente une moindre surface et reçoit ainsi une plus petite masse d'eau. La circulation des eaux est plus facile dans les graviers que dans la craie, aussi le niveau maximum de la nappe souterraine dans le fond des vallées va coïncider sensiblement avec les périodes de pluies abondantes, se trouvant en retard sur elles de quelques jours seulement. Mais ce maximum pourra se main- tenir assez longtemps, souvent même pendant plusieurs mois, parce que l'arrivée des eaux qui ont circulé lentement dans la craie se produit au moment même où le niveau commencerait à baisser. Les courbes (jue nous avons pul)liées d'après les obser- vations du bureau d'hygiène de Reims sont particulièrement instructives à cet ésrard. Une conclusion importante au point de vue pratique se dégage des observations précédentes; la rareté des sources en (.hainj)agne oblige à utiliser les eaux de puits pour l'alimentation ; |)()ur toutes les communes de la plaine» de Chanipagm* (|ui vou- dront établir un service de distribution des eaux, il sera néces- saire de creuser des puits sur le versant de la vallée recouvert d'c'paisses couches de graviiM's crayeux, (jui formeront dans la plu|)art des cas un filtre suffisant au point de vue bactériolo- gi(pie : sur \r versant 0|)p()S(', au contraire, ou la elreulaliou cb's eaux se fait excbisiNcmenl pai- les cassures de la eraie, les con- taminations seront fréquentes comme on peut s'en assui(M- ÉTUDES SCIENTIFIQUE» SUR LE PAYS REMOIS 95 facilement par le trouble des eaux après les averses abon- dantes. La Montagne de Saint -Thierry et le Soissonnais. — Dans le massif tertiaire, il est plus facile d'analyser le régime de la nappe d'infiltration, car il suffira d'examiner la position des bancs imperméables qui vont constituer autant de nappes de position invariable, et de tenir compte de l'inclinaison des couches, en rela- tion avec les lignes de plissement de la région. C'est ainsi que, dans la Montagne de Saint-Thierry, nous ren- controns au-dessus de la craie un premier niveau imperméable déterminé par les bancs de grès de la base du thanétien. Les puits d'Hermonville, de Châlons-sur-Vesle et de Jonchery, les sources des bords de la Vesle, près du moulin de Guissat, à Prouilly, occupent ce premier niveau. Un second niveau est donné par les marnes et argiles inter- calées dans le sparnacien sableux ; il est marqué, en général, par des rideaux de peupliers qui occupent à mi-côte les deux versants de la vallée de la Yesle ; c'est également à ce niveau que sont situés la plupart des villages : Chenay, Trigny, Prouilly, Pévy, sur la rive droite; Pargny, Coulommes, Vrigny, Gueux, Rosnay, Sapi- court, Branscourt, etc., sur la rive gauche. Les bancs compacts du calcaire grossier peuvent encore fournir quelques sources accidentelles, mais elles sont plus fré- quemment situées à la surface des argiles des caillasses, comme on peut l'observer depuis Pévy jusque Fismes. Zrâ Montag-ne de Reims et la Brie champenoise. — Les grès thanètiens ne s'étendent pas à la Montagne de Pieims, et le premier niveau aquifère est donné par les argiles à lignites, les autres occuperont la surface des argiles lutétiennes ou celle des argiles à meulière. Encore ne peuvent-ils fournir que des quantités d'eau insignifiantes à Verzy et Verzenay, c'est-à-dire dans l'axe de Tanticlinal auquel la Montagne de Reims doit son relief. D'une façon plus générale, le flanc oriental de la falaise ter- tiaire ne peut guère avoir de sources abondantes au niveau des bancs imperméables à cause de Finclinaison générale des couches vers l'ouest ; mais, en outre, sur Taxe des divers anticlinaux, il y aura en même temps écoulement des eaux vers le nord et vers le sud. Tout sondage entrepris pour la recherche des eaux souter- raines sera donc presque fatalement frappé d'insuccès à Verzy et !Mi CONGRES DE L ASSOCIATION FRANÇAISE Vci'/enny sui* Taxe de (iainaches précédemment défini, au Mesnil- sur-Ogei' sur Taxe du Multien, et à Allumant sur Taxe du Pays de Hra\. Il l'aiidra donc, en ces points, se contenter de recueillir les eaux superficielles qui, traversant le loess, s'étalent à la surface des argiles à meulière, à moins (|ue les dépots tertiaires disloqués iK' pciin(Utent Tanivéc des eaux jusqu'à la craie, d'où elles s\';cliaj)p(mt par un système de diaclases, comme on l'observe à N'ertus à la source de la Berle, et à Trépail par la rivière souter- rîiine dont nous parlerons plus loin. (hiant aux nombreux étangs qui couvrent le sommet des plateaux,' aussi bien sur la Montagne de Reims que sur la Brie champenoise, ils sont déterminés par les argiles à meulière. 11 importe d'ajouter que dans la Montagne de Reims, une partie dés eaux superficielles, après avoir circulé sur les flancs du |)laleau, pénètre dans une série de gouffres situés générale- ment à mi-côte. C'est le cas du gouffre de Germaine, situé sensi- blemcmt au niveau de contact de la craie et du tertiaire ; tels sont aussi les nombreux gouffres que nous avons décrits au-dessus de Ver/.y et qui alimentent la source de Yertuelle près Louvois, la rivière souterraine de Trépail et peut-être encore quelques autres ; ils sont situés les uns au niveau des sables yprésiens, les autres au voisinage de la craie. La rivière souterraine de Trépail circule dans une série de cassures de la craie à Bel. quadrata agrandies à la fois par disso- lution cl par érosion, et formant une crevasse très étroite qui peut atteindre en certains points jusqu'à 8 ou 10 mètres de hauteur; sa longueur totale ne dépasse guère 600 mètres, et il y auia lieu de r(M'tificr à ce point de vue le plan qui en a été donné |)ai- M. Martel qui lui attribue des dimensions beaucoup plus grandes. Elle se termine par une voûte surbaissée de i'"50 de hauteur dans laquelle débouche une fissure très étroite ; des cailloux de meulière entraînés d(^ la surface du plateau sont (liss<'iiiiu(''s cà et là dans le jil du i-uisst^au et entraînés par Tcau, ils ont creusé dans la crai(» de véritables marmites de géants qui rendent rcxploralion ti'ès j)enil)l(\ Il existe vraiseniblabl(Mn(Mit d'autres rivières souterraines en (Champagne, cai' des clfondremenls se produisent parfois a|)rès les hivers liuniides le long de la falaist» crétacée, mais ces accidents n'acquièrent januiis la nuMne importance (jui^ dans les calcaires plus compacts. • , Union Photographique Rémoise. — Paul Canart, LE TROU DU GOUFFRE A GERMAINE 98 CONGRÈS DE l'aSSOCIATION FRANÇAISE BIBLIOGRAPHIE J. Laurent. — Les sources de Flëchambault. {Bull, de la Soc. d'étude des se. nat. de Reims, 1895.) J. Laurent. — Le régime de la nappe d'eau souterraine à Reims. (Ibid., 1898.) J. Laurent. — La spéléologie dans la Montagne de Reims. {Ihid., 1899.) E. Martel. — La caverne de Trépail et les riviôres souterraines de la craie. {Bull. serv. Carte géoL, 1902.) Pestre. — Les sources du Perthois, (Société des sciences et arts de Vitry-le- François, 1868.) Péron. — Sur l'origine des cours d'eau de la Champagne septentrionale. (Assoc. franc., Congrès de Reims, 1880.) CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES SUR LA FLORE DE LA MARNE Par M. A. GUILLAUME EN écrivant ces lignes, nous voulons simplement donner aux étrangers qui visiteront notre pays une idée d'ensemble de la flore de la Marne, leur montrer en quoi elle peut différer des autres florules, en leur indiquant quelles sont les plantes caractéristiques de chacune des régions du département. C'est donc un travail essentiellement diff'érent des précédentes études de géographie botanique qui ont été publiées sur la région. Aussi nous nous abstiendrons, au cours de ces quelques pages, de renvoyer aux nombreux documents fournis par les chercheurs locaux, ce qui d'ailleurs nous entraînerait trop loin. Nous laisserons aussi de côté la flore introduite rudérale ou murale qui n'a jamais rien de bien caractéristique. Nous diviserons donc cette étude en trois sections corres- pondant aux trois grandes régions, d'après leur conformation géologique : le Tertiaire, le Crétacé supérieur, Vïnf'r a crétacé. SECTION I. - LE TERTIAIRE Ce paragraphe comprend les sables, les argiles à lignites, les divers étages de calcaires, enfln la meulière et ses limons. 7-° Les Sables. — Les sables du tertiaire, sauf peut-être ceux de Beauchamp, trop peu représentés dans le département pour que j'insiste sur ce point, contiennent souvent trop de calcaire pour amener la présence d'une flore véritablement silicicole. Nous signalerons cependant les quelques espèces calcifuges que ( IIW.IOÎHECA 100 CONGRÈS DE l'association FRANÇAISE ron rencontre parfois en abondanoe, mais sur d'assez petites étendues. Tout d'abord dans les moissons oii le calcaire, quand il fait naturellement défaiit, est introduit pai* les engrais, il n'est aucune de ces plantes silicicoles comme le Mjjosurus iinniinuSy le ChrijsaiithviuHin sci^vluni, certains Filaij^o^ dont on connaisse une demi-douzaine de localités dans les moissons des sables tertiaires, sauf peut-être le Trifolium arvcnse. La flore calcicole y est, au contraire, beaucoup plus déve- loppée ; mais par là même elle n'a plus rien de c*aractéristique, et se confond avec la flore des moissons calcaires. Quelques plantes cependant sans être silicicoles ne croissent pas vigoureusement dans la plaine crayeuse, alors qu'on les trouve souvent en abon- dance dans les moissons des sables tertiaires. Elles vont donc pouvoir caractériser ceux-ci. Le type en est fourni par le Silène conica, caractéristique des sables du Soissonnais, non seulement par sa fréquence mais aussi parce qu'on ne le trouve guère que là dans tout le départe- ment. On peut y ajouter le Lycopsis arvensis, très commun dans ces sables, rare en dehors, et à un moindre titre les Veronica triphyllos, Muscari comosum et VAgrostis Spica Venti beaucoup plus fréquent que sur la craie ou les divers calcaires. VHerniaria liirsula est aussi caractéristique de ces sables, bien qu'il y soit rare, car c'est à peu près son seul habitat dans tout le département. Passons maintenant aux lieux incultes. Quand le sol est formé de silice à peu près pure, ce qui est rare, on rencontre alors en très grande abondance le Sarothannius scoparius, le ('(fUuna vu/gf/ris, le Tln/Dnis Chamaedrys, V Authoxcfuthiim odo- ratuni. Mais on ne peut dire que ces plantes soient alors spéciales à ce terrain, car on les trouve en abondance^ dans tous les endroits siliceux. 11 en est aiilrement du (\'r((sliiim hr(tcli i/pcldluin assez peu répandu sauf dans certains cas, mais absoIiiiiKMit spécial aux sables, le Jasionc niontdud plus frécjuent mais (|u'on ni^ trouve (outre les grès verts de TArgonne) (pu^ dans les sables du Tertiaire, X Armer'ut Plauldgined si aboiulanl, et dont on ne connaîl (pie deux localités en dehors du massiftertiaire, enfin XAini cdr\p>- pliillea et le Coryne/t/io/us cdNrscrns (pii tous (Kmix, à j)art (juel- (pies rares localités de TArgonne, ne sont signalés cpie dans les sables infé'rieurs où ils sont comnums. Citons aussi V()rnithopus pcrpustlhis Kkmi (|u'il soii i;,r.>, parce (pToii ne le eoniiait (jue dans les sables du Tertiaire et à Sermaize, (i le Tu r ri fis glahra assez rare mais spj'cial \\ cet él;igc. FLORE DE LA MARNE 101 Si les sables sont plus calcaires, la flore est parfaitement caractérisée par quelques espèces très abondamment représentées jusqu'à devenir sociales : Silène Oliles, Arlemisia campestris extrêmement rares ailleurs, Asparagus offlcinaUs, qui en dehors de cette station où il est très fréquent n'est guère connu que dans quelques localités de l'arrondissement de Vitry-le-François, Medi- cago minima et Mibora verna absolument spéciaux aux sables inférieurs. A côté de ces caractéristiques typiques, d'autres plantes le sont à un moindre degré, d'abord parce qu'elles sont moins abondamment représentées dans cet étage, et aussi parce qu'on peut les rencontrer, assez rarement il est vrai, dans les autres régions du département : le Dianthus Carthusianorimi, le Vicia lathyroides^ le Sediun reflexum, le Rumex Acetosella, le PhLeum nodosum et le Phleiim Boehmeri. Enfin nous devons citer quelques plantes qui sont rares ou très rares dans les sabl^, mais qui peuvent en être caractéristiques à un certain point de vue, parce qu'on ne les a jamais rencontrées ailleurs dans le département. Assez rares ou rares : Anémone silvestris. Plantago arenaria. Scleranthus perennis. Garex arenaria. Veronica spicata. Andropogon Ischaemum. Orobanche artemisiae. Vulpia sciuroides. Très rares : HeHanthemum pulverulentum. Phleum arenariuni. Seseli coloratum. Agropyrum glaucutn. Phalangium liliago. Botrychium lunaria. Terminoiis cette étude de la florule des sables inférieurs en examinant les endroits couverts. 11 n'y a pas dans ces bojs d'essences véritablement prédominantes. C'est un mélange de Pins, de Chênes, Charmes, Hêtres, Bouleaux, Coudriers, etc. La dore des bois de Pins est bien différente de celle des feuillus ; mais il est assez difficile de déterminer les caractéristiques des bois de Pins croissant sur les sables inférieurs. Le Pyrola rotiin- difolia est presque aussi commun dans les autres régions que dans celle-ci, il en est de même du Monotropa hypophegea ; le Goodyera repens est très rare dans toute la Marne et on l'a trouvé aussi bien sur le calcaire grossier et la craie que sur le thanétien; le Pyrola minor, peu commun, a été trouvé également sur la meulière et sur l'infracrétacé ; seuls le Pyrola chlorantha et le I()2 CONGRÈS UE l'association FRANÇAISE Pijrold srcundd n\)\\i élc trouvés que sur les sables inférieurs, mais tous (1(mix une seule fois et sans doute accidentellement. Dans les feuillus nous trouvons, quand le sable est siliceux, le Tcu.ci-iuni Scoi-odoiiui et le IHeris (iquiliiia, parfois en extrême abondance, mais toujours sur une assez faible étendue. Toutefois ils ne peuvent servir de caractéristiques, car on peut faire la même constatation pour tous les sols siliceux. La plante la plus typique de celte station est le Silène nutans. A vrai dire, ses localités n'y sont pas très nombreuses, mais il est toujours abondamment re[)résenté, et il est extrêmement rare ailleurs. Il est même très curieux de constater que les sables inférieurs pourraient être caractérisés avec le seul genre Silène : le S. conica pour les moissons, le ^S". Olilcs pour les endroits incultes et le S. niilfuis \M)\\v les bois. A cot(''* i\\\ Silène nulans, nous pourrions citer peut-être le (jcrr/nifun .sr///^iti/ie(i/n, qui est beaucoup moins fréquent et qui est aussi à peu [)rès spécial à ces stations. Notons enfin quelques plantes (jui n'ont jamais été indiquées ailleurs : le Carex criccloi-iLin, le Liniodonini (ihortivam^ assez rares ; V Equisetuni hyeinale (ce dernier dans les sables humides ou sur le bord des tourbières sur argiles); VAnenionc sijlveslris, VOrchis siniia et le Polijgonuin dametonun^ rares; VOrobas nigei- et le Polystichum Orcojficris, très rares. \^n t(»rminant ce paragraphe, nous devons faire remarquer que ces sables, ordinairement très secs, ont par endroits une flore comparable à celle des dunes, notamment par l'abondance de V.\//nr'/i{/ i}/{/nff/ginea, de IM/'/y/ c(iryo[)ln/lle((, à^Y A.cdnescens, (Ui C((rcx (irciKii'id, du l^lileuni (frcndi'iuin, etc. Notons aussi (pu^ le sol, emmagasinant la chaleur, donne à cette flore nu caractère moins septentrional que ne le voudrait la lalilu(U', ce (|ui contrastera avec ce (jue nous allons voir pour la plupail (b's autres ('lages du département, et ce (|ui relie notre flore a celle du bassin de Paris. Plusieurs plantes, comme VAn- f/r//.v .s///(///().s7/\. (pii v esl lorl iTpaihlii cl (|iii semble ma!M|uer aux aiilr(»s régions du FLOUE DE LA MARNE 103 département, et au moindre degré on pourrait signaler le Tussilago farfara. La flore des bois n'est guère plus typique, tout au plus pour- rait-on citer quelques plantes qui préfèrent les bois des argiles à lignites, sans y être pour cela bien abondantes : Astragalus gly~ cyphyUos, Sediuii Tidephiuni et Eqitisetam maximum ^eX. quelques plantes qui, dans notre région, paraissent cantonnées sur ces argiles, où elles sont toutefois assez rares ou rares : Helleborus viridis, Lithospermum purpureo-caeruleum, Scilla bifolia. Nous avons, dans ce sous-titre, à consacrer un paragraphe à la flore hygrophile, que nous n'avons pas rencontrée dans la catégorie précédente, et que nous ne trouverons pas non plus dans la sui- vante. Mais nous ne nous occuperons naturellement pas ici de la Vesle ni de ses marais, mais seulement des tourbières sur aro-iles à lignites, qui ont une flore assez caractéristique, intermédiaire entre la flore calcicole des marais de la Vesle et la flore silicicole des tourbières de la meulière ; ceci tient à ce que, avant d'arriver sur l'argile siliceuse, les eaux ont traversé les calcaires du Luté- tien, puis les sables de l'Yprésien. Nous joindrons celles qui sont situées sur les bancs de grès coupant les sables inférieurs du Thanétien ; elles sont inséparables au point de vue botanique. A vrai dire, nous ne trouvons pas de plantes qui soient abso- lument caractéristiques de ces tourbières. Certaines espèces y sont seulement beaucoup plus répandues que sur les bords de la Vesle, et à plus forte raison que dans les autres tourbières du dépar- tement. Nous verrons, au contraire, que la Vesle a quelques espèces caractéristiques que l'on ne trouve plus dans les tourbières sur argiles. Contentons-nous donc de citer ici le Schœnus nigricanSy qui forme ici le fond de la végétation, alors qu'il est moins commun dans les tourbières de la Vesle, et qu'on n'en connaît que quelques rares localités en dehors, dans le sud-ouest du département. 11 en est de même du Drosera longifolia, très commun sur les argiles, assez commun dans la vallée de la Vesle et inconnu ailleurs. V Anagallis tenella, assez commun dans nos tourbières, est très rare dans la vallée même de la Vesle, ainsi que dans l'Argonne ; ce sont ses seules localités dans le départe- ment. Le Liparis Loeselii nest connu que dans ces mêmes stations ou tout à côté sur la craie, à la limite du Tertiaire; il y est d'ailleurs toujours très rare. On pourrait peut-être ajouter le PingLLiculavulgaris, plus commun dans nos tourbières qu'ailleurs. ^'Allium Scorodoprasuni, le Carex Mairli^ le Drosera rotundifolia, 104 CONÇUES DE l'association française le Lycopodluni iiuindalum n'ont jamais été trouvés que sur les tourbières des argiles, où ils sont d'ailleurs très rares. A cette catégorie, on peut rattacher le Radiola llnoides, à peu près spécial au tertiaire, où d'ailleurs il est rare, et que Ton rencontre surtout sur les laisses des étangs ou les pâtis inondés riiiver. J° Les Calcaires. — Sous cette dénomination, nous com- prendrons le Calcaire grossier, le Calcaire de Saint-Ouen et le Ludien, ces divers étages ne pouvant être séparés au point de vue botanique. Dél)arrassons-nous tout d'abord de la flore hygrophile. Elle n'est représentée qu'au niveau des marnes du Ludien, et la seule plante (|ui puisse y être signalée comme assez typique est VOrcliis viridis, très rare ailleurs. Commençons maintenant l'étude de la flore xérophile par un coup d'(X3il sur les moissons. Les caractéristiques de cette station sont 'e Ranunculus arvensis si commun sur les calcaires tertiaires, VEnjsi/mu/f oriciiUiU' étroitement localisé dans le Tardenois, VAllIica liirsiil(t^ (jui est très rare en dehors de cette région. En sous ordre nous pourrions citer quelques plantes qui sont communes ou très communes sur les calcaires du tertiaire, mais sans leur être spéciales : le Lathyrus tuberosus, qu'on retrouve également dans l'Argonne mais qui est représenté sur la craie quoi(jue beaucoup moins communément; les Turgcnia hitifoUa et Caucalis df/iiroidcs plus comiauns dans cette station que sur la craie, et nuls ailleurs. On pourra remarquer que pour établir les caractéristiques (jui précèdent, de même d'ailleurs quedanslescatégoriessuivantes, nous nous sommes applicjués, avant tout, à séparer la flore des calcaires tertiaires de la flore de la craie, celle-ci étant celle (jui lui rcsscnibh^ le plus. Il serait beaucouj) j)his facih^ di» délimiter par exemple, sans sortir du tertiaire, la flore des calcaires de celle (les sables : et les caractéristiqu(^s que nous venons de donner sont rares ou nulles sur ces sables. Si nous passons mainlenantaux eiulroils iiuiiltes, les caraclé- risticpies sont le Crnisld sdi^illdlis^ extrêmement commun sur les pAtis, alors (juc s'il (»st connu dans j)resque toutes les autres régions, sables, meulière, craie, gai/e, il y (»st toujours rar(\ Le (\)ronill(i n:ini/N(/, commun sur livs calcaires du tertiaire, rare sur la craie, mil ailleurs ; IM.s/r/' (inirlhis, assez ecMmiiun sur FLORE DE L;V MARNE 105 les palis et au bord Jes bois, et connu en dehors de cette région seulement à Sermaize ; le Chlf>ra perfoliata, commun sur le tertiaire et qu'on ne retrouve plus guère que sur les craies marneuse et glauconieuse. hWjichusa italica n'est pas très commun, mais il y est à peu près localisé, et n'a jamais été indiqué ailleurs, sinon à Chàlons-sur-Marne et à Sermaize. Notons tout particulièrement VOdontiles lutea qu'on trouve çà et là sur les plateaux calcaires auxquels il est à peu près spécial. Le Bi'iinella alba est assez commun dans cette station ; on le trouve quelquefois dans les sables ou sur la meulière, il est très rare en dehors. U'Orchis odoratissima est une des bonnes plantes du calcaire grossier et du calcaire pisolithique ; il descend parfois dans les marais sur lignites. Le Carex huniilis est peut-être la plante la plus typique des pâtis calcaires du tertiaire où il est très commun, formant parfois le fond de la végétation ; il est inconnu ailleurs. Le Carex montana est encore une bonne caractéristique ; il est parfois très abondant sur certains pâtis argilo calcaires du tertiaire; il n'a jamais été signalé ailleurs. Le Thesium humifusum est commun sur les plateaux calcaires du tertiaire ; on le retrouve sur la craie, mais il y est rare. h'Ononis Columnae est spécial aux pla- teaux calcaires du tertiaire ; mais il y est assez rare. Le Globu- laria vulgaris est souvent très abondant sur les pâtis de cette région, il est beaucoup plus rare ailleurs. La flore des lieux couverts est caractérisée par V Aqiiilegia vulgarisy qui se rencontre aussi dans les autres régions de la Marne, et par VActaea spicata, qui est plus caractéristique. On en connaît de nombreuses localités sur les calcaires du tertiaire ; il est vrai qu'il n'y est jamais en très grande abon- dance ; mais il est extrêmement rare ailleurs, et manque notamment à l'arrondissement de Vitry. La distribution du Cala- mintha officinalis est un peu difl'érente : ses localités ne sont pas très nombreuses, mais il y est généralement repré- senté en abondance ; il est également très rare en dehors. Le Melittis melissop'hyllum est également une bonne caractéris- tique; très commun dans les bois calcaires du tertiaire, il est rare dans les autres étages, sauf dans l'Argonne, où il paraît assez commun. Le Daphne Mezereiun est assez commun dans le massif tertiaire sur les calcaires ou les argiles, ainsi que dans l'Argonne ; il est rare sur le crétacé, très rare ailleurs. Le Phalangium ramo- sum est beaucoup plus commun sur les calcaires du tertiaire qu'ailleurs. 106 CONGIIKS DE l'association FRANÇAISE Signalons niaintenanl (juehjucs plantes rares. Le Vicid plsi- /()/-/jn'sh une dislrihulion assez curieuse: il est, dans toute la Marne, localisé dans les bois reposant sur les calcaires du bord oriental du massiftertiaire ; il manque à la flore parisienne. Le Laserpitiiini Idlifoliuni est spécial au tertiaire ou il est très rare. Le Campaniila pcrsicaefolia n'y est pas commun; mais on n'en connaît qu'une localité en deliors de cette station. 11 en est de même à peu près du (\'pliaJ(tnlh('ra cnsifoUd, de VOi'chis j)ijramidalis et de VOrcliis usluldUt, ce dernier moins rare. Le Lalhi'aea squaniaria est cantonné dans les forets du massiftertiaire et de l'Argonne ; il y est toujours rare. \^ Eupliorbia diilcis, le Sj)irantlies auluiiindlis sont aussi très rares dans toute la Marne ; on n'en connaît que (juebpies loc^alités situées toutes dans la forêt d'Epernay. Quelles conclusions pouvons-nous maintenant tirer de cette rapide étude de la flore des calcaires ? Si la flore des sables et celle de la meulière se ressemblent en ce qu'elles sont l'une et l'autre silicicoles (surtout la deuxième), elles diffèrent en ce que la première a plutôt des aflinités méridionales, et la seconde des allinités septentrionales ou orientales, les argiles de la meulière étant beaucoup plus froides que les sables. La flore des calcaires, comme nous le verrons pour celle de la craie tient le milieu. Parmi les espèces orientales citons notamment : Aslragalus Gicer. Phalano-ium ramosum. Vicia pisifoniiis. Actea spicata. Aster Ainellus. Gcplialanlhera ensifolia, etc. Scilla blfolia. Comme plantes plutôt méridionales citons : Allhaca liirsula. Odontitcs liilea. Coroiiilla miiiirna. Ononis coluiDnae. Ancliusa ilalica. 4" Flore de la Meulière. — A \ rai dire ce paragraj)be (b'vrait |)liil(.| rli<' inlihile Mon^ des argiles de la iiHMilière, celle-ci <'taiit pi-(^s(|ue toujours couNcrIe (riiii banc argileux, crpcnibml nous dirons en terininanl (|uel(|ues mots des j)lantes (|ui (•r<)iss<'nl sur l<>s blocs (b^ lueulièi-e. 'foule cette (lorub^ (^st essentiel le IN (Mil silicicob». La planh hi |)bis cara(l('r'isli(|U(' de la ilor(» niessii'ole y est le eh ii/sanlhcniuiii sri^ciiiiii (pTon n,» iiouvt^ pas c\\ dehors (bi massif ''■ili;iii«', «'I qui V es! picscnic r\( hisivciiieni coiiliiic sur K's argiles FLORE DE L\ MARNE 107 de la meulière où il est très commun. On pourrait ajouter que le Spcrgula arvcnsis est beaucoup plus commun sur ces limons qu'ailleurs. Les lieux incultes du Tongrien sont presque uniquement constitués par les pâtis. Ceux-ci situés au bord de la montagne et parfois un peu sur le flanc, contiennent quelquefois des parties moins siliceuses, qui donnent asile à une flore de transition; aussi la flore varie essentiellement d'un pâtis à l'autre. Quand le sol est siliceux on trouvera en extrême abondance V Antennaria dioica, V Erythraea Centaurium^ le Calluna vulgaris ; quand il est plus calcaire, on YoiiV ErytJiraea pulchella^ V Euphrasia offi cinnlis ^ le Carex tomentosa^ le Briza niedia^ le Juniperus conimunis devenir sociaux ; mais toutes ces plantes ne sont pas caractéris- tiques. Ainsi celles que nous venons de citer dans les pâtis calcaires, nous les retrouverons dans les savarts de la plaine crayeuse. Passons à des caractéristiques plus typiques. Citons en pre- mière ligne le Genista anglica, spécial au massif tertiaire où il est presque exclusivement localisé sur les pâtis de la meulière ; il y est parfois extrêmement abondant. Le Serrntula tinctoria^ très commun dans cette station, d'où il passe d'ailleurs volontiers dans les bords des bois. En dehors et dans tout le département, il estextrêmement rare, sauf dans l'Argonne, où il est seulement assez rare. Le Danthonia decumbens très commun n'est indiqué ailleurs que dans quelques rares localités du Soissonnais et dans l'Ar- gonne où il est assez rare. Citons enfin sur ces pâtis siliceux deux plantes très rares mais fort intéressantes, non seulement parce qu'on ne les a jamais trouvées ailleurs dans le département, mais surtout parce qu'elles révèlent deux influences contraires : le Briza minoi\ plante du midi sur le pâtis de Damery, et le Nar- dus sti'icta^ plante des montagnes sur le pâtis de Chamery. Si le pâtis contient une assez forte proportion de calcaire, il est caractérisé par l'extrême abondance des TrifoUuin montanmn et ochroleucum ^ tous deux spéciaux au massif tertiaire où ils sont pres([ue exclusivement localisés dans ces pâtis. Notons aussi que VOrchis bifolia y atteint un développement ([ue l'on ne retrouve nulle part. Le Genista gernianlca^ en dehors de quelques pâtis où il est abondant ne ^e retrouve que dans l'Argonne. Passons maintenant à la flore des endroits couverts. L'essence prédominante est le Chêne, de plus on ne le trouve guère, l'Argonne à j)art, en dehors de la meulière, et même on voit le 108 CONGHÈS DE l'aSSOCIATION FRANÇAISE Chêne réapparaître dès (jue la meulière affleure, ainsi à Moron- villiers, îlot de meulière au milieu de la plaine crayeuse. Citons encore (|uel(|ues arbres ou arbrisseaux intéressants : le Saro- thaiiînus scopfiriiis (|ui est extrêmement abondant, comme d'ailleurs dans la plupart des terrains siliceux, et surtout Vilex Aquifoliuin assez Irécjuent sur la meulière et (ju'on ne trouve ensuite (jue dans l'Argonne, où il est d'ailleurs aussi commun ; le Mespiliis i^rr/i/rf/iicrf et le Sorbus Aria (|ui, dans le tertiaire, ne se trouvent guère (|ue sur la meulière oii ils sont très abondants, et qu'on ne retrouve ensuite (|ue dans Test du département où ils sont rares ; le Sorbus lalifolia (|ui est très rare en dehors du plateau de meulière où il est abondant, et le Sorbus iorminaliSy très commun sur ce plateau, assez commun dans l'Argonne, très rare ailleurs. Si nous passons aux plantes herbacées (|ui croissent à Tombre de ces essences, nous trouvons, tout d'abord dans les sentiers, les clairières, les jeunes coupes, les caractéristiques suivantes : Vlljjpcricfiiii pulchrum qui y est plus commun (|u'ailleurs ; YlhjpericiiDi liuniifusiiin non moins commun dans les mon- tagnes de Reims et d'Epernay, et qu'on ne retrouve ensuite (|ue dans l'Argonne; Y Einlobium spicalum qui a une préférence très mar(|uée pour les plateaux de meulière ; le Phylcuma spiva- tum, le Vdccinium myrtillus (ju'on ne trouve guère en dehors des plateaux de la meulière et de l'Argonne où ils sont frécjuents. Mais la plante la plus caractéristi(|ue de cette station est sans contredit le Sciiccio Sdrrdccnicus, (|ui attire l'œil tant par son al)ondance (jue par sa grande taille ; c'est une plante dont la dis- tribution géographique est assez intéressante, non seulement parce qu'(*n dehors des plateaux siliceux des montagnes de Reims et (rEpcrnay, il est pour ainsi dire luil dans la Marne, sauf dans l'Argonne, ou il est encore très rare, mais aussi parce que ces localités constituent à peu près la limite occidentale de dispersion d(; celte espèce. Signalons eiu'ore (|uc^ l/w/Vv/ ci/wrcf/ cl le Li/co- /xx/fiuH (l(tK'(iliini , tous deux 1res rares, n'ont jamais été signalés (pic dans la Montagne de heims. ( hiillons maintenani la llorc^ (l(»s clairières pour étudier ctdie (les fiilaicis et taillis. .Nous y trouvons surtout V .[spcriild odorala, /'///c/// ////// voripubo- sif/if, pl.inle (jiii ni;in<|uv^ à la lloi'c parisienne el (|ni est et)mnuine f FLORE DE LA MARNE 111 sur le calcaire pisolithique, extrêmement rare sur les autres étages .du département. B. Z^a Craie de Reims. — a) Endroits couverts. — Si nous prenons d'abord les bois de feuillus, nous trouvons en abondance, le Rhamnus frangula ; VArabis hirsuta très fréquent sur la craie de Reims, paraît Fétre beaucoup moins sur le tertiaire ou les autres étages du crétacé ; mais il n'y a, en somme, aucune caractéristique très nette de cette station. Passons maintenant aux bois de Pins. Les caractéristiques y sont plus fréquentes : Helleboriis foetidus assez commun sur la craie de Reims, rare ailleurs ; VOnonis natrix n'existe pas seule- ment dans cette station, mais il y est parfois extrêmement commun, social, tapissant certains bois ou certains savarts à perte de vue. Il en est de même du Gentiana gennanica^ commun ailleurs, notamment sur le calcaire grossier, mais pas en aussi grande abondance. La plante la plus commune peut-être est sous les Pins le Monotropa hypopytls^ et c'est assez naturel ; mais ce parasite se retrouve dans tous les bois de Pins, fut-ce sur un terrain différent. 11 y est cependant moins fréquent que sur la craie, pr-obablement parce que le Pin y croît mieux. Les Teucrium cha- maedrys, T, montanum et surtout T. Botrys très fréquents sur la craie, le sont moins ailleurs. b) Endroits découverts. — La transition avec le paragraphe précédent est fournie par la flore des savarts, ceux-ci n'étant en somme que des bois de Pins défrichés. Dans les deux stations on trouve deux flores très voisines l'une de l'autre et extrêmement pauvres tant parle nombre des espèces qui y croissent que par la façon dont elles sont représentées. Nous y trouvons VIsatis tinctoria., moins commun sur les divers étages calcaires que sur la craie où il devient souvent social. Il en est un peu de même du Genista pilosa. Faut-il encore citer les Linum alpinum V. Leonii, Genista prostrata, Brunella grandiflora et Euphorbia Gerardiana, très communs dans cette station, mais qui n'en sont pas vraiment caractéristiques parce qu'on les trouve à peu près en égale abondance sur tous les terrains calcaires du' département. Dans la flore des talus nous trouvons quelques plantes bien typiques qu'on ne rencontre jamais sur les autres étages calcaires, et surtout le Braya supiiia^ à peu près spécial à la craie de Reims, 1 12 CONGRÈS DE l'aSSOCIATION FRANÇAISE OÙ on le trouve assez fré(|ueiiiiiieiil. An second plan, nous cite- rons VErijiii^ium ((impcslrc, le l^iDipinclla sa.xifrfiga, le Clrsium ncdule, le CenUiurcd calcitrapa, le Vcrbascum ni^runi, nulle part aussi abondants (|ue sur le crétacé où quelques-uns sont extrêmement communs. Terminons par la flore des champs cultivés. La véritable caractéristique en est VAud losace maxima. Cette planté, inconnue dans la flore parisienne est extrêmement commune sur la craie et rare dans le tertiaire. Le Reseda Phyleunia est parfois extrême- ment commun sur la craie de Reims ainsi que sur la craie à Micraster; ilestrare ailleurs, ha Fiintaria dcnsiflora assez commun sur la craie aux environs de Reims, rare ailleurs. Le Buniiim bulbo- l'dslcniuni, \e Lactuca perennis, V Asperula arvensis sont fréquents sur la craie à Belemnitelles et surtout sur la craie à Micraster, tandis qu'ils sont peu communs ailleurs. haBarkliausla foetlda, commun sur tout le crétacé est rare sur le tertiaire. Le lUiffonia macros- j)i'rni(( (jui manque à la flore parisienne, a été signalé, mais comme très rare sur la craie à Belemnitelles. ('. La Craie à Micraster. — Il est aussi difficile de distin- guer, au point de vue botani(|ue, la flore de la craie à Belemni- telUîs de celle de la craie à Micraster qu'il est peu aisé de dill'érenciei' les deux étages eux-mêmes au point de vue strati- graphique ; ainsi on a pu voir (jue dans le paragraphe précédent nous avons (b'i empiéter parfois sur celui-ci. Cependant il est (|U(d(jues plantes curieuses (|ui paraissent réservées à la craie à Micraster. Dans les bois de* Fins, tout d'abord nous trouvons assez fré- (jiiemiiKMit XWirrds Ai.lhropophord sur la craie à Micraster surtout vers la boi'durc oiienlale. 11 n'est pas absolument sj)écial à ce ter- rain, mais on n Cn connaît (|ue deux ou trois localités sur la craie à Rrlemnit(dles 'tout<'s au sud de la Montagne de Reims) et autant sm- le tertiaire. Le Loroi>^lossum liirciiiuin (^st assez commun sur la ci-nie (le Chàlons, il esl rare sui* les autres étages du dépaileiueiil. Dans les savai'ls cl sur l(»s talus nous voyons Vchohanclie nuijor moins rare sur la craie de Cliàlons ipie sur la craie (\c Reims et nul ailleurs; VOdonlilrs Jiiul>erli(nut n'est pas comnuin sur la (!rai(' a iiiiciMsici-, on en connall cependant [flus d'une di/aint* de localités; sur la craie à Ucicmnilclles il esl extrèmemeni rare et se voit seuleiiuMit sur l;i limite de la erai(* à Micrasici. au sud 'lu (icpai Iciiicni ; il est inconnu ailleurs. FLORE DE LA MARNE 113 Dans les champs cultivés, nous trouvons fréquemment VAra- bis arenosa; on en connaît d'ailleurs quelques rares localités sur la craie à Belemnitelles, toutes également au sud de la Montagne de Reims; il est commun dans le marais de Saint-Gond ; mais c'est à la limite, semble-t-il, de la craie de Micraster, et de plus dans un habitat un peu exceptionnel. h\irabis arenosa n'est pas connu en dehors du crétacé. Le Calepina Corvini est commun et parfois très commun, alors qu'il est plus rare sur les autres étages du crétacé et qu'il manque au reste du département. Le Bupleunun rotundifoliuni, assez commun sur la craie de Ghâlons, est extrêmement rare sur celle de Reims. 11 est aussi assez commun dans le Tertiaire. D. I^es Craies marneuse et g-Iauconieuse. — Le Cénoma- nien a, au contraire, une flore assez différente de celle de la craie de Reims, et par conséquent aussi de celle de la craie de Ghâ- lons. Sa composition chimique favorise le développement des plantes des terrains limoneux, et même quelquefois siliceux. Aussi sa flore est-elle plutôt intermédiaire entre celle du Sénonien et celle des argiles du Tertiaire. La craie marneuse possède les mêmes caractères, mais moins accentués et forme la transition. Nous nous occuperons plutôt ici de la flore de la craie glauconieuse. Ainsi tandis que les caractéristiques de la craie à Belemni- telles s'appliquaient souvent, et sauf indications contraires, à la craie de Ghâlons, il n'en sera plus de même pour ce paragraphe ; par contre, toutes ou presque toutes les plantes que nous indiquons ci-dessous se rencontrent à peu près avec une égale abon- dance dans les champs de la gaize ou du gault. Dans les endroits incultes, bords des chemins, prairies, nous trouvons le Caruni Carvi très fréquemment ; il est extrêmement rare dans les autres régions du département. 11 en est de même de Vliiula Pulicaria. Le Brassica nigrayest beaucoup plus fréquent qu'ailleurs. Les champs cultivés nous donnent surtout et en extrême abondance le Ranuiiculus Philonotis ^ dont on ne connaît que quel- ques localités dans le Tertiaire. Le Myosurus minlmus y est assez commun ; on ne le trouve que dans le Tertiaire où il est rare. Le Vicia lutea s'y trouve assez communément; ailleurs on ne le trouve plus que dans trois ou quatre localités des sables du Ter- tiaire ; le Vicia villosa^ VErviun gracile y sont aussi assez communs, tandis que l'on compte leurs localités sur le Soissonnais ou dans 114 CONGRÈS DE l'aSSOCIATION FRANÇAISE le massif tertiaire. Le LatJiynis Nissolia n'est qu'assez rare dans eette région (plutôt encore surrinfracrétacé; ; on n'en connaît que deux ou trois localités à l'ouest. Le Lalliyrus lilrsulus est une bonne caractéristique de cette région, puisqu'il y est assez com- mun, tandis qu'on n'en connaît qu'une localité dans le reste du département. Le Spergulfirid rubra y est commun alors qu'il man- que aux autres étages du crétacé et est rare dans le Tertiaire. Le Veronica acinifolia, le Sagina apelala^ VOxalis stricta, y sont également assez fréquents ; ils sont extrêmement rares ail- leurs. Le Spergularia segclalis, dont on signale plusieurs locali- tés sur la bordure de l'Argonne, est inconnu ailleurs. Le Gen- t'uma ciVuita est presque exclusivement cantonné dans les pâtis de craie marneuse et glauconieuse, où d'ailleurs il n'est pas com- mun. On y a signalé quelques localités du Myosotis stricta ; ce sont les seules du département. II. Flore Hygrophile Pour étudier la flore hygrophile du crétacé nous procéderons comme pour l'étude de la flore xérophile. Nous prendrons pour type la vallée de la Yesle et nous verrons ensuite en quoi les autres vallées du département peuvent en être distinguées. A. JLa Vallée de la Vesle. — Dans la catégorie des plantes flottantes ou submergées, nous trouvons une bonne caractéris- ti(|ue, V I lotion i(( //f//nstris, qui se développe parfois avec une extrénu' abondance, aux environs de Reims surtout, très rare ailleurs. Il en est de miMue, peut-être à un degré moindre, du S/)(f/-grniiu//i iiunÎDiuni. Citons maintenant quelques plantes spé- ciales à cette rc'gion tout en y restant 1res lares, VVtriciihirid ininoi\ le Potd/nogrto/i rufcsccns. Si nous passons maintenant à la flore du boid des eaux, nous trouvons en abondaïu-e h^ Haiumculus Liiigm/ (|ui est rare ailleurs, moins dans l(»s marais du su(l-ou(»st. Le (\tril(iiiiinc (iiudid y est également ri-(M|U(Mit ; on \v connaît à peu près dans toutes les auti-es stations du deparlenuMit, mais il v est toui\)urs très rare. \,\\iisnt(i rdnunnilodlcs n'est (pTassiv. rare dans la valb'c {\v la Vcsle et dans b^s marais de Saint-CuMid ; il est très rare ailleurs. La |)lante la |)lus i*ai-aclèristi(|ue île cette eal(\L!:i>rie est le i\irvx j)drd(li\.\(i ^ très eoiuinun dans toute la vallée, très raie FLORE DE LA MARNE 115 ailleurs. Le Carex fîliformis n'est guère connu, dans le département, que dans la vallée de la Vesle et dans le marais de Saint-Gond ; il y est rare d'ailleurs. Etudions maintenant la flore des marécages ordinaires. L'Œ/- nanthe LachenaUi est extrêmement fréquent dans la vallée de la Yesle, beaucoup moins ailleurs. Le Pedicularis palustris est commun dans la vallée de la Vesle ainsi que dans celle de la Suippe ; il est assez rare ailleurs. Le Teucriiim Scordium est assez commun dans tous les marais du crétacé, en dehors desquels on ne le rencontre pas. Terminons par la flore des tourbières. Le Thalictrum flavum n'existe pas en dehors du crétacé ; il est très commun dans la vallée de la Yesle. Le Lathyrus palustris est très fréquent dans la vallée de la Vesle, en aval de Reims ; il est extrêmement rare dans la région et toujours sur le crétacé. C'est donc une bonne caractéristique ainsi que le Galium boréale (qui manque à la flore parisienne) qui est parfois très commun dans la vallée de la Vesle, surtout aux environs de Reims, et qui est rare en dehors. UOrchis palustris est assez commun dans la vallée de la Vesle et dans les marais du tertiaire qui en dépendent; il est rare ailleurs, toujours sur le crétacé. Nous avons déjà signalé en étudiant les marais du Soissonnais (que l'on peut considérer comme des annexes de la vallée de la Vesle) l'abondance du Schœnus nigri- cans alors qu'on n'en connaît que quelques rares localités dans le reste du département. Une excellente caractéristique est fournie par le Carex Davalliana très commun par endroits dans la vallée de la Vesle, qu'on ne rencontre ensuite que dans quelques tour- bières du massif tertiaire des environs de Reims. Il en est de même du Carex pulicaris^ sauf que celui-ci est presque aussi commun dans le massif tertiaire que dans la vallée. Voici main- tenant deux plantes rares qui n'ont jamais été trouvées que dans la vallée de la Vesle : le Carex Mairii qu'on n'a jamais vu qu'une fois, et le Trifolium parisiense un peu moins rare. Nous devons, avant de passer à la vallée de la Marne, dire quelques mots des vallées de la Suippe et de la Retourne ; leur flore ne mérite pas un paragraphe spécial, ne se distinguant guère de celle de la Vesle qu'en ce qu'elle est beaucoup moins riche. Signalons cependant quelques diff'érences : le Cardamine hirsuta y a été signalé à plusieurs reprises ; on ne le retrouve que dans les marais de Saint-Gond. Le Scirpus multicaulis ^ ^ VEriophorum gracile^leCicuta virosan^onl été signalés qu'une fois dans la Marne, 116 CONGHKS DK lVsSOCIATION FRANÇAISE et celte local it<' (I<'|)(ui(l (1(> la vallée de la Siiippe. Le Comarum palustre est si^^nalé presque tout le long- de la Hetourne ; il man(|ue complètement à la Marn(\ V>. La Vallée de la Marne. — Au contraire la vallée de la Marne dillère très notablement de celle de la Vesle ; cela tient à plusieurs raisons dont les principales sont tout d'abord que les marais et surtout les tourbières sont beaucoup plus rares dans la vallée de la Marne, et ensuite que le substratum de celle-ci est tout différent, la rivière ayant ramené, des sols variés qu'elle a traversés, des limons qu'elle a déposés en une large bande de chaque coté de son lit. Dans la catégorie des plantes aquatiques, nous ne trouvons que le Polfuiiogeton Irlchoïdes.^ dont la seule localité du départe- ment apj)artient à cette vallée. Mais la catégorie des plantes des rives et du bord des eaux nous offre de nombreuses caractéristiques. Le Malachium aqua- licuni y est commun, alors que si on le signale h peu près dans toutes les régions du département, c'est toujours comme assez rai'e. On connaît plusieurs localités de VEpilobium palustre dans la vallée de la Marne ; il est extrêmement rare ailleurs. Le Siuui latlfoliuîn, presque exclusivement cantonné dans les marais du crétacé, est commun dans la vallée de la Marne et les marais de Saint-(iond, rare ou assez rare ailleurs. Le Senecio aqualicus, (jui mancpie à la vallée de la Yesle, est au (Contraire commun dans celle de la Marne ; il se retrouve en éuale al)<)n(laiice sur le plal(»au meulier et dans TArgonne. L'iuu/f/ liri- tr/n/t /'('(/ nCsl (|u'assez rare dans la vallée de la Marne et celle de la Seine, très rai'e ailleurs. Le Scirpus /fu/rifi/nus est une bonne caia(i<'M-isli(pie de la vallc'c» d(» la Marne, où il est abondant; il se l'elrouvcî ensuite', mais plus l'are, dans TArgonne et dans la vallée (le la Seincî. Il en est de même (b* V IleleocJiaris acicularis^ assez < oiiunuFi dans la vallée de la Marne (M celles de ses alIluiMits, surtout \rrs \ il iy-le-h'ran(;(Ms, cl donl on ne connaît (|iie (|ui'l(|ues localités en dehors (Ir celle lu'gion. Le Lccizia ori/zoidcsAu'x aussi, caractérise assez bien I:i vallée de I;» Mai'ne, où il est assiv. (H)ninum, ainsi (pie dans les vallées allluentes, en amoiil de ( IhAlons-sur-Marne, tandis «pt'il est pour ainsi dire nid ailleurs. Le (drcA pauivulala es! assez rare seulement dans la partie suj>eiieure de la vallée de la Marne; il »'st e.\liMim>ment lai'c dans la \ allée ch» la N'esle. C'est une distribiition inv(Mse de c^Wv de .son voisin le CarcA ptiradoxa . FLORE DE LA MARNE 117 Terminons par un coup d'œil sur les marais, puisque, comme nous Tavons dit, les tourbières n'ont que peu d'importance dans cette vallée. UOenanthe peucedanifolia^ qui est très rare dans la vallée de la Vesle, est au contraire commun dans celle de la Marne, à l'inverse de VOr/ianthe Lachenalii. L'O. peucedanifolia n'est guère connu en outre que dans la vallée de la Suippe. Le Palimbia Chabrei e^\ une bonne caractéristique de cette station; il est très commun dans la vallée de la Marne, surtout dans sa partie moyenne, alors qu'il est rare sur le tertiaire et très rare ailleurs. h'Alopecurus ulrlculatus n'existe qu'à l'est du département; il est assez rare dans la vallée supérieure de la Marne et celles de ses affluents, d'où il s'étend aux marais du gault. Le Festuca pratensis est assez commun dans la vallée supérieure de la Marne, dans la vallée de la Seine et dans l'Argonne. Le Festuca aruiidinacea est assez commun dans la vallée de la Marne. Le Carex acuta est commun dans la vallée de la Marne et l'Argonne. Ces trois plantes sont rares ailleurs. C. lyes Marais de la Seine et les Marais de Saint- Gond. — Il ne s'agira, à vrai dire, dans ce paragraphe, qu'acciden- tellement de la vallée de la Seine, qui ne traverse le département que dans une très faible partie de son cours, mais plutôt des quel- ques affluents que lui envoie la plaine crayeuse soit directement, soit par l'intermédiaire de l'Aube. Nous avons cru devoir y joindre la flore des marais de Saint-Gond, bien qu'ils dépendent de la vallée de la Marne au point de vue physique, parce que leur flore res- semble plutôt à celle des affluents de la Seine. Nous trouvons naturellement, dans ce paragraphe, une flore plutôt voisine de celle de la vallée de la Seine, les raisons qui donnent à la flore de la Marne une physionomie particulière n'existant plus ici. Sous bénéfice des observations faites dans les deux para- graphes précédents, nous pouvons relever ici les caractéristiques suivantes : Dans la catégorie des plantes aquatiques, le Potamogeton plantagineus est commun dans cette région, alors qu'on n'en connaît que trois localités dans le reste du département, toutes au nord-ouest. Dans la catégorie des plantes du bord des eaux, nous trouvons, à l'extrême sud du département, VOenanthe silaifolia, qu'on a signalé aussi aux environs de Vitry-le-Franrois, et qui vient de 118 CONGUKS DE L ASSOCIATION l'HANCAISE rAube, où il csl très conimun ; on ne le connaît pas clans le reste de la Marne. Le l^a serolina n'a jamais été signalé qu'aux bords de TAube, où il est rare. Dans la flore des marécages, nous trouvons le Dianthus superbas^ abondant dans les marais de Saint-Gond et dont on n'a trouvé, dans le reste du département, qu'un seul pied à la limite des Ardennes, et V luiphorbia palustris^ dont on connaît d'assez nombreuses localités dans notre région et qui est très rare dans l'Argonne et à peu près nul dans le reste du département. Dans les tourbières, nous trouvons assez communément le Sagina nodosa^ qui est rare ailleurs. Le Sanguisorba offîcuidlis^ (|ui vient de l'Aube, où il est assez commun, est signalé à plusieurs endroits de l'extrême sud ; les très rares localités que l'on en a données pour le reste du département sont toutes situées au sud de la Marne. Le Viola idatioî\ commun dans l'extrême sud (vallée de l'Aube), est assez rare dans la vallée de la Marne et très rare ailleurs. Essayons de tirer maintenant de cette rapide étude de la plaine crayeuse quelques conclusions relativement à la distribution géograpln(iiu^. des espèces qui y croissent. Nous avons vu et nous verrons plus loin que la flore de la Marne, surtout sur le plateau de la Montagne de Reims et de l'Argonne, a un caractère plutôt septentrional ou oriental (qu'explique naturellement sa situation entre les climats vosgien et sequanien), qu'une tendance contraire se manifeste dans les sables du tertiaire et que les calcaires du tertiaii'e ont une situation intermédiaire. Or, la plaine crayeuse, à ce point de vue encore, ressemble, ainsi c[ue nous l'avons annoncé, à ces calcaires. L'induence de \? longitude est compensée par ce fait ([ue \c massif de l'Argonne arrête (certaines plantes orientales, par ce fait que la plaine crayeuse est largement ouverte vers le sud, et enfin parce <|ue la craie est un sol bien plus chaud <|ut» les argiles des |)lalean\ el (pie son altitude est moins élevée. Toulefois, la seconde influence est manifestement |)répondé- laiite. Dans la catégorie des plantes ([ui nous viennent (\c YcM ou (lu nord, citons : Aral)is aiciuisa. Gcnliana gmiiaiiica. 'rmiiienl roicillard Plecotiis (Uni- tus L.) (hnis b's caves (h's habitations et dans h»s etrhses (h* campagne. I LA FAUNE DES ENVIRONS DE REIMS 125 Insectivores. — La taupe (Talpa europœa L.) est com- mune dans les champs et les prés. Un sujet atteint d'albinisme, au pelage d'un blanc jaunâtre, faisait partie des collections de l'ancien Musée d'histoire naturelle, installé à l'Hôtel de Ville. La musaraigne d'eau [Crossopus fodieiis Pall.) se trouve çà et là dans nos ruisseaux. Je l'ai vue à Chambrecy, ainsi que dans une mare de la forêt d'Epernay. Le Sorex vulgaris L.) se plaît dans les prairies. Les jardins et les champs sont habités par la Crocidura araneus Schreb., la plus commune de nos musa- raignes. La Crocidura leucodon Herm. fréquente les mêmes loca- lités, mais elle est plus rare. Je l'ai rencontrée à Reims et au mont de Berru. » Le hérisson [Erinaceus earopœus L.) se cache pendant le jour et se rencontre assez rarement. On le trouve de temps à autre dans les champs cultivés du terroir de Reims. Les services qu'il rend à l'ag-riculture devraient le sauver de la destruction, et l'on ne saurait trop recommander aux habitants des campagnes de le laisser vivre et se propager. Rong-eurs. — L'écureuil [Sciurus vulgaris L.) est fort com- mun dans nos bois et nos forêts. J'en possède un exemplaire, tué en l'hiver de 1876, dans les bois de Merfy, dont le pelage est brun foncé, comme chez l'écureuil alpin (var. alpinus^ F. Guv.), que l'on considère comme propre aux régions montagneuses. Le lérot [Myoxus quercinus L.) est répandu dans tous nos jardins, dont il dévaste parfois les fruits. Le muscardin [Myoxus avellanarius L.) est propre aux bois (Germaine, Jonchery-sur- Vesle, etc.). Les muridés sont représentés par une dizaine d'espèces. Le rat surmulot (3/?^5 decumanusPaU.) abonde dans certains quartiers de la ville, dans les magasins, les entrepôts, les usines, oi^i il est fort importun et très nuisible. Il a chassé le rat noir [Mus rattus L.), qui a cherché un refuge dans les campagnes, et a cessé d'être un rat de ville pour devenir presque exclusivement un rat des champs. La souris [Mus musculus L.) pullule partout, dans les maisons, les granges, les meules de céréales. Le mulot [Mus sylvaticus L.) habite, mais en moins grand nombre, les jardins et les champs cultivés. Le rat nain [Mus minutus Pall.) y élit aussi domicile, et construit dans les buissons son nid délicat, semblable à un nid d'oiseau. Il partage quelquefois avec la souris commune l'abri des meules de paille, mais n'y est jamais très 126 CONGRÈS DE L^ASSOCIATION FRANÇAISE imiltij)lié. On n'en trouve guère en proportion moyenne qu'une di/aine, contre plusieurs centaines de souris. Le rat d'eau {Arvicola amphibius L.) hante les ruisseaux, les marais, les berges des rivières. Il se trouve aux bords de la Vesle et de la Suippe. On a signalé autrefois, à Hermonville, une race atteinte de mélanisme. V Arvicola ngrestis L., assez rare, a déjà été observé, je crois, dans les prairies humides. Enfin, le campagnol des champs [Arvicola arvalis Pall.) se multiplie pro- digieusement en certaines années dans les plaines champenoises, et devient un véritable fléau pour les cultivateurs. On a proposé pour le combattre divers procédés plus ou moins efficaces. Heu- reusement le mal est arrêté par des causes naturelles, et la surabondance des campagnols est toujours suivie d'une destruc- tion spontanée aussi rapide qu'avait été leur propagation. Le lièvre (Lepus timidus L.) est très commun partout, dans les bois et les plaines. On en tue beaucoup en battues dans les bois de pins de la Champagne. Le lapin de garenne [Lepus cuni- culiis L.) est plus abondant encore. Tous nos bois croissant sur des terrains secs et arides, sablonneux ou calcaires, en sont j)euplés. Il s'est surtout répandu dans les bois de pins plantés au xix^ siècle parmi les immenses plaines qui s'étendent au nord et à l'est de Reims. On le voyait autrefois dans les fossés des remparts de cette ville, et il pénétrait souvent dans les enclos du faubourg Gérés. Carnivores. — Le chat sauvage (Felis catus L.j existe, mais en petit nombre, dans nos grandes forets. Il se montre aussi dans les bois de pins des plaines de la Suippe, attiré par les lapins ((ui lui fournissent une proie copieuse. Un chat non encore adulte, offrant le pelage et les caractères extérieurs du chat sauvage, a de lue sous mes yeux, en octobre 1876, entre Saint-llilaire-le- l'clil rt Moronvilliers, à une distance de plusieurs kilomètres de toute iiabilation. 11 faut remar(|uer, d'ailleurs, (jue le chat domes- licjiic reprend lîicilement sa liberté et s'enfuit parfois ti'ès loin pour doinn'r cours à ses instincts de chasseur. Dans des cantons recules des forêts de Heims et d'Epernay, j'en ai aperçu (jui avaieul la livrée du chat de nos maisons c\ d(» nos fermes, (^t dont l'origiiu' ne pouvait être douteuse. Le \o\\\ï (Canis lupus L.;, était jadis eoimuuii dans b's envi- rons de H<'ims. Au \\t' sièel(\ on le tuait à l'an'ùl, à l'extrémité du faubourg S:nnt-Kloi. .l'ai entendu dire (ju'au eoinmenci'nuMit LA FAUNE DES ENVIRONS DE REIMS 127 du XÏX* siècle, des loups, en quête de leur nourriture, s'appro- chaient encore de la ville. Il y a une soixantaine d'années, on en chassait dans la vallée de la Suippe. Aujourd'hui, cet animal est presque complètement exterminé. Durant les hivers rigoureux, il peut en venir encore des Ardennes, mais ce sont des visiteurs accidentels, et le nombre des loups tués chaque année dans le département de la Marne est de plus en plus restreint (1). Le renard (Canis vulpes L.J est répandu dans tous les bois, ainsi que dans les marais. Il s'aventure rarement dans les plaines cultivées, qui lui offrent peu d'abri. Le h\dCiv^di\x{Melestaxus Schreb.j est beaucoup moins commun. Il habite diverses localités de la montagne de Reims, où il fait l'objet d'une chasse spéciale. La T[i?iTie( Martes abietum Ray^ se trouve dans la forêt de Reims, d'après des renseignements que je n'ai pu moi-même contrôler. Elle est d'un naturel très sauvage, tandis que la fouine (Martes foiiia Gmel.J, commune chez nous, se rapproche des lieux habités. Le putois (Mustela putorius h.) se tient aussi dans le voisinage des fer- mes, et exerce souvent des déprédations dans les poulaillers. Je l'ai vu capturer dans un jardin de Reims. L'hermine (Mustela herminea lu.) n'est pas très rare. J'ai conservé le crâne d\in individu trouvé dans un enclos du faubourg de Gernay. On a revu depuis, au même endroit, un sujet en pelage d'hiver. J'ai constaté également la présence de cette espèce aux environs d'Epernay. Mais parmi nos mustelidés, \dihe\Q\ie (Mustela vulgaris Briss.Jest de beaucoup la plus répandue. Dans les années fécondes en campagnols, elle se répand dans les champs, et rend de vrais services en faisant à ces rongeurs une chasse acharnée. h'àXouXvQ (Lutra vulgaris¥iTx\.) fréquente la plupart de nos cours d'eau. Très mal vue des pêcheurs à cause des nombreux poissons qu'elle dévore, elle a été de tout temps vouée à la destruction. En 1402, on voit opérer sur le terroir de Gourville deux « loutriers du roi », chargés de capturer ces animaux. Geux-ci ont cependant résisté à la guerre qui leur a été faite. Il en existe encore en beaucoup d'endroits. On m'en a signalé aux bords de la Vesle, à Gormontreuil, et près de l'Ardre, à Fismes. Ong-alés. — Le cerf (Cervus elaphus L.j se trouve dans les grandes forêts du département de la Marne, et est parfois chassé à (1) Bull, de la Soc. d^ étude des sciences naturelles de Reims, t. X (1901), p. XXIV. 128 CONGRÈS DE L*ASSOCIATION FRANÇAISE coiirro. La forêt de la Montagne de Reims en possède quelques- uns ; on en ren(^ontro aux environs de Mont-Chenot, Nanteuil-la- Fosse, etc. Le chcwevùl (Ceri^us cr/preolus L.j est encore plus com- mun ; on le chasse dans toutes nos forets, et l'on en tue chaque année en assez grand nombre. On sait que le sang\ier(Sus scrofah. K loin d'être en voie d'extinclion comme beaucoup de grands mammi- fères, a une tendance à se multiplier et paraît actuellement dans certaines régions de la France, où il était jusqu'ici presque inconnu. Les forêts de la Champagne et des Ardennes en nourrissent des colonies nombreuses ; près de Reims, ils semblent être aussi répandus qu'au moyen âge, et c'est un curieux exemple d'une grande espèce animale qui a pu se maintenir et triompher de tou- tes les causes de destruction. Au mois d'octobre dernier, un san- glier égaré est venu se faire tuer à l'extrémité du faubourg de Glairmarais, près du canal. Oiseaux T/ornithologie de notre région est parfaitement connue. Aucune partie de notre faune n'a été mieux étudiée et n'a donné lieu à des observations plus suivies et plus consciencieuses. Le département de la Marne a eu des naturalistes zélés, le docteur Dorin, de Ghâlons, le comte de Riocour, de Vitry-la-Yille, qui se sont consacrés spécialement à l'étude des oiseaux, et nous ont procuré sur ceux du pays des notions fort complètes. Le docteur Dorin avait réuni une importante collection (|ui fait aujourd'hui partie du Musée de Ghâlons, et peut être très utilement consultée par ceux ((ui s'occupent de cette branche de l'histoire naturelle. C'est hii (|ui a fourni les éléments du premier essai de catalogue d(»s oiseaux de la Marne, publié en 1844 dans le tome l" du Précis de la Statistique générale de ce département, par J. Chalelte (|). lO'l^^. Il a eu également une grande part dans la liste dressée par le (lochMir Salle, pour sa Faune du département de la Marne, insérée dans VAnnuairr de la Marne de 1864 (p. 338-3r>4). Ce cata- logue donnait déjà de foi't bons renseignements; mais il a été surpassé depuis par un travail plus étcMulu que M. Cuillol a fait |)araUre on 1870, dans les Mémoires de la Société des sciences et arts dr Vitri/-lt'-François, sous le titre de Catalogue anahftique et détaillé des oiseaux du déparlement de la Marne. C.oWo de vnVoro œuvre est le fruit de reclKM-clu^s assidues, et peut être considérée LA FAUNE DES ENVIRONS DE HEIMS 129 comme définitiv^e. On pourra sans cloute la compléter à Taicle d'observations nouvelles, mais elle restera, dans son ensemble, un état très précis et très exact de notre faune ornithologique. Elle indique 271 espèces sauvages, les unes sédentaires, les autres de passage régulier ou accidentel, et parmi ces dernières, quelques voyageuses qui semblent égarées, et dont les visites fort rares sont provoquées par des circonstances exceptionnelles. Tel est le cas du Syrrhaptes paradoxus Pall., ce curieux gallinacé des steppes asiatiques, qui dans ses invasions encore inexpli({uées de 1863 et 1888, a paru dans les plaines de la Champagne. Un de ces oiseaux, lors de leur plus récente invasion, a été tué dans le voisinage d'Heutrégiville (1), Un fait caractéristique de notre ornithologie locale a déjà été relevé par le docteur Jolicœur dans la notice publiée à l'occasion du Congrès de l'Association pour l'avancement des sciences, tenu à Reims en 1880. Je veux parler de la disparition de la grande onldivà^ (Ods tarda L.j, qui fréquentait autrefois en bandes innom- brables les vastes plaines situées entre Reims et Châlons, et qui ne s'y montre plus qu'isolément et à de rares intervalles. Le même fait a été observé en Angleterre (2). On pense que cet oiseau a dû nous quitter à la suite des transformations opérées en Cham- pagne par les plantations de pins qui ont été commencées dans la première moitié du XIX*' siècle ; il ne trouvait plus chez nous les grands espaces libres qui lui sont nécessaires. En revanche, l'outarde canepetière (Otis tetrax L.J est devenue de plus en plus commune. On en fait lever souvent quelques couples, lorsqu'on se promène au printemps dans les plaines cultivées des environs de Reims. Je n'essaierai pa,s de donner ici la liste des oiseaux de la Marne, et je me bornerai à renvoyer aux catalogues que je viens de citer. Je me tiendrai seulement dans un champ plus restreint, mais où, du moins, mes observations ont été tout à fait person- nelles. Depuis de longues années, mon attention s'est portée sur les oiseaux qui habitent la ville de Reims et ses faubourgs, et que j'ai pu examiner ou chasser à loisir dans des jardins ou des ter- rains clos. Il ne sera peut-être pas sans intérêt d'en offrir l'énu- mération. On sera étonné, je pense, de la variété et de la richesse (1) J. DE C\z\NovE, Le Syrrhapte paradoxal en Champagne, dans le Bull, de la Société zoologique de France, t. XIV (1889), p. 86. (2) Dresser, Manual of palxarctic hirds, p. 724 ; Newton, Dict. ofhirds, p. 62. 130 CONGRÈS DE L ASSOCIATION FRANÇAISE de cette faune urbaine ; il faut d'ailleurs remarquer que nies pre- mières investigations remontent à une époque fort lointaine où la ville n'avait pas pris l'extension qu'elle a de nos jours, où des terrains spacieux restaient libres, non envahis par des construc- tions ou séparés de la campagne par des quartiers neufs. Voici donc la liste de ces oiseaux; plusieurs ne reparaîtront plus sans doute aux abords de Reims, mais on peut compter encore sur de nombreux visiteurs, et leur nomenclature, quelque étendue qu'elle soit, ne doit pas être close (1). Hobereau [Falco siibbutco L.), Crcsserelle (^Falco tinnunculus L,), Epervier {Accipitcr nîsus L.). Effraie {Strix flammea L.). Hibou (Otus vulgnris Flemm.). Pic épeiche {Picus major L,). Torcol {Yun.v torqniUn L.). Coucou (Cuculus canorus L.). Sittelle {Sitta cœsia Mey.). Grimpereau (Cert/iia familiaris L ). Huppe {Upiipa epops L.). Corneille [Corvus corone L.). Freux [Corvus friigilegus L.). Choucas {Corvus monedula L.). Pie {Pica caudata Keys.). Geai {Garrulus glandarius L.). Pie-grièche grise (Z-a/î/wscrcM^/fo/'L.). — rousse [Lanius rufus Briss.). — éC0Pcliei]r(Z.an/Ms collurio L.). Elourneau {Stumus vu/garis L.). Moin(;au {Passer domesticus L.). Fri(juel {Passer inontanus L.). Bouvreuil [Pyrrliula vul<^aris ïemm.). Gro3-hec[Coccot/iraustesvul<^aris\w\\.'j. Verdier (Ligurinus chloris L.)- Pinson (Fringilla c/vlehs L.)- Pinson d'Ardennes (/•>//? ^«^///a montifringillah.) CliardoiUKirel {Cardueh's e/cgans Steph.). JjinoUc {Cannahirui linota (îinel.). Proyer {Miliaria curoprca Swains.). Bruant comnion {Emberiza citrinella L.). — zizi [Emberiza cirlus L.), Ortolan {Emberiza hortalana L.). Alouette des champs {Alauda arvensis L.). — huppée {Galerida cristata L.). Pipi des Y^Tcés {Ant/i us pratensis L.). Bergeronnettejaune(5«c?y/es/7apaL.). Hochequeue gris [Motacilla alba L.). Loriot {Oriolus galbula L.). Merle noir {Turdus merula L.). — à plastron ( Turdus torquatus L . ) . Grive litorne [Turdus pilaris L.). — draine {Turdus viscivorus L.). — mauvis {Turdus iliacus L.). — commune {Turdus musicus L.). Rouge-gorge(/?/ec«/a/Vzw//mr/sBlj'tb.), Rossignol [Pliilomela luscinia L.). Rouge-queue (/?Mf/c///a/)/(«'n/cwraL.). Tithys {Ruticilla litliys Scop.). Traquetmotteux(.SVi.r/co/aa?/ïrt/iMeL.). Tarier ordinaire (Prrtf//îco/rt rubetra\.,). — ruhicole ( Pratincola rubicola L.). Mouchet {PruncUa modularis L.). Fauvette à tête mn{Sylvia atricapilla L.). — des jardins {Sylvia hortensis Gmel. ) . — {^rise {Curruca cinerea Briss.). Roitelet {Troglodi/lcs parvu/us Koch.). Pouillol {Plnjllopncusic trocliilus Lj. (1) J'ai suivi pour plus de cominoditt^, dans celle lislc, la nomonclaluro el la (dassKiralion dp Y Ornithologie européenne do Drijlaud et (iorho, livro d'un usatje Irôs rt'|).iii(lii . li.i cl.issilMiiiioii du lland-list of hirds de H. Sliarpe osi plus conloniic aux (luinitrs de la scicnci' acluclir, mais ccl ouxr.iLj»' n osl pas rncoro achcvf. LA FAUNE DES ENVIRONS DE REIMS 131 Roitelet huppé (i?eo-M/M5cr/sm«MsGharlet). Hirondelle de feDetre {Chelidon urbica L.). Mésange cliarbonDière [Parus major L.)- Martinet [Cypselus apiis L.). — noire {Parus ater L.). Ramier {Columba palumbus L.). — bleue {Parus cœruleusL.). Tourterelle commune (rMrfMr«Mr/fMS Ray). — à longue queue {Orites caudatus Perdrix grise (Pe/'o^/.r c//zerea Lalham.). var. roseus Blyth.). Caille {Coturnix commuuis Bonn.i . Gohe-m'onQ\iem{Muscicapanigra Briss.). Faisan ordinaire {Phasianus colchicus L.) . — gm{Butalis grisola h.). ^\oi\^\os {Ardeola minuta h.). Hirondelle de chemine'e(//mmû?om5f/caL.). Cigogne blanche (C/conma/^a Willugh.). Parmi ces 75 espèces, quelques-unes sont sédentaires et se trouvent en tout temps dans nos jardins ; la plupart sont de pas- sage annuel ou irrégulier ; certaines, comme le moyen duc, le faisan, le blongios et la cigogne, ont fait des apparitions tout à fait accidentelles, et n'ont été vues qu'une seule fois. En somme, le pays de Reims est bien peuplé d'oiseaux. Con- trairement aux prévisions des pessimistes qui nous prédisent à brève échéance une extermination, ou au moins une diminution des espèces utiles à l'agriculture, nos jardins et nos bois sont pleins de pinsons, de fauvettes et de mésanges. Les hirondelles seules sont devenues plus rares dans la ville, en ces dernières années. Ce fait peut être attribué à l'abondance des martinets qui ont pris leur place et paraissent les avoir expulsées ; du reste, ils nous rendent, comme insectivores, absolument les mêmes ser- vices. Reptiles Notre faune est assez pauvre en reptiles et compte moins d'espèces que celle des environs de Paris. En attendant un cata- logue complet et définitif, je puis donner ici quelques notes, fon- dées sur des observations que j'ai poursuivies depuis fort long- temps. Sauriens, — Le plus commun de nos lézards est le lézard vivipare (Lacerta vlvipara Jacq.^, très répandu dans les localités humides de nos forêts, et dans les marais et les prairies. On le voit fréquemment aux bords de la Vesle, à Cormontreuil, et de l'Ardre, à Fismes. Le lézard des souches (Lacerta agilis h.) préfère les lieux secs, dans les forêts de Germaine et de Verzy, les bois de Berru, et parfois le long des talus des chemins de la plaine de Reims. Il y a une vingtaine d'années, il s'était beaucoup 132 CONGRÈS DE L^SSOCIATION FRANÇAISE multiplié dans un enclos du faubourg de Cernay, où j'ai observé sa ponte et recueilli ses œufs. Je n'ai pas encore vu le lézard vert (Lacerla viridis L.)dans les limites de l'arrondissement de Reims, mais il en approche au sud et atteint la rive gauche de la Marne. Il se trouve près d'Avize, au mont de Sarran, et à la lisière de la forêt d'Epernay. L'un des traits les plus curieux de la faune rémoise est l'ab- sence complète du lézard de murailles [Lacerta muralis Laur.j. Je n'en ai jamais aperçu un seul aux alentours de Reims et d'Epernay. Or cette espèce a l'habitude de se montrer en plein soleil, et n'est pas de celles qui peuvent échapper facilement aux recherches. Elle est assez commune, en revanche, aux bords de la Meuse, près de Mézières. Ce fait confirme la très juste remarque faite par plusieurs auteurs, d'après lesquels le cours des fleuves est la voie principale suivie par la Lacerta muralis en remontant vers le nord (1). L'orvet (A/iguis fragilis L.) est commun dans la forêt de la Montagne de Reims et dans celle d'Epernay. 11 est plus rare dans les bois de Berru. Je ne sais si le vieux préjugé qui le faisait considérer comme un animal très dangereux subsiste encore, mais trop de gens ont conservé l'habitude d'écraser cet inoffensif reptile qui mériterait protection. Ophidiens. — 11 n'y a près de Reims que fort peu de ser- pents. J'en coimais seulement deux espèces dont une seule est comnuine, la couleuvre à collier {^Tropido notas nairix L.), qui se rencontre fréquemment dans nos marais, dans nos bois, au voisi- nage des mares et des étangs, et près des rivières. J'en ai pris dans hi forél d'Epernay un exemplaire ayant plus d'un mètre de longueur. La seconde espèce est la Coronella nustriaca Laur. ; elle est plus rare, bien cju'elle habite la plupart de nos bois (Ludes, bois de Rouillon, et aussi forêt d'h]pernay). On en trouve parfois de jeun<»s individus sous les pierres, où ils jiaraisseni S(^ livrer à la (•hass(î aux fourmis ((iermaine, Grauves). .le n ai jamais coustalé la |)résence d'aucune vipèie aux (Mivi- rons de Reims, ni vu signab^' aucun accident causé par la m^r- sui'e (le ce rcplilc. L;i S((/tisfi(/ue de la Mar/i(\ publiée par ('hah^tte en IS'/i, v;i nK'ine ius(|u';"i revocjuer r\\ donle son existence dans (I) SriiRKiiirH, /Icrprtolo^ia curopua, p. 'ilS; J. von ni-DKiAi.A. lîcilrii^c zttr Kenntnis der LnrrrliHt'n-Fi'(M,;i (MMMiiaiiic (^l Ivillx, ainsi (juc dans l(»s mares (le l'ieri'y. Le '/'/•. vnli^nris est très répandu dans l<»s bois th» Berru, les fossés (h's marais de la N'esie (CormonhtMiiL ( 'ourcelles), el des bords de la Snippc (Ba/.ancourl^ sui* les rives de la Marne, el dans li^ ruissiMu des pi'omcnades de Reims. ()n le Iroiivt» eoni- LA FAUNE DES ENVIRONS DE REIMS 135 munéinent en automne, sous les pierres et les herbes coupées, dans les lieux humides. Le Tr. alpestris et le Tr, palmatus habitent presque tou- jours ensemble, et souvent en la compagnie du Tr. cristatus. Au contraire, ils semblent exclure le Tr. vulgaris^ qui paraît fuir leur société. Je n'ai jamais rencontré celui-ci dans les eaux de Rilly et de Germaine, et son domaine est tout à fait distinct. Dans les bois de Berru et dans nos marécages, il règne seul, ou avec le Tr. cristatus ; mais les deux autres s'en écartent avec soin. Ce fait est assez curieux à constater ; il explique l'absence d'hy- brides, qui pourraient se produire par la fréquentation des Tr. palmatus et vulgarls^ dont les femelles ont entre elles beaucoup de ressemblance. . Poissons Les poissons de nos rivières ne sont guère connus que de nos nombreux amateurs de pêche, et n'ont pas encore fait l'objet d'une étude scientifique. La Société d'histoire naturelle de Reims a entrepris la formation d'une collection ichthyologique locale, afin de combler cette lacune. Il semble, d'ailleurs, que *notre faune n'offre, en cette matière, rien de particulièrement intéressant. Nos rivières sont toutes des affluents de la Seine, et les poissons qui les peuplent sont ceux du bassin de ce fleuve, fort bien étudiés depuis longtemps. Un catalogue des poissons du département de la Haute-Marne, publié en 1892 par MM. A. Daguin et Ch. Bardies, énumère une trentaine d'espèces indigènes, plus quelques espèces d'origine étrangère, introduites avec plus ou moins de succès par les pisciculteurs. La liste des poissons de la Marne ne doit guère différer de celle-ci ; on peut trouver aussi sur eux quelques ren- seignements dans les catalogues, d'ailleurs insuffisants, donnés par Ghalette dans la Statistique de la Marne (t. 1, p. 75), et par M. le D' Salle dans V Annuaire de la Marne de 1864 (p. 366-368). En attendant que les matériaux réunis par notre Société per- mettent d'entreprendre une étude complète de la faune ichthyolo- gique des environs de Reims, nous ne pouvons présenter qu'une liste provisoire des espèces qui y ont déjà été observées, et de celles que des recherches ultérieures y feront certainement décou- vrir. Ce sont les suivantes : Perche (Perça fluviatilis L.); commune dans nos rivières. Gremille ou perche goujonnière (Acerina cernua L.); Vesle, etc.; apportée quelquefois sur le marché de Reims. 136 CONGRÈS DE l'aSSOCIATION FRANÇAISE Clial)Ot iColtufi gob'io L.); commun dans les ruisseaux et les petites rivières; Ardre, Guhry, près d'Kpernay, etc. Epinoche [Gasterosteus piuigUius L.); ruisseaux, Ardre, etc. Epinocliette (Gasterosteus Ixvis Guv.); très commun, fossés dans les marais de la Vesle, Gormonlreuil, .Muizon ; source des Trois-Fontaines ; mares sur le plateau de Rilly. Lotte {Lola vuhjaris Guv.l; dans la Marne et l'Aisne. Loche franche (Cobitis barbatula L.); commune dans les ruisseaux, ou elle se trouve avec le chabot ; Vesle, Gubry, etc. Loche de rivière {Cobilis txnia L.). Goujon [Gobio fliiviatilis Val.). Barbeau (Barbus fluviaiilis Val.). Tanche [Tinca vulgaris Guv.). Garpe {Cyprinus carpio L.); commune dans les étangs, etc. Bouvière {Rfwdeus amarus Bloch); canal de l'Aisne à la Marne, etc. Brème {Abramis brama L.). Petite brème {Abramis bjœrkna L.). Ablette {Alburnus lucidus Heck. et Kner). Spirlin {Alburnus bipunctalus Bloch); observé dans l'Ardre, etc. Rosse ou rotengle (Scardi7iius erythrophlhalmus L ). Gardon {Leuciscus rutilus L.). Meunier {S qualius cephalus L.). Vandoise {Squalius leuciscus L.). Vairon {Phoxinus Icevis de Sél.); très commun dans les rivières et les ruisseaux, Vesle, Ardre, etc. Ilotu {Ckondrostom^a nasus L.); dans la Marne. Truite {Trutta fario L.); répandue dans nos eaux courantes ; Vesle, Suippe, etc. Alose {Alosa vulgaris Guv.); remonte parfois, dit-on, la Marne au printemps (Gâtai. Salle). Brochet [Esox Ivcius L.); très commun dans nos rivières, Vesle, Suippe, etc.; on voit parfois de jeunes individus, jusque dans de petits ruis- seaux (marais de Muizon, Trois-F'onlaines.). Anguille {Anguilla vulgaris Yarr.); très commune, Vesle, Suippe, Ardre, etc. Petite lamproie {Pctromgzon Plancri Bloih); commune dans la Vesle, près de Gormonlreuil. Cotlc liste, bien ([iie n'ayant pas un caraitôre (lôfinitif, do'\[ r[\'o à j)(Mi |)rès exaclc, c\ je crois (jiio dos oludi^s |)liis sérieuses n(^ icroiil (|m' la coiiliniiri' cl n'y apporleroni pas J)eau(M)U|> de niodilicalions. H (*sl à (h^sirer surtout (|uc Ton a((|ui(M'e des notions plus j)r('(is(\s sur hvs diverses (espèces de (',\priindés et sur leur distribution tians nus rivières. On y Irouviua peut-être LA FAUNE DES ENVIRONS DE REIMS 137 aussi le carassin [Cyprinopsis carassius L.), qui a été signalé dans l'Aisne par le D*" Moreau [Manuel d'ichûiyologie française^ p. 484), et dont une variété, le Cyprinopsis gibelio Bloch, a été, suivant le D^ Salle [Annuaire de la Marne^ 1864, p. 367), pêchée dans la Marne et dans la Saulx. D'après ce dernier auteur, le saumon [Salmo salar L.) remonterait parfois le cours de la Marne jusqu'en notre département. On peut compter sans doute égale- ment sur les visites accidentelles de l'esturgeon [Acipenser sturio L.). En effet, M. Daguin [op. cit.^ p. 63), nous apprend que deux de ces poissons ont été capturés en juin 1889 dans les étangs d'Ecot (Haute-Marne), et la même année, au mois de juillet, un autre a été pris dans la rivière d'Aisne, à Goncevreux [BulL de la Société d^étude des sciences nat. de Reims, t. X. p. LIX.). Les eaux des environs de Reims ont été, dès le moyen âge, fort bien aménagées pour la pêche et l'élevage du poisson. On avait établi, le long du cours de la Suippe, des étangs dont il reste aujourd'hui des traces, et que l'on peuplait avec de l'alevin que l'on allait chercher ordinairement dans la vallée de l'Aisne. Les pêches y étaient très fructueuses. En 1377, on prit pour le compte de l'archevêque de Reims, dans les dépendances de sa châtellenie de Bétheniville, 63 carpes, 4 carpillons, 4 chevaines, 72 brochets, 51 perches, 366 rosses, 173 anguilles, 51 verniaux (jeunes anguilles). L'année précédente, le poisson avait été encore plus abondant : on avait péché 414 carpes, 687 carpillons, 155 bro- chets et 232 anguilles. Les anciens documents fournissent sur ces points des renseignements qui pourraient faire l'objet d'une curieuse étude rétrospective. Les comparaisons qu'ils permet- traient d'établir ne seraient peut-être pas à l'avantage de notre temps, car aujourd'hui les progrès de l'industrie et la multiplicité des usines sur les rivières ont amené souvent des conditions peu favorables à l'existence et au développement des poissons. Mollusques Les premiers travaux sur les molluscfues de notre région remontent à une époque déjà assez éloignée. En 1844, un cata- logue fondé sur les observations de MM. Arnould, juge, et Drouet, greffier du tribunal de Ghâlons, zélés conchyologistes, a élé publié dans la Statistique de la Marne de J. Ghalette (t. I, p. 75-77). La même année, une liste un peu moins complète, basée aussi en 10 138 CONGRÈS DE l'aSSOCIATION FRANÇAISE grande partie sur les recherches de M. Arnoiild, a été présentée par M. Aiil)riot à l'Académie de Reims, rpii Ta fait imprimer dans ses Travaux (t. III, j). 18()]. Ces catalogues auraient l)esoin natu- rellement (Tétre revus, corrigés, augmentés et remis au courant de la science actuelle ; mais depuis leur apj)arition, nos connais- sances locales paraissent avoir fait peu de progrès. Dans ces dernières années, plusieurs amateurs ont recueilli dans nos environs des coquilles terrestres et lluviatiles; ils n'ont, que je sache, publié aucun travail d'ensemble et se sont bornés à indiquer quelques-unes de leurs trouvailles dans des notes éparses. I.a malacologie est devenue, il est vrai, une étude bien compliquée, grâce à la multi()lication, à mon sens peu utile, d'espèces fondées sur des caractères presque insaisissables. A moins d'être un spécialiste très exercé, il est, par exemple, fort malaisé de se reconnaître aujourd'hui dans la nomenclature des Unios et des Anodontes ; et tout le reste est un peu à l'avenant. Celui qui affronterait ces dilïicultés et qui chercherait à déterminer et à inventorier les diverses formes de mollusques de notre faune, entreprendrait une tache ardue, Jiiais d'autant plus méritoire. Tant que cette besogne ne sera pas faite, nous devons nous contenter de notions sommaires et de généralités un peu superficielles. L'un des plus connus parmi nos mollusques terrestres, le plus utile et le plus apprécié à cause de ses qualités comestibles, est l'escargot de vigne [Ilelix poiuatia L.). Il est commun partout, dans les prés, les vignes et les terrains cultivés, et fournit un aliment très recherché, aussi populaire à Reims qu'il l'est à Paris. Pendant presque toute l'année nos marchés en sont abondammeiil pourvus; c'est la seule espèce (jui se vende chez nous, bien (|u'il (Ml est d'au Ires également bonnes à manger, et qui pourraient la remplacer au besoin; mais leur taille moindre les fait sans doute n<''glig(M'. Le \y Salle, dans sa Faune de la Marne {Ami. de la Marne, lS(/i, p. \W)\)), donne des détails intéressants sur l'élevage (h' V llcli.v j)oi)ialia, (|ui se |)i'ati(|uait alors avec succès aux environs (h* Chà Ion s, cl sur h' coiMmcrcc ass(v i m porta ni don I elh^ faisait déjà l'objcl en cclh' xillc ()n a i'e("(Mnin(M»l dccril et liguri» dans \c lîiil- lelin tic noire Socicle d histoire nainrelle, de sintrulièn^s variétés d«' ( rlh' JH'lix, scalaires, car«'nees cl en lorine (h* planorbe, (|iii onl cic Irouvces dans !<• pavs rémois M. IJelh^voye, /j////., I. Mi, l:»!).;, p. >^\) cl suiv. . Ïj //(•/( r as/H'f'stt Miill. est rcprcscnlcc clic/ nous par un l\pe assez pelil, lies rt'pambi dans Ions nos jardins. Conliaii-cnient a LA FAUNE DES ENVIRONS DE REIMS 139 ro[)iiiioii de M. Locard (jui prétendait que ce mollusque avait été acclimaté seulement au moyen âge, par les moines, dans la plus grande partie de la France, j'ai constaté qu'il existait déjà à Reims à Tépoque romaine. J'ai fréquemment trouvé dans des couches non remaniées, contenant exclusivement des fragments de pote- ries et autres débris de cette époque, des coquilles d'If, aspersa de taille médiocre et tout à fait semblables à la forme actuelle. V Hélix nenioralis L., si commune dans les jardins, habite aussi les bois de pins de la plaine champenoise, où elle offre des variétés d'une fort belle coloration. VHelix fruticumMnW. se trouve dans nos bois (bords de la Suippe, cran de Ludes, etc.). h'IIelix arbustorum L. est rare, très localisée et cantonnée dans les endroits humides (Gondé-sur-Suippe, fossés marécageux près d'Epernay, etc.). L'habitat de certaines hélix est intimement lié à la constitu- tion du sol. Ainsi, la plaine crayeuse qui s'étend au nord et à Test de Reims, sur la rive droite de la Vesle, et la plaine de la rive gauche, occupée sur une grande surface par des terrains d'allu- vion, sont caractérisées chacune par une espèce particulière. Dans la première, c'est V Hélix ericetorum Mull. qui domine ; dans la seconde, V Hélix carthusiana Mull. L'un des mollusques les plus intéressants de notre faune est le Bulimus montanus Drap., espèce distribuée surtout dans les régions montagneuses. Le catalogue de la Statistique de la Marne le signale près d'Avenay, et je l'ai trouvé non loin de là dans le voisinage de Germaine. Nos espèces des genres Succinea^ Piipa et Clausilia, me sont encore trop peu connues pour que je me hasarde à en dire un mot. Je m'abstiendrai aussi de parler des autres genres, pour lesquels je ne pourrais énumérer que les espèces les plus communes, et par conséquent, sans grand intérêt. Quant aux Lamellibranches, je me bornerai à citer VAiiodonta cygnœa L., remarquable par sa grande taille (étang à Gourcelles, près Reims, etc.), et la Dreissensia poli/mo/'pha PaW., qui s'est beaucoup multipliée depuis quelques années, dans le canal de la Mai'ne à l'Aisne. Inconnue autrefois en notre département, elle n'est pas mentionnée dans les catalogues d'Arnould et d'Aubriot. Actuellement, elle a tout envahi, et la mise à sec du canal, opérée l'été dernier près de Reims, a découvert de véritables bancs de ce mollusque, fixés aux parois de maçonnerie sous le pont du chemin de fer de Soisson^. 140 CONGRÈS DE l'aSSOCIATION FRANÇAISE Insectes Parmi nos insectes, trois ordres seulement ont été bien étu- diés jusqu'à |)résent : les coléoptères, les lépidoptères et les orthoptères. Les autres ont été un peu négligés, et nos connais- sances sont encore trop imparfaites pour nous permettre d'en aborder Texamen. Coléoptères . — Ce sont les coléoptères qui ont eu surtout le privilège d'attirer l'attention de nos entomologistes. On s'est occupé d'eux de longue date. Un de nos compatriotes, M. de Saint- Marceaux, maire de Reims, dont le nom a été illustré depuis pai- un artiste éminent, a fourni, en 1844, à la Sl((Listique de la Marne de Glialctte, un catalogue des coléoptères des environs de Reims qui, aujourd'hui même, peut être consulté avec profit (t. I, p. 83- 100). De nos jours, plusieurs entomologistes rémois ont repris et contiiuié ces recherches, et ont réuni dans leurs collections d'im- portants matéiiaux pour l'étude de notre faune locale. Leurs obser- vations ont été mises à profit par M. Bedel dans son excellente Faune des coléoptères du bassin de la Seine, pour les familles qu'il a déjà |)ul)liées (carabiques, curculionides, phytophages). Ouelques trouvailles d'espèces intéressantes ont été signalées en divers articles du litilleliii de la Société d'étude des sciences natu- relles de Reims. Iilntin, on doit à cette Société la publication, com- mencée en 1890 et achevée en 1899, d'un catalogue com|)lel des coléoptères de nos environs, dû à M. A. Lajoye, (jui en avait donne un premier essai dès l'année 1878. Ce travail, fruit d'investigations poursuivies j)en(lant plus de trente ans, nous fait connaîlre en di'lails his re|)résenlants de cet ordre d'insectes, si variés en notre région, et parfois si curieux au point dc^ vue (l(^ la géographie /.oologicpie. Nous ne pouNons (|u'y renvoyei" t^iuix (|ui dèsircnl s'insti'uirc à ce sujel, cl nous cihM'ons sciilcnicnl (piehjues espèces paiini les |)lus ( a lactéiisticpics de notre faune ou les j)lus rares. Vax voici la lisl(\ iM'duilc [\ un |)clil niunlu-c d'exemples, mais sullisanic pour* Ir Lui (|iir nons nous proposons : lilrthisa multi innutdln \.. (Ici raiiis marccageux, ;ui l)onl de la Marne, près d'Ay) : C nnmilis V. (coinmiin .nili-rfois dans la plaine ilr Hciins. d où il a dispaiM) prcsipi»' ciwiipIrUMiMiil pmir une caiisr inconnue) ; CaèUihus aiiroHiIrns !•' (^lon'-t dr Iti'inisi; (lartihus cofrcms l'\ (valItM' de la Siii|ipr'^ , LA FAUNE DES ENVIRONS DE REIMS 141 Polystichus vittatus Br. (prairies voisines de la Marne) ; Aristus clypeatus Rossi (Avize); Aci7iopus tenehrioides Dufi. ; DijtiscuH latisslmus L. (étangs de la forêt de Reims et de la vallée do la Yesle) ; AMyrmedonia fulgida (irav ; Emus hirtus L. ; Claviger foveolalus Mull (Germaine) ; Langelandia anoph- thalma Aube ; Myrmekixemis subterraneus Ghevr ; Sinodendroii cylindri- cum L. ; Gymnopleurufi cantharus Er. ; Sisyphus Schvefferi L. (avec le précédent, dans les landes arides de la plaine champenoise) ; Odontveus mo- hilicornis F. ; Geotrupes typhœiis L. (landes, bois de sapins) ; Anoxia scutellaris Muls. (espèce méridionale, trouvée près de Coulommes) ; Anihaxia manca F. ; Anthaxia nitidula L. ; Ar/rilus sinuatus 01. ; Melasis hupres- toides L. ; Elater sanguinolentus Schonh. ; Corymhites hœmatodes F. (com- mun dans la forêt, environs de Germaine) ; Corymbites castaneus L. ; Corymbites cruciatus L. (forêt de Reims, etc.) ; Ludiys fernigineus L. (Jonchery-sur-Vesle, etc.) ; Phosphxnus hemiptevus Fourcr. ; Rhagonycha fascicornis 01. (Germaine) ; Tillus unifasciatus Gharp. ; Asida grisea 01. ; SerropalpuH striatus Hell. ; Pyrochroa coccinea L. ; Meloe coriarlus Brandt ; Mycterus curculionides F. (Avize) ; Mecaspis palmatus 01. ; Leucosomus ophtlialmicus Rossi ; Lixus paraplecticus L. ; Spheiiopterus piceus Pall ; Bhynchites Bacchus L. ; Phlœotribus olex F. ; Spondylis buprestoides L. (sur les pins, Boursaut, etc.) ; Leptura aurulentaF. ; Necydalis major L. ; Bhopalopus clavipes F. ; Blwpalopus spinicornis Ab. ; Clytus tropicus Panz. ; Parmena fasclataWiW. (IViWy) ; Tetrops prceiinta var. Starki Ghevr. (mont de Berru) ; Oberea erythrocephala Schr. (LaCheppe, etc.) ; Donac'ia crassipes V ; DonaciareticulataGyU. (Fismes, bords de l'Ardre) ; Donacia brevicornis Ahr. ; Donacia fennica var. Malinowskyi (trouvée une fois au bord de la Vesle, près de Vrilly) ; Hœmonia equiseti F. (près Reims, dans la Vesle et le canal) ; Chrysochus pretiosus F. ; Chrysom,ela Gœttingensis L. ; Chrysom,ela molluginis SufPr. ; Phyllobrotica quadrimaculata L. ; Casaida azurea F. ; Triplax collaris Sch. (mont de Berru) ; Epilachna argus Fourer. Lépidoptères. — La faune des lépidoptères des environs de Reims est riche, et offre un très attrayant sujet d'étude. Elle montre une assez grande variété, et réserve aux explorateurs plus d'une agréable surprise. Cette variété est due à la situation géo- graphique de la région, à la constitution géologique de notre sol. et à la diversité de nos terrains qui ont chacun leur flore et leurs productions spéciales. Le pays de Reims, compris dans le bassin de Paris, possède la plupart des espèces de la faune parisienne ; mais en même temps, par suite de sa situation à Pest, sur les confins du bassin de la Meuse, il participe un peu de la faune de l'Europe centrale. Certaines espèces d'origine germanique, et même orientale, arri- 142 CONGRÈS DE l'aSSOCIATION FRANÇAISE vent jusqu'à nous et trouvent leur limite occidentale dans notre contrée. Nous verrons qu'un genre alpin, celui des Erehin, ne nous est pas étrang(îr. Nous avons aussi des représentants de la faune du midi, attirés peut-être par la chaleur qui règne en été dans nos plaines calcaires et sur nos collines exposées au soleil. Je parle ici des espèces sédentaires, et non pas seulement des visiteurs accidentels, tels (pie DapJiius ncrii L., Chœrocawpa Cclcrio L. et Dciopeia pnlchella L. , cpii nous arrivent parfois à la suite des étés chauds, mais ne sont jamais chez nous à demeure. C'est la craie qui domine dans nos environs ; elle constitue le sol de la Champagne, la vraie Champagne avec ses vastes plaines monotones, couvertes de cham[)s de blé et de prairies artificielles. L'aridité de la terre n'a pas permis partout la culture ; d'immenses espaces sont occupés par des landes et des plantations de pins. La faune, assez pauvre dans les terrains cultivés, nous présente dans ces landes et ces bois des formes particulières, et c'est un domaine très intéressant à explorer pour l'entomologiste. Nos chaînes de collines, de formation tertiaire, et nos plateaux, recou- verts d'alluvions plus récentes, ont une riche végétation fores- tière. Tout y est réuni à souhait pour le naturaliste : hautes futaies, taillis, étangs, sources, clairières marécageuses, prairies à la lisière des bois. Si de la Montagne de Reims on descend dans la vallée de la Vesle, on rencontre au bord de cette rivière des marais très étendus, où nous attendent des découvertes extrê- mement curieuses et fort imprévues. On a souvent, et non sans regrets, attiré l'attention sur Taj)- pauvrissement de la flore et de la faune des pays très avancés en civilisation, sur la destruction de certaines localités jadis riches (Mî plantes et en insectes, par suite des progrès de l'industrie et de l'agi'iculture, par le défrichement des bois et des terres incul- tes, le dessèchement des marécages, les bouleversements du sdI produits pai* l'ouveilure des grandes voies de communication, et Ti^xtensioM t(Mijouis cioissante des constructions aux abords des grandes villes. Par une singulière exception, les transformations accompli(»s aux cnvii'ons de lîeims d(q)uis un siècle, loin d'exerciM* uin' iiilluciicr (Icstruclive. ont plutôt contribué à enrichir notre l'iiiiiir cnhMiiologicjue. ( )n a, par exiMuple, enlt(^ la Neuvilh'lle cl (iOUi'i'y, «MivcrI ;« lra\('is une plaiiie culliNce el pit»s(|ue dt'q)our\ ue d'arbres, pour le passage du canal de TAisni» à la Manu», une tranelu'e très proforub», dont les pent(*s crayeuses et les déblais sent iii;iiiilen;inl L,'"anns cTarbustes de di\(M'S(»s essences, pins. LA FAUNE DES ENVIRONS DE REIMS 143 saules marsaiilts, etc., près desquels s'épanouissent, avec des broussailles de ronces, des touftes de thym, de millepertuis, plusieurs espèces de légumineuses. Cette végétation, bien qu'assez maigre, a suffi à créer en cet endroit toute une population nouvelle de lépidoptères. On y trouve les MellUxa Phœbe Knocli ; Erebia Médusa F., Lycxna miiiima FuessL, Chrysophanus Hip- pothoë L., Saturnia pavonia L., Arctia villica L., et bien d'autres espèces, qui n'existeraient certainement pas en cette localité, si elle n'offrait, comme jadis, que des champs de céréales, de sain- foins et de luzernes. C'est la création de cette vallée factice qui leur a donné un terrain favorable à leur développement. De même, les plantations de pins, faites au xix^ siècle dans les plaines de la Champagne, ont amené tous les insectes vivant aux dépens de cet arbre. En même temps, il est resté assez de landes pour que la faune spéciale à ces terrains ait pu être épargnée. L'extension de la ville n'a pas été non plus fort nuisible, au point de vue ento- mologique ; on rencontre même encore, de temps en temps, des noctuelles assez rares, jusque sur les murs des rues un peu éloi- gnées du centre. Les forêts qui s'étendent sur les plateaux et le sommet des collines, sont un lieu de prédilection pour nos naturalistes. Ils prennent pour buts favoris de leurs excursions la Montagne de Reims, de Verzy à Ville en-Selve, de Germaine à Saint-lmoges, Nanteuil-la-Fosse et Courtagnon, les boisde Jonchery, de Pouillon et d'Hermonville, les monts de Brimont et de Berru. C'est là qu^on capture : Papilio Podalirius L. (rare et localisé, et paraissant n'avoir chez nous, en général, qu'une seule génération par an) ; Apatiira Iris L. (com- mune au commencement de juillet dans les avenues des forêts) ; Apatura Ilia Schiff. (commune à la fin de juin ; la variété jaune Clytie Schiff. est plus abondante que le type); Limenitis Populi L. (commune aussi dans nos forêts vers le milieu du mois de juin) ; Limenitis Camilla Schiff. (Germaine, rare) ; Limenitis Sïbilla L. (très commune dans nos bois ; le plus répandu de tous nos Nymphales) ; Vanessa Antiopa L. (assez rare aux environs de Reims); Melitœa Maturna L. (forêt de Reims, bois de Berru; commune dans les allées herbues ; la chenille se trouve souvent sur les plantes basses et sur les frênes) ; Melitœa Phoibe Knoch (Berru, bois de Brimont, etc.) ; Melitsea Dictynna Esp. (bois et clairières humides) ; Argynnis Ino Rott. ,(Germaine, rare ; très commune dans les marécages de Fère-en-Tardenois) ; Argynnis AglajaL.et Ad'ippe L.; Erehia Médusa F. (représentante d'un genre alpin qu'on peut s'étonner de rencontrer en Champagne, cette Erehia 144 CONGRÈS DE l'aSSOCIATION FRANÇAISE est extrôiriemoril répandue dans les bois, sur les collines et forêts de Reims, d'I'^pcrnay, de Nesle et de Fère-en-Tardenois, de Samoussy, etc.; elle paraît être rlie/ nous on voie d'(;xlension, et a gagné la plaine ; on la trouve main- tenant dans les marais de la Vesle, près de Courcelles, etc.); Pararge Aclkine Se. (dans presque tous nos bois taillis) ; CœnonyrnpJia Hero L. (forêts de Reims et d'Kpernay) ; Nemeobius Lucina L. (forêt de Reims) ; Tliecla pruni L.; Zepinjrus quercus L.; CJirysopJianus HippotJwë L. (prai- ries de Nanteuil-la-Fosse, Le Vivier près Trigny, etc.; espèce très loca- lisée) ; Lycœna argyrognowon Brgiitr. (cran de Ludes, bois Soulain) ; Lgcxna Bellargus Rott. ab. Ceronus Ksp. (bois Soulain) ; Lyciena Alcon F. (clairières marécageuses, bois de Berru, Rilly, bois Soulain) ; Lyccena Arion L. (bois Soulain, Brimont) ; Pamphila PaUemon Pall. (forêt de Reims, etc.); Adopœa Acld'.onRoii. {hoïs de Berru) ; Augiades commaL. (id.); Hesperia Sao Hb. (clairières, prairies, montagne do Reims) ; Hemaris hom- hyllfonnis (allées des bois); Odontosia carmelita Esp. (Germaine, très rare); Eriogaster catax L. (Rilly, chenille commune en mai sur les buissons d'épines); Eriogasier lanesiris L. (chenille commune aussi au printemps) ; Gastropacha populifolia Esp. (Germaine, très rare) ; Endromis versico- lora L. (vole dans les clairières en mars, bois de Berru, Saint-Imoges, etc.) ; Aglia tau L. (commune dans la forêt de Reims) ; Acronicta alni L. (forêt de Reims, très rare) ; Cosmia paleacea Esp. (Rilly) ; Calocampa exoleta L. (Germaine) ; Heliaca tenebrata Se. (Germaine, etc., commune); Petilampa arcuosa llw. (forêt de Montmort, et probablement aussi, environs de Reims) ; Erastria uncula Cl. (Rerru) ; Erastrla deceptoria Se. (commune dans les bois de Brimont, forêt d'Epernay) ; Plusia pulchrina Hw. (Nanteuil-la- Fosse) ; Pscudophia lanaris SchifT. (forêt de Reims, commune) ; Catocala sponsa L.; Catocala promissa Esp.; Srephos partheniaa L. (dans les bois do bouleaux) ; BrepJws nothum Hb. (id., dès la fin de février) ; Epirranlhis pulverata Thnb. (un exemplaire trouvé le 22 mars 1897, sur la route de Rilly à Germaine; espèce de l'Allemagne, do la Scandinavie et de la Russie sep- tentrionale, signalée aussi, mais fort rarement, en Belgique, et jusqu'alors tout à fait in(;onnue en France) ; Thamnonoma contaminaria Hb. (rare) ; Nota cucullatclla L. (Rilly, chenille assez commune) ; Paranemia plant| se r()nq)()so surloul de Pieridt^s, de \an(\sses, d«' Sal\rrs cl «je liy(M'iiid(»s d'i^spèces Nulj^airivs, (|u'il (^st iuutil»' LA FAUNE DES ENVIRONS DE REIMS 147 d'éniimérer, d'Agrotis [segetum^ exclamntionis ^ etc.), et d'autres nocliielles, dont les chenilles vivent sur les graminées et les plan- tes basses. \^2l Pieris Daplidice L., y est commune, ainsi que sa forme printanière Bellidice 0. On y trouve aussi parfois VEuchloë Belia Gr. et sa variété estivale Ausonia Hb., espèce essentielle- ment méridionale, qui remonte jusqu'aux environs de Paris, du côté sud, mais que Ton s'étonne de rencontrer à une latitude aussi septentrionale que la nôtre (1). La Colins Ediisa F. y fait des apparitions assez irrégulières ; commune en certaines années chaudes, elle est, en d'autres temps, à peu près introuvable. Il en est de môme de la Pyramcis cardai L. qui est, suivant les cir- constances, assez rare ou très abondante ; on a conservé le sou- venir de l'étonnante invasion qu'elle a faite en 1879 dans nos environs, comme, du reste, en une grande partie de l'Europe. Parmi les Lycdeiia^ VIcarus Pvott., règne presque sans rivale dans toutes nos prairies artificielles ; près d'elle on voit seulement, de temps en temps, quelques rares exemplaires de la Lycœiia Cyllci- rus Rott. Les Hespéries sont représentées par VAdopœa Thaumas Hufn. et par V Adopsea lineola 0., cette dernière beaucoup moins répandue que l'autre. On a vu des champs de luzerne envahis par la chenille de la Lnsiocampa trifoUi Esp., mais le nombre en a été rapidement réduit par des diptères parasites. Nos plaines sont habitées aussi, comme je l'ai dit, par diverses espèces de noctuelles; outre les Agrotis communes, on prend parfois VAgrotis cinerea Hb. Citons encore : Apamea teslacea Hb. ; Hadena ochroleuca Esp.; Heliothis dipsacea L. ; Acoiitia liictuosa Esp. Deux espèces de phalènes pullulent en nos champs cultivés : la Lythria purpura- ria L., et la Phasicuie clathrata L. VAspilates ochrearia Rossi y paraît également, mais en moins grand nombre. Enfin la Deiopeia pulcliella L. nous arrive accidentellement du Midi en automne, lorsque la température a été très élevée. On l'a prise près de Reims, au mois d'octobre 1886, et elle a été revue depuis une ou deux fois, paraît-il, dans les mêmes localités. Les peupliers qui bordent nos routes ont beaucoup à souffrir (l) Suivant Duponchel (Illst.nat. des lépidoptères de France, suppl. t.l,p.38), VE. Belia aurait ététrouvée, dans les premiers jours du printemps, sur la montagne de Laon. Cette assertion est rendue très vraisemblable par la capture qui a été faite par M. Bellevoye, au mois d'avril dernier, d'un exemplaire de cette espèce, aux environs de Roucy (Aisne), entre Reims et Laon, au cours d'une excursion de notre Société d'Histoire naturelle. I^kS CONGItÈS DE l'association FRANÇAISE (l(»s cJKMiilles àa Leucoma SfiUcis L., qui 1(3S dépouillent de leurs fcMiilIcs. (hiaiil aux ormes, ils ont pour ennemis les Cossus cos- sus L., dont les chenilhîs s(i creusent, à leur détriment, de pro- fondes galeries dans leurs troncs. Les arbres fruitiers des jardins sont en butte aux attaques des hjiproclis chrysorrhœa L., des Malacosoma neustria L. et des Lijmanliia dlspar L. Tout le monde connaît ces espèces qui sont particulièrement visées par les arrêtés préfectoraux concernant l'échenillage. La Satuniia pijri Schiff. est commune à Reims: la chenille se voit souvent sur les poiriers, et l'insecte parfait voltige dans les jardins de la ville pendant les soirées du mois de mai. Cette espèce atteint chez nous Tune des limites septentrionales de son aire de dispersion ; elle ne la dépasse pas, et bien qu'elle forme ici une colonie très prospère, elle n'envoie pas de rameaux plus au nord, et ne s'étend pas, au moins d'une façon régulière, jusqu'à la région ardennaise. La Zcuzcrn pyrina L. n'est pas rare dans la ville. Sa chenille vit dans les troncs et les branches des lilas et des érables, et leur cause d'assez importants dommages. La Scsia cJirijsidiformis Esp., se montre de temps à autre en nombre considérable sur les oseilles de nos potagers. Les bague- naudiers [Colutœa arborcscens L.), fréquemment cultivés dans nos jardins et dont les gousses nourrissent la chenille du Lampidcs Bœticus L., attirent à l'occasion cette espèce, mais sa présence à Reims est toujours rare et accidentelle. J'ai fait allusion précédemment à des captures intéressantes ((ui ont eu lieu dans la ville, le long des murs des jardins et des maisons. On a trouvé dans ces conditions les Parh/ioùia rubri- cosa V. ; Minna ophwgrduima Esp.; AporopJnjla nigra llw. ; dans les faubourgs, on a pris un excMiiplaire {[a DianlJurcia liifrr/go 11b., ainsi (|ue la Polir/ cff/icscens Dup., et dans une maison de l'un des (piartiers du (!eiitre, la f^arcntia viltata Hkh. Certaines espèces de Lit/fosirt^ dont les chenilles viviMil sur les licJKMis (b's murailles, se raj)pr()chenl aussi des habitations. C'est ainsi (jiic l;i Lilhosia <(niii)l(i Mb. s(» mulliplie parh)is bts\u- rouj» (huis les \illag(»s de (^iliampagne. l'ii(> dt^ ces invasions a (liv observée diM-nièrement à Prosnes ; une aulic Tavail ete déjà à ('rrnay lo IS octobre IST.'I. Il ni(» rrslr un mot à dire des lépidoptèrc^s (]iii vivent dans les njaisons, aux dépens de nos provisions (M de notre mobilier. iNos greniers sont souveni habites par um* pelile j)lialèn(», \\\ci- LA FAUNE DES ENVIRONS DE REIMS 149 (talia herbariata F., dont la chenille se nourrit de matières végé- tales desséchées. C'est aussi dans les foins secs que se développe la chenille de la Pyralis costalis F., dont le parasitisme est peut- être récent, car il a été longtemps inconnu des naturalistes. Cette espèce, du reste, fréquente encore les bois, et ne se trouve pas seulement dans les magasins et les habitations. La Borkhausenia ps endos prelella Stt., vit dans ses premiers états sur le liège des vieux bouchons et autres substances analogues. En certains pays, elle passe aussi pour être un ennemi des livres. Elle ne paraît s'être répandue que depuis peu d'années. Un autre lépidoptère, intro- duit de nos jours et dont l'origine reste encore indéterminée, est VEpliestia Kuehniella Z., qui infeste actuellement à Reims les boulangeries et les dépôts de farines. La farine et le son forment l'alimentation principale de la chenille, et l'insecte parfait, grâce à la température élevée des locaux qu'il habite, se montre jusque dans le cœur de l'hiver. Je n*insisterai pas sur les autres espèces communes partout, telles que Pyralis farinalis L., Aglossa cuprealis Hb., Monopls rasticella 11b., Endrosis Lacteella Schitf. , Tinclla biselliella Humm., etc. Elles sont trop connues pour mériter une mention spéciale, et leurs mœurs, chez nous, n'offrent aucune particularité digne d'intérêt. Orthoptères. — Un catalogue des orthoptères des environs de Reims (non compris les thysanoures et les pseudo-névroptères) a été donné par M. A. Bellevoye dans le Bulletin de la Société d'études des sciences naturelles de Reims (t. II, p. 30 et suiv.), et avec un supplément (t. X, p. 20 et suiv.). Deux faits sont à noter ici : la présence de la Mantis religiosa L., espèce méridionale qui a fait, en ces dernières années, de fréquentes apparitions en un grand nombre de localités des environs de Reims et d'Epernay, et l'inva- sion de la Phyllodromia gernianica L., qui pullule en beaucoup de maisons de notre ville. Amenée peut-être de l'Est ou du Nord, et implantée depuis longtemps dans les Ardennes, à Givet et à Char- leville, elle n'est devenue qu'à une époque assez récente, l'hôte habituel et fort incommode de trop de cuisines rémoises. Elle s'est montrée parfois d'une façon presque soudaine, et elle tend à expulser en plusieurs endroits la Periplaneta orientaUs L., qui semble battre en retraite devant elle. Les autres ordres d'insectes ont été jusqu'ici un [)eu mis à l'écart, et nos entomologistes leur ont prêté moins d'attention. 150 CONGRÈS DE l'aSSOCIATION FRANÇAISE On a bien prcsciilé, clans les liullelins de notre Société, diverses observations ])iologiqiies intéressantes, parmi lesquelles je dois citer la 1res curieuse étude de M. Ad. Bellevoye sur les mœurs de la Iburmi donni^li([ue (Mo/zomo/iani Pliardonis) {\. I, p. 41); mais les éléments d'une faune locale nous font encore défaut. Certains amateurs commencent à recueillir des hyménoptères, des diptères, des hémiptères et des névroptères ; nous souhaitons que leurs recherches puissent en partie combler cette lacune. Arachnides, crustacés, etc. Les arachnides n'ont pas eu non plus beaucoup de faveur. Il est vrai (pie dès Tannée 1(S44, un catalogue des araignées du dépai'tement de la ^larne a été donné dans la SLatisùque de Chalette (t. I, p. 79 et suiv.) ; mais il ne paraît pas avoir grande valeur, car il ne repose pas, je crois, sur des observations directes, et se borne à enregistrer les espèces signalées aux environs de Paris, et que Ton suppose exister aussi en notre région. Parmi les araignées qui se trouvent près de Reims, la plus belle, — si Ton peut appli(|uer à une araignée une semblajjle épilhète, — la plus remarcjuable par sa taille et sa coloration, est V Argiope fasciala Walck. On la voit quelquefois dans nos champs cultivés ; je Pai rencontrée aussi dans des bruyères près de Craonne (Aisne) ; partout elle est assez rare. Les crustacés déca[)odes sont représentés dans notre dépar- tement [iar une seule espèce, Pécrevisse {Aslf/cus fluvialilis Rond.). Très comnume jadis dans la Suippe et dans nos autres rivières et ruisseaux, elle a beaucoup diminué en nombre dans ces der- nières années, et paraît être menacée d'extermination, si l'on ne trouve un moyen de la protéger et d'en repeupler nos cours d'eau. Parmi les Hranchiopodes, VApus canci'i/'ori)us Schall. apparaît (piel(|uef()is dans les eaux stagnantes. On Ta |)èché dans des fossés près (le Otîrnay. (hiani aux Amphipodes, Isopodes, ('ladocei'es, Osti'acodes el (l()p(q)o(ies, nous n'en piuivons parler, car P(*luile rj'en ;i pMS encor»' ele l'aile. Il «'H csl (le iiK ine (les aiilics animaux inleiirurs, M \ riapodes, Annrlides, llelniinl lies, lîi'yo/oaires. Spongiaires, ilvtlresel liil'ii- soires, doiil ;iinuii iinluialislc rémois ne s'est occupé, du moins au poinl {\i' \ lie de I iiiNciilairc des espèces (|ui litniposeiil noire lai nie Dans iii.c indice sur la l'an ne liinictde de ( diàloiis-sur-Mariie LA FAUNE DES ENVIRONS DE REIMS 151 et de ses environs, publiée dans notre Bulletin (t. XI, 1902, p. 41 et suiv.), M. L. Maury nous a donné l'exemple, en nous offrant (pielques détails sur les Protozoaires, Célentérés, Annélides et autres bestioles aquatiques qu'il a observées dans les mares et ruisseaux de cette région. Ce travail peut déjà nous servir de guide, car il est très pro])able que Reims possède à peu près les mêmes espèces. Il serait à désirer que Ton entreprit chez nous, à ce sujet, des recherches suivies, mais les résultats n'en sauraient être immédiats car, ainsi que Ta écrit M. Maury, « pour être à même de bien connaître cette faune, ce ne serait pas assez de plusieurs années ». On voit qu'un vaste champ d'études s'ouvre encore devant nous. Qu'il nous soit permis, en terminant, de souhaiter qu'il trouve de zélés et studieux explorateurs, et que ceux-ci, en suivant le chemin frayé par leurs devanciers, puissent compléter leur œuvre, et nous acquérir de nouvelles connaissances sur tant de points qu'ils n'ont pu approfondir. LE PRÉHISÏORIOUE DANS LA CHAMPAGNE REMOISE Par M. le D» O. GUELLIOT DANS la Notice sur Reims publiée en 1880 à l'occasion du Congrès de l'A. F. A. S., ce fut Auguste Nicaise qui se chargea de rédiger le chapitre consacré à l'archéologie préhistorique. La question était presque neuve à cette époque et l'auteur crut devoir étendre son enquête aux trois départements de la Marne, de l'Aisne et de l'Aube. Une telle extension serait aujourd'hui exagérée : nous avons l'intention de nous borner à la Champagne rémoise, c'est-à-dire à la Marne et aux Ardennes. Au reste l'excellente notice que nous venons de rappeler nous permettra d'être bref sur les découvertes antérieures à 1880 et d'insister sur celles de ces vingt-cinq dernières années. Par Préhistorique nous entendons surtout l'âge de la pierre ; nous ne dirons que quelques mots de l'âge du bronze, peu impor- tant dans notre région, et ne ferons que rappeler les fouilles qui ont mis au jour les beaux spécimens de la civilisation gauloise primitive : simple chapitre de transition pour conduire le lecteur jusqu'au seuil de l'histoire rémoise. Age de la Pierre Les silex éolithiques n'ont pas encore fait parler d'eux en Champagne malgré la proximité de la Belgique, et les traces les plus anciennes de l'homme n'y remontent qu'aux temps quater- naires de Ghelles et de Saint-Acheul. 11 154 CONGRÈS DE l'aSSOCIATION FRANÇAISE Cependant le sol rémois n'a pas encore livré de bien noni])reiix objets de ré|)oqiie paléolithique. Autant les trouvailles ont été ji(>nil)ieuses dans l'Aisne (Braisne, Ciry, Cœuvres, Thenailles), autant elles sont espacées dans le département de la Marne. Jadis le D' Aubrion, à Sézanne, le comte de Mellet, à Chal- trait, le D'Grosjean, dans les environs de Montmirail, ramassaient quelques spécimens intéressants. En 1882, le baron J. de Baye présentait au Congrès de la Sorbonne vingt-trois pièces des types de Saint-Acheul et du Aloustier trouvés dans le loess de Fère- brianges, canton de Montmirail. Et c'était à peu près tout. Mais, depuis, les collectionneurs locaux s'efforcent de démon- trer que cette indigence est plus apparente ([ue réelle et que les alluvions quaternaires renferment, ici comme ailleurs, des silex taillés : il faut savoir les y chercher et les trouver. Au premier rang de ces chercheurs nous devons citer M. Pistât ([ui a signalé le premier, aux portes mêmes de Reims, lieudit le Pont-de-Muire, un cou[) de poing acheuléen et une pointe moustérienne. 11 a recueilli, dans la balastière de Muizon, un coup de poing avec large réserve de 1 ecorce au talon qui n'est pas sans analogie avec les poignards du strépyien de M. Rutot. Des pièces analogues ont aussi été trouvées aux environs d'Avize. Mais c'est surtout dans la vallée de l'Ardre que les recherches de M. Pistât ont été fructueuses. Cette petite rivière prend sa source à Saint-ïmoges, dans la forêt de Reims, se dirige à l'ouest, traverse les cantons d'Ay, de Ville-en-Tardenois et de Fismes et va se jeter dans la Vesle après un trajet de vingt-cinq kilomètres. Dans ses alluvions de nombreux objets de l'époque deSainl-Acheul ont été recueillis ; d'autres proviennent des limons des plateaux. Les uns sont en silex, les autres en gré lustré ou en ((iiarlz : la balastière de Serzy a fourni des types moustériens. La station de Bomigny, située un peu plus au sud, j)rès de ViBe-en-Tardenois, est |)articulièrement intéressante. Outre les (oups (h; poing manifestement paléolithi(jues, M. Pistât y signale de grosses haches et des grattoirs grossiers ressemblant à ceux (!<' la Tourasse. iiC \y C(>tai(l, alors médecin à (jiignv, a pu s(» iair(^ (Mi peu (le temps une hrllr collccliou dv silex rainasses par lui dans la \uru\r r(''gion : des j)ieees thelleiMines à BrouilIcM, à LIkmv ; ih^s pièces monsleiiennes à Lagery et à Ser/y. La collection Ciarde/ i-enlernie aussi des (•ou|)s de |)oing grossiers de Boinignv c[ de glands éclats de 'framery. LE PRÉHISTORIQUE DANS LA CHAMPAGNE REMOISE 155 Dans la Champagne ardennaise nous ne connaissons que quelques coups de poing et quelques pointes moustériennes dans la collection Garlier à Ilannogne et deux ou trois objets de la même époque recueillis à Mesmont par M. Legrand. Je cite pour la rareté du fait une hache en schiste ardoisier trouvée en 1906 dans la balastière de Givet. On remarquera que tous les silex recueillis en Champagne appartiennent au paléolithique inférieur. On rencontre les coups de poing chelléens et acheuléens ; on signale quelques pointes moustériennes, mais jusqu'ici on n'a pas encore découvert un gisement appartenant exclusivement à l'époque du Moustier. Les éclats retouchés d'un seul côté se rencontrent à côté des haches taillées et plus tard, à la période néolithique, ils sont communs, les grattoirs ou les racloirs qui ont un aspect à peu près identique et qu'il est bien difficile de distinguer de leurs similaires plus anciens. En tout cas, le paléolithique supérieur manque complètement: le solutréen n'existe pas ; le magdalénien n'est représenté que par de rares pièces isolées et les collections régionales sont absolu- ment pauvres en objets d'os ou de bois de renne. Sur notre sol crayeux, et en général peu accidenté, on n'a point exploré de cavernes ni d'abris sous roches ; donc jusqu'ici pas d'industrie glyptique, pas de ces fouilles sensationnelles qui, basées sur de solides données stratigraphiques, apportent des documents pré- cieux aux classifications encore si discutées aujourd'hui. Le néolithique est mieux représenté dans la région rémoise. De la période de transition sont sans doute les haches gros- sières provenant de Romigny, des collections Pistât et Cardez. M. Bosteaux a découvert en 1885, sur le Mont de Berru, à quelques kilomètres à l'est de Reims, une station du début du néolithique. On y fabriquait sur place des haches grossières, des pics ayant le caractère du campignien ; d'autres pièces analogues ont été . récoltées sur la Montagne de Reims. En plusieurs points aussi, ont été trouvés des petits silex du type tardenoisien, mais la grande majorité des objets recueillis appartiennent à l'époque robenhau- sienne. L'énumération de toutes les découvertes de cette période serait aussi fastidieuse qu'inutile ; il est préférable de grouper les prin- • cipales dans une rapide revue topographique. 156 CONGRÈS DE l'aSSOCIATION FRANÇAISE Dans la Marne iiicridionale, M. Morel a fouillé autrefois les sépultures néolithiques de Cloyes et de Lignon ; aux environs de Chalons, Aug. Nicaise a signalé la station de Saint-Martin-sur-le- Pré (jui paraît s'étendre du nioustérien au robenhausien. La découverte la plus importante de cette région est celle de Tossuaire de la Groix-des-Gosaques publiée par M. Schmit en 1892. Dans une balastière, située à 1.500 mètres de Ghâlons, existait, sur une longueur de six mètres et une profondeur de deux mètres, un entassement d'os pouvant provenir d'une cfuaran- taine d'individus ; le mobilier comprenait treize haches polies, une centaine de flèches à tranchant transversal, des ornements en dents de canidés et en coquilles du tertiaire. La grotte de Livry- sur-Vesle, explorée par le même archéologue, abritait neuf corps avec deux pointes en silex. L'arrondissement d'Epernay est celui qui a fourni la contri- bution la plus précieuse à la préhistoire dans la Marne. Rappelons pour mémoire l'exploration des grottes de Saran par Isidore Godart (1851-1852) et du cimetière de Varennes, près Dormans, par Nicaise. La vallée du Petit-Morin est connue de tous les palethnolo- gues, grâce à ses grottes artificielles dont la découverte appar- tient au baron Joseph de Baye ; et, bien (|ue leur exploration remonte à 1872, elle a été trop instructive pour que nous n'en rappelions pas les féconds résultats. Gette vallée va du marais de Saint-Gond à la Ferté-sous- Jouarre. Dès 1871 M. de Baye y avait signalé la station de la Vieille Andecy, à Villevenard ; il avait recueilli de nombreux silex de Monlniirail à (^olligny, et avait constaté l'existence de plusieurs polissoirs sur la rive droite du Petit-Morin. Bientôt il découvrit un premier groupe de cavernes sur le territoire de Villevenard, puis un second groupe de onze grottes sur celui de Gourjeonnet, cinquanle autres grottes au Razet, terroir de Goizard et, à coté, une exploitation de silex j)ar galeries sou- terraines. D'autres grouj)es encore furent mis au jour à Oyes et à Vert-la-Gravclh;. L.i phiparl des stations sont sur des collines exposées au midi. Les grolli^s sont creusées dans la craie ; elles sont précédées Perlhes — a ô[c particulièrement explorée par M. A. Lannois. La station la plus importante est celle de Pargny où se fabri(piai(;nt dt^s jiointes de flèches ass(v. grossières en silex noir (le l.i craie. 11 est à remarquei- (|ue les seules bcdles pointes %1/V, '^ MOBILIER DE l'oSSUAIRE DE LIRY 162 CONGRÈS DE l'aSSOCIATION FRANÇAISE de (lèches que nous ayons pu nous procurer proviennent toutes d'une zone restreinte comprenant les territoires actuels d'An- nelles, le Mesnil et Seuil : il en est de cordiformes et de losangi- ques, à pédoncule et à barbelures. La station de Seuil a été habitée depuis l'époque paléolithique jusqu'à l'âge du bronze. Au voisinage du département de l'Aisne, à Juzancourt et à Sévigny-Waleppe, ont été trouvées les plus belles haches des collections ardennaises ; ce sont des pièces allongées en silex très fin, d'un gris cendré, polies avec grand'»soin. Ces particularités locales montrent que la civilisation préhistorique ou du moins ce (|ue nous en savons par l'industrie lithique n'était pas uniforme. Certains groupes devaient être en avance sur ceux qui les entou- raient. II ne faut pas oublier non plus la très longue durée du néolithique; deux haches par exemple qui, à une telle distance, nous semblent contemporaines, ont pu sortir des mains de l'ouvrier à plusieurs siècles d'intervalle. En s'avançant vers le Nord de l'arrondissement de Rethel, on rencontre les terroirs de Novion-Porcien et de Mesmont où M. Legrand a récolté un assez grand nombre de silex, avec un atelier probable au Xord-Est de ce dernier village. Puis le terrain crétacé forme un cap qui pénètre dans l'arrondissement de Mézières; à l'extrémité, près du village de Marlemont, les primitifs avaient instaHé une taillerie importante sur une hauteur où abondent les rognons de silex. Les pièces finies y sont assez rares : ce sont des giattoirs discoïdes, de fines pointes retouchées sur un bord ; toutes sont petites parce que le silex local ne prête pas à la confection de pièces plus grandes; il se présente, en effet, en rognons tourmentés, noueux, creusés de trous et de cavités. Non loin (h^ là, sur les bords de la petite rivière de l'Aube, ninis en terrain jurassicjue, une sépulture multiple sous dolmen lui foiluilfMnent découverte en 1851, avec quatorze à seize sque- lettes, sept haches, des point(îs de flèches, et un bouton en os. Il M et Limbour, à Angeeourl. |)ans la l'oirt (|,«s Tolln'es, M. L. Pi(M'(|uin n"a signale (luiin dolmen LE PRÉHISTORIQUE DANS LA CHAMPAGNE REMOISE 163 douteux, et sous les tumulus qui y abondent, il n'a trouvé que des débris de poterie grossière et une seule hache près de Maubert- Fontaine. Et pourtant les Ardennes françaises enfoncent la pointe de Givet comme un coin dans TArdenne belge ; Dinant et les grottes de la Lesse sont à quelques lieues. Il est à peu près certain que des explorations méthodiques découvriraient aussi des stations sur les bords de la Semoy et de la Houille ; ce pays attend encore l'émule d'Ed. Dupont qui révélera l'histoire de ses habitants primitifs. iVinsi les outils et les armes de la période de la pierre polie se trouvent disséminés à peu près partout à la surface du sol et c'est à peine si quelques données générales peuvent être dégagées des multiples découvertes faites depuis vingt-cinq ans surtout sur le sol champenois. Les néolithiques installaient leurs tailleries à proximité des gisements de silex. Dans la vallée de l'Aisne, ils trouvaient la roche utile à la surface du sol ou à une faible profondeur; sur les rives du Petit-Morin, ils étaient obligés de creuser des puits reliés par des galeries souterraines. Ailleurs, ils employaient les autres roches locales : meulière, quartzite, schiste, ou se procuraient par échange des matériaux venant quelquefois de fort loin. M. de Baye a recueilli dans les grottes du Petit-Morin vingt haches en roches étrangères : jadéite, chloromélanite, néphrite, ophorite, diorite, serpentine. Sur 140 haches provenant des Ardennes, j'en trouve 112 en silex (80 0/0), deux en quartzite, une en gré siliceux, une en phyllade, une en bois de cerf, trois en jadéite, deux en serpentine, une en chloromélanite et une en diorite, les autres en roches indéterminées. Au reste les échanges commerciaux se faisaient déjà à l'époque paléolithique : çà et là on rencontre du silex du Grand-Pressigny (vallée de PArdre, Villevenard, dans la Marne; Ghevières, Seuil, dans les Ardennes). Dans les cavernes des bords de la Lesse, Dupont a trouvé du silex de la craie, de l'ardoise ardennaise, des polypes de l'infracrétacé des environs de Vouziers et des coquilles marines tertiaires venant probable- ment de Courtagnon à la naissance même de la vallée de l'Ardre. Des anneaux en calcaire du dévonien ardennais ont été recueillis à Champigny (Seine) et des plaquettes en schiste ardoisier de même origine proviennent du département de l'Aisne. Parmi les armes dont usaient les populations primitives de la Champagne, les flèches à tranchant transversal méritent une 104 CONGRÈS DE l'aSSOCIÀTION FRANÇAISE mention spéciale ; M. de Haye en a retiré environ deux mille de ses grottes funéraires. Toutes jonchaient le sol sous les squelet- tes : il en a conclu qu'elles étaient primitivement engagées dans les corps et qu'elles en étaient tombées au moment de leur décomposition ; d'ailleurs dans une grotte de la Pierre-Michelet il a eu la bonne fortune de trouver une vertèbre humaine dans le corps de laquelle était profondément enfoncée une de ces flèches. Il a donc démontré victorieusement leur usage comme projec- tiles, contrairement à ceux qui ne voulaient y voir qu'un instru- ment de rite funéraire. Depuis, d'autres ont été trouvées, princi- palement à Ghâlons et dans les puits funéraires de Tours-sur- Marne. Un usage qui n'a guère été signalé qu'en Champagne, c'est l'enfouissement intentionnel de haches emmanchées. M. L. Jouron a constaté une douzaine de fois ces haches isolées de tout sque- lette et enterrées à une profondeur de quatre-vingt centimètres à un mètre. La signification de cette coutume est encore incertaine. Les habitants néolithiques de la vallée du Petit-Morin avaient creusé des grottes qui ont certainement servi d'habitations. Pré- cédées d'une tranchée, ces grottes ont des murs taillés très régulièrement ; le plafond est plat ou légèrement cintré ; quelques- unes sont divisées par une cloison de craie et plusieurs sont munies d'un trou d'aération; des saillies ménagées lors de la taille des parois servent d'étagères : on y avait posé des couteaux ou des poinçons. Les entrées sont polies par le frottement et l'usure des paliers et des degrés indique une fréquentation prolongée. Quelques sculptures grossières de ces grottes sont les seuls témoins des eflbrts artistiques de nos primitifs. Gomme partout, ils aimaient les parures et utilisaient, pour la confection des colliers ou des bracelets, les dents, les cocjuilles, les bois de cerf. Ils se servaient aussi des objets locaux : schiste ardoisier, bélem- nites de la craie et, à défaut de matière plus précieuse, se con- tentaient de tailler facilement dans la craie des annelets dont un grand nombre ont été recueillis par le D' Remy, M. de Baye et M. Schmit. La céramique est extrêmement rare et ce sont encore les groltcs du Pelil-Morin ipii ont Iburni les spécimens les plus nombreux. Tous l<»s vas(»s sont faits à la main, d'une piUe gros- sière, mélangée de graviers et mal cuite. Deux vases provenant FLÈCHES A TRANCHANT TRANSVERSAL SCULPTURE DUNE GROTTE DE COIZARD (j.DEBAYe) 166 CONGRÈS UE l'association FRANÇAISE de Vert-la-Gravelle et de Oyes sont un peu mieux travaillés et plus compacts ; un autre présente deux trous de raccommodante sur les bords d'une fêlure. Les seuls ornements sont queUjues impressions faites avec l'ongle ou le doigt. Xicaise a décrit et figuré un vase provenant d'un des puits de Tours-sur-Marne et (pi'il ([ualifie de « biberon » ; c'est un vase cylindrique de 45 milli- mètres de hauteur et de 60 millimètres de diamètre muni latéra- lement d'un ajutage conique de 20 millimètres (|ui en fait une sorte de cuiller ou de tasse. M. Logeart a déposé au Musée de Reims un petit vase cylindri([ue légèrement bombé venant de Berru ; enfin j'en possède un avec des empreintes digitales bien mar(|uées, venant des environs de Rethel, mais sans autre rensei- gnement certain sur sa provenance. Cette pauvreté de la céramique est due en partie au [)elit nombre des fonds de cabanes et des dolmens explorés. Les rares monuments mégalithiques conservés plus ou moins intacts sont presque tous dans le Sud-Ouest de la région qui nous occupe. Les dolmens de Gongy et de Potangis ; les menhirs de Congy, de Chenevry, de la forêt du Gault, de Champigneul, de Sommesous et, au Nord de Reims, celui d'Aumenancourt-le-Petit, ont fait le sujet de notes de MM. Ghaubry de Troncenord, de Trémolière, Schmit et Hosteaux ; d'autres mégalithes existent encore qui seront pr()l)al)lement signalés au prochain Gongrès. Le seul dolmen autrefois connu dans les Ardennes, à Ghâteau-Regnault, est détruit depuis longtemps. Pai' contre les sépultures dolméniques sontassez nombreuses. SouvenI ce sont des cavitx3s creusées dans le sol et recouvertes de grandes dalles de pierres ; des pierres plus petites constituent des parois latérales incomplètes ; telles sont les sépultures de Misy, de Verneuil, de Ghampigny. Ailleurs, comme dans la Mon- tagne de Sarran, à Ghouilly, la fosse creusée dans la craie esl précédée d'un couloir fermé par des pierres plates horizontales. G'est la transition entre les sépultures dolméiii(jues et les grottes funéraires du Pelit-^lorin (h)nl nous avons sullisamment parlé. ( )ii;ui(l les pi(M Tes iii;in(|uaient, les néolilbicpies se contentaient (rinhumcr h^s corps, soil |)ar fosses séparées (Les Varennes près Doniians), soit (hiiis une caviU' conimuiie (La Groix-des-Gosa(|ues à Gli.doiis, l*()Mshi(l()n à R(«iiiis, Ljry diuis l(^s ArchMines). Les deux ossuaires de l:i Gioi \-(l('s-( losaipies c\ de Liiy, scparés par imc disliiiK <' de plus de (|uai"aiile kiloinèlres, sont très compai'ablcs. Tous nlr(Mive, l'^'pin, Iges, Mcsnionl, Hills , Seuil, \ illiMs-C(M-na\ . LE PRKMISTORIQUE DANS LA CHAMPAGNE REMOISE 169 Age du Fer Nous ne pouvons nous appesantir sur cette phase de la proto- histoire dans la région rémoise : trop longue serait la liste des découvertes faites depuis un demi-siècle qui ont ramené au jour les restes de la civilisation gauloise autochtone. Si nous savons quelque chose de positif sur les peuplades qui ont précédé l'invasion romaine, si Ton a pu reconstituer en partie leur topographie, leur histoire industrielle et artistique, c'est en grande partie aux fouilleurs de la Marne qu'on en est redevable. 11 n'est que juste de rappeler le nom de ces pionniers, la plupart de modeste condition, qui n'ont ménagé ni leur temps ni leurs peines pour parfaire la précieuse moisson. Honneur donc aux Duquenelle, Blavat, Nicaise, Counhaye, L. Morel, Fourdrignier, J. de Baye, A. Lannois, Bosteaux, Goyon, Schmit, Bourin, Fourcart, Lemoine, Logeart, Orblin. Plusieurs sont encore plein d'ardeur et sauront arracher au sol rémois de nouveaux secrets. Aussi protestons-nous contre la tendance qu'ont les archéo- logues à supprimer l'expression « Epoque Marnienne » et à l'en- glober dans celle d' « Epoque de la Tène ». Cependant l'époque marnienne a bien ses types spéciaux, son a accent ». Ses sépul- tures, qui sont toutes à inhumation, ont révélé un mobilier à caractères bien tranchés : c'est la céramique noire ou brune, souvent carénée, à ornements géométriques rectilignes ou en spirales, ou encore avec des saillies en pointe, très caractéris- tiques ; ce sont les superbes torques en bronze, à boutons, à tampons, à rosaces, toujours réservées aux femmes; les bracelets en bronze et en jayet ; les ornements en corail ; les fibules en col de cygne et les fibules jumelles à chainette ; les casques coniques ; les épées courtes à soie ronde ; les chaînes-ceintures et aussi les magnifiques sépultures à chars, la gloire des fouilleurs. Est-ce que cela ne justifiait pas la conservation du qualificatif Marnien ? 11 est vrai, nos chercheurs ont montré que, même dans le sol classique de la Marne, les autres époques du fer étaient aussi représentées. M. Bosteaux a trouvé des cimetières de l'époque de Hallstatt à l'est de la Suippe ; M. Schmit en a fouillé dans rarrondissement I de Yitry ; M. Goyon à Beine ; M. Logeart a recueilli des objets de cette époque à Aussonce, dans les Ardennes. ■ 12 170 CONGHKS DE l'aSSOCIATION FRANÇAISE Mais ce sont de beaucoup les cimetières de l'époque mar- nienne — ou la Tènc I — qui prédominent. La plupart des décou- vertes ont ftiit rol)jet de mémoires ou de communications aux Sociétés savantes. Ainsi sont connus les principaux centres gaulois de la région : Aussonce, liergères-les-Vertus, Berru, Ccrnay-les-Heims, La Cheppe, Prunay, Saint-Hilaire-au-Temple, Se[)t-Saulx, Somme-Bionne, Somsois, Somme-Tourbe, Witry-les- Reims. Est-il nécessaire de rappeler aussi les sépultures à char de Somme-Bionne (L. Morel) et de La Gorge-Meillet (Fourdrignier), les plus célèbres parmi les cinquante découvertes dans la Marne ? En attendant une' monographie complète de la civilisation marnienne, des études partielles ont élucidé quelques points obscurs. Ainsi, Nicaise a montré que les torques n'étaient portés que par les femmes dans le nord-est de la Gaule ; M. Fourdrignier a fait un travail d'ensemble sur les chars gaulois, sur les cas(jues. et précisé les caractères spécifiques du llallstattien et du Marnien; M. Bosteaux a étudié les agglomérations et les retranchements fortifiés des peuplades habitant les environs de Reims ; enfin M. Goyon a publié deux études originales sur la métallurgie chez les Gaulois : il a décrit les procédés de fonte et de martelage du bronze, les modes de fermeture des torques et a démontré que l'épée marnienne était en acier et non en fer, comme on l'ad- mettait sur la foi des Gommentaires de Gésar montrant les Gaulois redressant sur leur genou l'épée faussée dans le combat. Avanl les découvertes archéologicpies, l'histoire des Gaulois se réduisait en efïet presque exclusivement à ce qu'en dit le concjuérant romain ; mais alors les mœurs ne sont plus celles de l'épocjue marnienne; aux inhumations succèdent les incinérations, les monnaies apparaissent. G'est l'époque Beuvraysienne ou de la Tènc Ili. La lace primitive s'est effacée, les Belges de Gésar et plus particulièrement les Rémi, lesGatalauni occupent la région (|ui sera |)liis tai-d la Ghampagne rémoise : alors commence l'histoire vcrilable (pie l'archéologie va encore largement éclairer pendant loiilc la pf'i'iodi* gallo-romaine. LK PRÉHISTORIQUE DANS LA CHAMPAGNE REMOISE 171 COLLECTIONS PRÉHISTORIQUES DE LA REGION RÉMOISE Musée de Reims, à l'Hôtel de Ville. — Age de la 'pierre. Collection Habert : 365 pièces, la plupart paléolithiques, de l'Aube et de l'Yonne. Spécimens de l'Aisne, de la Marne (Berru, Champigny, Avize, Reims), des Ardennes. — Age du bronze. Aube, Yonne, Marne ; cachette de Ghamery. — Age du fer. Collection Huot ; collection Coyon : vases, torques, fibules des environs de Beine ; fouilles Logeart et Orblin : Aussonce, Prunay, Saint- Etienne-sur-Suippe. En tout 500 vases, lOOfibules, 95 torques, 250 bracelets de l'époque gauloise marnienne. — Epoque gallo-romaine. Collection Duquenelle, Léon Faucher, Théophile Habert, Favre, A. Lannois ; autels tricéphales. Collection du baron J. de Baye, aujourd'hui au Musée des Antiquités Nationales à Saint- Germain. — Mobilier des grottes de la vallée du Petit- Morin. Très nombreux spécimens de haches, lances, grattoirs, couteaux, flèches à tranchant transversal, pilons, houes en corne de cerf, lissoirs, emman- chements, ornements, céramique. — Série gauloise et gallo-romaine. Dans le même musée, la salle VII est réservée à l'époque marnienne ; dans la salle IX, sont la sépulture à char de la Gorge Meillet et les objets provenant des sépultures de la Marne ; salle X, tombe de la Cheppe. CoUectionCh. Bosteaux, à Gernay-les -Reims. — Paléontologie du ter- tiaire éocène. — Age de la pierre : paléolithique de la vallée de la Vesle ; campignien du Mont-de-Berru et de Villedommange ; néolithique de Berru. — Age du fer : très importante collection des époques hallstatienne et surtout marnienne ; torques en bronze ornés et ciselés, fibules jumelles, ceintures, épées, vases, provenant de Gernay, Epoye, Pontfaverger, Prunay, W^armeriville, Witry-les-Reims. Collection Bourin, à Witry-les-Reims. — Résultats des fouilles de plus de deux cents sépultures et incinérations gauloises à Witry : torques, brace- lets, fibules, boucles d'oreilles, perles, armes ; près de 200 vases. Collection Jules Carlier, à Rray-Hannogne (Ardennes). — Paléolithi- que et néolithique de la région. — Objets d'etlmographie locale. Collection duD" Cotard, à Argenteuil(Seine-et-Oise). — Silex recueillis dans la vallée de l'Ardre (Marne), à Arcis-le-Ponsart, Brouillet, Grugny, Gourville, Lagery, Lhéry, Mont-sur-Courville, Savigny, Romigny : 200 haches ou coups de poing, 150 tranchets, 80 grattoirs, 50 coches grattoirs, 5 scies, 100 percuteurs, 8 polissoirs à main, etc. Collection Counhaye, à la Mairie de Suippes (Marne). — Fouilles des cimetières de l'époque marnienne. 172 CONGRÈS DE l'aSSOCIATION FRANÇAISE Collection Gardez, à Reims. — Paléolithique et néolithique de l'Aisne (environs de Guise), de la Marne : Champigny, Cuis, Romigny, Serzy, Tra- mery ; environ M)0 haches ; grattoirs, pointes de flèches, polissoirs à main. Collection du D' 0. Guelliot, à Reims. — Préhistorique du départe- ment des Ardennes. Collection L. Jouron, à Avizc. — Préhistorique de la Marne et surtout de l'arrondissement d'Kpernay. Collection R. Lemoine, à Ghàlons-sur-Marne. — Spécimens de tous les âges du fer ; mobilier d'une fosse à char de Ghâlons. — Gallo-romain local. Collection L. Moral, aciuellement au Brltish Muséum à Londres (salon préhistorique). — Age de la pierre. Paléolithique et néolithique de la Marne et de l'Aube ; sépultures néolithiques de Lignon, de Gloye, de Tours-sur- Marne, de Vert-la-Gravelle. — Age du bronze. Sépulture de Courtavant (Aube). — Age du fer. Sépulture à char de Somme-Bionne ; fouilles de Bergères-les-Vertus, Gourtisols, LaCheppe, Somsois, etc. ; 110 torques, 250 bracelets, 80 fibules, 200 vases. — Epoque gallo-romaine : 500 vases, 200 verres. Collection L. Pistât, à Bezannes, près Reims. — Age de la pierre. Paléolithique de la vallée de la Vesle et de la vallée de l'Ardre ; silex des plateaux et des alluvions : Prin, Savigny, Serzy, Romigny. Néolithique : tranchets, scies à coches, pointes de flèches, haches préparées. — Gaulois et romain local. Collection Emile Schmit, à Ghâlons-sur-Marne. — Paléontologie. Fossiles du cénomanien, du turonien, du tertiaire de la Marne. — Age de la pierre. Faune, silex du paléolithique ; néolithique : mobilier funéraire de la (h*oix-des-Gosa(|ues et de la grotte de Livry-sur-Vesle. — Age du bronze. — Age du fer. Epoque hallstatienne : cimetières de Loisy-sur-Marne et de Soudé-Sainte-Groix ; grandes épées, lances, bijoux et parures. Epoque mar- nienne : cimetières de Ghâlons, Gourtisols, L'Epine, Juvigny, La Vouve. Epoque beuvraysienne : incinération de Gernon-sur-Goole. — Epoque gallo-romaine. Vases et objets des cimetières de Ghâlons, Gouvrot, Loisy, Reims. APERÇU DE L'HISTOIRE DE REIMS EPOQUE GALLO-ROMAINE Par M. L. DEMAISON C'est au temps de la conquête des Gaules par César que les Rémois ont fait leur première apparition dans l'histoire. Peuple puissant, habile et influent parmi tous ceux qui com- posaient la Gaule Belgique, ils occupaient un assez vaste territoire, s'étendant vers le nord jusqu'aux confins de la forêt des Ardennes, et compris à peu près dans les limites actuelles du diocèse de Reims. Leurnom, Rémi, signifiait, d'après l'explication proposée par Zeuss, « ceux qui sont au premier rang» (1), qualification justifiée par leur valeur et par l'autorité qu'ils exerçaient autour d'eux. Leur ville principale, Durocortoruni, qui devait être le berceau de Reims, était une place forte importante, bâtie dans la plaine près des marais de la Vesle, situation fréquemment adoptée par les Gaulois qui recherchaient volontiers l'abri et la défense d'une rivière, lorsqu'ils renonçaient à s'établir sur les hauteurs. Les écrivains du xvii^ et du xviii^ siècle, Marlot, Lacourt, ont longuement dis- serté sur l'étymologie du nom de Durocortorum ^ mais tout ce que l'on a écrit à cette époque est naturellement de peu de valeur. Aujour- d'hui nous sommes mieux renseignés, grâce aux progrès de la philologie celtique, et, suivant l'opinion de savants très compé- tents, le sens de Durocortorum est « enceinte fortifiée » (2). Cette (1) A. HoLDER, Alt-celtischnr Sprachschatz, t. II, coll. 1116. (2) D'Arbois de Jubainville, Etymologies celtiques dans la Revue de Cham- pagne et de Brie, t. III, p. 22. Suivant d'autres, cortorum vient d'un nom propre gaulois Cortoros, que l'on retrouve peut-être aussi dans le nom de Courtrai ( CortoriacusJ (Holder, op cit., t. I, col. 1385 et 1136). 174 CONGRÈS DE l'aSSOCIATION FRANÇAISE enceinte est probablement l'enclos de forme ovale, d'une assez grande superficie, qui marquait encore au moyen âge le périmètre de l'ancienne cité, et dont le tracé est resté visible de nos jours même, indiqué par des boulevards et des rues qui en suivent les contours. César fait mention une seule fois de Durocortorum au livre VI de ses Commentaires (1). Il nous parle aussi d'un autre oppidum des Rémois, nommé lUbra.r^ où les Belges, à la veille de la défaite ((u'ils allaient éprouver au bord de l'Aisne, sont venus livrer un assaut acharné aux Rémois commandés par Iccius(2). Unehypothèse assez vraisemblable place cet oppidum au camp de Saint-Thomas (Aisne) situé à 28 kilomètres environ, au nord de Reims, et entouré d'épais remparts en terre dont l'origine gauloise a été démontrée par des fouilles récentes (3). A l'arrivée de César, les Rémois, consultant leurs intérêts plus que leurs sentiments patriotiques, s'empressèrent de lui faire leur soumission, lui remirent des otages et restèrent depuis ses alliés fidèles. L'historien rémois Anquetil approuve cette « con- duite circonspecte et modérée » (4). Si elle n'a pas été héroïque, elle leur a été du moins très profitable, en leur épargnant les périls d'une lutte dans laquelle ils auraient infailliblement succombé. Ils ont, du reste, été toujours attachés à cette politique. Lorsque plus tard Civilis voulut provoquer une révolte des Belges et les exciter à secouer le joug des Romains, les conjurés, après avoir éprouvé quelques échecs, furent invités par les Rémois à tenir une assem- blée dans leur pays, afin de se concerter sur les décisions à prendre, et sur les mesures qu'exigeaient les circonstances. L'un des plus émincnts parmi les Rémois, Julius Auspex, leur adressa de sages et prudents conseils, et fit prévaloir la résolution de réta- blir la |)aix avec Rome (5). Cette intervention ojiporlune servit la cause romaine; elle fut utile aussi à la Gaule en lui rendant l'ordre et la tran(|uillilé. On a cherché de bonne heure h justifier et à expliquer cette soumission des Rémois aux conquérants, et le dévouement (pi'ils (1) L. VI. 'l'i. (2) L. II. (•). (U) Vauvill^:, Enceintes antiques du département de V Aisne, dans les Memoii'es de la Sociètr des Anli<]uair>'s de France, l. 1., p. 2'.)5 ;\ ;M1. (^i) Ilist. de I{ci)tis, t. I. p. If). (5) Tacite, Ilist., 1. IV, fil). ! HISTOIRE DE REIMS 175 leur ont constamment témoigné, en leur supposant une origine commune. En profitant d'une ressemblance de noms loute l'or- tuite, on a prétendu que la ville de Reims avait eu pour fondateur Reinus, le frère de Romulus, et se trouvait ainsi rattachée à Rome par une étroite parenté. Cette fable a joui d'une grande vogue au moyen âge, mais elle remonte plus haut et peut avoir été imaginée sous la domination romaine (1). La légende de Romulus et Remus, allaités par la louve, est en effet figurée sur Tune des voûtes de Tare de triomphe de la Porte Mars. Elle est peut-être, comme en d'autres monuments de ce genre, un symbole un peu général de l'alliance avec Rome, mais il est permis de supposer aussi qu'elle est ici l'expression particulière d'une croyance qui avait déjà pris rang parmi les traditions locales. Les maîtres de la Gaule, en reconnaissance des bonnes dispo- sitions des Rémois, ne pouvaient ménager à ces auxiliaires si dévoués leur protection et leurs faveurs. Sous leur gouvernement, Reims atteignit un haut degré de prospérité. Dès le temps de Strabon, les gouverneurs romains y avaient établi leur résidence. L'empereur Valentinien y séjourna en 367, et y rendit plusieurs décrets. C'était une ville d'une civilisation raffinée, un foyer de culture artistique et littéraire ; un auteur latin l'a comparée à Athènes. Autour de la cité primitive, des quartiers neufs s'étaient développés et avaient pris une extension considérable ; ils occu- paient une immense surface qui a été seulement dépassée de nos jours. Partout, à Clairmarais, dans les faubourgs de Laon et de Gérés, dans les terres des Coutures, on ne peut remuer le sol sans mettre à jour des traces de constructions antiques, habita- tions modestes ou somptueuses villas, décorées parfois d'admi- rables mosaïques qui sont aujourd'hui la gloire de notre musée. Un aqueduc allait chercher jusque dans la rivière de Suippe l'eau nécessaire à la consommation des habitants. Les Romains excel- laient dans ces travaux d'utilité publique, qu'ils multipliaient pour le plus grand bien des provinces conquises. On voyait aussi à Reims de forts beaux monuments qui rivalisaient avec le luxe des constructions privées : thermes élevés au temps de Constan- tin, ainsi qu'en témoigne une inscription (2), amphithéâtre dont les derniers vestiges ont disparu dans la première moitié du xix* siè- SUIV. (1) Bulletin du Comité des travaux historiques, archéologie, 1892, p. 381 et (2) Corpus inscr., t. XIII, 1"^^ part., u" 3255. 176, CONGRÈS DE l'aSSOCIATION FRANÇAISE cle, arcs de triomphe, dont Tun est encore debout, pour attester l'opulence de la vieille cité gallo-romaine (1). Cette brillante civilisation, après avoir connu de longs jours Jieureux sous la tutelle de Rome, eut à subir la terrible épreuve des invasions barbares qui semèrent partout la dévastation et les ruines. A Reims, comme dans la plupart des villes de la Gaule, on fut contraint d'abandonner et de sacrifier des quartiers entiers avec leurs monuments pour s'enfermer dans une étroite enceinte, élevée à la hâte avec des matériaux empruntés aux édifices détruits. L'impérieuse nécessité força de revenir aux limites de Voppidum gaulois. Mais tous ces efforts et ces sacrifices ne purent avoir raison des envahisseurs. Après de longues luttes, la victoire resta aux peuplades de la Germanie, et l'empire romain fut dis- sous. Avec le triomphe du christianisme, la conversion de Clovis et l'établissement de la monarchie franque, Reims allait entrer dans une ère nouvelle. (1) Sur la signification de ces arcs de triomphe, cf. Revue archéologique, 1905, t. VI, p. 216 à 230. HISTOIRE DE REIMS 177 ÉPOQUE CHRÉTIENNE Par M. H. JADART ' Après avoir retracé à grands traits l'époque gauloise et l'épo- que romaine à Reims, nous arrivons à Tépoque chrétienne. L'in- troduction du christianisme dans la ville ne peut être fixée à une date précise. Il a pu s'y former des groupes isolés de chrétiens dès les premiers siècles, mais l'organisation véritable et la suite régulière des évêques ne commence qu'au milieu du m" siècle, avec la mission de saint Sixte et de saint Sinice, qui fixèrent leur siège dans le quartier haut de la ville. L'un de leurs successeurs, Betause {Imbetausius), transféra sa cathédrale au cœur de la cité, dans l'église des Apôtres, plus tard Saint-Symphorien. Ce fut lui qui figurait au concile d'Arles en 314 (1). Un demi-siècle plus tard, l'exemple du consul Jovin, qui faisait profession publique du christianisme, indique les progrès de cette religion chez ses concitoyens. Vers l'an 366, ce consul défit les barbares qui envahissaient la Champagne. Les invasions se renouvelèrent fréquemment après lui et, en 406, ce fut le tour des Vandales, qui décapitèrent, à leur passage à Reims, saint Nicaise au seuil de son église. Cet évêque venait d'établir sa demeure et sa cathédrale à l'endroit où se trouvent encore aujour- d'hui l'archevêché et l'église métropolitaine ; il donna par sa mort courageuse la preuve de sa fidélité à son rôle de défenseur de la cité. On conserve au Musée de Reims des débris du sarcophage de saint Nicaise et un chapiteau en marbre de cette époque (2). L'invasion des Huns renouvela les scènes de meurtre et de pillage, lorsqu'en 451 Attila vint assiéger et prendre la ville qui réduisit de plus en plus son enceinte à mesure que ses habitants diminuaient et s'appauvrissaient. La conquête franque lui fut plus favorable quand, à la fin du v* siècle, Clovis se rendit maître de l'Est de la Gaule après avoir vaincu les Alamans et se déclara (1) Mémoires de la Société nationale des Antiquaires de France, t. L, 1890, p. 353 et 375, dissertation de M. l'abbé Duchesne. (2) Travaux de l'Académie de Reims^ t. LXXIX, p. 143. I 178 CONGRÈS DE l'aSSOCIATION FRANÇAISE prêt à recevoir le baptême des mains de saint Rémi. La cérémonie se fit à Heims aux fêtes de Noël de l'an 496(1). Cet événement et rinfluence de l'évoque de Reims sur le roi franc qu'il convertit, eurent une portée immense pour l'avenir de la ville : elle devint en quelque sorte la ville sainte de la nation, celle où les monar- ques vinrent, au début de leur règne, s'introniser dans une céré- monie à la fois religieuse et nationale. Moyen Age Sous les rois mérovingiens, la cité rémoise fut le théâtre des luttes et des rivalités de Chilpéric I" et de Sigebert ; elle fut prise et reprise par eux en 563. Plus tard, en 720, Charles Martel s'en empara malgré la résistance de saint Rigobert qui fut exilé. L'avènement des rois carolingiens amena à Reims deux entre- vues célèbres, celle du pape Etienne III et de Pépin le Bref et celle du pape Léon III et de Charleniagne(2). L'archevêque Tilpin, très habile prélat, eut toute la faveur de ce grand monarque après la mort de son frère Carloman, qui avait eu Reims dans son royaume et fut enterré dans l'église Saint-Remi. En 816, Louis- le-Débonnaire fut sacré par le pape Etienne IV dans la cathédrale de Reims. L'archevêque Ebon abandonna ce malheureux prince dans sa querelle avec ses fils; il fut lui-même ensuite dépossédé de son siège. Il eut pour successeur Hincmar, qui releva toutes les prérogatives de sa charge, et dirigea même les affaires publi- ques par la faveur de Charles-le Chauve (8^f5). Louis d'Outremer concéda le comté avec ses prérogatives féodales aux archevêques de Reims ; ceux-ci, en retour, restèrent fidèles aux descendants de Charlemagne dans leur longue lutte avec les comtes de Ver- mandois, jus(pi'au moment où Adalbéron se déclara pour Hugues Capet, et mit son influence à son service. L'avènement de la troisième race amena un surcroît de faveur sur la ville et fit de Reims un centre permanent pour la tenue dos concih^s, notamment en llli)eten 1148, les entrevues royales vi la c('d('d)ralion du sacre des rois. Ses écoles, renouvelées par (ierbert, prir(uil une célébrité qui s'étendait au loin et valut à ce fauKMix docteur d'être élu ai*chevê(|ue d'une ville (ju'il illustrait. (1) liulU'tin ih' la SonitUé nationale dea Aïiliquaircs tic France, séance du l'i mars \\iOi\, commimicalion de M. d'Arl)ois de .hibainville, p. 171 à IIW. (2) I). Maui.oi. infini)',' ,1,' licims, t. II, p. 331 et 351. HISTOIRE DE REIMS 179 Gerbert et Arnoiild se trouvèrent rivaux à la suite de cette élec- tion, mais le premier céda et devint pape sous le nom de Syl- vestre II. Avec le régime féodal, les archevêques de Reims agrandirent sans cesse leur autorité temporelle ; de comtes, ils étaient deve- nus ducs par concession du roi Louis VII. Mais ils commencèrent, dès le début du xii^ siècle, à ressentir les commotions populaires qui devaient aboutir à la création des communes ou à la conces- sion de chartes et de franchises, véritables instruments de pro- grès et de civilisation à Reims et dans les campagnes. Jusqu'ici le rôle du peuple rémois est passé inaperçu : ce sont les rois, les princes, les archevêques, les abbés, les grands seigneurs qui, par leurs faits et gestes, composent les annales de la cité. Les bourgeois croissaient cependant en nombre et en richesses au sein des villes sous la domination seigneuriale, et la nôtre avait envoyé ses hommes d'armes à Bouvines. Il fallait leur faire une part dans le gouvernement local sous un régime fixe et plus large, comme remarque M. Luchaire : « Les communes sont « nées du besoin qu'avaient les habitants des villes de substituer « l'exploitation limitée et réglée à l'exploitation arbitraire dont (( ils étaient victimes (1) ». D'autre part, un changement matériel s'accomplissait : « La « véritable cause de l'émancipation des villes fut tout entière « dans la transformation économique et sociale qui se produisit « du XI* au XII* siècle, dans la renaissance du travail et de la pro- « duction sous toutes ses formes qui alors réveilla l'Europe (2) ». Ce fut en 1135 que les bourgeois s'organisèrent en compa- gnies et qu'ils préludèrent à la revendication des droits d'une commune. La royauté en favorisa l'éclosion, tout en ménageant à l'occasion les droits de l'archevêque, maître du château de Porte- Mars et dont la puissance restait redoutable pour tous. La lutte des bourgeois contre l'archevêque fut longue et eut des péripéties diverses selon le caractère des prélats. Henri de France (1140-1161) résista aux prétentions populaires, tandis que son successeur, Guillaume de Champagne ou aux Blanches-Mains (1176-1202), accorda une charte de commune, nommée la Wilhel- mine (1182), qui donnait satisfaction aux besoins nouveaux, mais (1) Voir Luchaire, Les Comynunes françaises à Uépoque des Capétiens directs, p. 14. (2) Histoire de France, de Lavisse et Rambaud, t- II, p. 419. 180 CONGRÈS DE l'aSSOCIATION FRANÇAISE elle lesta incomplète par suite de la persistance du chapitre à n'a])dic|uer aucun de ses droits. Néanmoins, dès le début du xiii^ siècle, un accord se trouvait conclu, dont saint Louis plus tard garantit le maintien, et l'on put travailler à des œuvres merveilleuses d'architecture et d'industrie. Ce fut surtout par rétablissement des foires locales, par leurs efforts dans le commerce et la fabrication des toiles que les Rémois se distinguèrent et tirèrent une grande richesse ; les documents du temps et quelques logis subsistants, la Maison des Musiciens en première ligne, nous indiquent l'essor et l'usage de la fortune acquise par ces laborieux bourgeois. Le clergé ne pouvait abdiquer, de son côté, sa tache de constructeur. L'abbaye de Saint-Ilemi avait reconstruit, dès la fin du xiie siècle, un chœur gothique en tête de sa basilique romane, consacrée par le pape Léon IX en 1049. L'archevêque, empêché jusque-là par sa lutte contre la commune, donna à son tour une marque de sa puissance en reconstruisant, à la place de la cathé- drale carolingienne incendiée en 1210, l'admirable édifice actuel qui fut élevé presque entier dans le cours du xiii^ siècle, à l'aide des ressources du chapitre et du talent des architectes du pays : .lean d'Orbais, Gaucher de Reims, etc. L'abbaye de Saint-Nicaise imita cet exemple et éleva, sous la conduite de Libergier, un chef- d'œuvre d'élégance au sommet de la cité. Les bourgeois, eux aussi, agrandirent ou réparèrent leurs douze paroisses, du xiii*' au XVI'' siècle, avec une industrie et un zèle inlassables, en même temps qu'ils créaient une enceinte fortifiée plus étendue et en rapport avec l'importance de la cité, figurée au plan ci-contre. L'indéniable prospérité atteinte à Tapogée du moyen âge allait décroître au siècle suivant, mais l'union de la bourgeoisie et de la royauté devait avoir raison des crises, dos épidémies, des luttes intestines aussi bien que des dillicultés nouvelles de la défense contre les Anglais au siège de 1359. C'est un étonnant spectacle que cehii de celte (H)ncorde entre les rémois et le roi, qui crée le conseil de ville en 1358 et reconnaît au lieutenant des habitants et ;ni\ échevins une |)r('q)ondérance absobii» (huis l'administration locah' el poui' la garde des remparts. De là vient le blason de h\ ville, sur le(|uel s'abrite la branclu* parlanl(\ idins ou rinceau, sous le chrC llciir'dclisc du inonaripie (1). LtMirs elloi'ts communs (I) Avmnviiil ih's IJi-Hlruduls de Hr{}ns, par Cl>. Givelet. 1887, gr. in-8, iuUoduolion. 182 CONGRÈS DE l'aSSOCIATION FRANÇAISE al)outirent à la levée du siège mis par le roi d'Angleterre autour des fortifications élevées, défendues et entretenues par la popula- tion rémoise entière. Les milices bourgeoises, les arbalétriers, plus tard les arcpiebusiers restèrent dès ce moment comme autant de témoignages de la vitalité du patriotisme des classes éman- cipées. L'heure fatale vint cependant où la domination étrangère s'im- planta dans le pays rémois (1420) par la ruse autant que par la force, non moins cpie [)ar la complicité d'un roi dément. Il fallut, pour triompher d'un tel désastre, l'apparition de Jeanne d'Arc et l'écla- tant triomphe du sacre de Charles VII (1429) (1). Mais la misère, suite d'une si longue guerre, les famines, les révoltes populaires contre les impôts, surtout celle de la Miquemaque sous Louis XI, infligèrent à la population de nouvelles calamités jusqu'à la fin du XV* siècle. Rena issance Ce fut seulement après le règne de Louis XII que revinrent un calme et une richesse relative que dénotent le progrès des arts, l'embellissement des églises et aussi le luxe des habitations bour- geoises, comme celle que bâtit Nicolas Le Vergeur au coin de la rue du Marc et de la rue Pluche actuelle. La Renaissance laissa donc à Reims des tiaces encore visibles du savoir-faire des artistes et du goût public dans les édifices, les tapisseries, les vitraux, les meubles qui nous restent du temps de l'archevêque Robert de Lenoncourt (1514-1532), prélat bien- faisant et charitable entre tous. On pouvait donc espérer voir renaître cette période si brillante d'un autre xiii^ siècle, mais le XVI*' siècle so poursuivit au contact des guerr(»s de Religion (pii déchirèrent à nouveau les germes de progi'ès semés dans les esprits, sans (pi'cdles aiiMit pu toutefois arrètei' l'essor intellectuel (jue d<'vel()p|)aà Rins à rainclioralittii des hi'ipilaux el aux ecolc^s popuhiires. Les Froine- n;id<^s l'urenl ckmm's j)ar h' comsimI (\r ville sur k*s dessins d'un jardinicM* remois, Fierri; Lim'oux (1731-33). Des fêtes sph^idides cnmit lins, pnhliéo en ISSO. ('i) lU'itna en lu U\ [iAr Wcuri Mv.^iv, IHU8, in-'i" illustré, Matol-Hraine. édilour. (5) Le» visites «les chefs de IM'Uat ont été à Keims, relie de l'I-lmpereur en 18r)8, du IVésidint Carnol en IS'.M, du rrésideni l'\uiie eu \H\H\, et du Président LoiiIm'I a(-<-()nipat^Miant le Tsar. HISTOIRE DE REIMS 191 Les villes modernes n'ont plus d'histoire au point de vue général, runilorniité s'est étendue sur tous les actes de leur vie publique, mais chacune d'elles conserve sa part d'originalité dans le maintien de ses souvenirs, de ses traditions et de ses monu- ments. A Reims, la part est large à toutes les bonnes volontés pour cultiver le progrès uni au respect d'un passé glorieux. BIBLIOGRAPHIE PRINCIPAUX OUVRAGES SUR L HISTOIRE DE REIMS DoM G, Marlot. — Metropolis Remensis Historia. {Insulis et Remis, 1666-79, 2 vol. in-fo.) DoM G. Marlot. — Histoire de la Ville, cité et université de Reims. {Reims, 1843-46, 4 vol. in-4o.) N. Bergier. — Le dessein de l'Histoire de Reims. (Reims, 1635, 1 vol. in-4<'.) Anquetil. — Histoire civile et politique de la Ville de Reims. {Reims, 1756, 3 vol. in-12.) J.-B.-F. Géruzez. — Description historique et statistique de la Ville de Reims. {Reims, 1817. 2 vol. in-8o.) Camus-Daras. — Tableau des principaux événements généraux qui se sont passés à Reims. (Paris, 1827, 1 vol. in-8o.) Ch. Loriquet. — Reims pendant la domination romaine. [Reims, 1860, 1 vol. in-8o.) Al. Hannesse. — Histoire populaire de la Ville de Reims. {Reims, 1879, 1 vol. in-12.) Pr. Tarbé. — Reims, Essais historiques sur ses rues et ses monuments. (Reims, 1844, 1 vol. in-4o.) H. Bazin. — Une vieille cité de France, Reims, monuments et histoire. (Reim,s, 1900, 1 vol. in-4o.) L'ARCHITECTURE A REIMS Par M. Alphonse GOSSET, Architecte Auteur des Moaograpliies de la Cathédrale et de Saint-Remi de 1895 et 1900 Caractère A LA GLOIRE de nos ancêtres, on constate que de tout temps Fesprit qui les dirigea dans leurs œuvres d'art et par- ticulièrement dans la construction des monuments, a été de faire grand et pratique. Ce sens caractéristique de la race semble lui avoir été com- mandé par la nature. La plaine au sol crayeux, pauvre, où rien ne vient sans peine, imposa toujours à ses habitants la nécessité du travail; de là, chez eux, le besoin desefî'orts. Aussi ont-ils été de bonne heure adonnés à l'industrie, au commerce. Obligés de chercher des débouchés, ils ont dû pour en assurer le placement, exceller dans leurs produits. Comme il n'y a pas de supériorité industrielle sans l'agrément de la forme, de la vue, ils ont ainsi été amenés de bonne heure à la rectitude du jugement et de Fœil. Habitant un pays plat, grisâtre, privé des charmes que la nature a réservés à d'autres, ils se sont appliqués à rendre leurs 14 194 CONGRES DE L ASSOCIATION FRANÇAISE intérieurs confortables, agréables, d'où la recherche du mieux, puis du beau, dans les monuments. Laborieux et patients, ils se sont toujours empressés (Tadir- mer leur prospérité par des œuvres d'art et ils ont su en produire, qui resteront des merveilles comme la Cathédrale î Epoque Gauloise Avant de tirei* son nom de la tiibu des llèmes qui occupait notre t(M*ritoire entre TAisne et la Marne, Reims s'est appelée originairement, Durocort, en Celtique, forteresse ronde. La forme elliptique de son enceinte se retrouve encore dans ses rues : Tronson-Ducoudray, du Clou-dans-le-Fer, des Telliers, de la Tirelire, Andrieux, Ponsar- din, des Murs, de Contrai (les rues Chanzy, de Talleyrand, par leur niveau inférieur en indiquent les glacis). Les autels votifs, les stèles représentant des divinités tricé- phales, ou Triades, ainsi que les ex-votos, les statues de Cybele, le fameux Cerumnos à tête barbue, avec ramure de Cerf, fournissent quelques témoignages de leur religion et de leur esthétique (1;. César lapporte (|ue les Druides se servaient de ralpha])et grec (Litteris Grœcis utantur), ce qui explique les affinités ori- ginelles (lu génie français avec le génie grec (même esprit de recherches et même besoin de clarté). Les découvertes de MM. Bosteaux à Rerru, Du(|uenelh» dans la région, (^ounhaye à Suippes, llaberl au delà, Morel à Somme- liionne, j)i()uvent leur recherche d'art cl ;i (juel perfectionne- /nrnl ils allcignaicnl d<\)à, dans la fabrication dos armes et des haiiiat hcmcnls (Icnioin le char du Musée de Sainl-C iei main). Époque Gallo-Romaine \|»res l:i con(|uèle des (laules par les lloniains, c(Mi\-ci fidelrs a jciii- principe (h' eon V(>rl ir les peiiplader^ vaincues en ■ — ■ ^^. £.. '^f^^^^^^^^ VASE GAULOIS (I) Voir .1(1 Mn.si'c l.n»iil.iirr. L AHCHITECTURK A MEIMS 195 amies, en plaçant les Rèmes dans la catégorie enviée des Fédérés, en firent un des plus puissants. Ils y implantèrent leur civilisation, avec elle, les travaux d'utilité publique et les Beaux-Arts. MOSAK^Ulî DITli UES l'KOMENADES Alors les travaux publics se multiplient; les habitations par- ticulières s'embellissent, se meublent d'œuvres d'art; l'arc^hitec- ture, la sculpture sur pierre, sur marbre, en bronze; la mosaïque, 196 CONGRÈS DE l'aSSOCIATION FRANÇAISE la peinture à fresque, Torfèvrerie, la verrerie (aimée des Romains), Tébénisterie atteignent un haut développement. Les nombreux et riches fragments des statues de marbre et de bronze, de médailles et de camées trouvés dans le sol, attestent clairement la magnificence de Reims, capitale de la Gaule- Belgique, et prouvent surabondamment que la Mosaïque des Promenades, le Tombeau de Jovin et l'Arc-de-Triomphe, etc., n'y étaient pas isolés, mais appartenaient à Tensemble monumen- tal d'une grande cité achevée. Les vestiges trouvés jusqu'à ce jour portent malheureuse- ment partout des traces profondes des incendies survenus lors des invasions germaniques pendant la décadence de l'Adminis- tration romaine. Trouvés isolément, par ci, par là, en des tran- chées étroites, creusées pour les besoins des constructions modernes, il est presque impossible de les réunir et d'en tirer des plans certains ; cependant, en plusieurs points de la ville où la tradition a perpétué les usages locaux, comme sous le Marché (emplacement de l'ancien Forum), M. N. Brunette, archi- tecte de la ville, par les vestiges trouvés lors de la pose des conduites d'eau, a pu en tirer les témoins de monuments variés. Nous savons donc que Reims, comme toute grande cité l»omaine, avait un système complet de fortifications, avec des portes monumentales sur les voies (1), des temples, une ou des basiliques pour les réunions, un amphithéâtre et un stade, au lieudit le Mont-d'Arène (un dessin de J. Cellier, montre qu'au xvi*^ siècle il en subsistait des vestiges considérables, gradins et caves; une vue de Reims en Champagne, de Mérian, les montre encore debout et la rue de Saint-Thierry qui occupe la place d'une ancienne voie romaine passe à l'une des extrémités; des Thermos ; un l'orum (au Marché), un Palais dans le quartier Saint-Thomas, des arcs-de-triomphe, dont celui des Promenades est un des plus consi(h'rables, parmi ceux qui subsistent du monde romain : de riches hal)itations, attestées par toutes les mosaïques trouvées (bans cette zone circulaire (jui s'étend de Clairmarais à Sainl- liciiii (2), des tombeaux fastueux, (U^nt le sarcophage tb» Jovin n'esl (|n'un exemple, etc. (1) Sept jçraildcs roules vers : AmiiMis, Adtuii, lîavay, Daras, Lanpres, Trêves, Metz, ol proloiigeinonls. (2) Nulammenl colle reeiieillie eu I8'j;{ près le ciuielière du Nord, où ou trouva une baignoire cliaullée pur uu serpentin, etc., la mosaïque de la rue rcrscval. L ARCHITECTURE A REIMS 197 Quant aux monnaies, aux bronzes, aux médailles, pierres gravées, camées, tombeaux en calcaire, cachets d'oculistes, divinités tricéphales en pierre, autels votifs ; leur nombre augmente sans cesse et nous oblige à renoncer à les énumérer ici. Gomme caractère, on peut affirmer que tous les monuments de cette période, par leurs dimensions, par l'importance que les figures prennent dans la décoration, témoignent du goût de la population pour la grandeur, la richesse (1). TOMBEAU DE JOVIN Reims semble avoir atteint l'apogée de sa prospérité, sous les règnes féconds des Antonins. Les relations avec Rome y étaient nombreuses et fréquentes : le sarcophage de Jovin, sculpté, sans doute, au delà des Alpes, est une preuve que les œuvres de l'art italien, alors prépondérant, venaient y exciter le goût et l'émulation. Les voyages des Empereurs, les séjours de leurs Consuls, investis de ces immenses commandements, dans les provinces frontières, y amenaient aussi de la Gaule et de l'Italie nombre d'hommes distingués qui y entretenaient la culture intellectuelle et artistique, emportée ensuite par les invasions germaniques et leurs dévastations. (1) Témoin l'Arc-de-Triomphe, 198 CONGRÈS DE l'aSSOCIATION FRANÇAISE Moyen Age Après la conversion de la Gaule au christianisme, suivie de la période des invasions germaniques, Reims n'avait conservé de ses anciennes prérogatives que la primauté de son siège épisco- pal, qui en fit un centre religieux. On ignore ce qui restait encore des splendeurs de la vieille cité lors de l'arrivée des Francs de Clovis. Mais comme on voit, d'une part, l'état-major de l'armée y séjourner, et, de l'autre, sur le siège épiscopal un homme aussi supérieur que saint Rémi, on peut conclure qu'elle était encore puissante. Alors, il s'y passe un fait capital dont les conséquences, en appelant sur elle l'atten- tion, deviendront une nouvelle cause de mouvement artistique, dirigé cette fois, par la religion. Son évêque, secondé par sainte Clotilde, convertit le chef des Francs au christianisme, les introduit dans la civilisation, prépare leur fusion avec les populations envahies et leur assure non seulement un moyen d'action puissant, mais surtout et de prime abord sur les autres envahisseurs une supériorité qui fera de la Gaule^ la France. Reims est alors comme le centre religieux des Francs; aussi, au milieu des luttes de la première partie du Moyen âge, on y constate l'influence continue de ses archevêques. Parmi eux se trouvent les prélats les plus considérés, les plus puissants de leur époque, tels Hincmar et autres. Ils jouent un grand rôle dans les aft'aires du temps et prennent une importance dont profitent les monuments de la cité. Cité des Sacres, les souverains y séjournent fréquemment, y tiennent dos Conseils, y réunissent des Assemblées, premiers essais des Etats-Généraux. Les Papes eux-mêmes, viennent y présider des Conciles ; les Evêques y convoquent des synodes : Reims est alors aussi un grand centre artistique et scientifique : ses écoles sont célèbies, notamment sous Gerbert, le futur Pape (1). Afin (h> réj)()ndre à son rang de Cité des Sacres, l'Eglise do Reims fait a|)[)el à toutes les ressources de l'art et demande notamnicnl à rarchiteclure ses })lus grandes conceptions, ses cllrls les j)liis puissaiils. (1) Pour apprôrior \v moiivtMiuMil (lt> l'art i]c r«'>|)oqut\ il uc faut pas porilro de vue (juc le MovLMi au;,, ^st rararterisr pal" rinilueuce religieuse. l'architecture a reims 199 Aussi la Gatliédrale de Reims est-elle l'objet d'une sollicitude particulière. Pour sa construction, les Evêques, voulant faire grand, mettent tout à profit, donations royales, quêtes et grands biens, etc. ; puis, lorsque le travail actif des habitants dans le commerce et l'industrie a ramené la richesse dans le pays, ils excitent leur zèle et leur amour-propre, et font appel aux artistes les plus éminents pour glorifier la cité. C'est ainsi que la seconde cathédrale, terminée par Hincmar, était déjà très somptueusement décorée, et que s'explique com- ment, à la suite de l'incendie de 1210, un an après pareil désastre, l'archevêque Albéric de Humbert pouvait déjà recommencer, sur un plan si grandiose, la construction de la Cathédrale actuelle. La vieille et belle église de Saint-Remi, bâtie d'abord sur le plan des églises latines, emprunté aux basiliques (1) est un premier témoignage de la continuité à Reims des traditions de l'art antique en architecture. Mais c'est surtout dans l'édification de la Cathédrale, pour laquelle Reims a mis en œuvre ses ressources multiples, que nous pouvons apprécier l'élévation et la perfection qu'y avait le goût artistique, puis la persistance de ses administrateurs à poursuivre pendant deux siècles la réalisation du programme primitif (fait rare, pendant une période où tant d'églises commencées dans un style, sont achevées dans un autre), pour compléter un édifice, qui a été, est et restera une des merveilles de l'architecture. En même temps d'autres grandes églises étaient édifiées, notamment celle de Saint-Nicaise, œuvre de l'architecte rémois Libergier, qui occupa aussi un haut rang parmi les chefs- d'œuvre de l'art français au Moyen âge (2). S'il ne reste aucun édifice civil de cette période (car la grande salle de l'Archevêché, élevée à la fin du Moyen âge, étant destinée aux conciles, peut être regardée comme un édifice reli- gieux), on sait cependant que les habitations étaient construites avec art, ainsi que le prouvent les maisons de la place des Mar- chés, de la rue de Tambour et de la rue de la Clef, etc. ; les débris de cheminées et de carrelages, qui témoignent du degré de perfectionnement de tous les arts à Reims. L'architecture, en effet, ne pouvait se développer seule, la (1) Salles où on rendait la justice. — de Basileus oichos. (Voir Monographie de Saint-Remi. (2) Ancienne abbaye Bénédictine, détruite à la Révolution. 200 CONGRÈS DE l'aSSOCIATION FRANÇAISE sculpture, qui y joue un si grand rôle au ^loyen âge, a toujours été traitée avec soin, souvent même de main de maître, dans les monuments rémois ; nombre de statues de la Cathédrale ont été évidemment faites par des artistes supérieurs à leur époque, ayant étudié d'après Tantique. Elles sont une des particularités de l'art à Reims et une preuve de l'importance exceptionnelle donnée à la Cathédrale. Les fabriques de vitraux, de tapisseries, d'orfèvrerie pros- pèrent, pendant que celles des lainages, recherchés non seule- ment en Europe, mais même par les Musulmans, amenaient une abondance qui, dans un pays au sol si peu fertile, a pu seule permettre d'aussi grandes dépenses (1). L'invasion anglaise, les maladies épidémiques vinrent interrompre cette prospérité ; cependant les fragments de la dernière période gothique dite flamboyante (comme au portail de Saint-Remi) y attestent le main- tien de la correction du goût. Malheureusement l'histoire ne nous a conservé que quelques noms des auteurs de ces ouvrages si remarquables de cette période tels ceux de Libergier, architecte de Saint-Nicaise ; de Jean d'Orbais, le grand architecte qui a conçu le plan de la Cathédrale ; son nom, gravé à l'un des coins du labyrinthe de la nef, avait été relevé avant l'enlèvement de celui-ci (Robert de Coucy, n'a été (|u'un de ses continuateurs). Renaissance ^Malgré les malheurs de la fin du Moyen âge et Tappauvrisse- ment (bi pays, Reims, au xvi*^ siècle, entre dans le grand mouve- ment de la Rejiaissance ainsi (|ue le prouve riiùtel situé rue du Marc n° 1 (2), dont les façades sur cour, avec leurs bas-reliefs représentant un tournoi, sont contemporaines de François P^ Les princes ecclésiastiques de la puissante maison do Loi- raine, (;n prenant j)ossessi()n du siège archic'^piscopai, conli-ihucnl par leui' situation, leur inlluence dans la direction des atl'aires, à raniencr l'allention sui lleinis; l('sti'a\aii\ d'yil y sont n^pi-is (I) l'ii»' |)ai-tir Ville /..( Viiiiii'. L'ARCHITECTURE A REIMS 205 Ordre chronologique des Edifices publics et des Œuvres d'Art monumental les plus remarquables. ANTIQUITÉS GAULOISES Collections Duquenelle, Bosteaux, Habert, etc. (an Musée). PÉRIODE GALLO-ROMAINE Mosaïques dites des Promenades, etc ii^-iii^ siècle, Porte Basée, rue de l'Université m* Tombeau de Jovin (Musée lapidaire) iv Arc-de-Triomphe iv^ Fragments dans les collections publiques ou privées ; mosaïques (à l'Hôtel de Ville). . . iv* MOYEN AGE Saint-Remi xi^ au xv® Cathédrale xiii^ Chapelle palatine de l'Archevêché xiii^ Saint-Jacques 1183 au xvi^ Maison des Musiciens, rue de Tambour xiv'^-xv Maisons, place- des Marchés xv^ Dalles ciselées et incrustées de plomb à Saint-Remi xv^ — Grande Salle de l'Archevêché 1498 Maison, rue de la Clef . RENAISSANCE Porte du Chapitre, en dépôt au Lycée xvi® siècle. Vitraux à Saint-Jacques Emaux à Saint-Remi Toiles peintes de l'Hôtel-Dieu (au Musée). ... Tapisseries de la Cathédrale (de Robert de Lenoncourt) 1514 Tapisseries à Saint-Remi, id Statues du Tombeau de saint Rémi 1537 200 CONGHKS I)K l'association FRANÇAISE Autel à la Cathédrale attribué à l'un des Jacques Maison, rue du Marc, n" 1 Maison, rue de TArbalète, n° 4 1545 Hôtel Feret de Montlaurent Porte du Lycée (rue Vauthier-le-Noirj Abbaye de Saint-Pierre-les-Dames (restes). . . . 1545 Maison, rue Desteuque, 19 (maison Hourlier). Pavillon, rue Linguet Porte, rue d'Anjou Hôtel de Ville (façade aile gauche et motil' milieu) 1627 Tapisseries de la Cathédrale, dites de Peper- sack * 1640 Saint-Maurice 1558-1622 Ancienne Bibliothèque des Jésuites de Tilôpi- tal-Général xvu^ siècle. Archevêché xvii^ — Promenades 1735 Hôtel, rue Courmeaux, 18 (Rogier de Monclin). 1750 Hôtel de Gourtagnon, rue Chanzy, 71 Fontaine (à l'Hôtel-Dieu). Dessin de Coustou. 1750 Place Royale 1 759 Porte de Paris (Grille en fer) 1774 Autels à la Cathédrale Hôpital, ancien Hôtel-Dieu (ancienne abbaye de Saint-Remi) 1774 Grand-Séminaire (ancienne abbaye de Saint- Denis) Hôtel de la Chambre de Commerce (ancien Hôtel Ponsardin) Appartements royaux à l'Archevêché. ...... 1825 Marché coiivd'l 1838 Palais-de-.Iuslicc (^ancien I l(")t(»l-I)i(Mi IS'i5 Sainl-'rh()iii;\s IS'i7-IS()() Saint-Andrc' I8r)7-I8(i'i Statur (bî Colhcii cl Scjuait* IS(iO Maison de Relraile I8(;()-bS77 Circpie I8(»r> Thr-jUn' 1867- b^73 1 Oui b(';iii du ( ,iiiil iiiiil (ioiisst'l (a Si- riioiiias). L AnClIlTECTUHE A REIMS 207 Temple protestant Ecole prolessioiinelle Tombeau de l'abbé Miroy Casino , Sainte-Geneviève Synagogue Achèvement du Lycée Achèvement de ITIôtel de Ville. Hôtel de la Caisse d'Epargne Sainte-Clotilde Statue de Saint-Marceaux (Hôtel de Ville) Fontaine Subé, statues et groupes 1868 1808-1874 1892 1874 1878 1879 1880 1871-1880 1884 1898-1900 1905 1906 -fui,,!. . STATUE DE LA VIGNE (sAINT-MARCEAUx) DESCRIPTION SOMMAIRE DES MONUMENTS DE REIMS Antiquités Gallo-Rom ai nés Mosaïques 1" Celle trouvée dans les Promenades, au nord, et à gauche de la grande allée, à cent mètres de rArc-de-Triomphe, en 1860, à 1^40 du sol, lors d'un remaniement de la plantation de cette partie des Promenades. Elle couvre un rectangle de 11 mètres 208 CONGRKS DK L ASSOCIATION FRANÇAISE sur (S mètres. Entourée d'une bordure à rinceaux^Courants, elle est divisée en caissons, dont les sujets représentaient des scènes de cirque. Bien dessinés, habilement remis en couleur, ils consti- ▼ T'yy ■v'H»^ «r-^'^ />^ a< *i « «^ »*-. V. <> ■^ V V ^> MosAKHi; i)i'; i.v la I ri ki 2r> Largeurs intérieures des nefs (entre colonnes) 12 30 — — (petites colonnes) ."> 'lO llaiileurs : extérieure au faîte 57 »» De la grande nef 38 »» Des collatéraux 1(> 40 Du soniuiet des tours 8.3 »» Surface extérieure (i.li.^O »» — intérieure 4.800 »» L<' j)orlail, larg»' de (|uaraiile cl im iiiclrcs, liar.l (\i' (pialrc- v iiigl-ti'ois mètres esl la plus sph^idido coiu'cplion du stylo ogi- val ; c'est \v. srul ailicNc v\ liarnu)iii(|uo. Consacré à Notre-Daïuo. CATHÉDRALE DE REIMS (cl'après Guilhabaud) fi L'ARCHITECTURE A REIMS 229 il a du sa riche décoration à la glorification de la sainte Vierge et des Rois sacrés à Reims, et aussi à cette nécessité d'être toujours digne des cérémonies des sacres. Portail. — Conformément à l'esthétique chrétienne, les lignes dominantes de l'architecture sont les verticales, pointant vers le ciel comme l'aspiration de l'âme chrétienne [ad cœlum)^ c'est bien suivant le Grand Poète Latin (Mens agitât Molem), l'esprit qui y anime la matière. On y distingue : un rez-de-chaussée occupé, en guise de porche, par trois grandes et profondes voussures précédant les portes avec tympans ajourés 1 , aux parois tapissées de statues et statuettes en haut-relief richement encadrées qui, semblables aux grands tryptiques déployés les jours de fête sur les autels, se développent en avant des soubassements saillants des contre- forts, pour éviter le contraste entre la robustesse de leurs bases et la finesse des cadres des portes. Toutes sont surmontées de hauts gables pointus, richement décorés de motifs allégoriques. Au-dessus s'ouvre la rosace de la grande nef accompagnée des têtes des contreforts ornés de niches semblables à celles du pourtour, entre lesquels montent les grandes arcades ajourées du premier étage des tours. Le rappel de la décoration des con- treforts des façades latérales pour l'harmonie architecturale est caractéristique au milieu du xiv^ siècle, au plus fort de l'évolu- tion de l'architecture ogivale (les détails de moulures et de sculp- tures qui ont seuls le cachet de l'époque, se perdent dans l'en- semble). Plus haut, se dresse triomphalement la Galerie des Rois, dont les arcatures des niches forment soubassements des tours, qui, ajourées, découpées en sveltes arcades élancées, sont des- tinées à porter des riches flèches aiguisées, plus ajourées encore, peut-être, en charpentes revêtues en plomb doré, pour éviter une surcharge sur les fines colonnettes. Quant à la signification de cette riche et suggessive déco- ration : Celle du porche central est consacrée à la patronne du Sanctuaire, la sainte Vierge, Reine du Ciel, représentée au meneau, puis triomphante au sommet. Les dix grandes statues des parois rappellent la vie de la Vierge. (1) XIV* siècle, conséquence du mouTcment du style. 230 CONGRÈS DE i/aSSOCIATION FRANÇAISE A droite : rAïuionciation, l'archange Gabriel (jui se présente à la Vierges ; la Visitation, sainte Elisabeth et Marie. A gauche : la Purification par le grand prêtre Abiathar, Siméon et l'Adoration des Mages. Les cinq gorges concentriques de la voussure sont décorées de 80 figures en chapelets, rappelant des ancêtres de Marie, Tarbre de Jessé, des Prophètes, les Mages, les Bergers. Le grand gable est rempli par le magnifique groupe du Couronnement de la Vierge entre des Anges et des Séraphins (1). Sur les piédroits des portes sont figurés les travaux corporels et sur les tableaux des chambranles, le cortège de la Pieine du Ciel, des suites d'Anges qui l'entourent. Les quatre statues angulaires représentent les éléments. Le porche de gauche couronné, dans le gable, par le groupe de la Crucifixion, est consacré à Jésus-Christ. Sur les ébrasements, les grandes statues représentent les principaux archevêques de Reims et ses premiers martyrs, à droite : saint Nicaise, saint Rémi, sainte Cilinie, sa mère, saint Thierry, son disciple ; à gauche, saint Jocond, sainte Eutrope, sœur de saint Nicaise, saint Maur et saint Apollinaire. Sur les piédroits de porte sont sculptées en ronde bosse, dans des niches, seize statuettes symbolisant les arts et les scien- ces et dans la voussure, dix-huit autres rappelant des sujets tirés de la vie de Jésus, depuis le désert jusqu'au tombeau et à l'Ascen- sion, en présence des apôtres et des anges. Le |)orche de droite (sud), couronné par l'Invention de la sainte Croix est consacré à l'Apocalypse. Les piédroits des ébrasements représentent, à droite, les personnages (\m ont annoncé le Messie dans l'Ancien Testament, Abel, Abraham, Moïse, Esaïe; ceux du Nouveau qui Pont acclamé : saint Jean, saint Siméon; à Reims, saint Sixte, saint Sinice et ses frères. Sur les piédroits sont figurés les vices, puis les vertus à prali(|uer. Les figures de la voussure sont consacrées à des sujets de l'Apocalypse s(don saint Jean. Dans les clochetons des anges sonnent la lr()inj)(il(\ Les figures des tvin|):nis représentent des suj(Ms complelant It^s (•) N"ii !'• 'l<'ssiu do Violl(M-lc-Uiio. — Dictionnaire ol dans notre Mom» i^'raftliif L ARCHITECTURE A REIMS 231 grandes scènes des porches voisins Les statues du premier étage entre les contreforts et la rosace représentent : Jésus, saint Jean, la sainte Vierge, saint Pierre, toutes sculptures vives, expressives, d'après des types empruntés à la vie du XIV® (celles des piédroits de droite, au contraire, sont d'un style ancien paraissant provenir de l'ancienne cathédrale ; on y voit des draperies évidemment imitées de l'antique), les apô- tres, et au centre le combat de David et Goliath. La décoration de la grande Rose est consacrée à l'Assomp- tion de la Vierge. La galerie des Rois, où série des niches enveloppant les tours, est consacrée à une série de rois au nombre de 56, ainsi glorifiés et exposés sur de hauts piédes- taux, sous des dais, comme des Héros. Les tours aériennes s'élan- cent de 24 mètres au-dessus de cette galerie prêtes à recevoir leurs élégants couronnements de flèches élancées, fleuronnées plus richement encore que celles du centre pour l'effet triomphal de la façade. Pourtour. — Pour l'unité harmonique, comme le temple Grec par ses colonnades, la Cathédrale est entourée d'un motif continu {Leit-motiv) com- Dessin de Leblan. TRAVÉE EXTÉRIEURE 232 CONGRÈS DE l'aSSOCIATION FRANÇAISE posé par les têtes des contreforts, surmontées de hauts dais, qui encadrent les statues variées d'Anges ailés, couronnés de riches pyramidions ornés de panaches élancés, statues formant autour du sanctuaire, la garde d'honneur de sa divine Patronne, Marie, reine du Ciel : motif architectural unique, particulier à Reims, dont l'habile architecte, d'un membre de la construc- tion, a fait le motif de la décoration générale des quatre façades. Celles du sud et du nord sont formées de travées à deux étages, correspondant au rez-de-chaussée aux collatéraux et au premier, à la nef, dont Timmense arcade, leformeret, entourant la fenêtre est restée le plus pur type de cet organe de l'architecture ogivale. Elles sont couronnées par une riche galerie à jour autrefois digne d'avoir été nommée \e Diadème (\.) qui, malheureusement, aperdu son unité première par suite de restaurations inharmoniques : il y a 30 ans ?? d'abord sur la façade nord, puis sur la façade sud, où heureusement il faut le reconnaître, son architecte a eu le mérite de rentrer dans l'esprit général de l'édifice, pour conserver l'expression particulière du monument, celle de glorification, partout exprimée par les proportions et la décoration de la Cathédrale. Au-desstis des combles des collatéraux, s'élancent les piliers des contreforts, portant les arcs-boutants à double étage, chefs- d'œuvre du genre. Les transepts aux pignons du xv« (après rincendie\ ont des façades dissemblables. Celle nord est un second portail, mais du commencement du xiii'' siècle, aux porles à tympans j)leins, avec voussures, arcades, pignon et deux tours surmontées de flèches, juscpfen 1481 ; les trois f)arties sont reliées par des pilastres répétant, pour la continuité du motif enveloppant, les têtes des contreforts avec aussi des statues dans des niches, en forme de dais. L'arcade centrale consacrée à la glorification des archevêques de Heims est décorée des statues de saint Sixte, saint Nicaise, sainte. Eutrope, sa sœur, saint Rémi, saint W'aast. Au tympan (^st (1) Impression du Professeur d'Archéologie de Baudot (cours au Musée du Trocadéro), Voir le relevé à la Galerie primitive, avant l'incendie, dans Ciuilhabaud, planche XVIII. Alph. Gosset Monographie de la Cathédrale. t ARCHltECtURE A REIMS 233 représenté Jésus, juge ; au-dessous, dans des frises superposées, les faits et gestes de saint Nicaise et de saint Rémi, ainsi que l'histoire de Job. Les figures de la voussure représentent seize Papes, quatorze Patriarches et douze Evêques qui assistent au Jugement dernier. L'arcade de gauche, consacrée au Jugement dernier, est décorée de statues; au centre, sur le meneau, celle de Jésus, dit le Beau Dieu^ bénissant le monde ; à ses côtés, sur les piédroits, celles de six apôtres. Le tympan est décoré de frises représen- tant les scènes du Juge- ment dernier, la Résur- rection, les Vertus, le Paradis et TEnfer. Dans la voussure, des anges sonnent la trom- pette ; d'autres tiennent le livre des sentences ; puis viennent des docteurs avec leurs livres ouverts, tandis que se développent les vierges sages et les vierges folles. L'arcade de droite {murée) ^ ancienne porte de la sacristie, dont le tympan, autrefois peint, est décoré des statues de la Vierge et des Anges (1). Les statues de l'étage supérieur figurent les Rois Capétiens, Adam et Eve et leur famille ; et celles de la galerie, les sept sages ; enfin dans le tympan du pignon, l'Annonciation de la Vierge, de style flamboyant (ayant été reconstruit après l'incendie de 1481). La façade du transept sud, de même disposition générale. LES TOURS DE LA CATHEDRALE ET POURTOUR NORD (1) Voir les planches de Guilhabaud- 234 CONGRÈS DE i/assocfation française mais sans ponchos 1), diffère par rajoiiiage (jui continue les belI(3S fenêtres des nefs. Les statues des niches représentent les rois Carolingiens ; celle au bas de la Rose, l'Eglise et la Synagogue, et, dans les vingt-deux groupes, les apôtres et les prophètes. Le groupe du pignon représente TAssomption. Le sagittaire qui cou- ronne sa crête, visait autrefois un cerf de bronze, placé dans la cour du palais, symbole de la vigilance de la Justice ecclésias- tique qui siégeait en face. L'abside montre les façades de ses sept chapelles à pans cou- pés, qui entourent le chœur ; celles-ci, de la hauteur des collaté- raux, sont surmontées d'une haute galerie à jour (de la hauteur des combles), ornée d'animaux symboliques. Les anges gracieux tenant des insignes sculptés sur les arêtes d'angle, complètent le motif des anges décorant les pourtours. Les arcades, ou formerets, de l'étage supérieur continuent celles des façades latérales, entre les légers piliers d'angle. La galerie à créneaux, évidemment hétérogène^ qui la couronne maintenant est une preuve des économies faites en hâte pour la réédifîcation après l'incendie, car la précédente était évidemment harmoni((ue avec l'édifice élevé, non pour la défense, mais pour le monument de glorification qu'était la Basilique des sacres, oîi tout chantait le Gloria in Excelsis. La perspective d'une restitution idéale de la Cathédrale avec toutes ses flèches par Viollet-le-Duc, montre bien l'esprit qui élevait ces pierres. A l'arête du chevet du comble s'élance le gracieux clocher à l'ange qui tirait son nom de l'ange en cuivre doré qui l'a couronné jusqu'en ISCîG et qui est déposé depuis pour être restauré ? En résumé, les façades latérales de la Cathédrale ont toujours été remarquées par la belle ordonnance de l'Architecture, aux proportions d'une élégance robuste, le goût fin et sobre avec lecpiel la scul[)lure a été judicieusenuMit répartie, en crescendo, aux chapiteaux, aux corniches, aux pinacles de couronncMuent des contreforts, enfin à la galerie terminale ileuronnée. Mallunireu- sement il man(|ue pour Ti^lfel général, la crête du comble, indispensable j)()ur l'elfel harmonique. ( hiand on contemple les détails on v découvre nombre de motifs originaux, riches s;nis (exubérance, tiolainineiil dans les (l) Côlt- (in l'alais, sans enti-t'cs publiques. L'ARCHITECTURE A REfMS 235 carialides ou consoles, sous les pinacles de la galerie, les fleu- rons épanouis (1). Tout dans les façades révèle une haute conception architec- turale, exécutée par des praticiens habiles, et ornée par des sculpteurs distingués. ABSIDF. ^Vue prise avant l'addition des créneaux) Intérieur. — « Lorsqu'on pénètre dans la Cathédrale de « Reims par le grand portail, on est, dit M. Bourassé, frappé de « Taspect imposant et de la simplicité de l'édifice. On éprouve (( un vif sentiment d'admiration quand, aux derniers rayons du (( soleil couchant, on examine l'effet de la lumière, dans les « vitraux, dans les voûtes, dans les galeries et les colonnades. (( C'est une des perspectives les plus saisissantes que l'on puisse (( imaginer. » On ne peut mieux en rendre l'effet. La façade intérieure du portail n'est pas moins ornée que (l) Yoir les débris exposés à la base des contreforts nord. 236 CONGRÈS DE l'association française celle extérieure, mais elle est difTéremment composée, avec une logique parfaite et une convenance de sentiment du goût le plus pur. Aux vives saillie? du dehors, sur lesquelles jouent la lumière et Tombre, succède un effet presque de tapisserie, aussi calme 'que l'autre est brillant, ce qui est logique en face du Sanctuaire, l'objectif; effet demandé aussi à la sculpture, mais obtenu par refouillement dans le nu observé par un large listel, d'une série de sept assises de niches rectangulaires, couronnées par trois lobes, dans lesquelles est représenté un personnage en ronde bosse : tous retraçant, à droite, la vie de saint Jean le précurseur ; à gauche, la réalisation de la prophétie : Esaïe, David, etc. Le meneau porte la statue de saint Nicaise, et le linteau des scènes de martyrs. Les portes de côté, sur les collatéraux, sont aussi encadrées de même décoration, avec des statuettes analogues, rappelant des personnages et des scènes de l'ancien et du nouveau testa- ment; malheureusement, elles sont recouvertes par les tambours du xviii' siècle, rapportés d'un autre édifice. Toutes ces statuettes sont très intelligemment et spirituelle- ment modelées, aussi ont-elles été en grande partie moulées pour le musée du Trocadéro. Au-dessus s'élève l'élégante galerie des Rois, et dans le cintre la grande et magnifique rosace si brillante au coucher du soleil. C'est de cette entrée qu'il faut considérer l'ensemble de la Cathédrale, juger de l'effet de sa grande profondeur ;l38"'69i et des proportions gigantesques de ses difTérentes parties. La grande nef est formée de neuf travées de 7 mètres. Les dix-huit piliers formés d'une colonne flanquée de quatre colon- nettes sont couronnés de hauts cliapiteaux sculptés de Heurs d'une riche flore entremêlée d'oiseaux, d'animaux, etc., d'où s'élancent, en faisceaux, cinq colonnettes portant les arcs-dou- bleaux, diagonaux et formerets, des grandes fenêtres qui s'élèvent au-dessus des arcatures du Triforium. Celles-là sont garnies de riches vitraux du xiv* siècle à fond rouge où brillent, surtout dans l'après-midi, au niili(Mi d'une riche mosaïque lumineuse, les Hois (le iM-ance sacrés à H(Mnis et les Archevêcpies qui les ont consacrés. Les piliers du transept (jui viennent à la suite, outre qu'ils V " "^ t^.^' H^" '^'i' p'; "^i i.^ ' "^'^ ' T^'' '^ -^ ' ' "CT '" i^' ^'f"""''^'^ '^"' '"'^ yjwi 'j'hiI ^1' ?^ w^i INTÉRIEUK DU GKAND PORTAIL 238 COiNGHKS DE l'aSSOCIATION FRANÇAISE sont (11111 diamc'lre plus grand, sont renforcés d'un entourage de colonncttes qui portent tous les arcs et arceaux des voûtes. Avant 1481, ils portaient: au-dessus de Tautel [ad cœluni), outre la grande flèche centrale le bouquet des cinq flèches du transept, dont la restauration de Viollet-le-Duc, donne une idée ((ui fait regretter la perte de ce chef-d'œuvre de l'art ogival. A droite et à gauche se développent les bras du transept formés chacun de deux travées plus larges que celles de la nef. Au fond, l'abside (1), composée de cinq travées inégales, mais de même hauteur, grâce à la souplesse de l'ogive qui s'élargit ou se rétrécit à volonté (avantage unique), qui a permis la construc- tion des magnifiques absides à chapelles rayonnantes de nos cathé- drales, si impressionnantes par le jeu des lignes multiples et des lumières colorées à travers les vitraux qui se jouent entre les colonnes et les arceaux. Les sept chapelles sont dédiées aujourd'hui : la première, à gauche, à la sainte Vierge, autrefois du saint Lait (à cause d'une relique envoyée par le pape Adrien IV) ; la seconde autrefois à saint Galixte ; la troisième au Sacré-Cœur ; la quatrième au Saint- Sacrement; la cinquième à saint Joseph; la sixième à saint Nicolas ; la septième à saint Jean-Baptiste ou du Rosaire. Vitraux. - Des riches verrières qui meublaient et déco- raient le fenestrage des cent ajourages qui envoient tant et tant de feux de lumière dans l'immense vaisseau, il n'en reste plus que moitié au-dessus des collatéraux (les autres, celles du rez-de- chaussée, ont été enlevées au xviii* siècle), à fond bleu, et du XIV* siècle à fond souvc^nt rouge ; toutes portent des rois et évèques de dimensions symboliques suivant leur rang hiérarchique. Les médaillons des roses contiennent des scènes tirées de l'Evangile. Les verres de couleur, d'épaisseur variée de 0.003 à 0.0045 très étudiés, comme tous ceux de l'époque, sont découpés suivant la forme de Tobjet qu'ils représentent. Les plombs s'arrondissent avec les tètes, se courbent avec les draperies, s'élèvent à angles avec les façades ou llécliissent on ( panouissementavec les arbres elles fleurs. En dehors dos tableaux (1) La m'illc qui oiilourc \c cliœur lui ilcciiléo cl coiiunemôe sous la HcHlHuralion. L AUClilTECTUUE A U^HMS 239 et comme pour en relever Téclat, le ton ferme du fond azuré se parsème souvent de rinceaux de réseaux et de mosaïques. Au bleu dominant viennent se mêler le rouge et le violet, et quelquefois le jaune. Le tout est invariablement rehaussé par des bordures simples, mais d'un effet puissant par l'agencement de leurs couleurs et de la richesse des tons. Les plus riches verrières sont celles du portail, la galerie des Rois et la grande Rose. Au couchant du soleil, elles brillent comme des pierres précieuses. (Pour la description particulière, voir l'article spécial de notre Monographie, p. 56 à 61.) Ouvrages à consulter : Taylor, Reims, Ville du Sacre.— G. Tarbé et J. Mac- quart, Le Trésor de Reims. — G. Tarbé et Raimbeau, Notre-Dame de Reims. 1852, — J. Gailhabaud, Architecture du V^ ait A'7/« siècle. — Ch. Cerf, Notre-Dame de Reims, \S61. — V. Tourneur, Les Vitraux de Notre-Dame, 1861. — V. Tourneur, Description de Notre-Dame, 1878. — Viollet-le-Duc, Dictionnaire de V Architec- ture. — A. Dauphinot et Marguet, Le Trésor. — A. Dauphinot et Marguet, Les Tapisseries de Notre-Dame. — Ch Loriquet, Les Tapisseries de Notre-Dame, 1876. — Alph. Gosset, Monographie de la Cathédrale, 1895. PORTAIL LATÉRAL — ARCADE CENTRALE SAINT-SIXTE (xill® SIÈCLe) 240 congrp:s dk l association française Basilique de Saint-Remi Célèl)re comme sanctuaire religieux et comme monument his- tori([ue, (ruvre de plusieurs siècles, elle ne résulte pas d'un plan d'ensemble, d'une primitive conception architecturale, mais d'heureux arrangements successils. Originairement petite et pauvre, d'abord sous le vocable de saint Clément, puis de saint Christophe ; après avoir reçu les (en 533), elle fut suc- die, remaniée, démo- puis allongée, enfin au xii« siècle, sente-t-elle qu'une plus importante, celle au sentiment reli- tous ses auteurs : ment devant les reli- Saint (i. la([uelle elle a été dehors de l'enceinte occupée à l'est par cimetières, d'où le Clément, à la suite christianisme, commencée sur le charpentes en 1041 qui démolit pour ce, to) toutes les cons- tructions antérieures, ne laissant que quelques fondements [fundaiiicnlis quibusdan) rclictis (2) après avoir été recom- mencée, aUong(''e par les abbés Ayrard et llérimar, eut rhoiineur insigne d'étrt; (Ujnsacrée en 1049 par le Pape Léon 1\ (|ui vint en faire la dédicace solennelle ;3K l^^lle se terminait, à la suile (hi transepi, par une abside cintrée dont les i-estes ont été reti'ouvés par K. Leblanc (4). Elle fui (uisuite au xii*' siècle remaniée par Tabbe Pi(M-rt* de (1) Tandis qu'à l:i ('atliédrale, les rapports de proportion |>(>ui- la grandi" nof sont do :{ (hauteur) sur 1 (larj^eur). à Saiut-ncuii, ils sont de 1 sur I. yl) llrcil du Moiuf Ausrlnie. (U) Voii- 1,1 |>l.iiuli(> (!(> nolir Monof^rn/i/iir. (4) Ij'fi .\fi)iiu)iiruls hislori'iufs ilc liciins, IS82. restes de saint Rémi cessivement agran- lie, recommencée modifiée et complétée Aussi ne pré- unité, il est vrai la du caractère , gi^âce gieux qui a inspiré imposer le recueille- q lies d 'un grand La colline sur assise, bien qu'en gallo-romaine, était des villas et des sanctuaire de saint de l'introduction du L'église actuelle, plan des Basili({ues à par Tévéque Thierry, presque (poenc dira- PLAN DE LA BASILIQUE SAINT- KEMI L ARCHITECTURE A REIMS 241 Celles qui ragrandit, à l'est de la belle abside actuelle, à l'ouest des deux premières travées, exhaussa la nef du transept qu'il couvrit par les voûtes ogivales et édifia le portail sur des cons- tructions plus anciennes. Couronnement modifié depuis (1). Ce furent ces grands travaux qui lui ont donné les propor- tions et le caractère qu'elle a heureusement conservé. En 1388, Tabbé Jean Canart, pour corriger l'inégalité des toits, fît élever au-dessus du transept un clocher qui, menaçant ruine, fut démoli TRANSEPT NORD CHŒUR TRAVEES SUCCESSIVES en 1824. Enfin elle fut achevée avi xvi^ siècle par l'abbé Robert de Lenoncourt qui fit édifier le portail sud. Jusqu'à la Révolution, elle fut l'abbatiale des Bénédictins de Reims, contiguë au nord, qui occupait de vastes constructions dont il reste les bâtiments voisins appropriés en 1826 aux besoins de l'Hôtel-Dieu (Hôpital civil). Malgré les accroissements et les remaniements, on retrouve facilement, dans la nef, sous ceux du xii* siècle, les restes de la basilique primitive : les deux étapes d'arcades de la nef et les niches latérales du transept qui accompagnaient celles du chœur, etc. Les arcades du transept nord, face ouest, plus anciennes encore sont les restes conservés, par Thierry, de la basilique antérieure [quibusdarn rellclis). (1) Voir la planche de notre Monographie. 17 2^l2 CONGRÈS DE l'aSSOCIATION FRANÇAISE (Convertie par la Révolution en magasin cL manège. Elle devint, au Concordat, propriété de la Ville, et fut Tobjet d'une restauration générale à propos du sacre de Charles X, entreprise avec ](' concours de; TEtal, de la Liste; civile du lioi et de la Ville, puis achevée en 18^j2 par son architecte, M. liiunette père. (|ui ensuile restauia le portail, réédifia la tour nord en 1852. Les mesures sont : Longueur totale extérieure 12G"' » — intérieure ... 121 60 Largeur du transept extérieure 61 » — intérieure 56 » Largeur des nefs extérieure 30 » — intérieure 27 60 Largeur de la grande nef extérieure. 13 » — intérieure 12 30 Hauteur sous voûte 25 » L'intérieur est divisé en trois nefs, dont les collatéraux sont surmontés d'un étage, dit triforium, de même largeur, qui pourîourne l'intérieur, d'où le grand effet de profondeur si fraj)pant et imposant dès l'entrée. Extérieur. — L'unité première ayant été rompue par les additions et les remaniements précités, l'ordonnance architectu- rale des façades en a été brisée, mais les parties élevées par chaque époque (*n présentent des spécimens où on y suit révolution de l'architecture au Moyen âge, depuis les colonnes l'omaines rapportées devant le portail, jus(|u'au style ogival llamboyant i\\\ portail sud. Le grand portail, élevé en plusieurs fois et restauré au milieu (In \i\'= siècle montre trois époques reliées ensemble ; la partie la pins aii(i(>nne est la tour sud, témoin de Tancienne division intérieure pilastres diMni-rinnls. \-.\\v> -0«TAa DE !.. B«,t,QU. SAINT-REMI 244 CONGRÈS DE l'aSSOCIATION FRANÇAISE portent la trace de l'exhaussement des oculi au xii" siècle. Les contreforts ont été ajoutés après, de deux en deux travées, les voûtes étant originairement sexpartes. Les façades de Tabside, plus ajourées, sont du xii' siècle avant l'invention du formeret, qui, plus tard, à la Cathédrale, a permis l'ajourage complet d'un pilier à l'autre. Le portail du transept sud, élevé par Robert de Lenoncourt vers 1500, est un élégant spécimen du gothique dit flamboyant ; remarquable par la richesse et l'ornementation fine et délicate des meneaux et des encadrements. L'arcade est ornée sur le meneau, dans le tympan, d'une statue de la Vierge qui plane au- dessus de celle de saint Rémi, montée elle-même sur un riche piédestal. Les piédroits et les voussures sont ornés de niches surmon- tées de dais, et remplies de groupes de statuettes représentant les stations de Jérusalem, et de guirlandes de Heurs d'un fini remar- quable. Les grandes statues des piédroits sont celles de saint Pierre et de saint Paul. Le grand groupe du tympan terminal représente le couronnement de Marie. Les rampants des pignons terminés par la statue de saint Michel portent échelonnés des statues d'anges jouant de divers instruments. Intérieur. — Les proportions générales de la Nef Romane s'étant imposées aux continuateurs du xii^ siècle, l'ensemble en a conservé le grand caractère de cette époque sévère. Grâce au demi-jour des collatéraux, à la piofondeur du triforium, surtout aux rapports de proportion; aux lumières tamisées par les vitraux des absides, représentant des personnages sacrés vêtus de longues tuniques blanches, le visiteur en entrant reçoit de suite une impression saisissante de respect qui ne le quitte plus. La nef et ses collatéraux surmontés d'un vaste triforium con- servent les arcades de la basilique d'Ayraid sur lesquelles Pierre de Celles a, au xii* siècle, en la surélevant par des voûtes, applicjué les colonnctles de l'architecture ogivale dont il s'est servi ensuite riîiiiclxMiK'iil poiii- la consliiiclion des dinix premières travées et de l'abside. L<'s corbeoux sous les coloinu^l l(\s dos Iravoes contiiru(^s an VUK U'VIEKA^LE ET POKTAIL SUD DE SAINT-REMI POURTOURS LATERAUX DE L EGLISE SAINT-REMI 246 CONGRÈS UE L ASSOCIATION FRANÇAISE transept, sont du xv® siècle ; ils portent des traces de couleur, relatées par Guilhabaud (1). Le transept, d'une longueur inusitée, 56'" sur 18™ de largeur, avec ses trois nefs, est la partie où sont le mieux accusés les remaniements de la Basilique, depuis les arcades ouest du tran- sept nord, restes de la construction la plus ancienne, d'une basi- INTÉRIEUR (grande NEF) lique primitive dont les proportions et l'orientation rappellent celles données pai* Vitruve, jusqu'au j)ortail sud du stvle llani- boyant. L'abside avec ses sept chapelles rayonnantes, est un des chefs- d'duivi'c du xii^ siècle (2). On y constale Tlu^sitation des construc- teurs à monter des voûtes trapézoïdales au-dessus i]u déambu- latoire ; (die les a amenés à réduire l'ouverture des chapelles |)ar une arcature qui les fait ])araîlre plus pi'ofondes, sans doute ellV^t (1) Architevturo du l» au XVl'' sirr/r. (2) Voir : K. Lcblanr, pi. I ; et (lossct. pi II ti 111 L ARCHITECTUaE A REIMS 247 voulu. Au point de vue archéologique et arcliilectural, Saint- Remi présente, par ces diverses parties^ le plus complet tal)leau de révolution de Tarchitecture du Moyen âge, depuis les petites voûtes ouest du transept nord jusqu'au petit portail sud et à la clôture du chœur ; ainsi que de la sculpture, depuis . les chapiteaux mérovingiens jusqu'aux sculptures du commencement du xvii^ siècle. Union Photo. R. — Doucet. TOMBEAU DE SAINT REMI Vitraux. — Des anciens, il ne reste plus que ceux de l'abside, où dans chaque fenêtre sont superposées deux gran- des figures, représentant au sommet la sainte Vierge et l'enfant Jésus. A droite et à gauche les douze apôtres, suivis des principaux prophètes et, au rang inférieur, les Archevêques de Reims qui ont construit, restauré ou enrichi la basilique. Ensemble décoratif encore ordonnancé d'après les règles de l'art antique ; le bleu et le blanc qui y dominent en font un ensem- ble très harmonieux et très doux à l'œil. 248 CONGRÈS DE l'aSSOCIATION FRANÇAISE Mobilier et Trésor. — Des nombreuses et riches œuvres d'art, accumulées pendant des siècles par la piété des fidèles, il ne reste que les statues au tombeau du Saint-Sépulcre, des émaux et des tapisseries. Le grand et magnifique cénotaphe à deux étages (l), élevé par le Cardinal de Lenoncourt pour contenir les reliques de saint Rémi, a été détruit à la Révolution, sauf les statues des Pairs de France qui, au-dessus d'un abassement portaient triomphale- ment la Châsse, de telle sorte que celle-ci dominait le sanctuaire ; la belle chapelle actuelle a été édifiée en 1846, par le Cardinal Gousset sur les dessins de l'architecte de la ville chargé de la restauration de l'édifice, qui l'a sauvé des menaces de ruines, M. Brunette père. II y a replacé, dans les élégantes niches sculptées par Wendling, les statues si expressives des douze Pairs de France; six ecclésiastiques, six civils, et, au chevet, le beau groupe du saint bénissant Clovis, toutes des Jacques, sculpteurs rémois. La belle clôture aux colonnes de marbre édifiée au commen- cement du XVII® siècle par Omer Talon pour isoler les reliques, est heureusement restée, mais après la suppression des remplis- sages à balustres qui accentuaient le respect. En entrant par le portail sud, on trouve dans les chapelles latérales : à droite un Saint-Sépulcre, ou mise au tombeau du xvi* siècle, provenant du Temple, et à gauche, le grand bas-relief dit des trois baptêmes. Dans la première chapelle, abside de droite, on voit un riche dallage de grafitti en plomb, provenant de Saint-]\icaise, du xvi*" siècle, dans lequel chaque dalle est décorée d'un sujet de l'ancien testament. La chaire est ornée de trois bas-reliefs. Les pièces principales du trésor sont : les tapisseries don- nées en 1531 par Robert de Lenoncourt, les émaux de Laudin de Limoges (1633). Les dix magnifiques tapisseries, aux armes du donateur, récemment restaurées par la manufacture des Gobelins, figurent la vie de saint Rémi ; chacune d'elles porte une légende (2 ; remarquables par la clarté de la composition et du dessin, ainsi (ju'au j)()inl de vue des costumes, elles sont de la belle ('potjue de la tapisserie en France. (1) Voir A. Gossel, Monographie de Saint-Remi. (2) Voir L. P;\ris, Tapisseries et Toiles peintes, Reims. Brissart. 1843; Jabi- nac, Daupliinol et Marguel, Tapisseries. L ARCHITECTUHE A HEIINIS 249 Les trente émaux remarquables de Laudin forment une série de tableaux représentant des traits de la vie de saint Timothée, de saint Maur et de leurs compagnons martyrisés, puis un saint Rémi et un saint Benoist. Le trésor renferme en outre une crosse abbatiale du xii^ siè- cle, des reliquaires et des ornements sacerdotaux anciens. Ouvrages à consulter (gravures) : Prosper Tarbé, Sépulture de Saint-Remi, Rehns i842. — L. Paris, Tapisseries et Toiles peintes de Reims. 1849. — J. Maquart, Dalles ornées de Reims. — N. Brunette, Tombeau de Saint-Remi, 1847 . — V. Tourneur, Les Vitraux de Saint-Remi, 1861. — Raimbeau, Détails de Saint- Remi, planches dans Gailhahaud, Architecture du V^ au XVI^ siècle. — L. Leblanc, les Monuments historiques de la Ville de Reims, 1882. — Dauphinol et Marguet, Tapisseries de Reims. ~- Alphonse Gossçt, Monographie de Saint-Remi, 1900. kfi^fttti BAPTKME DE CLOVIS (tAPISSERIe) 250 CONGRES DE L ASSOCIATION FRANÇAISE Eglise Saint-Jacques Entre la rue de Vesle et la Place d'iirlon Ancienne église des Jardiniers (les terrains vers la Vesle autrefois étant en culture maraîchère) d'où la grande simplicité du portail qui n'est qu'un pignon. Commencée au xiT siècle par la nef, puis continuée aux xiii" et xiv" siècles, elle ne fut achevée qu'au xv'^ siècle par la construc- tion des deux chapelles al)sidales Nord et Sud récemment restaurées, qui sont remarquables par leur élégant style de transi- tion du (lothiqueà la Renaissance (accentué vers celle-ci) (1). Elle est formée de 3 nefs ogivales, de 7 arcades, aux piliers alternés, arrêtées par un transept et une abside à trois chapelles. Le clocher original ayant été abattu en 1712, celui actuel posé en diagonale sur Taxe du transept, fut ensuite relevé sur sa base par les fidèles, dans le style de l'épocjue. L'entrée par le transept Sud, vers la rue de Vesle, a lieu à l'extrémité d'un étroit couloir par un charmant petit portail de style flamboyant, aux fines sculptures. Comme œuvre d'art, elle renferme un beau christ de Pierre Jacques, sculpteur rémois du xvi" siècle, un tableau attribué au (iuide représentant la Trinité, les vitraux du fond de Tabside du x\i«siè(de (1512) et une tapisserie du \\\V siècle, la vo(\ition de sailli .Iac([iies, cîc. Voir : I*. Tiu-ln' tl G. Macquiirl, Reims. Eglise Saint Maurice Anciennes église des Jésuites, dont la maison professe était c()iitigu(' 2 , construite au xv!!*" siècle dans le style de répo(|ue, (Mi cons(M'vant la cha|)elle de la N'ierge, aux voûtes élégantes, du golhi(pH* flamboyant et la sacristie ogivab* ; les lu^fs ainsi que le j)()rlail ont èlc rc^conslruils (mi I8()7, sur les j)lans (\c rarchitectc (le la ville, M. N. hiunellc. (1) RoslaurcM's (lélical«Mn(M)l par 1 arcluloiMe riinois Raimboau (2) Actuelleroenl Hospice. L ARCHITECTURE A REIMS 251 Elle a aussi conservé les trois travées, encore ogivales, du chœur (remarquables par les trois clés armoriées des voûtes, sur Tune est sculpté le mono- gramme du Christ ; sur les deux autres, les armes de la Maison de Brulart) ainsi que le clocher en charpente, élé- gant par les heureuses propor- tions et par les parties courbes formant retraites d'étages jus- qu'à la lanterne qui couronne l'édifice. Elle possède quelques ta- bleaux, entre autres : une Résur- rection de Lazare de J.-B. Cor- neille ; une Aiinoncialion^ par Louvergny; une Nativité^ au centre le Père éternel, de J. Tisserant, peintre rémois ; enfin deux devants d'autels attribués à Lesueur, deux petits tableaux par Perseval, une Vieige, etc. Signalons également l'aigle (hi Lutrin qui est du xvu' siècle, Voir : Tarbé el Macqnart, Reims. PORTAIL DE L EGLTSE SAINT-MAURICE Eglise Saint-André Rue du Faubourg Cérès Edifiée de 1859 à 1865, par la Ville, sur les plans de son architecte, N. Brunette, en remplacement de l'ancienne, pauvre petite église construite à l'époque où le quartier n'était qu'un modeste faubourg hors les murs. Elevée sur le plan, dit de basilique romane, et voûtée en ogives, elle se compose d'une nef accompagnée de collatéraux, terminés par un transept, et une abside circulaire formant le chœur, flanquée de deux absidioles. Elle mesure 75 mètres de longueur sur 36 de largeur et 22 mètres de hauteur à la voûte. L'intérieur, en pierre, vaste, de bonnes proportions, de 252 CONGRES DE L ASSOCIATION FRANÇAISE caractère grave, est bien disposé pour les Jjesoins du culte. L'elï'et heureux de la nef est renforcé par les arcatures du triforium posé au-dessus des arcades des collatéraux. Le portail est couronné par une haute flèche de 84 mètres. Les sculptures et les vitraux sont dus à des artistes rémois, notamment MM. Wendling , sculpteur, et Marquant, verrier. On y remarque : à la fenêtre du transept Nord, un ancien vitrail de 1555, provenant de l'ancienne église, représentant le Baptême du Christ avec la mention, parmi les donateurs de Thomas Golbert, ancêtre du Grand Ministre, ainsi que plu- sieurs tableaux ; un de 1612 représentant le Christ en croix^ un du xviii* siècle, un moderne de Lehman ; une statuette de saint André, en pierre, attribuée à Pierre Jacques et quelques pièces d'orfèvrerie dans le Trésor. EGLISE SAINT-ANUKE VUE D ENSEMBLE f:(;i.isi; sAiNi-Tiio.M AS VUE D ENSEMBLE Eglise Saint-Thomas Ai'enue de Laon Élevée en 1849 dans le style Gothique de tran- sition du xiv" siècle, par S. E. le cardinal (lousset, sur les plans de Tarchi- tecte N. Brunette, puis agrandie d'un transept en 1866. Son élégant portail, ({(M'ore d(^ sculplur(*s j)ar Wendling, ses belles pi'o- |)ortions et les soins don- L ARCHITECTURE A REIMS 253 nés à sa construction en pierre dure, en font un monument qui fait honneur à ceux qui y ont participé. Son fondateur, le cardinal Gousset, ayant voulu y être enterré, une souscription lui a élevé un tombeau surmonté de la belle statue du prélat en prière, œuvre du statuaire Bonassieu (membre de Tlns- titut). Dans le mobilier moderne on remarque deux peintures sur bois du xvi" siècle. STATUE DU CARDINAL THOMAS GOUSSET Eglise Sainte-Geneviève Rue Cazin Elevée en 1877 par S. E. le cardinal Langénieux, archevêque de Reims et de gê- né r e u x donateurs, sur les plans de l'architecte E. Brunette fils, à peu de distance du lieu où s'éle- vait autrefois la chapelle du même vocable qui, au xviii* siècle, avait donné son nom au faubourg. L'édifice qui se présente bien au sommet d'une avenue partant du Port, se compose : à la suite d'un porche, d'une nef avec collatéraux, d'un transept à deux chapelles, d'une abside à pans coupés, occupée par le chœur. Au-dessus du portail s'élève une haute tour de pier- res. Construite avec soin en pierres et briques, cette église présente un exemple de va- riété architecturale du style religieux. A l'intérieur, sur les vitraux modernes, sont figurées PORTAIL DE L EGLISE SAINTE GENEVIEVE 254 CONGHÈS DE l'aSSOCIATION FRANÇAISE les vues des églises de Reims, disparues et existantes, accom- pagnées des images de leurs patrons. Eglise de Saint-Jean-Baptiste de La Salle Jiiic du Fauboiir^-Cérès Elevée en 1890 sous le patronage de S. E. le cardinal Lan- génieux, archevêque de Reims, par souscription notamment de rinstitut des Frères, en l'honneur de leur saint fondateur, sur les plans de l'architecte Ed. Lamy, dans le style ogival du xiii' siècle. Sa surface est de IG.OOO mètres ; intérieurement, elle mesure 59 mètres de longueur sur 21 de largeur et 17 de haut, sous voûtes. Elle comprend une nef accompagnée de collatéraux, un transept et une abside à pans coupés pour le chœur. Un porche et un portail surmonté d'une tour à flèche de 46 mètres de hauteur doit terminer cette heureuse disposition architecturale, qui fera l'ornement de ce quartier neuf. Basilique de Sainte-Clotilde Avenue de Louvois — Place du Centenaire Eglise élevée en 1898 par S. E. le cardinal Langénieux, archevêque de Reims, sur les plans de l'architecte Alphonse Gosset 1 , en commémoration du quatorzième centenaire de la conversion de Glovis et des Francs en 49G, célébré à Reims en J89(), avec le concours de toutes les paroisses de France, dont elle reçut des reli(jues de tous les saints de France pour être le grand reliquaire national. Aussi, comme telle, fut-elle élevée au rang de basilicjue, avec les privilèges y attachés par bref ponti- fical. Construite avec une grande économie, en briques et moellons, dans un style franco-grec, sur le plan des églises à autel central, comme vSaint-Pierre de Rome, elle a la forme d'une croix grecque, dont les (|uati*e bras rayonnent autour de la coupole élevée au-ih'ssus (h' Fautel, comnu» image du Giel. 1^1 le mesure : Longueur exléri<'iire 'i*)'" » Largeur — '.VI » Hauteur extérieure 5."> « llaul<'ur intérieure '. . . , '.VI >» Diamètre de la couftole !.'> ,*>() Surface lotiilc, 1. ()(►() mètres. (1) Aul«iir «1rs (ioiipolt's tr()riont v\ d'I )iiiili'iil. COUPE DE LA BASILIQUE DE SAINTEGLOTILDE 256 CONGRÈS DE l'aSSOCIATION FRANÇAISE Elle comprend à l'entrée une haute voussure cintrée formant portail et porclie, entre deux tours, au sommet de laquelle plane l'image de sainte Clotilde, puis d'un narthex sous la tribune de l'orgue et de l'église proprement dite, dans lacjuelle les fidèles sont groupés autour de l'autel (disposition du sermon sur la Montagne), et au fond d'une chapelle abside dédiée à la Vierge, sous laquelle est une crypte dans laquelle sont renfermés les reliquaires sus- mentionnés des saints de France. Tout l'effet devant être réservé à l'intérieur, la construction extérieure a été simplifiée. A l'intérieur, les voûtes et parois sont laissés nus à dessein, pour recevoir une décoration picturale ou en mosaïque, consacrée, suivant le vocable de l'église, particulière- ment : aux scènes principales de l'Histoire religieuse de la France, aux personnages historiques venus prier au tombeau de saint Rémi : sur les piédroits, aux saints et saintes de France {!) ; sur les doubleaux de la coupole, aux médaillons des archevêques de Reims et sur les pendentifs, aux Evangélistes (2). On y remarque déjà, au sommet de la coupole, la figure du Christ bénissant l'assemblée (Pantocrator), vue de toutes parts dès l'entrée ; le modèle des figures de la base, les dessins de celles qui orneront les pilastres du pourtour, les quatorze stations du Chemin de Croix monumental, sur cintre, du peintre rémois Auger, peintures au camayeux, d'un efTet symbolique ; la communion de Clovis dans la voussure du ciborium ; les statues en marbre de la sainte Vierge (3), de sainte Anne, de saint Joseph, puis celles de saint Louis et d'Urbain II. Sous la chapelle de la Vierge, se trouve la crypte renfermant les reliques, et décorée de motifs des catacombes. Dans les rin- ceaux, sont les armes de tous les évéques qui, conformément à la fondation, ont envoyé des reliques des saints et saintes de France. Eglise Saint Benoist Faubourg de Laon {Est), succursale de Saint-Thomas . Cha|)elle provisoire à trois nefs, construite en grandr partie (m bois, sur de bonnes proportions, par S. E. le cardinal Langé- nieux, sur les plans de l'architecte Margotin, en attendant Téglise délinitive (|ue réclame la nombreuse population du quartier. (I) Voir les dessins prësenlés. {'!) Voir : Saintc-ClotildCy avec 5 planches, Reims. 1899. — Journal d'Àrchi- tprture, 1899. — Moniteur des Architectes, 1900. — Annales de la Construction. — Iiei)}is à r Eau-Fortr, etc. (II) Don (le la DuchcsHC d'Uzcs. Union Pnuiu. Henioise. — Juies Matst. LA BASILIQUE SAINTE CLOTILDE LAUClllTECTUHK A REIMS 257 Chapelles Outre ses églises paroissiales, Reims possède plusieurs cha- pelles particulières remarquables au point de vue architectural, qui comptent parmi les monuments de la ville. La plus ancienne, la plus célèbre et la plus monumentale est celle du Palais archi- épiscopal, derrière la Cathédrale. A deux étages (comme celle du Palais de Saint-Louis, à Paris (la Sainte-Chapelle), elle date, dit Viollet-le-Duc, du xiii^ siècle. La chapelle basse communique avec les salles basses de la grande salle, tandis que la chapelle haute est de plein pied avec les appartements royaux. La première, voûtée en ogives basses, a 18™ sur 6"^'50, est construite très simplement, tandis que la chapelle haute, la prin- cipale, a 19™ sur 9'", et 13™ de hauteur. Suivant le mode de construction adopté en Champagne, les piliers forment saillie à l'intérieur, de manière à diminuer les saillies extérieures des contreforts. Ceux-ci, isolés de la muraille, sont privés d'ouvertures qui en font un étroit bas-côté de quatre mètres de haut, d'un heureux effet architectural. Les murs sont décorés d'une arcature de soubassement, sur base continue ; les hautes fenêtres ouvertes au-dessus sont sans meneaux. Une gravure du portail de la Cathédrale de de Son, en 1625, montre le pignon de la fenêtre surmontant l'entrée et une flèche élégante couronnant la toiture (comme à la Sainte-Chapelle). Malgré de regrettables mutilations, dit Viollet-le-Duc, on y trouve toutes les qualités de grâce et de solidité de la bonne architecture champenoise ; même à côté de la Cathédrale, la chapelle de l'Archevêché est encore une des meilleures concep- tions du siècle. {Dictionnaire^ t. II.) Voir les plans de J. Gailhabaud, Architecture du XVI^ siècle, tome I. Ancienne Chapelle des Dames de la Congrégation Rue de l'Université {actuellement désafectée) Ancienne chapelle du Couvent, elle date de 1740 et est un spécimen de l'architecture religieuse de l'époque. Ses hautes fenêtres garnies de vitraux ajourent d'une façon caractéristique sa modeste façade sur rue. 18 258 CONGRKS DE l'aSSOCI ATION FRANÇAISE Depuis 50 ans, plusieurs Communautés religieuses ont fait édifier des chapelles monumentales remarquables, ornements des voies publiques sur lesquelles elles sont élevées. Telles celles (par date) : De la Providence, rue Haute-Saint-André, de style Roman ; De l'Enfant-Jésus, rue des Orphelins ; Des Frères, rue de Venise, qui, par ses proportions et ses dimensions, est une petite église de style Ogival ; De l'Assomption, rue du Temple, de style Roman : De Saint-Joseph. Toutes œuvres des architectes rémois : N. Brunette, E. Lamy, A. Bègue et Thiérot. Temple Protestant Boulevard Lundy^ 5 Temple principal. Construit en 1868, dans une ancienne halle par Tarchitecte N. Brunette, divisé en trois nefs dont les deux latérales sont surmontées de vastes tribunes, l'intérieur est décoré de peintures et de vitraux de style. Temple Wesleïan Bue des Moissons Edifié en 1877, par MM. Isaac llolden et fils, dans une dépen- dance de leur vaste usine, sur les plans de l'architecte Alp. Gosset, pour la colonie anglaise. 11 com|)rend, à la suite d'un porche, une salle octogonale de ll'"50 de diamètre, terminée par une grande niche pour la chaire, le rite excluant toutes images et ornements : les murs sont décorés de IVescpu^s en marbi'e. lNil)li»'(' par V lùiii/clopèdic dWvchilccho'C (1880). ; Synagogue Bue Clovis l']l('V('c (Ml IS71I sur h's dessins de rarchilccU" Uiuiielle, dans un sl\ le jiKb'o-oiiriihd . l'Mh' coinpii'iKl iiiir ne! (miIi'c Avwx bas-côtes sunnonlos de I iil)iiii("s pour b's Iciiiincs. (^ Disposii ion I rnditiouiu'IbM. L AllClllTECTUUK A IIKIMS 259 Monuments funéraires Reims, en laisoii de sa population (1(^ plus (l(^ 100.000 ànies et aussi du coelïicicnt de la niorlalité dans ses murs, a du se préoccuper de ses morts qu'elle abrite dans cinq cimetières. Le premier dit du Nord, datant de 1789, contient les restes des anciens et ainsi de la [)lu[)art de ceux c[ui ont illustré la cité au XTx:*' siècle (la chapelle de l'entrée date de 178(S). L'architecture funéraires ayant de tcMnps inimérnorial été en honneur à Reims, ainsi qu'en témoigne le tombeau de Jovin, il V. p. R. — J. Marenco. MONUMENT Dl. l'aBISK MIKOV (GIMETIKHE DU NOKD) contient nombre de monuments remarquables : chapelles, sarco- phages, cippes et stèles, œuvres des architectes, des sculptc^urs rémois, parmi lesquels il faut distinguer : Le monument du maréchal Drouet-d'Erlon, et, paiticulière- ment celui de l'abbé Miroy (1872), illustré par une belle statue en bron/e, œuvre de René de Saint-Marceaux, de l»eims, dont on a pu dire, (jue pour lui, la valeur n'attendait f)as h^ nombre des années. L'abbé Miroy, curé de Cuchery, accusé pendant la guerre d'excitations à la résistance, fut fusillé par les Prussiens, après l'armistice le 12 février 1871. L'artiste l'a représenté tombant frappé [)ar les balles ennemies, rendant le dernier soupir du juste. 'Le drame est saisi, poignant, sans aucune exagération. Ce début du statuaire afTirinait déjà les ([ualités (pi'il n'a c(;ss('; de (l(3vel()p[)er 200 CONGRÈS DE l'aSSOCIATION FRANÇAISE depuis ; élévation de la pensée, distinction du goût, finesse du modèle, art du rendu de la matière. Le buste de l'abbé Deglaire, ancien curé de la Cathédrale, œuvre d'un autre sculpteur rémois de talent, Chavaillaud. La statue de l'Immortalité, par le statuaire Gasq, sur le tombeau de la famille (jodbert, le plus remarquable du cimetière. Celui du Sud, ouvert peu après, pour les habitants du quar- tier, alors moins habité, aussi moins orné. Celui de l'Ouest, rue de Bezannes, en 1893, dii à la généreuse fondation de Madame veuve Roederer-Boisseau. Celui de l'Est, avenue de Rethel, ouvert par la Ville en 1891. Celui du Nord-Est, avenue de Laon, ouvert par la Ville en 1899. Édifices Civils Hôtel de Ville Commencé en 1627 sous l'administration du Lieutenant des habitants, Nicolas Lepagnol, sur les plans de Tarchitecte rémois, Jean Bonhomme et décoré par le sculpteur Nicolas Jacques fut laissé inachevé en 1636, après la construction du pavillon central et du beffroi. L'aile droite ne fut élevée qu'en 1825, ainsi que Tamorce sur la rue de Mars. Les trois autres ailes terminées en 1882 par l'architecte, N. Brunette, en formant le carré de la cour d'honneur, ont terminé l'édific'e municipal, avec ses pavillons d'angle. La façade, du style de l'épocjue Louis XIll, décorée de colonnes cnganl(> \c motif central est (1('m()I'('' {\r \.\ statue é(piesti'e (\r Louis XIIl riMahlic (Mi IStSV GKAND ESCALIF.K DE L HOTEL DE VILLE 262 CONGRES DE L ASSOCIATION FRANÇAISE Son premier auteur, Jacques, en connaisseur de Testhétique, vu la place d'honneur, s'est appliqué à la faire paraître grande. Elle déborde le piédestal, pour bien montrer qu'elle est un objectif. Tandis qu'aujourd'hui sculpteurs et architectes, oublieux des lois de l'esthétique, ne font souvent de leurs statues que le couron- nement de piédestaux monumentaux, sacrifiant ainsi le principal à l'accompagnement. SALLE DU CONSEIL MUNICIPAL La sculpture des trophées et de tous les ornements est remar- (juable par la netteté du dessin (4 le brillani du modôh^ bien français). L'iiilérienr, complété, réédifu'» à neuf depuis 35 ans, com- pr(;n(l : r. l'architecture a REIMS 263 mosaïque gallo-romaine, trouvée rue Perseval. Au premier étage se trouvent : la bibliothèque, le cartulaire, le médailler, les musées de peinture et de sculpture, d'antiquités, avec; la galerie des artistes rémois. Grâce à ce vaste édifice, les services municipaux ont une installation convenable, digne d'une grande ville. Au centre du parterre de la cour s'élève, au-dessus d'une élégante vasque, la gracieuse statue de bronze symbolisant la vigne champenoise offerte (en place), à sa ville natale, par René de Saint-Marceaux, membre de l'Institut. Palais de Justice Place du Palais de Justice Chef-lieu judiciaire du département, Reims a ses tribunaux installés dans le vaste édifice de ce nom construit de 1827 à 1845, PALAIS DR JUSTICE sur les plans de Caristie, architecte des bâtiments civils. Les services des Tribunaux civils, de commerce et de la Cour d'assises distribués méthodiquement à la suite les uns des autres, s'ou- vrent sur une vaste salle des pas perdus précédée du portique dorique qui orne l'entrée. 204 CONGRÈS DE l'aSSOCIATION FRANÇAISE Grand Théâtre Rue de Vesle, 1 Commencé en 18G7 à la suite iVun concours entre architectes français et étrangers, sur les plans de l'architecte rémois Alph. Gosset jugé premier, et inauguré en 1873 par M. le Ministre des Beaux-Arts. Il couvre avec les ailes une surface de 2.200 mètres carrés, non compris le magasin des décors à la suite (1). graisd'théatre — VUE d'ensemble et de la TAÇADE Il comprend : Un vaste porticjue, occupant toute la façade ; le vestibuh» central sur lequel rayonnent les sept escaliers d'accès à toutes les places, les escaliers latéraux de sortie pour assurer une prompte évacuation de la salle, l'escalier d'honneur conduisant au foyer ; La salle de spectacle, en forme de fer à cheval, couverte en coupole, est entourée à chacpie étage d'un couloir desservant loules h's pièces de service, vestiaire, cabinets divers, etc. ; (!) La tlépensi' a éti' de t.l{05.0in rrancs 01, y compris la machinerie pour 8.791 francs Ml. PERSPECTIVE DU FOYER 206 CONGRÈS DE l'association française La scène, de 30 mètres sur 14, accompagnée de remises à décors de chaque cùté, et suivie au fond du bâtiment d'adminis- tration à cinq étages contenant : la conciergerie, la direction, la régie, les loges d'acteurs, vestiaires, etc. ; Les ailes sur les rues latérales, occupées par le café, des magasins et des appartements. Extérieurement chaque partie, accusée par sa décoration ad hoc ^ se détache du massif suivant son importance. La façade se présente à deux étages d'arcades, les sculptures sont du sculpteur rémois Wendling, les bustes de Pillet. A l'intérieur, on remarque : le vestibule terminé par un hémicycle orné de colonnes corinthiennes, entre les portes rayonnantes ; l'escalier d'honneur, décoré de pilastres et de grandes niches ornées de statues ; Le grand foyer, galerie de huit mètres de haut, terminée par deux salons, dans la décoration duquel on peut signaler : dans les caissons ornés de la galerie, quatre figures à fond d'or mosaïque, allégoriques de la poésie héroïque, lyrique, pastorale et satirique; dans les salons, dont la décoration à fond d'or est consacrée l'un à la tragédie ; des médaillons d'acteurs célèbres en costume de leurs principaux rôles : Talma, Frédéric Lemaître et Rachel, et au plafond, des scènes d'Eschyle, Prométhée, de Corneille Horace! de Schakspeare (Hamlet), de Victor Hugo, Lucrèce Borgia ; l'autre à la comédie, les médaillons de Baron, Preville, de Mille Mars, un plafond des scènes de Plaute, de Palaprat (Maître Pathelin), de Molière (Tartufe), de Beaumarchais de Barbier de Séville , toutes du peintre I]mile Bin. La salle en fer à cheval à quatre étages contient 1.2r)0 places. Le pourtour est divisé en neuf arcades sur légères colonnettes qui se relient avec le cadre de la scène, les voussures sont décorées de (iénies ailés portant une frise ajourée pour la ventilation. La coupole est divisée en douze caissons rayon- nants dans lesquels sont peintes par 1*]. Hin sur un fond rehaussé d'or, les neuf muses accompagnées dWpoHon niusagète, d'une vendangeuse c\ d'une fileuse, symboliques des Industries rémoises. I.cs propoitions de rai'chilectur<\ bien adaptées à rccbeUc buiuaiiH', fout v;\h)ii' ccWo (h^s sjxnMateurs et (h^s artersité, 10 '^\ FAÇADE DU LYCÉE NATIONAL 11 occupe l'emplacement de l'ancien collège des Bons-Enfants et au (centre les bâtiments mêmes du xvii* siècle construits par l'archevécpie Le Tellier. Depuis 1850, à la suite d'extensions successives qui l'ont dégagé sur les rues hitérales, il a été agrandi progressivement de nombi'cux bâtiments variés avec aménagements spéciaux ; de telle sorte (jue, gr;\ce à ces transfoi'malions, à sa belle entrée sur rue, il pi'ésenle aujoui'd'hui un ens(;mble, même monumental, cbi aux afcliilcclcs cb' \w Ville, N. cl E. Brimettc l'aRCHITECTUKE a REIMS 269' Il couvre une surface de 17.000 mètres, sectionnée suivant les quatre divisions scolaires, chacune ayant ses bâtiments de classes, études et dortoirs, séparés par les cours de récréation, entourées de portiques, en guise de préaux couverts. L'ensemble est aménagé pour plus de 700 élèves. Au point de vue architectural, objet de celte notice, on y remarque : La Façade sur la rue de l'Université ornée de médaillons ; la chapelle, belle et spacieuse, de style romano-ogival (188G), la Salle des Actes, et la galerie des Beaux-Arts, ornée de spécimens de toutes les Ecoles d'Art, qui en font un musée scolaire d'ensei- gnement. Lycée de Jeunes Filles Rue de V Université^ 23 Installé en 1885 dans les bâtiments de l'ancien hospice de Sainte-Marthe, construit au x\iV siècle, et dans les maisons contiguës y annexées, tous aménagés spécialement à l'usage de plus de 250 élèves. On y remarque particulièrement les locaux de l'Internat, dont les dortoirs ont été installés avec les perfectionnements de l'hy- giène moderne. ENSEIGNEMENT TECHNIQUE Ecole pratique de Commerce et d'Industrie Rue LibergiePy 55 Fondée par la Ville et construite par elle (architecte, Brunette) pour internat et externat, et depuis sous la direction du Ministère du Commerce. Elle occupe une surface de 2.000 mètres circonscrite par des rues latérales au Nord, à l'Est et au Sud. Les bâtiments sont disposés autour d'une cour centrale de récréation et comprennent : sur la rue Libergier, un grand bâtiment monumental à trois étages, contenant des salles d'études, de cours et des dortoirs ; sur les ailes, des laboratoires de physique et de chimie bien aménagés et des ateliers de démonstration pratique de filature, de tissage, de forge, d'ajustage et de menui- serie. 270 CONGRÈS DE L'ASSOCIATION FMAN^AISE Actuellement on y adjoint, sur la rue Lil^ergier, un nouveau bâtiment complémentaire pour la création de cours spéciaux et le perfectionnement de ses services. Ecole régionale des Arts industriels Rue de Talleyrand, 28 Fondée pour renseignement des principes d'art aux Elèves architectes, aux Ouvriers du bâtiment et aux Dessinateurs de la fabrique de Reims. Construite en 1889, à l'emplacement de l'ancien Théâtre sur les plans de l'architecte E. Brunette. Elle comporte un beau bâtiment sur rue et sur cour à deux étages pour salles de cours et ateliers, de modelage, tous bien aménagés. On remarque dans le vestibule le buste de son fondateur, M. Maillet-Valser, ancien adjoint au maire, par Chavaillaud, statuaire rémois. Ecoles professionnelles et ménagères En outre, la Ville a fondé des Ecoles professionnelles ména- gères pour jeunes filles, place Belle-Tour et rue des Boucheries qui, bien installées, y occupent une surface de 1.500 mètres superficiels. ENSEIGNEMENT PRIMAIRE Groupes Scolaires ('et enseignement, toujours en grand honneur à ll(Mnis, y est libéralem(înl donné dans de très nombreuses écoles dans tous les (juarliers (Ki |)oui' les garçons, H) pour les filles, seulement par la Ville (|ui a su faire au fur et à mesure les saci'ilices (jue nécessitait l'accroissemenl de la population. Les nouvt'ih^s (H'oK^s sont édifiées avec de grands soins, un grand nombre^ nièm(\ surloul les récentes, ont des façadc^s construites (Mi pi(M'i'(* et bri(|ut^s à clVcl iii()iiuinciil:il cl soni inimités d(^s ptM'fcctioniiciiKMi Is cb» Tln- gièiic (|iii lui 1» ni lionneur; eu |);iil iciilier, le (l(Miii(M- gi'oupe du l'architecture a REIMS 271 boulevard Jamin, qui a été favorisé d'une inauguration par M. le Ministre des Afl'aires étrangères. ENSEIGNEMENT LIBRE De son côté, l'initiative privée, depuis 30 ans, augmentait les constructions scolaires aménagées suivant les règles modernes ; pour l'enseignement secondaire, le Collège Saint-Joseph Rue du Faubourg' Cérès, 86 Dont la surface d'un hectare est occupée par de spacieux bâtiments neufs, complets, avec des préaux variés et une chapelle originale, de l'architecte Thiérot. La Société des Ecoles libres a créé, pour l'enseignement primaire, sept groupes scolaires (garçons et filles), couvrant 7.000 mètres, construits dans les différents quartiers de la ville par l'architecte E. Laniy. De leur côté, les protestants ont fondé, rue des Templiers, un groupe scolaire pour filles et garçons. En général, pour l'aspect de la cité rémoise, tous ses bâtiments scolaires des trois degrés, s'y présentent avec des façades dignes d'une architecture en rapport avec leur destinalion. Edifices Hospitaliers Hôpital Civil (ancien Hôtel-Dieu) Hue Simon, 53 Consacré au traitement de toutes les maladies, il a été installé en 1827 dans les bâtiments de l'ancienne abl)aye des Bénédictins de Saint-Remi, contigus à l'église, et agrandis de 272 CONGRÈS DE l'aSSOCIATION FRANÇAISE plusieurs ailes et annexes, qui ont permis l'installation des nom- breuses salles, notamment pour les blessés, la Maternité, etc., puis complétés en 1888 d\in pavillon d'isolement et d'une clinique chirurgicale](sur les plans de l'architecte Fossier). L'ancienne abbaye est restée presque in- tacte avec son grand perron, son vieux cloître monumental contre l'église (dont une partie est affectée au musée lapidaire), ses larges couloirs, son grand escalier à double révolution avec sa belle rampe en fer forgé , l'ancienne bibliothèque convertie en chapelle avec ses belles boise- ries sculptées Louis XYI, œuvre du sculp- teur rémois Blondel. De l'incendie de 1774, il n'est resté que l'ancien cloître du xvii^ siècle et les grandes salles contiguës, le grand escalier et des parties romanes (la belle collection des toiles peintes du xv^ siècle a été transportée au Musée). Ouvrages à consulter : P. Tarbé et Macquart, Reims^ ses Bues et ses Monu- ments; du même, Sépultures de Saint-Remi. — Reims à V Eau-Forte, par Lesigne. GRANDE COUR DE L HOTEL-DIEU Hospice Général Place Muscu.v Installé dans l'ancienne Maison des Jésuites conslruilc au xvii* siècle, contient les services des vieillards hommes ot femmes, invalides du tiiwail, ainsi que des orphelins. On y conserve : outre des dessus de portes sculptés : un btd escalier de pierre sur arcades avec rampes en fer forge; la magnificjue l)ibliolhè(|ue convertie en lingerie, et ses riches boiseries en ehène sculpté ; les lambris et les caissons i\\\ LE GRAND ESCALIER DE L ANCIENNE ABBAYE DE SAINT-REMI (Dessin de M, E. Auger) \ l'architecture a REIMS 273 plafond, sont ornés de têtes de chérubins, de guirlandes à feuil- lages, carlouches pour inscriptions, astragales et festons dans le style de l'époque dite jésuitique. L'ensemJjle, bruni parle temps, est d'un aspect à la fois riche et grave. Le réfectoire est orné de peintures de J. Hélart, peintre rémois. Ouvrages à consulter : Tarbé et Macquart. — Ch. Loriquet, Travaux de r Académie de Reims ; Rouyer, Art archilectural en France, avec gravures ; E. Leblan, Reims et ses Monuments; Lesigne, Reims à VEau-Forte. Hospices des Incurables P Bue Chanzy, Hospice Noël-Caqué [autrefois Saint-Marcoul) Fondé en 1650 par de généreux donateurs, entre autres le chanoine Godinot, dont on trouve la collaboration dans toutes ces bonnes œuvres du xviii* siècle. On y remarque : l'entrée, du xviii' siècle ; à l'intérieur, des descentes d'eau en plomb fondu très ornées et une belle chapelle de style romano-ogival (1873), de l'architecte N. Brunette. 2o Rue de Sébastopol Grâce à une forte subvention du Pari Mutuel, l'Administra- tion des Hospices a fait construire à l'Est de la ville, dans un terrain libre et aéré, sur les plans de l'architecte Fossier, un hôpital spécial pour les jeunes scrofuleux, aménagé d'après les prescriptions de l'hygiène moderne. Maison Municipale de Retraite Rue Simon j 26 Fondée en 1860 d'abord à l'aide de dons des habitants et de la large part de la Société des Déchets et conférée à la Ville, dans l'ancien jardin de l'abbaye de Saint-Remi, pour recueillir, moyennant pensions graduées : 1° Les vieillards ayant habité, travaillé à Reims et n'ayant qu'un revenu trop faible pour avoir un intérieur assez confor- table ; 2'' Les pensionnaires des Sociétés commerciales et indus- trielles, ainsi que ceux de fondations particulières. 19 274 CONGHES DE L ASSOCIATION FRANÇAISE Les bâtiments (œuvre de l'architecte Brunette) en forme de double X, doublés par des ailes allongées, contiennent au rez-de- chaussée, des salles de réunion, réfectoires, préaux, services généraux et, aux trois étages, nombre de pièces variées pour chambres de pensionnaires des deux sexes. Depuis on y a ajouté successivement 'architecte Fossier), une ^22db* MAISON DE RETRAITE aile pour les ménages, une grande chapelle et un pavillon pour les reposantes. Tous ces bâtiments, construits avec soin, se présentent avec des façades convenables, dignes de la ville. Les distributions intérieures sont spacieuses et commodes. Les soins qu'y trouvent les vieillards, font rechercher cet établissement qui a ainsi comblé une lacune dans les institutions hospitalières d'une grande cité industrielle. Hospice des Petites-Sœurs des Pauvres Avenue' de fiétheny Fondé j)ar la Communauté, à l'aide de dons, et construit de 1873 h 1880 sur les plans de P. Gosset, dans un vaste terrain très jicré et salubre pour y hospitaliser actuellement .'U)0 vieillards des deux sexes, ouvriers j)auvres, sans ressources, (jui y sont logés, nourris, soignés à l'aide des aumônes (|ii»* les Sœurs vont ( luTchcr chacjuc jour ;i domicile. On v reniar(iu(\ au ceniro, une Ix'llc ( lia|)clle moderne (1). ^1) iNihlicr par \ l\)icyclopêilic (VArchilccturf. L aiicihïecturl: a hkims 275 Maison de ConvalesceRce Bue de Sébastopol (à VEst) Construite en 1896, par l'Administration des Hospices, grâce aux legs généreux de trois rémois : M'"^ Pommery, M. Edgard de Brimont et M. Lundy (1) et inaugurée le 15 Juillet 1895 par M. le Président de la République. Instituée pour permettre aux malades en voie de guérison FACA.DE DE LA MAISON DE CONVALESCENCE d'achever de s'y rétablir dans un air plus propice. Aménagée très hygiéniquement pour 64 pensionnaires, 32 hommes et 32 femmes, outre la porterie et les services, elle comprend : à l'extrémité de la vaste cour d'honneur, un bâtiment principal surmonté d'un joli campanile, bordé de promenoirs très ouverts, et flanqué de deux ailes en retour; toutes construc- tions, bien aérées, d'aspect agréable, dues à l'Architecte Fossier. Hospice Roederer Rue de Courlancy Fondé en 1898, par Madame Veuve Eugène Roederer-Boisseau pour Ouvriers retraités, et entretenu complètement par les reve- nus de sa généreuse donatrice, il a été édifié sur les plans de l'Architecte Marbeau. Les pavillons divers, suivant leur destination et les services, plantés à flanc de coteau, au-dessus de la vallée, présentent au levant, leurs façades pittoresques en meulière et briques, enca- drées de la verdure des jardins. (1) Tous trois anciens négociants de Reims. 276 CONGRÈS DE l'aSSOCI ATION FRANÇAISE Les Hospitalisés de eelte généreuse bieiifaiU'ice (|ui en mou- rant a voulu ainsi couronner les nombreux dons faits de son JH I IIOSI'ICE KOEUEKER vivant, y trouvent tout le confort hygiéni(jue moderne de ces établissements. Dispensaire Calmette La ville, grâce à la généreuse sollicitude d'un de ses |)iinci- paux industriels, possède aussi un dispensaire Calmette qui bénéficie en outre d'un vaste parc bien aéré à La Ilaubette, lieudit le Buisson-de-Muire. Crèches de la Société protectrice de I Enfance La Société Protectrice de TEnfance, dans le but d'aider les mères, obligées de travailler en fabricfue et d'assurer à leurs (Mîfaiits, pendant leur absence du logis, les soins maternels et une nourriture saine, a ouvert successivement quatre crèches dans les dillerents quartiers (1), chacune pour 30 à 40 enfants. , Ces crèches, surveillées par des dames patronnesses, sont entourées de jardins ; distribuées et disposées pratiquement, confortabb'MH'iil , elh^s furent (onstruites uràce à de «vénéreux (louateuis iciiiois dont elles poitent les noms (2), économiquement, mais avec soins, d'après toutes les règb^s (]c l'hygiène (sur h^s j)lans Av. I ai'chitecte Alp. (josset). Elles l'cmhMil ainsi (\o grands services à hi popuhition de ces (juai'liers. ( 1 ) iioulcviiid \ itioi-- Ijii^ro^ !•,,(• Siiiiit- 1 liirrry, avriuio de iM^lliriiy. rue île r.ourlancy. (2) MM. liicnliiit, Vasiiicr, Siibc. Iimpoii. l'architecture a REIMS 277 Orphelinats privés io De Saint- Joseph, rue des TroiS'Fontaines : Fondé en 1880 pour jeunes filles abandonnées et construit sur les plans de A. Gosset par les sœurs gardes-malades de l'Espé- rance qui y ont transporté l'orphelinat qu'elles avaient précédem- ment fondé en 1845 dans leur maison de la rue de Pouilly. Installé largement dans des bâtiments spacieux entre cour et jardin, les jeunes filles, outre les travaux de couture, y sont aussi formées au jardinage et aux occupations ménagères. ?o De Saint-Remi, rue Féry, et de Saint-Vincent-de-Paul, rue Cazin : Fondés par les sœurs de Saint-Vincent-de-Paul dans le même but et sur le même quartier, installés dans des bâtiments construits ad hoc sur les plans de l'architecte E. Lamy. Places publiques, Statues, Promenades Place des Marchés Au centre de la ville sur l'emplacement de l'ancien forum gallo-romain, attendant toujours (depuis 2 siècles) l'achèvement nécessaire à une ville de 100.000 âmes. Du Moyen âge, elle conserve quelques maisons en bois sculpté du xv*= siècle, dont les étages s'avancent en saillie ; notamment à l'Ouest, dans le prolongement de la rue Berlin, celle occupée autrefois par un orfèvre, à l'enseigne de FEnfant d'Or, remarquable par ses sculptures, cariatides, statues de chevaliers, de saints, etc., entre autres Samson tenant le lion et saint Michel terrassant le dragon ; et au Nord, les maisons Fossier et Tarpin à trois encorbellements ornés. Ouvrages à consulter ; Tîirbé et Macquart, Reims , Leblan et Lesigne. 278 CONGRÈS DE L ASSOCIATION FRANÇAISE Place Royale Edifiée par la Ville en 1759 sur les plans de Legendre, au carrefour des quatre grandes voies principales de la Ville, suivant les points cardinaux, pour y être le centre d'un quartier monu- mental et le point de départ du redressement des voies publiques. De forme carrée, entourée de façades monumentales, elle est un rare exemple de la brusque modification du style Louis X^' en Louis XVI ici plus imposant que familier. Depuis, l'ouverture des arcades, pour magasins de détail, lui a donné une vie de centre urbain. Le fronton de l'Hôtel Central, anciennement des Fermes, où étaient les bureaux de perception des impôts y compris ceux de douane, d'où le nom qu'il a conservé, est orné de groupes d'en- fants personnifiant le Commerce et l'Industrie. Les maisons des rues y aboutissant, aux façades symétriques, se raccordent avec celles de la place, qu'elles préparent et accom- pagnent. Le Monument du Centre élevé par la Ville au roi Louis XV, en reconnaissance d'une subvention dans les dépenses générales, est l'œuvre du sculpteur Pigalle (la statue du roi, brisée à la Révo- lution a été remplacée en 1819 par celle actuelle de Cartelier). Les statues du piédestal admirablement modelées ont heureu- sement été conservées intactes à notre admiration. La femme tenant d'une main un gouvernail et de l'autre maîtrisant un lion personnifie la France ; le personnage nu qui est assis, la bourse ouverte, sur un ballot de marchandises à côté d'un loup, d'un agneau, d'une corne d'abondance et d'oliviers, etc., est le sym- bole de l'ûge d'or produit de la civilisation. Ce beau monument coûta 400.000 livres à la Ville, qui récom- pensa Pigalle par fortune et honneurs. Voir Legendre : Place Royale et les Abords, Reims 17G5, magnilîque album de gravures de maîtres. — 1*. Tarbé, Ui Vie de Fujalle^ 1859, Paris. Place du Parvis de la Cathédrale. - Statue de Jeanne d'Arc Autrefois étriquée et resserrée, elle est depuis cinquante ans en voie d'élargissement, devant le magnifique Portail, conformé- nuMil \\\\ j)lau (h^ Legendre, mais pas aussi allongée. Lu atlciidafil les conslruclions (|ui ne peuvent larder bt\iu- Union Phot. Rém. — J. Marenco, STATUE DE LOUIS XV 280 CONGRÈS DE l'aSSOCIATION FRANÇAISE coup à s'élever au Nord et au Sud, elle a été ornée, en 189G, d Une œuvre d'art de premier ordre. La statue de Jeanne d'Arc, œuvre de Paul Dubois, don à la ville d'une souscription publique, dans toute la France, par un Comité issu de l'Académie nationale de Reims qui en avait pris l'initiative en 1887. Elevée à l'emplacement même où la grande héroïne française est montée à cheval (1). Inaugurée le 15 juillet 1895 par M. le Président de la Répu- blique et offerte à la Ville sous condition ici « d'entretien à per- pétuité ». Couverte de l'armure, écrit un critique d'art, solidement campée sur son cheval de bataille, qui frémit d'impatience, les jambes raidies sur l'étrier, Jeanne brandit son épée d'un geste magnifique. Elle appelle ses gens d'armes et leur crie : En avant ! en donnant le signal du départ. Elle a la vision de sa destinée, d'où la raison de l'angoisse visible sur sa douce figure. Elle ne recule pas, mais les yeux au ciel comme pour y puiser la force du martyre, elle ramène en arrière la glorieuse épée, et sa voix inspirée crie de nouveau : En mon Dieu, sus aux Anglais ! (Bazin de Bezons). Belle de la beauté ({ui tient à l'expression, son corps svelte et mince est bien celui d'une jeune fille, conforme à la vérité historique; ses cheveux sont courts et invisibles sous le casque. Le cheval est d'un modelé admirable : ses muscles tendus, ses narines frémissantes, ses yeux ardents respirent le feu de la bataille ; il vit et va s'élancer dans la mêlée. Le piédestal, en granit gris, tracé par le maître lui-même, est entouré d'une grille formée d'épées debout. Place Drouet-d'Erlon. - fontaine Subé Autrefois place de la Coutuic^^ oii S(» tenait la foiic* de Pà(|ues, elle est encore en partie entourée d'arcades ou j)orti(iues i\c loutcs les é[)oques qui avaient autrefois un double bul, et i\c (juel(jU(^s maisons à pignons (hi vieux temps. (!) En face de 1 holel de l'Ane-Rayé, où elle était logée avec ses parents (démoli en 190'0. STATUE DE JEANNE D ARC 282 CONGRES DE L ASSOCIATION FRANÇAISE Elle tire son nom de la statue du maréchal Drouet d'Erlon, depuis transférée au square Saint-Nicaise. Aujourd'hui elle est ornée, au centre, de la Fontaine Subé, due à un généreux enfant de Reims qui, en souvenir de sa ville natale, lui légua des dons imj)ortants, entre autres 200.000 francs, pour Férection de ce mo- nument, inauguré le 15 juillet 1906 par M. le Ministre des Affaires étrangères, sénateur de la ]Marne. Œuvre de l'architecte iVndré Narjoux, choisi à la suite d'un Union Phol. Hém. .1. Mntot. PLA.CE D ERLON concours à deux degrés, fontaine qui est plutôt un -'monument qu'une source, l'eau lui ayant été très parcimonieusement allouée, quoique les quatre jets symbolisent les rivières qui arrosent la région : la Marne, la Vesle, la Suippe, l'Aisne. Aussi l'auteur a-t-il du demander des effets à des sculptures fines et délicates : œuvres des statuaires Paul Gasq, P. Auban, A. Baralis,qui ont accepté la direction de l'architecte, et deWary, de Heims, pour les ornements. Promenades publiques. - Statue de Colbert iMliliées en 1727-1735 par la \'ille, sur les j)lans des jardiniers rt'iuois L(M*()u\ pèr(^ (^t (ils, suivant h^s disj)()sitions dit(*s ;i la b'ranraisc, ch» l Cpoijuc, avec (\i' longues allées variéc^s, parterres Fljuloti. (l'Art. — E. I^.eivcti. FONTAINE SUBE 284 CONGRÈS DE l'aSSOCIATION FRANÇAISE (le ga/oii, patte d'oie, Boulingrin et pers[)ectives habilement mé- nagées à l'extrémité sur la Vesle et au centre sur les sites environ- nants, ainsi que le montre le plan de Legendre. L'établissement du canal, du chemin de fer, de la gare, la démolition des anciens remparts, lui ont enlevé ce caractère cham- pêtre xviii' siècle ; l'ouverture de grandes voies et la nécessité du remplacement des arbres ont obligé à un tracé moins idyllique ; en revanche, elles ont gagné au centre, le square Colbert, riche- ment fleuri, au milieu duquel s'élève la belle statue de Colbert, par Eugène Guillaume, et à chacune de ses extrémités d'élégants kiosques à musique, encadrés de fleurs. Square Saint-Nicaise A l'extrémité du boulevard qui a remplacé les anciens rem- parts et sur l'emplacement de ceux-ci. Massif de verdures variées, montant sur la butte conservée de l'extrémité sud-ouest des remparts du moyen-âge, entourant pittoresquement les restes de vieilles tours et allant s'amortir devant l'ancienne porte Dieu-Lumière. Du sommet, grâce à l'alti- tude, on jouit de vues sur les coteaux des vignes de Rilly à Yerzy et sur le panorama de la ville au-dessus duquel, pointent ses monuments. A l'entrée, au confluent des boulevards Saint-Nicaise et Ger- bert, s'élève la statue du maréchal Drouet d'Erlon (1), du sculp- teur Louis Rochet, érigée en 1849. Constructions Particultères Reims, do longues date, grand centre provincial de commerce et d'industrie, a toujours contenu des hôtels privés, remarquables par leurs dimensions <^t leurs dispositions archilecturales. Nous avons relaté précédemment les plus caractéristicpies, (1) Murunt (le llrims, 1 7(')5- IH'i '»,• parti simple soKlat eu 1782, prtuiiu maréchal on 18o5. Union Photo. liéni. — A. Font. STATUE DE COLBERT 286 CONGRÈS DE l'aSSOCIA.TION FRANÇAISE qui subsistent des siècles passés, attestant ainsi la prospérité des habitants. (Voir pages 213-224). Depuis la reprise de l'activité commerciale industrielle, il y a 60 ans, les chefs des grandes maisons de tissus et de vins de Champagne (les deux sources nourricières du pays) se sont fait construire, notamment dans les quartiers neufs, depuis la démo- lition des remparts, notamment sur les boulevards, des hôtels également spacieux, remarquables par leurs distributions et leurs façades architecturales, dues à des architectes rémois, qui donnent grand air à ces quartiers de la ville et y retiennent agréablement l'attention des étrangers. Constructions Industrielles Industrie des Lainages Reims, en se lançant de bonne heure dans l'industrie méca- nique pour la fabrication de ses lainages, a adopté aussitôt les types variés des ateliers à rez-de-chaussée, largement éclairés par les combles vitrés face Nord ; d'abord avec charpente en bois, puis en constructions métalliques, suivant les systèmes perfectionnés, au furet à mesure des inventions successives, sur les plans des archi- tectes rémois. Les premiers en date furent ceux du peignage mécanique Isaac Holden et fîls,rue des Moissons, sur laquelle ils se présentent avec des façades ornées en pierres et briques. Commencés en 1851 sur les plans de P. Gosset, ils furent agrandis et continués successivement sur les plans de Alp. Gosset. Parmi les nombreux édifiés depuis, on r(Mnar(|ii(' notamment pour la fabrication seule, les établissements Collet frères, boule- vard Saint-Marceau, construits en 1860 pour la Société rémoise Wagner et Marsan, d'après les plans d'Alph. (iossct, pour grouper inétho(li(|uemenl et exécuter comme à la libère toutt^s les opérations successives qui transforment la laine brute en tissus 1 ; 1) Public I" pai- Turi^au ; -"par les Grandes usines, tissus de laine. Annales induHtriellcs et Annales de la dotistruction. l'architecture a REIMS 287 0 Lelarge et Cie, Walbaum et Cie, même boulevard ; et au Nord- Est, Marteau et Cie (1) ; PouUot et Cie, etc., etc. L'établissement de la Société anonyme des Teinturiers, rue Clovis, construit extérieurement de briques et en fer en 1886, sur les plans de l'architecte Alp. Gosset, pour MM. Poirrier et Mortier (2). Depuis quelques années, Reims voit aussi s'y installer des ateliers de construction d'automobiles, qui y compléteront l'in- dustrie mécanique. EtaDiissements pour la manutention des Vins de Champagne Caves et Celliers C'est le commerce qui, étendant ses expéditions mondiales, a le plus perfectionné les locaux nécessaires à la conservation et à la manutention des vins mousseux. Depuis cinquante ans, il est passé des petites caves et celliers des anciennes maisons de Reims, à de vastes établissements, où toutes les manutentions sont condensées, reliées, rapprochées les unes des autres, suivant l'ordre logique du travail des vins, depuis l'arrivée des vendangeoirs, le dépôt et le tirage, jusqu'à la mise en bouteilles, puis en caisses, expédiées dans tous pays. Leurs propriétaires en ont fait des établissements modèles d'organisation méthodique, économique, composés d'immenses caves à deux et trois étages, surmontées de vastes celliers, accompagnés de leurs accessoires, magasins à bouteilles et emballages, tous logiquement construits et installés avec ampleur. Sans sacrifier l'utile, ils ont voulu aussi satisfaire la vue du public pour ne pas encourir le reproche du philosophe américain Emerson (3). Plusieurs ont même entouré leurs celliers de façades monu- mentales sur rue, entre autres : la façade de l'établissement de la rue de Mars, 6, sur les plans des architectes rémois Bègue et Kalas (4). En même temps, d'autres ont utilisé les qualités réfrigérantes (1) Transformés depuis en fabrique d'automobiles (usine Panliard). (2) Publié par les Nouvelles Annales de la Construction. (3) Présenter au public une façade fruste ou un vêtement négligé est aussi impoli. (4) Publié par le Moniteur des Architectes et la Construction Moderne. 288 CONGRÈS DE l'aSSOCIATION FRANÇAISE du banc de craie de fraîcheur saine, le sous-sol de la Champagne ; les uns, en appropriant les anciennes carrières de craie (creusées de temps immémorial pour en extraire les moellons avec lesquels le vieux Reims a été édifié) : excavations, de forme pyramidale, d'une température favorable au vin et à sa conservation. Telles, entre autres, à Dieu-Lumière, les maisons Th. Koederer, George Goulet et Cie (où sont les plus originales et les plus pittoresques) ; Champion et Cie, et surtout la maison Veuve Pommer}^, fils et Cie, les plus vastes de Reims, qui aussi, dans un but décoratif, a fait édifier sur la route, ses accès et ses dépendances, dans le style Elisabethan surtout, son magnifique cellier (1), en 1871 et 1872, sur les plans dWlp. Gosset, architecte, puis après, ceux au-dessus, par Ch. (lOzier, architecte. Les autres Maisons importantes ont fait creuser, d'abord dans la zone Nord, aussi dans le banc de craie, d'innombrables gale- ries, ou caves de 3 m. à 3 m. 50 de largeur, au-dessus desquelles elles ont fait édifier des établissements complets remarquables aussi par leurs dispositions, telles les maisons P. Krug, Louis lioederer, sur les plans de l'architecte Thiérot ; G. H. Muiiim, E. Irroy, Heidsieck et Cie, sur les plans de l'architecte Alp. Gosset; Ch. Heidsieck, Abelé, de l'architecte Leclère, etc. : caves c[ui ensemble, mesurent plusieurs myriamètres de longueur ; puis à l'Est, les Maisons de Saint-Marceaux, Kunkelmann et Cie, Delbeck et Cie (2), sur les plans de Alp. Gosset, et au Sud-Est. Ruinart de Brimont et Cie, de l'architecte Thiérot, etc., etc. Aussi comprend-on que, grâce à ces précautions de conserva- tion hygiénique, à ces soins de manutention, les vins de Reims jouissent d'une renommée universelle. (1) Publié par la Construction Moderne, (2) Publiés par \' Encyclopédie d'Architecture. m mnu m mi porîmi DE LA CATHÉDRALE DE REIMS Par M. Albert CHAMBERLAND Questions d'identification, de date, d'interprétation et de style I. ~ Bref historique de la Construction de la Cathédrale LES quatre premiers architectes de la Cathédrale de Reims (1) sont certainement Jean d'Orbais, Jean Le Loup, Gaucher de Reims et Bernard de Soissons. Le cinquième est presque sûrement le fameux Robert de Goucy. On peut en effet, à peu près à coup sûr, affirmer que cet Adam (qui eut un moment de célébrité dans le monde érudit), qu'on plaçait soit avant Jean d'Orbais, soit après Bernard de Soissons, doit être identifié avec Jean d'Orbais. Une argumentation convaincante et une ingénieuse comparaison entre les formes gothiques des lettres initiales ont montré que le mot lu Adans pouvait fort bien se lire Jehans. Mais — et c'est un bien fâcheux hasard — les lettres indiquant le nombre d'années pendant lesquelles Jean d'Orbais fut maître des ouvrages étaient effacées au moment où le chanoine Gocquault (2) (1) Voir Louis Demaison, Notice historique sur la Cathédrale de Reims, en tête de l'Album de la Cathédrale de Reims (Reims, Ponsin-Druart. 1899-1902, gr. 111-40) et La Cathédrale de Reims. Son histoire, les dates de sa construction, dans le Bulletin monumental, t. LXVI, 1902, et à part. (2) Mort en 1645. 20 290 CONGRES DE L ASSOCIATION FRANÇAISE releva les inscriptions du Dédale on Labyrinthe (1; : il n'est donc pas possible de donner des dates rigoureusement exactes. M. Louis Demaison admettrait volontiers que Jean d'Orbais a dirigé les Ceasin de Th. Vacquer. Grave i,ar J. Su!} is. LABYRINTHE Extrait de L'Architecture, par Gailhabaud travaux de 1211 à 1231 ; Le Loup, de 1231 à 12'i7 ; Gaucher, de 1247 à 1255; Bernard, de 1255 à 1299. M. Anthyme Saint-Paul (2) propose : pour Jean d'Orbais, 1211 à 1239; pour Le Loup, 1239 (1) Un dessin en a élé fait par J. Cellier, qui vivait au xvi^ siècle. Le laby- rinthe était formé de dalles blanches et borde de pierres noires et occupait deux travées vers le bas de la nef. L'eftij^ie d'Albcric de Hunibert. qui posa la première pierre de la ('alln-drale, ornait \c coinparlinient central (ce prélat est inhumé à Pavic, où il est mort). C'est dans le compartiment qui (lanciuail le labyrinthe à droite, du côté du chœur, que se trouvait l'effigie de Jean d'Orbais, accompagné d'une inscription à peu près ainsi conçue (l'orthographe priniitive n"a pas élé conservée par les éruditsj : Cette image est en roncmbrance de JeJian d'Orbais qui fut maître des ouvra(/es de cette er/lise Ves}>ace de ans et en cow- menra la coiffe d. On peut croire que c'est la pierre tombale et les restes de Jean d'Orbais qui furent retrouvés en 1()V2 à l'extérieur île la Cathédrale, près de l'abside, en face de la chapelle archiépiscopah' (dont il est probablenu^n! l'auteur). Voir un dessin du labyriiilhr dans le Maijasin jnttorrs'fKr. I. XV (IS'iT). p. M'J. (2) La (lathrdrulc de llcims ai< Mil' siVc/r, dans le liidlchn )))OHU)ni ntal. année lîMMi, et à part. LES STATUES DU GRAND PORTAIL DE LA CATHEDRALE 291 à 1255; pour Gaucher, 1255 à 1263; pour Bernard, 1263 à 1298 ou 1299. La part de chacun des architectes dans Tœuvre commune n'est pas déterminée avec toute la précision désirable. Voici ce qu'on sait à peu près exactement. Jean d'Orbais donna les plans du monument; il commença Tabside et le transept. Le Loup com- mença le grand portail. Gaucher continua son œuvre. Bernard « ouvra » à la grande rose et fit cinq travées. Mais on pose diverses questions, comme celles-ci : dans quelle mesure les plans de Jean d'Orbais ont-ils été modifiés ? La nef a-t-elle toujours eu sa longueur actuelle ? Le grand portail a-t-il été déplacé ? Quelles sont les cinq travées construites par Bernard de Soissons ? M. Alphonse Gosset nous permettra de renvoyer à sa Mono- graphie pour les idées bien connues dont il s'est fait le champion décidé ; nous résumerons seulement quelques opinions de MM. Demaison et Saint-Paul, plus récentes et moins connues. Où en était la nef quand Bernard devint maître de l'œuvre ? D'après M. Demaison, cinq travées étaient déjà construites (les travées 10, 9, 8, 7, 6, numérotées à partir du grand portail); Bernard aurait donc fait les travées 5 et 4, puis, après une interruption relativement courte, et dans un style assez nouveau, les travées 3, 2 et 1, voisines du grand portail. — D'après M. Saint-Paul, une seule travée était bâtie : la travée 10, attenante au transept. Bernard aurait construit les cinq travées suivantes (9, 8, 7, 6, 5), dans le même style, analogue à celui du transept et du chœur. C'est donc Robert de Coucy (1) qui aurait bâti les quatre (2) tra- (1) Robert est mort en 1311. On a parlé d'un autre Robert, père ou oncle du précédent; mais c'est une hypothèse gratuite. Libergier n'a pas été architecte de la Cathédrale, bien que son admirable pierre tombale y soit conservée (elle est scellée dans le mur du croisillon nord, à l'intérieur, à gauche de la porte) ; on peut en voir un dessin dans Cerf, t. II, p. 384. (2) La quatrième travée s'appuie à l'est sur le quatrième pilier. Or, on y lit, dans Cerf (t. II, p, 245), à l'article consacré au triforiicm et gjileries : « En parcourant cette galerie, étant arrivé au quatrième pilier de la nef du côté du midi, et du côté opposé, on voit que Valignement de l'éylise change et rentre de 30 à 35 centimètres. On croirait, dans la perspective, que le corps prin- cipal de l'édifice perd son alignement par l'effet d'une poussée de mur : c'est un redressement d'erreur dans la construction même, erreur dont les architectes se sont aperçus et qu'ils ont cru devoir corriger. Ils ont taillé Vangle du mur le plus saillant elle plus proche de la tour du poitail vers le midi, pour le faire raccorder avec le mur qui ressort vers les piliers boutants. La même chose se remarque à ^'épaisseur du quatrième pilier de la nef, taillé de la môme manière, et en face du raur reculé par l'effet de la correction de l alignement ». L'observation pourrait être présentée plus clairement, mais elle est impor- tante et mérite d'être rappelée à l'attention des archéologues. 292 CONGRÈS DE l'aSSOCIATION FRANÇAISE vées voisines du portail (4, 3, 2, 1), dans un style assez nouveau : il aufait achevé la nef. C'est à lui aussi que devraient être attribuées les tranches latérales du premier étage, attenantes à la grande rose ; il aurait modifié les dessins antérieurs de ces tranches qui forment les souches des tours et les dessins des tours (1) elles- mêmes. Quoi qu'il en soit, les deux savants archéologues admettent que les trente-cinq statues du grand portail étaient en place avant a fin du xiii^ siècle. II. — Questions d'identification Les statues du grand portail rappellent (2) : « au centre, les grandes scènes de la vie de Marie ; à droite et à gauche, les saints personnages de l'ancienne loi, figures de Jésus-Christ, et ceux de la nouvelle alliance, personnifiés par les saints pontifes de Reims ». Ange porle-navette 30 29 Florent 18 Marie cl rp'nfant Jésus 7 6 Siméon Nicaise 31 28 Jocond Anne 19 17 Gabriel 8 5 Jean-Baptiste Ange Ihur. 32 27 Eutrope 20 Siniéon 16 Marie 9 Pape 4 Isaïe 33 Cilinie 26 21 Marie Marie 15 10 Moïse 3 34 Rémi Rigobert 25 22 Joseph Elisabeth 14 11 Abraham 2 35 ? Thierry Reine de Saba 24 23 ? Salomon Mage 13 12 ? Mage ? Samuel 1 SCHÉMA DES STATUES DU GRAND PORTAIL PORCHE DROIT Les statues de la paroi droite ressemblent beaucoup à celles qui décorent les portes du portail nord de la Cathédrale de Chartres. Mais la première (3), fort mutilée, est-elle rdligie d'Abel ou de Samuel? Abel fut pasteur et sa mort figure celle du Christ. (1) Les flèches de ces tours ont été amorcées, mais n'ont jamais été construites. Tout le monde est d'accord sur ce point. Il n'en est pas de même pour les cinq flèches du transept. Elles ont été évidemment amorcées, mais il n'est pas démontré qu'elles existaient avant l'incendie de l'i81. Quelques archéologues pensent qu'il y avait avant 1481 sur chacun des croisillons un clocheton analogue au Clocher à l'Ange (lequel est du xve siècle). (2) Cerf, Histoire, et Description de Notre-Dame de Beims (Reims, 1861, 2 in-8), t. II, p. 75 à 152, et E. Mâle, L'Art religieux du A7//« siècle en France (1902, in-'io), surtout le livre IV. (3) A Chartres, la première, fort dillérenle de la nôtre, est un Melchisedec. Nous en avons un, sur la face iiiterieurc du grand portail, qui donne la commu- nion à Abraham, costumé en chevalier du xin*' siècle. Le Samuel chartrain tient un agneau, comuie notre prrmière statue; mais il est à sa place chronologiquo. entre Moïse et David. M. Maie (t7>t(/., p. 186) adirmc que noire statue n'est »< cer- tainement » pas un Abcl, ijiais un Samiul. Union l'holo. Rém. — Doucet. PORCHE DROIT ÉBRASEMENT DROIT Isaïe (4) Moïse (3) Abraham (2) 294 CONGRÈS DE L ASSOCIATION FRANÇAISE Samuel fut grand prêtre, sacrifia l'agneau et sacra David. Les suivantes sont certainement Abraham (2), Moïse (3), haïe (4), Jean-Baptiste (5), Simêon (6). L'identification précise des personnages de la paroi gauche est difficile, car les attributs manquent ou ne sont pas très signi- ficatifs. On y voit volontiers des Apôtres de l'Eglise universelle et de l'Eglise rémoise. Mais on ne peut les nommer avec sûreté. l nion l'Iwto. Hem. — Dcmki'L. PORCHE DROIT KBRASFMENT GAUCHE Le chanoine Cerf est très hésitant. Pour lui, les statues 7 et 8 sont les compagnons de S. Sixte et de S. Sinice, premiers apotros et évéques de Reims ; la statue 9 est un S. Sixte ou un S. Pierre ; la statu(î 10, lin S. Sixte ou un S. Sinice: la statue 11, un S. Sinice ou un Evé(|ue i/iconnu (1). Ne pourrait-on voir dans les quatre I)remières statues les Apôtres (2) évangélistes ou maîtres des (1) T. II, p. 12'.. (2; An portail nord ou voit à droite du Hfau Dieu, SS. Pierre, André et Barthélémy ; k gaurlie, SS. l'aul. Jacques le Majeur et Jean. LES STATUES DU GRAND POIITAIL DE LA CATHEDRALE 295 Evangélistes ? S. Jean (1) ; S. Paul (2), maître do S. Luc ; .S'. Pierre (3), maître de S. Marc ; enfin .V. Mathieu. Le cinquième serait S. Sixte, évêque. PORCHE CENTRAL Le porche central est consacré à la Vierge et à J.ésus enfant. Au trumeau de la porte se dresse la statue (18) de Marie portant Jésus. Union Photo. Rém. — Doucel. PORCHE CENTRAL EBRASEMENT DROIT Sur la paroi droite se succèdent l'Annonciation, avec VAnge Gabriel (17) et Marie (16) et la Visitation, avec Marie (15) et Eli- (1) Vieilli ; le front a des rides nombreuses ; les lèvres sont entr'ouvertes ; le sourire est un peu grimaçant. La Légende de S. Jean occupe tout le tympan en retour ; les scènes de l'Apocalypse remplissent le tympan du contrefort, la vous- sure extérieure du porche et la voussure intérieure de la porte. (2) Le personnage a une coiffure, un bonnet, rond, sans doute ; il a peu de barbe. 11 tenait dans sa main gauche un attribut dont le tenon semble encore attaché à sa poitrine. La Conversion de S. Paul, unie au Martyre de S. Etienne, anime à l'intérieur et à l'extérieur, le linteau des portes des porches gauche et droit. (3) A Bamberg, la statue du pape Clément II est imitée de celle-ci. Mais 296 CONGRÈS DE l'aSSOCIATION FRANÇAISE sabellt (14). Mais quels sont les personnages adossés au contre- fort ? Deux rois Mages? ou bien le premier (13) seul est-il un Mage et le second (12) est-il un Salomon (1) qui ferait pendant à la Reine de Saba (24) adossée au contrefort symétrique ? Union Photo. P.ém. — Doucet. PORCHE CENTRAL EBRASEMENT GAUCHE La paroi gauche est presque entièrement occupée par la Pré- sentation au temple avec Anne (19), Siniéon (20), Marie (21) et Joseph (22). La statue suivante (23) n'est sans doute pas le grand- j)i'étre A])iathar (2). Mais est-ce un second ou troisième roi Mag(\ ou plut(M un Salomon (3). Presque sûrement c'est (4) la Heine de Saba (24) qui orne le (contrefort. pourcuioi notre S. Pierre osl-il imberbe ? A Chartres cl à notre portail nord, il est barbu. Au reste notre statue 9 représente presque sûrement un Pape, S. Pierre ou un autre, par exemple le Pape qui, au n« ou au iii«-' siècle, aurait envoyé en Gaule S. Sixte vi ses compagnons et qui aurait porté lui-même le nom de Sixte I (132-lVJ) ou Sixte II (liGO'201). (1) C'est l'opinion de M. Mâle (p. 189). Les nmlitV sculptés sous les socles des deux statues 12 et 24 ont de la ressemblance. (2) Il «'tait de service au lempl»- à ce uïoment (Ci m, p. Sô). (3) C'est lopinion de MM. Wcesc et Louis Domaison. Comparer à Hamborg r Empereur Henri JI. (4) Comparer à Biimberg V Impératrice Cunégonde. I LES STATTjES du GRAND PORTAIL DE LA CATHEDRALE 297 PORCHE GAUCHE Le porche gauche rappelle les premiers évéques, martyrs et saints de l'Eglise de Reims, surtout S. Nicaise et ses compa- gnons. Voici, sur la paroi gauche, S, Nicaise (31) dont la tête est tranchée à la hauteur du front (1), avec ses Anges porte-navette (30) et thuriféraire (32) ; en face, sur la paroi droite, sans doute ses compagnons : S. Florent (29), diacre et martyr, S. Jocond (28), lecteur et martyr, S^^ Eiitropc (27), sœur de S. Nicaise et martyre, et un Diacre (2) inconnu (26). Les trois autres statues de la paroi gauche représentent S. Rémi (33) et sans doute sa mère S^^ Cilinie (33) et un de ses disciples (35) : S. Thierry (3) ou S. Vaast (4). La dernière effigie de la paroi droite est celle d'un Evéque (25), peut-être S. Rigobert (5). III. — Questions de dates, d'interprétation et de style (G) Les six premières statues du porche droit sont d'un style archaïque qui fait un contraste frappant avec celui de toutes les (1) Comparer avec la statue du portail nord. ^ (2) Il est difficile d'y voir un S. Jean l'Evangéliste ou l'efllgie de rarchitecte Jean Le Loup (Cerf, p. 101 et 102). (3) Diacre de S. Remy et fondateur du couvent du mont d'Hor, près de Reims. (4) Il contribua à la conversion de Clovis et fut évèque d Arras. (5) Il fut installé en 696 et mourut ep 743, Un intrus, Miion, occupa le siège de 741 à 749. Puis vint S. Abel (749 à 764) qui prit le titre d'archevêque et porta le pallium. Après S. Abel il y eut une vacance jusqu'en 769 (Pépin fut sacré à Soissons en 751 et Charlemagne à Noyon en 768). Dès les premiers temps, un aulel de la Cathédrale fut consacré à S. Rigobert (Cerf, t. I, p. 568 et 569, et t. II, p. 102). (6) Voir André Michel, Histoire de VArt depuis les premiers temps chrétiens jusqu'à nos jours, t, II [Formation^ expansion et évolution de VArt gothique)^ 1906, in-4, p. 125 à 198 et 742 à 764, — Artur Weese. Die Bamherger Dom- sculpturen (m,it 33 autotypieen)^ Strasbourg, Hetz et Mûndel, 1897, in-8. — Georges Durand, Monographie de Véglise cathédrale N.-D. d'Amiens^ dans Méni. de la Soc. des Ant. de Picardie, 2 vol. grand in-4o, 1901, 1903, et Description abrégée de la Cathédrale de Reims^ Amiens, 1904, petit in-8. — Louis Demaison, A. Saint-Paul, E. Mâle, ouvrages cités. — P. Vitry et G, Brière, Documents de sculpture fran- çaise du Moyen âge, in-4o. 298 CONGRÈS DE l'aSSOCI ATION FHANÇAISE autres. Elles oiFrent une telle ressemblance avec plusieurs statues chartraines qu'on a pu croire que trois (1) d'entre elles ont été taillées sur le même patron et peut-être de la même main. Le style dénote les vingt premières années du xiii* siècle : aussi ces curieuses figures ont-elles été sans doute exécutées à Tépoque où Jean d'Orbais était maître de l'œuvre et mises en place ])eaucoup plus tard. Les autres statues, si variées qu'elles soient, sont toutes du XIII* siècle. Les détails des costumes et des attributs appartiennent bien à cette époque. En outre, et la preuve est quasi péremptoire, les statues sont taillées dans les mêmes blocs de pierre que leurs supports, dont les motifs ornementaux et les curieux marmousets sculptés sous les socles sont certainement du gothique le plus pur. Elles offrent d'ailleurs assez de différences ou de nuances pour qu'on puisse les attribuer à plusieurs sculpteurs de diverses écoles. Notre « Salomon « (23) a la coifTure et les traits d'Ulysse dans la sculpture gréco-romaine. Le groupe de la Visitation est certainement inspiré de l'art antique (2) ; l'ensemble est assez classique pour que plusieurs historiens l'aient attribué à la Renaissance du xvi* siècle. Plusieurs archéologues le croyaient du xiv' siècle, s'imaginant avoir trouvé sur la tête de la Vierge la date de 1394. Grils s'étaient trompés (3), car il faut lire 139. ^l.. oc , c'est-à-dire [1]739. 4«= oc[tobre]. 11 y a à la Cathédrale de Bainberg deux statues, sculptées vers (4) 1250, imitées des nôtres et exécutées par un habile artiste qui a dû faii-e (1) Sitmucl, Abraham et Moïse. M. Saitil-Paiil et M. le D'' Meiiard croient les six statues rémoises plus anciennes ; les statues chartraines « leur ont clairement paru d une facture plus avancée. » Pour eux, les statues de Reims dateraient de 1215 à 1220; celles de Chartres de 1220 à 1225. Voir une reprod. des statues chartraines dans Vitrv et Brikkk, pi. XLl. (2) Sur le caractère de cette imitation, voir A. Michel, p. 153. (3) C'est M. Demaison qui a fait la rectification. Les chiffres sont bien du xviiiL' siôcle ; d'importantes réparations furent exécutées à la façade entre le 10 juin 1737 et le 30 mai 1742 (les devis sont conservés dans les archives du Chapitre"). Un ouvrier monté sur un échafaudafi^e a pu facilement graver cette date sur la tète de la statue. La trouvaille de M. Demaison est des plus heureuses et des plus fécondes, car elle a démontré que le nombre 131H inscrit sur une pierre de la galerie des lîois en chiffres semblables à ceux de la date de 173*1 indit]uait une cote dont le sens nous échappe et ne pi-ouvait pas du tout que la i^rande façade avait été construite ou déplacée vers la fin du xiv« siècle. ('i) (]f. A. Micui !.. //>(■(/., p. 75». La date approximative de 127» proposée par quelques archéologues paiait moins acceptable. CATIIKOHALE DE HAMBERG SAINTE ELISABETH (ghOULE U, LA VISITATION j I LES STATUES DU GRAND PORTAIL DE LA CATHEDRALE 299 à Reims son éducation artistique (1) et y voir ses modèles mis en place. Les statues rémoises sont plus belles et plus élégantes que les statues allemandes et elles ont une noblesse et une gravité vraiment chrétiennes. Nos Vierges de l'Annonciation et de la Purification, si mo- destes, si humbles, sont sœurs des Vierges de l'Annonciation et mW'm r.'-' ■ af!-»'«*'*T5f-»r*'>'» Union Photo. Rétn. — Doucet. PORCHE GAUCHE. EBRASRMENT DROIT de la Visitation d'Amiens ; elles sont de la même école, sinon du même artiste (2). Or la statuaire d'Amiens était terminée vers 1225 sans doute, en tout cas, en 1236 au plus tard : nos statues sont- elles des prototypes ou des répliques ? Les Compagnons de Saint Nicaise (au porche gauche) et les Apôtres (au porche droit) sont plus savamment drapés et leur phy- sionomie est plus animée ; mais leur expression reste douce, grave. (1) Weese, ihid., p. 89 à 97, 107, 122, 163, note 217; planches 15, 16, 17, 18. (2) Voir les gravures dans A. Michel, p. 147 et 151, 300 CONGRÈS DE L ASSOCIATION FRANÇAISE pensive : quelques-unes de ces figures peuvent compter parmi les plus parfaits chefs-d\i'uvre de la statuaire religieuse monumen- tale (1). La Vierge portant V Enfant Jésus a les lèvres minces et l'ex- pression avenante d'une grande dame qui fait à ses visiteurs un souriant accueil. Mais elle ne joue pas, elle ne parle pas avec l'Enfant; ce n'est pas une mère, c'est une reine. Sans doute, elle n'a plus la « gravité sacerdotale » de la Mère Dieu d'Amiens, mais elle est moins humanisée que la Vierge du transept nord de Notre- Dame de Paris et surtout que la Vierge dorée d'Amiens (2). La Reine de Saha est drapée avec une ampleur et une aisance des plus remarquables. Cette statue est exécutée dans le même style que VEve du croisillon nord, la Synagogue et Y Eglise du croisillon sud (3). Anne est une figure jeune, fine, élégamment drapée, peu expressive d'ailleurs. Certes, elle n'évoque guère l'image de l'octogénaire prophétesse de l'Evangile ; mais faut-il y voir (4) le « modèle des élégances féminines )) du xm^ siècle ? La phy- sionomie de Sainte Cilinie n'est pas plus significative et son costume est encore plus étudié. Vi'Ange porte-navette penche la tète et sourit à Saint Nicaise d'une façon un peu mièvre. h'Ange Gabriel du groupe de l'Annon- ciation a une petite figure rieuse — plutôt un peu grimaçante ou (1) Le prophète Aggée d'Amiens fait penser à notre statue 9 (? S. Paul), et le Diacre de l'ébrasement droit de la Porte Saint-Firrain est drapé comme notre iS. Florent (V. Durand, Monographie^ planches XXXV et XLIII ). Il y a du reste une analogie certaine entre la Porte de Saint-Firniin et notre porche gauche qui pourrait s'appeler la Porte de Saint-Nicaise : ainsi le S. Nicaise rémois est accompagné de deux anges comme les deux saints aniiénois décapités. Au reste, nos statues sont sensiblement différentes des statues amiénoises et plus récentes. (2) Voir les gravures dans A. Michel, p. 155, 156 et 157. La Vierge de Paris serait de 1257 environ; la Vierge dorée, de 1288 à peu près. La nôtre peut être de 12i() à 1250. Il est essentiel d'observer que la tète de la Vierge de Reims et le buste de \ Enfant Jésus ont subi des restaurations très défectueuses. La couronne a été très mal refaite et le voile a été remplacé par des cheveux : en outre la figure a été' peinte v[ repeinte et l'expression a dû s'en trouver adadie. Ces notes sont dues à M. Wendling, sculpteur à la Cathédrale, qui a proposé une restitution très <'tii(li(''o. Ajoutons qu'autrefois la statue était surmontée d'un dais, terminé par une éb'gante llèche à trois étages, et que le linteau de la porte était orné de bas-reliefs (l'inscription actuelle date de 1800; elle en remplace une autre, gravée en 1794). (:{) Comparer à Bamberg. l'Impératrice Cunégonde et la Synagogue reprod. dans Wkf.si:, pi. 21 et 22, ;{0 et IH ; à Strasbourg, la Sguagogue. sculptée entre 12'iO et 1250 (A. Michkl, p. 760 à 763). ('i) Wkese, ihiil.. p. 80. v'"^' lM-\v- .^ ^ -V ^ Union Photo. Rémoise. — DOLicet. PORCHE CENTKAL VIERGE PORTANT l'eNFAIS'T JÉSUS (18) GABRIEL (17) ET MARIE (16) GROUPE DE L ' A N N O N G I A T I O N LES STATUES DU GHAND PORTAIL DE LA CATHEDRALE 301 minaudière que malicieuse — qui contraste fortement (1) avec la physionomie très grave de l'Ange amiénois. Nous avons de la peine à voir dans le S. Joseph « un rapin (2) intelligent et sceptique » ou « le type saisissant de la galanterie (3) aristocratique de l'homme de cour ». Ce n'est pas évidemment l'artisan vieillot, simple et modeste de la tradition : c'est un gen- tilhomme jeune, élégant, dont la désinvolture est parfaite. Mais Union Photo. Rém. — Douce t. SAliM JOSEPH ne serait-ce pas tout simplement un portrait auquel le sculpteur, plus virtuose qu'artiste, n'a pas donné d'émotion ni d'expression bien définitive ? 11 ne nous paraît pas « évident que le regard de Joseph s'adresse à sa jeune partenaire » (Anne). D'ailleurs, la brillante description de M. Weese dénote une acuité d'observa- tion digne de provoquer l'émulation de tous les amateurs d'art. On ne peut en effet apprécier à sa juste valeur, admirer profon- (1) Gravures dans A. Michel, p. 147 et 151. (2) A. Michel, ibid., p. 155. (3) A. Weese, ibid., p. 87. 302 CONGRES DE L ASSOCIATION FRANÇAISE dément et sans réserve une œuvre, si savante et si belle qu'elle soit, tant qu'on ne l'a pas comprise, c'est-à-dire identifiée et inter- prétée (1) avec exactitude et précision. Ces notes rapides n'ont d'autre ambition que de convier les gens plus compétents que nous à examiner de plus près encore plusieurs statues de ce grand portail, ((ui est assurément une des manifestations capitales de « la plus admirable sculpture monu- mentale qui ait paru dans le monde depuis la Orèce antique ». (1) L'expression des physionomies de ces statues peut varier sensiblement avec le point de vue où se place l'observateur, les jeux de la lumière des diverses heures du jour, les divers états du ciel ; il y a certainement des moments où elles « vivent » d'une façon plus particulièrement saisissante. Il est bon de se rappeler aussi que ces statues ont été peintes : les couleurs devaient en nuancer l'expres- sion et la préciser. r fî: r.KANI) l'OKTAIL Dl-; LA CATH i:UK A l.K. — STATUE DK JKAN.NK H AKC ARCHIVES BIBLIOTHÈOIJK 'à MUSÉE DI-: LA VILLE DE REIMS LES richesses historiques, littéraires et artistiques de la ville de Reims sont centralisées depuis la Révolution à l'Hôtel de Ville. Il a semblé aux administrations municipales succes- sives qu'elles ne pouvaient être nulle part ailleurs mieux sauvegar- dées et utilisées qu'au centre de la cité, à côté des autres services publics. Mais il a fallu, pour les y conserver, agrandir à deux reprises, en 1825 et de 1875 à 1880, l'édifice primitif resté inachevé. Il a atteint, dès lors, en cette dernière année, son maximum de développement qui, à cette heure, est insulîisant pour contenir des collections si vastes et destinées, d'après leur nature, à s'ac- croître indéfiniment par des achats ou par la générosité de nos concitoyens. Aussi la construction d'un monument élevé à cet effet et disposé selon l'étendue des différentes séries, est-il devenu, depuis quelque temps déjà, l'objet des vœux de tous les bons rémois. En attendant la réalisation de ce projet si digne d'une grande ville, nous allons décrire l'organisation actuelle des collections dans les diverses salles de l'Hôtel de Ville : 1° pour les archives communales et le dépôt déparlemenlal ; 2° pour la bibliothèque et ses annexes ; 3*^ pour le musée dans ses ditférentes sections, dont (|uelques-unes ont trouvé un refuge hors de l'Hôtel de Ville. ARCHIVES Par M L. DEMAISON, Archiviste Les archives de Reims sont d\ine grande richesse, et peu de villes de France en possèdent d'aussi importantes. Par une exception presque unique, Reims, malgré son rang de sous- préfecture, est dépositaire d'une portion notable des archives départementales de la Marne. Cette situation a été créée à une date déjà lointaine ; elle a été provoquée et justifiée par la pu])lication considérable, entreprise jadis parVarin, de documents relatifs à notre histoire locale. Pour favoriser ce travail, on a autorisé le transport à Reims d'une partie des fonds restés jusqu'alors en dépôt à Ghâlons. Le partage fait à l'origine d'une façon peu méthodique, a été régularisé, il y a quelques années. On nous a attribué toutes les anciennes archives du clergé rémois, tant séculier que régulier, et des établissements d'instruction, collège des Bons-Enfants, archevêché, chapitres et abbayes de notre ville. Ces divers fonds nous sont arrivés en bon état, assez complets et bien classés ; on peut regretter sans doute la perte de certaines collections intéressantes, d'une haute valeur historique, telles que les comptes généraux du temporel de Parchevéché, qui remontaient au xiv^ siècle, et les registres des délibérations du chapitre métropolitain, détruits sans doute à l'époque de la Révo- lution ; mais il n'y a pas eu de ces désordres et ces dilapidations qui ont amené ailleurs la perte de tant de pièces précieuses, ou (jui ont enrichi trop souvent les collections particulières aux dépens des archives publiques. Nos fonds les plus importants par le nombre et par la valeur des pièces qu'ils contiennent, sont ceux du chapitre de réglisc de Reims et de Tabbaye de Saint-Remi. C'est un véiitable trésor de documents anciens et originaux, diplômes de rois, bulles pontificales, chartes de seigneurs, sceaux rares et parfois d'une remar(|uabl(^ (conservation. Il existe aussi [o\\\o une série (h^ cartulaires doiil !<• plus ancien, provenant de Saint-Remi, date des premièrc^s années {\\\ xiii" sièch\ c\ des inv(Milaires nianuscrils (|ui soiil d'excellents inslrunicnls de i'echei'(h(»s (H (hMi'avail. ARCHIVES DE REIMS 305 Les archiv('s communales proprement dites sont é() et 1()()2), chai'tes des principaux rois de France, enfin pour les lem[)S j)1iîs modernes, lettres et autographes d'hommes qui se sont rendus célèbres à divers titres, dans le gouvernement, la guer'i'e, la politi(|ue, les arts et la littérature. Qu'il me suflisj de citer Jacques Anjyot, Catherine de Médicis, Germain Pilon, Sully, Mazarin, Du Cangc, Vauban, Oninaulr, Lnlly, le duc de Marlborough, Diderol, d'Ah^nbert, Nccker, fui'gol, Joseph Vernet, Reauniai'cliais, 21 m .'{06 CONORKS DE L ASSOG I \Tf ON l'IUNÇAISE Grétry, Paoli, Bailly, Guadet, Pétiori, Danton, Camille Desrnou- lins,Collotd'Hèrbois,JosephChénier, Barras, Diimoiiriez, Marceau, Hoche, Desaix, Oudinot, Bonaparte, Wellington, Guizot, Cousin, Villemain, Cuvier, Millevoye, Charles Nodier, Alfred de Vigny, Boïeldieu, Meyerbeer, etc. Le catalogue de cette collection est maintenant sous presse, et formera un volume entier (jui fera connaître les ressources qu'elle olfre aux curieux et aux érudils. BIBLIOTHÈQUE Par M. H. JADART, Conservateur Historique Le premier apport à la création d'une Bibliothèque publique à l'Hôtel de Ville fut celui de la riche collection de livres du collège des Jésuites, supprimé en 1762. Trente ans plus tard, en 1790, les dépôts de livres et de manuscrits du chapitre Notre- Dame, de l'Université, des abbayes, couvents et autres établisse- ments également supprimés de la ville et du district, venaient se fondre en l'abbaye de Saint-Remi, d'où ils furent ensuite trans- portés à l'Hôtel de Ville, et installés vers 1812. On avait pensé en l'an IV à placer ces dépôts à l'Archevêché, devenu ensuite Palais de Justice, et Havé proposait encore le Mont-Dieu en 1806, mais on ne donna pas suite à ces projets. Un arrêté ministériel, en date du 10 brumaire an XII (13 novembre 1804), avait déjà reconnu l'existence de la Biblio- thèque comme établissement nuinicipal et y avait afïecté des propriétés nationales provenant des établissements abolis (1). Les salles encore existantes reçurent ce dépôt dans les années suivantes, après la confection d'un catalogue, la vente des livres en double et l'achèvement assez long des grands travaux d'instal- lation et d'organisation. Les divers classements préliminaires avaient été effectués, depuis 1792, par un groupe de citoyens non pourvus d'autres mandats que de ceux de commissaires aux dépôts littéraires (2). Ce fut M. Siret, professeur au Lycée, qui fut enfin (1) Les anciennes Bibliothèques de Reims, leur sort en 1790-01, et la for- mation de la Bibliothèque publique, par H. Jadart, br. in-8, 189J . (2) Ce furent tour à tour ou ensemble Nicolas Bergeat, Havé, avocat, Laleu, l'ancien libraire Delaistre et l'ancien bénédictin Engrand surtout, qui avait été agréé par délibération du Conseil municipal du 21 pluviôse an XII. 308 CONGRÈS DE L ASSOCIATION FRANÇAISE nommé l)ibliolli('M'aii'(' par la ville le 2ur l'clude des institutions, des usages et des coutumes, poui* la description (1) Catalogue ffrnéral des Manuscrits des Bibliothèques publiques de France. Dt^parlemonls. T. XXXVIII el XXXIX, 1'» el 2« parlie. Il reste à publier lintro- (liiclion el la lable alphabétique de ce recueil. — Nous tlonnous ici trois sp» cimeus de la décoration des plus anciens manuscrits, d'après les dessins de .M. V. CuAKLirK. employé de la Bibliothèque. SAINT LUC MANUSCRIT DU IX^ SIÈCLE (n^ 9, fol. 88) :U2 CONGIŒS DE l'association FRANÇAISE des monuments détruits et pour le complément de la biographie et de la bibliographie rémoise. l^'/ir rtÉM^i,. MANUSCniT DU IX^ SIF.CLE (n«* 10, fol . 11^) Le classement actuel répartit, sous des titres communs, une immense quantité d'articles précédemment dispersés sans ordre ni méthod(\ De même, les séries de lettres autographes, au noml)re de plus de 2. ()()() pièces, sont maintenant groupées en collections distinctes et classées alphabétiquement (1). Nous n'essaierons pas de mettre en saillie tant de noms (riiistoiieiis et de chroni(pieurs rémois, dejMiis l^Modoard, Jean iloi-icM', I). Mni'lot, .b^aii Pussot, l*i(MT(» (M Ondard (A^cciuault. (1) Cnfnlofiup firurral (Ir^ Mimuscvi h (!(':< nihlinthrqnrs puhliqurs (Ir Fr6ctfflccn6^mc6ff femmceSc -foufcekcpptficc 8u «nonSf Oui C^ pat fout fe lour be fn^rt f c fr Ulitje 0 1 rrtnfe (T jf 9onmiont 'v% i«m«j oicne. ij^i pacdiiemcc au|oicrre Dig ^Mtira5ufeeGfire8ercim8patfupoupût for, pUcccffcut fc pope Ouofaô ïnir''ro,,onff?f(ompit|e6pouTqiiM,ap.fu-5da5urc.jl.(.6,u.m. ^ ^ ' BIBLIOTHÈQUE DE REIMS 315 Séminaire et le Prieuré du Val-des-Ecoliers. De nos jours, il en est venu un du legs Saubinet et une douzaine d'un échange avec la Bibliothèque nationale, grâce à la bienveillance de M. Léopold Delisle. Outre l'intérêt du texte et de l'illustration, de la beauté du papier de chacune de ces vénérables reliques de Tenfance de l'imprimerie, il y a, dans beaucoup, l'attrait des annotations manuscrites, des signatures, des moindres signes de souvenir de leurs possesseurs. Il en est aussi dont la reliure est une œuvre d'art, dont la tranche est guillochée, dont les fermoirs sont ciselés (1). On peut passer des heures et des jours devant cette vitrine unique et inappréciable. Le plus souvent, on se contente de feuilleter VHomère, édition princeps de Florence en 1482, deux volumes recouverts d'une riche reliure moderne, le Missel de Reims, imprimé à Paris par Jean du Pré en 1491, le Pline de 1496, le Boèce de 1485, ou de rechercher les deux rarissimes volumes provenant de Jean Grolier, avec sa devise et sa signature autographes : loannis Grolierii Lugdunensis et amicorum. Si l'on faisait le tour com- plet de la vitrine, on en tirerait les grands in-folios des Chroniques de Nuremberg^ la Mer des Histoires, ou le Saint voyage et pèlerinage de Jérusalem^ avec leurs nombreuses vignettes, si naïves et si élégantes à la fois. A la suite des incunables, quelques beaux livres à figures du xvi*^ siècle se sont trouvés joints natu- rellement, et ils prolongeraient indéfiniment le charme de cette station en face de tant de chefs-d'œuvre. Imprimés Mais il faut arriver à nous rendre compte de l'immense ensemble de la Bibliothèque, avec ses cent dix mille volumes imprimés (2). Ils sont rangés sur les rayons hauts et bas des cinq salles communiquant et formant une perspective magnifique sur la façade principale de l'Hôtel de Ville. L'ordre ancien dans toute cette étendue a été respecté, et partout y règne encore l'ordre méthodique. (1) Catalogue du Cabinet de Reims, t. I, p. 18 et 19. (2) Dans les Notices sur Reims, 1880, p. 279, M. Ch. Loriquet les évaluait à 60,000 seulement, chiffre que nous croyons alors au-dessous de la réalité, mais en tout cas augmenté notablement depuis par l'apport de 12 à 1500 entrées annuelles. 316 CONGRÈS DE L ASSOCIATION FRANÇAISE La salle centrale contient la théologie et la jurisprudence ; la grande salle de gauche les belles-lettres et la polygraphie ; la grande salle de droite les sciences, les arts, la médecine, l'histoire naturelle, et la dernière salle du fond l'histoire et l'archéologie. Cha(fue ouvrage est coté au dos de l'étiquette avec la lettre et le chiffre correspondant aux diverses séries des catalogues imprimés ou manuscrits, dont nous avons parlé plus haut à propos de la salle publique de lecture. L'estampillage s'opère de longue date sur le titre au moyen d'un timbre humide, lequel portait, sous le premier Empire, un chêne avec la devise : Educunt folia fructum, et offre simplement, depuis, les armes de la ville. AKMiS 1)K I.OlîHAINK ai; Ml S DK LK TKLLII- K Nous ne passerons pas en revue toutes ces grandes séries, au milieu descjuclles se rencontrent d'innombrables volumes ordi- naires, mêlés à bon nombre de volumes précieux, soit par leur im|)ression, soit par leurs cx-libris, leurs fers de reliure, soit par leur illustration (1). 11 serait oiseux de descendre dans d'inlinis détails pour un tableau d'ensemble. Mais appelons l'examen du visiteur sur les rayons des vitrines où Ton a mis (mi réserve à part (juehjues-uns des plus beaux spécimens d(î ces livres de choix. Dans la salle de droil(\ au Tond. une longue vitriru^ à deux étages contient les rtdiures historiques (I) Les liiltliDpInles n'niois^ Icio's c.r-Iihris et fers de reliuti'. suivis de ceu.v (h' lu liihli()(/ir(iiie (le /vV'ims, par II. Jadakt. ISU», vol. in-S illustré, extr. du t. XCII (l.'s Travaux de V Académie de Reims. BIBLIOTHÈQUE DE REIMS 317 anciennes: TJvih^ (riieurcs de ^^al'ie Stuart, livres provenant de Henri 11, de Henri 111, du cardinal de Lorraine, de Diane de Poitiers, de (^olbert, de Barberini, de Le Tellier, avec leurs plats rehaussés de blasons, d'emblèmes et d'attributs décoratifs. Au- dessus de ces riches spécimens d'un art incomparable, s'étage la collection des plaquettes et des raretés bibliographiques en tous genres. On y trouve les deux volumes d'œuvres de Boileau, avec la dédicace de l'auteur au chanoine Maucroix, son ami, à côté des œuvres de Guillaume Gocquillart, de V Horace de Payne, d'un Don Quichotte en reliure souple, genre espagnol, elc. La salle de gauche contient deux hautes et vastes vitrines et un grand meuble où s'entassent parlicidièrement les livres d'art d'élite, les éditions princeps d'œuvres anciennes et modernes, les choses remarquables en tous genres, dont la vue seule du dehors réjouit et enchante le bibliophile : d'admirables reliures anciennes aux armes de Reims; le Sacre de Louis XV ; le Gessner en trois volumes délicieux de fond et de forme ; les Méiamorplioses d'Ovide^ de Tabbé Banier, avec les plus fraîches gravures que l'on puisse voir ; le Molière de Didot ; le Boileau de Hachette ; le Polyeucte de Mame ; la Description de Saint-Marc de Venise (don du comte Werlé) ; les Évangiles, illustrés par Bida et Tissot ; V Année française de Détaille, format atlas, etc. Des collections remplissent l'autre face : les Grands Ecrivains de la France, les Ahnanachs de Reims, du xvrii'^ siècle, la série des jolies éditions de Cazin, de Babou, etc. Tout cela forme le dessus du panier de la Bibliothèque. Cabinet de Reims 11 nous reste à parcourir une dernière salle sur la gauche, celle qui occupe le pavillon sur la rue de Mars : elle est consacrée aux fonds dits de Champagne, ou plus spécialement au Cabinet de Pieims, aux choses locales et rémoises. Cette pièce a servi, pendant une dizaine d'années (1878-1887), de salle pid)lique à la liibliothèque, et l'installation des livres relatifs à Reims s'y est faite de 1888 à 1890, date où commença la publication du catalogue spécial en cinq volumes de cette partie de nos collections (1). A ce moment, l'ensemble du Cabinet de (l) Catalogue des imprimés du Cabinet de Reims, 5 vol. in-8", Reims, i 1890-1900. 318 coNcîiiiis \)E i/association française Ueims comprenait environ cinq mille volumes ou recueils classés selon les divisions méthodiques, tous relatifs à la ville de Reims, soit par leur sujet, soit par leur auteur, soit par leur lieu d'édi- tion (1). Une augmentation incessante se produit naturellement, et ce local, comme tous les autres, menace de devenir exigu mal- gré ses belles proportions. Il y a, en effet, une galerie haute à cette salle, dans la((uelle sont répartis en grand nombre les volumes concernant la Cham- pagne en général (départements de la Marne, de l'Aisne, des Ardennes, de l'Aube et de la Haute-Marne). Là aussi se trouvent les cartons du Fonds Deullin, immense réunion de pièces cham- penoises en tous genres, offertes à la Bibliothèque en 1875 par M. Eugène Deullin, bibliophile d'Epernay (2). Ce sont les annexes indispensables du Cabinet rémois. Les plus vastes collections réunies en cet endroit sont celles des journaux de Reims, des publications des Sociétés de la ville, des almanachs, annuaires et guides locaux. Il y aurait à craindre un amoncellement sans ordre dans cette multitude de productions quotidiennes, si chacune de ces feuilles n'était classée à son arrivée, reliée chaque année et mise à la suite des précédents recueils. Les différentes séries ont chacune leur genre de richesse et de rareté spéciale : citons dans la Théologie, les livres litur- giques dont plusieurs sont des chefs-d'œuvre de typographie, avec gravures sur bois et reliures ornées, les Mandements des Archevêques ; dans la Jurisprudence^ les éditions des Coutumes, dont la plus vénérable, le Coustumier de Reims, est le plus ancien livre imprimé à Reims par N. Bacquenois (1553) (3), les factums dos procès, des juridictions, etc. ; dans les Sciences et Arts, les thèses de l'ancienne Faculté de Médecine, les descriptions illus- trées des monuments et des musées ; dans les Belles-Lettres, les (1) Exactement 5.092 articles, dont l.lGiJ pour la Thcologie et la Jurisprudence, 822 pour les Sciences et Arts, 919 pour les Brllrs-Lcttrcs, et 2.188 pour l'Histoire. (2) Un beau portrait do ce bioiifailcur, gravé par Kue^èno Varin, est expos»' dans le cabinet du conservateur. D'autres portraits tie bienfaiteurs et d'adminis- trateurs de la Hil)liolhèque sont exposés dans les difl'érenles salles : l*r. Tarbé, Kt. Saubinet, Ch. (livelet, Siret, Louis Paris, Cli. Loriquel, V. I)iancH)urt. Ad. Dauphinot. Ad. Ilenrot, Eug. Courmeaux, A, Duchénoy, à côté de beaucoup de portraits de notabilités locales. (3) Les spj''ciui(iis des prouiiers imprimeurs rémois : Bacquenois. Jean de Foigny et autres sont placés dans une vitrine de la dernière sallt> à droite, et les dessins de leur ma. i|ue par K. Auger, ont élé réunis vu mi .illuim iclié in-'i»'. MARQUES DES PREMIERS IMPRIMEURS REMOIS 320 CONGRÈS DE l'aSSOCIATION FRANÇAISE œuvres ori^Miiales de poésie et de lillérature des ailleurs lémois ; enfin dans V llisloii-c, ce cjiii eoncerne les chroniqueurs, les anna- listes locaux, les fêles des Sacres, la biographie, Tarchéologie de la ville el de la contrée, le Nobiliaire de Champagne àQ Caumartin. On le voit, le champ est immense, toujours ouvert aux chercheurs du pays en quête de documents sur la vie du passé, sur le progrès du présent, sur les améliorations, les découvertes nouvelles de Tavenir. Nous ne quitterons pas le Cabinet de Reims sans visiter la petite pièce contiguë, réservée au conservateur et contenant, sous sa garde, les archives et les registres de la Bibliothèque et du Musée (1); elle offre aussi dans ses vitrines et sur ses rayons de précieuses séries de livres sur la Bibliographie en général, la collection de la Société de VHistoire de France, les Alnianachs royaux, etc. Iconographie Toute Bibliothèque a pour complément un dépôt de cartes, d'estampes et de lithographies, reliées en recueils ou classées en portefeuilles, et ofTrant de multiples séries de portraits, de vues, de plans, de monuments et de scènes historiques 2j. C'est le Cabinet des estampes des plus modestes collections. Outre ces séries générales que possède la Bibliothèque de lieims dans le bas des vitrines des deux grandes salles et dans les portefeuilles Louis Paris, elle a l'inappréciable bonne fortune (h; j)osséder une collection d'iconographie rémoise, formée par deux Rémois au cours entier du xix'" siècle, et léguée par eux à leur ville natale. C'est la collection Saubinet-Givelet, contenue en trois armoires installées dans la dernière salle à droite. Bien (ju'il n'existe pas encore de catalogue imprimé des miniers de [)ièces ([u'elle contient, les recherches sont assez- faciles sur ses rayons, gi'àce aux dossiers formés pa?* les collec- tionneurs lorl experts : j)ortrails de personnages rémois, ecclé- siasti(iues. magislials, militaires, etc. : œuvres des graveurs et (!) Les «loir/r rcfçislros dr corrospondaïue, allaiil dr \\>'M\ à i'.KK, sont des iniiM's dr rrtisti^Micnunls sur Ions lt*s lails ol découvcrlos iiilt'>rr.ssant l'hisloirt» ri l arrlu'olojçÎP locales. (2) A nolrr i«-i un f.\fni|il.iirc hors liL;nc du Monnsl i((>u (itil/icaninn provo- nanl il»* 1 ahltayc «le Sainl-»Nirais«'. -mi deux vt)lnnK's ^v. in-lolio, rrlinio plriiu*. MARQUES DES PREMIERS IMPRIMEURS RÉMOIJ 22 322 CONGRÈS DE l'aSSOCIATION FRANÇAISE artistes rémois, plans et vues des monuments antiques, reli- gieux, civils, vieilles maisons, plans de la ville, portes, remparts, etc., imagerie, productions diverses des presses locales, etc., etc. Ajoutons qu'en dehors de ces armoires spéciales d'icono- graphie, il y a pour le curieux à feuilleter YŒuvre de Robert Nanteuil^ l'illustre artiste rémois, reliée tout entière en sept volumes in-folio, et VŒuvre des Varin, ces habiles graveurs champenois contemj)orains, classés en de nombreux portefeuilles. L'Oeuvre de Georges Baussonnet, dessinateur rémois, et celle de Claude Chastlllon^ topographe chalonnais, pour la Champagne, ont été également réunis en des recueils reliés. La série des albums est venue récemment se joindre à ces grands recueils pour attirer l'attention et former le goût des jeunes travailleurs, non moins que pour sauvegarder bien des types précieux et rares : Album d'Ex-Libris rémois, français et étrangers^ anciens et modernes ; — Album des marques d'imprimeurs rémois ; — Album de billets de faire-part (naissances, mariages^ décès), menus, invitations diverses, programmes rémois ; — Album de cartes de visite des notabilités locales; — Album de portraits de la ] bibliothèque^ conservateurs, bienfaiteurs, administrateurs. Ce sont là sans doute des détails dans Tensemble majestueux d'un grand dépôt, mais des détails pleins de charmes, amusants par- fois, jamais frivoles, toujours curieux à consulter et à garder pour l'étude des mœurs locales, du goût public et de la vie d'une époque. Numismatique, Sigillographie Moulages Ce dernier genre de richesses, que nous annexons volontiers à la Hibliothèque, pourrait aussi bien se joindre aux collections (hi .Musée. Mais, outre que la place de ces objets est actuellement compi'ise dans TcMiceinte de la Hibliothèque, nous aimons à v voir (»n raccoui'ci h^ (^.abinet des Médailles et le Cabinet des .\iiti(|ues de notre dépôt. La ville de Ueims posséda, dès le milieu du wiir sièch\ un médailliei' aiili(|U(' provenant du ('ollège des Jésuites de Reims, (|ui snbil (b's p('M-ip(''lies diverses sous la lîcvolulioii, mais se itI rouv*' encore (l;ins son intégrité an Mus(><' rel lospeclif ( h. (I) (il. liftnfusiiDid , par liOuis Pakis, IS'iô, p. WHW à ',\HCi, BIBLIOTHÈQUE DE REIMS 323 Le méclaillier romain de Victor Duquénelle est le plus vaste ensemble monétaire que nous possédions (1). Il est renfermé dans un meuble en acajou et ne doit être modifié, ni complété. Les séries en or sont admirables de pureté et leurs plus beaux types furent exhumés du sol rémois. Ce sont donc des trésors locaux dont peut être justement fière la ville qui en a hérité en 1883. Le reste des collections numismatiques est conservé, sans classement rigoureux, dans un grand meuble à tiroirs surmonté de vitrines plates, qui reste en dépôt au musée rétrospectif, contigu à la salle de lecture de la Bibliothèque. Les tiroirs sont remplis, la plupart, de médailles et de monnaies de toutes les époques : gauloise, romaine, franque, du Moyen âge et des temps modernes. Les vitrines offrent, d'un côté, les séries anti- ques de Tancien médaillier de la ville et les médailles des sacres depuis le sacre de François P' jusqu'à celui de Charles X (2), et, de l'autre côté, le médaillier rémois depuis Tère antique jusqu'à nos jours, classé en 1875 par M. Maxe Werly, à la suite de ses études sur la numismatique rémoise (3). Des acquisitions et des offrandes journalières viennent s'accu- muler dans les tiroirs d'un secrétaire où le conservateur les range au fur et à mesure, mais il faudra bien un jour reprendre le clas- sement méthodique de toute cette collection, assurément très riche. Les sceaux n'offraient pas moins d'attraits que les monnaies pour les classements en vue de l'histoire rémoise et même de l'histoire générale. Il en était beaucoup de ces sceaux laissés épars de tous côtés ; ils viennent d'être réunis en une vitrine spéciale dans la dernière salle de la Bibliothèque, pavillon sur la rue des Consuls. Là, les amateurs de sigillographie rencontreront une véritable collection de matrices originales depuis le Moyen âge, de sceaux et de cachets de toute provenance et de toute date, ainsi que des reproductions et des moulages. Cet ensemble a été classé aussi exactement que possible dans un relevé non encore publié, mais dont les divisions et les plus (1) Tenu en réserve dans la salle de dtoile de la Bibliothèque ; lire sa des- cripiion dans le Calalog^ue manuscrit de l'auteur et dans Travaux de l'Académie de Reims, t. LXXIV, p. 382 à 408. (2) Collection des sacres publiée par M. Adrien Blanchet, Médailles et Jetons du sacre des Rois, br. in-8, 1889. (3) Continuation depuis 1898 du classement des diverses séries par I\I. Adolplio Bi-i.i.EV(»YK. numismate rémois foi t obligeant. Nous le remercions de sa collabora- lion eu faveur de la ville. 324 CONGRES DE L ASSOCIATION FRANÇAISE reniarqiial)les types ont donné lieu à une communiralion au Congrès des Sociétés savantes (1). Des empreintes sur cire ont été prises pour cha(|ue pièce, et la Bihliolhèque [)Ossède d'ailleurs une collection nombreuse d'empreintes du môme genre dans un carton du cabinet du conservateur. K5 :^ 5. BIBLIOTHÈQUE DE REIMS 327 divers, publications locales ; Henri Menu (rue de Bourgogne, 40), livres et documents sur Reims et la Champagne ; F. Michaud (rue des Telliers, 8), raretés en tous genres, superbes reliures ; feu Louis Pommery (au château des Rozais, près Rilly-la-Montagne) ; famille Henrot (rue .Gambetta, 73), œuvres de médecine et d'his- toire recueillies par plusieurs générations ; H. Walbaum (rue de Talleyrand, 7) ; Louis Tourneur (rue de l'Ecu, 13), livres rémois de de feu V. Tourneur, et bien d'autres collectionneurs encore qu'il serait certainement utile de faire connaître aux visiteurs, s'il leur était possible de tout voir et de pénétrer partout sans indiscrétion. Respectons le mur delà vie privée des bibliophiles. MUSÉE Par M. H. JADART, Conservateur Historique - Aperçu Général La fondation du Musée de Reims remonte au milieu du xviii'' siècle, si Ton se rend compte qu'il est encore Théritier d'une partie des riches collections de l'Ecole municipale de dessin, fondée à cette époque à l'Hôtel de Ville. Plusieurs portraits et des bustes de célébrités locales vinrent ensuite augmenter le mobilier artis- tique de cet édifice, et l'ensemble formait déjà, au moment de la Révolution, une belle collection qu'allait décupler le contingent des œuvres d'art enlevées des abbayes, des couvents et des églises, ou confisquées sur les émigrés (1). Un dépôt provisoire de ces richesses, garanties à titre de propriétés nationales contre tous les risques d'aliénation et de vol, lut établi dès 1792, dans l'ancienne maison des Magneuses, pai' un rémois plein de zèle, Nicolas Bergeat, ancien vidame du (Chapitre, et amateur éclairé des arts (2). Leur transf'oi't s'opéra à l'Hôtel de Ville en l'an III, et leur installation s'elï'ectua dans les salles de l'ancienne Ecole de dessin, mais l'organisation du Musée ne devint régulière et la collection accessible au public qu'en l'an VIII, selon le livret qui fut alors publié ÇA). Les choses restèrent en l'état, toujours sous la surveillance de Nicolas Hergeat, jusqu'à la dispersion, que la numicipalité autorisa, vers 18()(), de ce renia r(juable ensemble dont il ne resta que des pièces isolées. La Bibliothèque publi([ue vint prendre possession du local du Musée de 1808 à 1812. (1) Cataloyuc du Musée de iicims, par Ch. Louiquet, 1881, introduclion, ,,. VI (2) Nicolas Benjeat, dernier vidame du Chapitre, premier conservateur du Musée de lirims, par 11. .Iadaut, hr. iii-8, 1880. l'W hidiratiioi df^ liildcaux exposés au ISalo)i de Printure 'o. liàm. - I'. Cftiiarl. LES FASCl.NLS Uh L\ Lll.VUlTt, ISUO (^ TAULLAU Ut .MOK£AL UL TOt'KS) l'nion Photo. Rémois». - Paul Canari. MUSÉE DE REIMS. COLLECTION CRANACH PÈRE ET FILS (Ecole allemande 1515- 13S6) Inconnu. Le Duc Ernest de Brunswick. Sibylle de Glèves, femme J. Frédéric. de Inconnu. Le Duc Philippe de PomtTanie. Jean Frédéric 11, fils des Précé- dents. Portrait présumé de Granacli le Jeune. Inconnu. Fils de Jean-Frédéric Je Maganime. t MUSÉE DE REIMS 335 La portion de droite de la grande salle et les panneaux du milieu (sauf ceux qui offrent des Scènes de la Passion, de l'Ecole flamande), sont entièrement remplis de tableaux modernes aux noms les plus divers, parmi lesquels nous nous contenterons de citer ceux de Uibot, de Henner, de Petitjean, de Pille, de Binet, de Moreau (de Tours), de Pagnest, de Brouillet, de Laurent- Desrousseaux, de Thomas Couture, d'Emile Lévy, de Feyen- Perrin, de Gagliardini et d'Albert Maignan. A l'issue de la grande salle, vers l'ouest, une porte commu- nique avec une petite salle d'entre-deux, contenant des copies d'œuvres anciennes et quelques triptyques et œuvres des primi- tifs, puis l'on accède dans une vaste salle carrée, fort bien éclairée, qui est entièrement remplies d'œuvres modernes, oi^i, entre autres, se lisent sur la cimaise les noms de Brascassat, de VoUon, de Henry Lévy, de Billotte, de Smith-Hald, de Ilixens, de Piaffaëlli, de Roybet, de Maura et de Jules Adler. D'autres grandes toiles de Boudot, de Schredvvig, garnissent le haut de la muraille; citons parmi elles la Jeanne d'Arc entendant ses voix, de Benou- ville, et V Exorcisme, de Brouillet. Emaux, Brjoux, Minfatures & AQUARE1.LES Ce sont les vitrines de cette salle du pavillon d'angle sur la rue des Consuls qui contiennent notre collection d'émaux de Limoges, treize pièces, au nombre desquelles on remarque surtout la suite des Sybilles et quelques scènes de la Passion. Nos plus belles miniatures sont trois portraits légués par Maxime David, en 1886, qui se trouvent dans la vitrine en face, où d'autres miniatures (29 pièces), d'époques diverses, lesaccom- pgignent. Un très curieux ensemble est celui des boutons de l'habit du marquis d'Asfeld, offrant des figures mythologiques en blanc sur fond noir, dessinées avec la plus grande finesse. Quel- ques camées et mosaïques modernes, de provenance romaine, complètent la garniture de ces vitrines. Les quatre vitrines de la grande salle du Musée contiennent aussi quelques miniatures, l'une en préparation par Lié-Louis Perin, à côté d'objets précieux à des titres divers. (Citons les principaux : bâton sculpté de saint Gibrien ; bague en or avec 336 CONGRÈS DE l'aSSOCIATION FRANÇAISE y' perles, du xv siècle, à la légende : J'aLens, ; anneau pastoral du xi^ siècle, à la légende : Omis onerum ; boîte en or laquée, du sacre de Louis XVI (don Henri Sutaine) ; vases en argent, bijoux modernes, plaquettes de Roty et de Chaplain ; portrait de vieille femme, par lîibot; enfin les armes et insignes du maréchal Drouet d'Erlon, dans une vitrine spéciale. Les aquarelles et les gouaches anciennes et modernes (au nombre de 73) sont dispersées dans toutes les salles : on verra des miniatures à figures du Moyen âge fort curieuses, arrachées malheureusement à des manuscrits et recueillies dans des cadres exposés dans la salle d'entre-deux ; plusieurs éventails des xvii^ et xviip siècles, encadrés dans la grande salle ; des sujets divers exposés dans la galerie et surtout, au même endroit, les admirables bouquets de fleurs de Rivoire et de Madeleine Lemaire, si fréquem- ment copiées, provenant du legs Irroy. Toiles Peintes Les toiles peintes, comme nous le disions plus haut, forment une richesse unique dans les Musées de France, et une curiosité hors ligne pour Tétude de la tapisserie, des tissus, du dessin et de la peinture au xv^ siècle. Ces grandes toiles, provenant de l'Hôtel-Dieu de Reims (1), sont tendues au nombre de vingt-quatre pièces, les plus hautes, au nombre de sept, sur les parois de la cage d'escalier conduisant au second étage, dans le pavillon d'angle sur la rue de Mars, trois autres dans la salle précédant celle de la grande mosaïque, et le reste, c'est-à-dire quatorze pièces, dans la vaste salle contenant cette mosaïque. Les sujets dessinés sans doute comme cartons pour des tapisseries qui n'existent plus, ont été détaillés d'une façon fort miiuitieuse par M. Gh. Loriquet, après avoir été reproduits en album et décrits par M. Louis Paris (1). Ce sont des scènes de l'Ancien Testament : Jiidilh ci ItoIopJiernc, Esiher et Assucrus, La CkasLe Suzanne ; des scènes évangéliques : La Piscine probatiquc, (1) Conservées par les religieuses Augustines de cette maison jusqu'en ISTG, cxposdes au Mu8(^e depuis cette date. (lî) Toiles ]trintcs rt Tapisseries de ht Ville de lîei))ts, lH'i:>, 1 vol. et allas. (Uttalois oui L ENFANT A LA CAGE DE PIGALLE (I) Un dessin tle roslilulion du candélal)!»' de Saiiit-luMiii, pai- V. ("lliarlior, e8l exposé à cùlé de ce chef-d'œuvre. MUSÉE DE REIMS 341 encore place au Musée : Alph. Perin, S. Masson, avec ses charges comiques, Bertozzi, Wendling, Egaze, Goutin, avec des œuvres et des restitutions très habiles (1). Quant aux artistes français, signalons les noms de Farochon, Walcher, Legendre-Héral et Eugène Guillaume, pour leurs statues de Golbert ; de Goinchon, pour celle de Drouet d'Erlon ; de Riondet, Franceschi, Moreau-Vauthier, Aizelin, Emile Soldi, La France, Lanson [La Résurrection)^ Injalbert {Christ en Croix)^ Peynot {Vendanges)^ Gautherin {Jeune Mère), Ederlin {Joueur de billes), J. Pillet, J. Félon, pour des œuvres en marbre, en pierre et en plâtre, disséminées dans les endroits les plus divers. Enfin, dans la grande salle, voyez la maquette du Souvenir de Bétheny^ avec la statue de l'Empereur de Russie (1901), par Jacques Froment-Meurice. En outre, une série importante de bronzes de Barye, légués par M. Warnier, sont renfermés en une vitrine spéciale, à la place d'honneur, dans la grande salle. Tout autour de cette salle, se détachent aussi quelques meubles du xviii*' siècle, un bureau, une commode, une console, une table ovale, tous de bonne facture avec leurs cuivres ciselés et leur fine marqueterie. D'autres meubles de la Renaissance, armoires, coffres, dressoirs, bancs, sont restés au Musée rétrospectif; enfin des panneaux décoratifs, avec des fleurs et attributs du xvni^ siècle, garnissent la muraille dans le vestibule de l'escalier du Musée archéolo- gique. CÉRAMIQUE La céramique antique est représentée au Musée par une belle suite de vases étrusques provenant de la collection Gampana (2), et par d'autres suites de vases gaulois, romains et francs, dont nous parlerons plus loin en parcourant le musée archéologique. La céramique du Moyen âge offre des spécimens dans les vases de formes diverses du musée ethnographique, et surtout dans les riches séries de carreaux vernissés recueillis en divers (1) On trouve en outre de nombreux médaillons avec portraits au Musée rétrospectif et à la Bibliothèque. (2) Vitrine spéciale au Musée archéologique, sur le palier. 342 CONGRÈS DE L'ASSOCIATION FRANÇAISE endroits de la ville (1) et dans les environs. Le carrelage entier du château de Vernay, près Saint-Imoges, décoré de fleurs de lis et de châteaux de Castille, fut découvert et reconstitué par M. Léon Foucher en 1878, et acquis par le Musée à sa vente ; il sera plus tard l'ornement merveilleux d'une salle réservée à la céramique du xiii' siècle (2 . Un legs de céramique, d'une munificence princière, échut au Musée, en 1890, par le testament de Madame veuve Pommery, qui pourvut aussi à l'arrangement et à la décoration de la salle spéciale où sa collection est conservée, au premier étage du pavillon sur la rue de Mars. On y voit, disposées dans les vitrines et sur les murs, une (juantité considérable de pièces de choix et d'une nature très variée, oil'rant les plus beaux spécimens des faïences de fal)riques anciennes, françaises et étrangères. 11 en est même de fabriques très voisines de Reims, fort oubliées maintenant, celles d'Epernay et de Chigny. L'ensemble aurait gagné à être présenté d'une façon métho- dique par ateliers et par époques, mais ce classement mieux compris pourra être réalisé un jour dans le futur musée. Au fond de la salle, se détache le buste en marbre de la bienfaitrice par Ghavalliaud, offert par la famille. Une générosité semblable avait été réservée à la ville par le testament de Madame veuve (jerbault-Sibire, décédée en 1889, mais les pièces également fort intéressantes de sa collection de céramique n'ont pu être exposées en groupe; elles sont disper- sées et remplissent trois vitrines, situées au premier et au second étage du pavillon sur la rue de INIars. Le Musée possédait auparavant quelques types assez curieux de faïence usuelle, entre autres un plat du xyiii*^ siècle, aux armes de la ville, seul reste d'un service municipal. 11 a vcvu de nos jours des spécimens authentiques de la fabrique de Fismes (jui a fort peu duré Musée rétrospectif . Enfin le don si étendu de M. riiéopliile Habert lui a valu la colh^ction des faïences palrioticjues de l'Aube et une quantité de pièces de choix de divcîrses f;d)ri(jn{\s de France .Musée archéologi(|U(* . (1) Sur Iriuplacfiiient do l'ancienne église Sainl-Denis, sur la place Hoyale, dans un terrain au bas de la rue des Moulins; ceUe dernière trouvaille a été reconstituée par M. l^. Hnindtc, an musée lapidaire, sous le cioilre de Saint-Remi. (2) Un dessin en couleur de ce carrtlai^e est exposé dans la salle riculture, Usten- siles de nié/u/ge. Industrie de la laine et du chanvre. Poids et Mesures, Cliaulfage^ Eclalrai>e, Prisons, Serrurerie, Messasj^erles et Postes, Cor/)oratlons^ Usages funéraires, Objets religieux. Jeux, Armes, Costumes. La suite n'est pas clos(\ ni le contenu de chacpie série non phis, mais un effort considérable a été opéré (hms un but éminemment conservateur et instructif. Ces choses sont (K^stinéesà l'examen plus qu'à la description ; nous laisserons donc les visiteurs en face de nos vitrines, en les prévenant seule- ment (jU(^ (h's éli(|uettes fixent l'origiiH^ de cliacjue objet et le renvoi au l'egisli-e explicatif, inentioiiiiaiit les entrées par ortlre chronologitpir MUSEE DE REIMS 345 Mais il ne laiit point quitter cette salle sans inviter en outre les visiteurs à se rendre compte de beaucoup d'autres objets exposés de longue date sur les murs ou dans les vitrines à titre de souvenirs historiques ou de curiosités locales : les drapeaux et étendards du couronnement de l'Empereur de Russie, obtenus du maire de Moscou, par l'intermédiaire du baron de Baye; la statuette du Dieu Mars, de l'ancienne Porte de Mars ; les bustes des Césars, d'un ancien hôtel de la rue de Talleyrand ; le cofFre MUSEE RETROSPECTIF en bois aux armes du Chapitre de la ville ; les coffrets en ivoire et en cuivre estampé ; le tabernacle de la Vierge (morceau très curieux) et d'autres objets en ivoire; des figures et figurines, bus- tes, statuettes en albâtre, en bronze, en cuivre, en bois, des insi- gnes de sociétés rémoises ; les clefs de la ville présentées aux derniers sacres ; enfin des décorations de tous les régimes et de tous les genres. Musée Archéologique Les pièces capitales de l'archéologie à l'Hôtel de Ville sont les mosaïques gallo-romaines et du moyen âge, trouvées en diffé- rents endroits de la cité et transportées à grands frais dans des locaux divers du Palais municipal. m 346 CONGRÈS DE l'aSSOCIATION FRANÇAISE La principale de nos mosaïques, l'une des plus vastes du monde, œuvre du IP ou IIP ?iiëc\e, dite Mosaïque des Promefu/drs\ du lieu de sa découverte en 1860, ou d'après son sujet. Mosaïque des Jeux de r Amphithéâtre^ fut installée en 1885, dans une salle des combles du côté de la rue de Mars, sur l'initiative de M. le D' Ilenrot, maire de Reims, par les soins de M. E. Brunette, architecte de la ville, et de Giudici, mosaïste à Reims (1). Puis vint, en 1890, la découverte de la Mosaïque des Lutteurs, dans une habitation de la rue Perseval, transférée contre le mur du tond de la salle des mariages, par le même mosaïste, aux frais de la ville et de l'Aca- démie de Reims (2). Plus récemment encore, en 1892, la mosaïque offrant aussi deux lutteurs, qui décore le parquet de la salle des Céramiques de M""^ veuve Pommery, fut trouvée dans la maison n° 35 de la rue de Vesle. D'autres fragments plus ou moins impor- tants de mosaïques romaines se voient, en outre, au musée archéologique et dans un sous-sol de l'ilotel de Ville ; on a déposé au musée lapidaire du cloître de l'IIôtel-Dieu, le motif central d'une assez grande mosaïque, mise au jour dans l'ancien hôtel de la Croix Blanche, rue de Mars. Quant aux mosaïques du Moyen âge (xii® siècle), les deux plus intéressants morceaux en furent recueillis l'un dans l'habi- tation de M. Frédéric Lelarge, rue Saint-Symphorien, sur l'empla- cement de l'ancienne église de ce nom, et l'autre, auprès de la tour nord du portail de la cathédrale (Scène du sacrifice d'Abraham). On verra ces deux fragments dans la salle de la grande mosaïque et au musée rétrospectif. Tous les autres vestiges d'archéologie sont exposés dans les deux saUes coatigués du second étage du pavillon sur la rue des Consuls, entassés, comme nous le disions plus haut, sur les rayons des vitrines, tant hautes que basses, qui garnissent ces salles dans toute leur étendue et sur toutes les faces. La salle de droite, en entrant sur le palier, est affectée aux temps préhisto- ri((ues et gaulois, celle de gauche à la période romaine et l'rancjue. Commencées avec la réorganisation du Musée vers 1835, ces collections multiples et presqu'entièrement locales, sont du plus haul inlérèl pour b's visiteurs rémois et étrangers. Bien des géné- rations (r;imat(Mirs, de fouilleurs et de bienfaiteurs ont travaillé (1) Voir pour la desoriplioii l'onvrau^e «le M. Charlos Lokh»ui r, formant le l. XWII «les Trarnu.r dr rAcailrmic de Ixcims, ISGO. (-2) Ihidetn, l. Ci VU, p. 337. MUSEE DE REIMS 347 à leur formation et à leur classement assez bien compris dans l'état actuel, malgré Texiguïté du local. Cilons-en quelques-uns: Louis Paris, Victor Duquénelle,Gh. Loriquet, Blavat, LéonFoucher, Gh. Goyon, Théophile Habert, D"" Guelliot, Henri Favre, J. Orblin, Logeart, Gardez, etc. Que l'attraction se maintienne en faveur de ce dépôt municipal, qui en suscitera d'autres et perpétuera, parmi nos populations trop oublieuses du passé, le goût et le sens de l'archéoloofie ! Toutes les grandes périodes sont représentées au Musée, chacune bien spécialisée : les époques préhistoriques avec de nombreuses séries de haches et de silex taillé, une cachette de fondeur, etc. ; — l'époque gauloise avec une quantité considéral^le de vases, de torques et de bijoux en bronze, un bracelet en or, des armes, etc. (1) ; — l'époque gallo-romaine, la plus riche naturel- lement, avec un contingent énorme de vases en terre cuite et en verre, un grand nombre avec inscriptions, de bijoux, de statuettes en bronze, de lampes, d'objets divers (2) ; — l'époque franque et mérovingienne, avec moins de pièces sans doute, mais avec des parures hors ligne, comme celles de Floing, celle trouvée à Luthernay et offerte par M. Duquénelle en 1882, et celle de Mont- Saint-Remy, acquise en 1905 (3). Tenons-nous en à ces aperçus et à ces chiffres sommaires, mais engageons l'antiquaire à passer lui-même en revue, par le détail, tout le contenu des vitrines à trois ou quatre rangées en profondeur. Le conservateur ou le gardien, J. Orblin, s'empresse- ront d'ouvrir celles qui attireront particulièrement l'attention du curieux, et ils présenteront à tous les documents sur l'origine et la provenance des objets. Le visiteur pourra lui-même consulter le registre d'inventaire ou recourir au catalogue imprimé qui a déjà été mis au jour sur une portion importante de ces richesses trop peu connues (4). (1) Epoque gauloise, 530 vases, 68 torques, 194 bracelets, 35 épées, 60 lances et couteaux (Relevé du 23 décembre 1906). (2) Epoque romaine, 500 vases en verre, 1500 vases en poteries diverses, 24 colliers de verre et de jais, 1 70 fibules en bronze, 5 lampes en bronze, 66 lampes en terre cuite, 78 bagues en bronze et en jais, 35 bracelets en bronze, 49 bracelets en jais, 40 statuettes en terre cuite, 20 clefs en bronze, 15 objets divers en or, 80 statuettes, bustes, figures diverses en bronze (Relevé du 12 août 1906). (3) Epoque mérovingienne : 14 objets divers en or, boucles d'oreilles, etc.; 135 vases en terre, 13 fibules en bronze, 26 colliers en différentes matières {Registre de correspondance de la Bibliothèque, 1906, p. 324). (4) Catalogue du Musée archéologique, fondé par Théophile Habert, 1902, volume illustré. Prix : 2 francs. 348 . CONGRÈS DE l'aSSOCIATION FRANÇAISE Musée Lapidaire Les monuments en pierre ou en marbre ne forment en prin- cipe qu'une des sections d'un musée archéologique, mais leur nombre et l'espace qu'ils occupent nécessairement en l'ont en réalité un musée à part. A Reims, ils comprennent même plu- sieurs musées distincts, répartis en quatre locaux très éloignés les uns des autres, comme nous l'avons exposé au début de cette notice. Le plus bel ensemble, le seul même qui soit présentable au public, est à l'Hôpital civil, sous le cloître de l'ancienne abbaye de Saint-Remi et contigu à l'église de ce nom. Le travailleur visitera quand même les autres dépots lapidaires, sans souci de leur état plus ou moins satisfaisant, et nous lui ferons tout voir sans redouter l'investigation du savant. Avant d'être disposé assez méthodiquement sous ce beau cloître en 1896, le musée lapidaire avait été organisé, vers 1865, à l'aide de dépots plus anciens dont nous avons parlé, dans la crypte ou chapelle basse de l'archevêché, avec l'agrément empressé de S. E. le cardinal Gousset, sur l'initiative d'une commission d'archéologie nommée par l'Académie de Reims et à ses frais. Là, dans ce lieu obscur, mais bien clos, s'entassèrent, pendant trente ans, les plus précieux morceaux exhumés du sol des cimetières gallo-romains et des ruines d'édifices du Moyen âge. Autour du célèbre tombeau de Jovin, l'un des sarcophages romains les plus riches de France, se groupèrent: ici des débris de l'Arc de triomphe, des autels, des chapiteaux antiques, des stèles avec inscriptions ; là, des bas-reliefs romans, des chemi- nées, des colonnes, des épitaphes, des linteaux, des enseignes, spécimens de l'art gothique et de la Renaissance (1). Toute cette collection dut être déplacée, il y a dix ans, et installée, aux frais (h^ la Ville, à l'Ilotel-Dieu, dans un plus beau jour, mais avec des risques inévitables en cet endroit l'réquenté par des services si {lin'('M*enls. relie (|u'('ll(' est cependant, cette galerie, fort accessible, en (1) Le Muiii'r lapidaire remois dans la chapelle basse de IWrchevêchr J865- 18'.)5). ralal()};iio illustn^ puhlié on IH'.^f) dans les Travaa.v de rAcadémie de Reims, l. X(^V. j) IH;{ à '2S2. Tirage à pari à 300 exemplaires, déjà signale plus haut. MUSÉE DE REIMS 349 s'adressant au concierge, offre au visiteur un coup d'œil satisfai- sant et des sujets d'étude en tous genres. Il s'en faut que les autres dépôts ou tronçons de Musée soient aussi favorables. A l'Hôtel de Ville, c'est dans le vestibule des bureaux de la Police qu'il faut examiner le bas-relief si curieux des Trois Divinités gauloises, trouvé à Reims en 1837 (1), ensuite il faut descendre dans un sous-sol, par l'escalier du calorifère, pour visiter un ensemble non classé de débris innombrables des âges antiques, du Moyen âge et même des temps modernes. Là, gisent des tombes en plomb, des monuments funéraires avec inscriptions, des statues, des cubes de mosaïques, des fragments d'épitaphes, vestiges de nos anciennes églises, ou pierres de fondation d'hôtels particuliers, le tout amoncelé dans une demi- obscurité. Le même amoncellement de morceaux divers, mais avec des blocs plus considérables et une meilleure lumière, se retrouve dans le fond d'une écurie de cavalerie au quartier de Glairmarais. Le local est clos et préservé lors du passage des troupes, mais il n'est pas à l'abri des jets de pierre du dehors et d'autres risques du voisinage. On a sauvé, toutefois, grâce à ce local concédé par la municipalité en 1884, bien des morceaux de sculpture anti- que ou plus récents, dignes, en tous cas, d'attention et même de respect par les souvenirs qu'ils évoquent: tombes romaines, reta- bles et dalles funéraires, frontons d'édifices publics ou de modestes logis, taques de foyer, etc. L'efïort pour leur préservation n'est pas perdu, et l'historien démêlera volontiers toutes ces choses avec intérêt, même dans le dédale où elles sont présentement. Encore une visite qui s'impose à l'antiquaire désireux de tout parcourir, de tout connaître, voire même de dessiner des profils ou d'estamper des textes antiques, c'est celle du cimetière de l'Est, où un abri, près de la demeure du gardien, recèle bon nombre de stèles gallo-romaines découvertes aux environs et d'énormes sarcophages transportés à grands frais des terrains contigus à la voie de Reims à Trêves (2). C'est au milieu de ces témoins irré- cusables et instructifs des âges et des civilisations d'un passé si lointain, que nous laissons le visiteur sous l'impression de la (1) A rapprocher des autels de divinités, dites tricéphales, groupées dans une vitrine du Musée archéologique, sur le palier. (2) Le commandant Espérandieu, si laborieux maintenant à Alise, a passé plusieurs heures à estamper ces inscriptions lors de la visite de l'Empereur de Russie en 1901. 350 CONGRES DE l'aSSOCIATION FRANÇAISE grandeur du Ileims antique. Avec lui, au milieu des indifférents qui n'ont point le sens de l'antiquité et qu'éblouit seule notre civi- lisation, nous répéterons le conseil de Pline : Revcrerc ^lofifun vetereni... et liane ipsam senecLuleni^ quœ in liomine venerahllis ^ in urbibus sacra est. Collections Particulières Il n'existe à Reims aucune galerie d'art publique en dehors du Musée. L'Administration des Hospices, l'Ecole de Médecine et la Chambre de Commerce offrent quelques portraits de leurs anciens membres. L'Archevêché contient une suite de portraits d'archevêques, dont celui du cardinal de la Roche-Aymon, par Roslin, est le plus remarquable. Pendant longtemps, la Société des Amis des Arts a ouvert au Cirque de remarquables expositions de peinture et sculpture, dont il nous reste les livrets de 1838 à 1904 (1). Quant aux collections particulières, elles ont été fort nom- breuses, mais elles ont diminué, par suite du décès ou du départ de bien des amateurs dont il ne reste trace que dans le relevé des deux Expositions rétrospectives si remarquables dont nous avons été témoins (2). D'autres amateurs, MM. Lundy, Kasparek, Warnier, Irroy, etc., ont enrichi le Musée de la Ville et y revivent. Les œuvres de l'art ancien, les portraits spécialement, pein- ture, miniature, sculpture, se retrouvent néanmoins encore très abondantes chez quelques-uns de nos concitoyens : MM. L. Robillard (rue Salin, 2), Fremyn de Sapicourt (rue de la Clef, 7 , A. Debatz (rue de l'Avant-Carde, 3), Léon Morel (rue de Sedan, 3 , D*" E. Luton (rue des Augustins, i), Paul Civelet Jjoulevard Cérès, 12), etc., etc. Les œuvres de l'art contemporain se retrouvent aussi en maintes collections ou dans les appartements de bien des familles (|iril est impossible d'énumér(U*. Pour les (q)0(|ues classicpie et r()manli(jue, surtout pour Pécole imj)r(*ssionniste aciucdh*. il n y a l'icn au-dessus de la série incoinpai'able ((u'a rcMinie M. Ilenry (1) Série compKlc à la liibliolliccjuo ili- la ville. (2) Consulter les Catalogues des Expositions rétrospeclive», ouvertes au l*aiais de 1 Arclie* èclu' de Reims en 187() et en IHDô. MUSÉE DE REIMS 351 Vasnicr, dans son hôtel du boulevard Lundy, 72, où les toiles modernes resplendissent de lumière dans le plus harmonieux ensemble. Un seul tableau du xvni' siècle, un portrait de Nattier, rappelle les anciens maîtres, et les modernes sont légion en nombre et en valeur : Meissonier, Théodore Rousseau, Diaz, Corot, Harpignies, pour ne citer que les plus illustres, auxquels le généreux Mécène a joint volontiers les œuvres de nos peintres rémois : E. Barau, A. (niéry, E. Wéry surtout avec son Groupe d'Enfants brelons^ etc., etc. Cette galerie est un musée, qui vient d'être légué à la ville par ce bienfaiteur insigne, récemment décédé (28 février 1907). Maintenant poursuivons la liste des amis zélés de l'art moderne qui embellissent leurs demeures des tableaux, d'aqua- relles et des dessins signés de noms connus et estimés : MM. Pol Charbonneaux (rue Saint-Symphorien, 33], Franz Goërg (boulevard Lundy, 46), feu le comte Werlé (rue du Marc, 18), feu Brisset-Fossier (place des Marchés, 27), Paul Simon, artiste lui- même pour les vitraux de la cathédrale (place Belle-Tour, 1), Piohart (rue de Vesle, 154), Goussiez (rue Châtivesle, 51), Maillet- Valser (rue Boulard, 23), feu L. Pommery (rue Vauthier-le-Noir, 7), et sans doute beaucoup d'autres que nous regrettons de ne pas connaître. Diverses collections spéciales sont aussi à citer, celles de M. l'abbé Trihidez (rue des Capucins, 73), pour les objets exo- tiques ; celle de M. Alexandre Henriot (rue de l'Université, 42), pour les affiches en tous genres et l'art japonais ; celle de M. Alfred Lefebvre (place Drouet-d'Erlon, 80), pour les plaques de cheminées en fonte depuis le xvi® siècle jusqu'à nos jours; celle du D"" Fiselbrand (rue Chanzy, 21), pour les meubles et la céramique ; celle de M. Th. Hubert (rue Thiers, 19), du même genre ; celle du D' Harman (rue Boulard, 13), aussi du même genre ; celle de Madame Lantiome (rue Noël, 3), pour les armes anciennes, et celle de Madame Kunkelmann (rue Piper, U, pour les curiosités de choix, les tapisseries et les meubles (1). Nous arrêterons là notre course, dignement remplie pour l'honneur de l'art, celui des artistes et des amateurs rémois. (1) Compléter cette liste à l'aide du Répertoire des Collectionneurs, Paris, E. Renart, éditeur, 1895-96, in-S". i ENSEIGNEMENT NON PROFESSIONNEL Par M. Paul DOUCE CE chapitre est destiné à faire connaître les établissements dans lesquels l'enseignement est donné à Reims au nom de l'Etat ou à titre privé. Dans le livre publié par le Congrès de 1880, le docteur Adolphe Henrot s'était chargé du même travail. Nous ne reviendrons que très sommairement sur ce qu'il a dit à cette époque de la vieille Faculté de Médecine (création de l'Uni- versité de Reims), du Lycée, de l'instruction primaire et des Sociétés diverses qui aidaient dans leur tâche les professeurs et les instituteurs, telles que la Ligue de l'Enseignement, la Société d'Horticulture et la Société d'Histoire naturelle. Mais nous ferons ressortir les changements qui se sont produits dans ces mêmes institutions et nous dirons quelles Sociétés nouvelles se sont formées. Il n'y a guère que l'Ecole de Médecine et le Lycée de garçons qui aient une histoire ; les autres institutions sont de création trop récente pour qu'on puisse parler d'histoire à leur sujet, mais nous indiquerons dans quelles circonstances elles sont nées et ce qui en a déterminé le succès. La loi de 1901 a facilité singu- lièrement toutes les initiatives tendant à diffuser l'instruction à tous les degrés ; dès lors qu'il devenait facile au moyen de forma- lités très simples, de constituer une personne juridique pouvant posséder et défendre, ne fût-ce qu'un intérêt moral, d'innom- brables sociétés se sont créées, donnant satisfaction au besoin qu'on avait partout de s'unir dans un but artistique, de bienfai- sance, d'instruction, d'assistance. Reims n'a pas été la dernière à 24 354 CONGRÈS DE l'aSSOCIATION FRANÇAISE profiter de la loi. De tous côtés les bonnes volontés ont surgi et on a vu le Journal officiel enregistrer le résultat de leurs efforts. Si nous avions à parler des Sociétés qui ont pour objet la bien- faisance sous la forme de la mutualité, un livre ne suffirait pas et c'est bien avec raison que notre ville a été appelée : « La Grande Mutualiste de France » ; nous n'avons à mentionner ici que celles qui se rattachent à Tinstruction. A la Ligue de l'Enseignement, à la Société d'Horticulture et à celle des Sciences naturelles dont a parlé le docteur Henrot, nous aurons à ajouter : L'Académie de Reims. L'Association rémoise d'Enseignement supérieur. L'Alliance Française. L'Guivre des Voyages scolaires. L'Université Populaire. La Jeune Champagne. Les Clubs Anglais et Allemand. Le Groupe Espérantiste. Et nous laisserons de côté ces Sociétés qui, n'ayant pas pour but l'instruction, continuent cependant à augmenter les connais- sances et les ressources d'un grand nombre d'habitants de la région, telles que : U Association Viticole Champenoise qui, en aidant les vigne- rons à combattre les fléaux de la vigne, leur apprend en quoi ils consistent et comment on peut arriver, sinon à s'en délivrer, du moins à diminuer considérablement les maux qu'ils engendrent ; La Caisse Héi^ionale agricole de l'Aisne, de la Marne et des Ardennes, (pii met le crédit à la disposition des cultivateurs de toute situation et les initie par là même à l'usage du papier de banque ; La Champagne apicole, où les adhérents trouvent à se rensei- gner sui' tout ce (ju'il l(Mii' importe de connaître pour l'élevage des abeilles. La \ ille est j)hMiie de gens animc's du désir (k^ s'instruire et d'inslruiic ; mais il faut reconnaître (|ue souviMit les entre[)rises les |>liis Jiisl ilis (|iialr(» l'acullés ordinaii'cs cl iiotamiiKMit la Mcdcciiuv ENSEIGNEMENT NON PROFESSIONNEL 357 L'Université de Paris fournit les premiers maîtres et dès lors on constate les libéralités que, par donation entre-vifs ou par testament, ceux-ci font à la Faculté ; la tradition ne s'en est pas perdue, nous la retrouverons de nos jours comme un témoignage de rattachement qu'a toujours montré le corps enseignant pour les institutions dont il est le soutien et l'honneur. Vers la fin du xvi** siècle, Antoine Fournier et Antoine Beau- chène construisirent dans une rue qui porte encore le nom de rue ARMES DE L ECOLE DE MEDECINE ET DE PHARMACIE de l'Ecole-de-Médecine, près de la Cathédrale et de la rue du Gardinal-de-Lorraine, une Ecole neuve. Un savant célèbre devenu médecin de Henri IV et de Louis XllI, Nicolas Abraham de La Framboisière, reçu docteur à la Faculté de Reims en 1586, fît profiter celle-ci de sa renommée ; les élèves y affluèrent, des maîtres remarquables y donnèrent un enseignement qui la mit immédiatement après Paris et Montpellier. En vain les Jésuites créèrent un enseignement rival et essayèrent de détruire l'œuvre de l'Université ; grâce à l'illustre recteur Thomas Mercier qui, dit le docteur Henrot, « y mit son bien et sa vie », et à la protec- tion du Parlement de Paris, s'appuyant sur les dispositions de la population hostile à l'esprit jésuite, l'Université triompha. Ses adversaires revinrent encore à la charge au xviii* siècle ; ils furent de nouveau battus et cette fois définitivement. 358 CONGRÈS DE L*ASSOCIATION FRANÇAISE Pendant cette période, la persécution religieuse avait été violente dans le Royaume-Uni contre les catholiques irlandais et écossais ; plusieurs centaines vinrent à Reims prendre les leçons de la Faculté de Médecine, des élèves passèrent maîtres et pro- fesseurs et prirent droit de cité dans la ville, au point qu'on a vu parmi eux se succéder plusieurs générations de médecins dans la même famille. Déjà à cette époque, un hôpital important à peu de distance de l'Ecole, fournissait à celle-ci une abondante matière médicale, et non seulement les professeurs soignaient et enseignaient, mais ils étudiaient avec les autorités locales les mesures à prendre au nom de Thygiène publique, particulièrement contre la peste, le goitre, les scrofules, maladies qui causaient à Reims de grands ravages et dont elle a été débarrassée par eux et leurs succes- seurs. La Faculté de Médecine vécut ainsi prospère et glorieuse jusqu'au grand bouleversement de 1794, ayant, après de La Fram- boisière, donné, avec Vallot de Clarac et Sénac, des médecins à Anne d'Autriche, Mazarin, Louis XIV et Louis XV, et à la Faculté de Paris et à la France d'autres savants et praticiens dont les noms ne sont ignorés de personne, Cabanis, Daubenton, les deux de Jussieu, etc., et des doyens illustres comme Monantheuil et Desessarts. Le docteur Dubourg-Maldan s'exprime ainsi : « Quand la Faculté disparut, par l'effet de la Révolution, il « n'y avait pas en France de cité considérable qui n'ait reçu « quelqu'un de ses docteurs. Elle en a répandu dans le monde « entier. Du jour de sa naissance à celui de sa destruction, elle (( promut au doctorat 3.322 étudiants, dont 1.992 Français et le c< reste appartenant pour la plupart à tous les pays du nord de « FEurope. » 1 800-185:5 i Après une période transitoire pendant laquelle l'initiative privée des médecins et des chirurgiens de la ville remplit, au point de vue de l'enseignement, le vide laissé par la suppression de la l'acuité, et d'où émerge le nom de « Noél », un décret de Napoléon, du \ mars 1808, et un arrêté du Ministre de l'intérieur, du 7 février 1809, fonchiient à Reims, dans les ho|)itaux, des cours théoriques et prali(|ues de médecine et de chirurgie sous hi double surveillance, détail à noter, à la l'ois du Préfet et de le ENSEIGNEMENT NON PROFESSIONNEL 359 l'Administration des Hospices ; l'Ecole fonctionnait comme toutes les institutions de ce temps, d'après un Règlement approuvé par le Chef de l'Etat ou son délégué, le Préfet. Elle reçoit le titre d'Ecole secondaire de Médecine et de Pharmacie,, et pendant un demi-siècle, malgré d'assez sérieuses difficultés avec l'Adminis- tration des Hospices, pourvoit aux besoins de la médecine, de la chirurgie et des accouchements ; la science dans les cours et la pratique dans les hôpitaux fournissent à la plus grande partie de la Champagne un personnel excellent. C'est pendant ces cinquante années que la direction de l'Ecole fût successivement confiée à Navier (1810), Gilbert de Savigny (1829), Hannequin (1851), et que les Simon, Duquenelle, Chabaud, Philippe, Petit, Grandval, Alexandre Henrot s'illus- trèrent à Reims. Mais les rapports entre l'Ecole et l'Administration étaient souvent difficiles ; celle-ci, toute puissante, refusait les locaux indispensables pour les cours de clinique ; elle ne prenait pas les mesures nécessaires pour prévenir l'envahissement des salles par la foule et quelquefois même les voies de fait contre les professeurs. Elle offrait un jour un grenier à foin comme salle de dissection. Question de dépense sans doute, sans laquelle une pareille incurie aurait été inexplicable ! De là des relations tendues dont souffraient à la fois le corps médical et le public. En 1846, l'administration se montrait de meilleure composi- tion, elle accordait une nouvelle salle d'anatomie, les écoles secondaires allaient être supprimées et remplacées par des écoles préparatoires. Les professeurs, heureux des bonnes dispositions de l'autorité et des changements qui s'annoncent, à l'exemple de leurs confrères de 1550, votent entre eux 1.100 francs pour la création d'un jardin botanique et 5.000 francs pour compléter le matériel nécessaire à l'Ecole. Au mois de mai 1851, ils obtenaient de la Commission des Hospices la concession d'une portion de l'ancien quartier des aliénés, dépendance de l'Hospice civil actuel rue Simon, p.our établir une salle de dissection et ^in amphithéâtre destiné aux cours. C'était le commencement d'une ère nouvelle. Désormais l'École n'avait pas seulement une personnalité, elle était chez elle. Un événement dont le souvenir est resté vivant à Reims et qui a trait à l'histoire générale de ce temps, marqua les dernières années de l'Ecole secondaire. Le docteur Alexandre Henrot, suppléant d'anatomie depuis le 12 janvier 1849, fut révoqué le 360 CONGRÈS DE l'aSSOCIATION FRANÇAISE 15 janvier 1850. Présenté au mois d'août 1851 à runanimité p • l'Ecole comme professeur, le ministre déclarait ne pouvoir l'agrée parce qu'il avait été Vobjet de mesures politiques. Et l'Ecole, te • jours unanime,, répondait au ministre en ajournant toute prése ■ tation définitive. 1853-1885 Un décret de Louis-Philippe du 14 octobre 1840 avait substité aux Ecoles secondaires des Ecoles préparatoires et réorgan é l'enseignement. Il ne fût appliqué à l'Ecole de Pieims par l'emj - reur Napoléon que le 12 mars 1853. Le docteur H. Landouzy était nommé directeur. Autour de lui un groupe de professeurs des plus distingi s de l'ancienne Ecole répondait de Tessor qu'elle allait pren( e sous le nouveau régime. Tous se mirent à l'œuvre avec un z e que soutenaient les encouragements du pouvoir public et s sacrifices pécuniaires de la Ville, qui devait désormais pourv:r à toutes les dépenses du matériel et du personnel. Le local delà rue Simon était agrandi. Une large publicité était donnée dan a Marne et les départements voisins aux avantages résultant delà récente organisation et les orateurs, dans la séance d'installatii, rattachaient.la prospérité qu'aurait certainement l'Ecole prépn- toire à celle de la vieille Faculté de médecine. Enfin, renouvelant les exemples de désintéressement don ^s par leurs anciens, les professeurs abandonnaient le dixième le leur traitement pendant trois ans pour combler les plus urgeies lacunes du matériel. Un vœu souvent exprimé alors et qui n'a jamais reçu Siis- faction était de voir les élèves internés à l'Ecole ; directen et professeurs paraissent toujours avoir considéré cette me^ re comme nécessaire au moins pour les jeunes élèves qui n'ont p nt leur famille en ville. On semblait, au Ministère de l'Instriu on publique, partager ce désir. Il n'a jamais été exécuté, la Vie, l'E.lat et le Département ayant reculé devant les dépenses qu sa réalisation pouvait entraîner. ^ Le docteur Landouzy, surmené par un travail excessif ( ns lequel l'administration de l'Ecole était pour beaucoup, succon ait en 1864 et était remplacé par le docteur Dubourg-Maldan éjà plusieurs fois cité. Ses discours de rentrée sur l'ancienne unier- sité et les réformes qu'appelle à tout instant l'administration un organisme important, brillaient par une profonde science e (b^ ENSEIGNEMENT NON PROFESSIONNEL 361 l'eaarquables qualités de style. Ils resteront avec de nombreuses ices manuscrites conservées à la Bibliothèque de la Ville, des dcuments d'une grande valeur qui seront quelque jour classés < t)ubliés par un érudit, ami de la famille du regretté docteur et w€ Remensiana. Il fut remplacé en 1881 par le docteur Luton qui eut la satis- facion d'encaisser pour l'Ecole un legs de 3.000 francs de M.Ouquenelle, ancien pharmacien, et, satisfaction plus grande, celi de provoquer et d'obtenir du corps des professeurs une su^ention de 15.000 francs pour la reconstruction des bâtiments de Ecole sur la rue Simon. Générosité vraiment admirable et dont on trouverait peu d'e.3mples dans l'enseignement, que ces concours si souvent renuvelés des maîtres à l'amélioration de l'édifice et du matériel des nés à favoriser les progrès de leurs élèves. 1885 1900 50usla direction Luton, grâce aux ressources que nous venons d'iniquer et au concours de la Ville qui avait alors pour maire le dcteur Henri Henrot, l'Ecole, la première en France, pouvait prof er du décret du 1^*^ août 1883, relatif à la réorganisation des Ecols préparatoires de Médecine et de Pharmacie. .'e nouveaux laboratoires étaient créés ; les cours du P.C.N., qui li permettent de faire fonction de Faculté dos Sciences, étaiet fondés et l'Ecole prenait encore une vie plus active sous l'imp Ision énergique de son directeur et des professeurs : Henrot, Decè, Pozzi, Langlet, Grandval, Golleville, Chevy, Lévêque, Jolie ur. Hache, etc î docteur Jolicœur en mourant léguait 1.500 francs pour la fondîion d'un prix. I. Luton succombait en 1896 laissant des études médicales ti< - ombreuses, que sans doute son fils réunira pour les preseter au public en un faisceau où les praticiens et les savants trouv:"ont de précieuses leçons et des conseils de haute portée. L docteur Henri Henrot, qui venait de quitter l'administra- tion ninicipale, remplaçait le docteur Luton, il est resté directeur depui cette époque jusqu'au l^'' novembre 1906 et il a aujourd'hui pour îiccesseur le docteur Langlet. D. 1896 à 1899 la plus grande partie des bâtiments de l'Ecole a été r:onstruite et aménagée et le 22 novembre M. Liard, direc- 362 CONGRES DE L ASSOCIATION FRANÇAISE teur de l'Enseignement Supérieur au Ministère de l'Instruction publique les inaugurait ; quatre ans auparavant, le docteur Roux, de l'Institut Pasteur avait inauguré le nouveau laboratoire de bactériologie. L'Ecole comporte actuellement, grâce à l'initiative du docteur Henrot et au concours pécuniaire de la Municipalité, une salle des travaux pratiques pour le P. C. N., une salle de cours pour la chimie, une pour la pharmacie avec bureau pour chacun des pro- fesseurs, une salle_ de préparations pour les pharmaciens, une salle de cours avec laboratoire pour la bactériologie, une autre pour l'histologie, une salle de physique et de physiologie, une LABORATOIRE DE BACTEKIOLOGIE autre de travaux pratiques, une salle de dissection, une salle pour l'histoire naturelle, un grand amphithéâtre pour les cours de médecine, des collections nombreuses, une bibliothèque de plus de 10.000 volumes, un jardin botanique et les locaux nécessaires aux services accessoires. 11 y avait, en 1900, une centaine d'élèves tant médecins que pharmaciens et sage-lemmes. Le personnel comprenait onze professeurs indéj)endamment (lu direclciur, sept professeurs suppléants et (jualre chefs de ser- vices divers. Nous aurons terminé cette notice en lappelanl ipTaiix noms déjà cités el (iiii a|)|);uliennenl à Ihisloire de la vieille l'acull(\ il l'anl ajouter («mix de Lancereaux, Duuiiel, Landou/.v, Troisier, (iilbcrl, llemy et l/umois, professeurs ou agrégés à la l'acult»» ib» Médecine de Paris, médecins des hôpitaux el |)i>ur la |)liij)ail ENSEIGNEMENT NON PROFESSIONNEL 363 membres de l'Académie, et celui du docteur Henri Henrot, membre correspondant national de l'illustre Compagnie. A l'École se rattache la Société médicale de Reims^ qui a son siège rue de Talleyrand, 28, et dont le but est l'étude des questions médicales au double point de vue de la science et de la pratique. Les travaux de la Société sont publiés dans le journal V Union médicale du No/'d-Est, imprimé à Reims et paraissant deux fois paT mois. I^ycée de Garçons Sa fondation résulte d'un décret de Napoléon Bonaparte du 16 floréal an X (6 mai 1802), rendu en exécution du projet de Fourcroy sur l'organisation de l'Université en France ; mais faute de professeurs et d'élèves il ne s'ouvrit que le 1*''' octobre 1804. Il succédait à l'ancien Collège des Bons-Enfants, dénomina- tion que les vieux Rémois aiment à lui donner, et qui figure encore en latin sur une plaque de bronze au frontispice d'une de ses portes; ce Collège était une dépendance de l'ancienne Univer- sité de Reims, dont nous avons parlé dans la Notice sur l'Ecole de Médecine, dissoute par décret de la Convention nationale du 8 août 1793. Mais le titre de Collège des Bons-Enfants avait une origine bien plus ancienne, il remontait au ix' siècle et était celui d'un hôpital fondé pour recueillir de jeunes écoliers pauvres, désireux de s'instruire. Ce tout primitif établissement d'instruction subsista avec sa destination première à travers les âges, subissant des fortunes diverses, souff'rant ou profitant des luttes politiques et religieuses, en particulier de celles que l'Université de Reims eut à soutenir au XVII- et au xviii" siècle contre les Jésuites, mais suivant une marche ascendante. Après la Révolution, les souvenirs qu'il avait laissés, la réputation qu'il s'était acquise et le nombre des élèves qu'il avait formés, furent les raisons qui décidèrent le premier consul à installer à Reims un Lycée, bien que la Ville n'eut guère à cette époque que le quart des habitants qu'elle renferme aujour- d'hui. Les jeunes gens qu'il abrite maintenant sont donc bien les successeurs des premiers écoliers qui, sous Louis le Débonnaire, y vinrent chercher asile ; pour plus de détails, nous renvoyons au travail de M. le docteur Adolphe Henrot, dont nous avons parlé plus haut, et à l'ouvrage de M. l'abbé Cauly, Histoire du Collège 364 CONGRES DE L ASSOCIATION FRANÇAISE des Bons Enfants de V Université de Reims ^ imprimé à Reims, chez V. MichaucJ, en 1885. L'emplacement qu'occupait l'hôpital de Louis le Débonnaire s'est singulièrement agrandi. Le Lycée moderne s'étend le long de la rue de l'Université, entre la rue Yauthier-le-Noir et la rue de Contrai dont il formerait l'angle, si quelques maisons de peu d'importance rie restaient à acquérir de ce côté ; il longe le côté COUR DES ItS DU LYCEE sud de la rue Vauthier-le-Noir une partie de celle de la rue de la Fleur-de-Lys et une grande partie du côté nord de la rue de Contrai. Il comprend le petit Lycée, composé de trois classes enfan- tines et de trois classes''primaires, mais prochainement le petit Lycée sera installé rue de l'Université, 63 et 65, et les locaux qu'il occupe seront rendus au grand, qui en a besoin. Le Lycée, ouvert réellement en 1804, mancjuait à son début de beaucoup de choses indisj)ensal)les ; la \ ilh^ dut le meubler et dé[)enser à cet elfet 200.000 francs, dont 45.000 fournis |)ai' une souscription volontaire. Lors(|ue le 17 mai ISOS, un décret impérial proclama l'Univer- sité dcliiiilix ciiKMil conslilut'e (M (M'ii'anisée, le Lvtcc (\o Ueims Plioto. d'Arl, V.. Belval. STATUE DU DEVOIR (M. René de Saint-Marceaux, sculpteur) ENSEIGNEMENT NON PROFESSIONNEL 365 prit le titre de Lycée Impérial. A cette période se rattachent les noms de : de Lamarre, Breton, Legros, Parent, Chanzy, pro- viseurs ou professeurs (1). En 1814, le Lycée Impérial devint le Collège Royal. Les frères Macquart, Géruzez, Anot, aumôniers et professeurs, y élevèrent nos ancêtres et, comme leurs prédécesseurs, y lais- sèrent de grands souvenirs. Sous la seconde République, l'éta- GALERIE D HONNEUR DU LYCEE blissement reprit son nom de Lycée National et, sous le second Empire, celui de Lycée Impérial pour revenir, en 1870, définiti- vement Lycée National. C'est depuis cette date qu'ont été faites les transformations et constructions qui lui ont donné sa physio- nomie actuelle : la nouvelle chapelle, les classes du petit Lycée, le gymnase, le réfectoire avec la cuisine et ses dépendances, le bâtiment servant aux classes de chimie, physique et histoire naturelle, comprenant les laboratoires, la façade du pavillon central (ancien Séminaire de Tarchevêque Maurice Le Tellier), et Le Musée de Reims. possède deux très beaux portraits dus au peintre minia- turiste rémois Lié-Louis Perin (1753-1817), ceux de M. de Lamarre et de Ml'c de Lamarre, sa fille. 366 CONGRÈS DE l'aSSOCIATION FRANÇAISE sa surélévation d'un étage, le bâtiment neuf de la rue Yauthier- le-Noir, l'habitation du proviseur remplaçant l'antique donjon avec sa tourelle en poivrière, la loge du concierge, le petit Lycée, le bâtiment en aile sur la rue de Contrai, où sont la salle des Actes et les classes de mathématiques, les galeries couvertes qui régnent autour des cours et des préaux, enfin la grille et la porte monumentale en fer forgé, qui forment l'entrée de l'établis- sement sur la rue de l'Université. Le Lycée, bien que composé encore pour partie de vieux bâtiments, a été transformé depuis 1870 de manière à satisfaire à toutes les exigences de la vie scolaire moderne ; réfectoires, dortoirs, classes, études, gymnase, bains-douches, cours, préaux, ont été aménagés au point de vue de l'aérage et de l'éclairage dans les constructions anciennes aussi bien que faire se pouvait et dans les nouvelles suivant les règles les plus récentes de l'hygiène. C'est un établissement de plein exercice qui comprend, outre la série des classes secondaires, un cours de mathématiques spé- ciales, un cours préparatoire à l'Ecole de Saint-Cyr, un cours préparatoire aux Ecoles d'agriculture, un autre aux Ecoles de commerce, un enseignement spécial d'agriculture et de viticulture et un pour l'Ecole d'Alfort. Le Lycée possède près de Cormontreuil un établissement agricole qui sert en même temps de lieu de promenade pour les élèves, et dans le faubourg de Paris un champ d'expériences pour la vigne. 11 y est donné des leçons pratiques qui complètent la théorie apprise en classe. Sept prix fondés par d'anciens élèves, d'anciens fonctionnaires ou des personnes s'intéressant à l'établissement sont décernés cha(|ue année à la distribution solennelle. 11 comptait, en 1906, près de 600 élèves, tant internes que demi-pensionnaires, externes surveillés et externes. Une Association a été fondée en 1906 entre les pères de fannUe et les fonctionnaires du Lycée pour resserrer dans l'intérêt de l'éducation et de l'instruction des enfants, les liens (|ui les allaclienl h^s uns aux autres. Cette Association a déjà donné de bons résultats ; elle a établi et établira des contacts plus faciles <^t phis fré(|uents entre les élèves, leurs parents el K^s profc^sscMii-s ; ou s en est aperçu lors de hi rentrée du mois {Toetobro 190(). Au Lycée se i-atlachc encore l'Association des Anciens éh"»ves, uuc (les phis prospères des Sociétés de ce genre* (|ui exisltMil en ENSEIGNEMENT NON PIIOFESSIONNEL 367 France ; elle compte plus de 500 adhérents, possède un capital de plus de 100.000 francs, vient en aide à d'anciens camarades ou à leurs familles et publie tous les ans un annuaire orné de photo- gravures et où il est rendu compte des événements intéressant le Lycée ou l'Association. 11 comprend en outre une notice nécrolo- gique de tous les anciens élèves morts dans Tannée avec leur portrait. CHA.MP D FXPERIF.NCRS DU LYCEE, A I.A. ClilllSAlE Le Lycée est le plus important établissement d'enseignement secondaire de l'ancienne Champagne. L'agrandissement qu'il recevra par le transfert du petit Lycée dans un immeuble, rue de l'Université, en face de la grande entrée, lui donnera toute l'aisance dont il a besoin. Ses nombreux succès dans les grandes écoles de TEtat démontrent la valeur de la direction et du personnel enseignant. Mais l'Etat ne doit pas oublier le strict devoir qui lui incombe de le tenir toujours muni d'hommes supérieurs et pourvu d'un outillage perfectionné, pour lui permettre de lutter victorieuse- ment contre l'enseignement libre toujours actif et puissant à Reims. 368 CONGRES DE L ASSOCIATION FRANÇAISE Lycée de Jeunes Filles Le Lycée de jeunes filles de Reims a été ouvert au mois d'octobre 1885. Au début il avait 107 élèves, il en compte aujour- d'hui 300. Placé au centre de la Ville, dans un grand immeuble prove- nant au xvii^ siècle de M*"^ Golbert de Magneux, et qui était devenu par donation la propriété des hospices civils de Reims à CHAMBRE D INTERNE charge d'élever douze jeunes filles pauvres dans les conditions déterminées parla donatrice, charge qui subsiste et est toujours exécutée par les hospices, cet établissement n'a qu'un défaut, celui d'être insulïisant pour répondre aux besoins de la \'ille et de la région. Oserons-nous dire que la direction, faute de place, est obligée de refuser chaque année un grand nombre d'élèves internes et que l'externat est au complet. Le bîUiment principal au n" 2.3 de la rue de l'Université a ete surélevé (fun étage pour l'installation (riin internat modèle (jue nous engageons h's congressistes à visil(M'. l)(Mi\ gran(h*s cours (h)nnenl à tous les siM'vic^es l'air (^t la lumière^ (Mi aboiidanccv p:nseignement non professionnel 369 La salle de gymnastique est chauffée pendant la saison froide. L'enseignement secondaire est complet ; les élèves qui ont satisfait à l'examen de passage de la troisième à la quatrième année reçoivent un diplôme, de même que celles qui ont satisfait à Fexamen qui suit la cinquième année. On sait que ce dernier diplôme, en vertu de la loi du 21 décembre 1880 et de l'arrêté ministériel du 28 juillet 1882, permet aux jeunes filles qui l'ont obtenu de se présenter aux concours d'admission à l'Ecole normale supérieure d'enseigne- ment secondaire de Sèvres, à l'Ecole normale supérieure d'ensei- gnement primaire de Fontenay-aux-Roses, à l'Ecole supérieure du Commerce du Havre, ou de se mettre en instance pour obtenir un emploi de maîtresse primaire ou de maîtresse répétitrice dans les lycées et collèges déjeunes filles. Il suffit pour l'ouverture d'un pensionnat ou d'une école libre. Nous renvoyons au prospectus les personnes qui désireraient être renseignées sur les matières de l'enseignement et les exer- cices de la maison. Le bureau d'administration comprend deux dames, outre la directrice. L'Etablissement s'est développé rapidement et son exiguïté est la seule raison qui arrête maintenant sa croissance. Il est urgent que l'Etat et la Ville l'agrandissent ou le remplacent par un autre plus vaste. La fermeture des maisons congréganistes est une raison de plus à ajouter à toutes celles qui commandent impérieusement cette mesure. Une Association amicale a été fondée en 1896, entre les anciennes élèves ; elle compte 150 membres actifs, en dehors des membres honoraires et des membres d'honneur. Elle donne des fêtes dont le produit est affecté à des œuvres de bienfaisance ou à l'augmentation du fonds social, distribue des secours à d'anciennes camarades malheureuses, organise des voyages et se réunit pour confectionner des vêtements qu'on distribue ensuite à des enfants pauvres. Les cotisations avaient produit, dans l'exercice 1906-1907, 800 francs, et l'Association possédait, à la fin de cette der- nière année, un capital acquis et placé d'un peu plus de 5.500 francs, 25 370 CONGRÈS DE l'aSSOCIATION FRANÇAISE Ensejg-nement primaire La loi du 28 mars 1882 sur renseignement gratuit, ol)liga- toire et laïque, a été appliquée à Reims aussitôt sa promulgation. Les chiffres que nous allons donner sont extraits du tableau de la population scolaire (6 à 13 ans) dressé à la date du 31 octo- bre 1906 par le bureau municipal de l'instruction publique. La Ville comptait alors seize Ecoles communales de garçons donnant asile à une population de 4.409 enfants répartis dans 85 classes. Elle avait 17 Ecoles de filles pour 4.448 enfants, occupant 84 classes. La population moyenne par classe était de près de 52 enfants ce qui est plutôt excessif. Ces nombres établissent une augmentation, depuis 1885, de 300 garçons et de 1.575 filles. Les Ecoles libres ne comprenant que des externes avaient, au 31 octobre dernier, une population de 873 garçons et de 929 filles. Les écoles comprenant des pensionnaires avaient 297 garçons et 414 filles. Nous ne comptons pas, dans les chiffres ci-dessus, les Ecoles maternelles. Les groupes scolaires créés depuis 1880, rue Gerbault, pKice Bétheny, faubourg Fléchambault, rue Armonville, à Glairmarais, à Neufchàtel et rue Anquetil, sont des établissements dans lesquels la municipalité s'est efforcée de répandre Tair et la lumière; elle les a pourvus d'un mobilier conforme aux prescrip- tions de rhygiène, mais ses ressources ne lui ont pas toujours permis de faire partout ailleurs ce qu'elle aurait voulu et il existe encore des écoles anciennes construites en 1675, 1679, 1807, 1819, 1831, 1833, 1837, 1840, (jui se ressentent du temps où elles ont été l)âties, alors (jue h^s enfants, pourvu (pTils fussent à Tabi'i cK^ hi pluie, étaient considérés comme sullisamment installés. Elles ont toutefois, bien entendu, reçu des améliorations consi- dérables. Des cantines fonctionnent dans les écoles des faubourgs: celles du centre n'en ont |)as ; (dh^s son! utilisées dans \\\\c |)i()])(>i-| ion <|ui vai'ie pour eiiacnie école de nn sixième à un septième du lîombi'e des élèves. Les repas sont gratuits et les Union Photo. Rem. — Fern. Thiéry. GROUPE SCOLAIRE DE CLAIRMARA.IS CANTINES SCOLAIRES DÉJEUNER DANS UNE ECOLE MATERNELLE 372 CONGRÈS DE l'aSSOCIATION FRANÇAISE enfants des parents indigents y ont seuls droit. Les parents non indigents peuvent y faire inscrire leurs enfants en payant vingt centimes par repas et par enfant, il en est peu qui [)rofitent de cette faculté. L'Etablissement de bienfaisance connu à Reims sous le nom d' « Asile de Nuit » facilite le service en fournissant un certain nombre de rations ; mais la cuisine se fait plus sou- vent dans l'école, la nourriture y reste plus chaude et est prise dans de meilleures conditions. Signalons à côté de l'Ecole primaire des œuvres qui en sont le prolongement et qui tiennent une grande place à Reims. D'abord un cours supérieur organisé pour des enfants ayant obtenu le certificat d'études et se destinant au cours complé- mentaire. Puis un cours complémentaire dans lequel sont admis, après examen, les jeunes gens qui désirent obtenir le brevet élémen- taire de capacité, ou, voulant entrer dans l'enseignement, se préparent à une école normale d'instituteurs, et quelques candi- dats à l'administration des postes. Le cours supérieur en est l'école préparatoire. Chacun d'eux comprend environ 45 élèves. Il s'est formé en outre dans toutes les écoles de garçons et dans toutes les écoles de filles, sous la direction des instituteurs et institutrices, des groupements d'anciens élèves dits « Associa- tions Amicales », qui se réunissent deux fois par mois, ordi- nairement pour des concerts ou des bals intimes. Toutes ces « amicales » se sont fédérées elles-mêmes en Union, et cette Union qui compte environ 1.200 membres a fondé un office de placement fort utile aux jeunes gens et aux jeunes filles sortant des écoles. Elle reçoit de la Ville une subvention annuelle de 500 francs. Chaque année l'Union organise une grande fête à laquelle prennent part toutes les écoles, fête en plein air dont le succès depuis dix ans a toujours été en augmentant. Elle procure en efl'et un excédent de recettes sur les dépenses qui, a|)rcs avoir été au début de 1.200 francs atteint aujourd'hui 12.000 francs. Ce profit est employé en voyages scolaires et en colonies de vacances oi'ganisés par la Ligue de ri]nseignement. Les voyages scolaii*es sont devenus la récomj)ense oiVorto aux enfants (|ui ont obtenu le certificat d'Etudes depuis que la Municipalité a suppiiuie les distributions de pi'ix ; la \ ille a d'ailleurs conservé aux Ecoles la subvention allouiH^ pour les prix, mais cii lui (loiniaiil yww aulrc^ destination. Grû(;e aux soins de la Lii^'-ue de riMiseiiinenuMil et aux ENSEIGNEMENT NON PROFESSIONNEL ,^73 ressources que la lete scolaire de chaque année lui apporte, cent enfants des deux sexes, les moins bien portants, sont placés dans les communes rurales des environs de Reims, chez des personnes désignées parle Maire et qui ont elles-mêmes demandé à en recevoir. Ils y passent un mois et la vérification faite de leur état de santé à la fin de leur séjour, comparé à celui qu'ils avaient au départ, notamment par le poids, démontre le bienfait du temps pendant lequel ils vivent ainsi en plein air. Nous devons signaler encore pour deux grandes écoles, celle du boulevard Garteret, dirigée par M.Vatinelle et celle de Clairmarais, dirigée par M. Thierry, des associations de patronage dont les membres sont recrutés parmi les parents des élèves. Ces associations sont très nombreuses ; la cotisation est peu élevée, mais la quantité élève le produit, et le Comité, avec l'appoint fourni par quelques membres honoraires, trouve de quoi donner aux associés et à leurs enfants, trois ou quatre fois par an, des conférences, des concerts, des soirées artistiques qui attirent un nombreux public. L'instruction primaire est à Reims dans les mains d'hommes dévoués, du plus grand mérite et entre lesquels existe une ému- lation dont l'action et la fécondité rendent les plus grands services à la population. Caisse des Écoles La Caisse des Ecoles vient en aide à l'Enseignement primaire. Elle dispose de recettes s'élevant à 26.000 francs qu'elle emploie principalement en achat de vêtements et chaussures, en voyages scolaires et en colonies de vacance. Ensei^^nement libre Nous voulons, avant de terminer cette première partie, dire quelques mots de l'enseignement libre. L'enseignement secondaire des jeunes gens compte encore 3 à 400 élèves dans un seul établissement. L'enseignement secondaire des jeunes filles 300 élèves répar- ties dans huit maisons. L'enseignement primaire des garçons et l'enseignement pri- 374 CONGRÈS DE l'aSSOCIATION FRANÇAISE maire des filles comptent chacun environ 1.000 élèves occupant le premier neuf maisons et le second douze. Nous ne donnons ces chiffres que sous toutes réserves, n'ayant pas à notre disposition pour les contrôler des renseigne- ments aussi sûrs que pour l'enseignement public. ENSEIGNEMENT NON PROFESSIONNEL 375 DEUXIEME PARTIE Sociétés savantes et Sociétés et Groupes divers se rattachant à l'Instruction et dues à l'ini- tiative privée. Académie nationale de Reims L'Académie de Reims est la plus ancienne des Sociétés savantes dont nous ayions à parler. Son organisation remonte au 15 mai 1841. Elle cune autre. Elle soin d'une ville plus, (c'était alors Reims), d'avoir un dans lequel les sa- lièrement les his- archéologues, fruit de leurs tra- raient la tradition, ne succédait à au- répondait au be- de 40.000 âmes au la population de centre intellectuel vants, et particu- toriens et les apporteraient le vaux, où ils garde- où ils mettraient en réserve les matériaux des futures annales de la Ville. Les membres de cette Société devaient être des libéraux comme on disait alors, en philosophie et en politique, mais non des nova- teurs. Tout cTî souhaitant le progrès, et en indiquant la voie à suivre pour le réaliser, ils ne devaient pas toucher ni engager personne à toucher à l'ordre de choses établi. Ils vivaient au- dessus de la foule, heureux de leur supériorité, peu soucieux d'en chercher un profit pour autrui. Us raisonnaient ainsi par la faute de leur temps plutôt que par la leur — et il ne faut pas moins leur savoir gré d'avoir les premiers donné l'exemple d'un mouvement qu'ont imité depuis avec plus de résultats pratiques, et en se spécialisant, beaucoup d'autres Sociétés. Toutefois l'Académie tient toujours une grande place dans les recherches historiques et archéologiques, et les travaux remarquables qu'elle produit chaque jour dans ces deux branches de la science sont pour les érudits rémois une source précieuse et sûre d'informations, 376 CONGRÈS DE l'aSSOCIATION FRANÇAISE La Ville a retenu parmi ses fondateurs les noms du Cardinal Gousset, du docteur M. -H. Landouzy, du vicomte Ruinart de Brimont, de Louis Paris, de Dérodé, de Géruzez. Elle fut reconnue d'utilité publique le 15 décembre 1846. Son bureau se compose d'un président, d'un vice-président, d'un secrétaire général, d'un secrétaire archiviste et d'un trésorier. Le président est élu pour un an seulement. Nous pourrions citer ceux de nos honorables et distingués concitoyens qui ont rempli la fonction depuis 1841. La liste serait longue et n'ajouterait rien à la considération qui les entoure ni au lustre de l'Académie ; il vaut mieux nommer les secrétaires. Ils ont tous exercé leur charge pendant un grand nombre d'années et c'est à eux que l'Académie doit d'avoir maintenu, parmi les vicissitudes qu'elle a traversées, son bon renom de société étrangère à la politique, ennemie des questions qui divisent, amie de celles qui unissent, préoccupée surtout de conserver le patrimoine acquis et de l'augmenter des conquêtes consacrées par le temps et l'expé- rience dans des luttes auxquelles elle ne s'est point mêlée. Servare etaugere dit sa devise. Ainsi procèdent toutes les Académies. Les noms des secrétaires, que nous ne saurions omettre ici, sont ceux de Loriquet, Jadart, Demaison, qui pendant deux tiers de siècle ont été les véritables directeurs de la Compagnie. L'Association comptait en 1906, 45 membres titulaires, nom- bre ([ue ses statuts ne lui permettent pas de dépasser, 38 membres honoraires et 156 membres correspondants. Elle a produit 122 volumes d'annales de 300 à 400 pages chacun, 20 volumes de documents inédits tirés des manuscrits de la Bibliothèque de Reims ; elle a entrepris en outre depuis 1883 la publication d'un répertoire archéologique de l'arrondisse- ment de Reims avec photogravures dans le texte, et elle en a déjà fait paraître quatre volumes. Ces publications renferment les travaux des membres de l'Académie, titulaires, honoraires ou correspondants, (jui portent sur les sujets les plus variés ou plutôt sur toutes sorties de sujets, science, histoire, art, industrie, économie politi(jue, géographie, médecine, archéologie. Les études touchant à la philosophie ou celles qui enti'aîneraieul (h^s discussions poli- tiques ou religieuses sont celles (|ui y tiennent le moins do place. Les statuts, prudents autant que sages, disent en rflVt (pie l'Académie n'acce|)tera aucMin ouvrage (|ui blesserail la im>i:d(\ la religion, ou lo res|)ecl du aux lois di» l'Etat. ENSEIGNEMENT NON PROFESSIONNEL 377 Il lui reste assez à faire en dehors, et c'est surtout à l'histoire locale qu'elle s'est consacrée. Elle a reçu un grand nombre de monographies de communes, d'églises et d'abbayes en ruines ou encore debout de la région. Ces travaux, que le vulgaire regar- derait peut-être d'un œil indifférent, intéressent au plus haut degré l'histoire générale et sont précieux pour les savants. Nous ne saurions dire de combien de choses s'est occupé l'Académie de Reims; nous renvoyons à ce qu'elle a fait paraître, mais il faut citer ce qu'elle a extrait des manuscrits conservés à la Bibliothèque de la Ville : Histoire de Reims ^ par D. Marlot, 1843-1846. Histoire de Reims, par Flodoard, 1854. Chronique de Flodoard, 1855. Histoire de Richer^ 1855 . Journalier de Jean Pussot. Correspondance de Philibert Babou de la Bourdaissière, 1859 Correspondance du duc de Mayenne, 1860-1864. Mémoires de Oudard Coquault, 1875. Mémoire des Choses plus notables advenues en Champagne de 1585 à 1598, 1882. Mémoires de Jean Maillefer^ 1890. Lettres et négociations de Claude de Mondoucet, 1891. L'Académie a son siège dans les bâtiments de l'Archevêché ; elle tient séance deux fois par mois et occupe le Logis du Roi^ c'est-à-dire la partie du palais archiépiscopal qui était réservée aux rois de France lors des sacres. Ses ressources consistent dans le revenu d'un capital d'une certaine importance, provenant d'anciennes libéralités et des cotisations de ses membres ; elles sont modestes et néanmoins elles lui permettent de faire face à l'impression de deux volumes par an et à la distribution de récompenses consistant en médailles d'argent, de vermeil et d'or qu'elle distribue chaque année dans une séance solennelle et publique aux lauréats de ses concours. Outre les questions qu'elle met à l'étude et les récompenses qu'elle accorde de ses propres deniers aux mémoires qu'elle en juge dignes, elle a reçu des dons en vue de prix spéciaux. Ces prix ont été fondés : Pour la poésie, par M. L.-F. Glicquot. Pour l'archéologie, par M. Y. Duquenelle. Pour l'ethnographie, par M. Hugues Krafft. Et pour l'histoire, par M. V. Duchâtaux. Nous n'aurions pas dit de l'Académie de Reims tout ce que nous avons le devoir de dire si nous n'ajoutions deux choses. 378 CONGRÈS DE L'ASSOCIATION FRANÇAISE La première, c'est qu'elle envoie tous les ans des représen- tants au Congrès des Sociétés savantes à la Sorbonne et que ses délégués y ont souvent lu des mémoires remarqués. La seconde c'est qu'au cours de sa carrière, elle ne s'est pas contentée de parler ou d'écrire, elle a agi, en contribuant à perpé- tuer par des monuments le souvenir d'illustres Rémois ou de personnages historiques se rattachant à la ville. C'est ainsi qu'elle a consacré des inscriptions à Dom Péri- gnon dans l'église d'Hautvillers, à Dom Mabillon dans la commune de Saint-Pierremont, à Jean Gerson à Barby, à Robert de Sorbon à Sorbon, à Dom Thierry Ruinart de Brimont et à Dom Marlot, dans l'église de Saint-Remy à Reims, et à Lévesque de Pouilly dans la Cathédrale. Elle émit la première, en 1843, l'idée d'élever une statue à Colbert et eut la satisfaction de voir réaliser son vœu en 1860. Enfin, c'est elle qui entreprit de rendre à Jeanne d'Arc l'hom- mage que la France lui devait depuis longtemps, en érigeant sa statue à Reims ; c'est elle qui prit l'entreprise de la souscription en 1885 et parvint, après dix ans d'efforts, à réunir la somme de 140.000 francs que coûta le monument. La statue fut solennelle- ment inaugurée au mois de juillet 1896 ; elle n'est pas seulement un témoignage de plus à la gloire de l'héroïne, elle est le plus beau titre d'honneur de l'Académie. Modelée par Paul Dubois, elle a été fondue d'un seul jet à cire perdue et constitue à ce titre et vu ses dimensions une œuvre artistique unique en France. La sta- tue de la place Saint-Augustin à Paris, n'en est qu'une réplique au sable en plusieurs morceaux. Association Rémoise d' Enseig-nement supérieur Cotte Association a été fondée en 1896 ; comme nous Pavons dit, Reims n'a malheureusement, malgré sa nombreuse population et la place qu'elle tient en France, l'Ecole de Médecine exceptée, que des établissements d'enseignement secondaire pour satisfaire les aspirations d'une partie de sa population vers les hautes études et plus particulièrement vers la littérature, la philosophie et Thistoinv Elle a (lu fair(* effort pour constituer un foyer où h^s jtMines gens et les jeunes (illes ayant terminé leurs ctu(l(\s f rouvciaicnl ce complément (|u'a|)pcll(\ j)oui' Thoinnu' et |)oui' la fcimn(\ la seconde éducation, (îclh^ (jui pi'nn<* une lei^'on p;ii- mois; los coins se f'onl [xmhI.iiiI Vc\ô au jardin cl |UMulnnt Miiv(M' ;i rainp!iillié;\lr(' dv rilcole de ( 'oniiutM'ce el d Industrie : ENSEIGNEMENT NON PROFESSIONNEL 389 ils sont suivis par environ quarante auditeurs. Il y a, en outre, le dimanche, des leçons pratiques pour les ouvriers et les jardiniers. Des conférences supplémentaires sont faites au Jardin en saison convenable sur la taille des arbres fruitiers. Actuellement la Société compte 400 adhérents, y compris un certain nombre d'instituteurs admis sans cotisation ; les praticiens paient 5 francs, les amateurs 10 francs par an. La Ville fournit une subvention de 1.500 francs, le Conseil général donne 400 francs et le Ministère de Flnstruction publique 200 francs. La Société a pu se créer un fonds de prévoyance de 3.000 à 3.500 francs. Dans une séance générale qui se tient chaque année à l'Hôtel de Ville, il est rendu compte des travaux de la Société et des récompenses sont distribuées sous forme de médailles et de primes. La Société a fondé une section à Hermonville, importante commune à 13 kilomètres de Reims, dont le sol est particulière- ment réputé pour la culture des fruits et légumes et où il existe beaucoup de jardiniers habiles. Bien que la région rémoise ne soit pas à proprement parler horticole, le jardinage y tient assez de place et le goût des fleurs y est assez répandu pour que la Société ait sa raison d'être et se maintienne active et prospère. La Jeune Champag-ne (Cercle littéraire) et la Revue littéraire de Paris et de Champag-ne (publica tion m ensuelle) Ce Cercle a été fondé à Reims en 1900, il ne fut tout d'abord qu'une Société d'éducation mutuelle dont les membres s'instrui- saient entre eux par des conférences. La Revue vit le jour en 1903. L'un et l'autre ont eu pour promoteur M. René Aubert. Ils pro- viennent d'un mouvement qui signifie « décentralisation et marche en avant dans la philosophie, la littérature et l'art. » Ce sont des jeunes gens qui les ont créés et leur jeunesse y éclate vigoureusement. La Revue paraît une fois par mois en un fascicule grand in-octavo de 70 pages. La décentralisation est un but très louable que le foyer pari- sien devrait encourager au lieu d'essayer de tout amener à lui ; la Champagne n'est pas seulement riche des produits de son sol, elle l'est aussi des travaux sortis de la tête ou de la main de ses 390 CONGRÈS DE l'aSSOCIATION FRANÇAISE enfants ; elle a son génie propre, sa couleur, ses idées, son carac- tère, c'est ce que la « jeune Société » et sa Revue veulent montrer, offrant un asile particulièrement aux auteurs de la vieille province et les mettant en lumière. L'entreprise est difficile en présence de l'attitude parisienne et parce qu'elle vise plutôt le présent et l'avenir que le passé ; elle l'est parce qu'aux opinions littéraires dont elle est l'organe il faut du temps pour se faire accepter, et elle restera difficile malgré les concours que la Société recrute en dehors de la Champagne. Elle n'en contribue pas moins à étendre à Reims le goût des choses de Tesprit, l'habitude de la réflexion, la recherche du beau pour lui-même et parce qu'il conduit à la vérité, à la sincérité, à la bonté. Elle groupe les efforts intellectuels des jeunes généra- tions. Elle se montre généreuse et indulgente pour les talents naissants, et il faut la louer d'avoir souvent proclamé que dans la littérature et l'art rien n'appartient à personne, et qu'à toute œuvre humaine, quel que soit celui dont elle émane, il faut dire que l'humanité entière a contribué ? Quoiqu'il advienne de la Jeune Champagne et de sa Hevue, leur existence devait être notée. La Société est encore dans la période de croissance, elle a compté plus de 100 membres, le nombre est moindre en ce moment ; elle se modifie et s'adapte à son milieu suivant le temps et les circonstances. La Revue est déjà connue. Plusieurs libraires de Paris et toutes les grandes villes de France l'ont à la disposition des lettrés. JLan^ues Étrang-ères. — Club ang-lais. Club allemand Les relations nombreuses que le commerce de Reims entre- tient avec' l'étranger, particulièrement rAllomagne et TAngle- tcrre, ont amené la création de deux foyers d'instruction qui ont pour o])jet l'étude de la langue allemande et celle de la langu(* anglaise; tous deux ont leur siège à Reims, vwv Ponsardin, IS, ■ dans un local (jue M. le comte AN'cM-h'» met gracieusement à l(Mir I disposition comme à celle de beaucoup (Taulres- Sociétés. \ M. Jonathan llolden, \\\\ des grands industriels th^ la c lié, resté Anglais et (lécéd('» en I !)()(), a beaucoup contribue' à la forma- tion (lu (Ihib anglais, (|iii i-enionlc déjà ;i 11)02. Son président aciil' est M. Heni'i Noirot. ENSEIGNEMENT NON PROFESSIONNEL 391 On y cause, on y fait des conférences en anglais, on y reçoit des revues et des journaux de langue anglaise ; une bibliothèque qui s'augmente tous les jours offre aux membres du Club les ouvrages les plus classiques de la littérature d'Outre-Manche et ceux que les abonnés, en raison de leur profession et du but de leurs études, peuvent avoir le plus d'intérêt à lire. Un Règlement rigoureusement observé prescrit une lecture ou une conférence suivie d'une discussion si le sujet s'y prête, tous les quinze jours, par un des membres de l'Association, et des soirées dont un concert et une pièce du répertoire anglais font ordinairement les frais. Le Cercle est ouvert du mois d'octobre au mois de juin ; il est clos chaque année par une fête plus solennelle comportant des attractions de même nature. Le nombre des membres est d'environ 50 et la cotisation de 5 francs par an. Le Club allemand se réunit dans le même local et, comme l'anglais, une fois par semaine. Venu au monde en 1904 grâce à l'initiative de M. E. Henry et de M. Engelhard, professeurs d'alle- mand au Lycée, il a réuni tout de suite un nombre important d'adhérents appartenant à l'armée, au commerce, et principale- ment la jeunesse studieuse qui veut apprendre la langue alle- mande dans un but professionnel ou d'agrément. Le nombre des associés est aujourd'hui de 72 et la cotisation est, comme celle du Club anglais, de 5 francs par an. Un Comité de 12 membres administre le « Deutscher Sprechve- rein ». La langue allemande y est obligatoire, et si les personnes de nationalité allemande en principe n'en font pas partie, elles sont néanmoins sur leur demande admises aux réunions, où elles donnent souvent sur les sujets de conversation ou de conférence, des conseils utiles et toujours écoutés. L'indication de quelques sujets traités dans les séances plus solennelles de quinzaine don- nera l'idée de l'intérêt qu'elles présentent : Henri Heine, une vieille Ville allemande, le Rhin et ses légendes, l'Etudiant alle- mand, les Poètes allemands contemporains. La musique allemande a nécessairement sa place dans le Club; elle ajoute son attrait aux deux grandes fêtes qu'il donne chaque année et dont l'une a fait l'objet d'un compte rendu fort élogieux dans VEcho Berlinois, du 25 mars 1905. L'auteur allait jusqu'à citer le Club de Reims comme modèle à l'Allemagne et déclarait avoir été émerveillé de la pureté avec laquelle il y avait entendu prononcer la langue allemande. 392 CONGRÈS DE l'aSSOCIATION FRANÇAISE Les deux Sociétés dont nous venons de parler, avaient une place toute indiquée dans notre cité que tant de raisons et d'inté- rêts rapprochent des Anglais et des Allemands ; elles contribue- ront à fortifier chez nous le désir et l'amour de la paix et à les faire pénétrer chez nos voisins. Groupe Espérantiste de Reims Nous n'avons pas à rappeler ce que c'est que l'Espéranto, langue internationale si ardemment patronée parle Touring-Club et qui compte aujourd'hui en France 5.000 adhérents. Le groupe de Reims, fondé en 1902, avec M. Desmarest comme président, plus tard M. Lhébrard et actuellement M. Ronsin et M. Marcel Laignier, secrétaire, comprend 70 membres. La coti- sation est de 5 fr. 50 pour les membres actifs et de 2 francs pour les membres associés. 11 fonctionne au moyen de quatre cours publics et gratuits dont l'un est placé sous le patronage de la Société industrielle et un autre réservé aux membres de l'enseignement public. Les adhérents se réunissent tous les quinze jours pour s'exercer à la conversation. Au mois d'octobre 1906 ils ont organisé une Esperantista Consulejo, dénommée aujourd'hui Es})eranto Oflicc, c'est-à-dire un buieau de renseignements établi à lieinis, place Royale, n° ;">, chez M. Chaiwillon, libraire. Les espérantistes y trouvent tout ce qui peut les intéresser sur le groupe de Reims, les publications qu'il reçoit, les cours, les réunions, etc. Ceux qui visitent la Ville ou qui veulent écrire à un collègue de Reims ont là aussi les indications nécessaires, la liste des commerçants rémois et celle des hôtels acceptant la correspondance en espéranto. L'Espéranto Ofïice traduit en outre, pour les non espérantistes, les documents et lettres écrits en lano^ue internationale et o-ràce à la création de semblables oilices dans le monde entier, \\\v\ en rapport avec l'étranger toute personne qui le désire. L'Espéranto a été très apprécié à Reims dès qu'on en a connu les avantages ; le groupe fait de la propagande générale par la presse et par des conférences [)ul)li(|ues ; son rapide dével(>|)p«^- mrnl depuis (juali'e ans donne esj)oir en son avcMiii* dans un(* villr (|ui a le j)lus grand inicrèl à l'acililei' l('s relations inlciiia- tionales. ENSEIGNEMENT NON PROFESSIONNEL 393 La Société des Amis des Arts Nous ajoutons à la série des Sociétés d'enseignement dues à l'initiative privée celle des Amis des Arts qui a beaucoup contribué par ses travaux au progrès artistique à Reims, et dont l'influence a été pour beaucoup dans la création de l'Ecole des Arts indus- triels installée rue de Talleyrand. Elle a vu le jour en 1833 et elle a eu pour parrain M. de Saint- Marceaux, alors maire de la Ville, amateur éclairé, aïeul paternel de l'illustre sculpteur René de Saint-Marceaux, le comte de Ghé- vigné, l'auteur des Contes Rémois, M. Poisson, sous-préfet, M. Boisseau aine, M. Germain, un artiste distingué, etM. Maquart, homme de lettres et artiste. Elle comprenait, outre les sociétaires de Reims, un assez grand nombre d'habitants des autres arrondissements de la Marne. La première exposition eut lieu en 1834, la seconde en 1835, la troisième en 1842 et la quatrième en 1845. Puis une longue éclipse. De 1845 à 1869, Reims est absorbée par les affaires ; après 1860 surtout il y règne une activité industrielle énorme qui occupe toutes ses facultés. Le maire de Reims en 1869, M. Simon Dauphinot, constitue une nouvelle Société qu'il rattache à l'an- cienne et trouve tout de suite de nombreux concours. Rapidement il groupe 600 sociétaires. Les expositions se succèdent, nous résumerons leurs résultats dans le tableau suivant : En 1869, 120 tableaux : 43.000 francs d'acquisitions. En 1870, la guerre qui éclate soudainement rend inutiles de très intelligents et très brillants préparatifs, et les effets de la terrible lutte se font sentir pendant trois ans. En 1873, 834 œuvres d'art : 115.575 francs d'acquisitions. En 1874, 1.123 œuvres : 106.760 francs d'acquisitions. A cette époque la Ville commence à acheter des tableaux pour le Musée. En 1875, 905 numéros et 123.580 francs d'acquisitions. En 1876, 1.128 numéros et 77.739 francs d'acquisitions. Le fléchissement est dû aux conditions défectueuses dans lesquelles il avait fallu organiser l'exposition par suite de l'instal- lation à la même époque à Reims d'un grand concours régional agricole. 394 CONGRÈS DE L ASSOCIATION FRANÇAISE En 1877, rexposition revient au Cirque, 856 œuvres y figurent et les achats représentent 54.205 francs. En 1880, c'est-à-dire après deux ans pendant lesquels la Société n'avait pas fait d'exposition, soit à cause de la grande manifesta- tion de 1878 à Paris, soit par suite de l'état des affaires à Reims, elle groupe 846 œuvres et en vend pour 42.221 francs. L'Etat lui fait don de deux biscuits de Sèvres et de plusieurs gravures remarquables. En 1881, la Société, placée sous le patronage direct du Minis- tère des Beaux-Arts, reçoit, à titre de prêt et pour donner plus d'éclat a l'Exposition, un certain nombre d'œuvres d'art achetées par lui et qui avaient figuré dans les salons des années précédentes. Il lui donne encore deux vases de Sèvres, un biscuit et de nom- breuses gravures. On trouve au catalogue 918 numéros et les achats s'élèvent à 57.710 francs. Il n'y eut point d'exposition en 1882 ni en 1883. Mais en 1884, la Société exposait 895 numéros et les ventes négociées par elle s'élevaient au chiffre de 76.000 francs. Le montant des objets d'art vendus de 1869 à 1884, c'est-à- dire pendant une période de 15 ans représente donc une somme totale de 701,000 francs. C'est à la suite du mouvement dont nous venons d'indiquer les résultats et des efforts des artistes et des amateurs de Reims qu'a pris corps, de plus en plus, l'idée de la création d'une école des arts à Reims. Elle s'est entretenue et fortifiée par les expo- sitions qui ont eu lieu en 1886, 1888, 1890 et 1892, bien qu'elles paraissent avoir eu moins de succès que leurs aînées et cependant en 1890, il était encore vendu pour 83,200 francs de tableaux, chiffre supérieur à la moyenne des ventes réalisées antérieurement. La Société, à partir de 1892, subit une nouvelle éclipse ; eUc se réveille brillamment en 1898 et alors qu'elle n'avait \écu jus(|u'ici qu'au moyen des cotisations de ses membres, elle recueille facilement un capital d'une soixantaine de mille francs, avec lequel elle est désormais assurée de vivre. Elle se réorga- nise, recueille de nouvelles adhésions et compose son Comité de ses mcnii)rcs d'honneur, de ses membres fondateurs, de ilou/c membres titulaires et de douze membres associés. Elle doniu* nue exposition dans le foyer du 'rh('\ili'c, puis en WMYJ iuautiuic un systènuî d'expositions penuaiuMitcs (|ui pai'aîl peu i^oùlc du public. Diverses circonstances ont depuis mis obstacle aux nuuiifes- ENSEIGNEMENT NON PROFESSIONNEL 395 tations de la Société. Son Comité est peut-être trop nombreux. Mais elle n'en est pas moins vivante et certaine de ses destinées, tant par son capital que par les cotisations élevées qu'elle perçoit et la situation personnelle de ses membres. L'Ecole des Arts, dont elle avait posé le principe et qu'elle apj)elait de tous ses vœux a été enfin fondée. Son passé répond de son avenir et sou président actuel, M. Paul Simon, artiste lui-même, veillera à ce qu'elle reste la gardienne des traditions d'art et de bon goût, qui font partie du patrimoine de la Ville. Conclusion En terminant celte revue des institutions privées créées pour élever le niveau intellectuel de Reims et en nous reportant à quarante ans, nous sommes fier de ce que notre cité a produit dans cet ordre. Sans essayer de comparaison disproportionnée et toute spécialité mise à part, il y a ici telle sorte d'études qui a relativement groupé plus d'efforts et plus de bonnes volontés, et obtenu plus de résultats qu'à Paris. L'honneur en revient au développement acquis depuis la loi de 1882 par l'instruction publique et au zèle incomparable déployé par ses maîtres. La France, qui ne fut longtemps démocratique qu'en prin- cipe, le devient en fait et par conviction ; à Reims, c'est un progrès réalisé depuis longtemps dans les trois quarts de la population ; il achèvera bientôt de la conquérir tout entière ; et c'est à rensei- gnement de l'Etat et à l'enseignement privé, qui adopte ses doctrines et ses règles, que nous en serons redevables. 11 nous reste à formuler un vœu. Toutes les Sociétés qui figurent dans ce travail et bien d'autres encore dont nous n'avons rien dit parce qu'il n'entrait pas dans notre tâche d'en parler, n'ont que des abris précaires et insufiîsants, l'Hôtel de Ville, l'Ecole Professionnelle, Pancien local de la Société Industrielle, les bâtiments de l'Archevêché, parfois même seulement la maison du président. Il est de toute nécessité qu'on leur élève un édifice assez vaste, assez bien aménagé pour qu'elles s'y trouvent à l'aise et remplissent commodément leur but. Les ressources ne peuvent manquer à Reims pour élever ce palais des lettres, des sciences 396 CONGRÈS DE l'aSSOCI\TION FRANÇAISE et des arts. Nous adressons dans ce sens un pressant appel à la municipalité et à nos concitoyens, et nous ne doutons pas que des concours empressés et éclairés se produisent en vue de cette création désormais indispensable à Reims. ENSEIGNEMENT TECHNIQUE Par M. H. PORTEVIN REIMS a été Tune des premières parmi les grandes villes de France à posséder des cours publics destinés à perfec- tionner l'instruction théorique et pratique des ouvriers et employés de ses industries. Dès 1804, un cours public de physique et de chimie était créé par la municipalité au moyen des fonds provenant d'un legs. En 1856, la Société industrielle de Reims, sorte de syndicat patronal fondé en 1833 dans le but d'étudier et de défendre les intérêts des diverses industries de la ville et de la région, créait un cours de fabrication de tissus et un cours de dessin industriel. En 1861, ces cours étaient rattachés à une institution privée d'en- seignement primaire supérieur, mais en restant sous le patronage de la Société qui, les années suivantes ajoutaient à cet embryon d'enseignement technique des cours de calligraphie, de tenue des livres, de mathématiques, d'histoire et de droit commercial, de langues vivantes, d'économie politique, etc. En 1866, la Société industrielle mettait à Fétude la création d'une Ecole professionnelle ; cette idée, reprise par la municipa- lité, était mise à exécution en 1876. L'Ecole professionnelle, d'abord municipale était, en 1884, par suite d'une convention avec le Ministère de l'Instruction publique, transforjnée en Ecole primaire supérieure avec ensei- gnement manuel puis, en 1893, rattachée au Ministère du Com- merce sous le titre d'Ecole pratique de Commerce et d'Industrie. En 1885, la Ville de Reims créait une école des Arts indus- triels, destinée à développer le sens artistique par l'enseignement 398 CONGRÈS DE l'aSSOCIATION FRANÇAISE du dessin sous ses différentes formes, dans des cours ouverts, soit le jour, soit le soir, aux jeunes gens appartenant aux diverses professions des industries du fer et du bois, des tissus, des vitraux, etc., ainsi qu'à ceux qui se destinent à Tarchitecture. En 1899, sur l'initiative du Conseil municipal, des remanie- ments étaient apportés dans les programmes de l'Ecole pratique de Commerce et d'Industrie ainsi que dans l'organisation des cours delà Société industrielle et dans ceux de l'Ecole régionale des Arts industriels. Le siège de la Société industrielle était transféré à l'Echoie praticpie, dont les locaux et l'outillage étaient mis à sa disposition pour les cours du soir, en même temps que des séances de travail pratique étaient organisées, le samedi soir et le dimanche matin, pour les élèves de l'Ecole régionale des Arts industriels. En 1902, l'administration municipale décidait en principe des agrandissements importants des locaux de l'Ecole pratique, ainsi que l'augmentation de son outillage; ces agrandissements sont actuellement en voie d'achèvement et feront de l'Ecole de Reims, une des plus complètes de France. L'enseignement professionnel des jeunes filles était, aussi bien que celui des garçons, l'objet de la sollicitude de l'Admi- nistration municipale et des pouvoirs publics, également précédés d'ailleurs dans cette voie par l'initiative privée. Dès 1873 une Ecole professionnelle et ménagère, la première en France, était créée sur l'initiative et grâce au généreux concours pécuniaire et moral d'une femme de bien, M"'^ Doyen- Doublié. D'abord purement privée, cette école était prise en charge par la Ville et transférée dans un local spécialement construit par elle. De son coté, la Société industrielle créait, en 1891, des cours de comptabilité pour les jeunes filles, auxquels venaient s'ajouter dans la suite des cours de sténographie et de dactylographie. Les autres cours de la Société sont d'ailleurs ouverts aux jeun(^s (illes, et plusieurs d'entre eux, [)articulièrement les cours de langues, comptent j)armi les élèves inscrits un nombre assez im|)orlant de jeunes auditrices. Puis (Ml 1902, sur Tiiiitiative de M. h^ 1^'' Poz/i, était créée une JM'ole prati(|ue iiuUistrielle, commerciale et mémigère pour l(»s jiumcs HMcs, (M'oh^ rallacluM^ au Miiiislén^ du (Commerce sous un régime i(U'iili([uc a cchii (h> riùoh» prali(|U(' de garçons. (ItUte ('cole, en ph^nc |)r()sp('M'ili\ \ iciit île roccNoir iliiiiportanls agran- dissements. ENSEIGNEMENT NON PROFESSIONNEL 399 L'Ecole régionale des Arts industriels comporte également des cours pour les jeunes filles, cours portant sur le dessin et le modelage, surtout dans leurs applications aux arts de la femme. Ayant ainsi fait l'historique sommaire de l'enseignement professionnel à Reims, nous allons entrer dans quelques détails sur le fonctionnement et la situation actuelle des divers établisse- ments que nous venons d'énumérer. Cours de la Société Industrielle Ces cours portent sur les matières suivantes : Physique, chimie, mathématiques (cours élémentaire et cours supérieur) ; conduite et chauffage des machines à vapeur ; électricité indus- trielle ; fabrication des tissus (cours élémentaire et cours supé- rieur avec séances de travail pratique) ; allemand, anglais, espa- gnol (cours élémentaire et cours supérieur pour chacune des langues) ; comptabilité élémentaire, comptabilité et commerce (cours élémentaire et supérieur pour les jeunes gens). Tous ces cours ont lieu le soir de 8 h. 1/2 à 10 heures dans les locaux de l'Ecole pratique. La majorité des professeurs appartient au personnel de cette école, quelques professeurs de langues à celui du Lycée. Le nombre total des élèves inscrits dépasse 600, l'assiduité est très satisfaisante, au moins dans la période qui s'étend d'Oc- tobre à Mai. Les cours de comptabilité, sténographie et dactylographie pour les jeunes filles ont lieu le matin, dans l'ancien local de la Société, rue Ponsardiru, 18 ; ils comptent ensemble plus de 100 auditrices. Les élèves de ces cours sont très recherchées par les maisons de commerce de la Ville. Le budget de la Société industrielle est alimenté par les coti- sations très élevées (100 francs et 25 francs) de ses membres, chefs ou employés supérieurs d'industrie ou de maisons de commerce ; elles sont complétées par des subventions de la Ville et de TEtat (Ministère du Commerce). Avant la création de l'Ecole régionale des Arts industriels, la Société industrielle entretenait des cours de dessin d'imitation et de dessin linéaire; ces cours ont été rattachés à ceux de l'Ecole, et la subvention de la Ville diminuée d'une part correspondante. Ainsi qu'il a été dit dans la notice historique ci-dessus, le niatériel de l'Ecole pratique est utilisé dans les travaux des cours du soir, particulièrement dans les cours de filature et de tissage. 400 CONGRÈS DE L ASSOCIATION FRANÇAISE École pratique de Commerce et d'Industrie des Garçons L'école occupe, rue Libergier, un très iin[)orlarit immeuble qui, construit de 1870 à 1876, a subi des agrandissements succes- sifs dont les derniers viennent à peine d'être achevés. Conçue à une époque où on ne donnait pas encore au travail manuel le développement que lui ont apporté les réformes intro- duites dans le pro- gramme par le Minis- tère du Commerce, ces bâtiments ne présentent pas l'unité de plan que l'on rencontre dans des écoles analogues de création récente. Néan- moins, ils constituent un fort beau local con- tenant d'importants ate- 1 i e r s d'ajustage, de forge, de menuiserie, d'électricité indus- trielle, de filature et tis- sage, de teinture, d'apprêts de tissus, des laboratoires de chimie pour la préparation des cours et pour les manipulations des élèves, enfin un bureau commercial organisé sur le modèle de ceux des grandes maisons de laine ou de Champagne de la ville. Les ateliers sont pourvus d'un outillage dans lequel ont été introduits tous les perfectionnements modernes ; ils sont action- nés par une machine à vapeur de 50 chevaux, et certains d'entre eux peuvent en outre être mis en mouvement le soir jiar Ténergie électrique empruntée à la distribution générale de la ville. L'Ecole se partage au point de vue des programmes en deux divisions : la division industrielle et la division commerciale. La durée des cours est en principe de trois années ; mais une ann(»e préparatoire coiminmo aux (\q\\\ divisions reçoit, au sorlii- (h* l'école priniaire, les élèves trop jeunes ou ((nix (h)nt Tinstruc- lioii gcncrah' w Ix'soiii (]'('(r(* (M)nipKM(''e. I^es (dèves (|ui oui oblciin, après Irnrs trois années (TrhKh's normah^s, h» ceililiiMl VUE DE L ECOLE PROFESSIONNELLE i ENSEIGNEMENT TECHNIQUE 401 d'études pratiques, industrielles ou commerciales, peuvent être admis à faire une quatrième année (cours supérieur). Dans la division industrielle, les élèves sont spécialisés suivant la profession à laquelle ils se destinent; ils ont néanmoins dans chaque année un certain nombre de cours théoriques com- muns à toutes les spécialités ; la durée du travail d'atelier, de 25 heures par semaine pour la première année, s'augmente Cliché Taponier. BUREAU COMMERCIAL A L ECOLE PRATIQUE jusqu'à 33 heures pour la troisième année. Pour la section d'élec- tricité industrielle, les élèves ne se spécialisent qu'en troisième année, après deux ans d'ajustage, et doivent nécessairement suivre le cours supérieur. Dans la division commerciale, le fond des programmes est formé par la comptabilité et l'étude des langues (anglais obliga- toire, allemand ou espagnol au choix). Dans le bureau commer- cial, les élèves sont exercés à toutes les opérations matérielles de la tenue des livres, de la correspondance, de la confection et de l'expédition des documents commerciaux ; il correspond exactement, pour la division commerciale, à l'atelier, dans la division industrielle. 27 402 CONGRÈS DE l'aSSOCIATION FRANÇAISE Le personnel des professeurs de l'Ecole est payé par l'Etat, les contremaîtres sont nommés et payés par la Ville. Le budget annuel de l'Ecole, non compris l'internat est de 113.440 francs. Le nombre total des élèves est de 412 dont 1 10 internes. L'externat est entièrement gratuit. Le prix de l'internat est de 750 francs par an ; mais de nombreuses bourses sont données annuellement par l'Etat, le département, la Ville et la Compagnie des Chemins de fer de l'Est. Les élèves de l'Ecole, aussi l)ien ceux de la division commerciale que de la division industrielle, sont de plus en plus recherchés dans les usines et les maisons de commerce de la région. Ecole pratique, industrielle, commerciale et ménagère de Jeunes Filles Bien que de création récente, cette école n'a pas eu un moindre succès que la précédente. Elle comptait cette année 237 élèves, toutes externes. De même que l'École de garçons, elle comporte trois années d'études normales et les élèves se partagent en division commerciale et division industrielle ; dans cette dernière, les élèves sont spécialisées dans les professions de couturières, lingères, brodeuses, modistes et corsetières. Ce qui caractérise l'Ecole de Reims, c'est que l'enseigne- ment ménager y reçoit un développement tout particulier ; toutes les élèves, à quelque spécialité qu'elles appartiennent, reçoivent des notions pratiques de cuisine, de lessivage et repassage, d'entretien du linge et des vêtements leur permettant dans la suite de remplir leurs devoirs d'épouse et de mère de famille avec toute la méthode voulue pour utiliser au mieux leurs salaires et ceux de leur entourage. Ecole municipale, professionnelle et ménagère De beau(!()n|) j)lus ancienne (|ue la priHédenle, ainsi cpie nous Pavons exposé |)lus haul, cotte école compte 145 élèves, le maxinuim (railleurs de ce qu'elle peut contenir. L'organisation est un p(Mi dilVérente de cvWc i\c TEcole praticpie. La durée normale de l'enseignement est de deux années pendant les(|U(,lles renseignement ménager ^cuisine, confection < s o a P ENSEIGNEMENT TECHNIQUE 403 et entretien du linge et des vêtements de la famille, lavage et repassage) forme, avec quelques cours d'enseignement primaire (complémentaire, la base des programmes. C'est seulement après ces deux années que peut être donné aux élèves qui veulent continuer leurs études, l'enseignement professionnel proprement dit. A cet effet, un atelier de couture et un atelier de repassage, dirigés chacun par une maîtresse qui possède une clientèle et fait des travaux pour la ville, assurent aux élèves, sous la surveillance de la dévouée directrice de rÉcole, M"° Glermonté, des conditions d'apprentissage offrant au point de vue matériel comme au point de vue moral, les garanties (ju'on ne rencontre pas toujours dans les ateliers privés. Les élèves des deux premières années paient en principe à la ville, sauf attribution de nombreuses bourses, une légère rétribution scolaire. Les élèves de l'apprentissage reçoivent au contraire de la maîtresse d'atelier, dès qu'elles sont en état de produire un travail utile, une légère rémunération versée cha(|ue mois sur un livret de Caisse d'Epargne à leur nom. Ecole régionale des arts industriels Ouverte en 1889, cette école compte aujourd'hui 466 élèves, dont 292 jeunes gens et 174 jeunes filles. Les programmes com- portent l'enseignement du dessin et du modelage depuis les premiers élé- ments jusqu'aux applica- tions les plus étendues aux professions des élèves qui fréquentent les cours : peintres verriers, sculp- teurs ornemenlistes, ou- vriers en bois (ébénistes et menuisiers), ouvriers en métaux, etc. L'enseignement coni- [)rend en outre un cours de dessin de machines, un cours de dessin et de mise en carte des tissus et un cours de coupe de pierres, et enfin l'enseigne- ÉCOLE RÉGIOISALE DES ARTS liNDUSTIUELts 404 CONGRÈS DE l'aSSOCI ATION FRANÇAISE ment de rarchitecture, donné tant dans les cours de jour que dans les cours du soir, tandis que les élèves des autres pro- fessions suivent presque exclusivement ces derniers. Pour les élèves appartenant aux spécialités du fer el du bois, les travaux pratiques organisés dans les ateliers de l'Ecole pratique de Commerce et d'Industrie ont surtout pour objectif de leur faire envisager la possibilité de l'exécution des compo- sitions qu'ils ont faites dans les cours de dessin. Ils ont donc surtout pour clientèle des ouvriers déjà habitués à la pratique de leur métier et appelés surtout à perfectionner le côté artis- tique de leur instruction professionnelle. Quant aux jeunes filles, pour lesquelles les cours ont lieu pendant le jour et à des moments où l'Ecole leur est exclusive- ment réservée, elles sont exercées, après qu'elles ont acquis des notions de dessin suffisantes, aux travaux de peinture sur étoffe et sur porcelaine, de broderie, de pyrogravure, de modelage, d'ornements, etc. Ensej'g-nement libre En outre des établissements entretenus ou subventionnés par l'État et par la Ville, il existe quelques œuvres d'enseignement professionnel dues à l'initiative privée. Nous citerons entre autres : VKcole de J.-B. de La Salle, organisée à peu près suivant le type des écoles d'Arts et Métiers, cette école compte environ 200 élèves, tous internes; l'enseignement porte sur le travail du fer et du bois, le dessin et les éléments de mathématiques, Tate- lier est mii par une machine à vapeur de 50 chevaux; Les cours de tonnellerie, organisés à la Bourse du Travail par un Syndicat ouvrier ; Le cours professionnel du Syndicat des Maréchaux Ferrants de la Marne. Ce cours, fondé en mars 1907, a lieu sous forme de séances prati(|ues, qui ont lieu le dimanche matin dans l'atelier de forge (h' Tl^cole prali(|ue de Commerce et d'Industrie ; ces exercices soiil dirigés par un l)riga(lier maréchal, sous la sur- veillance et avec le concours des membresf du bureau du Syndicat Ils comptent 30 élèves présents. Us seront complétés, à partii- du mois d'octobre, |)ar des conférences sur Tanatomie (\\\ pied du cheval et sur Ir inoiilage el Tentrelien des machines agricoles. 406 CONGRÈS DE l'aSSOCIATION FRANÇAISE • Enfin VŒuvre du Trousseau, créée par un Comité de dames, sur Tinitiative de deux directrices d'écoles, M^'*^ Fouriaux et M"*^ Cavarot ; cette très intéressante Association a pour but d'exciter, d'entretenir et de développer l'amour du foyer domes- tique en procurant aux jeunes filles qui en font partie les res- sources nécessaires à la confection d'un trousseau. Les réunions ont lieu une fois par mois, le dimanche après-midi ; des leçons de coupe sont données aux adhérentes par la Directrice de travaux de l'Ecole pratique de jeunes filles ; des conférences leur sont laites sur l'hygiène et l'économie domestique. Les jeunes filles paient une légère cotisation qui sert à acheter les matières premières nécessaires à la confection de leur trousseau ; le Comité peut, sur les ressources qui proviennent des cotisations des membres honoraires, exonérer de la cotisation les jeunes filles méritantes ayant des charges de famille. Des récompenses, sous forme de bons donnant droit à des objets de lingerie, sont accordées aux meilleurs élèves. L'admission dans l'Association a lieu à Tâge de 14 ans au moins et de 16 ans au plus ; les adhérentes doivent faire partie de l'Association jusqu'à l'âge de 21 ans. Des goûters, des parties de campagne, organisés par les clames patronnesses viennent resserrer les liens entre les adhé- rentes et leurs protectrices. Cette œuvre intéressante n'a encore que cinq ans d'existence ; elle compte déjà plus de cent membres et a dépensé plus de 5.700 francs en acquisition d'étoffe et de matériel. Reims peut à bon droit s'enorgueillir de l'ensemble d'insti- tutions d'enseignement professionnel que la Ville doit tant à l'initiative privée qu'à celle des administrations municipales (jui se sont succédées depuis 35 ans. Grâce à cet ensemble et aux connexions étroites établies entre certaines des institutions décrites ci-dessus : Ecole pratique, cours publics de la Société Industrielle et de l'Ecole régionale, un résultat considérable est obtenu avec la meilleure utilisation des ressources en argent, en matériel et en personnel qui servent simultanément ou succes- sivement à donner l'enseitifnement à dilféi'entes caté^rories ' d'auditeurs ou aux mêmes auditeurs, à dill'érentes épo(|ues de leur carrière. C'est ainsi que les élèves de l'Ecole prati(|U(\ une fois entrés dans les usines et les maisons de commerce, peuvent trouver ENSEIGNEMENT TECHNIQUE 407 dans les cours de la Société Industrielle ou de l'École régionale un complément à leur instruction scientifique ou artistique, que d'autre part les jeunes gens qui n'ont pas passé par les écoles pratiques peuvent dans les cours élémentaires du soir recevoir des professeurs de l'Ecole pratique, l'instruction qu'ils recher- chent, enfin que le même matériel est utilisé le jour et le soir pour les différentes natures d'enseignement. AGRICULTURE I. - SITUATION DE L'AGRICULTURE cia.ns le Département de la. IVIar-ne Par M. G. CHAPPAZ Professeur départemental d' Agriculture Les différentes régions agricoles de la Marne et leurs caractères principaux LES différentes régions agricoles du département corres- pondent aux grandes divisions géologiques des sols. Au centre, la grande plaine de la Champagne crayeuse représente le crétacé proprement dit, s'étendant au nord dans le département des Ardennes et au sud à travers le département de l'Aube, succession de plateaux aux ondulations douces coupés par des vallées aux fonds tourbeux. Les cultures de céréales y dominent, entrecoupées de prairies artificielles, et près des villages, sur les flancs des vallées, des cultures sarclées : betteraves ou pommes de terre. Au loin, sur les parties les plus arides, se découpent les sombres silhouettes des bois de pins. Peu ou point de prairies naturelles, si ce n'est dans la grande vallée de la Marne, sur les alluvions modernes que submerge chaque hiver la rivière. Comme productions animales, on trouve le mouton, dont la laine s'écoule en grande partie à Reims et dont la viande est destinée aux villes du département ; le long des vallées, on entre- tient des vaches laitières. Des porcs, la reproduction existe fort peu dans la Champagne ; on se contente d'élever et d'engraisser 4i0 CONGRÈS DE l'aSSOCIATION FRANÇAISE des petits porcs provenant de l'Argonne, de la Brie, et qu'on achète sur les marchés locaux. Nous reviendrons plus loin sur la Champagne agricole, en étudiant sommairement les progrès qui s'y sont accomplis depuis trente ans. A Test, peu à peu la Champagne s'élève ; les ondulations s'accentuent, la nature du sol change. La craie devient plus mar- neuse à mesure qu'elle est plus ancienne et les sols qui en dérivent sont plus compacts, plus riches aussi en potasse, puis le sol devient plus accidenté, le calcaire disparaît et on se trouve dans les formations de l'infracrétacé. Là, l'aspect change, les terres argileuses dominent ; c'est au nord-est du département l'Ar- gonne, avec ses collines de gaize recouvertes de bois et ses étangs dont la surface miroite dans les bas-fonds. Les sources sont de faible débit, mais elles sont nombreuses ; les prairies naturelles sont assez fréquentes dans les petites vallées qui sillonnent le pays. On y pratique, d'ancienne date, l'exploitation des étangs. Ceux-ci sont mis pendant deux ans en eau, puis on les vide ; on vend le poisson, composé de carpes et de brochets, et on livre leur emplacement à la culture pendant deux ans d'assec. Le bétail y est assez nombreux, moins bien soigné toutefois qu'en Cham- pagne. Les fumiers y sont aussi plus souvent en désordre et le purin coule davantage dans les ruisseaux, contaminant les sources et les puits au lieu d'engraisser les champs. On y élève des porcs qui sont vendus en grande partie dans la Champagne. Sur les coteaux, on cultive souvent des arbres à fruits qui ont donné même une renommée aux communes de J^'leurent et de Passa- vant, pour le kirsch qu'elles livrent à la consommation. A l'Ar- gonne se rattache le Dormois, petit pays situé sur les deux rives de la Dormoise, au nord de Sainte-Ménehould, oii les bois finissent et où la transition s'opère entre l'Argonne et la Champagne. Au sud-est du département, au-dessous de la vallée de la Marne, on retrouve une région analogue à l'Argonne : c'est le Bocage cham|)enois ; les bois, les prairies, les étangs y repa- raissent comme dans l'Argonne, avec des terres compactes ol argileuses, mais les collines y sont moins hautes. Entre les deux régions précédentes s'étend une vaste plaim» d'alluvions fertiles, le Perthois ; là, h^s cultures sarclées, les céréales, les j)rairies se développent merveilleusement. Le bétail vil facilement. On y exploite les vaches laitières |)our (expédier leur iail «mi nature ou |)our faire des fromages asstv. recherchés. Ou y prati(|ue même l'élevage du cheval do liait (h» race arden- j AGRICULTURE 411 naise plus ou moins métissée. Çà et là des bouquets d'arbres égaient le paysage, vu de loin le Perthois apparaît comme une vaste plaine verdoyante. Il faut ensuite traverser toute la Champagne crayeuse pour retrouver à l'ouest du département, dans les sols dérivés des for- mations tertiaires, des paysages et des cultures analogues. Quand on a franchi la grande falaise, qui du nord au sud borde à l'ouest la plaine champenoise, on trouve au sud de la vallée de la Marne la Brie champenoise et au nord de cette vallée le Tarde- nois. Dans la Brie se succèdent les vastes plateaux argileux dé- pourvus de calcaire où reparaissent, comme dans l'Argonne et le Bocage, les bois, les prairies naturelles et les étangs. Toutefois, le pays est moins humide et moins froid. L'épaisse masse de craie qui lui sert de base à une profondeur plus ou moins grande, draine un peu les sols et favorise le réchauffement général du pays. Ce n'est qu'à l'ouest, près des limites de l'Aisne, que l'humi- dité devient plus grande, parce que l'épaisseur du tertiaire aug- mente. Beaucoup de bétail bovin de races diverses avec dominante de la race normande et de la race hollandaise. Des moutons mérinos améliorés et plus souvent des Dislhey-Mérinos. Le Tardenois présente les caractères généraux de la Brie avec beaucoup plus de petites vallées et beaucoup plus d'accidents de terrain. Dans la Brie comme dans le Tardenois, les villages, au lieu d'être groupés comme dans la Champagne, ont souvent des hameaux. Les fermes mêmes sont souvent isolées dans la cam- pagne, au milieu des terres. Le fermage est fréquent pour l'ex- ploitation du sol. La Champagne crayeuse. — Progrès accompli dans l'Agriculture de cette région Dans cette région qui occupe tout le centre du département de la Marne, s'étendant au nord dans le département des Ardennes et au sud dans celui de l'Aube, les terres crayeuses s'étendent à perte de vue, le voyageur en retire une impression de monotonie et de tristesse qui fausse le plus souvent son jugement. Dans Notre France, Michelet écrit sur la Champagne : « Ce 412 CONGRÈS DE l'aSSOCIATION FRANÇAISE morceau de craie blanche, sale, indigente , iinelristemer.de chaume étendue sur une immense plaine de plâtre , de maus- sades rivières traînant leur eau blanchâtre entre deux rangs de peupliers ». Certes on ne visite pas la C>hampagne crayeuse, celle qu'on connaît sous le nom de Champagne pouilleuse, par amour du pittoresque comme on visite une contrée accidentée ; mais si le voyageur s'arrête et pénètre dans un village, visite les fermes, il ne tarde pas à comprendre que la Champagne, comme les amis sûrs, gagne à être connue. Aujourd'hui on peut pénétrer partout dans cette Champagne pouilleuse d'aspect si « indigent », on ne trouvera pas la misère ; on rencontrera des cidtivateurs vigoureux, au visage intelligent vivant confortablement dans une bonne aisance et chose plus surprenante encore, on leur entendra souvent dire que leur profession est lucrative et que leur plus grand désir est d'y diriger leurs enfants. La Champagne a subi en effet des transformations considé- rables depuis moins de cinquante ans. Les fumiers de cavalerie d'une part, et les engrais chimiques d'autre part ont révolutionné la culture champenoise, grâce à l'activité des habitants de cette région et disons-le bien haut, grâce à leur esprit de progrès qu'ont calomnié autrefois les observateurs superficiels. Les sols de la Champagne doivent surtout leur stérilité apparente à leur très grande perméabilité, l'eau s'y infiltre comme dans un crible, mais la craie restitue en été aux racines une partie de cette humidité et la sécheresse ne sévit vraiment avec intensité que là où le sous-sol est constitué par des débris crayeux provenant de la désagrégation de la craie (ce que les Champenois appellent la grève). Çà et là aussi un peu de limon rouge apparaît qui se mélange à la craie. Dans tous ces sols le travail est facile, là où le cultivateur de la Brie attelle trois ou quatre chevaux à une charrue puissante, le Champenois laboure avec un cheval et tous ses frais généraux s'en ressentent. Ceci facilite étrangement l'exploitation du sol en famille et il y a relativement peu de salariés, très peu de fermiers. La topographie du sol sans accidents do terrain se prèle admirabIciiKînt à l'emploi des machines agricoles et les Champe- nois h's utilisent lai-gement. Nous avons assisté déjà à des expositions (h' machines agricoles à Châlons. Dans Tune d'elles, organisée par hi Ligue agricole de la Marne en IlH)r>, on a vendu eu (I(mi\ jours d'exposition plus de ^H),0()0 francs de iniicliines. AGRICULTURE 413 Autrefois les terres voisines des villages recevaient seules les fumures, plus loin les « trios » étaient utilisés par les moutons et défrichés à intervalles assez longs pour être mis en seigle, puis en avoine, plus loin encore c'était le « savart ». On appelle encore ainsi les terres en friche où paissent les moutons. Ce fut une amélioration notable le jour oi^i l'on utilisa les « savarts » pour y créer des plantations de pins. On créa ainsi des bois sur celte immensité crayeuse. Mais aujourd'hui on ne plante plus beaucoup, le pin est réservé pour des régions tellement éloignées ou telle- ment stériles qu'on ne peut songer à les cultiver ; les fumiers de cavalerie sont venus s'ajouter au fumier de ferme, et les engrais chimiques aux fumiers. Les récoltes sans cesse accrues ont augmenté le bétail de la ferme et celui-ci a fait progresser sans cesse aussi les engrais. De là une amélioration générale en voie de progrès encore aujourd'hui. Les terres cultivées se sont étendues jusqu'aux savarts. Le blé a chassé le seigle des meilleures terres et le seigle a pris possession des terres incultes. Les prairies artificielles partout sont apparues améliorant les sols et augmentant les ressources fourragères. Les moutons ont diminué devant les bêtes à cornes dont le nombre va sans cesse croissant. On trouve le long des vallées, et c'est généralement là que sont les villages, des étables bien tenues avec des vaches laitières bien soignées, entretenues surtout en stabulation, dont le lait s'exporte vers les villes, sert parfois à faire du beurre et souvent à engraisser des veaux. Les villages sont propres, nulle part le fumier n'apparaît dans les rues. Les fermes ouvrent sur la rue une large porte cochère donnant accès à une cour autour de laquelle sont disposés les bâtiments. Dans une partie de cette cour le tas de fumier est proprement dressé, le purin en est généralement recueilli. Le cultivateur champenois n'est pas gâté par la fertilité naturelle de ses sols, mais il sait quelle importance ont pour lui les engrais et il les soigne. L'augmentation dans les rendements n'a pas d'ailleurs gêné outre mesure la vente des produits, les débouchés sont faciles avec la ville de Reims et tout le vignoble où l'on ne produit que (du vin. Le surplus trouve vite de grandes villes non loin du département. Toutes ces raisons font de la Champagne un pays où l'agri- i culture est florissante et où la situation de l'agriculteur est enviable. 414 CONGRÈS DE l'aSSOGIATION FRANÇAISE Développement de l'esprit d'Association dans les communes rurales Aux progrès techniques que nous venons de signaler sont venus rapidement s'ajouter les progrès sociaux. Pour utiliser plus largement les engrais commerciaux, il fallait diminuer les frais généraux de transport et s'assurer des garanties; des syndicats agricoles se fondèrent, on en compte actuellement 43 dans le département de la Marne, Leur principal rôle consiste à grouper les commandes des cultivateurs pour les achats d'engrais, les produits anticryptogamiques, les aliments du bétail. Certains procurent aussi des machines agricoles et même quelques-uns des matières alimentaires destinées aux habitants de la ferme, telles que le vin. Quelques-uns rayonnent sur tout un arrondissement et même davantage. Les plus importants sont : La Ligue agricole de la Marne (siège social à Châlons), qui groupe 1.100 membres et achète environ 250.000 francs de matières premières agricoles chaque année. Le Syndicat agricole et viticole d'Epernay qui groupe 2.400 membres et achète 250.000 francs de matières premières agricoles chaque année. L'Association agricole et viticole de la Marne à Reims, 1.400 membres, qui achète environ 150.000 francs de matières premières chaque année. L'Association syndicale des Agriculteurs de l'arrondissement de Vitry-le-François, 1.100 membres et 80.000 francs d'acquisi- tions par an. Puis un certain nombre de syndicats cantonaux ou commu- naux dont certains ont une importance très grande, tel le Syndicat du Puits (|ui comple 550 membres dans le canton de Som[)uis et fait amiuellcinent 120. 000 francs d'achats, (^dui d'Angluic (jui compte 500 mc^mbres et fait annuellement 100.000 francs d'accpii- sitioiis. On p(;ut estimer h^ nombre* (h's Agricullcurs syndiqués actuel lement dans le (lépurtcinriil i\r la Manieà l'i.OOO. L'ensemble des syndicats comiiiaïKb' aiiiiuclhMiKMi! JJiOO.OOl) iVaiu^ de matières pi'emières utikîs à ragiicultui-c. I )'aul ic pai'L les grands syndicats n\)iil)li('nl pas hMii* rôle (pii AGRICULTURE 415 doit consister à faire progresser l'agriculture dans leur circons- cription. Ils provoquent des réunions, des expositions de machi- nes, introduisent des reproducteurs de races pures, et enfin prennent l'initiative de la création d'autres œuvres d'association ou de mutualité agricole. C'est ainsi que le Syndicat du Puits à organisé une laiterie coopérative à Saint-Ouen qui traite journel- lement plus de 3.000 litres de lait. Le Crédit mutuel agricole a pris, lui aussi, un essor remar- quable depuis deux ou trois ans. Deux Caisses régionales existent dans le département, à Reims et à Châlons, et Ton compte aujour- d'hui 30 caisses locales. De nouvelles caisses sont en création en différents points au moment où nous écrivons ces lignes. Sans cesse le nombre des cultivateurs affiliés aux Syndicats augmente et l'action puissante de ces œuvres merveilleuses d'As- sociation rurale est venue aider encore les cultivateurs. La Cham- pagne agricole s'avance de plus en plus vers l'idéal de bien-être qu'elle poursuit et qu'elle conquiert peu à peu grâce au travail, à l'intelligence et à l'esprit de solidarité de ses habitants. II. SOCIETES AGRICOLES DE L'ARRONDISSEMENT DE REIMS A. — Le Comice Agricole Cette importante Société, créée le 15 août 1846, possède actuellement un peu plus de 1200 membres. Elle est l'une des plus importantes et des plus actives de toute la France ; sa circons- cription comprend tout l'arrondissement de Reims. ; Les assemblées générales du Comice ont lieu à Reims tous les trois mois dans la grande salle de l'Hôtel de Ville. Elles sont toujours nombreuses, et sont l'occasion de relations entre les . cultivateurs du dehors et les personnes de la ville s'intéressant à l'agriculture à un titre quelconque. Le Comice a son siège social à Reims, rue Chanzy n° 71, où :|| il est confortablement installé, et où se trouvent réunis le Secré- 416 CONGUKS DE L ASSOCIATION FRANÇAISE tariat, les Archives et une importante bibliothèque contenant toutes les publications et les journaux intéressant l'agriculture ; lesquels sont mis tous les jours non fériés à la disposition des sociétaires. Le Comice est administré par un bureau composé d'un j)résident, de deux vice- présidents,^ un secrétaire, un trésorier, cinq admi- nistrateurs dans chacun des sept cantons ruraux de l'arrondissement de lleims et un secrétaire- archiviste. Chaque année, le Comice organise dans un des cantons de l'arrondis- sement, à tour de rôle, une fête agricole accompagnée de concours concernant : 1° Les animaux des espèces chevaline, bovine, ovine, porcine, et de basse-cour ; 2" Les machines et instruments» agricoles, viticoles, apicoles , et horticoles ; 3° Les produits de l'agri- culture, de l'apiculture, de l'horticulture, de la viti- culture, etc., et de tout ce qui se rattache à l'agricul- ture. Cette fête agricole se clôture tous les ans par une distribution générale de EXPOSITION CHEVALINE EXPOSITION BOVINE primes et recompenses : l» Aux gardes-champêtres et gardes-particuliers, bergers de particuliers et bergers de communes, marcaires, garçons de culture, ouvriers agricoles, moissonneurs, vignerons, tacherons et ouvriers vignerons, ouvriers spéciaux, servantes de fermes et régisseurs île culture ([ui les ont méritées par l'ancienneté et Texcellence de leurs services ; 2° Aux propriétaires et fermiers du canton où a lieu le concours annuel, donl les exploitations agricoles et viticoles de grande et (le petite ciilhii'c ont dé reconnues les luiiMix ItMiues j)ar l(»s AGRICULTURE 417 commissions de visite des fermes et des vignes, tant au point de vue des améliorations agricoles et viticoles, (fue de la bonne tenue de la ferme, de l'ensemble du bétail, des instruments, de la pro- duction du blé, des cultures fourragères, du meilleur mode de préparation des fumiers, etc., etc. ; 3" Aux cultivateurs ayant présenté les meilleurs animaux reproducteurs des espèces chevaline, bovine, ovine, porcine, et de basse-cour ; 4° Aux exposants ayant présenté les machines et instruments agricoles, viticoles, apicoles et horticoles les plus perfectionnés ; 5° Aux cultivateurs, viticulteurs, apiculteurs et horticulteurs ayant présenté des produits remarquables ; 6° Aux exposants ayant présenté des objets utiles à Tagricul- ture et jugés dignes d'être encouragés. Le Comice encourage l'enseignement agricole dans les écoles primaires en ouvrant chaque année un concours entre tous les instituteurs et les institutrices du canton où a lieu la fête ao-ricole et en récompensant d'une médaille d'or, d'une médaille de vermeil et d'une médaille d'argent, les trois instituteurs ou insti- tutrices du canton ayant le plus contribué au développement de l'enseignement agricole. Outre ces récompenses réservées aux maîtres, le Comice décerne des livres de prix aux élèves de chacun des cantons de l'arrondissement de Reims, garçons et filles qui, à l'examen du certificat d'études, ont répondu d'une façon satisfaisante aux questions concernant l'enseignement agricole et l'économie domestique. Le Comice a entrepris la^ création des cartes agronomiques de son arrondissement, et il participe dans les frais d'établissement de ces cartes pour un quart de la dépense totale. Actuellement treize cartes sont terminées, et quatre sont en cours d'achèvement. Il encourage aussi les cultivateurs de l'arrondissement à faire analyser leurs terres et leurs engrais en les faisant bénéficier d'une remise de 50 °/o sur le prix des analyses. Le Comice a également créé des champs d'expériences pour les engrais chimiques, les semences sélectionnées, etc. Enfin il a organisé à maintes reprises des concours spéciaux de semoirs, de distributeurs d'engrais, de moissonneuses-lieuses, d'arracheurs de betteraves, de pulvérisateurs à grand travail pour la destruction des sauves, de releveurs de récoltes auxquels onl pris part les grandes maisons de construction de machines 28 418 CONGRÈS DE l'aSSOCIATION FRANÇAISE agricoles françaises et étrangères et qui ont l'ait l'objet de rapports importants publiés dans son Bulletin. Les ressources du Comice se composent des cotisations de 10 francs de ses membres titulaires, de la subvention de l'Etat de 400 francs, de celle du Département qui était autrefois de 1.250 francs et qui n'est plus que de 400 francs, des dons de ses mem- bres d'honneur, de la publicité de son Bulletin, soit ensemble environ 12.000 francs annuellement. C'est au Comice agricole de lleims qu'est due la création des institutions suivantes : Le Syndicat du Comice agricole ; Le Syndicat des cultivateurs de Reims ; La Caisse régionale agricole de la Marne, de l'Aisne et des Ardennes ; La Caisse agricole de l'arrondissement de Reims ; Le Marché central des laines de Reims. Le Comice publie chaque quinzaine un Bulletin donnant le compte rendu de ses travaux et de ses séances, les rapports des commissions, les communications faites par ses membres, et tous les renseignements et articles pouvant intéresser l'agriculture. Ce Bulletin forme actuellement l'importante collection de quarante-deux volumes. Le Syndicat du Comice de l'cirrondissement de Reims a été créé par le Comice agricole de l'arrondissement de Reims le 17 juillet 1888, et déclaré le 30 novembre suivant ; son siège social est le même (|ue celui du Comice agricole. Ce syndicat profes- sionnel est régi par la loi cUi 28 mars I88^i. Il réunit ceux des membres du Comice adhérents aux statuts et ayant la (jualité de pro[)riétair(îs faisant valoir des fonds ruraux par eux-mêmes, par serviteurs, fermiers ou métayers, ceux ayant la (pialité de fermiers, colons, métayers, préposés à l'exploitation de ces mêmes fonds ruraux, des serviteurs cA employés à la culture de ces mêmes fonds, et généralement les membres du Comice exerçant une profession connexe à celle de l'agriculteur cl de j)ro|)ii(Uairo niial, et concouraîit à l'établissenu^nt des nuMues produits. Le Syndicat :\ pour but la délense des intérêts é(onomi(|ues et la ci'éalion d'un ollice de renseignements (^t (rentremise pour rac(|uisiti()n cfengi-ais, de semences, (Tiiisti iiments, d'animaux, et (h' loutes malièrtis ulih^s à ragricullurc, do, main'ère à faii-e profiler h's iiicnibres d\\ sviidifal des i-emises obtenues des mar- chands el fabricants ; A(JH1CULTURE 419 i)(; ()r('j);ii('i*, (ui(;oiira<4(M- (il soulcnii" \i\ (•ri'al.ion (rinsliliilions éconoini(|U('s, IcIUis (|ii(i SoiuéU's de civ'dil a^ricoh^ S()('i<''l(';s (\(\ prodiK^lion ri tlo veriU^ (laisser i\(\ vrAviûlr corilrc la vi('ill(iss(v, Assurances ('()iilr(î les accidciils, (laisse d(; sc^ctours irmliicls (-niilre la maladie;, la inorlalilc du hélail, la grôlo, (Uc. L(; Syndical ayant adhère'; à la (laisse; a;^ri(M)le de ranondis- seiiienl de Ucinis crée'u; sur l'inilialive; du (loniice; agricole de RcMins, ses ni(;nil)i'es [)eiiv(;nl dorur l)(''n('dici(;r dcîS s(;ivic(;s de; celte Caisse;. Ije; nombre; elcs membres élu Syneiical e;sl ere'nvire)n SOO. Le; ciiidre; eTadaireis annuel en aclials ere;norais cliimie|ue;s |)e)ui* le; ce)m|)le; ele;s Syndie^alaires s'e''le;ve; e;n fne)ye;nne; à e;nvir'()n .'{f). ()()() IV. Le Syiidicfd des cidllvdleiirs de, /fci/NS i\ e';l('; crée'; par* le; (]e)inie:e; agricole; ele; lie;ims le 18 rrrar-s 1885, (;l eléclar'e; le 21. avril suivanl. Son siège esl aussi au (lomice agricole. Il a pour l)ul ele (le';ienelre les inléreHs ele; se;s meml)re;s vis-à-vis des porrvoirs [)ul)lics. 11 s'esl ej(;e;upe'; ne)larrrrrre.'nl ele;s ejue;slie)ns d'oclroi, ere';panelage; el'eirrgrais humains, ele; vaine; pAlur'e;, ele;[)olice; des champs, e;le'..., pe)ur lesquels il a negexjie'; ave;e' la munieipalile'; pour ol)le;nir, élans la rne;sure; ee)m()alil)l(; ave;e- h's inle';ièls ge';ne''- raux, eles se)lulie)ns coni'ormeis aux besoins ele; la eulhire;. Les membres de; ce syndi(;at ayarrt la plus graneh' [)arlie' de; leurs terres sur le terr-oir me'^me de He;irrrs, ou sur ce;ux ele;s communes cjui de';peuident des qrralrc; e:anlons urbains, il en re';sull(; pour e;ux e;e:iiaines suje'îtions et des inte'ireHs [)articuliers Ire.'S elillérenls ele ceux des aulreîs e:idtivaleur*s ele; l'arrondisserrrent, c'est ce qui ex[)lrque Te^xislence; ele; ce; syneiical [)articulie;r' à ce'>h'' dir Syndical élu (]e)mice, ele)nl font (raille;urs [)arlie; les 18 me;rrd>re;s du Syndical des (;ultivale;urs ele; H(;ims. Aussit(!)l la promulgalie>n eh' la le)i ehi .'{l nrai-s 189Î), h; Ce)niiee; agricole de Reims a f)Oursuivi la créalie)n d'une; (laisse; re'gie)nah; de crédit agriee)le; rrrutuel (;om[)re;nanl le;s de;parle'me;nls eh- la Marne, de l'Aisne; et des Areh;nne;s el eLune; eaisse; hxah' enive;ile aux mernbr-es ehr Syndical agrie;ole élu (le>niie;e;. Lr/ Caisse régionale Agricole de la Marne, de IWlsne el des Ardennes a été créée le 17 juin 18îiî), [)e)ur une elur-ée de 12 anne''e;s à'par-tirMu I" juillet 18!)0, e;nlre les me;rrrbr*e;s eh'S Syndicats agri- coles avant le;ui* sie;ge; élans le;s eléparleme;nls de la Marne', de; l'Aisne; et des Arelenne'S, e;l le;s Syndicats e;l SrMie';lés eh' eicflil aoi-ie:n 420 CONGRÈS DE l'aSSOCIATION FRANÇAISE adhéreront dans l'avenir aux statuts conformément aux lois du 5 novembre 1894 et du 31 mars 1899. Son siège social est à Reims, rue Ghanzy, n" 71. Les opérations de la Caisse régionale consistent : 1** A escompter les ellets ou valeurs souscrits ou remis par les membres des Caisses locales de sa circonscription et endossés par ces caisses ; 2° A faire à ces Caisses locales qui, à cet effet, se soumettront à son contrôle, les avances nécessaires pour la constitution de leur fonds de roulement ; 3** A consentir à ces caisses locales des avances sur les warrants agricoles. La Société peut encore recevoir des dépôts de fonds en compte courant avec ou sans intérêts, émettre des bons avec ou sans intérêts, lesquels réunis ne pourront excéder les 3/4 des effets en portefeuille, contracterjes emprunts nécessaires pour augmenter ses ressources, faire réescompter son portefeuille, etc. La Société est à capital variable, le capital se compose de parts de 50 francs chacune, et il peut toujours être augmenté par la souscription de nouvelles parts. Ces paris sont nominatives et transmissibles par voie de cession aux membres de la Société. Elles rapportent un intérêt de 3 0/0. La Caisse régionale est administrée par un Conseil de 15 membres, élus pour 3 ans, et renouvelables par tiers tous les ans. Les membres sortants sont rééligibles. Les 15 membres doivent être choisis : 9 parmi les associés appartenant au dépar- tement de la Marne ; 3 parmi ceux appartenant aux Ardennes et 3 parmi ceux appartenant à l'Aisne. Le Conseil nomme le Directeur qui peut être pris parmi les Administrateurs ou en dehors d'eux. Les bénéfices nets sont versés chaque année au fonds de réserve. La Caisse régionale oblige toutes les Caisses locales qui lui sont afïiliécs à lui verser tout leur capital, venu et à venir, en parts (le hi Caisse rc'gionale, et en retour (dlo leur consent l'escompte au taux de 2 0/0 de tous les effets, warrants et valeurs soiiscrits [);ir buirs einprnnieurs, jus(|u'à concurrence de quatre fois \v vi\])\\i\\ «pie cliac iiiio do ces Caiss(^s lui a vcm'sc (mi parts, soif le découvert de 300 pour 100 de capital verse. AGRICULTURE 421 Voici le résumé des opérations de la Caisse régionale de Reims pour 1906 : Capital social au 31 décembre 1906. 305. 250^ » Avances de l'Etat _ _ _ 982.020 » Nombre des effets escomptés — — — 815 » Montant des effets escomptés et des prêts — — — 1.384.346 45 Bénéfices de 1906 _ _ _ 15.927 45 Montant du fonds de réserve — — — 80.922 43 Caisses locales affiliées — — — 32 » Sociétaires des caisses locales affiliées. — — — 1.351 » En même temps qu'il provoquait la création de la Caisse régionale agricole, le Comice de Reims s'occupait également de former entre les membres du Syndicat du Comice, une Société de crédit agricole à capital variable avec la désignation de Caisse Agricole de V Arrondissement de Reims, et sous le régime de la loi du 5 novembre 1894. Le siège de cette caisse locale est à Reims, rue Chanzy, n°71 et elle a pour but, suivant ses statuts, de faciliter les opérations concernant l'industrie agricole et eftectuées par les membres du Syndicat du Comice agricole et de la Caisse agricole locale de Reims, soit au moyen d'avances directes, soit en donnant sa garantie à une Caisse régionale quelconque. La Caisse agricole de l'arrondissement de Reims a été créée le 17 juin 1899 pour douze années à compter du 1'^' juillet 1899. Elle est à capital variable, ses parts sont de 25 francs et produi- sent un intérêt de 2 0/0. Ces parts sont nominatives et transmissibles par voie de cession aux membres de l'Association. Le capital de cette Caisse peut toujours être augmenté par la souscription de nouvelles parts. La Caisse agricole fait spécialement les prêts aux conditions suivantes en faveur de ses membres et des membres faisant partie du Syndicat du Comice agricole de Reims pour achats d'engrais, de bétail, de matériel, de machines et instruments agricoles et viticoles : 1" A 3,50 0/0 l'an, les prêts sur titres, sur caution et sur vs^ar- rants de céréales ; 2"* A 4 0/0 l'an, les prêts sur simple signature et sur warrants de vins et d'animaux ; 422 CONGRÈS DE l'aSSOCIATION FRANÇAISE 3" La Caisse escompte à ses membres au taux de 4 0/0 l'an, les effets ayant une cause agricole ou viticole ; 4" Elle reçoit les dépôts à vue à 2 0/0 Tan, et ouvre des comptes courants à 2 0/0 Tan en compte créditeur, et à 3 0/0 l'an en compte débiteur sur dépôt de titres. Tous les prêts se font sans commission d'aucune sorte et pour 3, 6, 9 ou 12 mois au plus. La Société est administrée par un Conseil de 9 membres élus pour 3 ans renouvelables par tiers tous les ans, et rééligibles. Le Conseil désigne un secrétaire-comptable qui exécute les décisions et est chargé de la tenue de la comptabilité. Voici le résumé des opérations de la Caisse agricole locale de Reims pour 1906 : Capital social ... au 31 décembre lOOG. 19.075^ » Nombre des effets escomptés — — — 130 » Montant des effets escomptés et autres prêts — — — 455 .177 15 Bénéfice net de 1900 _ _ _ 2.37133 Montant du fonds de réserve — — — 7.944 20 Nombre des Sociétaires — — — 144 » B. — L'Association Agricole et Viticole DE LA Marne L'Association agricole et viticole de la Marne a été fondée le 5 mars 1887, conformément à la loi du 21 mars 1884 sur les Syndicats agricoles, par M. le D"" Thomas, qui en fut président jusqu'en 1898. Son siège social est h Reims, 12, rue du Faubourg-Cérès. Ell(i rayonne sur tout le département de la Marne, mais la majeure partie» de ses membres appartient à Tarrondissement (Ir Heims. m En 1903 clic comptait 1.000 membres environ; le nombre de ] ses adhérents va sans cesse croissant, il atliMo-nait 1.230 au U^ janvier 190(1, 1.350 au i«' janvier h)07. AchM^lbMuiMit lenonibre (les membres dépasse 1.400. Dans son Assemblée générale de mai IDOr), T Associât ion a l'agriculture 423 procédé à la revision de ses statuts, et constitué son Bureau de la façon suivante : Président : M. Monfeuillart, sénateur de la Marne, vice-président du Conseil général, agriculteur à Selles ; Vice- Présidents : MM. Ducanoy, viticulteur, maire de Rilly-Ia-Montagne ; Ossonce-Lajoie, agriculteur à Fresne ; Secrétaire général : M. Moreau-Bérillon, Ingénieur agronome, profes- seur spécial d'agriculture à Reims, licencié ès-sciences naturelles ; Vice-Secrétaire : M. Bonnet, régisseur du vignoble de Murigny; Trésorier : M. Dauphinot-Galland, agriculteur à Isles-sur-Suippe. Une Chambre syndicale qui, y compris les membres du Bureau, compte trente-trois membres choisis à raison de deux à cinq par canton dans l'arrondissement de Reims, se réunit le deuxième samedi de chaque mois pour s'occuper des intérêts et du fonctionnement de l'Association. La cotisation annuelle est de deux francs. Le budget de l'Association se compose des intérêts des fonds en caisse, du montant des cotisations annuelles, des sub- ventions de l'Etat et du Département, du produit des annonces du Bulletin. L'Association publie tous les mois, vers le 15, un Bulletin mensuel, qui est envoyé gratuitement à tous ses membres ainsi qu'aux instituteurs qui en font la demande. La rédaction en est confiée au Secrétaire. Outre les procès-verbaux des réunions de la Chambre syndicale, de l'Assemblée générale annuelle, le Bulletin publie des articles intéressant l'agriculture et la viti- culture de la région. Il constitue un lien très étroit entre les membres et la Société. Chaque année a lieu une Assemblée générale des membres de l'Association, pour l'approbation des comptes. Généralement un conférencier traite devant un auditoire nombreux des ques- tions agricoles et viticoles. Un banquet dont le succès va crois- sant, réunit ensuite plus d'une centaine de convives, et montre la vitalité de l'Association ainsi que la parfaite harmonie qui règne parmi ses membres. Le but de l'Association est défini par l'article 7 de ses statuts, ainsi conçu : Le Syndicat a pour objet général l'étude et la défense des intérêts agricoles. 424 CONGRÈS DE l'aSSOCIATION FRANÇAISE Il a pour but spécial : 1° D'examiner toutes les mesures économiques et toutes les réformes législatives que peut exiger l'intérêt de l'agriculture, d'en réclamer la réalisation des autorités et pouvoirs compétents, notamment en ce qui concerne les cliarges qui pèsent sur la propriété rurale, les tarifs de chemins de fer, les tarifs douaniers, les octrois, les droits de places dans les foires et marchés, etc. ; 2" De préparer, encourager, soutenir la création d'institutions écono- miques, telles que : sociétés de crédit agricole, sociétés de production et de vente, caisses d'assurances mutuelles contre la mortalité du bétail, la grêle, la gelée; sociétés de secours mutuels contre la maladie ; caisses de retraites pour la vieillesse, assurances contre les accidents, offices de renseignements pour les offres et les demandes de produits, d'engrais, d'animaux, de semences, de machines, etc. ; 3° De provoquer et favoriser des essais de culture, d'engrais, de semences, d'expérimenter les instruments perfectionnés et tous autres moyens propres à faciliter le travail, augmenter la production, diminuer le prix de revient et réduire autant que possible le coût de la vie dans les campagnes ; 4» De provoquer l'enseignement agricole et le vulgariser par des conférences et tous autres moyens qui seront reconnus utiles ; 5° De faciliter l'acquisition des engrais, instruments, animaux, semen- ces, et de toutes matières premières ou fabriquées utiles à l'agriculture ; G^ De se procurer des instruments agricoles destinés à être loués à ses membres pour leur usage exclusif; 7° De favoriser la vente des produits agricoles; 8° De donner des avis et consultations sur tout ce qui concerne la profession agricole, de fournir des arbitres et experts pour la solution des questions litigieuses ; 9" D'encourager le travail agricole par l'organisation de concours, la création d'offices de renseignements pour les offres et demandes de travail. L'Association agricole et viticole de la Marne a exercé une influence considérable sur le développement du progrès agricole dans la région. I]lle a propagé Teinploi des engrais chimiques, vulgarisé la pralicjue des bonnes méthodes cidturales et des s(uiiences sélectionnées, encouragé la lutte contre les maladies cryptogami(|U(\s. Sa prospérité, le nombre sans cesse croissant de s(^s adhérents, l'augmenlation continue du chiil're de ses îifl'aires, constituent des preuves (jue les services qu'elle rend aux pctils ( ullivalcurs soni Ac j)lus en phis aj)préciés. I VITICULTURE 1. - NOTICE m\ LE VIGNOBLE DE LA CHAMPAGNE Par M. G. GHAPPAZ Professeur départemental d^ Agriculture Situation topographique et division du vignoble LE vignoble champenois occupe les pentes d'une grande falaise qui limite à l'ouest la plaine de la Champagne crayeuse en la séparant des formations tertiaires de la Brie et du Tardenois. Il s'étend aussi sur les flancs des vallées qui coupent cette falaise et plus spécialement sur les deux rives de la vallée de la Marne. La craie constitue Uassise puissante des collines viticoles ; elle est recouverte généralement par des dépôts de sables ou d'argiles d'origine tertiaire descendus des sommets et mélangés plus ou moins à ses débris. Tantôt la craie est à 0"™20, 0'"25 de la surface du sol, souvent aussi elle est à une grande profondeur dans le sous-sol, mais toujours son action se fait sentir sur le sol qu'elle draine et qu'elle contribue à rendre plus sensible à l'action réchauffante des rayons solaires. Les différentes régions du vignoble sont classées tout d'abord en deux grandes divisions : La Montagne de Reims et la Vallée de Marne. Mais il y a lieu de pousser plus loin les subdivisions si l'on veut classer méthodiquement les différents crus. La Montagne de Reims comprend : la Montagne de Reims proprement dite avec ses principaux crus : Verzenay, Verzy, Mailly, Ludes, Rilly-la-Montagne, Villers-Marmery. La petite Montagne formée des crus secondaires qui s'échelonnent en 426 CONGRÈS DE l'aSSOCIATION FRANÇAISE remontant 'vers le nord et dans la vallée du Tardenois, la côte d'Hermonville et de Saint-Thierry au nord de Reims, la côte de Nogent-l'Abbesse et de Cernay-les-Reims, mamelon isolé à Test de Reims. La Montagne de Reims est surtout productrice de vins blancs de raisins noirs, les raisins blancs y sont considérés par le com- merce comme d'une valeur bien inférieure. Les vins de cette région sont plus fermes que les vins de la Vallée de Marne ; le bouquet en est, lui aussi, différent. La Vallée de la Marne comprend la Rivière de Marne propre- ment dite avec Ay et Mareuil comme grands crus, puis Dizy- Magenta, Avenay, Ilautvillers, Cumières, Champillon, Damery, et tous les crus de la rive droite jusqu'à Tréloup, dans l'Aisne ; Epernay, Pierry, Moussy, Mardeuil, Vauciennes, et tous les crus de la rive gauche jusqu'à Dormans. Les crus secondaires qu'on trouve dans la partie plus resserrée de la Vallée de la Marne, en allant vers l'Aisne, sont quelquefois désignés ensemble sous le nom de « Petite Marne ». On rattache à la Vallée de la Marne la côte de Cramant et d'Avize avec Cramant, Avize, Oger, Le Mesnil comme grands crus, puis Chouilly, Grauves, Mancy, etc., et même Vertus, qui termine au sud la côte du Mesnil. S'y rattache plus directement la côte de Bouzy et dWmbonnay au nord-est d'Ay avec ces deux localités comme grands crus, puis Trépail et Tauxières-Mutry. Les meilleurs crus de la rive droite, y compris Bouzy, Am- bonnay, Trépail, ont leurs côtes exposées en grande partie au sud. Les vins y sont en général très alcooliques et en même temps très bouquetés. La rive gauche de la Vallée de Marne proprement dite donne en général des vins moins fins et moins alcooliques. Mais la côte de Cramant et d'Avize donne des vins d'une grande finesse et d'une grande légèreté; elle est plantée en raisins blancs; Vei'tus est planté en raisins noirs. Après les principales régions ([ue nous venons d'énumérer, il convient de citer les vignobles de la région de Sézanne, qui donnent des vins plus ordinaires. Ceux de la région dr Fère- bi'ianges, Congy, Villevenard, Baye, Etoges, (jui donnent encore de bons vins blancs susceptibles d'être champagnisés et d'excel- lents vins rouges pour la consommation courante. Enfin, les vignobles de raiM'c^ndissement de Vitrv, qui garnissent les collines (b; Champagne ;i Test (b^ la ( ihani|)agne, à la limite de Tinfra- crétacé. VITICULTURE 427 I Le vignoble de Champagne est surtout producteur de vins blancs destinés à la fabrication des vins mousseux. Les grandes marques de Champagne constituent leurs bouteilles avec un coupage de trois régions au moins, Montagne de Reims, Vallée de Marne proprement dite et Côte dite des blancs dans la région de Cramant et d'Avize. On trouve aussi cependant des vins rouges. Les rouges de Bouzy ont une haute réputation méritée par leur finesse, leur bouquet. Ce sont des vins délicats et légers. On trouve encore quelques bons crus de vins rouges à Vertus, à Cumières, dans la Vallée de la Marne, à Villedommange, dans la Montagne de Reims, puis dans toute la Vallée de la Marne et dans la Mon- tagne de Reims. Dans la région de Congy, Fèrebrianges, on trouve des vins rouges de consommation courante. Enfin, les vignerons champenois, d'accord avec le commerce, ont admis dans les limites du vignoble de Champagne les vignobles de l'arrondissement de Vitry, couvrant les pentes des collines crayeuses qui limitent à Test la plaine de la Champagne, et dans lesquels on fait des vins blancs plus acides que ceux des régions précédemment décrites et des vins rouges acides également et très souvent employés comme vins de coupage. Le vignoble du département de la Marne se décompose ainsi : Arrondissement de Reims (Montagne de Reims, côte de Saint- Thierry et Hermonville, côte de Nogent-l'Abbesse et Cernay-les- Reims, petite Montagne et partie de la Vallée de Marne propre- ment dite, avec la côte de Bouzy et d'Ambonnay. Hectares 7.420 Arrondissement d'Epernay (Partie de la Vallée de Marne proprement dite. Côte d'Avize et de Cramant, région de Fèrebrianges et Congy, région de Sé- zanne Hectares 5 . 545 Arrondissement de Chàlons (Région de Vertus) — 819 Arrondissement de Vitry — 1 . 345 Arrondissement de Sainte-Ménehould (Indiqué pour mémoire) Hectares 45 Total Hectares 15.174 428 CONGRÈS DE l'aSSOCIATION FRANÇAISE Description sommaire des procédés de culture Les cépages cultivés sont : le Pinot noir dont on observe différentes formes locales; le Pinot blanc Ghardonnay (Pinot de Cramant, d'Avize). Ces deux cépages occupent presque exclusi- vement les grands crus. Puis le Meunier ou Pinot Meunier qui occupe en grande partie les seconds crus. On trouve de ci de là dans les crus inférieurs des cépages tels que Mesliers, Pinot blanc vrai. Les vignes françaises champenoises sont cultivées en foule dans la vallée de la Marne, et souvent en routes, c'est-à-dire en lignes plus ou moins rectilignes dans la Montagne de Reims. Cette différence de disposition provient d'une différence de mé- thode dans la conduite de la vigne après la plantation. Dans tout le grand vignoble de Champagne la plantation est faite en routes transversales à raison de 20.000 pieds environ par hectare. Dans la vallée de la Marne on laisse sur chaque cep à la troisième année deux ou trois bras de 50 à 80 centimètres de long et on provigne séparément chacun de ces bras en ne laissant sortir que l'extré- mité. Ce travail s'appelle l'assizelage ; après son exécution la vigne est en foule. Dans la Montagne de Reims on conserve souvent la vigne en route. On compte suivant les localités de 40 à 50.000 broches par hectare. Les travaux annuels de la vigne commencent en février à la taille. Tous les sarments sont coupés au ras du bois de deux ans, sauf un seul généralement choisi parmi les plus élevés; on taille celui-ci à trois, quatre, cinq yeux, suivant la vigueur du cépage, la fertilité du terrain. La taille est aussitôt suivie en mars-avril par la bècherie exécutée avec une houe à bras de forme spéciale ; chaque fois que l'ouvrier arrive à hauteur d'une souche, il la couche à 10 ou 15 centimètres en terre et ne laisse sortir que le sarment (|ui vinil d'être taillé à trois, quatre, cinq ymix. Tout le bois de deux ans es! dispaiu en terre })ar une sorte de provignage annuel qui caractérise ucttenKMit la culture champenoise. Aussitôt la bècherie terminée on procède au lichage des «M'halas. VITICULTURE 429 Puis on exécute successivement : Un premier binage fin mai; Le liage des jeunes pampres à i'échalas en juin ; Un premier rognage aussitôt après la fleur à 0"'60 ou 0'"70 ; Un deuxième binage en juillet; Un deuxième rognage à 70 ou 80 centimètres ; Un troisième binage en août. En exécutant ce binage, on prend soin de creuser de petites auges sous les grappes de raisins qui sont près du sol et qui pourraient être salies par la terre. A ces diff^érents travaux s'ajoutent des soufrages contre Toïdium et des sulfatages contre le mildiou, généralement deux soufrages et deux ou trois sulfatages. La vendange a lieu du 20 septembre au 15 octobre suivant les années et suivant les régions. La Montagne de Reims ven- dange une douzaine de jours après la vallée de la Marne. Après la vendange depuis l'invasion phylloxérique on pro- cède à des sulfurages par le sulfure de carbone qu'on injecte en terre contre le phylloxéra à des doses cultural^ susceptibles de détruire une grande quantité d'insectes sans nuire à la vigne. Parfois aussi on exécute un traitement au sulfure de carbone au mois d'août. Puis on défiche les échalas qu'on place en tas appelés moyères et dans les localités où la cochylis et la pyrale exercent leurs ravages on détruit les chrysalides ou les chenilles en passant les échalas dans des étuves à vapeur ou sous des cloches dans lesquelles brûle du soufre. L'hiver on transporte la fumure. Cette fumure est quelque- fois répandue sous forme de fumier de ferme dans la Montagne de Reims et dans les seconds crus. Dans la plupart des grands crus on la donne plutôt sous la forme de magasins. Les maga- sins sont des composts que les vignerons fabriquent dans des coins de vignes ou de chemins, coins appelés « places à maga- sins », en disposant alternativement des couches de terre et de fumier à raison de trois mètres cubes de terre pour un mètre cube de fumier. Les terres employées sont d'origine tertiaire et proviennent des sommets des coteaux, elles sont souvent sa- bleuses. Les vignes bien soignées reçoivent 40 à 50 mètres cubes de magasins par hectare et par an. Dans la Montagne de Reims 430 CONGRÈS DE l'aSSOCIATION FRANÇAISE on emploie en grandes quantités pour terrer les vignes des cendres noires extraites de gisements dans les terrains tertiaires du sommet. Les cendres noires sont des dépôts ligniteux qui sont riches en humus théorique, c'est-à-dire en humus dépourvu d'azote. Elles contiennent souvent des proportions notahles de sulfure de fer et de sulfate de chaux. L'hiver, par les gelées, on balaye le mouron qui s'est déve- loppé dans les vignes. La vendange est une des opérations bien curieuses en Champagne. Elle s'opère par des équipes de vendangeurs, équipes nombreuses appelées « bordons » qui se recrutent fort loin ; toute une foule se concentre à ce moment en Champagne traînant avec elle son cortège de roulottes et aussi quelquefois amenant à sa suite quelques bandits de grands chemins. Les raisins soigneuse- ment cueillis dans des paniers, subissent un premier triage de la part des vendangeurs qui éliminent les grains pourris ou non murs, puis les paniers sont vidés sur des clayettes en osier ou des femmes les trient à nouveau rejetant dans des paniers spéciaux les non mûrs et les pourris qui serviront à faire des (c vins de détour » et ne conservant que la vendange parfai- tement saine et mure. Celle-ci est placée dans de grands paniers contenant de 60 à 80 kilos de raisins et port(*e rapidement au pressoir. Nous avons décrit ici les procédés de culture des grandes côtes champenoises, celles qui constituent le pur vignoble de Champagne. La côte de Saint-Thierry et d'Hermonville au nord du vignoble, les vignobles des environs de Sézanne au sud ont des procédés un peu différents, la vigne y est souvent cultivée en souches assez hautes, avec un long bois plus ou moins ar(|ué. Il en est de même dans l'arrondissement de Vitry. A Saint- Thierry, Hermonville, le Meunier domine. Dans les environs de Sézanne on trouve le Meunier et le (iouais. Dans l'arrondisse- ment d(^ Vitiy, on trouve le Meunier, le Couais et dans cerlain(\s localités le (iamav. L'invasion phylloxérique et la lutte par le sulfure de carbone \,\\ première» taclu» pliyll<)\('Mi(|U(' a cfc trouvée à Trc'doup, dans r.\ism\ sur la IVonlièi-c du (l('pait(Mn(Mit (b* la Marn(\ (Mi 1Sî)(). I^n ISH2, on coniplail un peu plus de 2 bcclarcs en\ahis dans la VITICULTURE 431 Marne même ; en 1894, 5 hectares ; en 1895, 7 hectares 80 ; en 1897, 14 hectares. A partir de cette époque, voici quelle est la marche de l'invasion, d'après les chiiïVes officiels : ANNÉES SURFACES ENVAHIES 1897 14 hect. 76 1898.... 38 — 1899 ■.... 90 — 1900 659 — 1901 1.335 - 1902 2.036 — 1903 2.041 — 1904 2.421 — 1905 3.317 — 1906 4.339 — Au début de l'invasion, on essaya de constituer un Syndicat départemental de défense sur l'initiative du Comité central d'études et de vigilance contre le phylloxéra. Notre prédécesseur, M. Doutté, s'y dévoua pendant tout l'hiver 1890-91. Tous les propriétaires de vignes furent convoqués par M. le préfet Yiguié, à Epernay, le 18 juin 1891. L'autorisation légale fut accordée le 17 juillet 1891. Le département, l'Etat, la Chambre de Commerce de Reims, la ville d'Epernay, votèrent d'importantes subventions. Sur 25.729 pro- priétaires possédant 12.821 hectares de vignes, 17.370 avaient adhéré à l'Association syndicale et possédaient 9.772 hectares (Séance du Comité central d'étude et de vigilance contre le phyl- loxéra, du 25 juin 1891). Ce Syndicat avait pour mission bien définie de lutter contre l'invasion du fléau, en détruisant, aussitôt découvertes, les taches phylloxériques par des doses élevées de sulfure de carbone (trai- tement d'extinction); des équipes furent organisées, conduites par des délégués, pour rechercher les taches et les traiter. Malheureusement le Syndicat se heurta à des résistances brutales. Les vignerons qui n'avaient pas adhéré au Syndicat ne voulurent pas toujours laisser faire les recherches; de vérilal^les émeutes s'organisèrent contre le malheureux professeur départe- 432 CONGRÈS DE l'aSSOCIATION FRANÇAISE mental Doutté et les délégués, ses collaborateurs. On ne sut pas ou on ne put pas convaincre les récalcitrants qui trouvèrent à ce moment, pour les entraîner dans la lutte, un jeune homme ardent dont je tais le nom, car il vit encore, mais que la Cham- pagne n'a certes pas oublié. C'est alors que se produisit cette résistance tragi-comique qu'on a appelée parfois : la Révolution champenoise. L'Association syndicale de défense lutta encore quehjues années, puis disparut. La lutte continua pourtant individuelle, mais n'ayant plus la puissance qu'aurait pu lui donner une Asso- ciation telle qu'on l'avait rêvée. Le phylloxéra étendit lentement ses ravages, retardé par un climat plus froid qu'il n'en avait jamais rencontré dans les vignobles de France. Peu à peu, au traitement d'extinction, se substitua le traitement cultural (jui combattait le phylloxéra sans détruire les souches et qui donnait des résultats encourageants. L'été chaud et sec de 1900 accéléra les ravages, ainsi qu'on peut le constater par les chifïVes que j'ai cités plus haut, ralentis un instant par les années pluvieuses et froides 1902 et 1903 ; 1904, leur donne un nouvel élan que nous constatons en 1905 et 1906. C'est avec une activité fiévreuse que les vigne- rons champenois défendent pas à pas leur vignobles ; partout ^e sont créés des Syndicats antiphylloxériques communaux organisés pour l'exécution des traitements culturaux, on en compte actuelle- ment 80. On a consommé dans la Marne, pendant la campagne annuelle 1905-1906, plus de 500.000 kilos de sulfure de carbone ; en 1906-1907, nous estimons approximativement la consommation à 7 ou 800.000 kilos. Les traitements culturaux s effectuent avec des pals de diffé- rents modèles à une faible profondeur pour répandre les vapeurs au niveau des racines qui, en (Champagne, sont très superficielles (10 à 15 centimètres). On donne six coups de pal au mètre carré, en évitant le contact des souches ou racines souterraines qu'on pourrait brûler, et on emploie de 2 à 300 kilos de sulfure par hectare. On fait un traitement aussitôt après la vendange et souvent un aulro au conuiiencement d'août. Grâce à cette défense énergique, certes, on peut constater parfois un arrêt dans l'extension du mal, mais cependant celui-ci ne disparaît |)as; dans les vignes sulfurées, le phylloxéra se dissé- mine en formant des taches moins nettes, mais il est là ; surviennent (les condilioiis favorables, cl la vigiu» p<''i'il biusijuenuMit. (Tt^st à cette lin l)i'ns(|U(\ el donl il esl imj)()ssil)le de j)revoir longtemps Vignoble Champenois ..-•* I -i VITICULTURE . 433 à Tavaiice la date, ([iie les vignerons prévoyants songent en défen- dant leurs vignes, et ils mènent de front la défense des vieilles vignes et la reconstitution par les plants greffés. La recoQStitution du vignoble par les vignes greffées La reconstitution du vignoble champenois par les vignes grelFées progresse lentement encore. Voici les surfaces indiquées dans ces dernières années par les statistiques viticoles annuelles : ANNÉES SURFACES EN VIGNES GREFFÉES 1898 20hect. 1899 42 — 1900 177 ~ 1901 271 — 1902 367 — 1903 435 — 1904 698 — 1905 810 — 1906 1.032 — C'est dans la vallée de la Marne que la plantation des vignes greffées progresse le plus parce que c'est là aussi que le phyl- loxéra a fait le plus de ravages. Dans le choix des porte-greffes résistants au phylloxéra on a dû tenir compte souvent des hautes doses de calcaire rencontrées. Ce sont les porte-grefFes hybrides qui sont à peu près exclusivement employés. Tout d'abord on a donné la préférence aux hybrides de Rupestris, Riparia X Rupes- tris, 3309, 101-14, Aramon X Rupestris Ganzin n° 1 et surtout dans les terrains calcaires au Mourvèdre X Rupestris 1202. Aujourd'hui si les seconds crus continuent à préférer les hybrides de Rupestris, les premiers crus, les grands crus sem- blent avec raison préférer les hybrides de Berlandieri qui ont moins de vigueur et se prêtent mieux aux plantations serrées et aux tailles courtes nécessaires pour assurer le maximum de qualité à nos vins. Le 418 (Chasselas X Berlandieri) dispute les sols 29 IMiotog E. Choque, Epernay. ATEI.IF.R Dli: GREFFAGE Etablissement de Viticulture Mort et Ciiamlon, Epernay l'hoton. E. (".hoqu»'. Epernay. SKHRE TEMPl RI E EtnMissfin'iil (11' Viliruilurr Mi'< t d Chandun, Epernay VITICULTURE 435 calcaires au 1202. C'est le porte-greffe par excellence des bonnes côtes à grands vins en sol crayeux superficiel. Les Berlandieri X Riparia sont moins répandus mais pourtant deux d'entre eux le 420 A et le 34 Ecole commencent à se répandre. Dans les vignobles des grands crus, le choix des porte-greffes a une grande importance, non pas seulement par leur adaptation aux sols et par l'influence directe qu'ils peuvent avoir sur la Photo. E. Choque, Epernay. ÉTABLISSEMENT DE VITICULTURE MOET ET CHANDON, ÉPEKNAY qualité, mais par leurs relations avec les méthodes de plantations et de taille, méthodes dont dépend surtout la qualité des grands vins. Une difficulté assez grande se soulève en effet en Champagne quand il s'agit de reconstituer le vignoble. La vigne greffée ne saurait s'accommoder du système de culture champenoise dans lequel on opère un provignage annuel ; aussi faut-il remplacer ce système de culture et la taille qu'il comporte par d'autres prati- ques permettant de conserver à nos vins la qualité exceptionnelle qui les caractérise tout en assurant un rendement rémunérateur. C'est là que se portent actuellement les efforts des Viticulteurs champenois, on peut voir de nombreux essais de taille dans les 436 CONGRÈS DE l'aSSOCIATION FRANÇAISE nouveaux vignobles, et de plus en plus dans nos grands crus, on resserre les intervalles de plantation à 0'"70 à C^GO et on recher- che avec ces intervalles des tailles aussi courtes cpie possible. En respectant ces sages principes ; en défendant d'une part le plus longtemps possible les vignes françaises mais en les recons- tituant d'autre part méthodiquement avec des vignes greffées sur porte-greffes résistants, le vigneron champenois pourra franchir la crise phylloxérique, passer de l'ancien vignoble au nouveau sans interrompre la production de notre glorieux Champagne et sans en modifier les qualités précieuses. ]■ VITICULTURE 437 H. - SOCIÉTÉ VITICOLE L'Association Viticole Champenoise des Arrondissements de ChâloDS, Epernay et Reims Fondée en i898 Par un Groupe de Maisons de Vin de Champagne pour la défense du Vignoble Champenois On a vu dans Farticle précédent comment prit fin, après cinq années d'une vie agitée, le Syndicat antiphylloxérique'de la Marne. A la suite de cet échec, le Syndicat du Commerce des Vins de Champagne résolut de prendre l'initiative de l'organisation de la lutte antiphylloxérique. Le 1" mars 1898, l'Association Viticole Champenoise des arrondissements de Châlons-sur-Marne, Epernay et Reims, était fondée pour dix ans par 23 maisons de Vins de Champagne dans le but de : « lutter contre le phylloxéra par l'emploi du sulfure de carbone ou tout autre moyen, afin de conserver le plus longtemps possible les vieilles vignes champe- noises ; d'aider, le moment venu, à la reconstitution du vignoble, et de faire les études et les expériences nécessaires ». Dès son origine, cette Association s'est rendue complètement indépendante du Syndicat du Commerce des Vins de Champagne, dont le seul rôle dans la circonstance fut de présider à sa forma- tion. LAssociation Viticole Champenoise est une œuvre essen- tiellement privée. Les 23 maisons qui en font partie, en qualité de membres titulaires, se sont imposé pour dix ans des cotisations fixées comme suit : 10.000 francs par an pour les maisons expédiant plus d'un million de bouteilles. 5.000 francs par an pour les maisons expédiant plus de 500.000 bouteilles. 2.000 francs par an pour les maisons expédiant plus de 200.000 bouteilles. 1.000 francs par an pour les maisons expédiant plus de 100.000 bouteilles. 438 CONGRÈS DE l'aSSOCIATION FRANÇAISE 500 francs par an pour les maisons expédiant moins de 100.000 bouteilles. Le total des cotisations versées annuellement par ces 23 maisons s'élève à 76.000 francs. L'Association Viticole comprend aussi sept membres bienfai- teurs versant annuellement im total de 620 francs de cotisations. Lors de sa formation, l'Association reçut de divers bienfaiteurs des dons s'élevant à 6.000 francs en chiffres ronds, et il lui fut en outre remis 101.000 francs provenant des sommes souscrites à l'ancien Syndicat départemental par des négociants en vin de Champagne. Pour atteindre le but qu'elle s'est proposé, l'Association Viticole Champenoise a provoqué la formation de Syndicats com- munaux antiphylloxériques dans les trois arrondissements de Châlons, Ep^rnay et Reims, sur lesquels elle étend son action. Ces Syndicats viticoles, complètement indépendants les uns des autres comme de l'Association elle-même, sont actuellement au nombre de 88, comprenant 8.100 propriétaires et 5.550 hectares; d'autres Syndicats sont en formation. 11 ne reste plus, dans les trois arrondissements ci-dessus, qu'une trentaine de communes viticoles dont les propriétaires ne se soient pas encore groupés en Syndicats locaux, et sur ces 30 communes il y en a très peu qui présentent une réelle importance au point de vue viticole. Ces 88 Syndicats reçoivent de l'Association Viticole des sub- ventions en argent proportionnées aux cotisations versées par les syndiqués eux-mêmes et des subventions en nature telles que pals à sulfurer, sulfure de carbone, bois à greffer, greffons de plants fins sélectionnés, plants greffés, etc. Le total des subven- tions directes ainsi versées par l'Association Viticole aux Syndi- cats anti[)hylloxériques a été de : Francs 45.940 80 en 1899 — 12.433 » — 1900 — 14.412 50 — 1901 — 20.526 35 — 1902 — 38.144 10 — 1903 — 38.283 65 — 1904 — 56.350 95 — 1905 — 72.000 n — 1906 ce ([ui doniu^ au 31 décembre i9()() un total généial de 298.091 fr. '^:^ de subventions versées par l'Association Viticole (Champenoise. VITICULTURE 439 L'Association ne s'est pas contentée de provoquer la forma- tion des Syndicats antipliylloxériques et de les subventionner largement, elle leur est encore très utile par les conseils qu'elle leur donne et Taide qu'ils trouvent près d'elle chaque fois qu'ils y ont recours. Elle leur fournit tous les renseignements pratiques dont ils peuvent avoir besoin en ce qui concerne la recherche et la reconnaissance du phylloxéra, la pratique des sulfurages, le choix des porte-greffes nécessaires à la replantation des vignes détruites, le greffage, etc. Elle leur procure à des prix réduits des pals, du sulfure, des bois à greffer, des greffons sélectionnés, des calcimètres. Elle a fait établir la carte calcimétrique de 44 communes viticoles et en a remis gratuitement un exemplaire à chacun des 5.200 propriétaires syndiqués de ces communes ; ce travail est continué, il doit comprendre l'établissement de la carte calcimétrique de chacune des communes syndiquées. L'As- sociation a, depuis 5 ans, organisé et subventionné des concours de greffage entre les propriétaires syndiqués. Durant ces 5 années il y a eu 117 concours communaux auxquels ont pris part plus de 700 greffeurs. L'Association a accordé aux lauréats 28 diplômes de (( Hors concours » et 22.757 francs de prix en espèces. Pour 1907, 41 concours réunissant 411 greflPeurs viennent d'être orga- nisés. Afin que les petits propriétaires puissent faire eux-mêmes pratiquement et économiquement les greffes qui leur sont néces- saires pour la reconstitution de leurs vignes détruites, l'Asso- ciation Viticole a recommandé et encouragé l'organisation de chambres chaudes syndicales où les greffes des syndiqués sont stratifiées en commun dans d'excellentes conditions et à un prix de revient très bas. Elle a avancé à un certain nombre de Syndicats les sommes nécessaires à l'organisation de ces chambres chau- des ; il en existe dès maintenant dans presque toutes les communes syndiquées oi^i la reconstitution a été commencée. L'Association a établi à Ay et à Verzenay deux champs d'ex- périences qui commencent à donner des indications utiles. Elle a institué, il y a deux ans, une commission d'enquête sur les vignes greflPées dans le but de recueillir, dans l'intérêt général, des renseignements précis sur les résultats que donnent les différents modes de taille et de culture actuellement essayés en Champagne pour les vignes grefïees ; ces renseignements sont destinés à servir d'indication aux propriétaires qui auront à replanter leurs vignes, tant en ce qui concerne l'espacement à donner aux plantations greffées que le mode de taille et de culture à leur appliquer suivant les circonstances. 440 CONGRÈS DE l'aSSOCIATION FRANÇAISE L'Association a attiré l'attention des propriétaires-vignerons sur l'importance qu'il y a de profiter de la reconstitution qui s'im])ose pour améliorer l'encépagement de leurs vignobles en replantant en plants fins toutes les vignes où la culture de ces plants est pratiquement possible. Elle use de toute son influence pour que toutes les vignes reconstituées soient plantées en plants très fins chaque fois que l'exposition et le sol le permettent, et elle fournit à moitié prix des greffions sélectionnés de Pinots fins aux Syndicats qui lui en demandent. La confiance qu'elle a su inspirer aux propriétaires-vignerons a permis à l'Association Yiticole Champenoise d'augmenter consi- dérablement l'effet utile des importantes subventions qu'elle leur donne ; Ton peut même estimer, d'une façon générale, que le profit que les vignerons retirent des travaux et des conseils de l'Association est plus important que le bénéfice matériel qu'ils en obtiennent sous forme de subventions. Grâce à l'initiative du Syndicat du Commerce des Vins de Champagne et à la générosité des vingt-trois maisons qui ont formé l'Association Yiticole Champenoise et lui fournissent les capitaux nécessaires, la lutte antiphylloxérique est organisée en Champagne sur des bases solides et pratiques. La crise phylloxé- ri(jue ne pourra pas provoquer de désastre en Champagne comme cela a eu lieu ailleurs. Le phylloxéra a été et sera considérable- ment ralenti dans sa marche envahissante ; la conservation des vieilles vignes champenoises, qui a été le but principal de TAsso- ciation, sera assurée aussi longtemps que ce sera pratiquement possible, et la reconstitution des vignes détruites se fera écono- mi(juement, au fur et à mesure des disparitions, avec des porte- grefl'es judicieusement choisis et avec des greflbns sélectionnés. Le vignol)le champenois sera ainsi transformé petit à petit, sans grand changement dans la quantité ni (bans la qualité de ses pro(hiils. L'ÉVOLUTION DU COMMERCE DES VINS DE CHAMPAGNE PAR M. Raymond DE LA MORINERIE LE vin de Champagne a été chanté par les poètes, il a fait l'objet d'études historiques et de travaux scientifiques et nous ne voulons aujourd'hui que vous tracer sommairement l'évo- lution de son commerce. Nous n'entrerons donc point dans la technique de sa production que vous trouverez dans les ouvrages spéciaux traitant de la matière. L'apparition de la vigne en Champagne remonte à une très haute antiquité, ainsi qu'en témoignent les textes anciens. Les historiens nous mentionnent notamment l'empereur romain Probus faisant replanter, aux environs de Reims et de (]hâlons, les vignes détruites par ordre de Domitien ; et en l'an 530, le testament de saint Rémi, archevêque de Reims, léguant ses vignes au clergé de son diocèse. Dès le XIV* siècle nous voyons les vins « rouges et gris » de la Champagne jouir d'une vogue incontestable qui ne fait que s'accentuer jusqu'au jour où le vin mousseux finit par les détrôner complètement ; c'est ce vin, désigné sous le nom de Vin de Champagne ou simplement « Champagne », qui fait l'objet du commerce mondial actuel et dont nous nous occupons. Les vins de la Champagne tiennent leur caractère particulier de la situation septentrionale de son vignoble et de la nature du sol, et c'est au climat vraisemblablement, qu'il faut rapporter 442 CONGRES DE L ASSOCIATION FRANÇAISE les conditions particulières d'évolution des saccharomycès (levures) que Ton trouve sur les raisins. Contrairement à ce qui se passe dans les vignobles moins septentrionaux où l'on observe une fermentation rapide, en Champagne, où le climat est plus froid et oii les moûts sont très riches en acidité, elle est plus lente, languissante même en certaines années et c'est au printemps suivant qu'elle se continue et se complète, lorsque la tem- pérature redevient plus élevée. C'est cette poussée printa- nière, autrefois considérée comme une gène, qui rend les vins mous- seux et qui est utilisée pour leur mise en bouteilles; de tout temps donc, cette particularité fut connue en Champagne, mais elle ne fut regardée que comme une anomalie curieuse. Longtemps sans doute, les vins mousseux se consommèrent sur place, puis ils furent deman- dés par des régions voisines et ensuite par des pays de plus en plus lointains. Malheureusement ces vins ne présentaient aucune régularité dans leur qualité, certaines bouteilles moussaient, d'autres à peine ou pas du tout ; aussi les connaisseurs conti- nuaient-ils à préférer le vin mis en bouteilles, alors qu'il n'était plus susceptible de devenir mousseux. Qui donc attira l'attention sur le « pétillement » de ces vins ? La tradition attribue la découverte du vin mousseux à Dom Pierre Pérignon, cellérier de l'Abbaye d'ilautvillers, né en 1638 et décédé en 1715. En réalité Dom Pérignon n'en fut pas l'inven- teur, les vins mousseux étant déjà en vogue en 1668, époque à laquelle il fut nommé à ce poste qu'il occupa jusqu'à son décès. (Saint-Evremond. Lettres.) Mais si cette légende est restée attachée à son nom, c'est (ju'il se fit une très grande réputation par sa connaissance du vin, la manière de le préparer et aussi de le vendre. Il eut un énudc H. Bailly, éditeur. ChavalUaud, se. DOM PIERRE PERIGNON i/kVOLUTION du commerce des vins de CHAMPAGNE 443 sérieux dans la personne de Frère Jean Oudart, religieux convers bénédictin chargé d'administrer les vignes et le vendangeoir de Pierry appartenant à l'Abbaye de Saint-Pierre de Châlons ; ses connaissances dans la question des vins le rendirent célèbre. C'est vers 1670 que Dom Pérignon, judicieux observateur, aurait imaginé de substituer un bouchon de liège aux tampons divers dont on faisait usage, et songé à débarrasser le vin du dépôt qui le troublait. Par ses relations et le commerce important auquel il se livrait, Dom Pérignon sut faire acquérir aux vins de la Cham- pagne une réputation qui ne cessa de s'accroître ; sa mémoire ne doit pas tomber dans l'oubli, car il donna un grand développe- ment au commerce des vins de la région, alors détenu par quel- ques marchands et courtiers de Reims et d'Epernay (1). Le vin de Champagne mousseux fît son apparition à la Cour dans les dernières années du règne de Louis XIV, puis les soupers fins de la Régence consacrèrent définitivement sa répu- tation. Il fait le tour du monde ; nous le voyons apparaître successivement dans les différentes Cours d'Europe (2), mais il reste encore le vin des princes, de l'aristocratie et de quelques riches bourgeois : C'est un vin de luxe. Jusque vers 1760, les caprices de la mousse, les désastres de la casse et les mécomptes de certaines années limitent la produc- tion qui reste entre les mains d'un nombre restreint de pro- ducteurs. Cependant les demandes se font plus nombreuses, la consommation augmente et vers 1780 de nouvelles maisons de négoce s'établissent ; désormais le commerce entre dans une phase nouvelle, il devient régulier, et de la fin du xviii^ siècle datent plusieurs de nos maisons actuelles qui sont à la tête du grand commerce des vins de Champagne. Bien qu'empirique, la technique des vins de Champagne fait des progrès constants. Un choix plus judicieux des bouteilles diminue la casse, qui cependant demeure désastreuse ; de nou- velles manipulations permettent d'obtenir des vins plus limpides ainsi qu'une mousse plus forte. Les tirages deviennent plus (1) Parmi ceux-ci, il faut mentionner Adam Bertin du Rocheret et Philippe- Valentin, son fils, qui occupèrent dans le commerce des vins une situation consi- dérable pour l'époque (Bibliothèque d'Epernay. Manuscrits Bertin du Rocheret). (2) En 1662, il était déjà importé à Londres et populaire à la cour de Charles II [History of the Champagne trade in England, by André, L. SiiMOn, 1905). 444 CONGRÈS DE l'aSSOCIATION FRANÇAISE importants et nécessitent de nombreux capitaux, mais la casse des bouteilles que Ton n'est pas encore parvenu à régler occasionne de grandes pertes et cause la ruine de plusieurs négociants. Une partie d'entre eux se soustrait à ces pertes en se bornant à acheter leurs vins chez les producteurs. Ces produc- teurs, appelés (c spéculateurs», sont un échelon nouveau entre le vigneron et la maison de commerce. En 1823, Cadet de Vaux substitue le gleuco-œnomètre (densimètre) aux dégustations, ce qui permet d'ajouter aux moûts d'une façon moins primitive, la matière sucrée qui leur faisait par- fois défaut. Cependant la casse conti- nue, et la production de la mousse est toujours incertaine. Quelques années après, en 1830, François (1), producteur de vins mous- seux et pharmacien à Châlons-sur- Marne, mesure et dose avec précision les éléments du vin. 11 fait une applica- tion du gleuco-œnomètre de Cadet de Vaux pour le dosage du sucre résiduel, et l'obtention des vins mousseux devient normale et facile. Les procédés de François assurent une mousse que l'on peut régler avec certitude, et dès ce moment beaucoup de négociants aban- donnent les spéculateurs dont le rôle se borne de plus en plus à celui de fournisseurs auxiliaires, lorsque la production prévue devient insu (lisante en raison du développement des afïaires. C'est aux travaux de François que beaucoup de maisons doivent leur prospérité et cependant son nom est resté oublié de ceux-là mêmes dont il assura la fortune. L'industrie des vins mousseux profite du mouvement scien- ti(i(|U(' de la lin du \ix' siècle, et les établissements modernes possèdent un outillage perfectionné : force niolriec pour nuuit(*- cliarg(»s, voi(»s ferrées dans les caves, éclairage éleclri(|ue et liihoraloires de icclierclies. H. Bailly, éditeur. Peynot, se IKANCOIS (1) i:i>i>-ih:{h. l'évolution du commerce des vins de CHAMPAGNE 445 L'importance du commerce a été en progression constante, les ventes qui, en 1785, étaient de 300.000 bouteilles environ, atteignaient en 1845 le chiffre de 6 millions et demi, dépassent actuellement 32 millions de bouteilles (moyenne des 5 dernières années). Peut seul s'appeler « Champagne » le produit authentique de la Champagne viticole, comprenant le département de la Marne en entier et quelques communes limitrophes du département de TAisne ; les grands vins sont récoltés uniquement dans les trois arrondissements de Reims, Epernay et Châlons. Si quelques industriels, très peu nombreux d'ailleurs, sont venus s'installer en Champagne, utilisant des vins de proveiîances diverses, rendus même parfois mousseux par des procédés artificiels, ils ne sauraient compromettre la loyauté du commerce des véritables vins de Champagne qui sont toujours dignes de leur vieille réputation. Cette fabrication qui livre des vins mous- seux de prix et de qualité inférieurs, sera du reste atteinte dès l'apparition du Règlement d'Administration publique en appli- cation de la loi du 5 août 1905 sur les fraudes. Il faut faire justice d'une affirmation accréditée dans un certain public ignorant, que la Champagne exporte plus de vins qu'elle n'en récolte ; les statisti([ues officielles publiées par l'Administration des contributions indirectes, et par la Chambre de Commerce de Reims, nous renseignent à cet égard. Il résulte de l'examen de ces chiffres officiels que la Cham- pagne viticole est bien loin d'exporter en « mousseux » la totalité des vins qu'elle produit ; la meilleure partie de ces vins est seule transformée en vins mousseux de Champagne, et le reste est consommé comme vins rouges ou blancs dans l'intérieur du département ou envoyé au dehors. Les amateurs de « Champagne » peuvent envisager sans crainte l'éventualité d'années de disette, car les stocks en caves chez les négociants représentent une réserve de près de six années normales d'expédition. (Au 1^*^ avril 1907, Tapprovision- nement était de 121.136 985 bouteilles, et de 538.662 hectolitres en fûts. Ensemble : 1.507.756 hectolitres.) Le Champagne, de par ses origines, lut considéré pendant longtemps comme un vin de luxe, mais il n'en est plus ainsi. 11 s'est universalisé, et maintenant il se trouve sur toutes les ta])les aux jours de fêtes ou d'heureux anniversaires. Son commerce fait vivre des milliers de travailleurs : ouvriers de caves, de la i^iG CONGRÈS DE L ASSOCIATION FRANÇAISE vi^ne, verriers et industries accessoires, il apporte chaque année en France des sommes considérables d'argent étranger, mais sa vitalité se trouvera bientôt paralysée si les Pouvoirs Publics ne le défendent pas contre les droits parfois prohilntifs dont il est frappé dans certains pays. Vins de Champagne mousseux expédiés en France et à l'Etranger ANNÉES (Avril à Avril) 1875-7G... 187G-77... 1877-78... 1878-79... 1879-80... 1880-81... 1881-82... 1882-83... 188:^84... 1884-85... 188r)-86... 188C-87... 1887-88... 1888-89... 1889-00... 1890-91... 1891-92... 1892-93... 1893-94... 1H9i-9.5... 189:,-90... 1890-97... 1897-98.. . 18î)8-99. . . 18îl9-(H). . . 19(H)-01 . . . r.KM()2. . l!K)2-()3. P. «13-04. l'.HIUi.". NOMBRE DE BOUTEILLES <'xp(''(liées en France 2.439.762 3.127.991 2.450.983 2., 590. 356 2.06(i.501 2.339 924 3.190.869 2.809.231 2.075.578 2.822.601 2.752.184 2.861.971 3.076.639 3.0.53.615 1.176.189 4.077.083 4.558.881 4.487.535 4.876.518 4.908.281 0.005.845 6.204.115 5.090.59!) 8.370.570 0 (;80.923 7.420.794 7.894.212 9.:U5.412 9.808.774 S . 80)4 . î)47 11 .714.404 ll).ir*.:i48 NOMBRE DE BOUTEILLES expi'dlées à l'Etranger 10.705.719 15.882.904 15.711.051 14.844.181 10.524.593 18.220.980 17.071.300 17.042.821 18.206.956 18.189.256 14.923.490 16.222.903 17.257.685 18.904.469 19.148.382 21.699.111 19.685.115 16.600.678 17.350.349 16.129.374 17.900.840 22.155.798 21.097.188 20. 987. 8! )7 21. 773.. 51 3 20.(;28.251 2(^.311.228 22.523.740 21.084.881 19.845.852 23.870.731 23 050.847 TOTAUX (Bouteilles deO'SO) 19.145.481 19.010.955 18.162.634 17.440.537 19.191.154 20.620.904 20.862.235 20.512.052 20.882.534 21.011.857 17.675.674 19 084.874 20.334.324 22.558.084 23.324.571 25.776.194 24.243.996 21.088.213 22.2^^5.867 21.037.050 24.032.685 28.359.913 27.387.787 29.358.407 28.454.430) 28.055.0-45 28.205.440 31.8,59.158 :10.893.(Ck5 28.7I0.7ÎH) 35.591.1.35 33.17I.:a5 L EVOLUTION DU COMMEHCE DES VINS DE CHAMPAGNE 447 Production Vinicole du Département de la Marne depuis 4876 ANNÉES NOMBRE d'hectolitres récoltés ANNÉES NOMBRE d'hectolitres récoltés 1876 1877 732.763 473.077 540.843 96.308 110.148 664.870 320.844 411.430 524.043 372.685 296.609 473.149 210.459 277.727 253.348 161.286 1892 127.716 740.107 393.888 332.637 720.093 289.334 406.413 263.906 579.103 695.420 322.989 451.203 770.740 422.914 453.832 1893 1878 1894 1895 1896 1879 1880 1881 1897 1882 1898 1883 1884 1899 1900 1885 1901 1886 1902 1887 1903 1888 1904 1889 1905 1890 1891 1906 En 1907, le département de la Marne présente une super- ficie plantée en vignes, de 15.174 hectares. Coll. Delbeck. ANCIENNES BOUTEILLES A CHAMPAGNE (fin du xviiie siècle) ê tablgau comparatif De la Production Se de r Expédition Vins de- CnampaCne Jlvc cieTiioniplje Moyennes calculées sur les Cmç DEI^NlÈF^LS ANNEES Chijires o{l[iciels cLuHmislcre cUl'Açricultuvc 8c d.c rAdminislralion des Conlrlbulioiis Inaircctes rrocluclion (moyenne de 19û2 a 19o6 ) Annuelle -4-S4.335.Hectol Expédition (moyenne de 19o3 à, 1907 ) i Avril i Aval. Annuelle 32.045.2.2S Bouteilles. L La. CbamjDaÇne récolle donc une quantité âcvin ^upiriGurc aux besoins de Con txpédvUon. l'évolution du commerce des vins de CHAMPAGNE 449 LE SYNDICAT DU COMMERCE DES VINS DE CHAMPAGNE Siège social^ rue de Mars, 6, à Reims La renommée du vin de Champagne ne pouvait manquer de lui susciter des imitations. Déjà vers 1838, dans d'autres régions de la France, où Ton avait essayé d'appliquer aux vins du pays les procédés de prise de mousse employés en Champagne, des imitateurs crurent pouvoir présenter leurs vins mousseux sous le nom des crus de la Marne et avec la dénomination « Champagne ». Des procès surgirent ; des Maisons établies dans la Champagne dont les noms de crus avaient été usurpés, réussirent facilement à faire respecter leurs droits ; seulement la jurisprudence à cette époque semblait vouloir, pour réprimer l'emploi illicite de la dénomination Champagne, que tous les intéressés fussent parties intervenantes au procès : c'était une prétention exorbitante. Pour se défendre, lutter contre les taxes intérieures et les droits de douane, faciliter l'expansion de notre commerce, les efforts individuels étaient impuissants ; il fallait un organe qui groupât tous les intérêts de la région. Les négociants de la Champagne le comprirent bien vite, et dès 1882, à une époque où il n'existait encore en France aucune législation spéciale sur les Syndicats, plusieurs d'entre eux se réunissaient pour fonder une Association permanente. Quand apparut la loi du 21 mars 1884 sur les Syndicats professionnels, cette Association fut immédiatement régularisée; à partir de ce moment, le Syndicat du Commerce des vins de Champagne était créé. Tout récemment, il vient de se renouveler sur des bases plus larges et avec des ressources plus amples qui lui permettront de développer son œuvre. Ses statuts ont, depuis, servi de modèle à beaucoup d'autres Syndicats vinicoles. Le Syndicat du Commerce des Vins de Champagne s'employa avec une énergique persévérance à lutter contre les usurpateurs et ses efforts furent couronnés de succès. Par une série de juge- ments et d'arrêts en sa faveur, le Syndicat réussit à faire consacrer ses droits : « La dénomination Champagne ne désigne pas un procédé de fabrication, mais un produit déterminé et seul a droit à cette dénomination, le vin récolté et manutentionné dans la Champagne vinicole ». Cette jurisprudence n'a jamais varié ; c'est en l'invoquant ([ue 30 450 CONGRÈS DE l'aSSOCIATION FRANÇAISE le Syndicat continue la défense des intérêts champenois, et qu'il s'oppose à l'emploi des mots « champagniser » et « champagnisa- tion » qui, par leur terminologie, tendent à faire croire qu'un vin qui n'est pas du Champagne peut le devenir. Le Syndicat, enfin, a empêché que la dénomination a Champagne » puisse être accolée à des noms de boissons diverses. Le Règlement d'administration publique, rendu en exécution de la loi du 1" août 1905 sur la répression des fraudes et qui va paraître incessamment, facilitera, du moins il l'espère, la tâche qui lui incombe. A l'étranger, les difficultés étaient plus grandes encore, en raison de la Variété et trop souvent de l'insufiisance des diverses législations. La Convention de 1883, à laquelle adhèrent aujour- d'hui presque tous les Etats, prépara le terrain plutôt qu'elle ne fournit des armes pour la répression efiicace des usurpations. Mais en 1891 intervint l'Arrangement de Madrid sur la répression des fausses indications de provenance, qui groupe aujourd'hui huit puissances, parmi lesquelles la France. Cet Arrangement était de nature à assurer à nos vins de Champagne la plus large protection ; malheureusement, sous la pression d'intérêts parti- culiers, des divergences d'interprétation s'élevèrent dans certains pays sur le texte pourtant si clair de l'article 4 ; et si d'une façon à peu près absolue, tous les Etats signataires reconnaissent que la Champagne est en dehors de toute discussion, l'autorité de la Convention a été d'une façon générale amoindrie. Dans toutes les occasions, le Syndicat s'est fait le champion de l'Arrangement de Madrid, et s'est toujours efforcé de faire prévaloir les principes de justice et d'honnêteté commerciale qui en sont la base. 11 ne se désintéresse pas pour cela des pays non signataires et cherche à les amener soit à adhérer à l'Arrangement de Madrid, soit à modifier leur législation intérieure. Nous rappellerons ici le chemin considérable parcouru en Allemagne où les délégués du Syndicat, dans les Congrès internationaux de Berlin et do Liég(\ réussirent à obtenir en notre faveur un revirement de l'opinion pulilicjue. La question des débouchés n'est pas moins vitale pour notre commerce. La vente des vins de (Champagne est entravée à l'étranger par hîs droits de douane. Ces droits, tantôt purement fiscaux, laiilôl j)rotect(Mirs, sont généralement très lourds et parfois même presque piohibitifs. CVest que le Chamj)agne, consi- déié à tort comuM^ vin de hixe, pouvant c\rc iiulélininuMil taxé, L'ÉVOLUTION DU COMMERCE DES VINS DE CHAMPAGNE 451 sert trop souvent, clans les traités de commerce, de rançon aux avantages accordés à d'autres produits nationaux. Cette situation finirait par compromettre les intérêts cham- penois ; le Syndicat ne cesse d'intervenir auprès des pouvoirs publics, et dans beaucoup d'occasions il a réussi soit à éviter de nouvelles augmentations, soit à obtenir des diminutions. Sans vouloir nous étendre davantage, nous ajouterons que le Syndicat est l'organe tout désigné du Commerce des Vins de Champagne dans toutes les questions d'ordre général : transports, régie, octroi, marques de fabrique, noms commerciaux, etc. On lui doit de nombreuses améliorations à la législation, des projets et des études fort intéressantes. Le Syndicat a été amené à participer aux Expositions univer- selles et à substituer son action collective à l'action isolée des Maisons qui le composent. Aux Expositions de 1889 et de 1900, il a montré dans un cadre grandiose et essayé de faire comprendre au grand public ce qu'est le vrai vin de Champagne. Depuis, il a exposé à Liège en 1905, à Milan en 1906 et cette année à Bordeaux; chaque fois, il a obtenu le Grand Prix. Sa présence a eu de plus l'avantage d'empêcher d'admettre, classer et récompenser des vins portant de fausses indications. Le Syndicat du Commerce des Vins de Champagne offre le spectacle réconfortant de l'union des Maisons, de celles qui ont fait la réputation des produits de notre région, groupées pour défendre dans l'intérêt du pays la renommée du vin de Cham- pagne, et lui conserver les qualités qui ont été la cause de son succès dans le monde entier. Etain par Fouraiii. Coll. Vas nier Bailly, éUileur. PINIÏAU D AY t NOTICE SUR L'HISTOIRE DE LA LAINE ET DE L'INDUSTRIE TEXTILE A ^REIMS Par M. Pierre DELA.UTEL « Un homme de g(5nie, dont l'humanité n'a jamais connu et ne connaîtra jamais le nom, s'était avisé de fabriquer un tissu avec le poil des chèvres ou la laine des moutons. » (Mermeix, Le Socialisme.) L'histoire d'un produit agricole et industriel, comme la laine, plonge profondément par ses racines dans le sol d'un pays », a écrit un historien moderne de ce produit (1). Elle est aussi intimement liée à l'histoire politique de ce pays ; pour la comprendre, il faut regarder la situation géographique de la région productrice, la nature de son sol, sa végétation, la composition de ses eaux. Il faut également connaître les mœurs, le caractère de ses habitants ; il faut ensuite suivre ceux-ci à travers les vicis- situdes de leur histoire. Le développement de l'industrie de la laine, dans le pays de Reims, s'est constamment ressenti de la situation géogra- phique de la Champagne, de la composition géologique de son sol, et aussi des événements politiques et économiques qui l'ont remuée. Reims, qui a été au moyen âge, une Ville de la Laine., c'est- à-dire une très grande ville, a passé par des périodes de prospé- (1) M. Em. Genty, auteur d'un travail sur la laine, qui a été couronné par l'Académie. 454 CONGRÈS DE l'aSSOCIATION FRANÇAISE rite et de décadence relative, qui se sont succédé, au cours de ces vingt siècles de civilisation, sous l'influence d'événements différents, et dans des conditions économiques différentes : les causes de la prospérité de Reims, au xiii^ et au xiv' siècles, ne sont pas les mêmes que celles de sa prospérité au cours du xix*^ siècle; et c'est pour des raisons fort dissemblables que Reims traversa, à la fin du xiv^ siècle, et traverse encore maintenant des périodes difficiles. 11 ne serait évidemment pas possible, dans un cadre aussi restreint que celui de cette notice, de dégager avec précision tous les faits qui ont marqué cette évolution, pour en tirer une morale : il faut se borner à tenter d'en faire ressortir les grandes lignes. Un fait qui mérite d'être signalé, et dont il est intéressant de connaître la cause, avant d'aborder la chronologie des événe- ments, c'est l'importance que donna à Reims, au cours du moyen âge, son industrie de la laine. On est souvent tenté d'opposer aux temps modernes, qui marquent le triomphe de la grande industrie et du grand com- merce, l'époque du moyen âge, et de croire que ce dernier n'a connu et pratiqué que le régime de la petite industrie domes- tique, où l'artisan travaille chez lui, pour les clients du bourg, les matières fournies par eux, et nées dans le pays. Cette comparaison est inexacte ; il est certain que, de tout temps, il a existé des produits de grande industrie, moins nom- breux que de nos jours, mais très importants cependant, et voya- geant à travers le monde civilisé. Noyée, aujourd'hui, au milieu de tant de branches d'industries prospères, l'industrie textile, qui se rattache à l'une des trois industries les plus anciennes et les plus indispensables : Talimentation, le bâtiment et le vêtement, était, au moyen âge, la seule qui se prêtât à des transports loin- tains. Les produits de l'alimentation et du bâtiment sont réservés forcément à une clientèle locale : les tissus, eux, peuvent courir le monde : ils l'ont fait, et dès le moyen âge, malgré la dilliculté et la cherté des transports. C'est pounpioi, grâce à cette mobilité, (|ui IcMir créait de nombreux (h'bouchés, les produits de la laine, cpii était la matière textile par excellence, et donnait les tissus de lux(\ à une (''|)0(]ue où la soie n'élait pas connue (l), et où le lin, incaj)abl(' i\o (1) La soie ne f'ommenoa à supplanter la laine, dans la fabrication des tissus de luxe, que vers la fin du xiv* siôrlc, et ne le fit quon partie. 5, O ' LA LAINE ET L'iNDUSTRIE TEXTILE 455 fournir des étoffes chaudes, se teignait difficilement, les produits de la laine ont fait des localités où ils étaient travaillés, des villes de grand commerce et de grande industrie. Reims fut de ces villes, et tint pour cela, un rang important, au moyen âge (1). Sur les origines de l'industrie de la laine à Reims, on sait, en somme, peu de chose ; elle a dû précéder l'arrivée des Romains, et acquérir dès cette époque une certaine renommée, au dire de plusieurs écrivains de l'antiquité. Il résulte également des Commentaires de César que, parmi les peuples Cisalpins qu'il asservit, les Gaulois étaient les mieux vêtus. La laine longue et dure qui couvrait le dos des moutons dont Strabon signale la présence dans la Gaule-Belgique, avait sans doute donné naissance à cette industrie du vêtement. Reims (Durocortorum, capitale des Rémes) était, à cette époque, la quatrième cité des Gaules, et la métropole des onze peuples de la Gaule-Belgique. La protection de César, obtenue, du reste, grâce à une rapide soumission, qui ne dénote pas précisément chez les Rémois une grande ardeur guerrière, fit d'eux le peuple le plus puissant de la Gaule après les Eduens. Quel eût été le sort de cet embryon d'industrie textile, sans l'invasion romaine ? Il n'est évidemment pas possible de le dire, ni même de l'imaginer. Ce qui est certain, c'est que, là comme en beaucoup d'autres endroits, et en cette matière comme en tant d'autres, l'impulsion donnée par le passage de la civilisation romaine fut grande. Les Romains profitèrent, en efPet, des ressources qu'ils trouvèrent dans la ville des Rémois, pour y installer des manufactures destinés à approvisionner leurs armées de vêtements. Ils appor- tèrent, dans cette organisation, leur esprit méthodique ; et, d'une industrie probablement dispersée, créée sans doute uniquement en vue de subvenir aux besoins immédiats de la population indigène, ils firent une véritable industrie de production, dont la réputation se répandit bientôt au loin. Les Romains firent mieux encore pour la cité rémoise, en la dotant de routes excellentes ; située dans une plaine, et par cela (1) Le Livre des Métiers d'Etienne Bpileau, confirme, du reste, cette thèse, lorsqu'il nous apprend que le corps des drapiers de Paris était le premier des six corps de marchands de cette ville. Le poète du «Dit du Lendit» traite le commerce de la draperie de « Mestier hautain». 456 CONGRÈS DE l'aSSOCIATION FRANÇAISE même, facilement accessible aux moyens de transports en usage, elle devint, grâce aux améliorations apportées par les vainqueurs à sept des anciennes voies gauloises, le siège d'un carrefour de première importance au point de vue économique. Il faut évi- demment considérer cette intervention de la puissance romaine, comme un des traits les plus marquants de Thistoire de la laine à Reims. Dès ce jour, l'industrie du vêtement y était établie, et d'une façon si solide, que la décadence même de l'empire romain devait la laisser subsister (l). 11 est difficile de se rendre compte de ce qu'elle devint pendant l'époque féodale ; tout ce que l'on sait, c'est que Charle- magne, dans ses Capitulaires, recommandait l'élevage du mouton, en vue de la favoriser, et qu'il établit des tisserands dans les ateliers des domaines impériaux ; on fabriquait alors, dans les «gynécées» (ainsi nommés en souvenir du temps où, seules, les femmes étaient employées au travail des étoffes), un tissu que l'on appelait « drapus». Quant aux chroniqueurs, qui ont raconté d'une façon si prolixe parfois, les hauts faits d'armes des sei- gneurs et leurs guerres incessantes, ils se sont bien gardés de décrire, dans leurs ouvrages, l'état économique du pays, pendant tout ce temps. Il y a tout lieu de penser que Reims traversa sans grand profit, sans rien perdre peut-être, mais aussi sans rien gagner, l'époque obscure de la féodalité. On ne trouve, en tous cas, de documents précis, sur l'in- dustrie de la laine que vers le xiii^ siècle ; il marque le début d'une période de prospérité, qui commence avec les premières luttes entre le pouvoir royal et la féodalité, et s'épanouit avec le triomphe du premier sur la seconde. Ici se place un fait sur l'importance duquel on ne saurait trop insister : c'est le développement que prennent à ce moment les foires de Gham|)agne. Ces foires qui, d'après une lettre de Sidoine Apollinaire à Saint-Loup, évêque de Troyes, existaient dès le V siècle, et cpii furent, à leur début, des fêtes religieuses, prirent sur la fin (1) 11 existe, au musée archéologique de la Ville, au certain nombre d instru- ments qui devaient servir au travail de la laine, ainsi que des fragments d étofTe. remontant à lépocpie gallo-romaine ; l'un d'eux est entremêlé de lils d or et d'argent. LA LAINE ET l'iNDUSTRIE TEXTILE 457 du XIII® siècle, après être longtemps restées dans un état d'extrême stagnation, une importance considérable. Une autre circonstance paraît avoir joué un rôle dans l'his- toire de la laine en Champagne. La matière première dont on usait à cette époque, était une laine très fine et très longue, qui venait d'Angleterre. La Cham- pagne donnait bien de la laine, mais elle était de qualité infé- rieure. «La laine de Champagne, dit Duhamel de Monceau (1), est tendre et creuse : elle est ordinairement fort sale, particulière- ment au cou de l'animal, ce qui vient de la négligence de ceux qui les élèvent ». Les villes drapantes ne s'en servaient que concurremment avec les laines étrangères. Or, à une époque où les mers étaient sillonnées par les pirates, les traversées les plus courtes étaient les meilleures : la laine d'Angleterre abordait donc sur les côtes de France les plus voisines ; et il était tout naturel que les fabriques qui les employaient, se montassent dans les pays situés un peu arrière des côtes, dans l'intérieur des terres : la Normandie et la Flandre furent les premières à en profiter. Cette laine descendit bientôt jusqu'en Champagne, sans toutefois aller plus loin sous cette forme; les tissus qu'elle donnait, étaient ensuite expédiés, pour la plus grande partie, en Italie, soit pour la consommation des Italiens, alors très riches, soit pour être par eux transportés jusque dans le Levant. La situation géographique de la Cham- pagne, à cet égard, était exceptionnelle, puisqu'elle la plaçait sur la route que devait forcément emprunter la consommation italienne, — la plus importante. Faut-il établir une corrélation entre cette dernière circons- tance et la présence des foires en Champagne ? Lequel de ces deux faits économiques fut la cause de l'autre ? On ne pourrait faire là-dessus que des suppositions. Ce qui est certain, c'est que les foires de Champagne devin- rent rapidement de véritables marchés internationaux, dont le commerce des tissus faisait principalement les frais. Les privilèges attachés à ces foires, dites foires franches, furent l'une des causes de leur merveilleux essor ; la sécurité exceptionnelle des engagements qui y étaient pris, garantis par (1) L'Art de la Draperie. Recueil de Bertrand. La Champagne, à cette époque, ne possédait pas encore de moutons mérinos ; les premiers furent impor- tés en France en 1776. ^i58 coNGiiÈs DE lVssoctation fuançaise la solidarité des marchands d'un môme pays, l'ordre qui y régnait, grâce à une police exercée avec fermeté et sagesse par les auto- rités qui en avaient le contrôle, favorisaient les transactions. La protection des comtes de Champagne s'étendait au transport des marchandises qui allaient aux foires, ou qui en venaient ; l'insécurité des routes n'était donc même plus un obstacle pour les marchands qui s'y rendaient, et dont les convois étaient proté- gés officiellement par les gens d'armes des comtes. Aussi, en venait-il de tous les pays connus alors : du Nord et du Sud, de toutes les contrées de la France et même des nations étrangères les plus lointaines. Et cela ne devait pas être le moindre attrait des foires, que le spectacle de ces foules bariolées, vêtues des costumes les plus variés, « de vair et de gris », qui se pres- saient sur les marchés de Provins, Troyes, Bar et Lagny : marchands venus d'Italie, de la Savoie, des Flandres, du Brabant, du Hainaut, de l'Angleterre et de l'Ecosse, de l'Orient même et des pays du Nord. Les fabliaux (Le Segretain moine, la Bourse pleine de sens, le Roman de Hervis) nous montrent, venus là, un épicier savoyard, un vieux marchand de Galice, des trafiquants de Lorraine, de Bruges, de Nevers, d'Italie. Et quelle animation dans les quatre villes, sur ces marchés où sont étalées les marchandises les plus variées, les spécialités de chacun de ces pays! Les gens riches, les nobles, les rois de France s'y approvi- sionnaient, et rehaussaient de leur présence l'éclat des foires. Il n'y avait pas que les afi'aires, du reste, pour attirer là les foules. On y trouvait force jt3ngleurs, baladins, musiciens, nion- treurs de chiens savants, acrobates et autres bateleurs ; on y jouait des mystères. Enfin, le trafic de la chair humaine s'y faisait couramment, et les lieux de plaisir y abondaient; telle escar- celle, qu'une opération fructueuse venait de remplir, avait tout aussi vite fait de se vider pour })ayer des joies moins avouables. « Les drapiers connurent ces humaines faiblesses », dit, à ce sujet, l'auteur du remarquable rapport sur le musée rétrospectif des fils et tissus de laine à l'Exposition de 1900, M. Alfred Seydoux ! On voit, d'après cela, quel centre d'affaires était aK^'s la Champagne, ([uelh* circulation d'argent s'y faisait, (pielle richesse bii apportaient ces foires: on voit notainnuMit (ju(^l j)rofit pouvait en résulter pour les villes voisines, en particulier pour Heims : récouh'inent fa(ih\ à porlc'e de la main et presipu* sans transj)orts, de ses produits et avec cela, toutes les sécurités des transactions LA. LAINE ET l'iNDUSTRIE TEXTILE 459 passées aux foires. Les produits de l'industrie textile étaient en elFet ceux qui y donnaient lieu au plus grand nombre de transac- tions, et cela, grâce aux conventions de la Hanse de Londres, ou des dix-sept villes, toutes villes drapantes, qui obligeaient les fabricants de ces cités à venir vendre aux foires les produits de leur industrie. Aussi cette époque fut-elle pour Reims une époque de grande prospérité. On y fabriquait alors une grande variété d'étoffes : des draps, tout d'abord ; des serges, qui étaient, selon toute appa- rence, des étoffes de luxe, et dont on faisait des tentures, des rideaux (1). On trouvait encore aux foires des camelots, et au XIV* siècle, des brussequins de Reims ; puis une étoffe qui paraît avoir joui d'une grande vogue, des étamines, tissées probablement de lin ou de chanvre, et dont l'Italie achetait de grosses quantités. Les (( merceries rémoises » étaient estimées. Toutes ces étoffes, sauf les étamines, étaient des tissus de laine. La composition de ce que l'on appelait les « toiles de Reims » est moins certaine. Etaient-elles tissées de lin ? le mot de toile pourrait le faire croire, et aussi un passage des comptes de l'ar- genterie de France, qui nous apprend qu'on en faisait des chemises (2). Mais, outre qu'il serait singulier, que nulle part, dans les docu- ments de cette époque, la fabrication d'étoffes de lin ne fût men- tionnée expressément, cet emploi des toiles de Reims à la confec- tion des chemises, n'apporte pas, à cet égard, une preuve irréfutable ; les chemises, au Moyen âge, étaient faites de toutes sortes d'étoffes ; la vogue se répandit même, au xiv' siècle, d'en porter en soie. D'autre part, plusieurs documents permettent de penser qu'il s'agissait là de tissus de laine, très fins, il est vrai. Ces toiles étaient, en effet, fort coûteuses, et la fabrication en était lourde- ment imposée ; cette explication s'accorderait, du reste, assez bien avec le texte d'un édit de Philippe le Long (1295-1322) qui parle de « toiles de laine )). ^ Il faut encore mentionner la fabrication d'étoffes de soie, et de riches tissus d'or et d'argent. (1) Les comptes de l'argenterie des Rois de France mentionnent : «... six sarges vers de Reims... à XV sous pièce, valant IVlivres X s. Des serges envoyées en 1395, au sultan Bajazet, comme présent, sont des « serica remensia ». (2) Un compte de 1389 parle d'une somme payée à « Robinette Brisemiche, couturière de la Reine », pour « une grant et large chemise, fendue au colet par- devant et par derrière, faite de 5 aulnes de fine toile de Reims ». 460 CONGRÈS DE l'aSSOCIATION FRANÇAISE Enfin, il est certain qu'une industrie, aujourd'hui disparue, jeta, dès cette époque, un grand lustre sur la ville de saint Hemi : c'est celle de la tapisserie. M. Gh. Blanc (1) mentionne l'existence de fabriques de tapis- serie à Reims, dès le xi^ siècle. Au xiv« siècle, ses « tapis » jouis- saient d'un grand renom (2). Cet « art de la laine », s'il- est permis de la désigner ainsi, coexistait donc à Reims avec l'industrie de ce même produit. Il devait prospérer, dans les siècles suivants, sous la protection généreuse des archevêques de Reims, de Jacques Juvénal des Ursins (milieu du xv' siècle), de Robert de Lenoncourt et de Charles de Lorraine (xvi^ siècle), qui décorèrent la Cathédrale et Saint-Remi de tapisseries. Il devait donner, au xvii*^ siècle, des artistes tels que : Pepersack, Jean Guerlet et Jean Perclas, ses élèves, Pierre Damour..., etc. La corporation des tapissiers existait encore au xviii' siècle, et semble ne s'être dissoute qu'à l'époque de la Révolution. Les corporations qui se rattachaient à l'industrie du tissu étaient, au xiir siècle, et dans les siècles suivants : Les marchands fabricants des étoffes de soie, garnies d'or et d'argent, — les merciers, grossiers, estaminiers, jouailliers, — passementiers, enjoliveurs, — drapiers chaussetiers, drapiers drapants, fabricants, sergiers et peigneurs de laine. Tout le travail de la laine, il est à peine utile de le dire, se faisait à la main. Cette prospérité de l'Industrie et aussi du Commerce, dura depuis la fin du xii'' jusqu'au commencement du xiv^ siècle. Vers les débuts de ce siècle, des impôts très lourds commen- cèrent à peser sur la fabrication des étoiles ; puis, les foires de Lyon se développèrent, et firent aux foires de Champagne une concurrence acharnée. Enfin, un édit de Louis-le-llutin vint porter à celles-ci un coup fatal, en interdisant aux Flamands l'accès des foires : l'elfet désastreux do cette mesure se fit immé- diatement sentir. Les Italiens, (jui faisaient avec les Flamands, un gros chifirc d'alfaires, durent chercluM* un autre moyen de les joindre, pour continuer à trafiqu(U' avec eux. Tue llolto génoise parvint alors à transporter, par une voie exclusivement maritime, (1) Histoire des Peintres, Ecole française (Introihiclion) . (2) On les trouve iiKMitionnôes dans les a I)roicUires,consluinos et appaitenances (le la ViseoMli» de l'eau, de Kouen », — dans le tarif des tonlieux levés aux foires de Troyes — , et dans les eoniptes de l'argeulerie. r LA LAINE ET L'INDUSTRIE TEXTILE 461 des laines d'Angleterre jusqu'en Italie. Celle-ci trouva tout béné- fice à fabriquer elle-même des étoffes que, du reste, elle teignait et apprêtait depuis longtemps ; elle devint une concurrente dan- gereuse et c'en fut fait des foires de Champagne. Un édit de Philippe-le-Long, dénotant un protectionnisme aigu, avait aggravé, entre temps, la situation, en interdisant l'exportation des draps écrus. Quand la liberté fut rétablie, en 1360, il était trop tard ; la guerre de Cent Ans dévastait la contrée. L'industrie du tissu était trop bien implantée déjà à Reims, pour ne pouvoir pas résister à ces contre-temps; elle survécut; peut-être même profita-t-elle de la ruine des petites localités industrielles qui florissaient au xiii^ siècle. Une grosse agglomération était, en effet, dès le Moyen âge, nécessaire à la fabrication des étoffes; car elle comprenait, dès cette époque, des opérations nombreuses et variées, qui ne se sont guère modifiées depuis, que par la substitution de la machine au travail des bras. Tous les grands principes sont déjà posés : nettoyage et cardage de la laine, peignage, transformation en fils ; tissage au moyen de métiers à navette ; puis, les apprêts, le feu- trage, foulage, tondage et lustrage. Toutes ces opérations nécessitaient le concours d'un grand nombre d'artisans, qui devait assurer la suprématie des grandes villes sur les petites. Aussi, Louis XI, soucieux de rendre à la Champagne son ancienne activité commerciale, s'empressa-t-il d'accorder les privilèges des foires franches aux foires de Reims ; celle de Pâques, fondée en 1170, par l'archevêque Henri de France, et transportée en 1183 sur la place de la Cousture ; et la foire de Saint-Remi, qui datait aussi de cette époque (1). En 1521, deux autres foires étaient créées par François I", dites des Rois et de la Madeleine, destinées à indemniser les habitants des pertes que la lutte contre les Anglais leur avait fait subir. C'était donc sur Reims que se portaient, dès cette époque, les efforts tentés par les Rois pour relever l'industrie de la région. (1) Il est à noter que ces foires, qui existaient au temps de la prospérité de Troyes et Provins, mais étaient loin d'avoir leur importance, ne fuient déclarées foires franches, et ne prospérèrent elles-mêmes, que longtemps après la ruine de ces dernières. 462 CONGRÈS DE l'aSSOCIATION FRANÇAISE Malheureusement, les guerres de Religion chassèrent de France nombre d'artisans qui portèrent leurs connaissances à l'étranger : l'Angleterre, l'Allemagne, l'Italie, déjà organisée pour nous concurrencer, en profitèrent. Et, au lieu du libre échange bienfaisant du xiii^ siècle, c'est à un protectionnisme outrancier que les fabricants d'étoffes durent recourir, pour défendre leurs intérêts. Les édits de François I", en 1539, de Henri IV, en 1599, sont rendus sur la prière des Directeurs de manufactures. «Voyez, dit une adresse de ces derniers à Louis XIII, voyez les profits que les étrangers font sur nous. Le moyen de conserver For et l'argent en votre royaume, et à faire à votre peuple un grand profit, est de rejeter leurs manufactures ». La draperie gagna donc, en somme, assez péniblement le xvii« siècle. Golbert, auquel Reims s'enorgueillit d'avoir donné le jour, vint heureusement mettre au service de l'industrie et du commerce de son pays, les ressources de son esprit pratique et organisa- teur. 11 continua à protéger les produits nationaux, mais avec méthode, et tout en supprimant les droits d'entrée sur les matières premières ; il aida les industriels, donna des facilités aux commer- çants, organisa les corporations; le commerce et l'industrie de la laine, pendant la fin du xvii^ siècle et le xviii^ siècle, portent profondément la marque de son génie. C'est de son ministère que datent les premières statistiques sur l'état de la fabrique. En 1686, il y avait à Reims, 1.812 métiers, sur lesquels on tissait des draps, serges, étamines, burats, voiles, droguets, tiretaines, croisés, marocs, dauphines, castors, flanelles. Après un léger recul, sur la fin du xvu'' siècle, la place de Reims gagne du terrain. Le xviii' siècle marque une recrudes- cence de travaux ; le règne de Louis XV lui est favorable, et en 1732, 1.360 maîtres produisent plus de 76.000 pièces dans Fannée, par l'entremise de 3.000 ouvriers. Les places de Suippes, Chàlons et Rethel produisent, elles aussi, très activement. En 1770, apparaissent les draps de Silésie, puis, en 1773. les VVilstous ; en 1780, les casimirs. En 1776, les maîti-ises et jurandes sont abolies par Louis W'I, sous l'inspiration de Turgot. L'industrie rémoise, qui s'accom- modait mal de leurs règlements troj) étroits et trop nombreux, allaiil jus(ju'à déterminer la longueur el la largeur des pièces, la (|u;dilé des matières à employer, etc., profile largement de la LA lAINE ET l'iNDUSTRIE TEXTILE 463 liberté qui lui est donnée. Le progrès (jui en résulte se fait immé- diatement sentir. En 1783, 1.400 métiers produisent pour 9 millions de livres ; 12 fabricants de bas de soie et de laine en livrent plus de 6.000 paires à la consommation ; il se fait par an 15.000 chapeaux de laine d'agneaux. On fabrique également des bluteaux (1.800 pièces), et de 8 à 900 pièces de crêpes de soie (crépons ou Nanki- natis). On compte 16 couverturiers. Les diverses manutentions occupent de 35 à 40.000 ouvriers, à Reims et dans sa banlieue ; la valeur des tissus est de 11 millions de livres, plus 1.200.000 francs de bluteaux et couvertures. Le département (comprenant Suippes et Ghâlons) fait plus de 27 millions d'affaires ; les deux tiers des produits fabriqués sont exportés. Il n'est pas sans intérêt de rappeler ici qu'en même temps qu'elle s'enrichissait, la ville de Reims élevait des monuments, perçait des rues, s'embellissait de tous côtés (1). Ainsi, après des périodes difficiles, elle gagnait en pleine prospérité la fin du xviii* siècle, et annonçait une vitalité com- merciale que le xix* siècle allait porter à son plus haut point. Le traité de 1786 avec l'Angleterre eut pour la place de Reims des effets fâcheux, et fut la cause d'une diminution du chiffre d'affaires, que la période révolutionnaire ne contribua pas à compenser ; la fabrication tombe à 63.000 pièces, en 1789. Elle reprend ensuite peu à peu, pour augmenter presque continuelle- ment pendant un siècle. La fabrique de Reims va, en effet, avoir la bonne fortune, pendant toute cette époque, de compter des hommes, dont les noms constituent les plus beaux fleurons de sa couronne, techni- ciens émérites, qui, doués d'un sens profond des affaires, com- prendront la nécessité de suivre pas à pas la science dans ses progrès, et de donner une forme nouvelle à l'industrie, en substi- tuant l'usine à l'atelier ; les noms des frères Ternaux, de MM. Jobert- Lucas, Benoist-Malot, Groutelle, et un peu plus tard, de MM. Henri Gand et Holden, etc., sont intimement liés à l'histoire de la prospérité de Reims. 11 est impossible de faire ici l'histoire détaillée de ces 75 années si bien remplies. Il suffira d'en citer les principaux faits. (1) Les principales étoffes fabriquées à la fin du xviir« siècle sont les suivantes : dauphine et flanelle en laine commune, Maroc lisse et croisé en laine fine, impé- riale, droguet, drap de Silésie, jaspés, cannelés, chinés, unis, willetou, casimir, burat, châles et gilets, flanelles larges imitées de l'anglais. En 1783, apparaît le drap royal. 464 CONGRÈS DE l'aSSOCIATION FRANÇAISE C'est, en 1801, Tessai, malheureux, du reste, du métier « mull Jenny » ; la même année, la création du Conseil de Commerce, qui devait devenir, en 1817, la Chambre de Commerce. C'est, en 180^i, l'invention par M. Ternaux, du mérinos, appelé alors schall ; la fabrication de ce tissu, exploitée au début par la maison Jobert-Lucas, (|iii avait confié la direction de son établis- sement du Mont Dieu à M. Benoist-Malot, va devenir la spécialité de l'industrie rémoise, et faire sa fortune. C'est, en 1812, le premier essai, par MM. Jobert-Lucas et C", dans leur élablissement de Bazancourt, de filature mécanique, en peigné. Un mécanicien, nommé Dobo, est par eux chargé de diriger ses recherches dans ce sens. En 1815, il met au jour une machine, qui reçoit le prix de la Soc'iélé d'encouragement, et qui, en 1819, produit des (ils peignés de 60.000 mètres au kilog; M. Ternaux arrive à produire 80.000 mètres au kilog, finesse inconnue jus- qu'alors (1). Voici, pour cette époque, quelques chiffres statistiques. En 1812, il y a à Reims 180 fabricants et 2.900 métiers, qui occupent 7.544 ouvriers dans la ville et 3.616 dans la banlieue. Un millier travaillent à la mécanique. Le nombre des établissements com- mence à diminuer, tandis qu'augmente celui des ouvriers et des méti-ers : les machines tendent déjà à se substituer aux bras. En 1820, Reims produit pour 18 millions de francs ; une nou- velle étoffe pour gilets fait son apparition, le Basin, et en 1824 la Circassienne. La draperie, les burats, gilets dits poils de chèvre et les casimirs tombent peu à peu en défaveur. Les mérinos lisses et croisés, les flanelles, les circassiennes et schalls prennent une place de plus en plus importante, au détriment des autres articles. Tous ces tissus sont exportés en Italie, en Espagne, au Portugal, et surtout en Angleterre, d'où ils gagnent l'Amérique. .Jusqu'en 18.i2, pas de changement sensible : la population monte à 36.000 âmes et compte 15.000 ouvriers. En 18ii3, un mouvement de reprise se dessine ; l'année sui- vante, se fonde la Société Industrielle, qui v;» donner une impulsion très forte à l'industrie et au commerce, en provocjuant et en favo- risant la ci('»alion d'établissements industriels ou d'enseignement cl en li'pandant elle-même l'c^nseignement techni(in(\ l*iiis c'est, en IS38, ](» pi'cmier essai de tissag(* nu'*c;nii(|ne ; (l) On lail an joiird'luii di^s llls u" 125. CL'sl-àdiro dos (ils i\v ri^.OOO inrirrs Hu kilug. LA. LAINE ET l'iNDUSTRIE TEXTILE 465 il est fait à Reims par M. Groutelle, et, en 1840 « une pièce entiè- rement tissée dans son atelier vient démontrer quVme nouvelle conquête est désormais acquise à l'industrie rémoise (1). En 1836, dans la chapelle du Grand Séminaire, se tient la première exposition de l'industrie locale ; d'autres eurent lieu plus tard, en 1857, en 1858, lors de la visite de l'Empereur, et en 1876. En 1844, après un temps d'arrêt, Reims compte 63 usines qui fonctionnent à la vapeur et sont mues par une force de 955 che- vaux ; la fabrique emploie 8 millions de kilogs et produit pour 50 millions de tissus. La Révolution de 1848 marque encore un léger recul ; les affaires baissent rapidement. Mais elles se relèvent peu après, aussi vite. En 1852, le peignage mécanique remplace le peignage à la main, qui dispa- raît bientôt. A partir de ce moment, la production va sans cesse augmen- tant, et cela dans des proportions considérables, jusqu'en 1878. Le mérinos, la flanelle et aussi les bolivards unis et à raies de couleur prennent une place de plus en plus grande ; ces étoffes remplacent le gilet et le manteau, qui sont accaparés par Rouen et Roubaix. Les voiles et burats, la napolitaine disparaissent. Voici encore des chiffres pour 1858 : Importations Fr. 65.000.000 de laine brute. — 22.500.000 de laine peignée. — 5.000.000 de filature. Produit 23.000.000 de laine cardée. — 25.000.000 de filature cardée. — 60.000.000 de tissus. Exportations 3.000.000 de filature peignée. — 25.000.000 de laine brute. -, 60.000.000 de tissus. Total Fr. 288.000.000 En 1863, la production des tissus monte à 78.420.000 francs. Les filatures sont arrivées à produire des fils d'une finesse qui ne redoute aucune concurrence. (1) Rapport du Comité de Reims à la Commission impériale de l'Exposition de 1855. Après la destruction, en 1848, de l'usine Croutellc, le tissage mécanique fut repris par lui et M. Henri Gand, Puis leur exemple fut bientôt suivi par MM. Henriot et C», Pradine, Fassin, etc. 31 466 CONGRÈS DE l'aSSOCIATION FRANÇAISE En 1866, la production est de 104.967.120 francs, dont 59 millions de mérinos ; on compte cette année-là, à Reims même, 76.840 broches; au dehors, dans des établissements appartenant à des maisons rémoises, 58.300 jjroches ; dans l'arrondissement, 71.240, soit au total 206.380, tant en peigné qu'en cardé, lleims et sa banlieue comptent 98.000 ouvriers (I). En 1872, les tissus fabriqués représentent une valeur de 151 millions de francs ; le nombre des tissages mécaniques augmente toujours ; on compte cependant 5.429 métiers à la main pour 6.007 métiers mécaniques. Enfin, en 1878, la fabrique rémoise atteint son apogée. 154.000 broches en peigné, 90.000 en cardé à Reims, et 170.000 broches dans les Ardennes, alimentent les tissages, dans lesquels battent 9.435 métiers mécaniques (dont 1.290 au dehors) et 7.780 à la main. 709 peigneuses mécaniques (il y en avait 340 en 1862, 536 en 1866) produisent 24.800 kilogs de laine par jour. L'usine des Anglais, dirigée par M. 1. Holden, en produit à elle seule 20.000 kilogs. Le nombre des fabricants est de 89 ; 21 autres établissements se sont montés, qui se rattachent à l'industrie du tissu : la teinture et les apprêts se sont perfectionnés et luttent victorieusement contre leurs concurrents de Paris et de ses environs, de Lille, de Roubaix. Il est fabriqué, cette année-là, pour 104 millions de mérinos et cachemirs d'Ecosse et 49 millions de flanelles et tartans, soit, au total, 153 millions de francs. En 1844, la production était de 50 millions. De tels chillVes se dispensent de tout commentaire. Il serait à souhaiter que cette chronique j)ùt s'arrêter \i\ cl s'en tenir au j-écit d'événements si glorieux. Pour être exacte, eu effet, jusqu'au bout, il lui faut maintenant, après avoir conte le triomj)he de Reims, suivre son industrie de lîi laine dans um^ période moins heureuse et découvrir une blessure (|ui saigne eiu'ore. Depuis 1S7S, un grand nonibi'c tTusines ont dû fermei" hnu's (l) La spluTO i:i